Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 22 capitoli

Pubblicato: 17-02-10

Ultimo aggiornamento: 17-11-18

 

Commenti: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Riassunto: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Capitolo 2 :: Ain't no sunshine : "Ne dis Rien"

Pubblicato: 05-03-10 - Ultimo aggiornamento: 28-01-18

Commenti: Bonjour ^^. Je vous mets la suite de l'histoire. On en est toujours au préambule, mais j'espère que ça vous plaira. Normalement c'était un passage "lemon" et j'ai essayé de l'alléger. J'espère avoir réussi. Merci à ma beta Amelds pour son aide, à cris, pour son ptit coup de pouce et à vous pour toutes vos reviews. Bonne lecture.

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

« Ne pars pas ce soir ».  

 

 

Juste quelques mots et la soirée a basculé.  

 

 

Je me suis perdue dans tes yeux.  

J'ai regardé ton visage, parfois si dur, mais auquel l'incertitude apportait une candeur presque enfantine. Comme un boomerang, m'est alors revenu en mémoire tout ce que j' éprouve pour toi, tout cet amour qui me bouffe de l'intérieur, et j'ai pris conscience que j'allais partir sans avoir jamais caressé tes joues, embrassé tes lèvres, ni même pris ton visage dans mes mains. Je ne sais pas ce qui m'est alors passé par la tête, je me suis juste laissée porter et j'ai comblé les quelques pas qui nous séparaient pour te rejoindre, t'attraper par le tee-shirt et t'attirer vers moi. J'ai levé mon visage et, sans un mot, t'ai embrassé. Je ne me suis posé aucune question... Moi qui suis habituellement paralysée dès qu’il s’agit de toi, j’ai juste écrasé mes lèvres sur les tiennes, lèvres qui se sont immédiatement entrouvertes pour me rendre mon baiser. Pourquoi ai-je agi ainsi ? Aucune idée ; sûrement l’adrénaline que seules peuvent procurer la douleur et la peur, ces deux émotions si proches de l'instinct animal, cet instinct qui me dictait de ne penser à rien d’autre qu’à ce qui allait être notre premier, mais aussi notre dernier baiser. Après tout, puisque tout était fini, je n'avais plus à avoir peur de mes sentiments !  

 

Chose étrange, tu ne m'as pas repoussée. Ta main s'est juste posée dans mon dos, tandis que l’autre venait se perdre dans mes cheveux et apposer une légère pression sur ma nuque. Ce baiser, que tu as approfondi, m'a coupé le souffle et j'ai dû littéralement me retenir à toi pour garder mon équilibre.  

Nos bouches se sont engagées dans une lutte suave mais intense : j’étais dure, tu étais tendre, j’étais déterminée, tu étais attentionné ; nous continuions au-delà des mots notre échange ; il était même presque plus facile de s’ouvrir l’un à l’autre ainsi. Je voulais que tu comprennes enfin à quelle extrémité tu m’avais conduite, et toi tu tentais de me convaincre. Ce baiser s’est fait caresse, lutte, tendresse, cri, reproche et murmure, jusqu’à ce que je cherche à me dégager pour arrêter avant qu'il ne soit trop tard, et que tu me retiennes en me serrant encore plus fort contre toi.  

 

 

Voilà, il aura donc juste suffi que tes mains me retiennent en une étreinte qui disait « Non, reste », pour que je chavire...  

 

...Et que je perde totalement pied.  

Subitement, j'ai voulu plus, beaucoup plus... Je voulais que ce moment ne finisse jamais, je voulais que cette boule de chaleur, qui commençait à se répandre en moi, m’envahisse totalement, je voulais me perdre en toi pour oublier ce qui était en train de se passer, pour oublier cette rupture que nous consommions dans le désir. Alors, sans cesser de t’embrasser, j'ai passé les bras autour de ton cou.  

 

Lorsque tes mains ont quitté mon dos, j’ai pensé que tu me repoussais et j’ai dû pousser un grognement de mécontentement - enfin je pense que ce gémissement guttural devait ressembler à  

ça – mais quand tu as défait le nœud de mon pardessus, j’ai compris que tu ressentais la même chose que moi, et j'ai reculé pour te permettre de le faire glisser de mes épaules jusqu’au sol.  

 

 

Ton regard...  

