Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: patatra

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 1 capitolo

Pubblicato: 20-01-20

Ultimo aggiornamento: 20-01-20

 

Commenti: 11 reviews

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RomanceSongfic

 

Riassunto: Pour Kaori qui est convaincue que son amour n’est pas réciproque et Ryô qui pense tout connaître des désenchantements de l’amour et qui refuse d’avouer ses sentiments, il est grand temps de prendre des risques…

 

Disclaimer: Les personnages de "Mes doigts ont effeuillé tant de roses" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Mes doigts ont effeuillé tant de roses

 

Capitolo 1 :: chapitre 1

Pubblicato: 20-01-20 - Ultimo aggiornamento: 20-01-20

Commenti: Bonjour, voilà un OS qu’il m’a plu d’écrire. En fait, j’avais entamé trois récits romancés ou coquins et je voulais en faire un recueil. J’ignore si je continuerai les 2 autres textes. Si tel était le cas, je pense que je les posterais comme chapitres suivants à celui-là. Mais celui-ci se suffisant à lui-même, je mets le statut « complète » à cette fic, me réservant bien entendu le droit de le faire évoluer. Parlons maintenant de cet OS, je voulais une chanson française et un peu déroutante sinon c’est trop facile. Voilà que je me jette sur une chanson de Pierre Perret : « Le bonheur c’est toujours pour demain ». Je ne suis absolument pas fan de ce chanteur à qui je reconnais toutefois de grandes qualités poétiques, j’ai découvert des perles dans son répertoire. Mais en fait, cette chanson m’a parlé... Oui, oui, on ne rigole pas, et j’ai développé l’histoire d’après ce que m’inspiraient les paroles. Mon OS sera donc légèrement OOC, soyez prévenus. Attention, présence de lemon ou plutôt de LIME, ce qui le classe en R mais pas + 18. Je n’ai pas développé tout le rapprochement pour le rating, sinon je me serais bien laissé aller hein !? 😉 vous me connaissez. J’en sors d’ailleurs un peu frustré, j’espère que ça ne sera pas le cas pour vous ! Bonne lecture et n’hésitez pas à commenter, ça fait toujours plaisir. A bientôt…

 


Capitolo: 1


 

Mes doigts ont effeuillé tant de roses
 

 

 

 

Il est 14h passées ! J’ai l’impression qu’un marteau-piqueur a pris possession de mon cortex, mes tempes palpitent douloureusement et mon estomac, pour le moins habitué à mes excès, semble pourtant vouloir aussi me tourmenter. Je prends mon courage à deux mains, m’assois quelques secondes sur le rebord de mon lit et confie mon crâne endolori à la caresse apaisante de mes mains. Putain.  

 

Se peut-il que mon réveil soit aussi inconfortable que mon coucher ?  

 

Je ne peux le nier. Les images de la veille au soir. Non ! Les images de mon retour au bercail, ce matin-même – il était alors à peine 6h – ne cessent de m’accabler. Je peine à comprendre les exacts contours de la scène que nous nous sommes joués. Toi et moi Kaori... Pourrais-tu me croire si je te disais qu’il n’y avait rien de prémédité dans la vision de cauchemar que je t’ai imposée ? Que pour une fois je n’ai pas pressenti que tu étais encore éveillée ? Tu as fait de tels progrès à ce niveau que tu sais maintenant me dissimuler ton véritable état émotionnel. Toi, endormie paisiblement, confiante. Et non pas toi, furieuse, inquiète, à m’attendre encore. Lorsque j’entre chez nous, je suis plus qu’aviné, complètement débraillé, les boutons de ma chemise, reboutonnés à la va-vite, ne laissent que peu de place à l’imagination quant aux moments de débauche que je viens de vivre. Je suis couvert de traces de rouge à lèvres ; sur mon cou, mon col, mon torse, mes joues, ma bouche, et d’autres endroits encore que tu n’as heureusement pas pu repérer. J’ai les cheveux en bataille et suis imprégné jusqu’à l’os d’un parfum vaporeux que tu captes très facilement. Évidemment. Je préfère ne pas énumérer tous les détails que tu as pu déceler dans l’image navrante que je t’ai offerte. J’étais scotché. Trop confiant en ces signaux de sommeil, cette aura douce et sereine que tu avais réussi à irradier. Je n’avais pas douté. J’étais sidéré. Mais pas autant que tu l’étais. L’atmosphère chaleureuse de notre appartement s’est délitée dans l’instant, tout comme les couleurs ont déserté ton visage, une flamme dans tes yeux s’est éteinte. Tes yeux... Ils ont dévalé sur moi, de haut en bas avec lenteur, presque délectation, tu n’as pas dissimulé la curiosité malsaine qui t’animait. Tu t’es attardée sur la ceinture que je n’avais pas pris la peine de reboucler, le pan de ma chemise qui sortait de mon pantalon. Puis tu as émis un petit hoquet moqueur, as accroché un sourire aux coins de tes lèvres désenchantées. Aucune parole entre nous, aucun son n’est sorti de ta bouche. Tu es passée devant moi sans que j’ose le moindre geste, le moindre réconfort. Chacune de mes tentatives n’aurait été qu’échec, aurait soufflé sur les braises plutôt que de les éteindre, j’en ai la triste certitude. Je ne voulais pas de heurts, ni de cris. Je ne voulais pas de pleurs.  

 

Mes paumes frottent mes joues, je souffle péniblement. Il me faut me lever, descendre, me confronter à ton regard. J’enfile difficilement un pantalon de jogging, un vieux T-shirt et sors de ma chambre. Oui, je quitte mon sanctuaire pour te rejoindre en bas. Je sais que tu n’as pas déserté l’appartement, je t’ai entendue œuvrer au ménage depuis quelque temps déjà. Ta manière à toi de combattre tes démons. Que te dire ? Oui, j’ai passé la nuit avec une femme. Oui, je lui ai fait l’amour. Mais que crois-tu ? Que mes soirées sont sages ? Que je suis ascète ? Elles sont des dizaines à avoir partagé ma couche l’espace d’une nuit ou d’une heure, rarement plus, ces dernières années. Heureusement que je n’ai pas renoncé aux plaisirs de la chair. Il n’y a rien à voir Kaori avec ce que je ressens pour toi ; mes sentiments n’en sont pas moins forts, moins sincères, moins entiers ; l’émotion m’étreint toujours de la plus atroce des façons dès qu’il m’est permis de t’observer à la dérobée ; oui, lorsque je deviens voyeur malgré moi et que je peux croquer toutes ces adorables mimiques que tu étales dans la plus belle inconscience, et que je peux te railler à leur propos lorsque, par malchance, je suis surpris dans ma contemplation. Mais je reste homme. Et je me roule dans la luxure bien plus souvent que tu ne le crois ! Mais entre croire, deviner, et constater, avoir la preuve tangible devant les yeux, il y a tout un univers. Et cet univers a été franchi cette nuit. Oui Kaori, tu as réalisé cette nuit que je faisais l’amour à d’autres femmes. Comment as-tu encaissé la révélation ? Quelles vont en être les conséquences ? Pour toi, pour moi, pour nous ?  

 

Je préfère me diriger vers la salle de bain. Une douche rapide, purificatrice. L’eau dissipe les vapeurs de la veille, celles de l’alcool, bien sûr, mais aussi celles des fragrances capiteuses qui imprègnent encore ma peau. Bien malgré moi, le visage délicat de celle qui m’a tenu compagnie pendant la soirée, les courbes harmonieuses de son corps, les plaisirs partagés, me reviennent en mémoire. Ces résurgences sont nécessaires afin que je m’en lave parfaitement, qu’elles rejoignent l’eau souillée de ma douche et soient aussi évacuées. C’est ainsi à chaque fois. Seulement, par chance ou plutôt par calcul de ma part, à chacune de ces fois, tu ne m’as pas surpris à mon retour chez nous.  

Je m’extirpe difficilement de dessous la chaleur bienfaitrice, me frictionne et m’étonne de sentir la migraine s’éloigner. Un lavage de dents tonique, un regard coupable à mon reflet dans la glace et je me rhabille rapidement avant de quitter le lieu qui m’a permis de retrouver figure humaine.  

 

J’entre dans la cuisine ; tu me tournes le dos, tu es vêtue d’une jupe en jean et d’un chemisier rouge. Tu te retournes immédiatement, m’offres ton regard comme à l’ordinaire, un sourire même, c’est presqu’inespéré en ce qui me concerne. Peut-être t’es-tu attardée plus que d’habitude sur mon visage, je ne sais.  

 

« Salut, me lances-tu comme si de rien n’était.  

