Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: A. Dust

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 1 capitolo

Pubblicato: 13-12-22

Ultimo aggiornamento: 13-12-22

 

Commenti: 2 reviews

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CrossoverHumour

 

Riassunto: (Suite et fin de "Il était une fois ... Pfff ! Ca n'existe pas !) Pour avoir le mot de la fin sans rester sur sa faim, autant ne pas faire la fine bouche ou tromper sa faim en jouant au plus fin … Même si la fin des haricots semble proche, ce n’est pas la fin du monde, ça serait mal connaître un fin renard nommé Ryo Saeba ! Sans oublier que la fin ( ou la faim, c’est au choix) justifie les moyens …

 

Disclaimer: Les personnages de "Il était uen faim...(fin"" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo, Sol Saks, Andrew Adamson et Vicky Jenson. Il s'agit d'un cross-over avec Ma Sorcière Bien Aimée et Shrek

 

Tricks & Tips

What does HFC mean?

 

It's the name of the web site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Il était une faim... (fin)

 

Capitolo 1 :: Il était une faim... (fin)

Pubblicato: 13-12-22 - Ultimo aggiornamento: 14-12-22

Commenti:

Cet O.S. participe au défi d’écriture du forum de fanfictions. fr, nov-déc 22 : A Table ! (Niveau 1 : jouer avec une ou plusieurs significations du verbe “cuisiner” / Niveau 2 : utiliser un narrateur homodiégétique.
Celles et ceux qui ont lu “Il était une fois … Pfff ! Ca n’existe pas !” (publiée sur ce site) savent que Ryo est revenu du Royaume de Fort Fort Lointain (Shrek) grâce aux souliers de rubis de la sorcière de l’Est (Le Magicien d’Oz). Samantha Stephens (Ma Sorcière Bien Aimée) l’y avait envoyé afin qu’il fasse le point sur sa relation avec sa partenaire, Kaori. Ce qu’il a plutôt bien réussi grâce à un ne très bavard et à un Shrek très … ogre. Quand Ryo rentre, tout se finit bien et Samantha se félicite de la réussite de son plan. Tout va bien dans le meilleur le monde : chez Saeba, on roucoule, chez Shrek, on convole en justes noces, chez les Stephens, la vie reprend son cours …
Jusqu’à ce qu’un jour, la boule de cristal de Samantha se mette à vibrer …

Comme c’est un défi sur la popote, il était logique que Cristina ajoute son grain de sel, non ? (merci Criiiis ^^)

Et maintenant, venez vous asseoir, on passe à table !

 


Capitolo: 1


 

Ma boule de cristal vibra bruyamment, me faisant sursauter dans le calme de mon salon. Cela signifiait que quelqu'un que j'avais déjà observé avait besoin de moi et de mes talents, ce qui était assez rare pour que je me précipite dessus. A travers la limpidité du verre, je reconnus alors une ancienne connaissance : Ryo Saeba.  

Etrange, ça fait un moment que j'avais arrêté de le surveiller, lui et sa partenaire. Il faut dire que Ryo avait fait pas mal d'efforts et surtout, j'avais préféré tenir maman éloignée du charmant couple qu'il formait avec Kaori ... Endora aimait tellement taquiner les humains en général et les hommes en particulier et je passais déjà assez de temps à rattraper les blagues qu'elle faisait à mon mari Jean-Pierre, je n'avais pas besoin de travail supplémentaire en arrangeant celles qu'elle aurait pû faire à Ryo.  

- "Nan mais je rêve ... Relégué à faire du tri dans un placard poussiéreux et qui sent les pieds ..." Râlait-il, assis en tailleur dans ce qui semblait être l'entrée d'un appartement.  

Il avait entre les mains quelque chose de brillant. En regardant mieux, je reconnus les souliers de rubis de la sorcière de l'Est, ceux qui lui avaient permis de revenir de son voyage dans le Royaume de Lord Farquaad. Il souffla dessus et frotta la boucle pour en retirer la poussière. C'était donc pour ça que ma boule de cristal avait vibré. Elle s'était connectée aux souliers ...  

