Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: Sayaka1537

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 2 capitoli

Pubblicato: 10-01-08

Ultimo aggiornamento: 17-01-08

 

Commenti: 16 reviews

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RomanceDrame

 

Riassunto: A la base un one-shot de soutien à Ingrid Betancourt mais qui m'a permis d'étudier un autre aspect de leur relation et qui s'est donc transformé en deux chaps !!! ^^

 

Disclaimer: Les personnages de "Peux-tu vraiment tout accepter ?" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Peux-tu vraiment tout accepter ?

 

Capitolo 2 :: Une question à ne pas poser... Quoique, à voir...

Pubblicato: 17-01-08 - Ultimo aggiornamento: 17-01-08

Commenti: Coucou tout le monde ! :-) Voici donc la suite et fin de cette petite fic ! ^^ Un grand merci pour leurs si gentilles reviews à Kaori4ever, Stella, RKever, Lady Gaby, Nanou, Didinebis, Saoria et Grifter !!! :-) :-) :-) Et un merci tout particulier à Kaori4ever pour avoir pris la peine de revenir le lendemain, j’en suis toujours pas revenue !!! ;) Grifter, j’avoue avoir réfléchi à cette idée, mais j’ai trouvé que ça faisait vraiment trop « Superman » !!! ^^ Je veux rester dans les limites du réaliste et si nous sommes réalistes… Un seul homme contre la guérilla des Farcs ? Et même si on met leur groupe en entier ce serait impossible ! Déjà faudrait trouver Ingrid… :-/ Donc je suis au final partie sur autre chose, même si je voulais au départ au-moins que Kaori le lui mentionne même s’il dit non, mais le résultat est que je n’ai même pas eu l’ouverture pour le mettre, leur discussion s’enchaîne bien trop rapidement ! ^^ ;) En espérant que ce « final » vous plaira et encore merci pour vos reviews !!! :-) (PS : Je me paye des cours Jeudi et Vendredi et Lundi je reprends, mais heureusement j’ai réussi à prendre un peu d’avance alors j’essaierai de résister et de pas tout poster en même temps d’accord ? :-( )

 


Capitolo: 1 2


 

Le soir même…  

 

Lorsque Kaori rentra, Ryô était assis dans le canapé, regardant la télé, et pour une fois il ne s’agissait même pas d’un défilé de Miss X en bikini. A l’instant où elle ferma la porte, il lui lança d’un ton impérieux : « Viens ici. »  

 

La jeune femme, encore des paquets de course plein les bras, se retourna vers lui, étonnée :  

« Une seconde Ryô, tu vois bien que je suis chargée ! »  

« Viens ici tout de suite, je te dis. Ils parlent de Betancourt. »  

 

A ces mots, Kaori posa précipitamment ou plutôt laissa presque tomber (ce sera plus exact ^^) tous les sacs qu’elle tenait sur le sol pour se précipiter vers la télé. C’était toujours le même présentateur qui parlait, mais cette fois il annonçait une nouvelle de taille…  

 

 

…Clara Rojas, 43 ans, son fils Emmanuel, né et conçu en détention et dont on pense qu'il a trois ans, et Consuelo Gonzalez 57 ans. Il s'agirait d'un triomphe diplomatique pour Chavez, coutumier de virulentes diatribes contre Washington et auquel le président colombien Alvaro Uribe avait retiré fin novembre le mandat qu'il lui avait confié durant l'été pour négocier avec les Farc.  

 

Dans la matinée, le président vénézuélien a longuement détaillé le déroulement de l'opération de récupération des trois otages. De Villavicencio, les hélicoptères partis de Santa-Domingo dans le sud-ouest du Venezuela et dont l'un est médicalisé, devraient se diriger vers le point de remise en liberté des otages, qui doit encore être décidé par les Farc et reste tenu secret.  

 

Les appareils devaient repartir ensuite vers Villavicencio, au pied des Andes, à 90km environ au sud-est de Bogota, ou directement vers le Venezuela.  

 

« C'est la première phase, l'approche de l'objectif. La seconde phase, ce sera le sauvetage. Cette seconde phase doit avoir lieu demain. », a dit Chavez.  

