Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Tamia62

Beta-reader(s): Lifetree

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 2 chapters

Published: 27-08-05

Last update: 27-08-05

 

Comments: 18 reviews

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Romance

 

Summary: Le sujet de cette fic ? Je crois que le titre est suffisamment éloquent... Lisez-moi...

 

Disclaimer: Les personnages de "Ouvrir son coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. La chanson utilisée est l'entière propriété des auteurs.

 

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   Fanfiction :: Ouvrir son coeur

 

Chapter 2 :: Chapitre 2

Published: 27-08-05 - Last update: 28-08-05

Comments: Suite et fin ! Bisous

 


Chapter: 1 2


 

Ryô se dégagea de l’étreinte pourtant agréable de Kaori et s’allongea à côté d’elle. Il tendit le bras pour la ramener contre lui mais elle ne lui en laissa pas le temps. A sa plus grande surprise, elle roula sur le côté et lui tourna le dos. Elle avait sans doute mal interprété son geste. Il se tourna aussi sur le côté et s’appuya sur son coude.  

« _Kaori ? »  

 

Pourquoi avait-elle soudainement cette pensée ? Non, elle se trompait. Jamais il n’aurait osé lui faire une chose pareille… Pourtant, à son plus grand désarroi, il se sépara de son corps et se coucha à côté d’elle… Alors, c’était bien ça finalement… Son cœur cessa de battre. Les larmes menaçaient de couler : elle lui tourna le dos… Elle le sentit bouger.  

« _Kaori ? »  

La voix de Ryô brisa le silence devenu pesant. Elle fut surprise par son intonation. Douce et inquiète. Non, il ne fallait pas qu’elle soit dupe…  

De son côté, l’estomac de Ryô commençait à se nouer. Pourquoi ne disait-elle rien ?  

« _Kaori ? Que se passe t-il ? »  

Mais la jeune femme restait désespérément muette. Les mots restaient coincés dans sa gorge.  

La panique envahit alors Ryô. Il lui reposa la question d’un ton plus implorant.  

« _Kaori, je t’en prie, dis-moi ce qui se passe ? », fit-il en posant sa main sur son épaule. Mais elle se dégagea. Ryô ne comprenait pas ce qui était en train de se passer…  

 

« _Pourquoi ? »  

Ryô eut un léger mouvement de recul. La question avait claqué sèchement. C’est plein d’incompréhension qu’il lui demanda :  

« _Quoi pourquoi ? Pourquoi quoi ?  

_Et tu me le demandes en plus ? Pourquoi as-tu joué avec moi ? Tu trouves cela drôle peut-être de t’amuser avec mes sentiments ? »  

Elle lui présentait toujours son dos aussi ne vit-elle pas que le visage de Ryô refléta une totale stupéfaction. Il était figé. Comment pouvait-elle penser une telle chose, imaginer qu’il lui fasse subir une telle humiliation ? Mais Kaori interpréta mal son silence.  

« _Je vois que tu ne trouves rien à me dire. C’est donc ça : à force de te prendre des vestes, le désespoir t’a fait te jeter sur ta partenaire, sachant parfaitement que moi, l’idiote du village, le laideron de Tokyo, je serais trop désespérée pour refuser les avances de l’étalon de Shinjuku ! Comme je suis naïve ! C’est même pire que cela, je suis pathétique, termina t-elle dans un souffle. »  

Ryô n’arrivait pas à assimiler ce qui venait de se produire. Cette journée qui s’annonçait merveilleuse, qui devait être pour lui un renouveau, un véritable retour à la vie se transformait en un véritable cauchemar… Dix ans de vie commune… En dix ans il s’en était pris des vestes comme elle le disait si bien et pas une seule fois il ne s’était « consolé » avec elle alors pourquoi croire que c’était ce qu’il venait de faire ?…  

Et puis une grande déception enveloppa son cœur qui se mit à crier de douleur…  

Elle était sensée être la seule personne au monde à le connaître vraiment. Il admettait qu’il n’était pas facile à cerner mais, jusqu’à il y avait encore 10 minutes, elle savait lire entre ses lignes… Ca lui avait pris 10 ans pour admettre son besoin d’elle, son amour. Et pour en arriver où ? Entendre de telles paroles…  

 

Ryô se redressa pour se retrouver assis dans le lit. Il fixait toujours le dos de Kaori. Et voilà, lui qui avait voulu tout arranger… Le même scénario, celui de ses cauchemars, allait se répéter. C’est d’une voix ironique qu’il lui répondit.  

