Capitolo 1 :: Don't Leave Me Now

Pubblicato: 17-05-05 - Ultimo aggiornamento: 17-05-05

Commenti: Encore une histoire triste que j'ai écrite dans mes moments de cafardage, c'est-à-dire par tranche de deux minutes tous les quinze jours ! A vos mouchoirs, je vous aurais prévenus. Je ne touche aucune subvention de certains fabricants de mouchoirs en papier (je devrais essayer d'en demander). La chanson est de Supertramp.

Capitolo: 1

Don't leave me now  

Leave me out in the pouring rain  

With my back against the wall  

Don't leave me now  

Kaori avait fini de nettoyer les ustensiles et mettre à sécher le linge dehors. Le ciel était dégagé, la journée s'annonçait chaude ; d'ici quelques heures, tout devrait être sec. La vaisselle était rangée à sa place et la cuisine resplendissait. Plus un grain de poussière ne traînait dans le salon. Elle avait fait son possible pour se tenir occupée jusque là mais il fallait attendre maintenant.  

Elle s'assit sur le canapé. Ses muscles étaient endoloris par la nuit blanche qu'elle venait de passer et elle savait que, quoi qu'il arrive, elle ne dormirait pas non plus la nuit prochaine. Peut-être ne dormirait-elle pas plus jamais, de peur de découvrir que ce qu'elle vivait n'était pas un cauchemar dont il lui serait facile de s'échapper mais bel et bien la froide réalité.  

Le professeur passa devant elle pour se servir rapidement un verre de whisky. Il ne dit pas un mot, les mains enfoncées dans les poches de sa blouse, le dos courbé de fatigue. Encouragement ou reproche, la moindre parole paraîtrait inutile ou fade.  

"Dites-moi qu'il va vivre mais ne me dites pas de mensonges."  

Don't leave me now  

Leave me out with nowhere to go  

And the shadows start to fall  

Don't leave me now  

Elle voulait rentrer chez elle. Elle n'était même pas dans leur appartement. "Leur" appartement, chez elle, elle voulait retrouver sa chaleur, son odeur, même ses magazines pornos, n'importe quoi pour le sentir près d'elle, oublier ce vide. Cela faisait douze heures qu'elle n'avait pas vu Ryô. Le Doc lui avait formellement interdit de le voir. Pourtant il lui suffisait juste pour ça de traverser un couloir et d'ouvrir une porte. Mais sortir de Corée du Nord lui semblait nettement plus facile que de faire ces quelques pas.  

Kaori entendit les pas de Kazue se précipiter vers la salle de bain, sachant maintenant ce qu'elle allait y faire. Heureusement qu'elle était là, brave Kazue qui n'avait pas dû beaucoup dormir non plus. Qu’aurait-elle pu faire sans son aide et ses compétences d’infirmière ? Qu’aurait-elle pu faire toute seule ? Elle se sentait si inutile, si misérable, toutes ses activités depuis hier n’avaient pour but que d’occuper son esprit. Dans l’état de nerfs où elle se trouvait, elle n’aurait même pas pu tenir une seringue correctement ou faire le moindre pansement.  

Don't leave me now  

Leave me out on this lonely road  

As the wind begins to howl  

Don't leave me now  

Ils s’étaient quittés la veille au soir après leur mission : retrouver le père du petit Hoshito, menacé par les yakusas. Pour une fois, il y avait eu à peine deux coups de feu ; à peine les méchants avaient vu Ryô qu'ils avaient détalé comme des lapins, la queue entre les jambes. Puis ils s'étaient séparés, lui terminant sa nuit dans son cabaret habituel, elle raccompagnant le petit et son père chez eux. Tout avait l'air si facile, sourire, rire, marcher dans les rues, voir la vie en rose. Une mission facile. C'était hier.  