— Salut, réponds-je sur le même ton.  

— Un café ? Tu dois en avoir bien besoin après la murge que tu t’es mis hier. »  

 

Je reste bouche bée. Se peut-il Kaori que tu ne réagisses pas violemment à ce que tu as deviné si indiscutablement ?  

 

« Ah oui je veux bien. »  

 

J’ai pris place à table et me laisse servir comme un pacha. Comme d’habitude. Je lève les yeux vers toi en guise de remerciement tandis que le café chaud emplit ma tasse et mes narines. Nos regards se croisent, s’entremêlent, insinuent un certain malaise. Il est palpable. Tes joues se sont couvertes de rose. Tu prends place face à moi, croises les bras sur la table et me regardes avec application. Je détourne les yeux lâchement et m’empresse de plonger les lèvres dans mon café. Tu ne dis toujours rien et je sens le poids de tes prunelles si expressives sur mes épaules pourtant robustes. Tu ne sembles pas fâchée, je suis bien en mal de cerner exactement les sentiments qui t’étreignent à ce moment et cela m’angoisse prodigieusement, je dois être sincère.  

 

« Tu es amoureux ? te décides-tu à rompre le silence indisposant »  

 

Je manque de m’étouffer avec le café.  

 

« Quoi ? demandé-je incrédule.  

— La fille d’hier soir, précises-tu inutilement. Tu es amoureux d’elle ?  

— Non, bien sûr que non ! »  

 

J’ai répondu avec véhémence ; je te dois bien ça et je devine enfin la piste que tu as explorée depuis mon retour au petit matin. Alors comme ça tu crois deviner une histoire de cœur. Kaori, voyons, c’est ridicule ! J’ai posé ma tasse et sonde tes yeux. Je t’offre les miens en retour et ne suis pas dupe du petit plissement qui apparaît au coin de ta bouche et qui m’indique que tu essaies d’analyser mon expression. Tu fais toujours cela, ce geste te trahit, je lis en toi avec une telle facilité. Je sais que la réciproque n’est pas vraie et je vois avec un certain orgueil ta contrariété de ne parvenir à cerner la réalité. Me crois-tu vraiment amoureux ? J’ai envie d’exploser de rire mais m’en retiens. Tu prendrais très mal la chose et tu aurais parfaitement raison !  

 

« Tu étais bien avec une fille hier, n’est-ce pas ? te décides-tu à réattaquer.  

— Oui, soufflé-je quelque peu débordé par la culpabilité.  

— Vous avez fait… »  

 

Tu ne peux terminer ta phrase et je ne peux que contempler, impuissant, la douleur investir tes traits.  

 

« Oui.  

— Et vous n’êtes pas amoureux ? persistes-tu dans l’incompréhension.  

— Kaori, c’était la première et dernière fois…  

— Je comprends pas.  

— Avec elle… la première et dernière fois. Je n’ai pas l’intention de la revoir. Et elle n’a pas non plus l’intention de me revoir. »  

 

Je n’ai pas l’habitude d’étaler à ma partenaire les détails de ma vie sexuelle, et pourtant là, j’ai parlé tout droit, énoncé sans fioriture la vérité. Ma chérie, je te dois cette honnêteté, je n’ose imaginer les images horribles qui ont dû peupler ta nuit et tes cauchemars. Pourquoi es-tu si innocente ? Qu’est-ce que tu idéalises les choses de l’amour ! Si tu savais comme la réalité est loin de tes rêves d’amoureuse ! Que jamais sentiments ne durent. Que la lassitude gagne. Même les couples les plus aguerris, les plus sûrs d’eux, ceux qui croient leur amour indestructible, qui le crient haut et fort. Les idiots ! Que tout un chacun, un jour, délaisse l’objet qu’il a passionnément aimé. C’en est ainsi. Irrémédiablement. Si tu étais à moi Kaori, je me lasserais un jour. Si j’étais à toi, un jour, tu te détournerais de moi, tu me renierais. Un autre attirerait tes faveurs, tout comme une autre attirerait mon regard, attiserait mon instinct de chasseur. Et j’en crèverais.  

 

« Alors, pourquoi vous l’avez fait ? t’enquis-tu maladroitement. »  

 

Je souris. Tu t’empourpres, désolée de ta méconnaissance du désir. Tu te lèves précipitamment, soucieuse d’échapper à mon sourire moqueur. Et moi, je te remercie silencieusement. Oui je te remercie de m’offrir cette échappatoire de rêve, ce plaisir insensé de te voir si mal à l’aise avec les affaires sexuelles, cette innocence dont tu te défends et qui perle pourtant à chacune de tes interventions. Voilà qui me chavire.  

 

Tu n'es qu’une petite fille.  

 

Tu as stoppé net devant la porte de la cuisine. Oui, tu as renoncé à ta fuite. Pourquoi donc ? Je me lève, ferré.  

 

« Ryô, entames-tu avant de te retourner vers moi.  

— Oui ? réponds-je en me positionnant face à toi. »  

 

Tu sembles chamboulée, hésitante. Tes yeux s’embuent et je hais ce chagrin dont je sais être la cause. Et soudain, c’est la tempête, le tsunami, le geste que je n’avais pas prévu. Tu t’es saisie de ma main droite, tu l’as capturée, je résiste un peu mais capitule vite, très vite, te laisse la mener là où tu l’as décidé. Tu es vermillon tandis qu’autoritaire tu positionnes ma dextre sur ta poitrine, sur ton sein gauche plus exactement. Tu plantes tes iris intimidés dans les miens. Je suis de marbre en toutes circonstances mais j’avoue que j’ai bien du mal à maintenir ma contenance. Il serait pourtant si aisé d’arracher ma main à la douce torture que tu lui imposes : empaumer ce mont de plaisir, le caresser presque, le sentir se couler parfaitement contre ma main. Je lutte pour laisser mes doigts immobiles, ne pas entamer un mouvement qui déchirerait mes résolutions intimes… m’approprier ton corps. Non !  

 

« Sens-tu mon cœur ? oses-tu doucement. »  

 

Tu sembles perdue, déboussolée ; notre situation gênante est tout de même de ton fait Sugar. Moi, je suis pétrifié mais reprends pied rapidement dans la réalité. Tu veux me défier, tu ne sais pas sur quel terrain tu t’engages. J’affermis mon contact contre ton sein, le délaisse un peu pour appuyer sur ta fourchette sternale et je perçois enfin les battements réguliers de ton organe vital. Je capte son entêtant manège. C’est étrange comme cette sensation me donne le vertige.  

 

Tes yeux sont embrumés mais ne se dérobent pas à mon regard interrogatif. Il me serait pourtant d’une redoutable facilité de réduire à néant ce que je prends pour une tentative de séduction. Te crucifier d’une remarque cruelle et acerbe ; concernant cette opulence que tu ne possèdes pas, par exemple. Mais te railler là maintenant n’est guère envisageable. Non, je m’y refuse… Est-ce une tentative de séduction Kaori ? Je sais, ce n’est guère très perspicace comme conjecture mais je ne vois pas comment analyser autrement ce que tu me proposes. Sentir battre ton cœur.  

 

« Sens-tu mon cœur battre Ryô ? réitères-tu avec aplomb.  

— Oui, m’entends-je chuchoter.  

— Tu dois savoir que chacune de ces contractions me désespère, assènes-tu sans lâcher mon regard, oui parce que ce muscle idiot n’a qu’une seule et unique motivation à sa farandole incessante, et cette motivation c’est toi. »  

 

Ta voix s’est légèrement éraillée pour, au final, n’être qu’un murmure presqu’inaudible. Mais j’ai bien entendu Sugar et tu as très bien saisi que j’avais parfaitement compris le message que tu me confiais. Le souffle vient de me quitter, mes oreilles me trahissent. Une étrange chaleur envahit mon corps tout entier alors qu’enfin j’aperçois la raison de ma main sur ta poitrine ; tes doigts qui l’y maintiennent de force. Pourtant, je te l’assure, ma main n’a aucunement la volonté d’échapper à la scène que tu orchestres magistralement. Elle reste indécise pour le moment. T’attirer vers moi, t’enlacer ? Tu sondes mes yeux avec inquiétude, tes sourcils ont tremblé, je l’ai vu ; ils ont tremblé puis se sont légèrement contractés. Pardonne mon mutisme, partenaire ! Oui, je ne sais quoi répondre. Je ne veux pas te blesser davantage, ni te donner le moindre espoir puisque l’espoir pour nous deux réside dans le maintien de notre relation merveilleuse. Ne peux-tu entrevoir Kaori cette chance que nous avons d’être ainsi depuis de si longues années ? De n’être pas lassés de nous-mêmes ? De connaître encore et toujours les tortures délicieuses des premiers émois ? Renoncer à nous aimer de manière terrestre pour continuer d’être ainsi l’un envers l’autre. Ne pas tout gâcher pour quelques semaines, des mois tout au plus, d’euphorie sexuelle. Parce qu’évidemment, si je m’autorisais à t’aimer, je ne peux pas le nier, je te croquerais avec délice, je me repaîtrais de ton corps, mettrais à mal tes résistances physiques. Mais notre relation est placée à un niveau bien supérieur à celui-là. Nous vivons ensemble ce que beaucoup d’autres couples officiels ne vivront jamais ; nous avons la confiance, la complicité, un quotidien sans cesse renouvelé. Rien qui nous lasse l’un de l’autre. Rien qui ne mette en péril ce que nous avons construit avec tant d’application durant toutes ces années. Application pour moi, résignation, voire abnégation pour toi ; ne me crois pas dupe !  