« _Ah non, excuses-moi, mais je crois que, de nous deux, c’est moi qui suis naïf et pathétique ! Après tout, qui suis-je pour avoir seulement envisager une fraction de seconde que j’étais autre chose pour toi que « l’étalon de Shinjuku » ! C’est vrai ça ! Et puis, tu ne partages ma vie que depuis ?… Quoi ?… 10 petites années ! J’avais la sensation que tu me connaissais mieux que cela ! Mais c’est quoi 10 ans dans une vie ? »  

Face à ces paroles si dures, Kaori se redressa à son tour et lui fit face, les yeux étincelants de colère. S’il avait cherché à la blesser, il avait réussi. Ils étaient tellement tendus qu’aucun ne prit conscience de l’étrangeté de la situation. Ils étaient nus, dans un lit et ils se disputaient une fois de plus.  

« _Ah mais c’est l’hôpital qui se fout de la charité là ! Dis-moi un peu comment je pourrais vraiment te connaître ? Tu ne me parles jamais de rien ! Tu ne te confies jamais sur tes pensées alors tes sentiments, parlons-en ! Tu passes ton temps à me traiter comme une boniche ! Tu n’es jamais content ! Ca fait 10 ans que je supporte tes « Kaori, ta bouffe est à peine mangeable ! » « Kaori ton café est à peine buvable ! » « Kaori ta robe est vraiment belle ! Quel gâchis ! Sur toi, elle te donne l’air d’un travello mal fagoté ! » « Kaori tu es une piètre partenaire ! Si au moins tu étais bien foutue je ne perdrais pas trop au change ! » ! Et maintenant tu voudrais quoi ? Hein ? Que je te remercie ! Après tout ce que j’ai entendu comme horribles mots sortir de ta bouche, tu me couches dans ton lit et je devrais croire que c’est désintéressé ? Que tu avais simplement envie de moi ? Balivernes ! La seule chose que je constate c’est que, à défaut de grive tu t’es mis un merle sous la dent ! Jamais tu ne m’as laissée envisager que je représentais plus pour toi qu’une simple femme de ménage ou une cuisinière ! Il n’y a eu aucune transition entre ton comportement habituel et ce qui s’est passé il y a moins d’une heure ! Et c’est moi qui vais passer pour la méchante ? C’est trop facile Ryô ! Trop facile… Mais je n’ai pas su te dire non… Et je le regrette… »  

 

Kaori vit que les épaules de Ryô s’affaissaient. Son visage se ferma et devint livide. Il s’enferma dans un mutisme. Mais elle devina à son froncement de sourcil que ses mots avaient fait mouche. Oui, mais maintenant ? Qu’allaient-ils devenir ? Etait-ce la fin pour City Hunter ?… Les intestins de la jeune femme se tordirent en même temps qu’elle réalisait que la balance penchait du mauvais côté. Tout ce qu’elle avait enduré pour lui… Et cet espoir qu’elle nourrissait depuis 14 ans ! Depuis qu’elle l’avait rencontré alors qu’elle n’avait que 16 ans… Tout était en train de voler en fumée… C’était un cauchemar. Oui, ça ne pouvait être que ça. Elle allait se réveiller et constater avec soulagement que rien n’avait changé…  

 

Son cœur lui faisait mal… Il ne savait pas qu’il pouvait lui faire aussi mal… Elle avait raison. Complètement, totalement raison… Il avait été plus qu’abject avec elle. Il en avait pris conscience tout à l’heure alors qu’il la regardait faire son ménage. Mais il lui semblait qu’il avait compris trop tard… Il avait décidé de bouger trop tard… Si au moins il lui avait fait comprendre qu’elle était le centre vital de son existence ?… Mais il avait tellement eu peur que l’histoire se répète… Et c’était ce qui venait de se produire… Elle allait le quitter… Immanquablement, elle allait l’abandonner…  

 

« _Je suis désolé Kaori. Après tout, tu as raison. Qui suis-je pour exiger de toi quoi que ce soit ? Cela fait dix ans que tu te sacrifies pour moi sans rien demander mais en t’en prenant plein la gueule. Que ce soit par moi… Ou par tous ceux qui veulent ma peau… Je ne suis rien d’autre qu’un homme de l’ombre. City Hunter, nettoyeur souvent, tueur professionnel froid et implacable parfois. Ancien camé… Une femme aussi bien que toi n’a rien à faire avec un type comme moi. Je l’ai toujours su. J’aurais dû… Mais c’est trop tard. Je regrette de ne jamais t’avoir dit que… Que… Mais c’est trop tard… La machine est en marche et il n’y aura personne pour dire « coupez ! ». Ca va se rejouer… A l’infini, ça va se rejouer… »  

 