 

L'évacuation ne devra pas trop prendre de retard. Le président colombien Alvaro Uribe n'a autorisé le survol de son territoire que jusqu'à dimanche soir. La Colombie a nommé un représentant pour assister à l'opération en compagnie d'émissaires internationaux français, brésilien, argentin (l'ancien président Nestor Kirchner), bolivien, cubain, équatorien et suisse.  

 

Cette libération d'otages politiques sans contrepartie de la part de la Colombie est la première en sept ans et pourrait créer des conditions favorables pour un échange entre la cinquantaine d' « otages politiques » des Farc - dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, captive depuis février 2002, ainsi que trois ressortissants américains capturés en 2003 - et quelque 500 guérilléros détenus par les autorités colombiennes.  

 

La guérilla voulant dissocier le lieu de remise des otages de ses propres campements, cela signifie que les trois otages ont sans doute été transférés ailleurs depuis plusieurs jours. Pour les hélicoptères de la « caravane humanitaire », cela pourrait impliquer un véritable jeu de piste, avec des rendez-vous successifs pour déjouer toute attaque de l'armée.  

 

« Il y a eu des gestes de bonne volonté des deux parties », souligne Juan Carlos Lecompte, mari d'Ingrid Betancourt. « Les FARC procèdent pour la première fois à une libération unilatérale d'otages et le gouvernement colombien a très vite donné son feu vert à la « caravane humanitaire » proposée par Chavez. »  

 

 

Kaori, qui était restée debout jusqu’ici, vint s’asseoir sur le canapé auprès de Ryô tandis qu’il éteignait carrément la télé. Se tournant vers elle, il l’observa avec beaucoup d’attention : Cette nouvelle aurait du la faire sauter de joie, pourtant ça ne semblait pas être le cas. Bien sûr elle semblait heureuse de ce nouvel espoir, mais nettement moins démonstrative que ce qu’elle aurait du être. Assise, elle restait là, le regard toujours posé sur l’écran, un léger sourire jouant sur ses lèvres. Mais c’était tout. Elle était visiblement partie dans ses pensées…ne réagissant encore une fois pas comme elle l’aurait fait en temps normal.  

 

Voyant qu’elle ne bougeait toujours pas et comprenant qu’ils pourraient rester ainsi encore longtemps, Ryô se décida à briser le silence en premier :  

« Kaori ? Youhou, Kaori ? Tu m’entends ? »  

 

La jeune femme sursauta légèrement, le dévisageant comme si elle venait seulement de s’apercevoir qu’il était là.  

« Oh pardon Ryô, j’étais ailleurs. Cette nouvelle est tellement…fantastique !!! Pourvu que ça marche !!! » Puis elle continua, comme si vraiment elle venait d’y penser : « Oh mon dieu, les courses ! » et enchaîna aussitôt un mouvement pour se lever. Ryô, pas dupe pour deux sous, lui attrapa le poignet au passage. Sa partenaire voulut se dégager mais il ne la libéra pas, la retenant fermement d’une main.  

 

« Ryô ?! Mais qu’est-ce que tu fabriques ? Lâche-moi enfin ! J’ai acheté des surgelés, ils seront bons à jeter si je ne les range pas très vite au réfrigérateur !!! »  

Mais Ryô ne lâcha toujours pas prise et il n’en avait que d’autant moins l’intention de voir qu’encore à présent ses yeux refusaient de rencontrer les siens.  

 

« Assieds-toi, Kaori. » prononça-t-il calmement et pourtant fermement. La jeune femme sut en l’entendant qu’elle n’avait aucun espoir de lui échapper, mais malgré tout elle tenta sa chance :  

« Mais Ryô, voyons, mes surgelés… ça peut bien attendre deux minutes… »  

« Assieds-toi, Kaori. » répéta-t-il simplement sur le même ton. Il la vit hésiter, jeter encore un coup d’œil en direction de ses courses, avant de finalement abdiquer et de se laisser tomber sur le canapé à ses côtés, l’air mal à l’aise.  

