Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 48 capitoli

Pubblicato: 01-05-20

Ultimo aggiornamento: 17-06-20

 

Commenti: 35 reviews

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HumourRomance

 

Riassunto: La naissance et l'évolution d'une colocation un peu spéciale... (AU)

 

Disclaimer: Les personnages de "Friends Hunter" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Friends Hunter

 

Capitolo 36 :: Chapitre 36

Pubblicato: 05-06-20 - Ultimo aggiornamento: 05-06-20

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48


 

Chapitre 36  

 

C’était la dernière fois, se jura-t-il, la dernière fois qu’il tentait une visite nocturne à Kazue. Sentant Mick non loin, Ryo avança vers la chambre de sa cible. Il évita la planche qui allait déclencher le dernier piège puis posa la main sur la poignée. C’était la dernière fois. De toute façon, tout cela n’avait plus aucun sens. Kazue et Mick étaient ensemble, Kaori était avec son conservateur et lui se retrouverait probablement marié à Reika d’ici quelques mois et jouerait les bons pères de famille. Pour le baroud d’honneur, il ramènerait un trophée digne de ce nom. Quand ce serait fait, il informerait Mick qu’il arrêtait.  

 

Doucement, il ouvrit la porte et pénétra à l’intérieur, s’attendant à se faire exploser par une massue. Tout avait été bien trop facile jusque-là. C’était rare qu’ils arrivent jusqu’au milieu du salon. Mais rien n’arriva. Il referma tout aussi doucement et fit quelques pas quand soudain la lumière s’alluma.  

 

- Ah ah Kazue…, commença-t-il avant de s’arrêter et s’assombrir.  

- Kaori ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?, lui demanda-t-il, observant la chambre.  

 

Il ne s’était pourtant pas trompé de lieu. Il revint sur la jeune femme assise sur le bord du lit et l’observa, se fermant à la douleur qu’il ressentait.  

 

- Echange de chambres. Je voulais te parler., expliqua-t-elle.  

- Je m’en vais. Je n’ai subitement plus envie de jouer., dit-il, faisant demi-tour.  

- Non, tu vas rester et m’écouter., lui ordonna-t-elle.  

- Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi., objecta-t-il durement.  

- Et moi, je n’ai pas à affronter ton mépris et ta colère., répondit-elle.  

- Tu as couché avec lui, Kaori. Tu m’as embrassé et tu as couché avec lui la même soirée !, cria Ryo, lui faisant face.  

- Je sais., admit-elle.  

 

Elle ne baissa cependant pas le regard ni ne montra de signe de culpabilité. Elle s’était sentie mal pendant quelques jours puis avait réussi à relativiser. Elle avait juste eu des rapports consentis avec un homme qu’elle appréciait. Ca s’arrêtait là.  

 

- Et alors ?, ajouta-t-elle, relevant le menton.  

- Et alors ?, répéta Ryo, incrédule.  

- Oui, et alors ? Pourquoi tu es en colère après moi ? Pourquoi depuis ce jour-là, tout ce que tu m’adresses, ce sont des regards noirs ?, lui demanda-t-elle sans trembler.  

- Tu me poses la question ?, l’interrogea le pompier.  

- Exactement., répliqua-t-elle calmement.  

 

Il resta interdit, incapable de lui répondre. Son cerveau tournait à cent à l’heure mais dans le vide. Parce qu’il avait bien des choses à lui dire mais il n’en avait pas le droit. Il savait que sa colère n’était pas justifiée mais l’admettre était au dessus de ses forces. Être en colère était bien plus facile qu’assumer la douleur de l’avoir perdue.  

 

- Je peux certainement y répondre aussi., affirma-t-elle en se levant.  

- Vas-y un peu., l’invita-t-il d’un ton mordant.  