Elle ouvrit de grands yeux alors que sa colère retombait. Elle avait bien comprit qu’il était navré. Et, étrangement, elle le croyait. Elle n’aurait jamais pensé entendre de tels mots venant de lui. Elle comprit aussi qu’il avait vraiment une opinion très négative de lui-même. Il se voyait comme un… Un moins que rien. Un tueur sanguinaire ou quelque chose dans ce genre. Et pour la première fois, il admettait qu’elle était une femme et qu’il avait du respect pour elle. Se serait-elle trompée sur ses intentions ? Dans ce cas, pourquoi ne se défendait-il pas ? Pourquoi ne lui disait-il pas clairement ce qu’il ressentait vraiment pour elle ? Et c’était quoi cette histoire de machine en marche ? Qu’est-ce qui allait se rejouer à l’infini ? Elle ne comprenait rien…  

« _Pardonne-moi… Une dernière fois… Pars loin de moi tant que tu le peux, avant que je ne te détruise complètement... Parce que je détruis tout ce que je touche et tous ceux qui m’approchent de trop près… Je sais à présent que le ciel ne m’accordera jamais de répit. Au contraire… Ce qui vient de se passer est mon ultime punition… »  

 

Kaori était abasourdie par ces derniers mots ! Comme au ralenti, elle le vit glisser sur les draps, s’asseoir sur le bord du lit et enfiler son caleçon. Et elle réalisa soudain qu’il venait de lui ouvrir une partie de son cœur. Elle savait que Ryô était un homme torturé mais elle était loin d’imaginer le degré de souffrance qu’il portait en lui. Elle ne pouvait pas en rester là. Malgré toutes les choses qui avaient été dites dans cette chambre, elle aimait profondément cet homme. Si tout devait s’arrêter maintenant, ça la tuerait. Oui ça la tuerait… Elle avait enfin une petite chance de percer la cuirasse et de comprendre…  

Alors qu’il s’apprêtait à se lever, elle se mit sur les genoux et se pencha en avant pour lui saisir le poignet droit qu’elle serra de toutes ses forces.  

« _Non ! Je ne vais pas te laisser t’en tirer à si bon compte ! Je veux que tu sois plus clair, tu entends ! Je veux que tu m’expliques tout ! Pour la première fois depuis que nous nous connaissons, tu m’ouvres un peu ton cœur ! Je ne te laisserais pas le refermer si facilement ! De quoi me parles-tu ? Que regrettes-tu de ne pas m’avoir dit ? C’est quoi cette histoire de machine en marche ?… Ryô, je ne te laisserais pas quitter cette chambre tant que je ne saurais pas tout ! Tu as beau être 10 fois plus fort que moi, je te promets que j’utiliserais la force s’il le faut mais tu parleras ! »  

 

Mais il suffit à Ryô d’un mouvement sec pour se libérer de la pression que la main de Kaori exerçait sur son poignet. Il se mit debout. Toujours sur le lit, Kaori se mit a genoux et se redressa.  

« _Ryô ! »  

Il s’immobilisa et serra les poings. A nouveau le silence…  

Il se sentait perdu comme il ne l’avait jamais été. Que devait-il lui dire ? Est-ce que ça changerait quelque chose ? Et surtout, à la lumière des 15 dernières minutes qui venaient de s’écouler, fallait-il qu’il lui parle ? Se taire la sauverait sans doute. Mais il y avait une telle détermination dans sa voix qu’il doutait qu’elle lâche prise. Et un découragement total s’empara de lui… Il s’entendit répondre d’une voix monocorde. C’était comme si sa langue se mettait à parler sans son consentement.  

« _Il y a des tas de choses que je regrette de ne pas t’avoir dite. La première étant que je tiens à toi bien plus que tu ne l’imagines. Penses-tu vraiment que je t’aurais gardée auprès de moi si ça n’avait pas été le cas ? Ou alors tu penses que c’est uniquement à cause de la promesse faite à ton frère ? Tu n’es qu’une idiote dans ce cas ! Il m’avait demandé de veiller sur toi ! Et le seul véritable moyen de le faire aurait été de t’éloigner de cette vie ! Non, la vérité, c’est que je n’ai pas eu le courage de continuer sans toi. Makimura mort, j’étais à nouveau seul. Seul à en crever… Mais il m’a laissé un cadeau que je ne méritais pas : toi. C’est grâce à lui si tu es entrée dans ma vie. Si tu n’avais pas trouvé son carnet, jamais le Sugarboy ne serait né… »  

 

Le cœur de Kaori menaçait de se rompre. Seigneur… Pourquoi était-ce seulement maintenant qu’il lui disait tout ça ?…  

 

Le ton de Ryô s’emplit de nostalgie.  

« _Makimura… Vieux frère ! Est-ce que tu savais que tu me laissais en fait un cadeau empoisonné ?… Il m’arrive de croire que oui… Ton frère était le seul à vraiment me connaître. Il savait absolument tout de moi. Il a vite compris, je crois, que tu serais un véritable remède pour moi. Le problème c’est que je fais mourir tout ceux qui comptent pour moi… Lorsque je ressasse tout ça, je sais que… Que je porte la mort… »  

 

Kaori était estomaquée ! Mais qu’est-ce qu’il racontait ?…  

 

La nostalgie fit place au dépit.  