 

Cet amour que tu m’avoues n’est pas une surprise. Je sais que tu m’aimes, je sais que je t’aime. Mais je refuse de mettre en péril ce que nous possédons, ce trésor plus précieux que tout, pour vivre un temps, nécessairement limité, l’amour fou. Le sexe, le plaisir, la luxure, nous pouvons nous les offrir auprès d’autres.  

 

 

 

Le bonheur c’est toujours pour demain
 

Hé ! fillette ne prends pas ma main
 

Mes doigts ont effeuillé tant de roses
 

Que de parler d’amour encore je n’ose
 

 

 

Tu déglutis difficilement. Au travers ton corsage, je pressens ton épiderme sensible, la chaleur de ton corps, je saisis les exacts contours de ton sein, devine le renflement de ton téton. Je maudis les élancements de mon ventre qui enjoignent à mes doigts de se mouver contre toi. Te caresser. M’abandonner. Non !  

 

« Aide-moi Ryô, supplies-tu, gelant immédiatement mes désirs incommodants.  

— Quoi ?  

— Je ne veux plus t’aimer, assènes-tu alors avec grandiloquence. Aide mon cœur à se débarrasser de toi s’il te plaît. »  

 

Je vacille. Quoi ?  

Ta main est toujours sur la mienne. L’incompréhension me gagne en même temps qu’un étourdissement douloureux. Quoi ?  

Je pénètre tes yeux avec brutalité, je n’ignore pas la mine que je t’oppose. Mais je veux comprendre ta requête, apprécier ta sincérité.  

 

« Je veux m’émanciper de toi, échapper à cette situation dans laquelle je me débats chaque jour un peu plus. J’ai le droit de connaître les vertiges du désir Ryô. Je veux aussi rentrer tard avec le cou rougi des baisers de mon amoureux, t’imposer cette vision : moi qui me suis perdue dans les bras d’un autre. »  

 

Non !  

 

« As-tu déjà aimé ? poursuis-tu visiblement indifférente à mon désarroi.  

— Oui, consens-je à répondre. »  

 

Tu écarquilles les yeux exagérément, souhaites par cela me faire comprendre que ma réponse est inespérée.  

 

« Souvent ?  

— Quelques fois. »  

 

Jamais depuis toi.  

 

« Et comment tes histoires d’amour se sont-elles terminées ?  

— La lassitude, avoué-je sans détour. Envie d’une autre femme pour moi, d’un autre homme pour elles. La difficulté de la fidélité. Les sentiments qui se délitent petit à petit. Rien de bien original Kaori. Il s’agit là du destin de tout amour dont le quotidien, une certaine érosion ont raison.  

— Ça n’était certainement pas les bonnes personnes, oses-tu, visiblement chamboulée par mes paroles. »  

 

Naïveté.  

 

« Ne crois pas ça Kaori. On dit que l’amour dure trois ans, mais c’est sans doute une fourchette haute. Tout du moins en ce qui me concerne. Je ne suis pas homme à m’embarrasser d’une femme que je n’aime plus. »  

 

Où sont mes amis qui seront fidèles,
 

Et ces pays pleins d’odeurs de cannelle ?
 

Et toi mon bel amour, ma tristesse nouvelle
 

As-tu un cœur de fer sous ton corsage de velours ?
 

Y a-t-il quelque part un ruisseau d’eau pure,
 

N’existe-t-il pas cet amour qui dure ?
 

Le bonheur est-il bref comme un orage en ciel d’été ?
 

Celui qui sait tout ça, est homme plus heureux que moi…
 

 

 

Tu prends quelques secondes pour analyser mes paroles, tu peines à réprimer la moue qui tente de s’imposer sur tes lippes malheureuses. J’en fais tout autant, encore assommé par la demande inattendue ; que je t’aide à ne plus m’aimer…  

Ma main repose toujours contre ta poitrine. La tienne, qui l’y maintenait, s’efface lentement. Tu désertes et je me sens suffoquer.  

 

« M’aideras-tu ?  

— Je ferai de mon mieux.  

— Merci, balbuties-tu, soulagée. »  

 

J’ai besoin de respirer, de crier, de me battre, de désamorcer la bombe que tu viens de placer dans mon cœur. Mes contradictions me sautent à la gueule, je ne peux y échapper. Je ne veux pas t’aimer comme tu le souhaites mais je meurs à l’idée qu’un autre y aspire… et que tu l’y autorises. Moi, je m’accorde toutes les distractions possibles, je butine chaque fleur rencontrée avec légèreté, je lape leurs nectars avec délectation. Je me mens en croyant t’octroyer les mêmes droits. Ton innocence me semblait être le meilleur rempart à ces autres qui ne manqueront pas de te courtiser, je me voilais la face. Kaori, si tu sombrais dans les mêmes travers que moi, ma vie deviendrait un enfer. Je suis égoïste. Je ne suis qu’un sale égoïste.  

 

Je t’envisage une seconde, tu as baissé les yeux et sembles perdue dans tes sombres pensées. Ma main a persisté sur ton corsage, je perçois toujours les battements de ton cœur. Il bat pour moi ! Une grimace déforme mes traits. Je me dois de réagir. Pris d’une soudaine envie de faire baisser la tension ambiante, je me mets à malaxer ton sein maladroitement, oppose un sourire niais à la surprise de ton regard.  

 

« Non mais qu’est-ce que tu ne ferais pas pour te faire peloter ! raillé-je bêtement, m’attendant à la sanction massue immédiate. »  

 

Mais point de sanction ne suit mon idiote plaisanterie, tes prunelles ne varient pas d’expression, elles persistent dans la scrutation dérangeante de mon visage, n’empêchent pas le ballet ridicule de mes doigts sur ton corps. Nul sourire ne gagne tes lèvres, le mien s’évanouit aussitôt et je retire prudemment ma dextre de son moelleux refuge.  

 

« Puis-je te demander une autre immense faveur Ryô ?  

— De quoi s’agit-il ? demandé-je courageusement, devinant une requête tout aussi douloureuse que la première.  

— J’ai un peu honte de te demander ça, confesses-tu le rouge aux joues. Mais n’imagine pas un quelconque subterfuge de ma part s’il te plaît.  

— Mmhh…  

— Quand mon cœur sera libéré de toi, est-ce que tu serais d’accord pour… »  

 

Je vois ton malaise, tes doigts se tortillent, on pourrait presque distinguer de la fumée sortir de tes oreilles. Encore faudrait-il Sugar que ton cœur parvienne à se libérer de moi. L’entreprise ne me semble pas si aisée !  

 

« Pour quoi ?  

— En fait, te justifies-tu avec hésitation, je ne me vois pas entamer une vie amoureuse autrement que comme ça.  

— De quoi tu parles ?  

— Quand mon cœur sera libéré de toi définitivement, et uniquement à ce moment-là hein, accepterais-tu d’être le premier ?  

— Quoi ? »  

 

Je me suis étranglé et toi tu t’es transformée en tomate. Qu’es-tu donc en train de me proposer ? de faire l’amour ?  

 

« Ne te méprends pas ! ajoutes-tu pour tenter d’éclairer tes propos. C’est juste que je ne veux pas le faire la première fois avec n’importe qui et n’importe comment. Ce n’est pas demain Ryô, ne t’inquiète pas, et peut-être ne te le demanderai-je jamais mais… si jamais je décidais de me lancer, accepterais-tu de le faire pour moi ? »  

 

Je secoue la tête négativement, incrédule, assommé. L’orage s’installe dans tes yeux, les fait cligner exagérément.  

