Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 55 chapters

Published: 11-04-21

Last update: 24-08-21

 

Comments: 36 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapter 25 :: Chapitre 25

Published: 25-06-21 - Last update: 25-06-21

Comments: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 25  

 

- Allez, Sugar, c’est l’heure de se faire toute belle.  

 

Je te regarde un instant toujours endormie. Cela fait quinze jours maintenant que je sais que tu es dans le coma, quinze jours où nous avons tous pris un certain rythme. Mick passe tous les matins après Tatsuya et l’après-midi, Miki ou Umi passe à leur tour. Saeko passe de temps à autre le soir quand elle en a le temps. Moi, je suis là plusieurs heures par jour et presque toutes les nuits comme celle-ci où je dors parfois sur le lit d’appoint et souvent à côté de toi. Ca me fait du bien d’être proche de toi même si une couverture nous sépare. J’entends ta respiration. Je sens ton bras contre le mien. Je peux toucher ton visage, poser la main sur ton ventre pour le sentir se soulever. Ca me suffit.  

 

Contrairement à mes habitudes à la maison, je me lève aux aurores ici, en même temps que le changement de service. Ca me laisse le temps de me préparer avant le passage de la première infirmière. Ca n’est pas un gros sacrifice et j’en profiterai peut-être pour te demander des compensations plus tard, me dis-je en souriant.  

 

La bassine d’eau chaude non loin, j’enfile le gant et met un peu de gel-douche dessus. C’est le tien, celui que tu aimes. Je veux que tu te sentes le plus possible comme chez toi et le Professeur est d’accord. Il paraît que ça peut stimuler tes neurones et te permettre de revenir plus vite. Je lave ton visage, le rince avant de le sécher et de te mettre un peu de crème hydratante.  

 

- Combien de fois me suis-je moqué de toi quand tu faisais cela ? Et maintenant, c’est moi qui te la mets. Ca m’apprendra., te dis-je en riant.  

 

Je descends la couverture et lave tes bras avant tes jambes. Je prends mon temps pour masser tes membres avec une autre crème. Tatsuya m’a montré comment faire pour que ça soit à la fois agréable et utile. Je m’applique sur les cicatrices avant de dénouer les liens de ta blouse et d’en écarter les pans. Je te relève doucement et pose ta tête contre mon épaule. Après avoir fait glisser le tissu de tes épaules, je frotte ton dos, prenant mon temps. J’apprécie de te sentir ainsi contre moi. Je pose ma joue contre tes cheveux et je te murmure des mots doux. Un instant, je m’immobilise, la main sur ta nuque, et apprécie ce moment pour ce qu’il me rappelle et la force qu’il m’apporte.  

 

- Je t’aime, Kaori., conclus-je cet aparté, déposant un baiser sur ta tempe.  

 

Je saisis la blouse propre que j’ai posée derrière moi et te l’enfile avant de te reposer sur le matelas. Dernière ligne droite, ta poitrine et ton ventre. Je passe le gant une première puis une deuxième fois avant de te sécher. Je regarde ta poitrine et ton ventre dénudés avec une envie folle de te toucher et retrouver ses sensations, de t’entendre gémir, de voir ton regard se voiler. J’en ai envie, je pourrais le faire mais je me fais l’effet d’un pervers. Tu es inconsciente, pas juste endormie, inconsciente et ça fait toute la différence. La tension en moi redescend et je chauffe la crème dans mes mains avant de les poser sur tes clavicules avant de descendre.  

 

Je prends mon temps et te masse sans aucune intention sexuelle. Je sens tes côtes juste sous mes paumes, ce qui m’inquiète toujours autant. Ta poitrine n’a pas souffert a priori. Elle emplit toujours mes mains comme elle le faisait. Je descends sur ton abdomen appliquant la crème largement avant de m’appliquer sur ta cicatrice. Ta peau est douce et souple sous mes doigts. Je sens une légère différence par rapport à ton arrivée et ça me motive à continuer.  