Pendant ce temps, Ryo ronchonnait toujours :  

- "Comme si l'autre était meilleur que moi parce qu'il sait mieux lire l'anglais que moi. Mieux lire l'anglais ... Il n'a même pas de mérite, il est américain, c'est facile, ça. Mais moi aussi je sais lire l'anglais, suis pas inculte quand même ! et sachant que je ne suis jamais allé à l'école, c'est une belle réussite, non ?"  

- "T'as fini d'être de mauvais poil comme ça." Souffla, gentiment moqueuse, une voix féminine derrière lui. "Mick sera parrain, il a offert ce lit à barreaux et il tient à le monter lui-même. Ça fait plus de trois semaines qu'il se fait une joie de le faire ..."  

- "Pfff, et moi ? Je vais être père, moi ! Pourquoi j'ai pas le droit de monter un lit riquiqui ? Pas besoin d'être ingénieur américain pour ça, non ?"  

 

Je souris en sautillant ! Un bébé ! Quelle belle nouvelle !  

 

Je pris la sphère magique pour aller m'installer sur mon sofa et profiter un peu de la scène qui se déroulait sous mes yeux. En remuant le nez, je changeai d'angle de vue : deux jeunes femmes étaient assises sur un canapé couvert de plaids et de coussins de toutes les couleurs. Je reconnus sans peine Kaori : à part un ventre très arrondi, elle n'avait pas tellement changé depuis notre rencontre, il y a presque cinq ans, alors qu'elle et Ryo m'avaient aidée à retrouver ma mère ... De vieux souvenirs maintenant !  

Par contre, je ne connaissais pas l'autre jeune femme, la trentaine sobre et élégante, les cheveux longs et noirs comme les plumes d'un corbeau. Celle-ci se leva et s'approcha de Ryo pour aller inspecter le placard en plissant le nez:  

- "Mouais, c'est vrai que ça sent pas la rose ..."  

- "Ah, tu vois !"  

- "C'est pour ça que c'est toi qui dois t'en charger ... C'est déjà assez compliqué avec ses nausées."  

 

Ryo se rembrunit. Ses épaules s'affaissèrent et il soupira :  

- "Je sais ... Mais c'est pas pour ça que ... Hééé, tu fais quoi, là, Kazue ?"  

- "Haaannn ! Elles sont magnifiques, ces chaussures !"  

- "Rends-les moi tout de suite !"  

- "Elles sont à toi ?"  

- "Oui ... heu ... non ! Enfin si ... "  

La dénommée Kazue écarquilla les yeux avant d'éclater de rire et je l'imitai de bon coeur, seule sur mon canapé, de l'autre côté de la sphère translucide et presque à l'autre bout du monde, observant ce grand mâle baraqué assis au sol, ses grandes paluches tendues vers celles de Kazue qui enlacaient de beaux escarpins à talons rouges, couverts de rubis écarlates étincelants.  

- "Avec toutes ces strasses ??? Tu es sûr ?!? Enfin, oui, vu la taille, c'est au moins du 45, ça, ça ne peut être qu'à toi ! Quand est-ce que tu as porté ça ? Tu t'es travesti dans un cabaret ou quoi ? Oooh, comme j'aurais aimé voir çaaa !"  

Ryo lui arracha vigoureusement les chaussures des mains. Il grommela, renfrogné :  

- "Pfff ... Ce ne sont pas des strasses, Madame, mais des rubis."  

La jeune femme cessa de rire et le dévisagea en silence. Sous ses yeux écarquillés, Ryo reposa délicatement les souliers dans le fond du placard. Bien au fond ...  

- "Rooo, c'est précieux, voilà. Donc, c'est pas-touche. Point !" Tonna-t-il.  

- "Oh, quel sale caractère ! On ne peut plus rigoler ?"  

- "Laisse-le bouder. Il n’aime pas qu'on le taquine avec ces chaussures, j'ai jamais réussi à savoir pourquoi." Intervint Kaori en se levant. "Allons-y, ne soyons pas en retard ... J'espère que ça va marcher, j'en ai vraiment marre d'avoir tout le temps envie de vomir. J'espère que ce n'est rien de grave."  

En me penchant un peu plus, je remarquai effectivement qu'elle était assez pâle. Ses traits étaient tirés, ses yeux légèrement cernés.  