 

« Tu peux refuser bien sûr, te précipites-tu d’ajouter, je suis convaincue qu’il ne me serait pas si difficile de trouver un autre homme qui accèderait à ma demande, rassure-toi. »  

 

Coup bas !  

 

Quelles étranges doléances ! Ne plus m’aimer et te faire l’amour ? Suis-je le seul à être choqué par l’incohérence criante ? Et cette menace à peine voilée. Je me dois d’être honnête, je me sens paumé. T’imaginer t’offrir au premier venu me rend dingue. Et t’imaginer dans mes bras pour te faire découvrir les délices de l’amour physique me rend dingue également. Ce prérequis – avoir libéré ton cœur de mon emprise – me laisse perplexe. N’es-tu pas en train d’essayer de me manipuler ? Mais ta tirade précédente, sur ta volonté de délier les liens que nous avons tissés, était si sincère que je ne peux douter de ton dessein : t’affranchir totalement de moi, recouvrer ta liberté amoureuse, pleine et entière, devenir une femme en toute sécurité affective, en ayant, je présume, esquisser précisément en amont les règles de notre seul et unique moment charnel. Être ensuite disponible de cœur et de corps pour celui qui prendrait ma place. Je grimace. Tu observes chacune de mes réactions avec anxiété. N’imagine pas que ma moue est du dégoût, elle signifie juste que tu viens de me clouer au pilori. Ma douleur est intense, pulsatile, résonne dans chaque parcelle de mon corps. Je me mords les lèvres, renonçant à paraître impassible. Qu’es-tu en train de me demander ?  

 

« Tu ne veux pas ?  

— Si, capitulé-je. Je le ferai… Quand tu seras prête, tu n’auras qu’à me demander. »  

 

Je quitte la cuisine sans t’accorder le moindre regard. Je n’ai qu’une hâte, échapper au malaise dérangeant qui m’étreint depuis le début de notre conversation. Je tente de mettre de l’ordre dans mes idées, d’y voir plus clair Ne plus m’aimer, perdre ta virginité avec moi, t’offrir ensuite une vie amoureuse. Voilà résumées les pensées qui t’habitent. Je me déteste.  

 

oOo
 

 

 

Je finis seul ma cigarette au dehors du club dans lequel nous avons échoué, Angel et moi, ce soir. Je repense aux semaines qui viennent de s’écouler depuis la conversation avec Kaori. Notre vie a repris son cours. Chaque jour, je m’échine à être le plus amical possible, le moins tendancieux possible, oui le plus neutre possible. J’ai réussi à teinter mon regard de bienveillance fraternelle, à réduire au silence les sentiments qu’elle m’inspire. Ce n’est pas simple, j’en suis conscient, mais j’y parviens.  

Je tire les dernières bouffées de mon addiction à la nicotine. Je souris malgré moi. Six semaines sans titiller sa jalousie maladive, sans lui arracher des larmes ou des cris hystériques. Six semaines où nous avons été sollicités professionnellement, où nous avons été remarquables d’efficacité. Je ne boude plus les clients mâles, je ne saute plus sur les clientes sexy, j’ai fait taire ma libido démesurée. Certes, je me rattrape lors des soirées que je partage avec Mick. Mais je prends bien garde à ne plus rentrer avec les odeurs d’une autre ; il est des ruses, des artifices, capables de gommer les reliques d’une aventure sexuelle torride. Je prends désormais toutes les précautions nécessaires. Mais les effusions partagées avec ces poupées d’un soir ne régalent que mon ventre et c’est desséché que je me promène dorénavant dans la vie.  

 

Dieu merci, Kaori n’a pas concrétisé sa demande de défloration. Je ne sais d’ailleurs si je redoute ou espère ce moment. Elle a l’air d’aller bien. Très bien même. Ses regards ne trahissent plus la douloureuse émotion qui l’enserrait chaque fois que j’étais le sujet de ses préoccupations. Je m’échine à tenir ma promesse : l’aider à ne plus m’aimer. Je lui dois bien ça. Cela me coûte terriblement, que de renoncements et de frustrations ! Mais si son bonheur, sa paix intérieure sont à ce prix, je n’ai aucune hésitation à avoir, rien qu’à persévérer dans ce qu’elle convoite tant. C’est donc dans une hébétude cruelle que je contemple chaque jour le désamour gagner son cœur.  

 

Je souffle une dernière fois la fumée, vestige de la béquille mentale qui m’est indispensable en ce moment et retourne dans le cabaret où je retrouve mon ami aux mains d’une ravissante bunny. Sa préférée. Je grince des dents, tellement la réalité des choses de l’amour me sautent encore une fois au visage. Mick non plus n’échappe pas à la règle. Son couple avec Kazue est l’une des plus belles mascarades qui soient. Il n’est plus amoureux ; c’est à se demander d’ailleurs s’il l’a été un jour. Il collectionne les conquêtes, s’enlise dans les mensonges avec l’infirmière. Je le vois caresser la joue de la toute jeune qu’il a élue depuis quelques semaines. J’ignore tout de leur histoire en dehors de ces murs poisseux et vulgaires et ne veux pas savoir. Pourtant, quand je le regarde, j’ai l’impression de me voir. Lui et moi sommes de la même essence quand il s’agit de femmes. Nous sommes habités de cette même nécessité, celle de plaire, de susciter l’intérêt, le désir ; ce besoin de lire dans le regard embrasé que l’on a touché la cible, qu’elle se soumet ; oui qu’elle se soumet. Il arrive évidemment que nous regrettions la débauche de charme, que l’on ait trop joué, voire surjoué, et que l’on soit dépassé par les ardeurs féminines ; mais, la plupart du temps, nous maîtrisons. Nous maîtrisons admirablement. Tandis que je m’installe devant le blond américain et qu’il me lance une œillade complice, je ne peux empêcher mes pensées de vagabonder vers notre ami mercenaire. Umi. Lui me déroute. Son couple avec Miki, ses sentiments inaltérables, insufflent le doute parfois chez moi. Mais je crois notre nounours peu affolé par ses hormones, au contraire de nous. Peut-être que je me trompe car je n’ignore pas les exigences sulfureuses de la brune pulpeuse qu’il a épousée. Hum, peut-être qu’au final, l’espoir est permis !  

 

Il est quatre heures du matin lorsque je franchis la porte, sobre d’alcool et de sexe. J’angoisse légèrement car je devine ta présence au salon ; tu n’as pas feint d’être endormie. Je me présente à toi, tu m’observes. Je comprends cette nécessité que tu as d’analyser ma personne et ne me soustrais pas à ton minutieux inventaire. Pour autant, ce manège dont nous ne sommes dupes, ni toi ni moi, met à mal l’idée que tu t’es affranchie de moi. Seras-tu un jour capable de ne plus trembler en imaginant quelles ont pu être mes occupations avant de te rejoindre ? Le chemin paraît long encore. Étrangement, je n’en ressens que du plaisir, tu ne pourras jamais guérir Sugar, même si tu t’en défends…  

 

« J’aimerais qu’on le fasse, entames-tu sans préliminaire. »  

 

Ma trachée se resserre immédiatement et un inconfortable tremblement gagne mes mains. Tu n’as pas cillé. Tu ressembles à une statue tant tes traits son figés, ta peau est d’albâtre sous la lumière artificielle de la lampe. Je suis pétrifié. Je peine à rassembler mes esprits pour préciser plus nettement ce que tu viens de me lancer.  

 

« Quoi ? Maintenant ? m’enquis-je avec un filet d’inquiétude dans la voix.  

— Non, me rassures-tu. Demain. J’aimerais que tu ne sortes pas demain soir.  

— Tu penses être prête ?  

— Oui, acquiesces-tu sans hésitation. Je veux me débarrasser de ça, je ferai le reste du chemin après. Enfin, plus tard. Je me sentirai plus légère je crois.  

— Plus légère ? marmonné-je avec suspicion.  

— Tu es toujours d’accord ?  

— Oui. Bien sûr... Je ne pensais pas que ce serait si tôt c’est tout. Comment veux-tu que cela se passe ?  

— Je ne veux pas me préoccuper du mode opératoire. Peux-tu faire comme tu as l’habitude de faire ?  

— Comme j’ai l’habitude ? m’enquis-je, incrédule.  

— Tu as déjà fait l’amour sans être amoureux n’est-ce pas ?  

— Oui, conviens-je.  

— Alors fais pareil.  