 

Entendant du bruit dans le couloir, je referme le haut de ta blouse pour cacher ta poitrine avant de continuer. Mes doigts descendent sous ton nombril, parcourent les deux autres centimètres et, bien que la cicatrice soit finie, je ne peux m’empêcher pour une fois de continuer plus bas. Je ne compte pas non plus profiter de la situation. J’ai juste envie de prolonger ce moment encore un peu. Mes doigts glissent sur ton bas-ventre, remontent jusqu’à ton nombril et redescendent, ainsi de suite pendant quelques instants jusqu’à ce que je m’immobilise.  

 

- Ce n’est pas possible…  

 

Je sens une masse juste là et je ferme les yeux. Tu ne devrais pas avoir de masse là. J’ai eu un an pour apprendre les détails de ton corps et je n’ai pas oublié tout cela en dix semaines. Hémorragie, tumeur, autre chose ? Ils n’avaient rien décelé à l’hôpital mais peut-être sont-ils passés à côté de quelque chose ? Je ne peux pas y croire. Je ne veux pas croire que tu vas encore devoir traverser une nouvelle épreuve. Est-ce ce qui te maintient dans cet état ?  

 

Je referme ta blouse, remet les draps sur toi après avoir retiré la blouse sale, remballe tout ce que j’ai utilisé et sors de ta chambre pour aller trouver mon vieil ami.  

 

- Il y a un problème avec Kaori.  

 

Il se tourne vers moi, fronçant les sourcils. Sans un mot, il me fait signe de prendre place face à lui dans son bureau. Je n’en ai pas envie. J’ai envie qu’il me dise qu’il vient voir ce que tu as sans perdre de temps. Si c’était dangereux ? Si ça pouvait, je ne sais pas moi, se rompre, exploser ? J’imagine les microbes envahir ton ventre, contaminer tes organes, ton sang et te voir mourir.  

 

- Explique-moi ce qui te fait dire cela., m’invite-t-il, prenant un air impassible.  

- J’ai… J’ai senti une masse dans son ventre ce matin en m’occupant d’elle., lui dis-je, pointant l’endroit sur mon propre corps.  

- Elle y était hier ou les jours d’avant ?, me demande-t-il.  

- Je ne sais pas. Je n’ai pas fait attention les autres jours. A vrai dire, je ne descends pas jusque là d’habitude. Je m’arrête juste en dessous de la cicatrice. Qu’est-ce que ça pourrait être, Professeur ?  

 

Je suis anxieux et ça s’entend à ma voix. Il me regarde, scrutant mes traits.  

 

- Ne panique pas, Ryo. Ca peut être anodin. On va aller voir cela., m’annonce-t-il calmement, se levant.  

 

Nous revenons à deux dans ta chambre où Kazue fait tes soins. Nous la laissons terminer même si je la trouve extrêmement lente aujourd’hui. Je sais que je suis injuste, que c’est juste mon inquiétude qui parle.  

 

- Il n’y avait pas d’examen prévu pour Kaori, il me semble., nous fait remarquer Kazue, fronçant les sourcils.  

- C’est vrai mais Ryo a remarqué quelque chose., répond le Professeur.  

- Ce n’est pas la peine de remonter les draps, Kazue., lui fait-il savoir.  

 

Elle acquiesce, s’écarte et il prend sa place pendant qu’elle range son plateau de soins.  

 

- Qu’est-ce que tu as trouvé ?, me demande-t-elle, curieuse.  

- Une masse dans le bas-ventre. Vous l’avez, Professeur ?  

- Oui., me dit-il, concentré sur la palpation.  

 

Je croise furtivement son regard sombre avant qu’il ne le tourne de nouveau vers toi. Il prend ton dossier que Kazue transporte et y jette quelques notes.  

 

- Prise de sang à faire, Kazue, et on va tout de suite faire une écho., annonce-t-il.  

