Je te serai infidèle, car je t’aime
Étrange décision.
Je ne demande à personne de me comprendre.
Ni de me consoler.
Et encore moins de me juger ! Si vous saviez !
Je n'expliquerai en aucun cas mes paroles qui paraissent incohérentes et bien sombres.
Pas de compassion, ni de pitié! Je les hais!
Déviant mon regard du votre en ce jour si long.
Cette journée où je t'ai enterré à coté de ton frère bien aimé.
Certes, aucune larme n'a été versée.
Est-ce pour autant que cela fait de moi un monstre dénué de sentiment ?
J’étais tout simplement absent
durant cette méprisable cérémonie.
Mon cœur saignait, hurlait…Il était à l’agonie.
J’étais en train de mourir….
Alors pour palier à mon désespoir, j’ai juste repris mon ancienne vie.
Je suis redevenu un être infidèle et sans attache, me lançant bercer par mes luxurieuses envies.
Jour après jour, je tente d’éteindre par tous les moyens, ces questions tout aussi morbides que douloureuses.
« As-tu souffert?»
« As-tu pensé à moi avant de rendre ton tout dernier souffle? »
« As tu…As tu.. . »
Autant de interrogation qui resteront à jamais sans réponse et qui me font devenir fou tellement j’en souffre.
Moi qui pensait avoir tout anticipé comme scénario digne d’un grand roman policier…Un kidnapping, une mission échouée…Je m’étais imaginé le pire pour ne pas me décider.
La vie est étrange.
Ce ne fut pas une arme qui t’ôta la vie.
Un camion… Pas une arme... Un simple camion qui est venu t’enlever.
çà….Non…. je n’y avais pas songé ! Comment as-tu pu partir ainsi ? Avant même de m’avoir dit « oui ».
Pourquoi avoir toujours eu cette manie de toujours penser aux autres.
De ton vivant, j’étais admiratif de ta débordante générosité, aujourd’hui je la hais.
Certes, tu as sauvé une vie !
Mais je garde un goût amer de ton acte de bravoure. Je crois même que je t’en veux ! D’ailleurs il me semble que c’est la première fois que je déteste également un enfant. Pourquoi était-il là ? Ses parents ? Pourquoi toi ?
Et nous ? Personne n’est venu nous sauver. Regarde où cela nous a menés ! City Hunter a disparu avec ton cœur.
Pourquoi m’as-tu abandonné ?
La vie est sournoise, la mort est vicieuse.
Pour ne plus y penser je retourne là où ces êtres sans visage me donnent de l’importance du moins l’espace de quelques heures.
Peut être trouvez-vous cela choquant?
Je n’ai de compte à rendre à personne...
Ni à vous, ni aux forces invisibles si du moins, elles existent.
Pourtant, j’ai envie d’y croire juste pour avoir l’espoir de te revoir.
Cela pourrait être si simple d’en finir avec la douleur et te rejoindre.
Combien de fois ai-je regardé ma coéquipière que me protège depuis tant d’années : Le prolongement de mon bras droit.
Je n’ai qu’à la retourner, mon cas serait réglé.
Je ne me manquerai pas. Soyez en assuré !
Mais je n’ai jamais étoffé l’idée car cela ne me ressemble pas. J’ai beaucoup trop de respect envers mon arme. Je la trahirai !
Ma vie a toujours été un long combat.
C’est ainsi ! Je l’ai accepté sans broncher.
Résistant malgré tout contre vents et marées afin de ne pas sombrer.
Instinct de survie sans aucun doute !
Et puis…un fait et pas des moindre me fait ne même pas y songer : tu es là à me souffler d’y renoncer. Je suis persuadé que tu m’attendrais …Toi ! Espèce de furie ! De ton air contrarié, tu serais là à me guetter avec la plus grosse de tes massues ravie de me transformer en okonomiyaki.
Pourtant, je donnerai cher pour y goûter une dernière fois à tes violentes punitions.
Ton absence me fait perdre la raison !