— Kaori. »  

 

Ma voix s’est faite murmure tandis que tu passais près de moi pour fuir notre étrange tête à tête et que j’ai saisi ta main au passage pour stopper ta course. Tu tournes le visage vers moi. Tu es bouleversée. Non, tu n’es pas prête. Non, ce n’est pas une bonne idée. Non, je ne me sens pas capable. Non. Non. Non. Pourquoi je ne trouve pas les mots ? Et pire que tout, en lieu et place d’un discours raisonnable, voilà que je veux te heurter.  

 

« Veux-tu que ce soit romantique ? Rapide ? Brutal ? Et le lieu : ta chambre ? La mienne ? Ou le mur du couloir ? prends-je un coupable plaisir à te provoquer.  

— Je veux que ce soit doux, confies-tu après une légère réflexion, sourde à mon ironie piquante et tendancieuse.  

— Crois-tu vraiment qu’on pourra se relever de cela ? Tu n’es pas une bimbo rencontrée dans un bar que je peux baiser puis abandonner.  

— Ryô, tu n’es obligé à rien. Je te demande une faveur amicale. Je ne te demande pas de sentiment, je ne te propose pas du plaisir, je réclame juste ton aide. Pour faire un pas supplémentaire dans la vie adulte, souffles-tu. Et je ne vois pas à qui d’autre demander.  

— Kaori, râlé-je doucement, serrant ta main glacée entre mes doigts, je suis un peu perdu là. Comment on fait après ?  

— Après ?... Après, on n’en parle plus jamais, on oublie, on tourne définitivement la page. »  

 

Oh mon ingénue…  

 

« Je ne veux pas te perdre. »  

 

C’est une bouteille à la mer que je te lance. Est-ce que seulement tu comprends la signification de ma déclaration ? Te perdre, cette horreur que je devine, en filigrane, derrière ce que tu organises pour nous demain. Je ne vois nulle porte de sortie à cette situation merdique que nous nous imposons. La perspective qu’un autre te touche m’est encore plus odieuse que celle d’obtempérer. Pourquoi je ne tente pas une pirouette ridicule, pourquoi je ne joue pas au mec stupide, pourquoi ne parviens-je pas à résister à cette demande absurde ? L’ultime punition que tu as imaginée pour mon refus de t’aimer dans les règles établies.  

 

« Tu ne me perdras pas Ryô, je t’en fais le serment. Tu vas me faire le plus beau cadeau qui soit, tu vas me délivrer de moi-même. Me permettre de voler après de mes propres ailes. Ne veux-tu pas que je m’épanouisse ? »  

 

J’acquiesce de la tête. Tes yeux posés sur moi à cet instant sont si doux, expriment une telle confiance. Suis-je vraiment responsable de ce désastre qui s’annonce ? Je sonde ton regard. Il me semble entrapercevoir des larmes au travers du sourire de façade que tu me tends.  

 

 

Le bonheur c’est toujours pour demain
 

Hé ! fillette ne prends pas ma main
 

Mes doigts ont effeuillé tant de roses
 

Que de parler d’amour encore je n’ose.
 

 

 

Ta main échappe à la mienne et tu te précipites dans les escaliers.  

 

 

oOo
 

 

 

Je me suis levé tard, toi également. Nous avons pris nos repas en silence, chacun de nous prenant bien soin d’éviter le regard de l’autre. Je suis complètement sonné par la perspective de la soirée. Étrangement, la dimension érotique de l’acte en lui-même m’échappe complètement. En temps habituel, si une telle proposition m’échouait de la part d’une belle et désirable jeune femme, je me comporterais comme un cerf en rut, bramant dans l’appartement, urinant à chaque coin de pièce pour marquer mon territoire et j’arborerais fièrement un mokkori taille XXL. Là, ne te crois pas moins charmante qu’une autre Kaori, tu n’as rien du travelo informe que je prétends subir comme partenaire. Mais la vérité est que mes sentiments pour toi, que je ne nie plus, sont autant de verrous psychologiques qu’il me sera impossible de défaire. Ta peau sera pour moi plus brûlante qu’un brasier, m’interdisant tout intime contact sous peine d’être dévoré par les feux de l’Enfer ; tes lèvres et ta langue seront enduites du poison le plus violent, tes dents plus acérées que les lames d’un rasoir, mon âme en serait déchiquetée, ma bouche calcinée d’avoir osé te goûter ; tes doigts seront tels des couteaux aiguisés et tranchants, ils lacéreront mes chairs ; quant à ton sexe, je me le figure comme étant le gouffre de tous les dangers, y pénétrer sonnerait tout simplement ma perte…  

Je t’observe à la dérobée, l’esprit encore englué dans l’énumération de tes atours fatals. Ton front est soucieux, tes lèvres contractées.  

 

Les heures courent à une vitesse folle, il est déjà 18 heures. Je crois défaillir lorsque je réalise que tu es sous la douche, j’y lis évidemment l’imminence d’un éventuel rapprochement. La fébrilité me gagne tandis que je m’admoneste furieusement, moi qui ne suis pas en mesure de te ramener à la raison, moi faible et soumis à ta volonté, incapable d’opposer un refus à ta ridicule requête, ta mortifère requête. Une irrésistible envie de fuir enserre mes entrailles, mon cœur palpite. Je te croise alors à la sortie de la salle de bain. Tes joues sont délicatement rosies, l’eau devait être brûlante pour ainsi colorer ta peau. Nos regards se croisent, mal à l’aise. Dis-moi ! Kaori, dis-moi que tu renonces !  

 

Mais c’est un autre message que je lis dans tes prunelles désenchantées et en même temps inflexibles : une invitation à me rendre également sous la douche. J’affiche un petit rictus de dédain qui ne t’échappe pas. C’est une habitude toute féminine Sugar que de vouloir se rassurer en étant convaincue d’être briquée comme un sou neuf. J’obtempère pourtant et me glisse sous l’eau chaude avec un certain plaisir ; mes sens sont apaisés par la douce et moite torpeur qui me gagne. Je tente de réfléchir. À ma marge de manœuvre. À ta considération de ta virginité, cet encombrant dont tu veux te débarrasser avec moi ! À cette responsabilité que tu me donnes. Si tu savais comme elle m’est égale ta virginité Kaori ! Il faut désacraliser cette membrane qui entache de douleur la première fois des femmes. Certes, je l’ai longtemps érigée en gardienne de mes pulsions, mur psychologique infranchissable, voile protecteur de ma conscience. Mais, dans la réalité, il m’importe peu au final d’être ton premier pourfendeur, tant qu’aucun autre ne s’ensuive. Oui je préfère être le dernier. Et puis, je dois l’avouer, d’autres que toi sont venues perdre leur vertu dans mes bras, je ne m’en suis pas enorgueilli davantage pour autant. Non Kaori, si je réfléchis bien, ce n’est pas ta virginité offerte à un autre qui me pose problème, c’est juste toi offerte à un autre.  

 

J’ai passé tant de temps sous la douche que les extrémités de mes doigts en sont gercées. Je sors à contre-cœur de la salle de bain et accède au salon. Tu me tournes le dos, évidemment. Je détaille ta silhouette, les habits que tu as choisis pour l’occasion sont on ne peut plus simples : un jean taille basse et une chemise à rayures dont tu as retroussé les manches. J’ai du mal à croire que tu prévois de me séduire ainsi vêtue. Mais suis-je con ? Je ne détecte en toi aucune intention de séduction, la sauterie que tu prévois ne sera pas placée sous le signe de l’érotisme mais bien de la libération. Te libérer de moi, de ce fardeau que tu crois être tien, ton innocence. Mais je m’égare, tu viens de détecter ma présence, la tension qui vient de s’emparer de ton corps en atteste. Tu te retournes et ébauches un léger sourire, tu t’approches, féline, suffisamment près pour pouvoir sonder mes yeux, y vérifier certainement que je suis résolu à aller jusqu’au bout. Quelle est mon expression ? Y lis-tu les tourments qui me taraudent.  

 

J’hésite. Dois-je caresser ta joue ? Là, maintenant ? Te rassurer ? Oui Kaori, est-ce le moment pour moi d’entamer le ballet sensuel qui nous mènera à notre perte ?  

 

« Cesse de me dévisager comme ça Ryô, s’il te plaît.  

— Ça te met mal à l’aise ? ironisé-je malgré moi, il y aura bientôt d’autres parties de ton anatomie que je pourrai contempler facilement. Cela risque d’être encore plus dérangeant pour toi. »  

 

À cette perspective, tes pommettes blêmissent, tes yeux s’obscurcissent. Voyons Kaori, n’as-tu pas anticipé les détails de nos futurs échanges ?  

 

« Non, tu ne verras rien. Je te rassure.  