- A quoi pensez-vous ?, lui demandé-je, inquiet.  

- Je crois que Kaori est enceinte., pipe-t-il.  

 

Je le regarde sans y croire. Tu ne peux pas être enceinte… Tu es protégée depuis plus d’un an. Je me souviens de ce que tu m’avais dit, que tu étais protégée pour trois ans et, d’après les informations que j’ai lues par la suite, c’est un dispositif fiable. Mais fiable ne veut pas dire infaillible. J’aurais dû être plus prudent…  

 

- Elle a un implant, Professeur., intervient Kazue.  

- C’est moi qui le lui ai implanté et elle ne l’a pas enlevé depuis., ajoute-t-elle.  

 

Elle fait le tour du lit et soulève ton bras, tâtant la zone que tu m’avais signalée l’année dernière. Elle y passe un long moment avant de simplement tenir ton poignet en fixant l’endroit.  

 

- Je ne le sens plus., murmure-t-elle.  

- Il était implanté près de la zone lésée. Il a peut-être été enlevé pendant qu’on s’occupait d’elle juste après l’accident. La contraception aura perdu son effet dans les heures qui ont suivi., suppose-t-il.  

- Va me chercher l’appareil, Kazue., lui demande-t-il d’un ton ferme pour la sortir de son étonnement.  

 

Elle repose ton bras doucement et sort de la chambre. Mon regard est fixé sur ton ventre. Je ne peux l’en retirer. Je m’attendais à tout sauf à ça. Je n’arrive pas à y croire.  

 

- Ca va aller, Ryo ?, m’interroge mon ami.  

- Je… Je ne sais pas., admets-je dans un murmure.  

- Je peux me tromper., me dit-il.  

 

Je relève les yeux sur lui et le scrute sans vergogne. Il ne cille pas sous mon regard mais me laisse lire en lui comme il doit comprendre que j’en ai besoin. Il est calme et je ne ressens aucun jugement venant de sa part.  

 

- Mais vous êtes quasiment sûr de votre diagnostic. Pour vous, ça ne fait pas de doute, n’est-ce pas ?, lui réponds-je, tendu.  

- Oui. Il est fait mention dans son dossier de l’hôpital de l’existence de l’implant mais nulle part de son retrait. Ca explique qu’ils ne se soient pas inquiétés quand elle n’a pas eu ses règles… et aussi pourquoi je n’ai pas testé quand elle est arrivée ici. Je n’avais pas de raison de soupçonner une grossesse., m’explique-t-il.  

- Je ne suis pas fâché contre vous, Professeur. Si je le suis, c’est contre le destin qui ne cesse de s’acharner.  

 

Si je le suis… parce que je ne sais pas exactement ce que je ressens pour le moment. J’ai surtout l’impression d’être anesthésié ou d’être dans un rêve dont je vais me réveiller et tout ça n’aura pas existé, ce qui serait certainement la meilleure chose pour moi. Je me réveillerais, me doucherais puis habillerais et après un café pris avec mon ami, je m’occuperais de toi sans trouver cette masse passée inaperçue pendant des semaines. Cette masse… un bébé… notre bébé.  

 

Kazue revient, traînant avec elle l’appareil qu’elle amène près du lit.  

 

- Tatsuya vient d’arriver., nous prévient-elle.  

- Je pense qu’il devrait être mis dans la boucle., me dit le Professeur, me regardant.  

- Pourquoi faire ?  

 

Mon ton est neutre et je soutiens son regard en restant impassible.  

 

- Parce qu’il faut intégrer ce nouvel élément dans sa prise en charge, même si ce n’est que temporaire., me fait-il savoir, attendant ma réponse sans me presser.  

 

Je réfléchis et acquiesce. Je veux le meilleur pour toi et ça impose de tenir compte de toutes les données.  

 

- Fais entrer Tatsuya, Kazue., lui demande-t-il.  