La flamme qui te consumait assombrissait encore plus l'onyx de tes yeux, et cela m'est apparu comme une évidence... Tu me voulais aussi ! Ainsi, après toutes ces années, tu osais enfin reconnaître que tu pouvais me désirer !  

Cette certitude... La vague de chaleur qui en a résulté s'est concentrée sur mon visage, sur mes pommettes plus précisément... Elles me brûlaient, et cette rougeur, pour une fois, n’était pas due à la timidité, mais plutôt à la fièvre qui me mettait au diapason de cette flamme dans tes yeux. J’ai de nouveau fondu sur tes lèvres, pour laisser ma bouche exprimer mon envie de toi, pendant que mes mains passaient sous ton tee-shirt ; j'étais électrisée par ma propre audace et par le grain de ta peau sous mes doigts, par les sillons de tes cicatrices qui me rappelaient quel homme dangereux tu pouvais être ! Je passais de ton ventre dur à tes épaules et ne rêvais que d’une chose, virer ce foutu tee-shirt qui entravait ma progression tactile.  

 

Puis... tes mains... sur mes seins, au travers du chemisier, et leurs caresses, légères d'abord, puis de plus en plus appuyées, qui ont encore accentué ce besoin de sentir ta peau nue contre la mienne.... Ca devenait vital ! C’est à ce moment que tu t’es attelé à déboutonner mon chemisier, et je crois que ton impatience devait être aussi grande que la mienne car, après avoir défait fébrilement les deux premiers boutons, tu t’es dégagé de notre étreinte et, dans un grognement agacé, tu as tiré sur les deux pans, qui ont cédé dans un bruit de tissu déchiré.  

 

Tes mains, chaudes, tellement chaudes, ont accompagné le vêtement sur mes épaules, puis sur mes bras, avant de le laisser tomber au sol - ce simple geste était un bonheur de sensualité, j'en soupire encore - mais il a rendu insupportable ce court instant pendant lequel tu as quitté ma peau pour retirer ton propre haut, ce tee-shirt qui cachait ce torse que je connaissais si bien et si peu à la fois!  

Un battement de cœur, un souffle de satisfaction et, comme aimantés, nous nous sommes de nouveau collés l'un à l'autre, pour goûter la chaleur de nos bustes qui agissait comme un accélérateur de combustion.  

 

Tes lèvres avides sont venues se perdre dans mon cou en une nuée de baisers brulants, qui m'ont fait gémir et agripper ta nuque. Mes épaules d'abord, puis ma gorge, se sont littéralement embrasées sous la caresse de ta langue, tandis que tes mains passaient de mes seins à mon dos, libéraient ma poitrine de sa dentelle et revenaient ensuite la réchauffer sous leurs paumes. C'était si bon que je rejetai ma tête en arrière, emportée par une vague incandescente qui me fit tanguer, alors que mes jambes flanchaient. Tu allais me rendre folle ! Tes mains placées sous mes fesses m'ont soulevée de terre, tandis que ta bouche revenait se perdre en moi pour un nouveau baiser sans fin, me procurant une ivresse qui réussit à me faire perdre tous mes repères! J'ai à peine senti que tu te dirigeais vers les escaliers, mais je nouai instinctivement mes jambes autour de tes hanches. Je ne pensais plus à rien d'autre qu'à ces sensations que tu éveillais en moi ; j'avais oublié le reste ; on verrait plus tard...  

 

Je me demande encore comment nous avons fait pour gravir ces marches !  

Je n'en pouvais plus d'attendre, je voulais m'unir à toi et je crois bien que j'étais même prête à le faire là, dans cet escalier ! Cette montée m'a semblé durer une éternité et je pense qu'il en était de même pour toi : tes mains sur mes fesses et sur mes cuisses se faisaient de plus en plus pressantes.  

Pourtant, quand tu m'as enfin collée contre la porte de ta chambre, tu as hésité, à peine un frémissement mais je l'ai senti. J'ai relâché alors l'étreinte de mes jambes pour venir reposer mes pieds au sol et lever la tête vers toi. Tes pupilles étaient sombres et fiévreuses, mais aussi vacillantes d'incertitude ; j'ai pris ta main dans la mienne, avant de me retourner pour ouvrir la porte : là aussi la décision m'appartenait et je la prenais en toute connaissance de cause.  

 

 

J'ai fait deux pas dans la pénombre de ta chambre et fermé les yeux, attendant le bruit significatif de la porte qui se referme.  