- Tu as mal parce que je me suis retrouvée nue dans les bras d’un autre, que je me suis donnée à lui en toute conscience. Tu es jaloux et frustré parce que tu aurais voulu être cette homme, peut-être même plus parce que tu aurais voulu être le seul dans ma vie à me posséder. Tu es furieux parce que je ne suis plus uniquement à toi mais aussi à lui. Tu es fou de jalousie parce que même si tu m’aimes et que tu me l’as répété, que je t’ai embrassé, le même soir, j’ai embrassé et couché avec un autre homme. Tu as le sentiment d’être trompé, que notre amour a été bafoué, que tout est perdu… Suis-je loin du compte, Ryo ?, répondit-elle sombrement.  

 

Il détourna le regard, incapable de soutenir le sien. C’était tout ça et plus encore.  

 

- Oui., admit-il.  

- Bienvenue dans mon monde, Ryo. C’est ce que j’ai vécu il y a six mois à la différence que nous étions ensemble, ce qui n’était pas le cas lorsque j’ai couché avec Toya. Alors ton mépris, ta colère et ta jalousie, tu te les gardes., lui affirma-t-elle.  

 

Lentement, Ryo approcha de la fenêtre et se posta devant, regardant la nuit qui enveloppait Tokyo. Il passa une main dans ses cheveux, plus par lassitude que par nervosité.  

 

- Quand je vous ai vus à deux ce matin-là, quand j’ai vu que tu portais la même robe que la veille et ton regard coupable, j’ai compris que vous aviez passé la nuit ensemble et que vous aviez… enfin, tu vois., commença-t-il.  

- On a couché ensemble., compléta Kaori.  

- Tu peux arrêter de le dire, s’il te plaît ?, lui demanda-t-il d’un ton ennuyé.  

- J’ai su que je t’avais perdue, que la lumière que je voyais au bout de ce long tunnel venait de s’éteindre et que, même si le sort était clément par rapport à Reika, tu ne serais plus là. A quoi bon continuer si je ne peux plus espérer te retrouver, Kaori ?, l’interrogea-t-il.  

 

Kaori fut touchée par sa détresse et approcha de lui. Sans le toucher, elle se mit à ses côtés.  

 

- Les choses ne sont pas aussi simples que tu le penses, Ryo. Peut-être que si on arrivait à se parler, je pourrais t’expliquer cette soirée-là mais il faut que tu sois prêt à m’écouter pour cela., lui dit-elle.  

- Pourquoi pas maintenant ?, lui proposa-t-il.  

- Parce que je crains que ce soit une longue conversation et j’ai un rendez-vous important demain au musée mais tu peux essayer de reprendre confiance et de retrouver ton objectivité ? Si tu n’es pas de garde demain soir, je peux venir te voir et on met les choses à plat., répondit-elle calmement.  

- Tu vas le voir demain ?, demanda-t-il sombrement.  

- Oui, je vois Toya demain et nous passons la journée ensemble., expliqua-t-elle, sans juger utile de préciser que c’était professionnel.  

- Il n’y a rien à expliquer alors., fit-il brusquement.  

 

Il se retourna et sortit brusquement de la chambre. Kaori serra les poings de colère et le poursuivit dans le séjour sous le regard médusé de Mick et Kazue, lovés dans le canapé en attendant de pouvoir regagner la chambre de la jeune femme.  

 

- Il semble que ça n’ait pas tourné comme elle le voulait., pipa Mick.  

- Non, en effet. Tu crois qu’il la croira ?, l’interrogea sa petite amie.  

- Il peut être extrêmement obtus quand il le veut., soupira l’américain.  

- Non, tu crois ?, ironisa-t-elle.  

- Ryo !, cria Kaori dans la cage d’escaliers.  

 

Il continua cependant à monter les marches sans un regard en arrière. A quoi bon l’écouter exposer son bonheur sans nom avec son conservateur ? Ils emménageraient ensemble, travailleraient ensemble, s’enverraient en l’air ensemble, fonderaient une famille ensemble… et il n’avait aucune envie de mettre sa jalousie sous cloche et lui faire croire qu’il était heureux pour elle.  