 

« Bien. » souffla-t-il alors, toutefois toujours sans relâcher sa pression sur son poignet. « Alors maintenant… Pourquoi as-tu peur de moi ? »  

« Quoi ?! » s’écria Kaori en se tournant violemment vers lui sur le canapé, sans le regarder complètement en face toutefois. « Je n’ai jamais eu peur de toi et c’est pas aujourd’hui que ça va changer, Ryô ! »  

« Oh que si, ça va changer. Ça a déjà changé, en fait. »  

« Mais de quoi tu parles à la fin ? »  

« Kaori, tu ne me regardes plus en face. »  

 

Il la vit frissonner et cette fois elle ne répondit rien. Peut-être allait-il enfin comprendre ce qui se passait…  

 

« Tu m’évites. Je devrais même dire que tu me fuis. On ne s’adresse quasiment plus la parole depuis des jours. Et surtout, tu refuses systématiquement de croiser mon regard. Tu ne me regardes plus, Kaori, tu n’affrontes plus mon regard. Alors ne me dis pas que c’est normal. Tu as peur, peur que je ne découvre quelque chose, ça j’en suis certain, mais je n’arrive pas à saisir quoi. Qu’y a-t-il, Kao ? Qu’as-tu donc si peur que j’apprenne ? Enfin, j’ai toujours été là pour toi, tu sais bien que tu peux tout me dire non ?! »  

« Pas ça, Ryô… »  

 

Elle l’avait murmuré si bas qu’il se demanda un instant s’il l’avait réellement entendu. Pourquoi pas « ça » ? Pourquoi une exception ? Quelle était donc l’unique sujet dont elle ne pouvait pas lui parler ?!  

 

« Tu as rencontré quelqu'un ou quoi ?! » lança-t-il, plus durement qu’il ne l’eut voulu.  

« Hein ?! Mais non, pas du tout… »  

 

Oulah… Elle n’avait même pas ajouté « et de toute façon ça ne te regarde pas ! » à la fin de sa phrase… C’est qu’elle n’allait vraiment pas bien.  

 

« Kao, regarde-moi. Je t’en prie, regarde-moi. Je ne supporte pas que toi tu me craignes. »  

 

Mais elle ne bougea toujours pas, les poings serrés sur ses genoux. Alors, doucement, il se pencha vers elle et, prenant son visage entre deux doigts, il le tourna lentement vers lui, cherchant son regard qui se dérobait encore.  

« Sugar Boy… » chuchota-t-il sur un ton de doux reproche. « Que t’arrive-t-il ? »  

 

Enfin elle croisa son regard et il fut surpris de voir des larmes affleurer dans ses yeux.  

« Kaori, mais que…  

« Ryô… » l’interrompit-elle. « Ryô… Est-ce que toi aussi… Lorsque tu étais guérillero… Est-ce que toi aussi… Tu as pris des otages comme… Comme Ingrid Betancourt ? » finit-elle d’une toute petite voix, le regardant pour la première fois dans les yeux mais avec l’angoisse de sa réaction devant sa question…  

 

Le regard de Ryô devint aussitôt impersonnel, comme s’il s’était fermé au monde qui l’entourait. Kaori parvenait pourtant à y déceler la colère qu’elle redoutait, mais aussi quelque chose de plus profond, quelque chose qui ressemblait à de la peine… Elle se mordit la lèvre : C’est pour ça qu’elle ne voulait le lui dire au départ, elle savait qu’elle allait lui faire mal.  

 

Très lentement, les doigts de Ryô se détachèrent de son visage, et sa main retomba sur le canapé. Toujours aussi près l’un de l’autre, aucun des deux ne bougea, personne ne parlant. Kaori se sentait de plus en plus mal en voyant sa réaction et quant à Ryô il ne laissait rien filtrer de ce qu’il ressentait.  

 

En réalité le nettoyeur ne savait ni comment ni quoi répondre. Car que lui dire ?  

 

Cette fois, c’est lui qui avait peur. Peur de lui parler de son passé, peur de lui raconter les pires épisodes de sa vie, peur qu’elle ne l’accepte plus…  

Elle avait toujours dit l’accepter avec son passé, avec ses erreurs, accepté ce qu’il était, mais visiblement les sentiments qu’elle ressentait envers les guérilleros qui retenaient Ingrid Betancourt avaient modifié la donne.  