- "C'est assez rare des nausées persistantes comme ça mais ça arrive que ça dure au-delà de la douzième semaine." Expliqua Kazue d'un ton qui faisait très professionnel. "Hinata m'a assuré qu'elle obtenait d'assez bons résultats avec l'acupuncture. Ça vaut le coup d'essayer."  

- "Tu la connais bien, cette Hinata ?"  

- "On a fait nos études ensemble. Elle s'est orientée vers les médecines alternatives, j'ai continué en immunologie ..." Expliqua Kazue.  

Ah voilà, c'était de là que venait son assurance ... elle était médecin. Les deux jeunes femmes prirent leurs vestes, saluèrent Ryo qui se tenait toujours en tailleur devant son placard et s'éclipsèrent.  

 

Il resta un moment immobile et j'allais rompre le contact magique quand je suspendis mon geste : il avait saisi à nouveau les souliers de rubis, les tournait et les retournait entre ses mains. Il marmonna :  

- "Je me demande bien ce que tu ferais à ma place, mon vieux Shrek ... et toi, mon pote l'Âne ... Qu'est-ce que tu dirais à un Dragon qui vomit tout le temps en râlant que c'est de ta faute et que tu ne comprends rien à rien ? Hein, tu dirais quoi, toi qui as toujours réponse à tout ?"  

Ryo pencha la tête et joua un dialogue imaginaire, avec une voix plus aiguë :  

- "Cherche-lui des fraises !"  

Il reprit sa voix habituelle :  

- "J'y ai pensé figure-toi ! J'ai ramené des fraises, des bananes, des dorayaki et des umeboshi et tout ce qui aurait pû lui faire envie ... Sauf que ... finalement, c'est moi qui les ai mangés pour ne pas les jeter."  

- "Adaptez les menus ? Vous avez fait ?" Singea-t-il en inclinant la tête, avant de reprendre, se répondant à lui-même :  

"M'en parle pas ... j'ai l'impression qu'on n'a pas fait un repas digne de ce nom depuis des lustres. On a évité le gras, le trop sucré, le pimenté, le cru, on a bouffé des noix, des noisettes, des amandes, des fruits secs, des fruits de mer, des pâtes bizarres aux céréales complètes là, beurk ... Et pis aussi des légumes à feuilles vertes foncées ... nan, mais comme si vert clair ou vert foncé, ça changeait quelque chose ? Bah ça change que dalle ! Toujours envie de vomir ... Elle a fractionné ses repas, bu des litres de flotte, des thés à je sais plus quoi. Elle a même avalé du vinaigre dilué dans de l'eau ... tiède en plus ... pouahhh ... Je lui ai dit que c'était normal qu'en avalant un truc pareil, elle ait envie de gerber ... Mais bon ... Toujours pareil ... pas faim, pas envie ... mais il faut qu'elle mange pourtant ! En plus, elle doit manger pour deux ! Faut faire gaffe, non?"  

"T'as fait attention aux odeurs ? Même si certaines choses sont mieux en dehors qu'en d'dans, faut faire attention ..." Gronda-t-il d'une grosse voix cette fois.  

"Les odeurs, tiens, parlons-en ! Alors, j'ai tout fait : j'ai nettoyé partout, j'aère tout le temps mais il y a toujours quelque chose qui va pas. J'ai acheté des huiles essentielles, de la pulpe d'Aloé Vera, des tas de trucs ... Ça NE marche PAS... Bon, je dois dire que le gingembre ... héhéhé, c'était pas désagréable … mais, pas efficace non plus. Pour les nausées, je veux dire."  

 

Brusquement, un grand gaillard tout blond, en pantalon de costume, gilet assorti et bras de chemise retroussés, se pointa au bout du couloir :  

- "Are you talking to me, bro ?"  

Ce devait être mon compatriote américain, le fameux Mick, le monteur de lit à barreaux, puisqu'un énorme du tournevis écarlate trônait sur son oreille.  

- "Hum-hum ... non, non, je parle tout seul ..."  

- "Need some help with the shoes ?"  

- "Pas la peine, ça va. Et toi ?"  

- "Je gère, man !" Répliqua le blondinet avant de faire volte-face, retournant à son labeur.  

De son côté, Ryo soupira, les épaules basses, regardant tristement ses souliers de rubis.  