« _Mes premières victimes ont été celles qui étaient dans le même avion que moi. Tu imagines ? Je suis le seul survivant de cette catastrophe aérienne. Ils sont tous morts ! Sauf moi. Tous les gens qui forment mon entourage finissent soit par mourir soit par partir soit par me trahir. Et en fin de compte je me retrouve totalement seul. Seul comme j’ai pu l’être lorsque j’ai erré en pleine jungle pendant des jours avant de tomber sur ce camp de guérilleros. Là j’y ai rencontré l’homme qui deviendrait mon père de substitution. Et que s’est-il passé ? Il a pété un câble et m’a pris comme cobaye pour tester son PCP. Il m’a trahi. Et puis après, il y a eu Peter. Il fut le premier à me montrer ce que la vie était réellement. Et que s’est-il passé ? Il est mort ! Et c’est moi qui l’ai tué ! Et puis il y a eu la période avec Mick. Plus calme. Il n’est pas mort lui mais, en fin de compte, regardes où ça l’a conduit de me connaître ! Kaibara s’est servi de lui pour m’atteindre, l’a presque tué dans cet avion. Au passage, c’était un moyen pour me rappeler mon propre crash. Puis il l’a shooté à la poussière d’ange ! Et le pauvre Mick se retrouve diminué à vie ! Et puis, puisqu’on parle de Kaibara, comment a t-il fini ? En plein dans le mille ! C’est moi qui l’ai descendu ! Et parlons un peu d’Hideyuki. Crois-tu sérieusement que Saeko a eu une bonne idée en nous présentant ? Ton frère a été tué il y a 10 ans par l’Union Teope. Et peux-tu me dire qui est l’Union Teope ? Et bien c’est moi ! C’est de ma faute s’il est mort ! C’était une vengeance qui m’était destiné ! Tu vois, c’est le même scénario à chaque fois. Les personnes que… »  

 

Devait-il poursuivre ?… Oh et puis, de toute façon, il n’avait plus rien à perdre. Il savait que Kaori allait partir. C’était fini pour lui. Alors, autant tout lui avouer.  

 

Pourquoi s’arrêtait-il maintenant ? Elle pria pour qu’il poursuive ses confessions. C’était comme si elle le voyait pour la première fois. Seigneur… Elle réalisait seulement maintenant à quel point il était mal dans sa peau. Elle savait que beaucoup de ses réactions n’étaient que des façades mais pas à ce point… Il reprit son monologue. Il parlait si bas qu’elle devait tendre l’oreille.  

 

« _Les personnes que j’aime finissent toutes par me trahir, par mourir ou par me quitter. Ou pire, c’est moi qui les détruis. Regarde un peu Falcon ! J’ai tué tous ses hommes et je l’ai laissé handicapé ! Alors, tu as raison de vouloir partir. Pars tant qu’il est encore temps. Tant que tu es encore entière. Tant que tu es assez forte moralement pour te reconstruire une autre vie loin de moi… »  

 

Kaori fixait son dos. Si large, si musclé, si bien fait. Elle était pétrifiée. Avait-elle bien compris ? Il la plaçait dans la catégorie des personnes qu’il aimait… Alors, il l’aimait, il ne l’avait pas mise dans son lit juste pour assouvir une pulsion… Il l’aimait… Mais tout ça, c’était trop d’un coup. Elle ne savait pas comment réagir. Pire elle était totalement amorphe. Elle voudrait lui crier qu’il avait tort de se dépeindre plus noir qu’il ne l’était mais elle était paralysée…  

 

Il se sentait vidé. Le silence de Kaori était la pire des choses pour lui. Il aurait voulu… Quoi ? Qu’elle crie ? Qu’elle confirme ses dires ? Qu’elle prenne sa défense comme souvent ? Il ne savait pas. Mais n’importe quelle réaction aurait été préférable à ce silence… Finalement, il se rassit sur le bord du lit, tendu, droit comme un « i ». La voix pourtant si virile de Ryô se mit à trembler comme si une émotion trop forte montait en lui.  