 

Il savait qu’elle voulait entendre un « Non, je ne l’ai jamais fait. », mais et s’il lui répondait « oui » ? Le regarderait-elle désormais comme ces Farc qui la dégoutaient ? Ryô sentit une main de fer comprimer sa poitrine à l’idée qu’il puisse indisposer Kaori par ce qu’il était. S’il lui disait « oui », leur relation serait-elle jamais pareille ?  

 

Il ne savait plus bien comment se sortir de ce guêpier, sentant de la colère se lever en lui contre la jeune femme : Colère de lui avoir posé cette question, alors qu’il oubliait qu’il l’avait amenée à ce faire ; colère d’avoir eu peur de lui ; colère de le mettre dans une situation si délicate…  

 

Mais aussi, par-dessus sa peur et sa colère, ce qui dominait en lui c’était plus la blessure qu’elle lui infligeait en posant cette question. Il avait cru qu’elle le voyait autrement, comme l’homme qu’il était et non comme le guérillero qu’il avait été. Pas qu’il renie cette partie de sa vie, elle avait existé et ni lui ni elle n’y pouvaient rien. La renier reviendrait à se renier soi-même, car c’était malgré tout aussi grâce à cette partie de son existence qu’il était tel aujourd’hui.  

 

Alors ? Devait-il opter pour la sécurité et dire « non » ? Ou devait-il être honnête envers elle ? Lui qui détestait qu’on lui mente, allait-il mentir à celle qu’il aimait ?  

 

« Ryô… Je… Je suis désolée… Je n’aurais jamais du te demander et… Je… »  

Ne trouvant plus ses mots, Kaori abdiqua et se leva du canapé. Mais alors qu’elle allait pour s’éloigner, la voix de Ryô retentit dans son dos :  

« Je suppose que tu veux aussi savoir si j’ai une ribambelle d’enfants comme Emmanuel un peu partout ? »  

 

Kaori encaissa sans broncher, peinant de plus en plus à retenir ses larmes. Elle n’avait pas voulu ça au départ, oh elle n’avait tellement pas voulu ça…  

Ryô lui se demanda pourquoi il lui avait balancé ça de cette façon. Il avait voulu l’arrêter, l’empêcher de partir, mais ça ce n’était pas vraiment la meilleure manière d’entamer la conversation…  

 

« Kaori, je… Rah ! Excuse-moi, d’accord ? C’est sorti tout seul. C’est juste que… ça me fait mal que tu puisses douter de moi, toi… »  

 

La jeune femme se retourne vers lui, définitivement au bord de la crise de larmes.  

« Je suis navrée Ryô, je n’aurais jamais du aborder ce sujet. Je sais que j’ai toujours dit que je me foutais de ton passé, que je te connaissais toi, je sais ça et je le dis encore ! C’est juste que… »  

« C’est juste que tu as réalisé ce que être un guérillero voulait dire. »  

 

Il n’y avait pas d’animosité dans la voix de Ryô, juste un douloureux calme.  

« Tu as mis des mots et des images sur ce que tu te refusais jusque là à imaginer consciemment. »  

« Non… Ryô… »  

« Tu veux bien te rasseoir, Kaori ? Je crois qu’on doit parler pour une fois. Viens là, s’il-te-plaît… » Il la suppliait presque. Doucement, la jeune femme vint se replacer à ses côtés et murmura d’une voix faible :  

« Je n’ai toujours pas peur de toi, Ryô… »  

 

Il ne répondit pas, sa contentant de regarder droit devant lui. Ah ça, il aurait aimé avoir une cigarette dans l’instant présent !!! Tant de choses se jouaient sur ce canapé… (^^) Allaient-ils vraiment parvenir à s’en sortir cette fois ?  