- "Bref ... Je sais plus trop quoi faire, moi ... Vous feriez quoi, les gars ?"  

 

Je soupirai ... J'avais vraiment envie de l'aider mais j'avais promis à mon époux de ne plus interférer directement dans les affaires des non-sorciers en utilisant mes pouvoirs. Jean-Pierre m'a même fait jurer sur le doudou de notre fille Tabatha, je ne pouvais aller à l'encontre de ma promesse. Par contre, rien ne m'empêchait d'envoyer Ryo quelque part ... pour un petit séjour instructif, cela va de soi !  

Je remuai rapidement mon nez, pensant très fort à l'endroit dans lequel Ryo allait se matérialiser dans quelques secondes. Je pris soin de lui laisser un moyen de transport pour le faire le chemin en sens inverse : les souliers de rubis afin qu'il puisse revenir plus rapidement que la dernière fois ...  

Dans ma boule de cristal, un petit nuage de fumée finissait de s'évaporer devant le placard à chaussures. Et voilà, envoi terminé ! J'eus tout juste le temps de cacher mon accessoire magique avant l'arrivée de mon mari et de ma fille qui rentraient du square. De toute façon, mes pouvoirs ne me permettaient pas de regarder dans la dimension dans laquelle je l'avais envoyé. Il ne me restait plus qu'à guetter son retour. Oui, je suis curieuse de nature, j'avais quand même envie de savoir comment il allait s'en sortir, ce grand nigaud.  

 

Une dizaine d'heures plus tard, alors qu'il faisait encore nuit le lendemain matin, j'ai été réveillée par un léger picotti sur le bout du nez. Il ne m'en fallut pas moins pour comprendre que ma boule de cristal m'appelait. Je me levai sans un bruit, passai un peignoir et descendis dans la cuisine pour sortir l'objet magique que je dissimulais derrière les boîtes de biscuits. Avant même d'être installée sur une chaise, j'entendis une voix contrariée dans la sphère :  

- "Non mais t'as vu l'heure ? Il est presque vingt-deux heures ! Je t'attendais pour dîner, moi ! Je me suis fait un sang d'encre, en plus ! T'étais où ?"  

- "Je sais, je sais, mais regarde ce que je t'ai ramené." Répondit Ryo, pas contrit du tout par ces reproches et éludant, sourire épanoui aux lèvres, les questions de Kaori.  

Il brandissait fièrement devant lui une marmite noire et ronde, pas très différente de celle que j'utilisais deux cents ans plus tôt. La discrète Kazue s'en approcha et Ryo en souleva le couvercle, ravi. Aussitôt, la jeune femme sursauta et fit prestement deux pas en arrière, se bouchant le nez :  

- "Quelle horreur ! Ça pue, c'est affreux ! Va jeter ça dehors et vite, avant que Kaori ait de nouveau des hauts-le-cœur ! Déjà qu'elle n'a quasiment rien mangé ! Kaori ? Mais qu'est-ce que tu fais ?"  

En effet, la future maman s'était levée et approchait lentement de la marmite d'où une vapeur verdâtre s'échappait en longues volutes ondulantes. Elle se pencha au-dessus du faitout archaïque et en inspira longuement les effluves pendant que les deux autres l'observaient, pétrifiés et muets de stupeur.  

- "Ca pue pas du tout ... au contraire ... Hummm, je dirais même que ça donne faim ..."  

 

En quelques secondes, la table fut mise et Kaori installée devant une assiette remplie à raz-bord d'une sorte de ragoût baignant de sauce épaisse et brune. La serviette nouée autour du cou, elle se lança de bon cœur, les joues roses, les yeux pétillants d'impatience, prenant un gros morceau de viande dans une cuillère à soupe. Ryo, lui, la regardait, fébrile et impatient. Elle goûta délicatement la première cuillère, mastiqua lentement. Au bout de quelques secondes, ses yeux s'arrondirent, ses épaules se relâchèrent, un soupir de satisfaction se fit entendre alors qu'elle replongeait avidement son couvert dans son assiette.  

- "Oh punaise mais ch'est délichieux !"  

- "C'est vrai ?"  

