Chapitre 2 :: Une nouvelle locataire

Publiée: 23-09-06 - Mise à jour: 23-09-06

Commentaires: Petit chapitre pour ne pas oublier cette histoire.^^

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Ryô fusillait Sucrette du regard tandis que Kaori poussait une de ses colères habituelles contre lui.  

Secouée par les mouvements de la voiture, la pauvre petite chienne avait vomi tripes et boyaux aux pieds de sa maîtresse. Si celle-ci avait aussitôt trouvé une excuse à la malheureuse, l’odeur de régurgitation n’était pas vraiment un parfum que notre nettoyeur affectionnait. Dès les premiers prémices du raz-de-marée, Ryô avait hurlé à sa partenaire de jeter la chienne par la fenêtre. Outrée sa partenaire lui avait crié de s’arrêter sur le bas-côté. Ruminant, insultant et proférant mille malédictions au pauvre estomac tout chamboulé, Ryô avait garé la voiture le plus rapidement possible et attendait, appuyé contre celle-ci que les dégâts soient réparés.  

Kaori n’aimait pas cette basse besogne, mais devant l’air pitoyable de Sucrette, elle la caressa.  

- Ce n’est rien ma puce, tout le monde peut avoir le mal des transports.  

La petite chienne la regarda, triste et profondément accablée. Ryô, de son côté, aurait volontiers utilisé les fesses de l’animal pour l’expédier sur la lune. Ainsi, plus de vomi et plus de couinement.  

- Je ne te le conseille pas.  

Sa partenaire le regardait, l’air soupçonneux.  

- J’ai rien dis, ronchonna Ryô en enfonçant ses mains dans les poches. Bon on va peut-être rentrer maintenant ? A moins que ton rat ne désire repeindre la totalité de ma voiture…  

- Arrête avec ce surnom ridicule ! Elle s’appelle Sucrette ! Ne me dis pas que tu n’as jamais été malade en voiture ! Et puis, ce n’est pas si dramatique !  

Quand Ryô avança son nez sur la petite « chose », celle-ci retroussa légèrement les babines pour montrer des crocs aussi longs qu’une pointe de crayon.  

- Ne fais pas ta maligne, le rat. Si je le veux, je t’aplatis comme une crêpe d’une seule main.  

Loin d’être intimidé, Sucrette se mit à grogner. Ryô lui fit son sourire le plus carnassier, prêt à mettre sa menace à exécution. Derrière eux, Kaori annonça qu’ils pouvaient repartir.  

L’arrivée à l’appartement fut des plus redoutée. Le museau fixé au sol, Sucrette flânait dans la maison librement. Kaori la suivait, le sourire aux lèvres criant des « Viens voir, elle a trouvé la cuisine ! » ou « Regarde, comme elle est mignonne !». Ryô était extrêmement tendu, il observait d’un sale œil la maudite bestiole qui essayait de s’agripper au cuir du canapé, qui montait les marches de l’escalier ou les dévalait à toute allure. Il remarqua très vite les traces que laissaient les griffes sur leur passage… comme les petits pipis incontrôlables.  

- Fais pas cette tête, s’agaça Kaori en essuyant les quelques gouttes. Elle est encore petite, c’est normal qu’elle ne se retienne pas encore. Mais je vais lui faire son éducation et tu seras surpris de voir à quel point, elle sera propre rapidement !  

Ryô ne voulait même pas en entendre parler. C’était SA chienne, c’était à elle de la sortir, de lui préparer à manger et de ramasser liquide et substances douteuses.  

- Arrête donc un peu de faire ta mauvaise tête !  

- On en reparlera, maugréa Ryô en récupérant sa pantoufle qui subissait les petits crocs.  

La mâchoire enserrant fortement le bout de la chaussure, Ryô souleva Sucrette en même temps qu’il se relevait. Comme la sale bête refusait de lui rendre son bien, il l’agita de droite à gauche en lui murmurant qu’elle n’aurait pas le dernier mot.  

Les yeux dans les yeux, les deux adversaires se jugeaient. Sucrette émit un grognement, Ryô maugréa. Sucrette plissa les yeux, Ryô fit de même en dévoilant des crocs immenses. Un mètre vingt séparait Sucrette du sol. L’atterrissage allait être douloureux.  

- Alors le rat ! ricana notre nettoyeur en l’agitant de plus bel. C’est qui qui va faire un gros plongeon ? Hein ?  

Kaori releva la tête au même moment. Elle décrocha la chienne de la pantoufle et la serra contre son cœur.  

- Mais c’est pas vrai ! Tu n’as pas honte de tyranniser une pauvre bête ! Regarde comme elle a eu peur !  

Deux grosses larmes perlèrent au coin des yeux de la petite chienne. Ryô la fixa avec une moue douteuse. Cette saleté allait lui compliquer l’existence. Un peu de travail ne lui ferait pas de mal et lui changerait les idées.  

- Sinon mis à part, trouver cette chose ridicule, il y avait des messages ?  

Kaori se crispa involontairement. Elle avait bien vu un message sur le tableau, mais l’écriture était bien trop féminine pour lui convenir. Depuis le temps qu’elle travaillait avec lui comme assistante, elle avait appris à associer certaines formes de lettres à certaines courbes du corps féminin. Et à n’en pas douter, la cliente devait être une déesse ! Encore une fois, Ryô se comporterait comme un mufle et un obsédé ! Malheureusement, leur compte en banque virait dangereusement dans le rouge et si elle ne voulait pas finir le mois à accepter des travaux de misère, elle n’avait pas trop le choix.  

Elle lui expliqua donc brièvement l’affaire tout en restant la plus évasive possible sur l’identité de leur client. Mais c’était sans compter notre Ryô qui avait su développer un flaire infaillible. Il fixait intensément sa partenaire, notant le nombre de fois qu’elle déglutissait, détournait le regard ou rougissait violemment. A la fin de l’explication, le sourire de Ryô s’était agrandi, son regard pétillait de malice et de bonheur.  

- On accepte, bien évidemment ! s’exclama-t-il gaiement.  

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