Chapitre 3 :: Une dure réalité...

Publiée: 15-10-09 - Mise à jour: 15-10-09

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Chapitre: 1 2 3 4

D’un pas lourd, Ryo parcourait le court chemin qui le menait jusqu’au Cat’s. Il était sans nouvelle de Kaori et était presque sûr de la retrouver là-bas. Elle y passait la plus grande partie de ses journées à discuter avec Miki et parfois Eriko. Il avait peur de ce que ces deux-là pourraient fourrer dans la tête de sa partenaire.  

« Elles doivent sûrement lui dire de me quitter… » se dit-il en soupirant.  

Miki, qui poussait toujours son amie à faire son possible pour faire avancer leur relation, avait baissé les bras. Quand il passait au café, elle ne faisait que lui adresser un regard plein de reproches et lui répéter sans cesse qu’un jour Kaori finirait par se lasser :  

« Et si elle te quittait pour de bon, que deviendrais-tu ? » lui avait-elle demandé un jour.  

Et la réponse était : rien. Si Kaori venait à le quitter il ne serait plus rien…Il redeviendrait ce qu’il était avant de la connaître : un tueur sans âme. Et ça, il ne le voulait pas. Grâce à Kaori il avait changé et il aimait cet homme qu’il était devenu…  

Ses pas l’avaient mené jusqu’au café et sa réflexion fut soudain interrompu par un cri déchirant :  

- RYOOOOOOO ! RYOOOO ! C’est affreux ! Une véritable catastrophe !  

Reprenant ses esprits, le nettoyeur aperçut alors son jumeau américain se précipiter vers lui :  

- C’est affreux ! Vraiment affreux ! s’écria le blondinet en attrapant son compère par le col de la chemise.  

- Eh calme-toi ! lança Ryo en se dégageant. Qu’est-ce qui se passe ici ?  

Mick avait vraiment l’air dévasté mais Miki, Falcon et Saeko, qui était passée prendre un café, affichaient un air décontracté voire amusé.  

- Quelqu’un va enfin m’expliquer ce qui se passe ? demanda-t-il alors que Mick s’accrochait à sa jambe en gémissant. Mais tu vas me lâcher TOI !  

- C’est affreux, répéta l’américain.  

- Qu’est-ce qui est affreux ?  

- Kaori, gémit Mick.  

Aussitôt, le sang de City Hunter ne fit qu’un tour.  

- Quoi Kaori ? Qu’est-ce qui lui est arrivé ?  

Son ton laissait transparaître son inquiétude. Il imaginait déjà le pire quand Mick lâcha sur un ton fataliste :  

- Kaori nous trompe…  

Trop surpris par une telle répartie, Ryo demeura un court instant silencieux avant d’éclater de rire :  

- Kaori a un petit ami ? Ah, ah, la bonne blague !  

Pourtant, intérieurement, il était loin de rire. Qu’est-ce que c’était encore que cette histoire…  

- Figure-toi, dit Miki, que ce matin on a livré un superbe bouquet de roses blanches. J’ai d’abord cru que c’était un cadeau de la part de nounours mais c’était pour Kaori…  

- Oui, c’était bien pour elle, continua Mick. Et il y avait un mot qu’il l’accompagnait : une invitation à déjeuner et Kaori avait l’air tout à fait ravie d’aller retrouver son prétendant….  

- Oui SA prétendante, rétorqua Ryo. Avec ce garçon manqué qui tient plus du travesti que de la fem…  

Mais avant qu’il n’ait pu finir, Mick lui asséna un violent coup de poing dans la figure si bien que Ryo se retrouva en équilibre précaire sur son tabouret mais il réussit à se retenir au comptoir. Il sentait les regards furieux de son ancien partenaire et de Miki, alors il essuya le sang qui coulait au coin de sa bouche et ne dit pas un mot.  

Il savait que les reproches allaient fuser. Au même moment, Eriko fit son entrée dans le café. Elle fut étonnée par le silence pesant qui y régnait. Mais quand elle vit que Falcon retenait sa femme pour ne pas qu’elle bondisse sur le comptoir pour étriper Ryo, elle comprit que le nettoyeur avait encore fait des siennes.  