 

« Je ne sais pas ce qui est le pire pour toi, Kaori, » commença-t-il enfin après une bonne minute de silence, mais oui j’ai tué et oui j’ai enlevé des gens. » Il la sentit plus qu’il ne l’entendit prendre une brusque inspiration d’air à ses côtés, mais refusa toujours de la regarder. Implacable, il continua sur sa lancée :  

« Et oui, j’ai torturé des « ennemis » pour obtenir des informations, sur ordre de mon « père », certes, mais il reste que je l’ai fait. » Il laissa s’écouler quelques secondes avant de poursuivre :  

« Maintenant, regarde-moi comme un monstre si tu veux, mais que je te dise simplement quelque chose : Tous les guérilleros l’ont fait. Il n’y en a pas un qui n’a jamais eu à se salir les mains. Tu as toujours dit m’accepter entièrement, tel que je suis, mais que t’imaginais-tu donc ? Je n’ai pas été mieux que les autres, Kaori. Ni mieux ni pire. Peut-être même pire à vrai dire, vu que j’avais un meilleur niveau que beaucoup. J’ai donc certainement fait plus de dégâts encore. Si tu n’es pas ou plus capable d’accepter ce fait, peut-être devrait-on revoir notre partenariat. »  

« Ryô, non ! »  

 

Le cri de la jeune femme fut si spontané que même Ryô n’aurait pu douter de sa sincérité. Etonné, il se tourna vers elle alors que sa partenaire en sursis se jetait sur lui et enserrait son bras de deux des siens.  

« Ryô, je ne veux pas te quitter, tu m’entends ?! Mets-toi ça dans le crâne !!! Je maintiens que je sais qui tu es aujourd’hui, c’est juste… C’est juste que j’ai besoin de savoir d’où tu viens. » chuchota-t-elle enfin. Penchée vers lui, elle s’en trouvait donc légèrement en-dessous de Ryô qui baissait le regard vers elle. Et c’est d’une voix dure qu’il lui asséna :  

« Pourquoi, tu as peur que ça ne ressurgisse en moi par moments ? »  

 

Aussitôt, Kaori le lâcha comme si elle s’était brûlée. Interdite, elle le dévisagea tel un inconnu. Les larmes coulèrent librement cette fois mais elle ne sembla même pas s’en apercevoir, ne faisant pas un geste pour les essuyer et ne paraissant pas faire d’effort pour les tarir. Elle murmura simplement pour Ryô, d’une voix qui tremblait :  

« Non, Ryô. J’ai dit que je savais qui tu étais aujourd’hui et je te répète que tu n’es plus cet homme là. Mais je…  

« Je suis toujours cet homme-là, Kaori. » l’interrompit Ryô, tranchant. « Si tu n’acceptes pas que cette partie de moi existe et est toujours en moi, est toujours une partie de moi, alors c’est moi que tu n’acceptes pas. Oui c’est du passé, » enchaîna-t-il avant que la jeune femme ait eut le temps de dire quoi que ce soit, « mais ce n’est pas pour autant que tous ces actes ont été commis par quelqu'un d’autre ! Il n’y a pas deux hommes à des moments différents de ma vie séparés par une barrière bien nette et n’influant jamais l’un sur l’autre, Kaori ! Si cet homme-là n’avait pas existé, je ne serais pas celui que tu connais aujourd’hui. Si tu ne vois pas cela alors tu ne m’as en fait jamais compris ! »  

 

Kaori l’observa un instant, à quelques pas de lui, sans rien dire. Lentement, les larmes cessaient de couler sur ses joues, et dans ses yeux la détresse laissait à son tour place à la colère… Brusquement elle s’avança vers lui d’un pas rapide et, avant même qu’il ait pu réagir, trop surpris par son geste, elle l’avait giflé.  