 

« _Mon Sugarboy, as-tu la moindre idée de ce que ma vie a pu être ? C’est vrai que Mary t’a expliquée les faits. Mais, ce ne sont que des faits. Moi je te parle de ce qui peut se passer dans la tête d’un môme qui se retrouve plongé dans une guerre qui n’est pas la sienne… Je n’ai pas le moindre souvenir de mes parents. Rien. Même pas une impression. Par contre je me souviens très bien de ces jours seul dans la jungle. Tous ces bruits autour de moi… Ces cris de bêtes que je devinais féroces. J’étais terrorisé… Quand je suis arrivé à ce village, j’ai cru que j’étais sauvé… Mais ce fut le début de l’enfer. Combien de fois ai-je songé qu’il aurait mieux valu que je meurs dans ce maudit avion ? Même aujourd’hui il m’arrive de le souhaiter… Parce que, même loin de la guérilla, je suis toujours en enfer… Je me suis fait un nom dans le milieu, c’est vrai. Mon passé me colle à la peau comme une seconde nature. La seule chose que je ne regrette pas, c’est d’avoir pu aider quelques gens grâce à ces capacités héritées de la haine humaine. Mais cette renommée me bouffe la vie. Je ne suis jamais tranquille. Où que j’aille, depuis toujours, je dois rester aux aguets, veiller à rester en vie. Et depuis que tu es dans mon univers c’est encore pire car il faut que je veille deux fois plus… Parce que jamais je ne me pardonnerais s’il devait t’arriver quelque chose… Mais… »  

Il s’appuya sur ses cuisses et se pencha en avant pour poser sa tête dans ses mains. Sa voix se brisa.  

« _… cette vie que je mène ne devrait pas être la mienne. J’avais des parents, une famille. Je suppose que nous étions dans cet avion pour des vacances ou quelque chose dans ce genre-là. Il est fort probable que mes parents avaient des projets d’avenir, qu’ils imaginaient déjà que je ferais de grandes études pour devenir avocat ou médecin. Enfin, le genre de rêves idylliques et débiles que les parents font pour leurs enfants. Mais au lieu de ça, je me suis retrouvé en pleine forêt équatoriale à me battre avant même de pouvoir comprendre ce que c’était que vivre ! Pour finalement faire la même chose ici… J’en ai assez Kaori… Tu m’as fait découvrir la véritable vie. Et je voudrais tellement pouvoir goûter pleinement à cette vie. J’en ai marre de devoir regarder constamment par-dessus mon épaule pour ne pas me faire tirer dessus. Combien de fois ai-je eu envie de te prendre dans mes bras en plein milieu de la rue pour t’embrasser ou simplement te tenir contre moi. Mais je ne pouvais pas. Parce que j’avais trop peur qu’un ennemi nous voit. Pas peur pour moi. Ce qui peut m’arriver n’a aucune espèce d’importance. Mais peur pour toi… »  

 

Kaori entendit que la voix de Ryô changeait encore de ton. Elle devenait hachée. Quelque chose venait de changer en lui. Et en elle aussi. Ryô vivait avec la peur au ventre… Elle sentit les larmes couler le long de ses joues. Comment avait-elle pu passer à côté de sa détresse ? Quel genre de compagne était-elle pour ne pas avoir vu à quel point l’homme qu’elle aimait était malheureux ?…  

 

Ryô sentait qu’il était au bord du gouffre. Il allait craquer. Il le savait. Il ne voulait pas fondre devant elle. Mais ses forces l’abandonnaient. Il traînait ce poids depuis trop longtemps. Il fallait qu’il s’en débarrasse. C’est brisé par cette inconcevable douleur qu’il enchaîna :  

« _Je ne t’en voudrais pas de me laisser. Je n’aurais à m’en prendre qu’à moi-même. Saches seulement que tu es la meilleure chose qui me soit arrivé. Sans toi, il y a longtemps que Ryô Saeba serait mort. Ces 10 dernières années ont été les plus belles… La vérité Kaori c’est… C’est que ma vie m’a été volée… Volé… Je voudrais tellement être comme tout le monde, laisser mon magnum au placard, tout oublier. Vivre et non plus survivre. Mais je ne peux pas, je ne peux pas… »  

 

Le cœur de Kaori cessa de battre en voyant que des larmes coulaient sur le visage de l’homme. Elle ne l’avait jamais vu pleurer. Ou peut-être une fois avait-elle cru votre une larme lorsque Kaibara était venu chez eux. Mais là, elle ne rêvait pas : il pleurait. Il pleurait sur ce qu’il était, sur ce qu’il avait vécu comme horreurs…  

 

Ryô était anéanti et humilié de réagir ainsi devant elle. Mais il n’en pouvait plus. Il allait la perdre de toutes façons. La perdre… Qu’on l’achève…  

 

