Chapitre 1 :: la lettre Publiée: 07-04-05 - Mise à jour: 07-04-05
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Chapitre 1 :
Avant même d’avoir ouvert la porte, Kaori sentit que quelque chose n’allait pas, aucun bruit, aucune lumière ne transparaissait sous la porte de l’appartement de shinjuku.
Elle entra, s’attendant au pire, alluma la lumière et lentement ses yeux scrutèrent la pièce.
Il était là, assis dans son fauteuil un verre d’alcool à la main, faisant doucement tourner le liquide dans le verre.
Le regard de Kaori parcourut la pièce et se fixa sur la table. Il y avait le courrier habituel, factures et prospectus et une enveloppe ouverte à coté de laquelle se trouver une lettre, elle s’approcha, posa doucement ses paquets avec les provisions de la semaine, prit l’enveloppe et la lettre…
Une lettre de Belgique …
« Salud compadre…
Alors comment vas-tu depuis tout ce temps ? Ça fait un bail maintenant, je suppose que tu as dû te ranger des voitures ou alors tu es resté le même.
En fait, je connais la réponse j’ai entendu parler de toi, même ici sur le vieux continent. Tu dois te demander pourquoi je t’écris aujourd’hui, n’est-ce pas ? Et bien c’est juste une dépêche que je viens de lire qui m’a remis des souvenirs en tête. Des bons et des moins bons et un pire dont hélas tu dois toi aussi te souvenir.
Je sais, il n’est pas bon de ressasser les souvenirs comme ça mais que veux-tu, pour un vieux baroudeur comme moi, il ne reste que les souvenirs et les cicatrices. Et les blessures morales sont souvent bien pires que celles laissées par une arme à feu.
Enfin bref est-ce par égoïsme ou pour que je sois sûr que tu sois toi aussi au courant, je t’envoie cette dépêche d’un journal français….
Va en paix mon ami …. »
Accompagnant la lettre se trouvait un morceau de journal :
Pérou - Le Sentier Lumineux renaît de ses cendres
Libération
Édition du lundi 21 juillet 2003
Lima -- Le Sentier Lumineux reprend les armes. La semaine dernière, une embuscade dans le village de Matucana, dans le département d'Ayacucho, à 550 km au sud-est de Lima, la capitale péruvienne, a provoqué la mort de sept personnes, cinq militaires et deux civils. C'est l'attaque la plus meurtrière depuis 1999.
Le sentier lumineux ? Comme tout le monde, elle en avait déjà entendu parler, mais il lui semblait que depuis 1992, tout était fini : si elle se souvenait bien, le chef spirituel de ce mouvement terroriste avait été capturé et emprisonné. Et cela grâce à un humble japonais qui hélas fut emporté par les troubles de la grandeur.
Le sentier lumineux… et cette lettre de Belgique, Kaori savait qu’avant de la rencontrer, Ryô avait beaucoup voyagé, mais quel rapport entre le sentier lumineux et la Belgique et quel rapport avec son coéquipier ?
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Ryô était descendu ce matin-là tranquillement après avoir fait une bonne grasse matinée, il avait décidé de profiter des courses de Kaori pour aller faire un tour au parc, histoire d’y rencontrer peut-être celle à qui il accorderait ses faveurs, lui l’étalon de shinjuku.
Déjà en descendant les escaliers, il sentait que ce serait une bonne journée, le soleil brillait déjà depuis quelques heures et la température devait avoisiner les 25 degrés, un temps idéal pour les mini-jupes.
Arrivé sur le perron et prêt à se diriger vers son lieu de villégiature, Ryô se laissa un instant éblouir par le soleil de juillet, au point qu’il resta là un instant à laisser son visage se détendre sous la caresse de l’astre du jour, et au point de ne pas s’apercevoir que son facteur habituel avait pris quelques rondeurs, très bien placées.
Mais on ne peut longtemps échapper à son propre instinct et lorsque Ryô s’aperçut que son mokkori était droit comme un I, sa vision s’adapta immédiatement et ses neurones entrèrent en connexion. Indubitablement le facteur était une femme, et quelle femme. Directement apparurent au niveau de la rétine de Ryô, comme s’il s’agissait d’un écran, les mensurations de ladite demoiselle : 85/61/80.
Le tout moulé avec élégance dans un uniforme des services postaux japonais.