Mais, je résiste à ce sinistre appel bien trop facile, en t’étant infidèle.
Mes amis les plus proches qui me regardez et qui vous vous interrogez, je ne vous demande pas de me comprendre mais juste de me laisser seul dans mes divagations.
Seul Falcon est le seul à saisir. Au delà de la vue qui lui a été enlevé, il peut ressentir ma douleur. Je le sais, nul besoin de parler.
Peut être le sait-il lui, que Je me noie dans ces corps sans nom pour faire perdurer cette ardeur pour oublier le vide qui me fait peur.
Vivre par intermittence en t'imaginant prés de moi...
Sentir ton souffle et la chaleur de tes bras tout en sachant que plus jamais je ne les ressentirai. ..Mais je fais semblant d’être un homme conquérant.
Toi...Le seul être que j'ai aimé et que j’ai fait de trop nombreuses fois pleurer.
Combien de nuits es-tu restée à m'attendre? Alors que j'étais chaleureusement lové dans les bras d'une autre dont j'ai déjà oublié le nom.
Je me hais un peu plus chaque jour mon Ange...
Pour avoir perdu des années, des jours, des heures des minutes, des secondes
Alors qu'aujourd'hui je ne demanderai qu'une seconde pour te demander... « Pardon »
Pardon de ma stupidité!
Je suis en colère… Mais elle m’est nécessaire, elle me réchauffe mon vide intérieur.
Incandescente flamme qui danse dans mon âme remplace donc ce cœur inanimé !
Alors pour toutes ces raisons, je clamerai en silence ton prénom en prenant possession de ces êtres que j’entraînerai dans mon sciage
Faibles créatures ...Pur égoïsme de ma part…Peut-être…et après ?
Peut être suis-je aveuglé, par la rage qui m’habite contre cette maudite vie qui m’a accordé l’illusion d’être heureux pour ensuite m’arracher violemment le peu de couleur accordée dans ma noirceur.
Que c’est cruel !
Pour toutes ces raisons, je te serai infidèle.
Peut être n'avons nous pas été résistants?
Peut être n'avons nous pas assez brûlé d'encens?
Peut être aurais-tu du aimer un autre que moi ? Tu serais peut-être vivante et heureuse loin de moi. Je ne suis qu’un homme qui n’apporte que la mort et la désolation.
Mais toi, femme aussi têtue qu’un mulet japonais, tu as persisté à m’aimer. J’aurai du t’en empêcher et te repousser !
Aujourd'hui je fais perdurer cette étrange relation.
Aujourd'hui je vis pour te faire vivre.
Ni plus Ni moins.
Encore un Noël sans toi mon Ange.
Seul un soupir me permet à cet instant d’évacuer l’amas de douleur qui plombe ma poitrine.
« Au fait...Je ne t'ai pas dit ! »
Je parle à une table maintenant…Peu importe nous sommes seuls.
J'ai aperçu l'homme qui t'avait consolé un soir de décembre. Il t’a offert des fleurs dont j’ignore le nom. La couleur ne me plaît pas. Je rehausserai par des couleurs plus vives.
Discrètement j’irai te déposer des immortelles. Elles sont bien plus belles.
Des « immortelles »…Dois je en rire ou en pleurer tant cela me semble niais !
Cet homme a toujours fait preuve de tact en me laissant le droit de t’offrir ces fleurs.
Quel sentimental cet Angel ! Cet américain a du trop se saouler avec ces séries B.
Et pourtant je lui en ai remercié par un hochement de tête, les paroles ne me plaisent guère.
Lorsque je le regarde avec insistance, je n’arrive pas à lui en vouloir bien longtemps.
Mais toi…
Je t'ai détesté le jour où tu as cédé...
Loin de ne pas savoir vers qui tu t'étais tournée lorsque je t’avais une nouvelle fois blessé.
Je l'avais pourtant bien cherché
Je n'ai rien dit...Ton regard troublé, en rentrant avait parlé.
Je t'ai pardonné...Mais de quoi d’ailleurs? Quel orgueil vu mes antécédents !