Kaori réagit alors. Il avait tort ! Et elle allait le lui prouver. Il était hors de question de le laisser dans cet état. Maintenant, elle comprenait tout. Enfin elle avait devant elle le vrai Ryô. Il s’était recroquevillé sur lui-même, comme un enfant cherchant à se protéger. Et elle n’eut qu’une seule envie : répondre à cette prière muette. Elle se leva et vint s’agenouiller devant lui. Sans prononcer un mot, elle lui écarta les mains qui cachaient son visage ravagé par les larmes. Elle sentit une résistance de sa part mais força le passage ce qui l’obligea à relever la tête. Elle emprisonna son visage entre ses mains et le ramena contre son coeur. Il se blottit contre elle et ses pleurs redoublèrent. Kaori ferma les yeux et lui caressa le dos, le berçant tout en lui envoyant toute sa force pour qu’il se calme. Toutes les années de souffrances, toutes les larmes qu’il avait du ravaler se déchaînaient. Il pleurait pour toutes les fois où il n’avait pu le faire. Et elle remercia le ciel d’être là. Il avait pris soin d’elle à la mort de son frère, c’était à son tour de porter ses malheurs… Et en cette fin de matinée, Kaori se sentait enfin libérée. Enfin elle pouvait partager pleinement la vie de Ryô car maintenant elle savait. Elle savait tout…  

 

Ils restèrent enlacés de longues minutes. Kaori avait dû sortir toute sa tendresse pour qu’il se calme. Son corps avait été secoué de sanglots profonds. Pas difficile de sentir qu’il s’agissait de vieilles larmes. Ce laps de temps avait permis à Kaori de repenser à tout ce qu’il lui avait dit et de rassembler ses idées. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il aurait beaucoup de mal à gérer « son relâchement ». Et puis, elle devait absolument lui faire réaliser qu’il avait tort de se croire responsable de tous les malheurs qui l’avaient frappé. Mais le plus important était ailleurs : Ryô Saeba aimait Kaori Makimura. C’était gravé en lettre de feu sur son cœur…  

 

Il avait fini par se calmer. Mais la honte le submergea. Comment avait-il pu se donner en spectacle devant elle ? Qu’allait-elle penser de lui ? Qu’il n’était qu’une midinette ! Que devait-il faire ?… Il bougea un peu la tête. Elle se recula alors. Non… Jamais plus il ne pourrait la regarder dans les yeux…  

 

Kaori le sentit bouger. Cela faisait au moins cinq minutes que les larmes s’étaient taries. Il était temps de remettre les pendules à l’heure de la vie…  

Une fois de plus, elle prit son visage entre ses mains et se recula un peu afin de le regarder. Mais son regard était obstinément tourné vers le sol. Elle eut un léger doute puis la lumière se fit et elle su quoi dire.  

« _Ryô, regardes-moi, s’il te plait. Regardes-moi… »  

Il fit un énorme effort sur lui pour répondre à sa demande. Elle passa alors une main dans ses cheveux et détailla son visage. Comme il était beau… Elle ne l’avait jamais trouvé aussi beau qu’aujourd’hui avec les traces de larmes sur sa peau… Un puissant sentiment d’amour monta en elle. Elle captura son regard dans le sien.  

« _Ryô, tu n’as aucune raison d’avoir honte de ta réaction. Pleurer est humain. Mais les monstres qui ont parcourus ton enfance t’ont fait croire qu’il n’y avait que les lâches qui pleuraient. « Un homme ne pleure pas ». C’était ça leur discours ? Et bien, ils étaient tous des menteurs patentés ! Ryô, tu n’es qu’un humain. Tu es même merveilleusement humain. Comment peux-tu penser une seule minute que tu es responsable de tous les malheurs du monde ? La vérité, c’est que tu as bénéficié jusqu’à présent d’une chance incroyable, presque indécente ! Quoi qu’il arrive, tu survis. C’est la malchance qui a tué tes parents. C’est la guerre qui a rendu fou Kaibara. C’est lui qui est responsable de la cécité de Falcon et des blessures de Mick. Pas toi ! Peter a choisi de se taire et de te provoquer ! Peut-être que s’il t’avait expliqué la situation, à vous deux, vous auriez trouvé une solution. C’était un quasi suicide ! C’était SA décision, pas la tienne. Quant à Hideyuki… »  

Un voile de tristesse passa mais elle se reprit.  

« _Je ne t’ai jamais tenu responsable de sa mort. Tu viens toi-même de me dire que mon frère savait tout de toi. C’est donc en connaissance de cause qu’il s’est associé à toi. Et sans lui, jamais je ne t’aurais connu. Et c’est ça le plus merveilleux… »  

 

Elle soupira, lui caressa la joue et se redressa pour s’asseoir sur le lit : ses genoux commençaient à souffrir de la position peu confortable. Ryô, lui, ne savait pas quoi dire ou faire. Il se sentait un peu comme une coquille vide. Il essayait d’assimiler ce que Kaori tentait de lui faire comprendre.  

