Chapter 9 :: Le dernier choix

Published: 04-04-06 - Last update: 04-04-06

Comments: Comme promis à Sabi (il devrait te plaire ce chapitre). Avant dernier chapitre d'une fic, qui, de mon point de vue, n'a pas beaucoup laissé le temps au lecteur de souffler. Quel stratagème a pu monter Seiya ? Et pourquoi Ryô semble-t-il si confiant? ... mais est-ce vraiment de la confiance? Ou du détachement ? De la lassitude ? Il n'a certainement pas envie de tuer son frère. Et Kaori, au-delà de la peur qu'elle a pour lui, doit se sentir bien impuissante. Le combat qui va se livrer, ne sera-t-il pas entre deux Ryô possible ? Je me répète, mais, ce chapitre est aussi un condensé des relations City Hunter (sans l'humour je le reconnais...) On y trouve les tourments de Ryô, le sacrifice de Kaori pour éviter que Ryô souffre, la froide compréhension de Falcon... Le dernier choix...

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Toujours cette nausée et cette sensation d'avoir la tête légère... vide. Kaori ouvrit la bouche pour aspirer une bouffée d'air et sentit une saveur amère sur sa langue et sur son palais. Ce goût aigrelet lui rappela le gaz soporifique.  

Ryô...  

Elle ouvrit les yeux et leva la tête. Elle voyait le monde à travers un voile embuée. La pièce où elle se trouvait était grande, claire, le plafond voûté était soutenu par des grosses colonnes en marbre.  

Où suis-je ?  

Elle cligna les paupières afin de dissiper le brouillard qui lui voilait le regard. Elle se sentait fatiguée, éreintée. Avec un énorme effort, elle se redressa à demi. Ses poignets étaient serrés par des menottes qui lui liaient les bras en arrière, autour d'une des colonnes.  

Pas très loin, elle aperçut une piscine, de merveilleux gradins en marbre et des tapis luxueux.  

Á sa droite, à quelques mètres d'elle, il y avait Umibozu, lui aussi attaché avec des menottes à une colonne. En l'observant elle comprit qu'il était également en train de se remettre des effets du gaz.  

Attaché à une colonne face à elle, elle vit Ryô. Il se trouvait à une dizaine de mètres et il avait du mal à rester droit. Son regard paraissait perdu dans le vide, absent. Est-ce qu'il n’avait pas encore retrouvé ses esprits ?  

Elle ouvrit la bouche pour l'appeler mais sa gorge sèche n'émit aucun son. Sa tête tournait vertigineusement.  

Je dois me reprendre !  

Puis avec le bruit caractéristique d'une porte qui s'ouvrait, Kaori vit Seiya apparaître dans son champ visuel.  

« Très bien ! » l'entendit-elle commenter « On vous a disposés exactement comme je l’avais ordonné ! »  

Il s'approcha de Ryô qui sembla ne pas le voir. Seiya le fixa dégoûté tout en secouant la tête.  

« Tu devrais avoir honte, Ryô ! » s'exclama-t-il avec mépris « Autrefois tu te serais repris beaucoup plus rapidement ! Un peu de froid et de faim n'aurait jamais été suffisant pour te rendre si vulnérable ! »  

Ryô ne changea d'expression, il semblait totalement désorienté. Kaori s'alarma. Que lui arrivait-il ? Elle-même commençait à retrouver ses forces... Pourquoi est-ce que Ryô ne réagissait pas ?  

« Maintenant je vais te libérer une main » continua Seiya se penchant vers lui « Tu en auras besoin pour tuer ta compagne. »  

Il introduisit la clé dans la serrure des menottes et la déclencha. Il avait l'intention de lui laisser un bras libre et, à l’aide des menottes, d'attacher l'autre à un anneau scellé à la colonne.  

Mais au moment où Ryô retrouva les deux bras libres, il prit appui sur ses jambes, se jetant à terre et roulant sur lui-même. Il se remit immédiatement debout et, en s’apercevant que Seiya s’avançait vers lui, il s'apprêta à le frapper.  

