Chapitre 3 :: Première approche

Publiée: 30-09-07 - Mise à jour: 30-09-07

Commentaires: Je vais la continuer et la finir.

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Ryô attendait assis sur un banc de la terrasse du café. Il avait réussi à piquer en toute discrétion le calepin de Kaori et s’était précipité à l’heure du rendez-vous. Sa partenaire, occupée à ramasser les besoins de la malheureuse Sucrette en proie à des problèmes gastriques, n’y avait vu que du feu.  

Son regard balayait les alentours et s’attardait avec délice sur les formes rebondies des jeunes demoiselles qui passaient près de lui. Il les gratifiait d’un sourire des plus charmeurs, et elles s’éloignaient en ricanant entre elles ou en rougissant comme des adolescentes. Car Ryô avait belle allure. Sous son air habituel de parfait crétin, il était quand même capable de retourner bien des cœurs…  

Sauf de la femme qui s’installa devant lui. Celle-ci affichait une mine lugubre malgré sa beauté évidente. Mince et élégante dans son tailleur – veste et pantalon beige -, elle regardait de tous côtés et semblaient d’une humeur massacrante. Elle remit d’un geste impatient une mèche brune rebelle derrière ses oreilles. Au sourire de Ryô, elle y répondit par un :  

— Vous auriez pu choisir un autre endroit pour nous donner rendez-vous ! Tout le monde peut nous voir ici.  

Ryô lui jeta un œil surpris, pris au dépourvu.  

— Heu… Il y a un café plus loin, peut-être que vous préféreriez y aller ? Je connais le patron, il est un peu brusque, mais c’est un coin sympa…  

— Non, allons plutôt chez vous. De toute façon, si vous devez servir de garde du corps, autant que je sois certaine que vous soyez dans un environnement que vous connaissez.  

Ryô fronça les sourcils. La jeune femme ne l’avait pas regardé une seule fois. Son orgueil masculin en était blessé. Il se pencha vers elle et s’arma de son plus beau sourire. D’habitude les femmes n’y résistaient pas.  

Sauf elle.  

Déçu, Ryô jeta un œil rapide dans le calepin pour vérifier qu’il ne s’était pas trompé de personne. Une moue boudeuse déforma ses lèvres quand il vérifia le lieu de rendez-vous et l’heure. Pas de doute possible, il s’agissait bien de cette jeune femme.  

En parfait gentleman, il allait l’aider à se relever de sa chaise quand elle l’arrêta :  

— Non, je peux me débrouiller. Merci.  

— Heu… très bien…  

En silence, ils se rendirent à l’appartement.  

Kaori attendait son partenaire de pied ferme. Ce saligot allait passer un sale quart d’heure ! Dans ses bras, Sucrette dormait paisiblement, l’estomac enfin vide. Elle avait remarqué le vol de son calepin, et surtout le fait que son cher partenaire avait volontairement changé le lieu et l’heure du rendez-vous. Elle s’y était bien rendue, décidée à lui faire goûter sa dernière provision de massues, mais elle était revenue bredouille, la rage au ventre.  

Quand elle entendit des pas dans le couloir, son regard noir se dirigea sur la porte d’entrée. Extirpée de son sommeil, Sucrette releva la tête et se mit à grogner. Kaori la caressa.  

— Pas encore, ma belle. Pas encore. Laisse-lui le temps de rentrer.  

Un sourire sadique étirait ses lèvres.  

Ryô se crispa, la main sur la poignée de la porte. Kaori était derrière la porte. Furieuse. A peine l’aurait-il entrouverte qu’une massue se chargerait de l’accueillir.  

— Hé bien ? Vous comptez rester sur le pallier ?  

Ryô commençait sérieusement à s’agacer du tempérament froid de sa cliente. D’ailleurs, il ignorait encore qui elle était et ce qu’elle voulait. Il n’avait pris qu’une seule disposition : s’assurer que Kaori ne viendrait pas déranger son tête à tête. Finalement, il le regrettait presque à présent…  

— Heu… oui, oui !  

Il entrouvrit la porte qui resta… et bien entrouverte. Toutefois, un petit museau essayait de pousser la porte en grognant.  

— Qu’est-ce que c’est que cette chose ? s’inquiéta la cliente.  

— C’est rien, marmonna Ryô en refermant violemment la porte (Il entendit le couinement de Sucrette, et l’aura meurtrière de Kaori s’amplifia d’un coup.) Faites pas attention à ce truc…  

De toute façon, il n’avait pas le choix, il lui fallait rentrer. Et puis, Kaori hésiterait à le frapper en présence d’une cliente. Depuis des mois, elle lui répétait que leur portefeuille était dans le rouge et que la banque finirait par se saisir de leur meuble. Elle ne pouvait pas se permettre de la faire fuir…  

Résolu à montrer qui était le chef dans cet appartement, il ouvrit brusquement la porte et s’écria :  

— C’est… moi !  

Cliente ou pas, il termina sa phrase enfoncé dans le mur. A ses pieds, Sucrette aboyait avec force de ses petits cris suraigus. Kaori fonça sur lui et le souleva par le col de sa chemise.  

— Comment oses-tu me prendre pour une idiote !  

Le visage aplati, Ryô prononça difficilement :  

— Kaori, je te présente notre cliente…  

Kaori le relâcha brusquement et se tourna vers la nouvelle venue. Hum… trop belle à son goût. Elle lança un regard assassin à son partenaire qui se recroquevilla un peu plus. Sucrette n’avait pas cessé d’aboyer. Ryô se tourna vers elle et lui marmonna :  

— Toi le rat, quand tu auras appris à pisser dignement tu pourras l’ouvrir.  

Vexée, Sucrette s’approcha et se baissa. Une flaque jaune recouvrit le sol, à l’endroit même où Ryô avait posé l’une de ses mains. Puis, la tête redressée, elle se dandina avec élégance jusqu'à sa maîtresse.  

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