Elle sentit la colère monter en elle. Elle en avait assez du comportement de Ryo. Assez de voir sa meilleure amie pleurer encore et toujours à cause de lui. Assez de voir cette femme formidable qu’était Kaori perdre sa jeunesse à attendre un homme qui ne la mériterait jamais. Comme elle aurait aimé lui assener une bonne gifle mais en prenant place à côté de Saeko, elle vit que Mick s’en était déjà chargé. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres.  

- Bonjour tout le monde ! dit-elle. Alors mon cher Ryo quelle ânerie as-tu encore dit pour te prendre un coup de poing de bon matin ?  

Ryo ne répondit pas et se contenta de lâcher un juron. Ce fut Saeko qui lui raconta toute l’histoire.  

- Vraiment ? Un bouquet de roses blanches ? s’étonna Eriko. Et tu dis que la carte disait quoi ?  

- Celui qui invitait Kaori à déjeuner lui donnait rendez-vous à la terrasse de l’hôtel Martinez.  

Cette fois, ce fut d’un pur sourire de satisfaction que se fendit Eriko.  

- Ça c’est signé Ethan, dit la jeune styliste. Il n’y a que lui pour faire ça. Ce qui m’étonne c’est qu’il ne m’ait pas parlé de sa venue à Tokyo. Oh la la, j’imagine que Kaori a dû être ravie de le revoir…  

- Tu veux dire qu’elle était heureuse, répondit Miki. C’était bien la première fois que je la voyais ainsi…Elle avait l’air si gaie, si contente…Mais dis-moi, Eri, qui est cet Ethan ? C’est un ami d’enfance ?  

La curiosité de l’ex-mercenaire était piquée au vif. Elle allait enfin savoir qui était cet homme qui mettait Kaori dans tous ses états. Mick et Ryo, eux aussi, voulaient savoir mais pour des raisons différentes.  

Eriko, elle, vit surtout là un bon moyen de remettre Ryo à sa place. Kaori lui en voudrait sans doute d’avoir parlé d’Ethan mais au moins, cet idiot saurait que Kaori avait déjà eu un homme dans sa vie. Alors le plus naturellement du monde, elle annonça :  

- Ethan est le premier amour de Kaori. Ils sont sortis ensemble pendant trois ans à l’époque du lycée. Puis Ethan est parti aux USA et ils ont rompu. Ethan lui avait demandé de partir avec lui mais pour Kao, il était hors de question de laisser Hide tout seul.  

A ces mots, elle vit Ryo blanchir dangereusement. Cela dura l’espace de quelques secondes puis le nettoyeur reprit son masque d’indifférence mais Eriko sut qu’elle avait fait mouche.  

« Parfait et encore je ne t’ai pas tout dit mon coco, songea-t-elle. Tu vas enfin avoir un rival de taille. On va bien voir ce qui se passera… »  

Mais Ryo ne fut pas le seul à être désespéré par cette révélation si soudaine. Mick tomba à la renverse en pleurant à chaudes larmes, gémissant que ce n’était pas juste et que la vie était décidément mal faite.  

Les plus satisfaites étaient sans doute Miki et Saeko qui échangèrent un regard complice. La réaction de Ryo ne leur avait pas échappé et elles se disaient que les choses allaient enfin bouger pour le duo City Hunter.  

Mais le visage de Ryo prit soudain un aspect pervers, il venait de repérer une jolie cliente qui venait de faire son entrée et il se jeta sur elle en criant :  

- Puisque je suis enfin débarrassé de l’autre folle, je fais pouvoir faire découvrir les joies de l’amour à cette belle demoiselle.  

Mais la demoiselle en question n’était pas forcément d’accord, et en voyant cet individu voler vers elle, elle prit peur et s’enfuit à toute allure poursuivie par un Ryo bien décidé à ne pas lâcher sa proie.  

- Il est vraiment irrécupérable, se lamenta Miki.  

- Tu sais très bien que ce n’est q’une façade qu’il se donne, dit son mari. Je peux te dire qu’il est bien plus touché par cette nouvelle qu’il ne veut le laisser paraître. Rends-toi compte, il vient de découvrir que Kaori a eu une vie amoureuse avant lui. Pour lui c’est une grande révélation.  