Kaori déglutit avant de confirmer :  

- "Et comment ! Ça fait longtemps que je n'ai pas mangé un truc aussi bon ! Franchement, vous devriez goûter !"  

- "Non, non. Très peu pour moi." Murmura Kazue, le nez plissé. "Comment tu fais pour manger ... ça ?"  

- "Comme tu feux, cha en fera pluch pour moi !" Répliqua Kaori, bouche pleine, ponctuant sa remarque d'un clin d'œil à son amie.  

Mâchant toujours, elle se tourna vers Ryo, lui tendant une cuillère dégoulinante de sauce :  

- "Ryo ?"  

- "Non merci, Kaori, c'est gentil, mais garde tout pour toi. Pour une fois que tu manges avec plaisir."  

Pour toute réponse, elle lui sourit et replongea vers son assiette alors que Kazue demandait, intriguée :  

- "T'as commandé ça où ? Je ne savais pas qu'on trouvait des marmites comme ça en plat à emporter ..."  

- "Je ne l'ai pas pris au resto du coin, figure-toi que je l'ai fait moi-même." Fanfaronna Ryo, bombant le torse.  

Kazue manqua de s’étrangler de surprise, Kaori elle ne releva pas le nez de son assiette, tout occupée qu'elle était à racler méticuleusement chaque trace de sauce :  

- "Tu crois que je peux en reprendre ?"  

 

Ryo rit de bon coeur et lui resservit une pleine louche tout en s'adressant à Kazue :  

- "Si, tu peux me croire, c'est moi qui ai tout fait. Bon, j'ai suivi la recette et les petits secrets d'un ami. Sa femme avait le même problème quand elle était enceinte."  

- "Ah oui ? Tu as des amis mariés, toi ?"  

- "Yep, M'dame. J'ai même contribué à les mettre ensemble si tu veux tout savoir ..." Il se reprit vivement, toussota, visiblement gêné d'en avoir trop dit : "Mais c'est pas le sujet, hein ... Je disais donc, Fiona avait le même souci, elle ne mangeait rien du tout alors que d'habitude, comme c'est une vraie ogresse, elle dévorait ses repas avec appétit. Et c'est là que mon pote Shrek a mis au point cette recette ..."  

- "C'est qui ça, Fiona et Shrek ?"  

- "Ah, heuuu, tu connais pas, ils habitent vachement loin. Je ne les vois vraiment pas souvent..."  

Kazue le lorgna, dubitative, les bras croisés :  

- "Hummm ... Et y'a quoi là-dedans ?"  

- "Alooors ... y'a du rat de motte et du concombre des marais."  

Kazue éclata de rire:  

- "Du rat de motte et du concombre des marais ? N'importe quoi, ça n'existe pas !"  

- "Siii, ça existe. C'est pas parce que tu n'en as jamais mangé que ça n'existe pas ..." Répliqua Ryo, d'un ton arrogant. "Et contrairement à ce qu'on peut penser, le concombre des marais n'est pas un légume mais une sorte de limace toute verte et gluante qui vit dans l'eau vaseuse. C'est moche comme tout mais c'est très goûteux."  

- "Beurk ..."  

- "Il faut juste le laisser mariner au moins une heure dans du lait de brebis caillé avec du sel et de la livèche finement ciselée."  

- "De la liv-quoi ?"  

- "De la livèche, une herbe condimentaire européenne. Ca ressemble à du céleri mais en plus doux et plus équilibré. Bref, faut laisser mariner le concombre des marais. Pendant ce temps, il faut mettre à cuire une bonne dizaine de rats de motte bien dodus et entiers. On ajoute des oignons juste pelés, une belle poignée d'ail des ours, du sel et c'est tout. Il faut laisser mijoter à feu doux pendant une bonne heure, pour que la chair se détache toute seule des os. Pendant ce temps, on peut retirer le concombre des marais, l'égoutter, le couper en tranches régulières d'un demi centimètre. Ça fait des petites rondelles. Il faut ensuite saisir ces tranches dans une poêle bien chaude."  

 

Kaori l'interrompit la bouche pleine et demanda, moqueuse :  

- "Tu chais faire cha, toi ?"  

- "Oui. Parfaitement, c'est pas compliqué." Répondit Ryo en bombant le torse avant de se pencher pour murmurer discrètement à Kazue, en lui montrant ses mains : "Mais je me suis brûlé deux ou trois fois ... C'est grave tu crois ?"  