Elle ne l’avait pas encore aperçu, il en était certain. Son approche allait donc être facilitée. Ne faisant mine de rien, il laissa la jeune femme commencer à répartir son courrier dans les différentes boîtes de la rue. Elle devrait forcément passer par chez lui, c’était la période des factures et il devait aussi recevoir le dernier magasine « pantsu-models ».
Lorsqu’elle s’approcha de l’immeuble, Ryô prit son air le plus sérieux et tendit sa main.
- Bonjour mademoiselle, vous êtes nouvelle ?
- Oui en effet, lui répondit-elle avec un sourire éclatant
Il n’en fallut pas plus au mokkori pour se détendre d’un coup et ainsi faire tomber toutes les lettres que la jeune fille avait dans les mains. Prise au dépourvu, elle ne comprit pas pourquoi l’homme, charmant au demeurant quelques secondes auparavant, se jetait maintenant sur elle, semblant nager dans les airs, la bouche ouverte laissant échapper un léger filet de bave.
Sentant deux mains lui saisir la poitrine, elle comprit finalement ce qui arrivait et se souvenant d’un enseignement d’un de ses anciens maîtres d’arts martiaux :
- Lorsque le loup rode et qu’il s’en prend à l’humble brebis, celle-ci doit être capable de se défendre, même seule sans le bélier.
- Qu’est-ce que cela veut dire, maître ?
- Que le mouton doit alors utiliser tout ce qu’il a dans les pattes pour abattre son adversaire.
Et ce qu’elle avait dans les pattes, ou plutôt les mains, c’était un sac rempli de lettres, de prospectus, et de magasines. Elle laissa libre cours à sa colère vis-à-vis de ce fou furieux qui lui pelotait les seins, et la force centrifuge aidant, elle asséna à Ryô un coup d’une violence telle qu’il alla s’encastrer dans le mur de son immeuble.
La postière s’étonna de sa force et réussit à reprendre ses esprits, peut-être avait-elle été un peu trop violente avec cet homme. Elle ramassa le courrier éparpillé et se rendit vers la boîte aux lettres pour y déposer les factures et autres prospectus.
Elle s’aperçut alors qu’elle devrait de nouveau affronter cet homme car elle avait un recommandé, il lui fallait le tampon.
Se retournant, elle fut surprise de voir l’homme debout derrière elle, comme si rien n’avait eu lieu, elle retrouvait le bel homme sérieux qui lui tendait quelques lettres qu’elle avait oubliées, elle en oublia les mains baladeuses, car comment résister au sourire ravageur de Ryô ?
Se souvenant du recommandé, elle le tendit à son destinataire en lui demandant :
- Pourriez-vous me mettre un coup de tampon s’il vous plait ?
La scène suivante ne dura que quelques dixièmes de seconde, mais revoyons la scène au ralenti.
Lorsqu’elle vit le sourire bavant et sentit le déplacement des bras, elle comprit ce qu’elle venait de dire et la tournure que sa phrase pouvait prendre face à un tel individu, aussitôt avec son pied elle maintint ses distances et levant haut son sac elle l’abattit avec force sur la tête de l’homme. Celui-ci une fois de plus s’encastra dans le sol. Et cherchant à redresser la tête, il entendit un bruit de course s’éloignant.
Deux fois déjà encastré en moins de 5 minutes, Ryô décida que la journée ne serait peut-être pas si belle que ça, finalement. Il décida de remettre à plus tard ses recherches du « corps-sœur ».
Il regarda le recommandé, une facture urgente dont Kaori devrait encore s’occuper, il regarda aussi dans la boîte et au milieu des prospectus et des factures il trouva son magasine.
Au moins la matinée ne serait pas entièrement gâchée.
Il remonta donc à l’appartement fébrile de pouvoir regarder les photos de toutes ces jeunes filles en dessous affriolant. Il ouvrit la porte, entra et jetant le reste du courrier il vit sortir des prospectus une lettre. Sur le cachet de la lettre, Ryô lut « Bruxelles Belgique ».
Délaissant le magasine, il ouvrit la lettre ses gestes devenaient étonnamment lents et lourds. Le temps semblait vouloir faire un arrêt sur image. Le visage de Ryô devint encore plus grave quand il commença à lire la lettre. Il sortit un morceau de journal qu’il lut, rejeta la lettre sur la table et alla se servir un verre.
La journée était finalement mauvaise…
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