« Ton ami et ta femme sont entourés d'explosifs, Ryô, je peux les faire sauter n'importe quand. »  

Ces paroles pétrifièrent Ryô.  

Seiya s'avança, l'attrapa par son maillot et le projeta contre la colonne.  

« Je te conseille de ne plus bouger d'un pouce » lui siffla-t-il « Ou les autres deux en payeront les conséquences ! »  

Il rouvrit les menottes et enchaîna le poignet gauche de Ryô à la colonne.  

« Comme tu vois, Ryô, j'avais pris mes précautions » il recula et le fixa, les yeux plissés « Tu as été rapide et tu m'as pris au dépourvu. La faim ne t'a pas affaibli autant que je pensais ! »  

« Est-ce que tu croyais vraiment avoir à faire face à un débutant ? » fut-il contré sarcastiquement.  

Seiya lança un coup d'œil à Kaori.  

« Tu vis avec une femme » dit-il « Tu la protéges comme si pour toi rien d'autre ne comptait au monde. Tu t'es ramolli, n'est-ce pas ? Tu as oublié ce que sont la douleur et la violence ! »  

Ryô ne répondit pas, lui rendant son regard en silence.  

Soudainement Seiya eut une impulsion et se jeta sur lui. Il lui attrapa le poignet libre et le cloua à la colonne avec sa main droite. Avec la gauche, il sortit un couteau de son manteau.  

« On verra bien si tu es le même qu’avant ! » s'exclama-t-il en approchant la lame de la cuisse droite de son prisonnier. Il enfonça le couteau dans la jambe lentement, millimètre après millimètre.  

Kaori observa la scène avec une horreur grandissante.  

« Ryô !! » hurla-t-elle en retrouvant enfin sa voix.  

Elle se tourna vers Umibozu afin d'y trouver du soutien, mais celui-ci assistait à la scène avec une apparente imperturbabilité. Ryô plissa les yeux, mais ne changea pas d'expression. Il ne bougea pas laissant Seiya continuer son petit manége.  

« Qu’essayes-tu de démontrer ? » Il serra le poing gauche et d'un mouvement soudain se libéra de l'étreinte de Seiya. « Avec ça tu voudrais tester si je suis encore le même qu’avant ? » Il s'arracha le couteau de la jambe et un flot de sang trempa son jean « Est-ce que tu voudrais comparer cette ridicule blessure avec celles que la guerre nous procurait ? »  

Son frère le regarda en silence, le regard sombre.  

« Je vois que tu n'as pas oublié. » dit-il.  

« Non. » Ryô lui rendit son regard « Je n'ai pas oublié. »  

Seiya se pencha à terre pour ramasser le couteau et en cet instant Kaori cueillit son expression. De côté, elle le vit fixer Ryô, et son cœur ne fit qu'un bond.  

Ce regard...  

Qu'est-ce qu'il signifiait ? Les yeux de Seiya pendant un instant lui avaient semblé accablés de tristesse, de regret, de tourment.  

Que Seiya voyait-il en Ryô à cet instant ?  

Puis Seiya recula, s'éloignant ainsi de lui.  

« Bien Ryô ! » dit-il tout en reprenant tout son attitude ironique précédente. « Je t'avais promis quelque chose d'intéressant si je ne me trompe pas ! »  

Il alla se coller à Kaori lui appuyant une main sur l'épaule d'une façon très douce et sensuelle.  

« Comme je viens de te le dire, j'ai placé des micro-bombes dans les menottes qui tiennent tes amis prisonniers. Dans cinq minutes exactement j'appuierai sur la touche de cette télécommande et tous les deux mourront. »  

Kaori vit Seiya sortir un objet de sa poche. Elle essaya de le heurter pour le faire tomber par terre, mais il leva le bras.  

« Du calme, jeune fille ! Tu pourrais provoquer une catastrophe en gesticulant de cette manière. Que se passerait-il si, en tombant par terre, la télécommande amorçait les bombes ? »  

« Kaori, ne bouge pas ! » lui intima sombrement Ryô. « D'accord Seiya, où est-elle, l'alternative ? »  

Seiya sourit et de derrière une colonne, fit glisser un chariot sur lequel se trouvait le pistolet de Ryô.  

