Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: A. Dust

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 6 capitoli

Pubblicato: 16-11-23

Ultimo aggiornamento: 22-12-23

 

Commenti: 17 reviews

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RomanceFantasy

 

Riassunto: Depuis que Ryo a affronté son père et que Kaori a perdu la mémoire, rien ne va plus entre eux, et, en cette veille de Noël, ce n’est pas prêt de s’arranger. A moins que quelqu’un ne décide d’intervenir. Les miracles, vous y croyez ?
Et bien, on verra ça à Noël !

 

Disclaimer: Les personnages de "Before, Now and ..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Before, Now and ..., l'esprit de Noël selon Ryo Saeba

 

Capitolo 4 :: L'esprit des Noëls présents

Pubblicato: 08-12-23 - Ultimo aggiornamento: 05-01-24

Commenti:
Qui Ryo va-t-il rencontrer maintenant ? Quelle nouvelle surprise l’attend au cours de son étrange voyage ?
Ce chapitre est un peu plus court que les autres… Je l’ai voulu au plus proche de l’œuvre de Dickens, j’en ai repris pas mal de motifs. J’espère que les afficionados les trouveront ^^ !
Ce nouvel opus répondra (en partie) à vos attentes et interrogations… ou pas ?!?

Au plaisir de vous lire en retour ....

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6


 

Ryo se réveilla quelques heures plus tard sur son canapé, la bouche sèche, la tête douloureuse, les mâchoires crispées. Il avait serré les dents toute la nuit, ça, il en était persuadé.  

Il avait du mal à mettre de l'ordre dans ses idées et le prénom de Kaori ne cessait de résonner dans sa tête. Avait-il rêvé d'elle ? Quelle idée ! Son départ imminent devait inconsciemment le travailler... Il était temps de régler cette histoire de partenariat une bonne fois pour toute.  

Il s'assit dans l'obscurité, massant ses tempes et observa la bouteille posée sur la table basse, à peine éclairée par la faible lumière des lampadaires. Il sursauta. Il l'avait vidée avant de s'affaler sur le canapé et de s'endormir pour faire ce rêve étrange.  

– Et si ce n’était pas un rêve ?  

Un esprit viendrait lui rendre visite ? L’idée devenait de plus en plus forte. Il regarda le magnétoscope qui affichait minuit passé de cinquante et une minutes. Donc... dans neuf minutes...  

 

Comme il se savait parfaitement seul, il ne perdait rien à jouer le jeu, après tout. Il décida d'aller ouvrir la porte d'entrée, histoire de donner le change à ces foutus fantômes et montrer qu'il ne se laisserait plus prendre au dépourvu. Il inspecta le couloir mais, comme il n'y avait aucun être transparent à l'horizon, il retourna s'allonger sur le canapé, les mains nouées derrière la nuque mais l'oreille aux aguets et les yeux fixés sur l'horloge numérique du magnétoscope. Les petits traits lumineux verdoyants semblaient immuables et le temps ralentit son cours avant que le deux ne parvienne à se transformer en un trois et ensuite, une éternité s'écoula jusqu'à ce que le cinquante-neuf se mue en un double zéro. Enfin !  

Ryo se leva d'un bond, fixant la porte d'entrée, prêt à accueillir le nouvel esprit mais il ne se passa rien. Le téléphone ne sonna pas, aucun souffle ne lui parvint, aucune ombre ne se jeta sur lui. Le calme plat.  

— J'aurais inventé tout ça ? se demanda-t-il. J'aurais imaginé le visage du père de Hideyuki et Kaori. Et tous ces souvenirs que je connaissais pas ?  

 

S'évertuant à se persuader lui-même qu'il n'était pas devenu totalement dingue mais qu’il avait simplement fait un rêve plus puissant que d’habitude, il alla fermer la porte d'entrée de son appartement. Non sans s'assurer une nouvelle fois qu'il n'y avait personne dans le couloir. Ni à droite. Ni à gauche.  

Il sortit même sur le palier et avança jusqu'à la première marche de l'escalier central. Il se pencha pour s'assurer s'il n'y avait personne un peu plus bas. Il tendit le cou pour vérifier plus haut ... Rien. Pas une ombre, pas un souffle, pas un bruit.  

Ryo fit alors demi-tour. Il aurait dû se sentir soulagé mais il n'en fut rien. L'inquiétude d'avoir été oublié se mêlait à la crainte de perdre totalement la raison. Mais, quand il arriva sur le palier de l'entrée, il se figea, paralysé par la surprise.  