« _ Ouvres grand tes oreilles Ryô : tu es une victime. Tu comprends ? Une victime. C’est vrai, personne ne saura jamais en mesure de te dire ce que ta vie aurait pu être si tu avais grandi dans une famille unie et aimante. Mais tu n’es pas un monstre sanguinaire comme tu te plais à le croire ! C’est vrai aussi que tu traînes un passé de drogué. Mais, une fois de plus, est-ce toi qui t’es volontairement drogué ? Non, c’est ton père l’unique responsable. Et puis, regardes un peu tout le bien que tu as semé autour de toi. Tous ces hommes, toutes ces femmes, tous ces enfants, que tu es sensé détester d’ailleurs bien que je n’en crois rien, que tu as sauvés de la mort, de la mafia et j’en passe ! Toutes les affaires policières résolues grâce à toi. Tu es un homme bon. Tellement bon que tu travailles le plus souvent gratuitement ! Bon, je t’accorde que tu as des vices dont je me passerais bien ! Mais tout ceci n’est rien en comparaison de ton immense bonté d’âme. »  

A ce moment, il l’interrompit.  

« _Kaori, arrêtes de me voir comme un héros sorti tout droit d’un conte de fées !  

_Mais je ne te prends pas pour un héros ! Juste pour ce que tu es ! Cesses donc de te voir plus noir que tu ne l’es véritablement !… »  

 

Elle se tut et inspira fortement. Un frisson la parcourut et elle pris conscience de sa nudité. Contre toute attente, elle ne rougit pas. Elle se sentait tellement libérée de tous ses doutes qu’être nue devant lui était la chose la plus naturelle au monde. Mais elle avait froid alors, elle chercha quelque chose dans la pièce qu’elle trouva. Elle se leva. Ryô lui jeta un regard interrogateur. Que faisait-elle ? Et il comprit. Elle attrapa une de ses chemises posées sur le dossier d’une chaise et l’enfila avant de retrouver sa place à côté de son partenaire. Elle avait agi avec un tel naturel qu’il ne savait plus quoi penser. La voir dans une de ses chemises lui fit un drôle d’effet. Tout allait trop vite, ou trop lentement, il ne savait plus… La voix de Kaori le troubla par son intonation coupable.  

« _Me pardonneras-tu un jour ? »  

Il leva un visage stupéfait sur elle.  

« _Que veux-tu que je te pardonne ? Je ne comprends pas ? »  

Elle lui saisit les mains qu’elle sentit moites. Chose incroyable chez lui : jamais il n’avait se genre de manifestation. Décidément, tout venait de changer ce qui, quelque part, la ravissait. Enfin il ne se cachait plus derrière son sacro-saint self-control !  

« _De ne pas avoir vu, de ne pas avoir compris ta souffrance… Oh bien sûr, je me doutais bien un peu des lourds stigmates que tu traînais mais… Pas à ce point… Oh Ryô… »  

 

Elle se jeta à son cou et ce fut à son tour d’être secouée par des sanglots.  

« _Je suis tellement désolée pour tout ce que tu as dû endurer comme épreuves. Si tu savais. Mais sans toutes ces épreuves tu ne serais pas devenu l’homme fantastique que tu es. Cet homme qui a su prendre mon cœur et conquérir mon amour. Je t’aime d’autant plus aujourd’hui que je sais tout ce qu’il y a à savoir de toi, de ta vie, de tes sentiments. Je sais tout, je comprends tout ! Ryô, je ne peux pas te promettre une vie sans souffrance, c’est impossible. Tout le monde doit, à un moment ou un autre de son existence, subir des chagrins. Mais, je peux te promettre une chose : plus jamais tu ne seras seul pour surmonter tes peines. Ca fait 10 ans que je suis près de toi et je te promets que la seule chose qui nous séparera sera la mort et rien d’autre. Je t’aime tellement. Je ne sais pas si tu arriveras un jour à réaliser à quel point je t’aime. J’ai tout supporté de ta part par amour. 14 ans que je te connais ! 10 ans que je vis avec l’espoir qu’un jour enfin tu réalises que… que… »  

Elle hoquetait, avait du mal à parler : les pleurs étouffaient sa voix. Il referma ses bras autour d’elle pour capter sa chaleur.  

« …que je te suis indispensable et que c’est moi que tu attendais pour t’apprendre à vivre. Et c’est ce que nous allons faire à partir de maintenant : vivre. C’est vrai, nous ne pourrons jamais vivre comme tout le monde, nous serons toujours forcés de regarder par-dessus notre épaule parce que NOUS sommes des nettoyeurs. J’en suis un moi aussi. Peut-être pas au même titre que toi mais c’est pourtant le cas. Mais il n’y aura plus tous ces non-dits entre nous. Tout est aussi clair que de l’eau de roche : ce qui nous lie, c’est de l’amour. »  

 

Elle s’écarta et essuya rapidement les joues du revers de la main.  