 

- Ryo, écoute-moi !, l’appela-t-elle.  

 

Cependant, quand elle arriva à l’étage, la porte se referma devant son nez et elle entendit la clef tourner dans la serrure.  

 

- Ryo…, murmura-t-elle en s’appuyant sur le panneau.  

 

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux puis la colère revint.  

 

- Tu… Tu… tu es un insupportable macho ! Espèce de sale égoïste ! Comment peux-tu me faire cela ? Je ne me suis pas jetée à la tête du premier venu ! J’avais une relation suivie avec lui ! C’est toi qui m’as dit d’aller de l’avant, d’être heureuse. Tu n’es qu’un sale menteur ! Un hypocrite ! Tu dis m’aimer mais tu n’en es pas capable ! Si tu m’aimais vraiment, tu ne me ferais pas encore souffrir ! Si tu m’aimais vraiment, tu…  

 

Elle n’eut cependant pas le temps de finir sa phrase qu’elle se retrouva plaquée contre le mur, une bouche intransigeante collée sur la sienne. Luttant un moment, elle finit par se laisser aller et passa les bras autour du cou de Ryo. Le baiser se fit plus tendre et elle laissa sa langue aller chercher la sienne. Ils restèrent ainsi un moment jusqu’à ce qu’il s’écarte d’elle, le regard sombre.  

 

- On monte dans ma chambre maintenant comme ça, tu sauras ce que ça fait d’être moi, d’être celui qui trompe ?, lui proposa-t-il sarcastiquement.  

- Idiot, je ne trompe personne., murmura-t-elle avant de l’écraser sous une massue cent tonnes et de redescendre en courant s’enfermer dans sa chambre.  

 

Ryo sortit de sa prison de bois et s’épousseta, regardant distraitement vers l’étage inférieur. Que voulait-elle dire par « je ne trompe personne. » ? Est-ce que ça voulait dire ce que la petite voix dans son cerveau lui signifiait ? Est-ce que Toya et elle… Il devait en avoir le cœur net. Il redescendit à toute vitesse et entra en trombe dans le séjour.  

 

- Eh c’est pas un moulin ici !, s’indigna Kazue, se redressant quelque peu déshabillée dans le canapé.  

- Oh… même pas le moulin rouge ? Tu pourrais être ma danseuse aux seins nus privée, ma meneuse de revue personnelle, j’ai même une barre à te prêter…, suggéra Mick.  

- Mick Angel !, s’écria-t-elle, offusquée avant d’abattre une masse sur sa tête.  

 

Cependant à bien y réfléchir… elle sentit ses joues chauffer à certaines images d’elle et de son client très personnel…  

 

- Va dans la chambre, darling. Toi et moi, on va danser toute la nuit., lui ordonna-t-il, lui mettant une claque sur les fesses.  

 

Kazue partit en gloussant, le regard pétillant.  

 

- Kao, ouvre-moi., l’appela Ryo.  

- Va-t’en, je ne veux pas te voir !, hurla-t-elle.  

 

Il entendit les larmes dans sa voix et son cœur se serra.  

 

- Kaori, s’il te plaît…, murmura-t-il.  

- Laisse-moi., répondit-elle, recroquevillée sur son lit.  

- Ryo, laisse-la. Vous vous êtes dits déjà suffisamment de choses pour ce soir. Vous avez besoin de prendre du recul maintenant. Les discussions à trois heures du matin ne sont bonnes que sur l’oreiller pour se parler d’amour. Rentre à l’appart’ et reparlez-en demain soir à tête reposée. Ce sera mieux pour vous deux., lui conseilla Mick.  

 

Ryo regarda son ami puis la porte et acquiesça.  

 

- Kaori, je… je serai là demain soir si tu veux parler. Tu n’auras qu’à monter quand tu le voudras., lui dit-il avant de s’éloigner de la porte.  