« Tue la femme » lui-dit en souriant « Et la vie de ton ami sera sauve. »  

Kaori écarquilla les yeux.  

" Je suis sûr que mon frère utilisera Falcon. Il trouvera un moyen pour me faire chanter sans me laisser d'issue ! "  

« Non ! » hurla-t-elle « Tu ne peux pas faire ça ! »  

Ryô !  

Seiya contourna la colonne, satisfait.  

« Tu as trois possibilités » expliqua-t-il sans abandonner Ryô du regard « Tu peux tuer ta femme et sauver ton ami. Tu peux hésiter jusqu'à l'expiration des cinq minutes et alors j'appuierai moi-même sur la télécommande et les tuerai tous les deux. Ou... » Seiya s'arrêta tout en soulignant sa pause d’un sourire sarcastique « Ou tu peux tirer sur moi. Tu as déjà tué Kaibara, pour toi ça ne devrait être un problème. Mais je me trouve à dix mètres de distance et tu sais que je suis rapide. Si tu arrives à me tuer tu pourras sauver soit ta femme, soit ton ami... Mais si tu hésites, si tu commets une seule erreur, si je ne meurs pas sur le coup, si tu ne fais que me blesser... alors j'appuierai sur ce bouton ! » Il donna une poussée au chariot qui parcourut quelques mètres allant se cogner contre les jambes de Ryô.  

« Dans le pistolet il n'y a qu'un coup, Ryô ! Et tes cinq minutes commencent… maintenant ! »  

Seiya indiqua sa montre et fit partir le chronomètre.  

Ryô fixa le pistolet sans le toucher.  

Il n'a pas le choix ! pensa Kaori angoissée Ryô ne peut rien faire d’autre que me tuer !  

Elle ferma les yeux s'empêchant de pleurer.  

" En vivant avec toi les cauchemars avaient disparus. "  

Que voulait vraiment Seiya ? Raviver la douleur de Ryô ? Le faire sombrer de nouveau dans ses cauchemars ?  

Elle regarda Ryô et vit qu'il n'avait pas encore bougé. Le pistolet gisait immobile sur le chariot.  

« Il s'est déjà écoulé une minute, Ryô » le prévint doucement Seiya.  

« Ryô ! » hurla Kaori alarmée « Qu'est-ce que tu fais ? Tire sur moi ! Tu dois sauver au moins Falcon ! »  

« Tsk ! » Umibozu la fixa, furieux « Occupe-toi de tes affaires, Kaori ! »  

« De mes affaires ! » hurla-t-elle furibonde « C'est à Miki que je pense ! Nous lui avons assuré que nous te ramènerions sain et sauf ! Ryô, ne te souviens-tu pas de ça ? »  

Il ne répondit pas et lui adressa un regard pensif.  

Fais moi confiance.  

Essaye d'être forte et fais moi confiance.  

Mais Ryô, savait-il qu'ils allaient se retrouver face à une situation pareille ? Que pouvait-il faire pour la sauver ?  

« Il te reste trois minutes, Ryô » souligna Seiya narquoisement. « Je pensais que tu aurais décidé rapidement de tuer ta compagne. Avec Kaibara tu n'as pas eu de problèmes, pourquoi maintenant hésites-tu ? Ou peut-être te moques-tu totalement de ce qu’il arrivera à ton ami ? »  

« Je n'ai pas besoin d'être sauvé par ce minus ! » brailla Umibozu.  

« Arrête de dire n'importe quoi Falcon ! » hurla Kaori agitée « Allez Ryô, tire sur moi ! »  

« Oui » renchérit Seiya « Tire sur elle et tue-la ! Parce que si elle reste en vie c'est moi qui devrais lui porter le coup de grâce ! »  

Ryô regarda Kaori et vit qu'elle avait du mal à retenir ses larmes. Elle ne pleurait pas de peur, il le savait. Elle pleurait pour lui, pour l'acte auquel Seiya essayait de le contraindre. Et pour la crainte qu'il ne puisse pas sauver Falcon. Pour la vie qu'il aurait sans elle.  