 

 

 

Puis ta main... sur mon épaule... ton torse chaud, contre mon dos...  

Je me laissai couler en arrière et relevai la tête pour t'offrir d'embrasser la veine de mon cou, là où palpitait le sang, qui afflua de nouveau très rapidement dans tout mon corps quand ta main quitta mon épaule pour venir emprisonner un sein ; l'autre, innocemment d'abord, est venue se poser sur mon ventre, mais elle s'est vite révélée malicieuse pour glisser imperceptiblement vers la fermeture Eclair.  

Mais je ne voulais pas me contenter de subir, je voulais profiter de chaque instant que pouvait m'offrir cette nuit et je passai les mains derrière mon dos pour attraper ton ceinturon et commencer à te dévêtir. Boucle, bouton, fermeture Eclair, je n'avais peur d'aucune de ces étapes qui étaient autant de symboles de ce qui allait bientôt nous lier à jamais et rallumaient une à une les étincelles de vie qui s'étaient éteintes pendant la soirée. Quel sentiment de vide quand tes mains ont quitté ma peau et le secret de ma jupe, pendant que tu te défaisais de tes derniers vêtements!  

 

 

« - Kaori, regarde-moi. »  

 

Un souffle, un murmure rauque et presque charnel contre mon oreille, et j'accédai à ta supplique en un long soupir d'impatience. Je me retournai doucement, les yeux fermés, pour me retrouver de nouveau dans tes bras, ta bouche venant réclamer mes lèvres pour un échange d'une telle sensualité que les dernières barrières, s'il m'en restait encore, tombèrent brusquement.  

 

Je voulais te voir...  

Ouvrant les yeux, je suis partie à la découverte de ton corps, sous les rayons de lune qui jouaient avec tes muscles en de savants contrastes d'ombres et de lumière et faisaient ressortir ta force brute et animale. Tu étais beau, si beau que voulais garder en moi le souvenir de ton odeur, le goût salé et le toucher ferme de ta peau ... Tu es resté debout, me laissant tout le loisir d'aller à mon rythme et j'ai aimé l'emprise que je pouvais avoir sur toi, sentir ton souffle devenir erratique, les battements de ton cœur s'accélérer sous mes doigts et tes gémissements devenir rauques ; ils étaient autant de signes que je pouvais, moi aussi, te laisser un souvenir indélébile, alors j'ai accentué encore mes caresses et mes baisers jusqu'à ce que cela me devienne une telle torture que je remontai jusqu'à tes lèvres pour me fondre dans ta bouche.  

 

Notre baiser est devenu à ce point charnel que mon cœur s'est mis à pulser les secondes dans ma tête, et que je n'ai plus été que désir, un désir si absolu qu'il en est devenu douloureux lorsque tes lèvres se sont arrachées aux miennes pour descendre à leur tour embraser chaque centimètre de peau, s'attardant sur mon ventre, pour prendre leur revanche et me faire subir la torture de l'impatience, pendant que tes mains faisaient glisser, le plus lentement possible, ma jupe puis mon dernier sous-vêtement. Tant d'émotions diverses se bousculaient dans ma tête que j'ai fermé les yeux pour tenter de les contenir, pour ne garder que celles qui chamboulaient mes sens... Gêne, envie, hâte, inquiétude furtive, je les ai toutes laissées glisser sur moi, aussi lentement que le tissu de mes derniers vêtements, qui frôlaient mes hanches, mes cuisses, mes jambes jusqu'à ce bruissement sur mes pieds, signe que j'étais entièrement offerte à ta vue.  

 

 

Une caresse...  

 

… Elle est remontée de chaque côté de mes jambes, empruntant le chemin inverse de mes vêtements, pour créer une onde de bonheur jusqu'au creux de mes reins. Puis, de nouveau tes lèvres sur les miennes, avides, fermes, au goût suave, nos mains qui se touchent, se frôlent, qui tracent des chemins ardents sur nos corps, encore et encore, qui ravivent cette langueur au creux de mes reins, langueur qui devient attente, puis besoin, jusqu’au point de non retour, ce moment où je ne veux plus que toi, où je deviens folle de désir, encore, à tant vouloir te sentir au creux de moi. Je geins contre ta bouche et tes mains se placent aussitôt sous mes fesses pour me soulever. Je m'accroche à ta nuque, tes lèvres se perdent dans mon cou, je rejette ma tête en arrière, les yeux clos, et je gémis ton nom en une supplique pour me laisser assouvir cette envie de toi.  