 

Son salon était littéralement transformé. L'obscurité épaisse avait été balayée par une douce lumière qui baignait tout l'espace : diverses petites lampes brillaient dans les coins, des bougies étaient posées un peu partout, des grandes, des petites, des blanches, des rouges, des vertes. A côté du canapé, trônait un sapin gigantesque, large, dense et tellement grand que l'étoile qui le surmontait touchait le plafond. Il étincelait de guirlandes scintillantes, de boules colorées, des petits personnages en bois, de rubans rouges et dorés. A son pied, une pyramide de cadeaux recouvrait totalement le sol.  

Sur la table basse, à la place de sa grande tasse et de sa bouteille de whisky, une dizaine de flûtes de champagne attendaient manifestement qu'on les porte en toast, tandis que sur le buffet et sur la table de la salle à manger, s'étalait une multitude de plateaux recouverts de mets plus riches et appétissants les uns que les autres.  

L'atmosphère autour de Ryo avait changé aussi. Une chaleur douce et réconfortante l'enveloppait et des odeurs de cuisine flottaient dans l'air : viande rôtie, gâteau fraîchement sorti du four, oignons grillés et bouillon qui mijote... Il en salivait déjà.  

 

Mais tout ça n'était pas le plus surprenant, loin de là...  

 

Erica, son ami travesti, se tenait dans son salon. Mais ce dernier était tout en transparence. Vêtu d'une robe savamment drapée et aux bordures ornées de fourrure claire, il portait encore ce serre-tête ridicule en forme de bois de renne quoique ce dernier fut lui aussi incolore et transparent. Erica lui ouvrit grand les bras :  

— Ryo-chou ! T'es lààà !  

— Heuuu, bah oui... C'est chez moi quand même !  

— Hihihihi... Toujours aussi drôle mon Ryo-chou.  

Le travesti fit un tour sur lui même, bras écartés pour désigner le décor : — Fabuleux, n'est-ce pas ?"  

— Hummm... Mouais, concéda Ryo du bout des dents.  

Pas foncièrement ravi de ce qu'il voyait, il invectiva son ami :  

— Qu'est-ce que tu fous ici ? Et pourquoi tu es ... comme ça... tout ... flottant ? Ne me dis quand même pas que tu es... mort ?  

 

Le travesti éclata de rire, faisant presque trembler les fenêtres et les verres sur la table du salon. Ryo, lui, ne riait pas. Il se contenta de croiser les bras pour attendre, patiemment, que l'esprit ait vidé son hilarité tonitruante. Au bout de quelques instants, l'esprit finit par essuyer ses larmes de joie. Il réajusta coquettement son serre-tête en forme de bois de renne, lumineux mais incolore et expliqua :  

— Non, ton ami Erica n'est pas mort, mais plutôt en train de faire un bon petit somme. Je parie qu'il est en train de rêver de toi ! En tant qu'esprit du Noël présent, j'ai revêtu les traits de celui qui semblait vouloir le plus passer les fêtes avec toi cette année. Et son état d'esprit me plait bien : il aime profiter du moment présent. La jolie brunette, la tenancière du salon de thé, était sincère en t'invitant, mais elle était trop sérieuse et trop tournée vers l'avenir pour moi. Ton ami Erica, comme il se fait appeler, m'a paru plus indiqué.  

— Mouais... Il voulait surtout que je paie les tournées et que je rallonge ma dette auprès de ses filles.  

L'esprit soupira en haussant les épaules :  

— Ah, ça... en ce qui concerne les motivations profondes, tu sais, je ne les prends pas en compte. Ce qui m'importe, c'est le présent.  

Il claqua ses mains l'une dans l'autre :  

— Bon... On y va ?  

— Où ça ?  

— Profiter du présent ! s'exclama joyeusement l'esprit aux traits d'Erica. Attrape ma robe !  

 

Ryo s'exécuta, s'agrippant au tissu transparent, qui curieusement, avait un texture moelleuse, légère et chaude, comme du coton ou de la mousse de savon. D'un seul coup, l'ensemble du décor se dissipa : les mêts alléchants, les effluves succulentes, la lumière douce, les décorations joyeuses, le sapin majestueux, la pile de cadeaux, les meubles, les murs, le parquet, tout disparut dans le noir.  

 

 

Ils se retrouvèrent ensuite dans les rues de la ville, flottant à quelques mètres de hauteur. Malgré le vent mêlé de flocons glacés qui lui fouettait le visage, Ryo restait insensible à l'hiver. Il se sentait même plutôt bien. Il observa l'esprit du coin de l'œil : avec sa robe drapée nonchalamment sur ses épaules, il ne semblait pas souffrir du froid non plus.  