J’ai fait comme à mon habitude. J’ai ignoré. La page était tournée.
Aujourd’hui, je suis seul avec ces étranges souvenirs qui défilent au rythme des flocons s’abattant rapidement et silencieusement sur la chaussée, le bonheur d’aimer, les moments de complicité et de joie …Tout ce que je n’ai jamais eu, tu me l’avais accordé. Qu’en ai je fait ?
Je donnerai n'importe quoi pour effacer chaque larme, chaque cri que j'ai provoqué pour les remplacer par des rires.
Mais tout est fini...plus de rire que du silence et des soupirs pour ponctuer le temps sans toi.
Ce soir, je resterai ici…Chez nous comme chaque 24 Décembre.
Pour accueillir ces festivités sans décorer, j’ai rangé l’appartement mon Ange…Moi…Ranger, tu me rirais au nez ! Ta chambre est restée telle qu’elle était, car elle sera toujours la tienne. Chaque objet est à sa place attendant douloureusement ton retour.
Quel retour ? Je deviens fou !
Sentir ton odeur en humant un de tes vêtements difformes pour avoir l’illusion de ta présence. . Je n’oserai jamais le dire tant j’en ai honte mais j’espère toujours voir la porte s’ouvrir violemment et entendre ta voix
« Ryo ?? ».
En me concentrant avec insistance, il me semble même que je l’entends encore raisonner dans le salon devenu bien trop grand.
Ta voix me manque my Angel…Repassant en boucle le message du répondeur pour t’entendre, je le connais par cœur !
Tantôt rassurant, tantôt déchirant comme rituel, mais pour le moment je le conserve précieusement. Je ne veux pas l’oublier.
Certain sont fait pour être heureux. Tandis que la seule fonction sur cette terre de certain être humain malchanceux est de permettre à d’autres d’avoir la chance unique d’apprécier la vie.
Mon destin est de rester dans l'ombre, à sauver la vie d’inconnus sans me préoccuper de la mienne. Il s’agit de ma seule et unique attache sur cette planète avant de te rejoindre...Un jour...Pour toujours. Peut être ? Qui sait !
Le temps me parait si long mon Ange.
Pourquoi avoir autant mal alors que mon cœur s’est envolé ?
Je n'ai plus de Cœur car tu étais mon souffle de vie Kaori. Tu l'as pris dans une autre vie, alors que le tien est quelque part …Battant à tout rompre pour je ne sais quelle obscure raison.
Je ne suis plus qu'un corps.
Certes, je marche, je parle, je ris, mais je suis mort de l’intérieur. Mais tu es là...Je le sens, je le sais.
Malgré tout l'horreur de mon passé bien endeuillé, tu me donnes malgré tout la force de sourire ou du moins de faire rire…Numéro un du japon de la dissimulation et de l’illusion.
Que tu es forte, que je suis lâche!
J’entends encore tes murmures m’ordonner d'aimer cette existence bien fade.
Alors je l'aimerai...à ma manière en t'étant infidèle juste par le corps mais non par l’esprit.
Qu'il en soit Ainsi.....Tout est dit... Tout est écrit.
Soulagé ?
Je ne serai le dire en terminant d’écrire cette lettre sans réelle destination ni de destinataire... Au lieu de hurler, de me saouler, j'ai mis sur papier ce que je ressentais.
Vais-je la garder ou la brûler ? Je n’aime pas me livrer. Tu le sais.
Peut être es-tu là, penchée au dessus de mon épaule en train de me lire ?
Tout parait plus simple en écrivant ….On peut gommer, faire disparaître une phrase, un paragraphe, des séquences de vie qui nous déplaisent et les remplacer par des éléments beaucoup plus gais et plus jolis…
Et si je le tentais ? Qu’en penses-tu My Angel Heart ?
Juste pour m’évader et me sentir un peu plus léger ? Alors je terminerai ainsi avant d’aller me coucher.
« En espérant que demain, tu seras là, à coté de moi Kaori Makimura.»
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Capitolo: 1