Puis je bascule, doucement... Dans mon dos le matelas amortit ma chute et ton corps pèse sur le mien. Mes jambes entourent tes hanches et je te retiens ; je ne veux pas te libérer de leur prison, mais tu te redresses et tu plonges tes yeux dans les miens en une interrogation muette. Oui, mon amour, fais-moi tienne, car cette nuit éclairée de lune nous appartient, cette nuit... cette unique nuit.  

 

 

Mes jambes t'enserrent un peu plus et t'accompagnent pendant que tu t'invites doucement en moi et qu'une intense émotion me traverse, émotion liée à cette sensation charnelle et à la détresse que ces dernières pensées ont déclenché en moi.  

 

Je t'aime Ryo, je t'aime et nous faisons l'amour comme on meurt, avec désespoir !  

 

Un soupir, une larme qui perle sous la violence de cette réalité qui refait surface et tu t'arrêtes...  

Non mon amour, je n'ai pas eu mal, du moins pas comme tu le penses. J'esquisse un sourire, quelques baisers viennent voler mes larmes, tes yeux apaisent mon cœur serré et ton souffle se fait murmure pour me rassurer : « Je suis là, tout va bien. ». Oui, tu es là, avec moi, nous faisons l'amour pour la première et dernière fois, alors je balaie du revers de la main tout ce qui pourrait entacher ce moment. Je laisse glisser cette larme sur ma tempe, mais je veux fermer mon esprit à tout ce qui n'est pas cet instant unique et je plonge mon regard dans le tien. Je veux que tu continues, je veux que tu m'aimes, je veux que tu te perdes en moi et que tu m'emportes avec toi, que tu rallumes cette fièvre et que tu nous consumes dans la passion... Ryo...  

 

 

Une caresse, ta bouche qui vient réveiller la mienne, un léger mouvement de bassin, et nos corps retrouvent instantanément leur osmose, leur besoin l'un de l'autre. Nous commençons ensemble à nous mouvoir, lentement, prenant le temps de savourer ces premières vagues de plaisir. Je ne connais rien de l'amour charnel, mais c'est si naturel de suivre ton rythme ; je me cale sur ton souffle, sur les battements de ton cœur qui résonnent jusque dans ma tête.  

 

 

Des millions de frissons se réveillent le long de mon dos, je me cambre, nos mouvements s'accélèrent... La fièvre m'envahit, toi aussi, je le sais, je le lis dans tes yeux qui se troublent, les sensations envahissent mon ventre, ma poitrine, mon esprit. Je ferme les yeux, mon souffle devient de plus en plus désordonné et mon cœur cogne tellement fort ! Je ne maitrise plus rien, je sais juste que mon corps épouse le tien à la perfection, jusqu'à ce moment où le temps s'arrête, il n'y a plus que toi, moi et cette impression que ma vie explose en une myriade d'étoiles, tandis que je m'accroche à toi et que ton nom franchit mes lèvres en un dernier mot d'amour...  

 

… Je revois nos corps qui roulent sur le lit, bras et jambes toujours mêlés, et moi qui viens nicher ma tête dans ton cou, pour savourer ce moment d'intimité et de douce langueur, laissant le rythme de mon cœur revenir doucement à la normale... Je pouvais sentir, depuis ma nuque jusqu'au creux de mes reins, tes doigts qui s'amusaient à redessiner en des chemins aériens les courbes de mon dos et je me concentrai sur ces gestes si doux, capturant aussi ce moment pour le garder en mémoire. Une légère torpeur est venue se déposer sur mes paupières au rythme de tes arabesques qui effleuraient maintenant mon épaule et mon bras en une caresse tellement légère que je me suis demandé si je n'étais pas déjà assoupie. J'ai accueilli avec bonheur cette légère somnolence, car je ne voulais pas risquer de briser cet instant de grâce en reprenant pied dans la réalité, ni remettre notre histoire sur les rails du temps. Je fermai simplement les yeux.  

 

 

 

Malheureusement, le bonheur ne dure généralement que le temps d'un battement de cils...  

 

 

Tu t'es écarté de moi.  