Les mains toujours solidement arrimées à la tenue d'Erica, Ryo se laissa mener à travers les rues, longeant furtivement les façades des immeubles. C'était agréable d'observer sans être vu ; il songea même qu'il pourrait profiter de ce nouveau talent pour aller lorgner dans quelques endroits strictement interdits à la gent masculine. Avant que Ryo ait pu proposer un petit détour par les loges d'un cabaret ou les vestiaires des bains publics, l'esprit leva un index réprobateur en précisant :  

— Tsss-tsss-tsss.... N'y songe même pas, Ryo-chou. C'est hors de question. Je n'ai pas été missionné pour ça.  

— Ah... et quelle est ta mission, dis-moi ?  

— Te montrer ça, répondit l'esprit en désignant le sol du menton.  

En effet, en dessous d'eux, les rues de ce quartier résidentiel étaient presque vides. Les lumières des fenêtres révélaient des repas animés, des mines joyeuses, des enfants émerveillés. Dans les zones plus animées de la ville, les passants souriaient, riaient, faisaient la fête, passant de bars en bars. Les restaurants faisaient le plein. Ryo haussa les épaules, dubitatif :  

— Mouais, je suis sûre qu'on s'amuserait beaucoup plus en allant faire un tour dans une salle de sport ou une piscine...  

L'esprit s'arrêta si brusquement que Ryo se cogna le nez contre son épaule.  

— Heyyy ! Préviens quand tu freines !  

Silencieux, bras croisés, l'esprit des Noëls présents fusilla Ryo du regard. Pour toute réponse, il posa une question, qui sonnait comme un avertissement :  

— Tu tiens bien ma robe ?  

— Heu, oui, pourquoi ? répliqua Ryo, interloqué. Tu m'emmènes à L'oiseau Bleu pour aller dans les loges des fiiiiiiiiiiiii.... heyyyyyyy !!!!  

Le cri de Ryo se perdit dans la nuit alors qu'ils étaient en train de s'élever à grande vitesse, bien au-dessus des arbres et des lampadaires, bien au-dessus des toits des immeubles, bien au-dessus des buildings, bien au-dessus des gratte-ciels.  

— Accroche-toi bien, Ryo. On va accélérer un peu !  

 

Lorsqu'ils atteignirent les nuages bas de l'hiver, l'esprit plongea vers la Tokyo Skytree, majestueuse tour effilée, brillante et étincelante, qui dominait les immeubles, les gratte-ciels et les buildings éclairés. Il fonça droit dessus, faisant trembler Ryo qui se crispa sur la robe et murmura une dernière prière inintelligible. Ils tournoyèrent ainsi autour de la grande aiguille métallique à toute vitesse, remontant ainsi jusqu'à la pointe finale. L'esprit s'arrêta brusquement :  

— Ahahahaha ! J'a-dooore faire ça ! Avec la Tour Eiffel, c'est très sympa aussi !  

Ryo devint tout pâle :  

— Ne me dis pas qu'on va aller jusqu'à Paris, juste pour faire le tourniquet volant ?!? Si c'est ça, moi, j'exige un backstage au Moulin Rouge !  

— Non, non et non ! Pas question ! Et quand je dis non à un truc, c'est non. Mais accroche toi, je vais mettre la gomme maintenant !  

Les doigts de Ryo s'agrippèrent encore plus fort à la robe de l'esprit :  

— Mettre la gomme ? Parce que c'était pas aaaaa...? Aaaahhhhh !!!!  

 

Et ils dépassèrent le mur du son. En moins d'une seconde, ils avaient quitté Tokyo, laissant la mégapole flamboyante et sa périphérie loin derrière eux. Ils survolèrent des villages minuscules, petits points lumineux au milieu des ombres des champs cultivés, puis ils arrivèrent au-dessus de l'océan ténébreux et puissant.  

Quelques minutes suffirent pour traverser cette énorme masse ondulante de part en part. Déjà, des rivages étaient en vue, montagnes étincelantes de lumières dans l'obscurité. De loin, Ryo aperçut les lettres très éclairées de Hollywood mais il eut à peine le temps de les admirer qu'ils parcouraient déjà les airs au-dessus de nouvelles montagnes puis de vastes plaines, parsemées de nombreux points lumineux, puis encore des montagnes, sombres et enneigées. Il n'avait pas besoin de demander où l'esprit le conduisait à cette allure folle. Ils allaient à New York, assister au réveillon de Sayuri, la sœur de Kaori.  