Kaori...  

Il ne l'aurait pas tuée. Il n'arriverait jamais à appuyer sur la gâchette, même pas pour sauver Falcon.  

Il avait tué des dizaines d'ennemis en guerre, il avait tué des délinquants en Amérique et au Japon. Il avait tué Kenny, il avait tué Kaibara et il avait levé son arme pour tuer Mick. Il s'était battu au dernier sang avec Umibozu. Mais il ne serait pas arrivé à tirer sur Kaori. Même si elle était en train de l'implorer, même si elle lui demandait ça avec les larmes aux yeux.  

Tuer la sœur de son meilleur ami...  

Makimura, Sayuri et Mick... tous les trois, dans des moments différents, la lui avaient confiée.  

Tirer sur Kaori ? Tirer sur elle pour ensuite vivre sans elle ?  

Il regarda Seiya. Lui procurer cette douleur... C'était ça ce qu'il voulait ?  

Il le fixa longuement et comprit.  

Non. Peut-être que Seiya croyait le vouloir. Mais il essayait aussi de l’obliger à faire quelque chose d'autre.  

Pourquoi est-ce que tu veux mourir Seiya ?  

S'il avait tiré sur lui, comprit-il, il n'aurait pas bougé.  

Il lut dans ses yeux de son frère le même tourment que Kaibara, la même recherche désespérée de paix.  

Pourquoi venez-vous tous chercher la mort de ma main ?  

Mais Seiya était plus jeune que Kaibara, plus accoutumé à la douleur et plus fort.  

Il pouvait s'en tirer. Il pouvait s'en sortir, comme il l’avait fait lui-même.  

« Ryô » la voix de son frère le secoua « Il ne te reste qu’un peu plus d'une minute. »  

Ryô fixa le pistolet et lentement le prit dans sa main.  

Un seul coup, sans faire d’erreur.  

Il leva le Python vers Kaori.  

Elle ferma les yeux respirant fébrilement.  

« Ryô... fais ce que tu dois faire et ne te sens pas coupable ! »  

Il sourit.  

« Ne sois pas idiote, Kaori. Je n'ai aucune intention de te tuer ! »  

Elle écarquilla les yeux, surprise.  

Ryô bougea son bras jusqu'à avoir Seiya dans sa ligne de mire.  

Son frère lui adressa un sourire moqueur.  

« Un choix dangereux ! » commenta-t-il « Peut-être, sous-estimes-tu mon habileté ! »  

« Ryô, ne fais pas ça ! » hurla Kaori « Je suis sûre que tu ne veux pas tuer ton frère ! Tu as déjà trop souffert avec la mort de ton père ! »  

Il l'ignora et ne baissa pas l'arme.  

« Allez ! » l'encouragea Seiya « Il ne te reste que cinquante secondes ! »  

« Dis donc Seiya » fit Ryô dans un ton calme « Est-ce que tu as une femme ? »  

« Quoi ? » son frère le dévisagea, surpris.  

« Si maintenant je te tue, d'ici quelque temps devrai-je tuer ta femme venue pour se venger ? »  

Seiya le scruta en silence sans comprendre.  

« Et puis, qui sait, après je devrai affronter son frère venu pour la venger, elle ? Et puis, encore un autre ? Et un autre ? »  

Le visage de Seiya s'assombrit.  

« Qu'est-ce que tu racontes, Ryô ? Tu es devenu fou ? Tire une bonne fois pour toutes, il ne te reste que quinze secondes ! »  

« Non » répondit-il tranquillement « Je n'ai aucune intention de passer le reste de ma vie à me défendre de tes amis qui chercheront leur revanche ! »  

Il baissa son arme et la détourna contre sa propre poitrine.  

« Je préfère en terminer définitivement aujourd’hui mon frère ! »  

Il tira.  

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