Je suis restée immobile, la tête baissée et les yeux fermés, pour repousser l'inévitable encore quelques secondes. Gagner du temps... Grappiller quelques instants de répit pour ne pas être rattrapée par la réalité, pour ne pas penser à ce qui avait été dit plus tôt dans la soirée, pour ne pas penser que ceci n'avait été que la preuve flagrante de ton incapacité à te dévoiler à moi autrement qu'en situation de crise, pour ne pas m'apercevoir que, malgré tout, me donner corps et âme ne suffisait pas à réparer ce qui s'était cassé... Bien au contraire...  

 

 

Je voulais juste ne penser à rien et dormir dans tes bras, figer ce temps qui voulait me forcer à aller de l'avant et me protéger de mon amour pour toi. Pourquoi ne pouvais-je donc être faible aujourd'hui et remettre cette souffrance à demain?  

 

 

Ta main s'est glissée sous mon menton pour me relever la tête et tu m'as appelée doucement :  

«-  Kaori. »  

 

Non, Ryo, je ne veux pas ouvrir les yeux, je ne veux pas avoir à me battre encore une fois contre moi-même, pas maintenant, laisse-moi juste dormir dans tes bras...  

 

Mais tu n'avais pas l'intention d'en rester là, j'ai senti un sourire amusé dans ta voix quant tu as insisté :  

 

«- Regarde-moi, Sugar... ».  

 

 

Voilà, j'étais au pied du mur.  

Plus moyen de reculer, mais c'était mieux ainsi, sûrement. On n'arrête pas le temps, encore moins dans les bras de celui qu'on aime et qui vous fait mal. Alors, j'ai puisé dans les souvenirs de ma détresse pour me donner la force de te résister...  

 

 

… Et j'ai ouvert les yeux.  

 

 

J'ai tout de suite été capturée par la force de ton regard, à la fois sérieux et bouleversé. Tu ne m'avais jamais regardée comme ça... Tu t'es penché et as déposé un léger baiser sur mes lèvres ; je t'ai entendu prendre cette profonde inspiration, et un signal d'alarme s'est déclenché dans ma tête quand j'ai compris ce que tu allais faire !  

 

 

Tes yeux me disaient que tu voulais me convaincre de rester, peut-être même m'ouvrir ton cœur, ou du moins essayer.  

Mais ce n'était pas possible... Ne comprenais-tu pas que nous en étions arrivés à un stade où il était impossible de faire demi-tour ? Ce n'était pas parce que j'avais, moi aussi, laissé mon instinct me dicter sa loi pendant un bref instant que j'étais prête à accepter de vivre ainsi et de côtoyer tes incertitudes ! Bien sûr que tu allais me dire que tu tenais à moi ! Mais demain ? Que se passerait-il quand le jour se lèverait, et que tu prendrais conscience que tu avais commis une regrettable erreur, quand de nouveau tu voudrais me protéger de ce monde, comme tu le dis toujours si bien ?  

Non, je savais que j'en mourrais si tu me rejetais encore...  

 

 

Alors j'ai posé mes doigts sur tes lèvres : « Ne dis rien... ».  

J'ai planté mes yeux dans les tiens et je me suis raccrochée à mes convictions, pour ne pas me noyer dans l'incompréhension que j'y ai lue. Je me suis faite dure pour ne pas faiblir, mais, pourtant, c'est d'une voix à peine audible que j'ai continué :  

 

« - Ne dis rien Ryo, ne me rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà. »  

 

Tes yeux se sont légèrement voilés sous la surprise, et un lourd silence a rempli la pièce, là-même où régnait une atmosphère langoureuse quelques secondes auparavant. Ton souffle irrégulier contre mes doigts trahissait ton visage resté impassible, pour me signifier que mon cœur n'était pas le seul à s'être figé dans ma poitrine. Etrangement, savoir que tu pouvais avoir aussi mal que moi m'a donné le courage de reprendre cet étrange monologue commencé dans le salon.  

 

« -Nous avons fait l'amour, oui, je sais... Mais rien n'a changé... Je pense toujours... Non, je SAIS que je dois m'en aller pour être heureuse... Alors si tu tiens, ne serait-ce qu'un peu, à moi, aide-moi à aller jusqu'au bout. »  

 

Chacun de ces mots résonne encore dans ma tête, comme une déchirure qui torture mon cœur.  