La jeune femme secoua négativement la tête et Ryo poursuivit, rassuré :  

- "Donc, je disais, quand le concombre des marais est bien doré, il faut les retourner. Une fois seulement, parce que si on retourne de trop, il perd son jus et donc sa tendreté. Quand les deux côtés sont bien grillés, on les réserve dans un plat pour les laisser refroidir un peu. Pendant ce temps, on cisèle finement oignons, échalotes, carottes et petits bouts de citrouille. On les fait dorer dans la poêle après avoir déglacer les jus de cuisson avec la marinade au lait de brebis. On ajoute des yeux de carpes broyés ..."  

- "Des yeux ? Tu as bien dit des yeux ?" Demanda Kazue en portant une main crispée à sa bouche.  

-"Oui, oui, des yeux de carpes broyés. Ils sont séchés au préalable et Shrek les concasse dans un mortier. Il en faut six ou sept. Bref, on saupoudre les yeux sur les oignons, on ajoute des petites larves de grenouilles ... c'est rigolo, on dirait du caviar ..."  

- "Beurk ... Des larves de grenouilles ... mais qui mange des trucs pareils ?"  

- "Des ogres !" Répondit gaiement (et sincèrement) Ryo en désignant Kaori de sa louche dégoulinante de sauce. "Et les femmes enceintes qui ont tout le temps des nausées."  

- "Mouais ..." Concéda Kazue, pas très convaincue quand même, croisant les bras pendant que Ryo poursuivait de plus belle, éminemment satisfait de sa réussite culinaire.  

- "Ensuite, il faut retirer les os des rats de mottes. Ça m'a surpris mais on laisse les viscères, le foie et tout ... Paraît que tout se mange dans le rat de motte et que ça donne du goût ... Et, apparemment, c'est pas faux ..." Conclut Ryo tout en souriant à Kaori qui lui tendait à nouveau son assiette vide.  

 

Il y versa une pleine louche, comblé de voir la future maman se délecter de son ragoût de rat de motte. Kazue, quant à elle, restait tendue, le visage fermé, la bouche déformée par le dégoût. Ses joues, qui avaient déjà perdu plusieurs nuances de rose, se creusèrent alors que Ryo poursuivait :  

- "Je disais quoi ? Ah oui, tout se mange dans les rats de motte ... sauf les os, évidemment. Quoique, ceux de la queue sont tellement petits qu'ils croquent simplement sous la dent. Donc, on sort la viande de la marmite, ça s'effiloche tout seul, et on fait le tri en sortant les os les plus gros. Ensuite, on remet dans la marmite, on ajoute le concombre des marais, le mélange d'oignons, échalotes, légumes. Il faut ensuite mouiller avec le reste de marinade, de l'eau et du bouillon des marais. C'est une sorte de vinaigre macéré avec des trucs bizarres dedans."  

- "Bizarre ? Qu'est-ce qui pourrait être plus bizarre que des rats de mottes, des concombres des marais et des yeux de poissons séchés ?"  

 

Ryo acquiesça :  

- "Un point pour toi, Kazue. Mais, si, je t'assure qu'il y avait des trucs bizarres dans sa bouteille. Shrek n'a pas voulu m'en dire plus ... Je suppose que chaque cuisinier a ses petits secrets donc, je n'ai pas posé plus de questions ... Mais, j'ai vu une grenouille entière et des trucs qui ressemblaient à des vers de terre ..."Ryo s'interrompit brusquement et regarda par-dessus son épaule, les yeux écarquillés : "Bah, Kazue, tu vas où ?"  

 

La pauvre jeune femme, blême, était en train de s'eclipser à petits pas empressés, une main nerveuse plaquée sur la bouche. Ryo et Kaori se regardèrent, interdits, puis Ryo lança à la jeune femme :  

- "Ca va Kazue ?  

- "Oui, oui ..."  

- "T'es sûre ?" Renchérit Kaori, visiblement assez inquiète pour relever la tête de son assiette.  

- "Oui, oui ... J'ai pas vu l'heure ... Mick m'attend à la maison depuis un moment ... et je me demande si j'ai pas attrapé un petit virus, moi ... J'ai vraiment besoin de prendre l'air ... Je me sens nauséeuse."  