- C’est mieux ainsi, Ryo., approuva Mick.  

- J’espère qu’elle viendra., soupira-t-il.  

- Elle viendra mais tâche d’être moins con. L’image de l’ex jaloux, c’est pas terrible, Ryo. Sois l’ami que tu voulais être pour pouvoir la garder non loin de toi. Peut-être que dans quelques mois les choses tourneront et tu seras content qu’elle soit là, que vous puissiez avoir une chance de vous retrouver., le rassura-t-il.  

- Je ne t’aurais jamais cru si sage., déclara le pompier.  

- J’ai rencontré beaucoup de monde au cours de mes voyages, beaucoup de parcours, de joie et de peine, surtout ce voyage-ci. Il faudrait être idiot pour ne pas en tirer de leçon. Allez tire-toi et bonne nuit.  

- Bonne nuit, Mick.  

 

La nuit fut courte pour les quatre occupants, pour des raisons différentes, et le réveil fut difficile. Kazue et Ryo partirent en même temps pour prendre leurs gardes à l’hôpital et à la caserne. Mick suivit de peu pour attraper le train qui l’emmener pour la journée à Yokohama et Kaori se rendit au musée où elle retrouva son maître d’apprentissage et Toya. Ce dernier souhaitait ressortir des œuvres qu’ils avaient en réserve mais qui avaient un grand besoin d’être restaurées. Ils passèrent plus de deux heures dans les sous-sols du musée à passer en revue les objets en question, Maître Yamamoto laissant son élève donner son avis en première pour tester ses connaissances. Il ne la contredit que deux ou trois fois sur la quinzaine d’oeuvres qu’ils examinèrent, ce qui valut les félicitations du Maître et de l’ami fier de la jeune femme. Ils remontaient quand un employé arriva précipitamment.  

 

- Monsieur, nous avons reçu un appel des autorités. Tous les lieux publics doivent fermer et les personnes rentrer chez elles au plus vite., l’informa-t-il.  

- Que se passe-t-il ?, lui demanda Toya.  

- Un incendie s’est déclaré sur le port au dépôt de carburant. Les pompiers sont sur le coup mais, avec le vent, ils ont du mal à le maîtriser et il prend de l’ampleur.  

 

Kaori se sentit pâlir. Ryo devait certainement faire partie des secours envoyés sur place. Ils se tournèrent vers la baie vitrée et virent au loin l’épais panache de fumée noire qui s’élevait dans le ciel et s’éloigner vers le large.  

 

- Pourtant, Tokyo n’est pas impactée., fit remarquer Toya.  

- La météo a annoncé que les vents allaient changer de direction en fin de matinée. Les vents sud-est vont virer au nord., pipa Kaori, se souvenant l’avoir entendu à la radio en se préparant.  

- Ca va balayer Tokyo…, comprit le conservateur.  

- Faites évacuer le musée dans le calme. Protéger le maximum de pièces fragiles et faites fermer tous les volets ainsi que les double rideaux intérieurs. Fermez les portes entre chaque pièce à chaque fois que l’une d’elles est évacuée et confinée. Commencez par les pièces de la façade sud., ordonna-t-il.  

- Bien, Monsieur., fit l’employé avant de partir.  

- Venez, je vais vous ramener avant que ce ne soit le rush dans les rues., leur proposa-t-il.  

- C’est gentil, Monsieur Myasaki, mais vous avez suffisamment à faire., déclina Maître Yamamoto.  

- Maître, avec tout le respect que je vous dois, écoutez-moi et laissez-moi vous ramener tous les deux et, si je dois être honnête, je le fais plus pour les beaux yeux de votre élève., insista le conservateur, un léger sourire aux lèvres.  

 

Le vieil homme finit par acquiescer et ils partirent rapidement. En moins d’une demi-heure, il avait déposé Maître Yamamoto chez lui et s’arrêtait devant chez Kaori.  