Miki haussa les épaules. Elle se fichait pas mal de ce que Ryo pouvait ressentir. La seule chose qui l’intéressait c’était ce fameux Ethan :  

- Alors Eriko, dit-elle en s’accoudant au comptoir. Dis-moi tout…  

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Kaori regarda son ami avec étonnement :  

- Tu as besoin de l’aide de City Hunter ? demanda-t-elle.  

Ethan hocha la tête.  

- Mais pourquoi faire ? Voyons, tu dois avoir un service de sécurité digne d’un chef d’état pour toi tout seul ! s’exclama la jeune nettoyeuse.  

A son arrivée au restaurant, elle avait remarqué la demi-douzaine de gardes du corps postés un peu partout. Mais c’était normal, après tout il était Ethan Tashirel, l’un des acteurs les plus célèbres du monde.  

A cette pensée, Kaori sourit. Elle était si contente qu’il ait réalisé son rêve. Elle se souvenait combien il aimait jouer la comédie. D’ailleurs, ils s’étaient rencontrés tous les deux au club de théâtre du lycée. Hide l’avait poussée à s’y inscrire pour vaincre sa timidité maladive. Ethan, lui, était déjà la star de la troupe et il l’avait prise sous son aile. Il lui avait donné le goût de la scène et très vite le théâtre était aussi devenu sa passion. Et le bel Ethan aussi par la même occasion…  

- C’est vrai mais l’affaire est beaucoup plus complexe que cela, répondit l’acteur. Ces hommes sont là pour me protéger de mes fans mais ils ne sont pas de taille pour résoudre mon problème….  

- Tandis que City Hunter si, continua Kaori. Ne t’inquiète pas, nous allons t’aider. Le mieux serait que tu viennes chez nous, comme ça on pourra parler de tout ça avec Ryo. Est-ce que tu penses pouvoir t’échapper de ta meute incognito ?  

Elle parlait bien sûr de ses gardes du corps mais aussi des vingtaines de fans qui, ayant eu vent de la présence de la star, s’agglutinaient déjà à l’entrée du restaurant. Kaori ne les voyait pas mais en revanche, elle les entendait crier et appeler désespérément leur idole.  

- Oui, ça ne devrait pas poser de problème…  

D’un geste de la main, Ethan appela le maître d’hôtel. Après lui avoir exposé la situation, l’homme proposa au jeune couple de sortir par les cuisines. La voiture d’Ethan fut amenée à l’arrière du restaurant et pendant qu’Ethan et Kaori s’éclipsaient discrètement, le maître d’hôtel alla prévenir le staff que l’acteur était parti et qu’il les retrouverait à son hôtel.  

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Pendant ce temps, une âme en peine errait dans les rues de Shinjuku. Il s’agissait bien sûr du célèbre nettoyeur qui avait depuis longtemps abandonné la proie qu’il poursuivait depuis le Cat’s. Cela faisait maintenant plus de deux heures qu’il marchait, ainsi, les mains dans les poches et le pas lourd, toutes ses pensées tournées vers une seule et même personne.  

La nouvelle lancée par Eriko avait fait l’effet du bombe : Kaori, SA Kaori, avait osé aimer un autre homme que lui. Et il se doutait que ce n’était pas une amourette d’adolescent, sinon Kaori ne serait pas restée avec lui aussi longtemps. Bon sang, elle avait eu un petit ami pendant trois ans ! Trois ans pendant lesquels ils avaient eu le temps de faire je ne sais quoi… Ryo n’osait même pas y penser mais il avait peur. Peur de découvrir que son ange avait déjà goûté aux plaisirs de la chair dans d’autres bras que les siens. Rien que d’y penser, des envies de meurtre le prenaient !  

Mais il était aussi effrayé par le retour de cet homme qu’il considérait déjà comme un rival. Qu’est-ce qui allait se passer ? Kaori retomberait-elle sous son charme ? Allait-elle le quitter ? Et lui, devait-il tenter quelque chose au risque de révéler ses sentiments ou alors laisser faire les choses ? Il ne savait pas. Pour la première fois de sa vie, il était perdu. Il détestait voir une situation lui échapper et c’était ce qui était en train de se produire. Quelque chose lui disait que quoiqu’il se passe, leur vie, à Kaori et lui, en seraient changées pour toujours…  

Au même moment, il entendit un petit rire moqueur. Il se retourna et découvrit Mick qui le suivait depuis son départ du Cat’s :  

- Tu te fais vieux mon cher Ryo…Tu n’as même pas remarqué que j’étais derrière toi.  