— Comment ça ? m’offusqué-je en suspectant une basse manœuvre. Je ne fais pas l’amour dans le noir, moi ! »  

 

Tu souris à ma tentative de légèreté. Mais mes yeux parlent pour moi, je le sais, je le sens. Mon angoisse est à son comble et je devine à ton air sombre et triste que je ne parviens pas à te tromper.  

 

« Il ne se passera rien entre nous Ryô. Je vais arrêter la mascarade ! assènes-tu d’une voix sûre.  

— Vraiment ? »  

 

Ma voix a pris une intonation joyeuse malgré moi et je n’ai pu endiguer ce « vraiment » malvenu ; la tension s’évanouit en moi en un instant mais le calme relatif est de courte durée. Tu sembles si triste. Une bouffée de désespoir éclate en moi, une crainte, une angoisse. Suis-je déçu ? Avais-je espéré ?  

 

« Pourquoi ?  

— Est-ce que tu t’es vu ? Tu marches vers moi comme un condamné vers l’échafaud.  

— N’exagère pas…  

— Ryô, tu as tant changé en six semaines. Je ne te reconnais plus. Où est passé l’homme complètement irresponsable, dragueur invétéré, égoïste patenté, drôle et tête à claques que tu étais… et qui faisait de chacune de mes journées un enchantement ?  

— C’est toi qui m’as demandé de t’aider à te libérer de moi !  

— Tu prends visiblement ta mission très à cœur, ris-tu avec mépris. Est-ce que je suis si effrayante que ça ? Que tu ne puisses pas par une répartie mal placée, une pirouette ridicule me renvoyer à mes contradictions ! Te désengager de l’affaire ?  

— Je ne veux pas que tu te blesses ailleurs qu’avec moi, te confié-je avec appréhension.  

— Ça veut rien dire, murmures-tu. Tu ne veux pas que je me blesse ailleurs donc tu es prêt à être blessé par moi ? Tu es prêt à te sacrifier et faire avec moi ce qui te répugne.  

— Ce n’est pas ce que tu crois, riposté-je maladroitement.  

— Il n’y a rien à croire Ryô. Je ne voulais pas t’imposer quoi que ce soit et, quelque part, j’ai toujours su que je n’étais pas ton genre de femme.  

— Pppffff, soufflé-je d’exaspération. Et si on arrêtait de jouer Kaori ? »  

 

 

Notre conversation te blesse, tu me renvoies au visage mes anciens travers, ces railleries ineptes te concernant et que je te lançais à tout bout de champ. Je n’en suis pas fier aujourd’hui. Je te vois te liquéfier, tes yeux refusent de me considérer. Bien sûr, tu donnes à ton corps l’élan nécessaire pour fuir notre salon, pour te soustraire à notre confrontation. Ne crois pas que j’en souffre moins que toi et ma contrariété est grande tandis que tu passes à ma portée, je sens des bouffées de chaleur exploser dans mon ventre mais je tends tout de même un bras dans le but de contrecarrer ta retraite. Tu esquives, ou plutôt tentes d’esquiver mais je suis plus prompt, j’encercle ta taille, te kidnappe et t’attire contre moi. Te voilà le dos collé à mon torse. Tu gigotes dans l’espoir que je te relâche, essaies de forcer le passage de mes bras. Tes manœuvres seront vaines pourtant. Toi et moi en sommes parfaitement conscients. Je remonte une main sur ta poitrine, empaume délicatement ton sein gauche et murmure à ton oreille.  

 

« Comment va ton cœur Kaori ? »  

 

Tu te pétrifies dans l’immédiat. J’affermis mon étreinte mais ne parviens pas à capter l’écho apaisant, j’en suis contrarié.  

 

« Il va mal. »  

 

Je devine cette confession, abrupte, douloureuse pour toi.  

 

« Il est en plein combat. Une lutte au quotidien, tu n’imagines pas. C’est si douloureux !  

— Je ne veux pas, parviens-je à avouer. Je ne veux pas qu’il guérisse.  

— Qu’est-ce que tu dis ? »  

 

Je t’ai relâchée. Tu viens de te retourner, tu me fais face, as reculé d’un pas afin de mieux pouvoir me jauger. Tes yeux ont pénétré mes iris avec circonspection, ta bouche vient de se teinter d’une moue interrogative. Tentes-tu d’analyser mes paroles ? Kaori, cesse d’intellectualiser l’affaire. Le silence s’installe entre nous, de longues secondes s’égrènent et j’y puise le courage nécessaire pour enfin t’avouer… que tu saches…  

 

Je fais un geste, tends mon bras, tu sursautes bien évidemment, mais tu ne peux échapper à la décision qui vient de s’imposer à moi. J’ai saisi ta main étonnée, et la place sur ma poitrine, là, du côté gauche. J’entame alors courageusement :  

 

« Sens-tu mon cœur battre Kaori ? »  

 

Je contemple tes traits où ahurissement et ravissement se combattent. Tu hoches timidement la tête et moi je t’offre un sourire rassurant.  

 

« Entends-tu ce qu’il ne cesse de répéter ? »  

 

Cette fois, tu fais signe que non, toujours mutique, les yeux perdus sur ta main maintenue sous la mienne.  

 

« Kaori… Kaori… Kaori… il ne cesse de scander ton nom. »  

 

Ma gorge est si serrée que je peine à reconnaître le timbre de ma voix. Mes tempes battent à l’unisson de mon cœur, je suis mort de trouille. Pourquoi ne réagis-tu pas ? pourquoi ne me regardes-tu pas ? Tu restes immobile à scruter ta main sur mon torse. J’ose alors. Oui j’ose… De ma main libre, je relève délicatement ton menton, t’obliges à me considérer, moi le con qui te fais visiblement la déclaration la moins claire du monde. Mais tes yeux que je croise maintenant ne parviennent pas à dissimuler le trouble que je leur inspire, je les découvre embués, impressionnés. Effrayés ? Je ne relâche pas ton menton que j’ai emprisonné mais délaisse la main abandonnée sur ma poitrine pour accrocher ta nuque et t’attirer contre moi, me précipiter sur tes lèvres. Tes mains se sont jointes dans mon dos, tes doigts s’enfoncent dans ma chair alors que nos bouches se trouvent enfin. Et doucement entreprennent de faire connaissance. Quel baiser merveilleux ! Moi qui me targue de maîtriser parfaitement l’art d’embrasser, je me montre malhabile, ma langue se révèle timide, mes lèvres tout aussi timorées. Quant à toi, tu es si bouleversée que ton inexpérience transparaît dans ce premier contact presque tremblant. Je souris aux anges. Quel baiser merveilleux ! Nos yeux se croisent et je lis dans tes prunelles amoureuses tous les mots que tu voudrais crier. Mais tu préfères taire tes sentiments ou plutôt emprunter une autre voie pour me les démontrer, tu viens chercher toi-même le deuxième baiser que j’espérais tant. Mes yeux se sont fermés et je t’enlace complètement ; toi tu passes tes mains sous mon Tee-shirt et ce contact m’électrise, j’en lâche un gémissement dans ta bouche. Enfin la passion a enchevêtré nos souffles, enfin je te goûte parfaitement, approfondissant ma venue en toi, tout en caressant les courbes de ton dos. Je me régale de ce moment de pur plaisir, la texture de tes lèvres, la saveur de ta langue, l’inconstance de ton souffle. Déjà. Mais te voilà audacieuse et d’un bond, tu me sautes dans les bras, enroulant tes jambes autour de ma taille. Je grogne et dois mâter les désirs incommodants dont je subis les assauts. Déjà. Je resserre mon étreinte sur toi sans délaisser tes baisers qui m’entraînent sur la voie de la déraison, puis je prends le chemin des escaliers.  

 

« Ce sera dans ma chambre, confié-je avec une pointe d’humour. Et ce ne sera pas doux, désolé. »  

 

Tu échoues sur mon lit, j’échoue sur toi la seconde suivante, et mes mains œuvrent immédiatement et harmonieusement sur ton corps. Te toucher, te caresser, apprécier ta chaleur, ces imperceptibles mouvements qui te collent davantage à moi quand ton désir devient irrépressible ou alors qui t’éloignent lorsque ta pudeur se réveille. Mais je la fais taire. Habilement. Le feu est en moi, je me colle à toi, me frotte à toi. L’excitation grandit si vite. Des mots crus m’assaillent et se pressent dans ma bouche pourtant occupée à réveiller chez toi l’instinct de la luxure. Je maîtrise l’envie de te les souffler, celle de te choquer. Non, je n’ai pas envie d’être sage, d’être doux, j’ai envie d’être sauvage et de laisser libre cours à toutes les idées folles qui me traversent l’esprit, odieuses pratiques pour l’innocente que tu es. Tu te cambres lorsque j’attaque ta gorge, lorsque je déniche un endroit plus sensible que les autres, que je le lèche, le mordille, t’interdis de fuir cette douce torture par ma force contre laquelle tu ne peux pas lutter. Je ne t’en désire que plus.  