Une dizaine de secondes plus tard, il reconnut New-York, la grande cité verticale, ses tours, ses lumières qui clignotaient, son grand parc. Il avait passé quelques mois dans cette ville, lors de son passage aux USA. Pas forcément un souvenir heureux. La seule chose qui lui avait plu à l'époque, n'avait pas changé : tout était en mouvement, partout, tout le temps ; un peu comme à Tokyo. Au loin, protégeant le port, la grande dame de métal tendait toujours sa flamme droit devant elle, fière de sa nation.  

Les flocons de neige voletaient autour d'eux, telle une escorte de fine poussière pailletée. Dans les rues et les avenues, aux pieds des immeubles, aux fenêtres, dans les vitrines des magasins qui étaient encore pour la plupart encore ouverts, les décorations de Noël étaient partout et partout les New Yorkais fêtaient Noël. Enfin, ceux que Ryo pouvait voir...  

L'esprit le fit slalomer autour des célèbres gratte-ciels de Central Park avant d'obliquer en direction du Sud, vers les quartiers chics. Soudain, ils s'arrêtèrent brutalement devant un immeuble à la façade élégante. Cet arrêt était plutôt le bienvenue. Ryo se sentait nauséeux et fatigué : trop d'images, trop de lieux, trop de vent, trop de sensations. Il avait besoin de respirer un bon coup.  

Cependant, il eut à peine le temps de goûter à ce répit, que l'esprit le tirait par le bras vers la façade de la maison. Apparemment, il n'avait pas besoin de passer par les portes et il lui fit traverser le mur de grès comme s'il s'agissait d'un écran de fumée. Ils se retrouvèrent alors dans un salon coquet et raffiné, décoré avec élégance pour les fêtes de Noël. Dans ce calme douillet, une voix retentit depuis le couloir, interpellant quelqu'un en anglais :  

— Dépêche-toi, Danny. On est déjà presque en retard. Ce ne sera pas facile de trouver un taxi ce soir.  

 

Ryo reconnut immédiatement la diction de Sayuri. Il s'y était attendu mais entendre cette voix si semblable à celle de Kaori lui remua curieusement l'estomac. C'était la première fois qu'il notait la ressemblance. Ça paraissait presque irréel et pourtant... Ryo savait bien qu'il n'était pas en train de rêver. Ryo sentit son cœur se serrer mais n'en montra rien. Enfin, tout du moins, ce fut ce qu'il espérait.  

Ryo sortit du salon et découvrit la jeune femme penchée devant le miroir de l’entrée. Elle fermait sa boucle d'oreille, une perle blanche toute en sobriété et en élégance, en parfait accord avec sa petite robe sombre et ajustée ainsi qu'avec sa coiffure, un simple chignon qui mettait en valeur sa nuque et le léger décolleté.  

— J'arrive, j'arrive ! répondit un homme qui arrivait dans le couloir tout en ajustant son nœud de cravate d'un geste sûr.  

 

Il s'agissait sans aucun doute de celui que Sayuri avait appelé Danny. Il était grand et svelte, même si sa chemise blanche semblait le serrer un peu en dessous du nombril. Ces cheveux blonds et fins étaient coupés courts, ses lunettes rondes lui donnaient un air intellectuel de prof de fac.  

— Ne t'inquiète pas, poursuivit-il. Ce n'est pas bien grave si on a quelques minutes de retard, tu sais.  

— Heuuu, c'est tes parents tout de même, s'offusqua la jeune femme.  

L'homme se mit derrière elle et déposa un baiser sur la nuque dégagée :  

— Oui mais arrête de t'angoisser. Ils vont t'adorer. Même si tu es en retard ! Tu n'auras qu'à prétexter que je ne trouvais pas mes chaussures... Ça fera beaucoup rire ma mère, tu verras.  

La jeune femme leva les yeux au ciel et se retourna vers son amant :  

— Je veux faire bonne impression. C'est la première impression qui compte, tu sais. C'est comme les introductions, les titres et les entêtes des arti...  

L'homme la fit taire d'un baiser. Quand il s'éloigna de ses lèvres, il la rassura :  

— Je sais, tu me l'as déjà dit mille fois. Et je te répète : ça-va-aller.  

Il regarda sa montre :  

— On aurait même encore le temps pour un petit calin.  

Elle lui asséna une petite tape derrière le crâne :  

— Ne te moque pas comme ça. C'est important pour moi que ta famille m'accepte. C'est ta famille. Rien ne peut remplacer une famille.  

L'homme lui caressa la joue en souriant :  

— Je sais que c'est important pour toi et ça l'est pour moi aussi. Après tout, je vais annoncer nos fiançailles et je t'avoue que j'ai un peu le trac !  