- "Oh, un truc à nous annoncer ?" Demanda Ryo, goguenard, alors que Kaori levait les yeux au ciel.  

- "Heuuu, non, non ..." Répondit Kazue en enfilant ses chaussures. "Kaori, appelle-moi si ça ne va pas, hein ? Pense à boire une tisane de fenouil pour bien digérer ce ... ce ... ce truc, là." Elle déglutit fortement et ajouta pour elle-même : "Je crois que je vais m'en faire une aussi d'ailleurs, j'ai l'estomac retourné ... Pas étonnant ..."  

- "T'es sûre que tu veux pas un peu de ragoût de rat de motte ? Ca fait passer la nausée en deux deux." Demanda Kaori.  

- "Oh non merci, sans façon … Bonne … bonne soirée, à bientôt !"  

- "Bonne soirée."  

 

La porte se referma et, au loin, dans le couloir, on entendit la jeune femme tousser bruyamment, ce qui fit bêtement ricaner Ryo :  

- "T'as raison, Kazue, certaines choses sont mieux en dehors qu'en d'dans."  

- "Ryooo !" Et une cuillère pleine de sauce vola au-dessus de la table avant d'atterrir avec précision sur le crâne de Ryo. "C'est dégoûtant, enfin !"  

Ryo s'essuya le front du revers de la main en râlant :  

- "Quoi ! C'est vrai, non ? Pis c'est pas moi qui le dis, c'est Shrek."  

- "C'est pas parce que c'est Shrek qui le dit que tu es obligé de le répéter !"  

- "Mais il a raison, tu sais ! Et ça peut s'appliquer à plein de choses !"  

- "Rooo, mais même s' il a rai ..." Et là, elle suspendit ses mots, écarquilla les yeux, ouvrit la bouche et un rot tonitruant résonna dans tout l’appartement.  

Ryo se figea, hébété, les yeux ronds de surprise, avant d'éclater de rire alors que Kaori, penaude, plaquait les deux mains sur sa bouche, rouge de honte.  

- "Ah bah voilà ! Vaut mieux en dehors qu'en d'dans !" Renchérit Ryo.  

- "Roo, c'est bon, hein ! Ça arrive à tout le monde, non ?"  

- "Ah oui, oui, ça arrive à tout le monde ! Aux ogres, aux princesses et même aux Dragons ! Ca, c'est de source sûre ! Hiihihihi, ! Hohohohoho! Si tu voyais ta tête !!!"  

Un torchon de cuisine roulé en boule vola lui aussi, suivant la même trajectoire que la cuillère mais cette fois, Ryo esquiva souplement le tir, alors qu'il pleurait maintenant de rire :  

- "Tu vois ? C'est ce que je disais ! Shrek a tout compris !"  

- "Pfff ..."  

- "Héhéhéhé ... Hohohohoho ... Hihihihi ..."  

 

Je ris sans faire de bruit, plaquant ma main sur ma bouche quand soudain un bruit étrange me fit sursauter. En me retournant, je découvris, horrifiée, mon mari debout dans la cuisine, enroulé dans sa robe de chambre, les bras croisés et sa pantoufle tapotant nerveusement le carrelage, ce qui était signe de contrariété.  

- "Ne me dis pas que tu es en train de faire ce que je pense que tu es en train de faire ?" M'interpella-t-il.  

- "Ah ... Heuuu, non, non ... Je dépoussière juste un vieux souvenir de tante Clara" Mentis-je en croisant les doigts derrière mon dos.  

- "A cette heure-ci ?"  

- "Je n'arrivais plus à dormir."  

Il décroisa soudain les bras et vint s'asseoir à côté de moi.  

- "Toujours tes nausées ?"  

- "Heuuu, non ... Ca va mieux."  

- "Pourtant, j'ai cru comprendre qu'il était question de faire passer les nausées de grossesse grâce à un ragoût spécial."  

Je souris. Pas si naïf que ça, finalement, mon Jean-Pierre, des fois.  

- "J'aide une amie ..." Admis-je.  