 

Ryô sentit la douleur : Eh ben, elle n’avait pas retenu sa main sur ce coup-là ! Furieux, il s’apprêtait à lui répondre vertement mais déjà elle lui hurlait dessus, ayant visiblement perdu le contrôle de ses nerfs :  

« Tais-toi !!! Tais-toi !!! Ne redis jamais une telle chose, Ryô, tu m’entends ?! Mais tu ne vois donc pas que si je veux connaître vraiment tout de ton passé, c’est justement pour te comprendre ? Tu ne m’as jamais rien dit et je suis censée te connaître ? Tu ne m’as jamais parlé de ton passé, alors comment suis-je censée me sentir lorsque qu’Ingrid Betancourt parle de « se sentir des êtres vivants » ? Comment suis-je censée ne pas être perdue entre ce que je ressens pour toi et ce que je sais que tu as été face à de telles paroles ? Je voulais juste que tu me parles Ryô, c’est tout ce que je voulais… Je ne te jugeais pas, je voulais que tu m’apprennes à ne pas te juger. Peut-être même à comprendre ces imbéciles de Farc ! Parce que si toi tu l’as fait… Tu n’es pourtant pas… Tu n’es pourtant pas… »  

 

Là la jeune femme craqua complètement et tomba à genoux, finalement en pleine crise de larmes. Ryô, amadoué malgré lui, se laissa glisser du canapé pour se trouver à sa hauteur et vint l’entourer de ses bras, la ramenant contre lui.  

« Ne me quitte pas, Ryô… » sanglota-t-elle alors contre lui. « Ne me laisse pas, je t’en supplie… Ne…  

« Chut… » l’interrompit-il. « Ne dis rien. Calme-toi d’abord, on parlera après. »  

 

Ils restèrent là longtemps, serrés l’un contre l’autre. Ryô réfléchissait à ses paroles : A première vue elles étaient contradictoires, mais en fait pas tant que cela. Elle avait tout simplement eu peur de commencer à le juger. Elle avait eu peur de le mélanger avec les Farc, puis elle s’était dit qu’il était pareil tout en s’interdisant de le penser. Elle s’était noyée entre l’amour qu’elle lui vouait et sa haine envers les Farc. Si elle voulait qu’il lui parle c’était uniquement pour pouvoir mieux le percevoir, mieux le connaître…mieux l’aimer.  

 

L’aimer lui, et pas uniquement l’idée ou l’image qu’elle avait de l’homme aujourd’hui, image bien plus polie et lisse que celle du passé. Et elle avait eu le courage de lui en parler alors qu’elle savait probablement très bien les risques qu’elle prenait si elle n’arrivait pas à entendre ce qu’il allait lui dire. Si elle n’arrivait plus à ne pas le juger.  

Ryô resserra ses bras autour d’elle, son regard s’assombrissant. C’était lui l’imbécile ici. Il aurait du comprendre tout de suite pourquoi elle demandait cela.  

 

« Ka… Kaori ? » tenta-t-il, peu rassuré. « Kaori, écoute, je… »  

Quel idiot ! Incapable d’aligner trois mots dans un moment pareil ! Bon sang, mais bouge-toi mon vieux Ryô ! Il respira un grand coup, puis :  

« Kaori, reste avec moi. Je t’en prie, reste avec moi. »  

 

Les reniflements de la jeune femme cessèrent de façon assez abrupte à ces mots. S’écartant légèrement de lui mais demeurant toujours dans ses bras, elle s’écria :  

« Ryô ? Tu es sérieux ? Tu ne m’en veux pas alors ? » Le nettoyeur retint à grand peine un sourire béat d’adoration devant la réplique de sa Kaori. Comment aurait-il pu lui en vouloir ? Si quelqu'un devait en vouloir à l’autre, ce serait plutôt elle !  

« Personne n’en veut à personne Kaori, d’accord ? Ni toi à moi, ni moi à toi. On fait comme ça, ok ? » finit-il d’un sourire.  

 

D’un revers de main, Kaori sécha les dernières traces de larmes pour lui offrir son magnifique sourire :  

« On fait comme ça ! » répéta-t-elle, radieuse, tandis que le nettoyeur lui souriait en retour.  

« Et, Kaori… » ajouta-t-il quand même, s’assombrissant un peu de nouveau, « je te parlerai de mon passé. Tout mon passé. Si tu le veux toujours, du moins. » finit-il, de moins en moins sûr de lui. Kaori eut un nouveau sourire, moins rayonnant que le premier mais plus apaisé aussi, et, se penchant vers lui, elle lui chuchota tout contre :  

« Tu m’en parleras si tu le veux bien, Ryô. Je ne t’obligerai à rien, d’accord ? »  

« Kaori, promets-moi quelque chose. »  

 

La jeune femme fut surprise de son ton exceptionnellement grave, de son regard si sérieux qui cherchait à lire en elle sa sincérité, de ses bras qui se resserraient autour d’elle comme si elle allait s’envoler et lui échapper à jamais.  