— Ah oui ? sourit Sayuri, à la fois moqueuse et rassurée.  

— Ah oui ? s'étonna aussi Ryo sans que personne d'autre que l'esprit ne l'entende. Alors c'est pour ça qu'elle a invité Kaori !  

 

Danny passa le manteau sur les épaules de la jeune femme avant d'enfiler le sien.  

— Et oui ! Tout comme je suis nerveux de rencontrer ta sœur après-demain.  

— N'oublie pas qu'elle ignore encore que nous sommes sœurs.  

— Non, je ne l'oublierai pas. C'est à toi d'annoncer ça... Si tu le souhaites évidemment...  

— Je ne veux pas décider avant de l'avoir revue. Tout dépendra de ce qu'elle me racontera de sa vie avec cet homme dont je t'ai parlé.  

— Je sais, répondit Danny en hochant la tête.  

Visiblement, ce n'était pas la première fois que le couple abordait cet épineux sujet de Kaori en général et de sa relation avec Ryo en particulier... Cela mit d'ailleurs Ryo mal à l'aise de découvrir qu'en quelque sorte, à l'autre bout du monde, Sayuri parlait de lui à un homme qu'il ne connaissait pas, tout en attendant quelque chose de lui... une chose qu'il avait promis de faire... et qu'il n'avait pas vraiment faite. Comme pris en faute, il se sentit confus.  

 

Devant lui, ignorant tout des deux silhouettes fantômatiques qui se trouvaient dans son couloir, la jeune femme terminait d'ajuster son écharpe, visiblement préoccupée.  

— J'espère tellement qu'elle est heureuse et que j'ai fait le bon choix en la confiant à ce Saeba.  

Danny ouvrit la porte d'entrée :  

— Je l'espère aussi pour elle. Mais chaque chose en son temps, nous aurons la réponse à cette question dans quelques jours. Allons-y, Mademoiselle Tashiki... Future Madame Eddisson. En route pour une belle fête de Noël.  

La jeune femme retrouva immédiatement son magnifique sourire et passa le bras autour du cou de son fiancé. Ryo s'élança pour retenir Sayuri, pour tenter de lui expliquer, de se justifier.  

— Sayuri, attends ! Tu sais, ça ne s'est pas passé comme tu le voulais, mais je vais t'expliquer ! s'exclama-t-il mais personne, à part l'esprit, ne l'entendit.  

Sa main, n'ayant pas plus de consistance qu'un nuage, traversa le bras de la jeune femme puis la porte qui se refermait déjà sur le couple d’amoureux. Il regarda ses doigts, confus.  

— Tu ne peux pas intervenir. Même si cela est en train de se passer... expliqua Erica.  

— Mais il faut que je lui dise ! Ce n'est pas ma faute à moi si la situation a dégénéré avec Kaori.  

— Ah bon ? s'étonna l'esprit.  

— Oui ! Tout à fait. Elle non plus, elle ne fait rien pour...  

— Tsss, tsss, tsss, l'interrompit-il en faisant osciller son gros index manucuré devant le nez de Ryo. Pas maintenant. On doit se dépêcher, sinon, on va être en retard pour la fête.  

— Pour la fête ? Quelle fêêêê... ?!?!  

Le visage disgracieux d'Erica se fendit d'un large et éclatant sourire et, avant que Ryo ait pu faire le moindre geste, l'esprit avait saisi l'homme par le bras, le poussant vers la porte d'entrée fermée à clef.  

Ils traversèrent le panneau de bois massif comme s'il s'agissait de rien de plus que d'un rideau de poussière et se trouvèrent soudain dans un autre salon fortement éclairé et bruyant.  

 

Ryo fut pris de nausées alors qu'il avait l'impression de tanguer sur un navire en pleine tempête. Les lumières dansèrent devant ses yeux et il se serait sans doute effondré si Erica ne l'avait pas retenu :  

— Trop rapide pour toi, l'Étalon ?  

— Grompffff...  

Encore vacillant, il eut besoin de quelques secondes pour reprendre ses esprits et reconnaître le décor qui l'entourait : ils étaient arrivés dans le salon mansardé qui occupait l'étage supérieur du Cat's Eye, ils se trouvaient chez Miki... et chez Falcon, depuis que ce dernier avait emménagé avec la jeune femme dans l'appartement surplombant le salon de thé.  