 

« Kaori, gémis-je doucement. »  

 

 

Brûlants sont les mots sortis de tes lèvres
 

L’eau de tes baisers m’a donné la fièvre
 

Si un autre que moi dort dans ta chevelure
 

Mes doigts seront serpents, couteaux seront mes dents
 

 

 

Tes mains sont à nouveau sous mon Tee-shirt, elles découvrent mon dos, soulignent chaque muscle, visitent chaque recoin. Tu es si douce Kaori. Je me relève et fais passer l’inconvenant par-dessus ma tête. Me voilà torse nu devant toi. Je prends de la hauteur et contemple ton visage transfiguré par le désir. Je ne reconnais plus tes yeux tandis que brille en eux l’étincelle de la folie amoureuse, la lubricité inconnue pour toi. Quant à tes lèvres, tu les mordilles d’un air suave, dans la plus grande inconscience de l’effet que cela peut avoir sur moi. Si tu savais comme mon ventre palpite en ce moment, comment je te désire, comme je rêve déjà à cette pénétration qui devient pour moi obsession mais dont la quête est aussi jouissive que la réalisation ; je te rassure, je ne me précipiterai pas. J’ai d’ores et déjà replongé sur toi, abandonnant mon corps à moitié nu à tes nouvelles lubies, le ballet aérien de tes doigts sur mon épiderme, le voyage qu’ils s’octroient dans ma nuque, sur mon cou et ces élancements qu’ils provoquent dans mon ventre. Et ta bouche, elle répond désormais merveilleusement à mes exigences, plus encore, elle devient surprenante, sachant faire naître en moi la frustration de la perte, un bref instant, se refusant à l’un de mes baisers, puis très vite s’offrant à nouveau et proposant des intrigues inédites. Nos souffles deviennent erratiques et peinent à suivre le rythme de nos fantaisies buccales. Je deviens fou…  

 

Je bande comme un taureau ; il serait inconvenant de t’en faire l’aveu mais tu dois bien ressentir, contre toi, à chacun de mes mouvements, la force de mon désir. Je te vois rosir par moment lorsque je me montre plus brutal dans mes frottements, lorsque je force tes cuisses à s’ouvrir davantage, lorsque mes mains se perdent dans tes cheveux, violente ton cuir chevelu pour que tu abandonnes ta bouche à mes dents carnassières. Mon souffle se perd contre tes lèvres, je pourrais passer ma vie à t’embrasser. Du moins, c’est l’idée saugrenue qui m’assaille. Je ne m’en étonne pas, la concupiscence a souvent des conséquences inattendues sur le comportement masculin. Avec toi ma chérie, il semblerait que je sois pris de bouffées romantiques. Je me garde bien de te faire partager ces idées folles. D’ailleurs, d’autres envies titillent mes doigts, voyager sur ton corps par-dessus tes vêtements ne m’a amusé qu’un temps, je veux désormais toucher ta peau, découvrir ton intimité, embrasser tes seins, te voir jouir. Oui, te voir jouir !  

 

Je joue délicatement avec les boutons de ton chemisier, les fais céder un à un, tout en poursuivant le ballet de nos lèvres. Le moment est arrivé de découvrir tes trésors mon amour, un soutien-gorge en dentelle bleue nuit se dévoile alors à moi. Tu me lances un regard inquiet, je te rassure d’un sourire, tu es magnifique !  

Pourquoi mes doigts tremblent-ils lorsque j’effleure la dentelle recouvrant ta poitrine ? Nous sommes assis sur mon lit, nous nous faisons face, la fièvre a quelque peu déserté mon corps, laissant la place à un moment d’émotion, celui symbolique de ta mise à nu. J’abaisse une de tes bretelles et tu invites ma bouche à suivre son trajet sur ton bras, je reprends du service sur ta gorge et dégrafe lentement l’attache dans ton dos. Enfin je peux contempler tes monts voluptueux ! Voluptueux ? Un tendre sourire traverse ma face d’obsédé tandis que j’empaume délicatement chacun de tes seins. J’aime parfaitement leur petitesse, leur fermeté sans égale, ils sont d’une fierté impressionnante et maintiennent leur superbe sans le soutien du tissu. Ignores-tu avoir les plus beaux seins de l’univers mon amour ? Tu te cambres tandis que je les parcours amoureusement du bout des doigts, soulignant leur courbe délicate, le mamelon rosé. Je te lance un regard de braise et, n’y tenant plus, te renverse et attaque mes nouveaux jouets. Mes caresses semblent exquises car tu réponds avec enthousiasme, je contemple de temps à autre ton visage, le désir s’y déchaîne, tout comme il balance tes hanches, tout comme il crispe tes doigts dans mes cheveux. Je deviens fou, et je crève de te toucher plus, que tu me touches plus. Fais preuve de folie mon ange, s’il te plaît !  

 

Mes baisers délaissent tes seins et parcourent ton ventre. Mes mains s’attaquent maintenant à la ceinture de ton jean. Je me redresse et, après avoir vaincu par KO le pantalon, je tire sans délicatesse afin de t’en défaire. Tu ne résistes pas, tu m’aides au contraire à te débarrasser de l’importun. Tu ries alors que seule la petite culotte en dentelle assortie à ton soutien-gorge couvre encore ton anatomie. Je jubile. Toi, tu mords ta main d’appréhension. Je me rue sur toi, dévale ton corps et embrasse fiévreusement cette culotte délicieuse. Tu trembles quand j’écarte tes cuisses pour me nicher au plus près de ta fleur que je couvre de baisers au travers de la dentelle. Devines-tu le sort que je te réserve par la suite ? Mes papilles s’en régalent par avance ! Tu t’abandonnes au plaisir qui t’assaille, tu cries presque lorsque mes doigts caressent voluptueusement tes chairs tendres dont je devine l’humidité. Oui chérie, je ressens ta chaude humidité rien qu’en passant mes doigts sur ton intimité encore recouverte. Mes caresses se font précises, suivent le dessin de tes lèvres, devinent le point sensible qu’elles protègent et que je flatte avec douceur. Mon crâne va éclater tant je dois museler mes envies de t’arracher cette maudite culotte et t’investir brutalement. Mais tu te relèves, tentes de me repousser :  

 

« Déshabille-toi Ryô, supplies-tu. »  

 

Évidemment que j’obtempère à cet ordre. Je me lève précipitamment, avec tant de fébrilité que je manque de m’affaler par terre. Je retire mon jean à la vitesse de la lumière, marque un temps d’arrêt avant de me débarrasser de mon boxer pour t’observer un instant. Tes yeux sont fixés sur mon sexe que tu devines au travers du tissu. Tu reposes sur un bras, dans une position nonchalante et terriblement sexy, les seins à l’air, dressés par le désir que j’y ai fait naître, les pointes tendues par le feu que ma langue et mes dents leur ont communiqués. Diable que j’ai aimé tes roucoulements tandis que je les aspirais furieusement. Je remonte sur le lit, auprès de toi, et me présente à genoux près de ton visage. Comprends-tu ce que j’attends de toi ? Je caresse doucement ta chevelure, tu m’offres un regard bouleversé, impressionné, mes doigts descendent le long de ta mâchoire pour venir maltraiter tes lèvres, ourler l’inférieure, la faire rouler. Tu suces mon doigt avec un air licencieux qui me fait chavirer. Ta dextre quitte enfin mes draps et vient se poser sur ma verge palpitante. Au travers du tissu, le contact est insuffisant mais il fait tout de même grimper ma température intérieure, surtout que tu as entamé un exquis mouvement, flattant du plat de la main mon membre sur toute sa longueur. Ta caresse se fait plus précise lorsque tu me prends en main complètement, découvrant avec frénésie les contours précis de mon anatomie, le renflement de son extrémité si sensible. Je gémis sans retenue, ploie ma tête vers l’arrière, assiégé par le plaisir que me procure ton orgastique manège. Mes hanches accompagnent ton mouvement, ma main s’est posée sur la tienne, impose un rythme plus rapide, un contact plus rude. Je te force à considérer mes bourses, elles aussi méritent ton attention. Je grogne et murmure ton prénom entre mes dents tandis que mon boxer commence à être mouillé de ma concupiscence. Chaque battement de mon cœur se répercute dans tout mon corps. Je crève de te bouffer !  