« _Ryô, le scénario que tu redoutes tant ne se reproduira plus. Je n’ai pas l’intention de te quitter. Ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais. Je ne me suis pas accrochée toutes ces années pour flancher ! Je suis navrée de te le dire comme ça mais tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement ! »  

 

Voilà, tout était dit. Elle déposa un baiser sur ses lèvres qu’il lui rendit machinalement. Il ne lui restait plus qu’une seule chose à faire : attendre sa réaction.  

 

Il lui caressa la joue. Elle n’allait pas le quitter. Pour le moment, c’était tout ce qu’il retenait des paroles de Kaori. Lentement, il sortait de sa léthargie. Alors elle ne le détestait pas. Elle ne le considérait pas comme un homme sans cœur. Elle l’aimait… Comment une femme si pure et innocente pouvait aimer un homme de l’ombre comme lui ? Avait-elle raison ? N’était-il pas aussi noir qu’il le pensait ? Etait-il une victime ? Jamais il n’avait envisagé qu’il puisse en être une. Pourtant… A bien y regarder…  

Il réalisa que le poids qui alourdissait ses épaules depuis des années avait disparu. Il avait suffit qu’il en parle à Kaori…  

Elle était là, près de lui, elle le regardait avec des yeux remplis d’amour mais aussi d’anxiété. Elle attendait qu’il dise quelque chose. Il le savait. Mais que devait-il lui dire ? Il avait encore du mal à accepter la faiblesse dont il venait de faire preuve. Elle lui sourit et elle lui dit une chose qui lui fit un choc.  

« _Ce n’est pas une faiblesse que d’admettre ses sentiments. Bien au contraire. Ce sont eux qui nous rendent plus forts. »  

Comment faisait-elle pour lire ainsi en lui ? Une petite voix lui souffla la réponse.  

C’est l’amour Ryô, tout simplement l’amour. Et toi aussi tu sais lire en elle, tu as toujours su le faire. Parce que tu aimes cette femme plus que ta propre vie. Et elle vient de t’offrir le plus beau des cadeaux : sa vie.  

 

« _Mon Sugarboy, c’est à moi de te demander pardon pour tout le mal que je t’ai fait. Tu ne méritais pas tous les affronts que je t’ai fait subir. Je sais que tu as souvent pleuré à cause de moi. Je t’entendais derrière la porte et je me maudissais de te faire souffrir alors que je n’avais qu’un seul désir : te serrer dans mes bras et te dire tout l’amour que tu m’inspirais. Mais je ne savais pas comment et j’avais peur de t’entraîner dans ma descente aux enfers. La vérité, c’est que tu es la meilleure chose qui ne me soit jamais arrivée. J’ai découvert des choses dont je ne soupçonnais même pas l’existence auprès de toi. C’est toi qui m’as offert mon premier Noël, c’est toi qui m’as donné une reconnaissance d’état civil en me donnant une date de naissance. Et quelle date en plus : notre première rencontre… Et j’ai failli tout perdre… Ce matin j’ai… Je n’ai pas su résister. Je crois que ça faisait trop longtemps que je luttais contre moi-même. Mais je n’avais pas imaginé que ça tournerait comme ça… »  

Il marque une pause.  

« _Ca fait 10 ans que je rêve de te faire l’amour Kaori. C’est de toi dont je rêve la nuit pas de Saeko ou Miki ou Kazue. Seulement de toi… Tout ce que je viens de t’apprendre de moi… C’était si lourd à porter… Merci d’être là pour moi… »  

Il prit son visage en coupe. Ce qu’il s’apprêtait à lui dire, il ne l’avait jamais dit à personne.  

« _Kaori, Mon Amour, je t’aime. Tu es la seule femme dans mon cœur. Tu comprends ? La seule.  

_Oh Ryô… J’ai tellement attendu que tu prononces ces mots. Je t’aime moi aussi. »  

Elle souriait et pleurait en même temps. Elle n’avait jamais été aussi heureuse de sa vie.  

« _Il t’en a fallut du temps pour le comprendre !  

_Que veux-tu, je suis un garçon lent, fit-il avec humour. Et maintenant ?  

_Maintenant ? Nous allons nous construire une vie pleine d’amour. Nous serons toujours un couple à part du fait de notre métier mais, si Mick et Kazue y arrivent, si Falcon et Miki y arrivent, pourquoi n’y parviendrions-nous pas ? Nous fêterons tous nos anniversaires ensemble… Et même plus tu verras… »  

 

Elle approcha ses lèvres des siennes. Le baiser fut tendre et délicat. Ils venaient de sceller leur promesse : celle de ne jamais laisser le destin les séparer…  

 

 


Chapter: 1 2


 

 

 

 

 

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