 

Elle va chercher le kiné qui me salue en entrant dans la pièce, un peu surpris de nous voir tous réunis.  

 

- Bonjour. Il y a un souci avec Kaori ?, nous interroge-t-il.  

- On va le savoir dans quelques minutes., réplique mon vieil ami.  

 

Je le vois appliquer un gel transparent sur ton ventre avant de l’étaler à l’aide d’une sonde. L’image à l’écran se précise et j’approche de toi, prenant ta main. Je n’ose imaginer ta réaction si tu étais réveillée. Tu serais peut-être émue à l’imminence de cette rencontre qui serait certainement un moment magique pour toi mais également anxieuse de ma façon de réagir à l’annonce de ta grossesse. Je ne sais pas si je réagirais mieux si tu étais réveillée.  

 

Tentant de garder mon calme, je regarde mon ami déplacer l’appareil sur ton ventre, cherchant la confirmation de son diagnostic. Je vois les lignes noires et blanches s’aligner, changeant rapidement de formes au gré du voyage de la sonde puis une surface noire s’affiche entourée de cette surface striée de noir et blanc et, soudain, il est là. Je n’ai aucune compétence d’échographe mais je sais ce que c’est quand cette petite forme humaine apparaît.  

 

Mes yeux ne peuvent la quitter. Je la vois reposer sur le lit qu’est le sien au creux de ton ventre. Des petits mouvements brusques l’agitent par moments mais, globalement, il est calme, je dirais même discret. Un bébé… Tu es enceinte… Tu es dans le coma et attends un bébé… Notre bébé…  

 

- Il va bien ?  

 

Ma voix n’est qu’un murmure. Je me sens faible, proche de vaciller. J’ai supporté beaucoup de choses jusque maintenant mais je ne sais pas si je pourrais en supporter plus.  

 

- Oui. C’est un bébé d’un peu plus de dix semaines de taille et poids normaux, parfaitement développé., m’annonce le Professeur.  

- Comment est-ce possible ? L’accident, les opérations, les arrêts cardiaques… Comment est-ce possible ?, dis-je d’une voix qui me semble irréelle.  

- C’est possible, Ryo. Un miracle de la nature., muse mon ami.  

 

Je ne ressens aucune malice dans sa voix, juste du réalisme. Il en a vu des choses depuis toutes ces années, des miracles, des choses qui n’auraient pas dû se passer comme elles l’ont fait, des normalités. J’entends soudain un battement sourd et régulier emplir la pièce. Ca dure quelques secondes mais ça perdure dans mon cerveau après qu’il ait coupé le son. Je regarde l’écran, passe sur le visage du Professeur qui affiche un masque neutre puis celui de Kazue émue, le regard brillant.  

 

- Je vais adapter la rééducation en fonction de sa grossesse., intervient Tatsuya.  

- Très bien. On va te laisser travailler. Je suppose, Ryo, que cet élément doit rester entre nous pour un moment., suggère le Professeur, éteignant la machine.  

 

Je me tourne vers lui et le vois prendre le papier que Kazue lui a donné pour essuyer ton ventre. Machinalement, j’acquiesce, incapable de parler pour le moment.  

 

- Je compte donc sur votre silence à tous les deux., fait-il à Tatsuya et Kazue qui hochent la tête.  

- Viens, Ryo. Laissons Tatsuya travailler. Nous devons parler., ajoute-t-il à mon intention.  

 

Je t’observe une dernière fois avant de le suivre sans mot dire, sentant le regard inquiet de Kazue sur moi. Il m’emmène dans son bureau où il me fait signe de m’asseoir avant de sortir deux verres et une bouteille de whisky d’une armoire.  

 

- Ca faisait longtemps que je ne l’avais plus sortie…, lâche-t-il, versant deux doses dont une double qu’il me tend.  