 

- Tu restes là, d’accord ? Je t’appellerai pour prendre de tes nouvelles dès que possible., lui fit savoir Toya.  

- Tu n’aurais pas dû quitter ton poste, Toya., lui fit remarquer Kaori.  

- Et te savoir dans la rue avec ce danger ? Je tiens trop à toi pour cela, Kaori., lui dit-il tendrement.  

- Allez rentre. Le vent commence à tourner. Il faut que je m’assure que le musée est prêt., déclara-t-il alors que l’odeur de fumée commençait à envahir l’air.  

 

Kaori rentra dans l’immeuble et, comme pour le musée, passa dans chaque pièce, même inoccupée, et baissa les volets. Etage après étage, elle voyait le ciel s’obscurcir en plein jour et elle sentit l’angoisse la prendre. Elle serait seule à attendre. Prenant le téléphone, elle passa un rapide coup de téléphone à son frère qui lui répondit brièvement qu’il avait été réquisitionné pour assurer la sécurité lors de l’évacuation du centre commercial et que Saeko était chez ses parents qui habitaient un peu à l’écart de la ville, puis à Miki qui était avec Falcon au Cat’s où ils avaient fini par emménager une semaine plus tôt. Son père était chez Isabel, trop loin pour être touché. Elle préféra ne pas les appeler pour ne pas les inquiéter.  

 

Inquiète, elle s’installa dans le canapé et zappa nerveusement jusqu’à trouver une chaîne d’information. Elle se recroquevilla en voyant l’intensité des flammes comme pour s’en protéger et chercha à reconnaître Ryo parmi tous les pompiers présents, quête illusoire puisque leurs tenues l’empêchaient de voir le moindre centimètre carré de peau, heureusement pour eux d’ailleurs. Insensible au temps qui s’écoulait, elle resta plusieurs heures ainsi hypnotisée par l’écran, l’odeur de fumée qui s’infiltrait malgré tout dans l’appartement, rendant l’expérience tellement réelle.  

 

- Flash spécial : l’incendie du dépôt de carburant du port de Tokyo s’étend désormais aux usines voisines dont un entrepôt de stockage de feux d’artifices que les pompiers protègent en priorité. Nous apprenons à l’instant que plusieurs pompiers ont été victimes d’une chute d’un pont liant deux cuves. C’était Atsuko Masami.  

 

La jeune femme sentit le froid l’envahir à cette nouvelle. Ryo… est-ce que Ryo faisait partie des victimes ? Est-ce qu’il était blessé ? La journaliste n’avait pas précisé s’ils étaient blessés ou morts. Que devait-elle penser ? Elle sentit son cœur s’emballer en même temps que les larmes roulaient sur ses joues. Elle devait se calmer. Elle devait avoir confiance. Ryo allait revenir. Elle décida de se faire un thé, ce qui l’apaiserait peut-être, et alla faire chauffer de l’eau. Celui-ci fait, elle revint dans le salon et reprit place sur le canapé, la tasse entre ses mains. Incapable de quoi que ce soit, l’esprit vide, elle resta ainsi un long moment et, quand elle se décida à boire un peu, son breuvage était froid. Observant la pendule, elle s’aperçut qu’il était déjà vingt-deux heures.  

 

Se sentant frigorifiée, elle se rendit dans sa chambre, fit deux-trois bricoles machinalement et en ressortit peu après avec un gros gilet.  

 

- Flash spécial : nous venons d’apprendre qu’un pompier a trouvé la mort durant la lutte contre l’incendie qui a pris au dépôt de carburant. Son identité ne nous a pas été communiquée. Atsuko Masami.  

 

D’un bond, la jeune femme se leva et se rendit aux toilettes où elle vomit le peu qu’elle avait avalé et surtout de la bile. Elle resta prostrée au dessus de la cuvette un long moment, les larmes dévalant ses joues, avant d’être tirée de sa prostration par le téléphone. Elle se leva péniblement et alla décrocher.  

