Capitolo 3 :: Question et Réflexions

Pubblicato: 06-10-10 - Ultimo aggiornamento: 06-10-10

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Toujours à califourchon sur son coéquipier, la jeune femme le regardait, fronçant les sourcils en tentant de comprendre ce qu'il voulait dire exactement. C'était du Ryo tout craché ça, elle lui demandait de lui expliquer ce qu'il avait voulu dire, et il lui répondait en lui répétant exactement la même phrase, mot pour mot… Est-ce qu'elle était sensée mieux le comprendre la seconde fois alors qu'il n'était pas plus clair qu'avant ? Et puis, c'était quoi cette question ? "Qu'attends-tu de la vie ?" ? Elle était supposée attendre quelque chose de la vie ? Quoi ?… Ah oui, justement, c'est ce qu'il lui demandait, mais ça ne l'aidait pas plus que cela à vrai dire. Et puis, pourquoi lui demandait-il cela tout à coup ? A en croire sa réaction et la manière dont il lui avait dit d'oublier ce qu'il venait de dire, il avait dû se poser cette question avant de la dire à voix haute… Mais soit, il ne voulait pas la dire à voix haute justement, soit il avait peur de la réponse qu'elle pouvait lui donner…  

Quelle réponse lui donner justement ? "Ce qu'elle attendait de la vie", mais elle n'en avait aucune idée elle ! Enfin si quelque part, si elle avait répondu du tac au tac, et si la personne qui lui avait posé cette question n'avait pas été Ryo, elle aurait su quoi répondre… Quoique… En y réfléchissant, sa timidité maladive l'aurait sûrement empêchée de donner cette réponse. Et puis, ce n'était pas vraiment une réponse à cette question là… Ce qu'elle attendait de la vie… La jeune femme avait beau tourner et retourner la question dans sa tête, elle n'avait aucune réponse à donner. Et pourtant, dieu savait qu'elle y réfléchissait à cet instant, se torturant l'esprit au point d'oublier qu'elle était tranquillement installée sur son partenaire… Partenaire qui lui avait parfaitement conscience de leur position à chacun.  

Un sourire tendre, rarement visible, naquit sur le visage du nettoyeur numéro du Japon en la regardant. Sa partenaire avait complètement oublié qu'il était là, allongé sous elle sur le sol qui était loin d'être confortable, l'esprit totalement tourné vers la question qu'il n'avait pu s'empêcher de lui poser. A vrai dire, elle était tellement occupée à y réfléchir que son regard s'était posé sur le sol à côté de sa tête à lui et qu'elle ne prenait pas conscience de ses mains posées sur sa taille. Des mains dont il s'aperçut soudainement qu'elles avaient trouvé l'échancrure entre sa jupe et son chemisier, caressant la peau de la jeune femme du bout des doigts. Ryo sursauta presque en prenant conscience de ce détail et ramena rapidement son regard sur le visage de sa partenaire.  

Mais apparemment, elle n'avait pas pris conscience de son dérapage. Si tel avait été le cas, soit elle le fixerait en rougissant au point où de la fumée sortirait presque de ses oreilles, soit il serait déjà écrasé sous une de ses massues adorées. A la place, il était toujours allongé sur le sol parce que mademoiselle Makimura avait décidé qu'elle était bien là et que c'était la meilleure position pour avoir une conversation. Bon d'accord, il était loin de s'en plaindre… Et effectivement, il avait cédé plus facilement qu'il ne l'aurait fait d'habitude à sa demande de préciser ce qu'il avait voulu dire… Mais à vrai dire, il était juste fatigué…  

Fatigué de lui cacher ses pensées, alors qu'elle était probablement la seule personne qui était capable de le comprendre d'un seul regard. Oui, mais apparemment, la connexion qui existait entre eux et qui faisait qu'elle était la meilleure partenaire pour lui d'une certaine manière, car jamais il n'avait besoin de lui dire quelque chose pour qu'elle le comprenne… Apparemment cette même connexion ne se faisait pas quand cela les concernait "eux". Fatigué de se cacher à lui même ses sentiments et à elle aussi, alors que le monde autour d'eux en avait conscience. Fatigué de jouer au chat et à la souris avec elle comme il l'aurait fait avec un ennemi. Mais fatigué surtout de lui faire du mal en s'en faisant à lui même par la même occasion. Fatigué de se chercher des excuses pour la repousser alors que tout ce qu'il voulait c'était l'avoir plus près de lui, toujours plus près, au point s'il l'avait pu, de chercher un moyen de pouvoir rentrer sous sa peau.  