 

Je prends le verre et fait tourner le liquide à l’intérieur un moment, le regard rivé dessus. Je revois en boucle tous les évènements de ce matin. Moi te lavant, puis massant avant de tomber sur cette masse, arrivant dans ce bureau puis retournant à ton chevet et lui m’annonçant que tu es enceinte…  

 

- Dites-moi que c’est un cauchemar…, finis-je par murmurer.  

- Tu n’as pas rêvé, Ryo. Kaori est enceinte. Ca n’aurait pas dû arriver mais c’est là malgré tout et il va falloir que tu prennes une décision., me dit-il.  

 

Je relève les yeux, surpris. Une décision ? Encore une décision à prendre ? Mon cerveau sait parfaitement où il veut en venir mais n’arrive pas à l’intégrer.  

 

- Je connais ta position sur le sujet, Ryo. Il va falloir que tu décides si elle va mener cette grossesse à terme ou si je dois l’avorter., m’apprend-il.  

- Mais pour quelle raison je la ferai avorter ?, l’interrogé-je, perplexe.  

- On peut invoquer la raison de santé. Kaori n’est après tout pas dans un bon état., me fait-il savoir, impassible.  

- Je… Je ne sais pas. Je ne veux pas d’enfant mais de quel droit je peux décider de ce qu’elle ferait de son corps. Comment réagira-t-elle lorsqu’elle se réveillera et apprendra qu’elle a porté la vie et que je l’ai privée de son bébé et, au contraire si elle n’en veut pas et que je décide qu’elle doit le garder, comment le vivra-t-elle ? Et si je le garde et qu’elle ne se réveille jamais ? Et si je ne le garde pas et qu’elle ne se réveille jamais ?, fais-je d’une voix tendue.  

- C’est un problème insoluble. Je ne veux pas prendre cette décision. Je ne peux pas être celui qui décidera du sort de son enfant. J’ai… J’ai besoin de prendre l’air.  

 

Je me lève et repose le verre auquel je n’ai même pas touché. Sans un au revoir, je me dirige vers la porte et m’apprête à l’ouvrir lorsque la voix du Professeur m’arrête.  

 

- Tu oublies une chose, Ryo. Ce n’est pas son enfant. C’est le vôtre. Tu ne l’as peut-être pas voulu mais ne l’as-tu jamais désiré ?, me demande-t-il.  

 

Mes doigts se crispent sur la poignet en métal à tel point que je sens les angles meurtrir ma paume.  

 

- Je ne peux pas avoir d’enfant. C’est déjà de la folie que j’ai accepté de la laisser entrer dans ma vie., réponds-je sombrement.  

- Regardez à quoi ça nous a menés.  

 

Je sors sans attendre sa réponse et me dirige vers la sortie. Je n’ai pas la force de venir te voir. J’ai besoin d’être seul, de réfléchir. Cette conversation m’a sorti de l’espèce de catatonie qui m’avait pris à la nouvelle et réveille les sentiments. Je suis en colère, Kaori. Je suis en colère contre le destin qui nous joue ce nouveau tour, contre celui qui a oublié de noter le retrait de l’implant, contre les médecins qui n’ont pas pensé à vérifier cette donnée, contre moi pour ne pas l’avoir remarqué plus tôt et contre toi qui es toujours inconsciente et me laisse avec cette alternative : garder ou non ce bébé ?  

 

Un bébé… Que ferais-je d’un bébé ? C’est petit, sans défense, ça demande une attention constante, un engagement de tous les jours… Ce n’est pas pour moi et je le sais. Ca ferait un être de plus à protéger, une bouche à nourrir, une contrainte à supporter. J’ai toujours écarté cela de mes plans d’avenir. T’accepter dans ma vie, c’était le maximum que je pouvais faire. Prendre la responsabilité d’un enfant, assurer son éducation, l’aimer, assurer son bonheur, ce n’est pas dans mes cordes. Je suis un tueur, Kaori. Un tueur prend la vie, il ne la donne pas. Est-ce que je dois continuer à agir comme tel, ne me baser que sur ce fait et demander au Professeur de t’avorter ?  