Il me sourit mais croisa à nouveau les bras, montrant ainsi qu'il était quand même opposé à ce genre de pratique :  

- "Pourquoi il se bidonne, le grand brun-là ?"  

- "Heuuu, sa femme ... mange ... comme ... un ogre ..." Balbutiai-je, hésitante, pas très sûre de la tournure que prenait notre conversation.  

Mon époux attrapa la boule de cristal et l'approcha de lui :  

- "Voyons voir ..."  

Circonspecte, je l'observais mais je ne parvenais pas à déchiffrer son attitude alors qu'il semblait déjà totalement absorbé par la scène qui se déroulait dans la sphère. Il faut dire que l'objet magique avait cet effet là ... une forte attraction, surtout pour les non pratiquants. Curieuse de découvrir ce qui allait se passer, je plongeai aussi mon regard dans le cristal.  

 

Pendant que Ryo se tordait toujours de rire, Kaori s'essuyait rageusement la bouche avec sa serviette avant de la dénouer. Elle bu ensuite son verre d'eau qu'elle reposa brutalement avant de frapper des deux plats de la main des deux côtés de son assiette.  

- "Il est grand temps que je lui rende une petite visite, à ce Monsieur Shrek."  

Ryo s'arrêta de rire aussi sec.  

- "Quoi ?"  

- "Oui, depuis le temps que j'en entends parler ..."  

- "J'en parle jamais d'habitude ..."  

- "Raison de plus."  

- "Pourquoi tu veux le voir ? Tu veux lui dire quoi ?"  

- "A ton avis ?"  

- "C'est bien ce qui me fait peur ... Manquerait plus qu'elle l'assomme ... Ça pourrait être dangereux. Faut pas oublier qu'une des amies de Shrek est une véritable dragonne, quand même. " Murmura Ryo à lui-même avant d'ajouter : "Tu sais, c'est impoli de débarquer chez les gens à cette heure-ci."  

- "Oh, je suis sûre qu'il ne m'en voudra pas !" Répliqua Kaori, sûre d'elle, en se levant, les mains sur les hanches, ventre rebondi vers l’avant.  

- "Mais je ne sais même pas comment aller chez lui !"  

- "Comment ça : tu ne sais comment y aller ?" Elle se pencha péniblement sous la chaise et en sortit la paire de souliers de rubis en soufflant.  

Ryo les avait certainement planqués là discrètement quand il était rentré tout à l'heure.  

- "T'y vas pas avec ça ?" Demanda Kaori en lui les secouant sous le nez.  

- "Heuuu, bah, je sais pas ... en fait, pour tout te dire, c'est avec ça que je reviens ..."  

- "Ah ... Zut ..." Soupira-t-elle, soudain dépitée.  

Voyant sa mine déconfite, Ryo se radoucit soudain et posa les mains sur les épaules de la jeune femme :  

- "Pourquoi, tu lui voulais quoi à Shrek ?"  

Kaori releva le nez et répondit, éblouissante de joie, les yeux pétillants et les joues roses :  

- "Je lui demanderais bien un desseeert !"  

 

Un grand éclat de rire résonna dans mes oreilles. Sourire aux lèvres, mon Jean-Pierre étendit les jambes sous la table tout en désignant ma boule de cristal du menton :  

- "Allez ... fais ton truc-là."  

- "Tu es sûr ?"  

- "Oui, oui. Vas-y. Avant que je ne change d'avis."  

- "Ce n'est pas pas une vraie interférence magique dans la vie des non-sorciers ... Pas vraiment ... C'est plus rendre service à une amie, tu sais."  

Il leva les yeux au ciel en soupirant :  

- "Oui, oui. En plus, nausées, solidarité féminine, je ne peux pas comprendre, je sais. Allez, zouh ..."  

Sans attendre, de peur qu'il ne change d'avis, je remuai donc le bout de mon nez. Une seconde plus tard, un petit nuage de vapeur finissait de se diluer dans l'air d'un appartement japonais et une future maman allait pouvoir se régaler ...  

- "Je me demande bien quelle recette il va lui concocter pour son dessert ..." Grommela mon époux en se levant pour quitter la cuisine. "Enfin, non, ne me dis pas ... Je crois que je préfère ne pas savoir."  

 

 


Capitolo: 1


 

 

 

 

 

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