Près de la cheminée, un sapin, modeste mais joliment paré d'or et de rouge étincelait d'une jolie guirlande lumineuse imitant la lueur des bougies, des cadeaux avaient été disposés tout autour de son pied, des chaussettes colorées pendaient au linteau de la cheminée. Le canapé avait été repoussé dans un coin de la pièce pour laisser la place à une grande table où les convives qui y étaient assis, mangeant avec appétit tout en discutant joyeusement.  

En bout de table, Miki occupait la place d'honneur, Kaori était assise à sa gauche, puis venaient Mick, Kazue et le Doc, ravi d'être assis à côté de la somptueuse Rosemary, ce qui convenait visiblement beaucoup moins à Eric, son fiancé. A la droite de Miki, se tenait Falcon avec Kazumi, une jolie petite brunette qui devait être Mizuki, sa cousine, voleuse professionnelle de son état qui côtoyait ironiquement l'officier de police Nogami Saeko, sa soeur Reïka, détective privé et Yuka, la petite dernière, jeune auteure de romans policiers à succès.  

Ryo ne put retenir un sourire : c'était là une bien étrange tablée pour une bien étrange famille... Mais il ravala son sourire. Il avait choisi de ne pas participer à ces festivités.  

— Foutaise ! Foutaise ! Noël, c'est de la foutaise ! avait-il clamé pendant des jours jusqu'à cet après-midi.  

 

Mais ce soir, il n'était plus très sûr. Ses certitudes ramollissaient. Il sursauta quand il entendit la voix de Miki couvrir le léger brouhaha des discussions :  

— C'est vraiment dommage que Ryo n'ait pas accepté de venir.  

Un silence gêné s'abatit sur le petit groupe. Saeko s'éclaircit la gorge puis fusilla sa petite soeur Yuka, assise à côté d'elle :  

— Oui, comme ça, on aurait été quatorze.  

Yuka qui lui tira la langue en retour :  

— Pas ma faute si les parents ont accepté que je vienne avec vous ! Et une si belle tablée, avec tant de personnes si atypiques, franchement, c'est une aubaine pour une jeune romancière comme moi ! J'ai déjà mille idées pour mon prochain livre ! crâna l'adolescente qui avait certainement mis sa plus jolie robe.  

— Tu ne penses qu'à toi, ça porte malheur d'être treize à table ! attaqua Reïka, acerbe.  

Yuka lui tira la langue à elle aussi et Saeko lui fit les gros yeux en la houspillant. Miki, elle, éclata de rire :  

— Ne vous disputez pas pour ça, les filles ! Je ne suis pas du tout superstitieuse. C'est très bien que tu aies pu venir, Yuka. Je ne regrette pas l'absence de Ryo à cause de cela. Je trouve que ça aurait été l'occasion de passer un bon moment tous ensemble, c'est tout.  

Kaori joua avec sa fourchette, plongeant le nez vers son assiette.  

— Ouais, bah moi, je ne suis pas fâché qu'il ait refusé, trancha Mick d'un ton sec avant de sourire ostensiblement et de saisir un plat pour se resservir. Il y en a plus pour nous !  

— N'empêche, plus sérieusement... Je ne comprends pas pourquoi il s'est refermé sur lui-même comme ça, insista Miki.  

Mick continua à manger, refusant visiblement de s'étendre sur le sujet. Le Doc soupira, reposant sa serviette :  

— Il a été secoué dernièrement. Il a peut-être besoin de temps.  

— Oui, approuva Rosemary en prenant la main de son fiancé dans la sienne. Assumer son passé n'est pas chose facile dans notre domaine professionnel. Encore plus pour lui.  

— Il va reprendre le dessus, assura ensuite Saeko avant de se tourner vers Kaori. Après la mort d'Hideyuki, il a été distant. Et puis... Quand il a changé de partenaire, il est redevenu normal. Admettons que Ryo puisse être normal....  

 

Kaori ne releva pas et se contenta de garder les yeux baissés, attristée d'entendre le nom de son frère ou gênée par la référence de Saeko au début de son partenariat dans City Hunter ? Difficile à dire, même pour Ryo qui observait tout sans être vu.  

— Oui, je pense aussi qu'il faut du temps pour panser certaines plaies, ajouta Kazue.  

— C'est pour ça que partager ce moment avec nous lui aurait certainement fait du bien. Je ne comprends pas pourquoi il s'obstine autant, reprit Miki.  

Elle espérait secrètement profiter de cette réunion pour trouver une solution aux tensions qui s'étaient installées entre eux tous. Mais elle n'avait pas vraiment obtenu le résultat escompté ; maintenant, toute la tablée semblait mal à l'aise.  