 

Je tombe à genoux devant la stèle de ton frère, me sentant nauséeux, fou de rage, faible et au bord de l’implosion. Mes doigts agrippent l’herbe, cherchant à contenir le tremblement de colère et d’impuissance qui monte. Pourquoi tu me fais ça, Kaori ? Pourquoi tu ne te réveilles pas pour me dire ce que je dois faire ? Pourquoi tu es tombée enceinte ? Pourquoi je dois prendre la décision seul au risque de te perdre, de nous perdre ? Je ne suis pas prêt pour cela. Je ne suis pas fait pour cela.  

 

- Maki, fais-la se réveiller. J’ai besoin d’elle maintenant. J’ai besoin qu’elle me dise ce qu’elle veut.  

 

J’enrage de n’obtenir encore une fois aucune réponse. Tu es silencieuse, il est silencieux. Je fais quoi moi si vous me lâchez tous les deux ? Je pensais que je venais de vivre les pires semaines de ma vie et voilà que s’en annoncent d’autres ? Alors tout ce chemin qu’on a fait depuis dix semaines c’était pour en arriver là ? Me mettre devant une décision impossible à prendre ? T’as pas le droit de me faire ça, Kaori ! T’as pas le droit de me lâcher au moment le plus important ! Je ne veux plus prendre toutes ces décisions pour toi. Je ne suis pas taillé dans ce bois-là !  

 

Je suis un homme libre de toute attache, sans avenir, sans passé, qui ne vit que pour le moment présent et les plaisirs éphémères. Je suis un irresponsable, allergique à toute forme d’engagement, qui se fout de tout et de tous. Putain, qu’est-ce qui m’a pris d’accepter ce simulacre de vie maritale ? Qu’est-ce que tu as fait de moi ? Je ne veux pas de cette vie-là, je ne veux pas de ces responsabilités-là. Je veux recommencer ma vie d’avant où tout était beaucoup plus simple : l’alcool, les cigarettes et les filles, toutes les filles mokkori dont je croiserai le chemin, pas juste une, toutes et dans mon lit. Je ne veux plus rendre de compte à qui que ce soit. Je suis libre ! LIBRE !  

 

- Je te la rends, Maki. Tout ça, ça va beaucoup trop loin. Elle sera bien mieux sans moi. Adieu.  

 

Sans plus un mot, je me redresse et m’éloigne de la stèle sans un regard en arrière. Je me demandais quelles étaient mes limites, je viens de les trouver. Je ne voulais pas te décevoir ni te faire souffrir, Kaori, mais tout cela, c’est fini pour moi. Je rentre à l’immeuble et, avant même de monter à l’appartement, je m’engouffre dans les coins sombres des sous-sols. J’en sors l’argent liquide que j’ai accumulé pendant des années tout en te laissant penser que je dépensais tout au gré du vent. Il y a encore une bonne partie de ce que j’ai piqué à l’Union Teope et aussi un peu au ragondin. Ca te… vous fera un bon matelas pour vivre. Ca sera ma dernière action pour toi : donner cela au Professeur pour qu’il te le remette quand tu pourras sortir de la clinique.  

 

Cela fait, je monte à l’appartement, jette le sac dans un coin, prêt à l’oublier le temps qu’il fasse son dernier voyage, passe par la chambre et ressors presque aussitôt. Je n’ai pas envie de rester là où les souvenirs sont trop présents. Je repars de là à pieds, fais le tour de mes indics avant de commencer celui des bars. Il est à peine deux heures.  