Mick l'avait interceptée à la porte de son immeuble au moment où elle rentrait, préparant déjà un bon petit plat dans la tête. Une fraction de seconde, Kaori avait pensé que Ryô était tellement ivre qu'il ne pouvait plus marcher. La fraction de seconde d'après, elle avait vu les yeux de Mick. Dans la voiture, elle s’était raccrochée au moindre renseignement qu’il pouvait lui donner, c’est-à-dire pas grand-chose. Mais pour la première fois, elle vit de la peur dans ses yeux. A son arrivée chez le Professeur, celui-ci lui avait seulement dit de s’asseoir sur le canapé. Lui aussi avait l’air paniqué.  

Don't leave me now  

All alone on this darkest night  

Feeling old and cold and grey  

Don't leave me now  

-Kaori…  

La voix de Kazue assisse à côté d’elle, la ramena au présent. Elle lui prit les mains et se mordit les lèvres comme si elle pesait chaque mot qu’elle allait dire.  

-Kaori, Ryô est …  

-La vérité, Kazue.  

-… Ryô est mourant.  

Les mains tremblantes de Kazue tenaient maintenant des mains de pierre.  

-Il a une leucémie foudroyante. Depuis hier, nous avons tous essayé pour le sauver mais il... il n’y a plus rien à faire. Tu devrais aller le voir avant que…  

Même si la fin de la phrase était inaudible, Kaori avait bien compris le message. Mais maintenant qu’on lui donnait plus qu’une permission, presqu’un ordre, après toutes ces heures d’angoisse, ce qui pourrait être enfin la délivrance, elle n’osait plus bouger. Il fallait qu’elle affronte la réalité tant redoutée et cela la terrifiait.  

-Oui, j’y vais.  

Il fallait y aller. Se lever, mettre un pied devant l'autre jusqu'à la porte de la chambre. Celle-ci n'était pas totalement fermée, elle n'avait qu'à la pousser légèrement. Alors qu'elle s'apprêtait à entrer, quelque chose l'arrêta.  

Etant la partenaire de City Hunter, elle pensait avoir vu, entendu ou même vécu parmi les choses les plus horribles qu'on pourrait voir, entendre ou vivre, sans même sombrer dans le côté obscur. Mais elle avait tort. Il y avait quelque chose de pire que d'être enlevée par une bande de trafiquants de drogue ou la mort d'un frère.  

L'odeur.  

L'odeur acre du sang qui flottait dans l'air, l'envahissant, le saturant.  

Don't leave me now  

Leave me holding an empty heart  

As the curtain starts to fall  

Don't leave me now  

Elle remercia silencieusement Kazue d'avoir laissé la chambre dans une semi obscurité. Elle pouvait ainsi juste distinguer Ryô dans son lit et ne pas à avoir à supporter les dégâts de la maladie que l'odeur du sang laissait supposer. Elle s'assit sur le lit et ne sachant que faire, elle lui prit la main.  

Elle faillit hurler : ce n'était plus la main forte qui tenait son Python ou les doigts qui se faufilaient dans n'importe quel trou de souris pour récupérer une petite culotte. La peau était sèche, craquante, les os saillants, de légers tremblements l'agitaient. Mais bientôt, le contact de sa main ne lui suffisait pas, elle voulait le sentir plus près d'elle. Sans dire un mot, elle s'allongea à côté de lui et passa ses bras autour de lui.  

-Promets-moi une chose, Kaori.  

-Quoi ?  

-Que tu quitteras ce métier et que tu mèneras une vie normale. Tu te marieras et tu auras plein de petits Makimura.  

Elle ferma les yeux, essayant en vain de retenir les larmes qui menaçaient de couler.  

-Je ne pourrais pas… Tu es tout ce que j'ai. Comment je pourrais continuer…?  

-Je suis sûr que tu pourras. Sinon je viendrais te hanter et je me vengerais pour tous les coups de massues que tu m'as donnés.  

-Promis.  

Il pouvait bien venir la hanter, elle n'aurait pas peur. Elle n'aurait plus jamais peur maintenant que la pire chose qui pouvait se passer, était en train de se passer. Sa tête reposa au creux de l'épaule de Ryô.  

-Merci pour tout, Kaori.  

Ce fut la dernière fois qu'ils se parlaient.  

Don't leave me now  

All alone in this crazy world  

When I'm old and cold and grey and time is gone...  

tthf  

Capitolo: 1