 

« Qu’y-a-t-il, Ryô ? »  

« Promets-moi, Kaori… Promets-moi… Que… »  

« Quoi donc, Ryô ? » demanda-t-elle d’une voix douce. Elle le vit hésiter, fermer un bref instant les yeux comme pour trouver sa force avant de les rouvrir brusquement, une nouvelle flamme de détermination brûlant dans son regard, et sa voix ne tremblait pas lorsqu’il trouva le courage de lui dire :  

« Promets-moi que quoi que je dise, on restera toujours comme ça. Je ne supporterai pas que tu t’en ailles. »  

 

Kaori aurait voulu pouvoir sauter de joie, mais elle voulait plus. Il lui avait finalement dit qu’elle comptait dans sa vie ? Bien, mais il y avait longtemps qu’elle désirait plus, qu’elle recherchait tellement plus de sa part… Aussi décida-t-elle de le titiller un peu, oh ! juste un peu, allez…  

 

« Comme ça ? Dans tes bras tu veux dire ? ça, ça risque d’être dur quand même… » lui répondit-elle donc sur le ton de la taquinerie. Ryô tiqua en voyant qu’elle n’allait décidément pas lui faciliter la tâche. Un muscle joua dans sa mâchoire alors qu’il se disait qu’après tout, il l’avait bien mérité… Alors d’accord, il allait être clair.  

 

« Kaori ? »  

« Hum ? » minauda la jeune femme dans ses bras.  

« Ce sera dur, oui. Ce sera dangereux, oui. Ce sera sûrement houleux, oui. »  

« Ryô… » souffla sa partenaire, n’osant y croire. « Ryô… »  

« Kaori, je veux que tu restes avec moi. Vraiment avec moi. Alors je te parlerai de mon passé, mais seulement si tu promets de rester à jamais dans… » Il laissa passer quelques instants, savourant la vision de la jeune femme suspendue à ses lèvres, avant de terminer dans un souffle chaud sur son visage :  

« …à jamais dans mes bras, Kaori, parce que je… »  

 

Il la sentit frémir, anxieuse de savoir s’il allait vraiment lui dire ces mots qu’elle avait attendu depuis si longtemps… Lui aussi d’ailleurs. Lui aussi se demandait s’il allait enfin être capable de les lui dire. Bloquerait-il encore une énième fois ? Plongeant dans le regard de son amour, il sut que cette fois il le lui dirait.  

 

« Kaori, je veux que tu restes avec moi, ici, malgré tout ce qui peut arriver, parce que… Parce que je t’aime, mon ange ! » cria-t-il soudain, exaspéré par tous ces tours et détours qu’il s’imposait.  

« Ry… Ryô, je… »  

 

La jeune femme semblait prête à pleurer à nouveau, même si de joie cette fois. Si elle avait su que cette discussion si risquée allait mener à… à ça ! Ryô la vit bouleversée, alors il décida de prendre les devants. Posant délicatement sa main sur sa joue comme au tout début de leur conversation, il lui chuchota :  

« Oh non, non… Ne pleure pas… Ne pleure pas parce que je vais m’assurer à l’avenir que tu n’aies plus aucune raison de pleurer, jamais… Et surtout pas à cause de moi. »  

« Ryô, tu… commença la jeune femme, mais sa phrase ne fut jamais finie : Ryô lui avait coupé la parole d’une manière très classique mais malheureusement encore très inhabituelle pour eux deux : En fondant sur ses lèvres.  

 

Mais n’ayez aucune inquiétude : Ryô s’assura plus tard avec zèle que cette nouveauté devienne habitude avec sa partenaire…  

 

Partenaire à vie. 

 


Capitolo: 1 2


 

 

 

 

 

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