 

« J’ai envie de te bouffer. »  

 

Je me suis arraché de ton étreinte, en retire une certaine frustration dont je m’arrange. Indélicatement, je te fais rouler sur le lit. Tu glousses de bonheur et je devine que les récentes caresses accordées à mon sexe t’ont donné confiance. Te voilà sur le ventre, rampant pour m’échapper en riant alors que nous savons tous les deux que c’est impossible. J’attrape tes jambes, les emprisonne sous moi, m’assois à califourchon sur elles pour t’immobiliser. Tu te trémousses et cela m’excite prodigieusement. J’accroche ta culotte, la fais glisser rapidement le long de tes jambes et c’est ton adorable petit cul qui apparaît à ma vue. Heureusement chérie que tu ne lis pas les pensées lubriques qui me traversent, elles t’effraieraient. Je retire mon boxer et m’allonge sur toi, de tout mon long sur ton dos. Tu ne tentes plus de te débattre mais te tortilles délicieusement, te régalant visiblement du contact chaud de nos intimités. Les frottements m’émoustillent et je me branle lentement entre tes fesses, en as-tu conscience ? Je mordille ton cou, tes épaules, et cela t’affole. Tu sembles vraisemblablement très sensible à mes attentions.  

 

« Je ne te veux pas farouche Kaori, abandonné-je à ton oreille attentive, mais si je vais trop loin pour toi, arrête-moi s’il te plaît. N’accepte rien que tu ne veuilles pas… Promets-le.  

— Promis, balbuties-tu quelque peu perplexe.  

— Je ne veux pas te faire peur chérie mais j’ai tellement envie de toi !  

— Moi aussi j’ai envie de toi… comme tu n’imagines pas.  

— Rha, grondé-je en embrassant tes lèvres brutalement. J’ai envie de te bouffer.  

— Sois prudent, m’avertis-tu avec le soleil dans la voix. Une de mes connaissances m’a toujours assurée que je n’étais pas comestible.  

— Eh bien, je crois que c’est un idiot ! Je vais aller te goûter et je te dirai après… »  

 

Je descends le long de ton échine, parsème ton dos de baisers enfiévrés. Ta peau est si douce mon ange, si agréable à toucher. Il est si aisé de t’aimer. Mais j’atteins déjà le graal, le rebondi de tes fesses. Mes lèvres se font voraces pour mordre tes rondeurs voluptueuses. Je les empaume, les masse doucement, les écarte précautionneusement. Tu te raidis mais je te calme par de chastes baisers dans le creux de tes cuisses. Oui car je viens de me positionner entre tes cuisses, un bras sur chacune d’entre elle, mon visage au niveau de ton séant. Je baise affamé tous les recoins rencontrés, ma langue creuse des sentiers brûlants là où la morale le réprouve ; tu vocalises délicieusement, creuses tes reins pour offrir ta fleur à mes lèvres, à mes yeux. Je te contemple comme je n’aurais jamais cru te contempler un jour. Ma tête en a le tournis. Je te retourne brutalement car je veux que tu me voies tandis que je te ferai jouir et je veux te voir vivre ton orgasme, le premier que je te donnerai, j’en suis si curieux. Si tu savais comme j’ai hâte de te voir jouir. Tes cuisses s’écartent instinctivement, la pudeur semble t’avoir désertée. Je souris et prends place contre toi mais je remonte cueillir tes baisers. Encore et encore. Effleurer tes seins au passage. Te voler des soupirs. Admirer le trouble de tes yeux. Le désir qui règne dans ton corps.  

 

« Supplie-moi de te lécher encore, m’entends-je dire halluciné, pénétrant ta bouche de ma langue autoritaire.  

— Comme si j’allais te supplier de ça ! ris-tu avec espièglerie après m’avoir expulsé. »  

 

Je me frotte toujours contre toi. Tu sembles enfin prendre conscience de la turgescence magnifique, je me dois d’être honnête, qui palpite dans ton entrejambe. Tu lances tes mains entre nos deux corps et te saisis de moi. J’en lâche un cri de surprise et d’émerveillement mêlés. Tu t’appliques à me rendre fou. Je ferme les yeux pour apprécier pleinement l’ampleur et la douceur de tes caresses. L’excitation est grande pour moi et je devine l’impatience de mon sexe à venir en toi. Je ne réprime pas mes gémissements, te les livre crûment, sans habillage.  

 

« Supplie-moi, toi, de te prendre dans ma bouche, oses-tu avec effronterie. »  

 

Je reste interloqué, j’ai rouvert les yeux pour sonder ton regard, mesurer la sincérité de ta proposition. Proposition qui, entre nous, a mis le feu à mon ventre et précipité mon excitation. Un petit rire s’invite dans ma gorge tant tu viens de me couper le sifflet.  

 

« Je te croyais innocente Kaori, dis-je mi-perplexe, mi-goguenard.  

— Je le suis… mais je ne suis pas complètement ignorante des choses du sexe. Et puis, je devine que tu aimes ça. Je me trompe ?  

— Ben…, balbutié-je en arquant un sourcil.  

— Alors supplie-moi. »  

 

Mais je te musèle avec la main que je viens de poser sur ta joue, le regard sombre et profond que j’ancre dans le tien et qui te paralyse. Comme à chaque fois. Si facile. Te voilà suspendue à mes lèvres. À cette prière, cette supplique, que tu attends et qui ne viendra pas.  

 

« Je t’aime petite sotte, ne puis-je qu’argumenter. »  

 

Tu t’es pétrifiée sous mes doigts. J’ai senti le marbre envahir ta peau, j’ai vu le chaos investir tes yeux. Tu m’observes avec tant d’incrédulité. Puis tu souris. Et ris. Et exploses de rire. Enfin.  

 

« Bon sang, que tu es manipulateur ! assènes-tu merveilleusement. »  

 

Tu me repousses et je roule à tes côtés. Tu te places au-dessus de moi, à califourchon, me regardes emplie de désir. Tu te penches et me combles de baisers. Des doux, des chastes, des passionnés, des profonds, tu profanes ma bouche, accules ma langue à la folie. Je réponds à tes démentes inspirations, caresses ta peau si sensible, apprécie y sentir naître ces frissons dont il me semble que je ne pourrais plus jamais me passer. Ta bouche quitte lentement mon visage et glisse dans mon cou, tes doigts l’accompagnent, osent tant sur leur passage, m’investissent avec impudeur, me griffent, me pincent. Tu glisses plus bas encore, deviens lionne, explores mon ventre, me taquines. Du bout des lèvres, du bout de ta langue. Je croise les bras sur mes yeux, inspire profondément, tandis que tu fais de moi ce qu’il te plaît.  

 

 

 

oOo
 

 

 

Et quand tu t’endors ingénue divine
 

La bouche meurtrie contre ma poitrine
 

Ne faut-il pas partir avant d’encore une fois mourir
 

Celui qui sait tout ça, est homme plus heureux que moi.
 

 

 

Ton souffle sur moi est d’une constance rassurante. Tu t’es endormie. Je fixe un point inexistant au plafond. Un désarroi terrible s’empare de moi. Je sais les premiers temps amoureux fougueux et passionnels. Oui, je sais que je vais t’aimer à la folie, que cela va compliquer notre vie professionnelle, nos rapports aux autres, à nos amis, à nos clients, mais nous nous en accommoderons sans difficulté. Je sais que tu seras une amante merveilleuse, tu me l’as déjà montré, une amoureuse compréhensive, une amie en toutes circonstances. Tout cela je le sais et ça m’emplit de bonheur. Ma main caresse ton épaule et tu ronronnes de plaisir. Je souris malgré moi, tu es si sensible à chacun de mes contacts... Mais je sais aussi, hélas, que ce temps est compté, qu’il nous faudra batailler dur pour maintenir le cap, que des tentations, nécessairement, encombreront notre chemin. Il y aura l’usure du temps en plus des dangers affrontés. Mon ventre se contracte d’appréhension, il m’est nécessaire, stupidement, alors que tu es prisonnière du sommeil et que tu ne peux ni m’entendre, ni me répondre, de verbaliser. Je baisse doucement la tête vers toi, noie ma main dans ta chevelure et prononce plus solennellement que je ne le voudrais :  

 

« Je vais t’aimer Kaori, du mieux que je peux. Mais je ne te promets rien d’autre. »  

 

 

 

Le bonheur c’est toujours pour demain
 

Hé ! fillette ne prends pas ma main
 

Mes doigts ont effeuillé tant de roses
 

Que de parler d’amour encore je n’ose.
 

 

 

 

 

 

 


Capitolo: 1


 

 

 

 

 

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