— Réflexe de pro peut-être, répondit alors sobrement Falcon.  

— Tu es trop gentil, nounours, tu lui trouves toujours de bonnes excuses.  

— Je comprends ce que peut représenter la difficulté de protéger la femme qu'on aime. Chacun trouve une solution à sa manière.  

Mick se tassa sur sa chaise, Kaori pâlit, Miki sourit à son géant qui se mit à rougir si fortement qu'on eut l'impression de le voir chauffer à vue d'œil.  

Erica poussa Ryo du coude en hochant théâtralement la tête. Ce dernier fit mine de ne pas comprendre et se moqua de Falcon qui, conscient d'être la cible de l'attention générale, toussa pour s'éclaircir la gorge :  

— Heuuu, tu n'avais pas prévu un jeu avant de passer au dessert ?  

 

La diversion fonctionna et tout le monde se leva en riant joyeusement pour aller prendre place sur le canapé et sur le tapis, sur lequel Miki avait disposé de nombreux coussins. La maîtresse de maison lança un devine-qui-je-suis : il s'agissait de trouver l'identité d'une personne célèbre en posant des questions simples à celui qui avait choisi sa personnalité préférée.  

Miki s'éclipsa ensuite en cuisine, refusant l'aide de quiconque. Au cours de trois parties, on trouva que Reïka pensait à Goldorak, Le Doc à Cindy Crawford et Kazumi à la Joconde. La quatrième manche se corsait sérieusement. Ryo, lui, s'ennuyait à mourir mais Erica insista pour qu'ils restent encore un peu.  

— J'ai pas le choix, si je comprends bien.  

— Et non, mon ami. Tu dois voir et entendre certaines choses... et les comprendre aussi... Mais, ça, c'est pas gagné... répondit le spectre en soupirant.  

 

Mick répondait maintenant oui ou non aux questions qu'on lui posait, et révéla ainsi qu'il pensait à un animal, vivant mais désagréable. C’était un animal qui grondait et grognait quelquefois mais qui pouvait éventuellement parler mais ne mordait pas. Les invités découvrirent aussi que cet animal aimait se battre et parader, qu’il ne se laissait pas tenir en laisse. On ne le trouvait ni dans les cirques ni dans les zoos. Ce n’était ni un ours, ni un lion, ni un perroquet, ni un chien, ni un dragon, ni un tyranosaure.  

A chaque nouvelle question, Mick souriait de plus belle, jubilant de faire tourner ainsi ses amis en bourriques. Soudain, Yuka bondit sur ses pieds et s'exclama :  

— J'ai trouvé ! C'est Ryoooo !!!  

Mick se leva aussi et s'inclina théâtralement devant la jeune adolescente :  

— Bravo, Mademoiselle Nogami !  

 

Tous applaudirent l'exploit. Certains riaient ouvertement de la taquinerie, d'autres se forçaient à sourire à l'instar de Reïka ou de la cousine de Kazumi. Rosemary observait en biais Falcon et Kaori, qui eux, croisaient les bras, contrariés qu'on parle à nouveau de celui qui brillait par son absence. Ryo, lui, aurait bien balancé son poing dans la figure à l'Américain et, ne pouvant le faire, il se contentait de rire jaune... mais ça, à part l'esprit qui se tenait à ses côtés, personne ne s'en rendait compte. Mick, fier de sa blague, saisit sa coupe de champagne sur la table basse :  

— Je propose qu'on porte un toast ! A Ryo ! En espérant qu'il passe un joyeux Noël !  

— Voilà le dessert ! le coupa Miki qui entrait dans la pièce, avec dans les mains une bûche au glaçage brun foncé, brillant comme un miroir.  

 

Son arrivée suscita maintes exclamations d'impatience et d'admiration pendant que tous prenaient place à table, comme magnétisés par le dessert chocolaté. Les convives se chamaillèrent ensuite pour savoir qui aurait droit à la plus grosse part, flattant à qui mieux mieux l'artiste pâtissière pour avoir droit à un petit centimètre de plus dans son assiette. Tous riaient, plaisantaient, s'amusaient. Tous, sauf Kaori.  

Ryo la connaissait trop bien pour ne pas se rendre compte que son sourire n'était qu'un sourire de façade : derrière ses lèvres délicatement ourlées, ses yeux, eux, restaient vides et tristes. Elle félicitait Miki pour la réussite de son gâteau mais lui, Ryo, ne pouvait s'empêcher de voir qu'elle mangeait sans la gourmandise qui lui était habituelle... Pourtant, il y avait dans cette bûche tout ce dont elle raffolait : glaçage délicat, biscuit moelleux à la vanille, cerises à l'alcool, meringue.  

