Chapter 3 :: La force des mots…

Published: 20-11-06 - Last update: 20-11-06

Comments: Bonjour à tous, voilà le dernier chap de cette petite fic qui est un peu plus court que les autres. J'espère qu'il vous plaira... Je remercie toutes les personnes qui m'ont laissé une petite review et je remercie d'avance celles qui le feront pour ce chap. Voilà il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture et Bizzzz à tous !!

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-« Ry… Ryo ?... », murmura-t-elle sans trop réaliser.  

Celui-ci esquissa un petit sourire empli de nostalgie, de tristesse et de joie mêlée. La lumière tamisée des bougies, accentuait encore plus les lignes de son visage. Comme tout cela lui avait manqué, et pourtant elle n’avait rien oublié de son regard sombre, de cette aura qui émanait de lui, de la puissance de ce corps qui semblait lui dire que près de lui elle serait toujours en sécurité. Le temps semblait comme suspendu à cet instant. Lentement, il s’approcha alors de son ancienne partenaire. Sans la quitter des yeux, il ne pouvait s’empêcher de la trouver très belle, très femme habillée et maquillée ainsi.  

-« Ca fait longtemps… », déclara-t-il à son tour.  

Celle-ci hocha la tête sans prononcer une parole, n’osant encore réaliser ce qu’il se passait. Si elle était bouleversée par ces retrouvailles, Ryo l’était tout autant. Il avait répété tant et tant de fois ce qu’il allait lui dire dans l’avion, mais à présent qu’il se trouvait devant elle, c’était comme s’il ne savait plus quoi dire. Il avait attendu ce jour comme un enfant espère la réalisation de son souhait. Et à présent la peur et les regrets l’intimidaient. Approchant sa main du visage de la jeune femme, il prit entre ses doigts quelques mèches de cheveux.  

-« Ils ont poussé… Ca te va bien… »  

-« Mhm... Sayuri ne m’a guère laissé le choix », répondit-elle émue par ce geste.  

-« Elle a eu raison… »  

Un lourd silence s’installa alors entre eux. Tellement de question, tellement de tristesse non exprimées pesaient sur leur cœur. Comment crever cet abcès qui avait grandi entre eux durant ces six mois ?... Plus que jamais Kaori se trouvait déboussolée ne sachant comme réagir face au nettoyeur. Elle qui avait tant souhaité son retour, ne savait plus si à présent elle voulait se jeter dans ses bras ou le repousser de toutes ses forces, afin de le faire souffrir comme elle avait souffert.  

-« Kaori je… »  

-« Non !!, l’interrompit-elle. Tu n’as pas à t’excuser. Tout a été de ma faute, j’ai bien compris ta décision… »  

-« Crois-tu en avoir réellement compris le sens ? », questionna-t-il.  

Voyant qu’elle baissait la tête, d’un geste empli de douceur il lui redressa le visage l’obligeant à soutenir son regard.  

-« L’as-tu vraiment compris ? », reprit-il.  

-« Peu importe… J’ai bien réalisé à présent que durant toutes ces années je ne t’ai de loin pas facilité la tâche ».  

-« C’est sûr qu’une assistante adepte de la massue n’était pas une association de tout repos !! », plaisanta Ryo afin de dédramatiser un peu la situation.  

Elle esquissa à son tour un léger sourire. Puis s’éloignant un peu du nettoyeur, elle esquiva la question qu’il venait de poser pour lui demander ;  

-« Qu’est-ce qui t’as poussé à venir à New York, toi qui as tellement peur de l’avion ? »  

-« Disons que tu as une petite fée près de toi, qui sait se montrer très persuasive quand il faut. Et puis surtout… Il y a des mots qui touchent plus profondément que certains actes ».  

-« Des mots ? », fit Kaori sans comprendre l’allusion.  

Sortant de sa poche une feuille de papier, il le lui tendit. Parcourant du regard les lignes, elle écarquilla les yeux en découvrant son écriture et ses propres paroles. Se postant à son tour devant la fenêtre, les mains dans ses poches, Ryo reprit ;  

-« Je pensais agir pour ton bien en t’éloignant de moi… Je pensais ainsi agir dans le sens que ton frère aurait voulu, à savoir te donner la possibilité de vivre une autre vie… Mais quelle ironie du sort… Au lieu de faire ton bonheur je ne t’ai que plus intensément acculée à la douleur !! Pourtant je ne veux pas te trouver un jour morte, tuée par une balle qui n’aurait jamais dû te transpercer… Ce n’est pas ça la vie !! »  

Tout en l’écoutant parler, Kaori ne pouvait que contenir la tristesse et les regrets qui grandissaient en elle. Pourquoi arrivait-il maintenant à parler de cette façon, alors que tout aurait été si simple à en faire de même six mois plutôt. Parler au lieu de se faire du mal… Elle réalisait à présent à quel point lui aussi avait souffert. A quel point il vivait avec la peur au ventre de ne pas respecter la promesse faite à Makimura huit ans plus tôt.  