Si seulement il existait un tel moyen… S'il pouvait rentrer dans sa peau aussi sûrement qu'elle, elle était rentrée dans la sienne, un moyen de pouvoir la mettre sous verre pour que rien jamais ne l'atteigne, un moyen pour que jamais elle ne prenne entièrement conscience de la noirceur de ce monde dans lequel ils vivaient. Machinalement, ses doigts dessinaient des formes connues de lui seul sur la peau des hanches de la jeune femme à califourchon sur lui, il en avait conscience, mais il ne fit rien pour faire cesser ses gestes. Touché aussi léger que les ailes d'un papillon frôlant la peau de sa compagne. Tellement léger en fait qu'elle ne s'en rendait même pas compte d'ailleurs, perdue dans ses songes comme elle l'était. Et le nettoyeur fronça les sourcils à cette pensée.  

Sa question était-elle à ce point difficile pour qu'elle perde toute connexion avec la réalité pour y réfléchir ? Ou Kaori cherchait-elle une fois de plus un moyen de tourner la conversation pour ne pas lui dire la vérité ? Pour trouver quelque chose à lui dire qui ne ferait pas en sorte qu'il veuille une fois de plus l'éloigner de lui ? Dans ce cas, est-ce que sa réponse était celle qu'il lui avait toujours imaginée sans vraiment avoir à y réfléchir ? Se pourrait-il que pendant des années, il avait eu raison en se disant qu'il gâchait sa vie ? Sa vie à elle… Se pourrait-il que comme n'importe qui, elle rêve de ces vies qu'on voyait dans les films ? Mais qu'elle réfléchissait à un moyen de ne pas lui avouer car elle voulait rester avec lui ?  

Du coin de l'œil, la jeune femme aperçu le bouquet de tournesols posés sur la table du salon et elle ne pu s'empêcher de sourire à la pensée que ce bouquet si simple, c'était Ryo qui lui avait offert. La nettoyeuse ramena son regard sur son coéquipier toujours allongé sous elle sur le sol et elle ne pu empêcher ses joues de rougir en voyant son regard impénétrable posé sur elle, comme cherchant à trouver ses réponses sur son visage. Pour une fois, Ryo Saeba baissa les yeux avant elle… Pour une fois, il ne tentait pas de se jouer de ses sentiments pour lui pour s'échapper d'une situation qui aurait pu devenir compromettante. Combien de fois lui avait-il joué ce tour ? De la fixer de ses yeux sombres, forçant sa timidité à elle à la faire réagir, à la faire fuir…  

Combien de fois s'était-elle retrouver le dos au mur, quasiment plaquée entre celui-ci et le corps de Ryo alors qu'il jouait de son charme sur elle pour la faire céder à une de ses demandes ? Ou tout simplement, pour lui faire voir un point d'ailleurs… Comme il l'avait fait à l'époque durant laquelle le Renard d'Argent la prenait pour la petite amie du nettoyeur numéro un du milieu. A vrai dire, ce jour là avait été celui où Ryo avait le plus joué avec elle de cette manière. La coinçant contre un mur et se collant presque à elle en la fixant, la forçant à soutenir son regard ou à prendre la fuite et lui demandant s'ils étaient un couple…  

Qu'aurait-il fait le grand Ryo Saeba si au lieu de prendre la fuite, elle avait passé les bras autour de son cou alors ? Qu'aurait-il fait si pour une fois, elle avait dominé sa timidité et lui avait répondu qu'il n'y avait que sur un seul et unique point qu'ils n'en étaient pas un ? Et encore, il en existait des couples, mariés de surcroît, qui faisaient chambres à part… Il en existait des couples libres… Qu'aurait-il fait si elle lui avait rappelé cela ? Si elle avait passé ses bras autour de sa taille pour le ramener à elle ? Il aurait été bien avancé, n'est-ce pas, le nettoyeur numéro un du Japon ! Combien de temps lui aurait-il fallu pour qu'il comprenne ce qu'elle lui disait ? Et combien de temps après pour qu'il se l'admette à lui même ? Elle y avait pensé le soir même quand c'était arrivé… Elle avait pensé à toutes les autres réactions qu'elle aurait pu avoir…  