Je les ai prononcés pourtant, difficilement, comme si on me les avait arrachés un à un, mais je suis allée jusqu'au bout. Je savais qu'au bout de ce tunnel il y avait une lumière, alors je me suis forcée à nous tuer dans cette dernière supplique :  

 

«- Aide-moi. »  

 

Ton visage s'est durci, tes prunelles se sont vidées de toute lumière, tu as effleuré mes doigts toujours posés sur tes lèvres et, dans un dernier bruissement de drap, tu t'es levé brusquement avant d'attraper tes affaires et de sortir, sans un regard, pendant que je me mordais les lèvres pour ne pas te retenir.  

 

Quand la porte s'est refermée derrière toi, les larmes ont coulé, en silence...  

 

 

Une larme roule d'ailleurs encore sur ma joue et vient se perdre dans le chemisier que je fixe sans le voir depuis tout à l'heure, rattrapée par les souvenirs de cette nuit si belle et si douloureuse à la fois.  

 

 

Il est l'heure.  

J'attrape mon sac et glisse ma chemise dedans. J'essaie de me reprendre...Allez, encore un dernier effort, le plus dur, certes, mais il est nécessaire pour m'interdire tout retour en arrière. Je récupère mon manteau par terre et plonge la main dans la poche.  

Lorsque je ramène vers moi mon poing serré, aucun mot n'est assez fort pour décrire ce froid qui enveloppe mon cœur, et c'est tel un automate que je me dirige vers la table pour y déposer ce dernier symbole de ma vie à tes côtés.  

 

Je jette un regard circulaire sur ce qui aura été ma maison pendant 6 ans, alors que l'écho de nos disputes et de nos rires semble se fondre dans l'air. Je prends mon temps, je ne veux oublier aucun détail, mes yeux se posent sur chaque recoin, chaque meuble, chaque bibelot, avant de finir leur course sur la table devant laquelle je me tiens et sur cette clé que je caresse du bout des doigts. Je suis comme hypnotisée par les légers reflets qu'elle renvoie sur le mur, là où tu t'appuies si souvent, quand tu observes la ville par la fenêtre. Ma mémoire en profite d'ailleurs pour redessiner les contours de ta silhouette avec ce regard dans le lointain, inaccessible... comme toujours.  

 

 

 

Un frisson, encore, me rappelle à l'ordre.  

J'ai froid. Décidément, l'hiver s'est invité dans mon cœur et dans mon corps ce soir... Ou plutôt ce matin devrais-je dire, car même si le manteau noir de la nuit s'étend encore sur le paysage urbain que ton image observe, ma montre indique que c'est le matin, et surtout que le taxi doit être arrivé au bas de l'immeuble.  

 

Voilà Ryo, c'est ici que nos chemins se séparent... Mes lèvres n'arrivent pas à formuler cet adieu mais peu importe, tu n'es pas là et il serait stupide de parler à une ombre. Pourtant, j'ai du mal à détacher mon regard de cet endroit où tu te tiens si souvent. Je ne suis décidément qu'une idiote ! J'arrive à me rendre mon départ difficile alors même que tu n'y es pas, alors même que tu as fait tout ce qu'il fallait pour me le rendre simple. Dans deux minutes, je sens que je vais regretter que tu m'aies écoutée. Il faut que je sorte, maintenant...  

 

 

Je ferme les yeux pour laisser le temps à ton image de s'estomper et, lorsque je les rouvre, seule la clarté de la lune se reflète sur le mur. Une dernière et profonde inspiration me donne le courage de me détacher de cette nostalgie pour faire demi-tour, attraper mon sac, mon manteau et me diriger vers la porte.  

 

Le bruit qu'elle fait en se refermant derrière moi me glace. Ce léger déclic, au moment de la fermeture, fige un battement de cœur, qui oublie un instant qu'il doit me maintenir en vie. C'est étrange cette impression de mourir, de sentir la vie refluer hors de son corps, avant que ne se remette en place ce réflexe instinctif : inspirer, expirer et avancer. Alors j'avance, je regarde droit devant moi, je me concentre, pour éviter de regarder vers le haut des escaliers qui mènent vers le toit, qui mènent vers toi ; je ne veux regarder que cette lueur qui m'indique le bout du tunnel. C'est ce que j'ai choisi de faire en ce jour qui commence, alors je m'y tiens.  

 

 

Voilà, je suis dehors.  