- Non ! répondit sèchement le nettoyeur.  

Visiblement, Ryo n’était pas d’humeur badine.  

- Je vois que cette histoire ne te laisse pas de marbre, nota l’américain. Tu t’es enfin rendu compte que Kaori était capable de voir un autre homme que toi.  

Ryo ne répondit pas, plongé dans un mutisme qui ne trompait personne et surtout pas son ancien acolyte.  

- Avoue Ryo que ça te fait quelque chose. Depuis des années, tu agis avec Kaori comme un imbécile, lui disant les pires choses mais au fond de toi tu pensais être en sécurité, tu savais que jamais elle ne te quitterait parce qu’elle ne voyait, qu’elle n’aimait que toi. Tu pensais que jamais un autre homme ne pourrait attirer son attention. Et voila que tu réalises maintenant que Kaori a déjà eu quelqu’un dans sa vie. Je parie même que tu es en colère contre elle…  

Ryo grogna. Oui, il était en colère que Kaori lui ait caché cette partie de sa vie. Mais en même temps, il ne s’était jamais intéressé à son passé, comme si sa vie avait commencé quand elle était devenue sa partenaire….  

Voyant la réaction de son ami, Mick en rajouta une couche :  

- Kaori a eu une vie avant toi je te signale. Et qui sait ? Peut-être que pendant que tu allais faire la tournée des cabarets, Kaori, elle aussi, allait s’amuser…  

Ni une ni deux, Ryo réagit au quart de tour et empoigna l’américain violemment :  

- Pourquoi, tu sais quelque chose ? s’écria-t-il. Je te préviens que si tu as couvert les escapades amoureuses de Kaori, je te tue !  

Son regard noir était devenu glacial et Mick en ravala sa salive. Ce n’était peut être pas une si bonne idée que ça de le titiller vu l’état dans lequel il se trouvait.  

- Je plaisantais, dit-il. Tu sais bien que Kaori ne ferait jamais ça. Elle n’est pas comme toi. En tout cas, je vois que pour quelqu’un qui ne s’intéresse pas à sa partenaire, tu es bien jaloux !  

- JE NE SUIS PAS JALOUX ! s’exclama Ryo en poussant son ami à terre. JE NE SUIS PAS JALOUX !  

« Ben voyons » pensa Mick en se relevant et en s’époussetant. Ils étaient arrivés devant l’immeuble de City Hunter. Kazue n’étant pas là, Mick s’invita de lui-même chez Ryo alors que ce dernier lui répliqua qu’il voulait être seul. Se moquant pas mal de ses protestations, Mick le suivit dans les escaliers. Arrivés sur le perron, ils sentirent de suite des présences dans l’appartement. Entrant discrètement, l’arme au poing, les deux nettoyeurs se faufilèrent sans bruit dans le salon désert. Ils jetèrent un coup d’œil dans la cuisine mais il n’y avait personne. C’est alors qu’ils entendirent des bruits provenant du premier étage.  

- Ça vient de la chambre de Kaori ! dit Mick.  

Ils gravirent les escaliers à pas de loup et s’arrêtèrent devant la chambre de Kaori dont la porte était fermée. Mais ils ne sentirent aucune tension ou danger.  

Au contraire, ils entendirent des éclats de rires. Tendant l’oreille, ils tentèrent de comprendre ce qui se passait. Malgré la cloison, ils reconnurent la voix de Kaori :  

- Ça va mieux comme ça ? Ça te fait du bien ? demanda-t-elle.  

Et à la plus grande stupeur des deux hommes, une voix masculine se fit alors entendre. Dans un soupir rauque, celle-ci murmura :  

- Oh oui ! Tu ne peux pas savoir le bien fou que ça me fait.  

A ces mots, Ryo perdit tout contrôle de lui-même et défonça la porte en criant :  

- Je vais le tuer !!  

Et le spectacle qui s’offrit à lui le laissa sans voix...  

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