 

Lorsque j’arrive à l’entrée du premier cabaret le soir même, j’ai bu je-ne-sais-combien de verres mais je me sens à peine ivre. Mes sens sont juste suffisamment grisés pour oublier un peu la douleur qui monte progressivement en moi suite à ma décision. L’objectif de la soirée est clair pour moi : boire, boire et encore boire jusqu’à en perdre la raison, retrouver mes instincts et lutter contre ton emprise. Je ne veux plus de ton empire mais de celui de l’alcool et de la luxure. Et mes petites bunnies sont de la partie ce soir, visiblement plus que ravies de me retrouver. Mon gosier brûle de l’alcool ingéré, mes mains brûlent de leurs peaux dénudées, mes narines de leurs odeurs capiteuses et mon mokkori de se retrouver aussi serré dans mon jean.  

 

- Allez les filles, c’est la fête ce soir !  

 

Elles gloussent et se trémoussent, ma raison s’émousse. Je sens cet élan qui me pousse à satisfaire toutes les pulsions qui me passent par la tête et le caleçon, l’ivresse de la liberté retrouvée sans peur de recevoir une massue pour mes pensées déplacées, l’exaltation des sens. Je ne me fais pas prier lorsque l’une d’elles capture mes lèvres et en quémande l’ouverture, glissant une langue chaude et agile dans ma bouche. Je tressaille sous la souplesse de l’appendice, la manière dont il entoure le mien, l’imaginant très bien se mouvoir sur une autre partie de mon corps.  

 

- Tu as quelque chose de prévu ce soir ?  

 

La question est directe. Il n’y a pas de sentiments impliqués, juste deux adultes qui savent qu’ils vont se faire plaisir.  

 

- Non. Tu veux venir chez moi ?, me demande-t-elle, le regard brillant d’intérêt.  

- Je compte bien finir la soirée en agréable compagnie.  

- Tu sais, je suis disponible aussi., me propose une autre.  

- Oh… mais j’ai de quoi satisfaire deux femmes s’il le faut. Si vous ne vous bouffez pas le nez, on peut très bien s’amuser à trois.  

- Le nez, non… mais je peux lui bouffer autre chose., susurre la première avant de suçoter mon lobe d’oreille.  

- J’aimerais bien voir ça.  

 

Ma conscience n’est qu’un lointain souvenir dont j’entends très faiblement la voix dans mon esprit embrumé. La soirée touche à sa fin. Les filles sont toujours sur mes genoux. Elles m’embrassent, me caressent, se pressent contre moi. Je bois comme un trou, comptant deux, maintenant trois bouteilles de whisky vides alors que je me verse un dernier verre, mais, malgré tout, je me sens encore frais comme un gardon. Putain, combien m’en faut-il pour parvenir à l’oubli le plus total ?  

 

- Tu viens, on va chez moi tous les trois, mon chou., me dit la bunny chez qui je vais baiser ce soir.  

- Il était temps. J’espère que vous êtes encore fraîches, les filles, parce que j’ai de l’énergie à revendre., leur dis-je, sentant mes pulsions inonder mes veines.  

 

Elles rient de mon affirmation, se disant très certainement qu’avec tout l’alcool que j’ai ingurgité, je vais bander mou mais c’est loin d’être le cas. Elles vont en prendre plein la vue, pour rester poli, et jusqu’au bout de la nuit, voire jusqu’à leur prochain service. J’ai quelques mois voire années de service à rattraper…  

 

L’air frais me fouette le visage et me dégrise un peu. Un bras entourant la taille des deux jeunes femmes, je laisse notre logeuse temporaire nous guider vers l’antre de la luxure.  

 

- Au fait, tu ne nous as pas dit comment tu t’appelais…, me fait remarquer l’une d’elles.  

- On s’en fout. De toute façon, on ne sera pas amenés à se revoir., lui réponds-je cyniquement.  

 

C’est un plan d’une nuit, pas d’une vie. Aucun lien, aucune responsabilité, juste un vague souvenir d’un énième visage anonyme dans l’extase. Ca a du bon d’être libre et libéré. Mon cœur se serre douloureusement mais je le fais taire. Ca passera. J’oublierai. J’oublierai ce qui aurait pu être. J’oublierai ce qu’on a été. J’oublierai ce qu’on est. J’oublierai nous. 

 


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