Toutes les réactions qu'elle aurait pu avoir si elle était moins timide, si elle était plus sûr d'elle, si elle n'avait pas peur que, d'agir ainsi, cela le pousserait lui dans la direction opposée… Oui, elle y avait pensé, mais elle n'était que Kaori Makimura face à Ryo Saeba. Un Ryo qui actuellement fixait ses propres mains, toujours posées sur ses hanches à elle. Le sourire de la jeune femme s'agrandit face à la tête qu'il faisait en cet instant, comme s'il était un petit garçon que l'on avait surpris la main dans le bocal à confiseries. Cela faisait-il d'elle la confiserie ? Elle pouvait sentir les mains de Ryo se plier et se déplier machinalement contre sa peau. Comme si maintenant qu'elle avait pris conscience de la présence de ses mains qui avaient trouvé un chemin sous son chemisier, il cherchait à les enlever mais n'en avait pas la force lui-même.  

Ses mains féminines vinrent se poser sur les poignets de Ryo, le forçant à les laisser là où ils se trouvaient, et le nettoyeur à ce geste, laissa son regard remonter sur elle. S'il l'avait voulu, il aurait pu se défaire d'elle, mais apparemment, il ne le voulait pas. Ryo la fixa un instant, la tête toujours appuyée sur le sol sous lui et la jeune femme rougit en prenant soudainement conscience de l'image lascive qu'ils pouvaient donner d'eux même si quelqu'un venait à pénétrer à cet instant dans leur appartement. Mais elle les aimait comme cela, tels qu'ils étaient à cet instant. Elle aimait que pour une fois, le silence entre eux ne soit pas une barrière ou un obstacle mais un lien en quelque sorte. Elle aimait le fait que pour une fois Ryo ne la fuit pas. Que pour une fois il ne la traite pas comme "son" partenaire ou son "petit frère".  

Elle ne savait absolument pas pourquoi, ou comment d'ailleurs, mais quelque chose avait dû se produire car Ryo ne la regardait pas comme il se forçait à le faire d'habitude. Non, à cet instant, il la regardait comme il ne se le permettait que très rarement en règle générale et presque toujours, uniquement quand leurs vies à tous deux étaient sur la ligne. A cet instant, non, depuis qu'il l'avait surprise devant la fleuriste, Ryo la regardait comme une femme… Mais pas une femme ordinaire non plus, car s'il l'avait regardée comme il regardait n'importe quelle autre femme qui passait devant ses yeux, cela aurait fait un moment qu'il se serait retrouvé sous une de ses massues. Mais à cet instant, le regard qu'il portait sur elle, elle en était certaine qu'elle était l'unique sur laquelle il porterait jamais ces yeux là.  

Des yeux qui se posaient mille et une questions sur elle, des yeux qui lui disaient que même s'il ne l'avait pas voulu ou même s'il ne voulait pas l'admettre, il était bien là à cet instant, ensemble avec elle dans ce silence. Des yeux qui lui disaient qu'il avait confiance en elle et qu'il ne voulait pas la perdre. Des yeux qui cherchaient des réponses à des questions que jusqu'à maintenant il ne s'était jamais posé à lui-même. Car n'était-ce pas ironique quelque part que se soit le nettoyeur numéro du Japon qui lui pose une telle question ? Quelqu'un qui disait lui même qu'il n'avait rien à attendre ou à espérer de la vie ? Que se soit justement quelqu'un qui vivait au jour le jour qui lui pose une telle question lui montrait quelque part la valeur et le poids qu'avait cette question pour Ryo. C'était pour cela aussi qu'elle y réfléchissait plus qu'elle ne l'aurait fait si cela avait été quelqu'un d'autre qui le lui demandait. Mais avait-il conscience de cela ? Et d'ailleurs, avait-il conscience du regard qu'il portait à cet instant sur elle ? Un regard qui plus que tout autre voulait la mettre à nue .  

Ironique aussi la valeur de cette phrase quand cela la concernait elle. Pour toute autre femme, cette phrase concernant Ryo aurait été à prendre au sens propre… Alors que pour elle… Et bien que plus d'une fois, une telle constatation lui ait fait monter les larmes aux yeux, quelque part elle en était fière de cet état de fait. Car cela lui prouvait depuis toujours la valeur qu'elle avait aux yeux de Ryo Saeba. Pourquoi elle ? Pourquoi, à ses yeux à lui, était elle LA femme à mettre à part ? Pourquoi ? Qu'avait-elle fait pour la rendre ainsi différente des autres ? Elle savait au fond d'elle que ce n'était pas uniquement parce qu'elle était la petite sœur d'Hideyuki Makimura, mais elle n'avait jamais compris, encore moins après sa déclaration voilée le jour du mariage de Miki et de Falcon, ce qui faisait que pour lui, elle était la seule femme a ne pas avoir sa place avec les autres.  