Posant alors sa main tremblante par l’émotion qui l’habitait sur le bras du nettoyeur, elle lui murmura ;  

-« Ryo… Je préfère mourir d’une balle en plein cœur en étant jusqu’au bout à tes côtés plutôt que de vieillir loin de toi…Ces mots que j’ai couché sur le papier sont ceux que je me répète inlassablement depuis six mois. La mort ne me fait plus peur, mais c’est la vie sans toi qui m’effraie le plus… Je suis prête à tous les sacrifices pour rester près de toi !! »  

-« Non !! Je ne veux pas de ça… Ce n’est pas sur des sacrifices que je veux que tu fondes une vie avec moi… Et plus que tout, je veux que tu vieillisses !! »  

Que venait-il de dire ?... Elle n’était pas certaine de comprendre. Plongeant son regard dans le sien, elle tenta de le sonder, mais tel le professionnel qu’il avait toujours été, elle ne réussit qu’à y voir la profondeur de ses prunelles. Pourquoi ne laissait-il rien paraître alors qu’il venait de faire tous ces kilomètres pour la retrouver ?... Pourquoi ne disait-il pas les choses clairement au lieu de ne parler qu’à demi mot ?... Parce qu’il avait toujours été ainsi. Cet homme rempli de mystères que les ténèbres entouraient. Mais ces fantômes, elle avait appris à les apprivoiser, elle avait appris à vivre avec.  

A nouveau un instant de flottement s’installa entre eux. Quelle sensation étrange… Ils avaient vécu ensemble pendant huit ans, et à présent ils se comportaient l’un vis-à-vis de l’autre comme s’ils se découvraient. En un sens cela était bien le cas, depuis six mois qu’ils ne s’étaient vus, ils se redécouvraient. Ils furent interrompus par l’entrée de Sayuri.  

-« Je ne fais que passer, précisa-t-elle un petit sourire de connivence au coin des lèvres. Puis s’approchant de sa sœur, elle l’embrassa sur le front en lui soufflant au creux de l’oreille, Joyeux Noël ».  

Avant de quitter définitivement l’appartement, elle remercia Ryo d’un signe de tête. A présent, leurs destins étaient entre leurs mains à tous les deux. Mais elle faisait confiance en la vie.  

Le cliquetis de la porte, leur appris qu’ils se trouvaient à présent seuls. Seuls avec leurs sentiments…  

-« Ryo je ne suis pas sûre de comprendre… »  

Souriant, il dut admettre qu’elle ne lui faciliter pas la tâche. Lui qui n’avait jamais été très doué pour exprimer ses sentiments devait à présent se faire violence pour réussir à laisser parler son cœur. Mais comment trouver ces mêmes mots qui l’avaient tellement touché, pour lui exprimer ce qu’il désirait tout au fond de lui ?... Bien sûr en venant ici, il savait ce que cela signifierait. Il savait qu’une fois en face de Kaori, elle n’accepterait pas de se faire rejeter comme il l’avait fait. Et bien qu’elle lui avait dit ne pas lui en vouloir, il savait que la blessure serait longue à refermer. Inspirant profondément, il s’exhorta au calme. La seule fois où son cœur avait battu aussi vite, fut ce jour où il avait cru la perdre pour toujours.  

-« Oui je veux que tu vieillisse mais à mes côtés… Je veux pouvoir admirer ton sourire chaque jour, entendre ton rire et poser mon regard sur ton visage. J’ai bien conscience que de te déclarer cela six mois plus tard est un peu idiot ».  

Portant son autre main à sa joue, elle la lui caressa doucement. Les larmes aux yeux, elle lui souffla ;  

-« Que sont ces petits mois face aux huit années où j’ai attendu que tu me parles ainsi… »  

Touché par sa bonté d’âme, il tourna la tête et déposa un baiser dans la paume de sa main.  

-« Me pardonneras-tu un jour tout le mal que je t’ai fait ? »  

-« Quel mal devrais-je te pardonner puisque tu en connais toi aussi la douleur… »  

Essuyant de son pouce une larme qu’elle n’avait pas réussi à retenir, il ne savait que dire. Doucement alors, il suivit une ligne sur sa joue, et caressa avec cette même douceur sa lèvre inférieure. Puis lentement sans précipitation aucune, son pouce fut remplacé par ses lèvres. Fermant les yeux, ce fut alors un torrent de larme qui se déversa sur les joues de Kaori, conférant un goût salé à leur tout premier baiser…  

Doucement la magie de ce réveillon les emporta tous deux, et à travers les caresses et les baisers échangés, ils mesuraient chacun le bonheur d’être aimé et d’aimer. Ce furent ensemble qu’ils apprirent le véritable sens du mot amour, chacun se donnant à l’autre dans une promesse d’avenir.  

Tournée vers la fenêtre, toutes lumières éteintes, Kaori observait la neige tomber. Le corps de Ryo serré au sien, son bras entourant sa taille en un geste de protection et de possession, elle entremêla ses doigts aux siens. Comment définir ce qu’elle venait de vivre ?... Comment définir la joie d’être devenue femme dans les bras de celui pour qui elle nourrissait depuis tant d’années de tendres sentiments ?... Ses pensées s’envolèrent alors vers Sayuri. Comment lui dire toute la gratitude qu’elle ressentait. Sans elle et sans son intervention, elle serait encore là, à tenter de panser cette douleur qui ne voulait pas la quitter. Ryo avait parlé d’une fée, il était évident qu’elle était plus que ça. Elle venait de lui offrir le plus beau cadeau. Plus que tout, la statue qu’elle comptait lui offrir, la représentait elle et sa sœur. Oui, elle ne doutait plus de la signification profonde qu’elle dégageait…  

Se retournant afin de faire face à Ryo, elle l’embrassa légèrement sur les lèvres avant de lui déclarer ;  

-« Joyeux Noël… »  

Posant son front contre le sien, il la rapprocha un peu de plus de lui, et répondit avec amour ;  

-« Je serais toujours là... »  

~ FIN ~  

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