 

— Alors Kaori, j'ai appris que tu vas à New York dans deux jours ? lança Rosemary.  

La jeune femme releva la tête et sourit, mais de ce sourire toujours aussi peu convaincant pour qui la connaissait bien.  

— Oui, oui. Je suis invitée à fêter le Nouvel An par une ancienne cliente de City Hunter. Une journaliste japonaise qui s'est installée là-bas.  

— Ohhh, super ! Vous irez sur Time Square je suppose ?  

— J'adorerais !  

— Nous, nous serons encore à Tokyo. Tu aurais dû me prévenir, ça aurait été sympa de se retrouver là-bas. Je connais bien New York.  

— C'est que... Ca c'est décidé un peu à la dernière minute.  

Rosemary la regarda en biais alors que Kaori se justifiait :  

— Oui, j'ai hésité un moment avant d'accepter. Tu sais, avec le boulot, tout ça.  

— Je comprends, c'est compliqué de laisser Ryo sans surveillance. Mais il faut bien lever le pied de temps à autre, non ? demanda Rosemary, visiblement intriguée par les réactions de la jeune femme.  

— Ah oui, oui... approuva Kaori en souriant faussement. Miki, ta bûche est formidable mais je crois que j'ai besoin de prendre l'air pour digérer un peu...  

Miki hocha la tête et la regarda se lever. Kaori posa la main sur l'épaule de son amie pour la rassurer et lui intimer de ne pas la suivre. Elle passa son manteau avant de se diriger vers la porte. Ce fut à cet instant que Ryo remarqua quelque chose d'étrange : la jeune femme semblait auréolée d'une sorte de voile noir, telle une ombre qui se serait collée à elle. C'était comme si Kaori avait été lentement poussée dans la nuit et qu'elle perdait des couleurs.  

— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Ryo à l'esprit en désignant sa partenaire du doigt.  

Erica sourit en penchant la tête :  

— A ton avis ?  

— Elle va mourir ? demanda froidement Ryo pour ne pas montrer que les battements de son cœur s'étaient soudain accélérés.  

— Non, je te rassure. Enfin elle mourra, comme tout le monde, mais pas tout de suite.  

— Alors c'est quoi ce truc ?  

Cette fois, dans cette question posée trop précipitamment, Ryo n'avait pas réussi à dissimuler sa colère et son inquiétude. Erica perdit son sourire, comprenant que le temps de la taquinerie était fini et regarda la jeune femme sortir tout en expliquant à Ryo :  

— Ce truc ? C'est la tristesse. La solitude du cœur. L'abandon. Les seules choses que tu lui aies données. Le résultat de ton absence à cette fête. Et de ton attitude ces dernières semaines....  

— Non, non, non. Je ne lui ai pas donné que ça. C'est pas... Ce n'est pas... Ce n'est pas de ma faute. Elle non plus ne voulait pas que je...  

Ryo s'interrompit, figé par le regard réprobateur d'Erica qui croisait maintenant les bras. L'homme soupira profondément, ses larges épaules voûtées, les traits tirés :  

— Pfff... tu sais ... c'est compliqué...  

— Ah oui ?  

Ryo soupira à nouveau, passa les mains dans ses cheveux en bataille. Il se trouvait soudain à court d'argument. Alors que, la veille au soir, il ne manquait pas de belles excuses pour justifier tous ses manquements, là, d'un coup, plus rien ne venait. Lui-même ne comprenait plus tellement pourquoi il en voulait tellement à Kaori. La voir toute auréolée d'ombres l'avait rendu mélancolique.  

 

Kaori revint sur ses entrefaites  

— On a assez attendu pour les cadeaux maintenant ! s'exclama Yuka derrière lui. Je veux ouvrir le mien !  

Il regarda l'adolescente se diriger vers le sapin, suivie par la joyeuse petite troupe, tous excités comme des enfants à l'heure de la récréation. Alors que Ryo observait ses amis déchirer les petits cadeaux que Mick avait apportés pour tout le monde, l'esprit d'Erica en profita pour se volatiliser. Ryo le chercha du regard mais il n'était nulle part.  

 

L'horloge du salon de Miki sonna alors une heure du matin. Le sol trembla et le décor s'effaça, masqué par une sorte de brouillard cotonneux. A travers cette brume, Ryo distingua une silhouette noire encapuchonnée qui flottait lentement vers lui. Le fantôme d'Hideyuki l'avait prévenu : il recevrait la visite de trois esprits et le dernier venait d'arriver.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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