 

- Kaori ? C’est Toya. Ca va ?, lui demanda-t-il, soucieux.  

- Un… un pompier est mort, Toya., bredouilla-t-elle.  

 

A l’autre bout du fil, l’homme ferma les yeux, luttant contre sa frustration.  

 

- Ce n’est peut-être pas lui, Kaori. Je suis même sûr que ce n’est pas lui. Il est tellement insupportable que la mort n’en voudra pas., tenta-t-il de la rassurer en plaisantant.  

 

Il l’entendit rire légèrement entre les larmes et se sentit un peu mieux. Il avait au moins su être là pour elle.  

 

- Je voudrais venir, Kaori, mais c’est impossible de circuler dehors., s’excusa-t-il.  

- Ca va aller, Toya. Merci d’être là., lui dit-elle.  

- Essaie de dormir un peu., lui conseilla-t-il.  

- D’accord., murmura-t-elle.  

- Je te rappelle dès que possible. A bientôt, Kaori.  

- A bientôt.  

 

Elle raccrocha et coupa la télévision avant de se rendre dans sa chambre. Elle se coucha sur son lit et tourna en rond pendant un long moment, tellement long que, lorsqu’elle se releva et ralluma le poste pour savoir où en était l’incendie, il était déjà huit heures du matin. Les informations n’apportaient pas de bonnes nouvelles. Le vent n’avait pas cessé de la nuit et rendait difficile le contrôle des flammes qui étaient toujours dangereusement proche de l’entrepôt sensible. Au décès annoncé, s’étaient ajoutés une dizaine de blessés parmi les pompiers et son cœur s’alourdit.  

 

Au même moment, un bruit sec éclata, un bruit qu’elle connaissait et appréciait en temps général mais qu’elle redoutait ce jour-là. Elle vit sur l’écran que l’entrepôt de feux d’artifices avait pris feu et que les pétards non maîtrisés partaient dans tous les sens. Elle faillit en rire tellement cela ressemblait à un mauvais film d’action mais ne le fit pas. Parmi ces hommes qui se cachaient ou s’allongeaient par terre, parmi ceux qui tentaient de rester en place ou qui étaient projetés dans l’eau à cause des explosions, parmi ces hommes, il y avait peut-être l’homme de sa vie et son cœur hurlait.  

 

Elle sentit ses jambes se dérober sous elle et tomba à terre, épuisée, déchirée. Ses yeux continuaient de fixer la télévision, son cœur battant comme au ralenti. Elle voyait les images mais plus aucun son ne filtrait à travers le bourdonnement dans ses oreilles. Ce fut ainsi qu’elle apprit en lisant le bandeau d’actualité flash spécial que deux autres pompiers étaient décédés. Tel un robot, elle éteignit la télévision et sortit de son appartement pour monter à l’étage. Elle savait qu’elle ne trouverait pas Ryo mais il serait là d’une certaine manière. Elle monta dans sa chambre, trouva son sweat sur une chaise et l’enfila avant de s’allonger sur le lit, le nez dans son oreiller.  

 

Ainsi lovée, elle arriva à se plonger dans un autre monde, un monde où le froid de son cœur ne provenait pas de la chaleur infernale d’un incendie, où aucune trahison n’avait eu lieu. Elle les voyait se baladant main dans la main le long d’un lac du Mont Fuji, découvrant à deux les plaisirs charnels, échangeant leur premier baiser, dansant lors de la fête pour son anniversaire. Elle visualisait Ryo lui passant la bague au doigt, lui parlant mariage et enfant et le bonheur qui pétillait dans ses yeux en le faisant, certainement égal au sien quand elle l’écoutait tracer leur avenir.  