En le fixant, elle aurait voulu lui poser la question, mais quelque part elle avait peur qu'une fois de plus, une parole de ce genre lui fasse faire machine arrière, et elle aimait trop cet instant pour tirer un trait dessus. Elle voulait que cela continue ainsi, aujourd'hui, là maintenant, demain, après-demain et tous les jours qui suivraient par la suite. Il est vrai qu'elle voulait plus aussi… Ce qu'elle attendait de la vie ? Quelque part la réponse était tellement évidente que cela en était presque risible et effrayant en même temps : Lui, tout simplement… Mais quelque part, elle attendait tellement plus que cela. N'importe quelle femme qu'il draguait, sérieusement parlant, pouvait lui répondre qu'elle le voulait lui, mais elle, elle en voulait tellement plus.  

Elle ne voulait pas "coucher" avec lui, elle ne l'avait jamais voulu, peut être d'ailleurs parce que les yeux que Ryo posaient sur elle lui disaient qu'il ne le voulait pas non plus. Elle connaissait le regard qu'il posait sur les autres femmes, elle les avait surpris parfois, quand il ne savait pas qu'elle était présente. Mais les yeux qu'il posait sur elle justement, ils avaient un poids tout autre. Car justement, elle le savait, à chaque fois que Ryo avait "joué" avec elle, comme quand le renard d'argent était après elle, Ryo se permettait de le faire car il savait la réaction qu'elle aurait. Elle avait fini par le comprendre avec le temps, que sa timidité à elle, était son cran de sûreté à lui. Il comptait, à chaque fois, sur le fait que sa timidité referait surface, accompagnée de ses massues, pour se permettre de montrer une part de ses sentiments.  

Au fil du temps, les yeux de Ryo lui avaient fait comprendre cela. Depuis quelque temps, les rares occasions où il se permettait de flirter avec elle de cette manière, son regard lui disait "repousse moi, tu vaux mieux que ça, tu vaux mieux que moi". C'était aussi une des raisons qui l'avait poussé à garder le silence après le mariage de Miki. Plus que sa timidité… Cela, mais aussi le fait qu'elle avait peur. Cela faisait tellement longtemps qu'ils vivaient ensemble de cette manière, elle avait peur de faire avancer les choses dans une direction plus personnelle. Et si elle le décevait ? Et si elle n'était pas à la hauteur… Ou si tout simplement, le fait qu'il se mette en couple, tue Ryo ?  

Il était tellement protecteur avec elle déjà… S'il le devenait encore plus que se passerait-il ? Était-il possible d'ailleurs qu'il le devienne plus ? Cela faisait des semaines que ces questions tournaient dans sa tête, ces questions ainsi que les regards de Ryo justement. Cela faisait des années qu'ils se connaissaient, des années qu'ils partageaient tout si ce n'est leur couche, pourquoi continuait-il à croire qu'elle était trop bien pour lui ? Elle ne le comprenait pas. Ne voyait il pas à quel point il était bon ? Pour cette ville et pour elle…  

Mais récemment, elle avait vu Ryo se perdre dans ses pensées et elle se doutait, pour avoir surpris ses yeux posés sur elle, que cela les concernait eux, mais jusqu'à présent, elle n'avait pas encore trouvé l'occasion d'aborder le sujet avec lui, trop peureuse qu'elle était qu'il se renferme un peu plus, du monde et d'elle. Mais aujourd'hui… A nouveau, ses yeux se perdirent quelque secondes sur le bouquets de tournesol avant de revenir sur Ryo qui la fixait. Et soudain, la jeune femme en eu assez de l'attendre lui justement, assez que tout tourne toujours autour d'elle. Elle n'avait aucune connaissance en relation amoureuse, de sa vie, elle n'avait jamais connu d'hommes, elle n'avait jamais était amoureuse que de lui… Pourquoi était-ce à elle de trouver les réponses ?  

En soupirant, la jeune femme s'allongea de tout son long sur son partenaire, souriant contre la peau de son cou en le sentant tressaillir sous elle. Mais une fois de plus, en cette journée, il ne fit rien pour se dégager et elle pu sentir sa main remonter dans son dos pour la tenir contre lui.  

- Et toi Ryo ? Qu'attends-tu de la vie toi ?  

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