 

Il fait froid et la rue est sombre ; seules la lune et l'enseigne du taxi émettent un semblant de lumière. Je lève la tête vers le ciel, à la recherche d'un vague halo plus clair, annonciateur de l'aube. Nous sommes pourtant à cette heure charnière qui voit la nuit se retirer calmement pour laisser se dessiner une nouvelle ère, mais le jour n'a pas l'air de vouloir poindre.  

Le soleil aurait-il oublié de se lever ou bien veut-il simplement me signifier qu'il comprend ce qui se joue ce matin? En tout cas, cela me fait du bien que la lueur glacée de la lune m'enveloppe encore un peu... Elle m'aura accompagnée, telle une amie, pendant cette longue soirée et la savoir encore à mes côtés me rassérène.  

 

Je donne mon sac au chauffeur, en évitant son regard, et me glisse dans l'habitacle. Je reconnais la station de radio, c'est la même que celle que j'ai sélectionnée tout à l'heure. Lorsqu'il revient et s'assied à mes côtés, j'indique au conducteur l'adresse de Miki. Je sais qu'il est tôt, mais je suis sûre qu'elle m'accueillera chez elle sans sourciller.  

 

Le taxi démarre et je pose ma tête sur la vitre. Dans le rétroviseur extérieur, je vois s'éloigner sur un fond étoilé le reflet d'un morceau de ma vie. Ce n'est que lorsqu'il disparaît entièrement de ma vue que je m'aperçois que le conducteur tente, depuis un bon moment déjà, un discours compatissant sur les vicissitudes de l'existence. Je me tourne vers lui et lui souris, un sourire certainement plus triste que je ne l'aurais souhaité car il me lance un regard bouleversé avant de se taire. Son métier lui aura sûrement appris qu'il y a parfois des peines qui ne peuvent être partagées, alors il me laisse seule avec la mienne. Ma peine, elle, est là... Elle serpente dans ma poitrine et m'enserre le cœur, elle cherche à déborder pour se libérer de ses chaines et m'envahir. Mais je ne veux pas, pas maintenant, pas dans ce taxi... Alors je concentre mon attention sur la route : je me plonge dans l'observation des immeubles mornes, sans couleur, des magasins aux néons criards, je m'absorbe dans la lecture des enseignes de restaurants qui défilent – chez Arimi, chez Cris, chez Sayuki – je lis, comme si ma vie en dépendait, les panneaux publicitaires annonçant qu'il faut déjà penser aux cadeaux de Noël ; je voudrais tellement me laisser hypnotiser par ce spectacle pour me déconnecter de la réalité, pour ne plus sentir ce vide en moi...  

 

Mais rien n'y fait ; la douleur est toujours là ; elle m'empêche presque de respirer.  

C'était la bonne décision mais j'ai mal, si mal...  

 

 

...Ain't no sunshine when she's gone...  

 

 

Ces quelques mots semblent surgir de nulle part ailleurs que de mon cœur meurtri, sur les battements duquel se calquent les pulsations rythmiques de la mélodie. Un frémissement et je sors de ma léthargie, mon corps reprend ses droits, ma souffrance aussi.  

 

Alors, parce qu'il faut bien que les vannes s'ouvrent pour que je puisse respirer et vivre... parce qu'il faut accepter d'être faible pour avancer... parce que le soleil ne se lèvera jamais plus sur ma vie de City Hunter, je me laisse envahir par les paroles de cette chanson et libère ce poids sur ma poitrine, laissant enfin aller les premiers sanglots, qui s'en vont rejoindre le désespoir chanté par Bill Whiters...  

 

 

 

It's not warm when she's away.  

Ain't no sunshine when she's gone  

And she's always gone too long anytime she goes away.  

 

Wonder this time where she's gone,  

Wonder if she's gone to stay  

Ain't no sunshine when she's gone  

And this house just ain't no home anytime she goes away.  

 

And I know, I know, I know, I know, I know,  

I know, I know, I know, I know, I know, I know, I know,  

I know, I know, I know, I know, I know, I know,  

I know, I know, I know, I know, I know, I know, I know, I know  

 

Hey, I ought to leave the young thing alone,  

But ain't no sunshine when she's gone, only darkness everyday.  

Ain't no sunshine when she's gone,  

And this house just ain't no home anytime she goes away.  

 

Anytime she goes away.  

Anytime she goes away.  

Anytime she goes away.  

Anytime she goes away  

 


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