 

Pendant ce temps, elle n’était plus dans son lit mais dans le leur, comme si elle ne l’avait jamais quitté, comme si cette séparation n’avait pas eu lieu, qu’un fossé ne s’était pas creusé entre eux, ni un homme ou une femme interposait. Rien de tout cela n’avait existé. Il n’y avait qu’elle et lui et elle réalisa qu’il ne pouvait y avoir qu’elle et lui. Elle ne trouverait personne d’autre pour le remplacer. Elle se fichait du passé, de leurs différends. Il voulait du temps pour résoudre le problème du bébé, elle le lui donnerait. Et s’ils ne pouvaient se marier, elle s’en fichait. Elle serait à lui malgré tout parce que vivre sans lui était tout simplement impossible pour elle.  

 

Soudain, la porte s’ouvrit et elle se redressa sur le lit, ses yeux papillonnant. Il était là. Ryo était là, devant elle, bien vivant. Elle se leva du lit, peinant à y croire. Elle avait juste besoin de le toucher pour être sûre qu’elle n’était pas encore dans son rêve. Quand elle fut à sa hauteur, elle posa la main sur sa joue et sentit les larmes rouler sur ses joues.  

 

- Kaori ?, murmura-t-il.  

 

Il venait de passer les deux pires journées de sa vie professionnelle. Ils avaient lutté sans quasiment aucun répit contre cet incendie qui avait pris à cause d’une inattention, d’un nouveau qui avait trouvé un petit coin sympa pour fumer sa cigarette sans crainte de se faire pincer pour avoir bravé l’interdiction, petit coin sympa saturé de vapeurs d’essence qui s’étaient embrasées en un claquement de doigts. L’imprudent en avait payé le prix fort, trois de ses collègues également. Lui n’était pas passé loin, vraiment pas loin quand un feu d’artifice avait volé et s’était écrasé à cinquante centimètres de lui, faisant exploser une caisse vide. Il ne voulait même pas imaginer ce que ça aurait donné sur son corps.  

 

Alors rentrer chez lui sain et sauf et trouver la femme qu’il aimait dans son lit, c’était… incroyable, irréel et pourtant, il sentait sa main sur sa joue et voyait les larmes sur ses joues. Ne supportant cette vision, il essuya les perles salées, le regard plongé dans le sien.  

 

- Tu es vivant…, murmura-t-elle.  

- Oui, même la mort ne veut pas de moi, tu vois…, fit-il avec un léger sourire.  

- Tu es trop insupportable…, répondit Kaori dans un sourire, se rappelant la conversation avec Toya.  

- Même pour toi ?, lui demanda-t-il.  

- Non, pas pour moi. Je suis prête à tout pour toi. Même à attendre qu’on ait notre chance., lui affirma-t-elle.  

 

Ryo sentit son cœur s’emballer et un poids quitter ses épaules. Il glissa la main derrière sa nuque et prit ses lèvres, heureux de sentir ses bras entourer son cou et son corps se presser contre le sien. La réalité se rappela cependant à lui et il s’écarta à regrets d’elle.  

 

- Je… Je ne peux pas, Kaori. Tu as ton conservateur…, objecta-t-il, fermant les yeux.  

- J’ai rompu le jour de la Saint-Valentin dès que je suis arrivée chez lui., lui apprit-elle.  

- Pourtant, vous avez…, laissa-t-il échapper, mal à l’aise.  

- Oui. Je pourrais dire que c’était une erreur mais ce serait un mensonge. Une faiblesse tout au plus. J’étais là, lui aussi. Nous savions que ça n’irait pas plus loin., lui expliqua-t-elle.  

- Tu m’en veux ?, lui demanda-t-elle.  

- Non, je n’ai pas à te juger. Tu as ton passé, moi le mien.  

- Fais-moi l’amour, Ryo. Juste cette nuit avant de savoir si on aura plus., lui demanda-t-elle.  

- On aura plus, Kaori. Je ne sais pas comment ni quand mais je trouverai., lui promit-il.  

 

Il la prit dans ses bras et l’embrassa, l’emmenant vers son lit. Tout en douceur, comme ils avaient si bien su le faire, ils s’aimèrent durant le reste de la nuit. 

 


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