Chapitre 4 :: Une expo pas si tranquille que ça

Publiée: 26-03-10 - Mise à jour: 26-03-10

Commentaires: Coucou !! Merci à Kaoir62, Fankaori, Stef50, Phoenix, Tenshi et Saoria d'avoir laissé une review pour le chapitre précédent. Bonne lecture à tous.

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En voyant Ryo s'approcher d'eux, le regard noir, l'instinct de survie du compagnon de Kaori lui dicta de s'éloigner d'elle au plus vite.  

Mais l’irritation de Ryo ne faiblit pas pour autant. Que faisait ce Shimei ici ? Et surtout, que faisait-il si près de Kaori ? N'avait-il pas compris son avertissement, l’autre jour, à l’orphelinat ?  

Shimei, lui, se demandait pourquoi Ryo le regardait avec cette lueur assassine au fond des yeux. Il croyait pourtant lui avoir bien fait comprendre qu’il ne chercherait plus à séduire Kaori. N’avait-il pas été assez clair ce jour-là ? Voulant montrer sa bonne foi à Ryo, il lui tendit la main afin de le saluer.  

- Je suis heureux de vous revoir Ryo ! Comment allez-vous ?  

Le nettoyeur accepta la main tendue, et le jeune homme se demanda un instant s’il avait eu raison de vouloir lui serrer la main. Il essaya de ne pas montrer à quel point la pression infligée par la poigne de Ryo sur ses os était douloureuse et serra les dents, prenant son mal en patience. Une fois de plus, ce fut Kaori qui vint à son aide, en glissant sa main sous le bras de Ryo.  

Shimei remarqua immédiatement le changement d'attitude chez l’homme qui lui faisait face. A ce contact, la lueur assassine disparut progressivement et le regard du nettoyeur perdit sa férocité pour laisser place à un regard tendre et aimant. Il put alors enfin récupérer sa main et la frotta discrètement, espérant ainsi calmer la douleur qu'il ressentait.  

Shimei remarqua aussi que Kaori ne faisait plus attention à lui. Son regard plongé dans celui de Ryo montrait à quel point elle était heureuse qu’il soit là. D’un coup... d'un seul, il eut le sentiment d’être devenu totalement invisible et, comprenant que sa présence n’était plus nécessaire, le jeune homme s’éclipsa discrètement et les laissa en tête à tête.  

Ryo fit glisser son bras le long de la taille de la jeune femme, sans la quitter du regard. Elle était magnifique dans cette robe ! Il était certes jaloux et devait reconnaître qu'il avait eu une furieuse envie de se défouler sur ce Shimei, mais il savait que ce serait lui le chanceux qui pourrait lui ôter cette robe ce soir, que ce serait lui qui admirerait son corps divinement proportionné. Ryo secoua la tête pour se changer les esprits… Ce n’était vraiment pas le moment de penser à ça ! Et pour retrouver son sang froid, il s'empressa d'imaginer Falcon en tutu valsant avec Mick déguisé en fille et, immédiatement, ses hormones se calmèrent, à sa plus grande joie.  

Kaori était heureuse : Ryo était là ! Il avait peut-être beaucoup de retard mais il l’avait rejointe ! Maintenant, elle savait que la soirée ne serait plus la même et elle ne put résister à l'envie de venir poser ses doigts sur la joue de son homme.  

- Tu es venu ! murmura-t-elle.  

- Je t’en avais fait la promesse Kaori, et tu sais bien que je respecte toujours mes promesses !  

Kaori réalisa soudain qu'elle lui caressait la joue et s'arrêta. Elle savait que, bien qu’ils soient ensemble, Ryo n’aimait pas montrer ses sentiments lorsqu'il y avait du monde. Dans la rue, il se comportait toujours comme un pervers, et elle le poursuivait alors de sa massue... C’était leur petit rituel, leur façon à eux d’exprimer leur amour en public ! Il préférait l'intimité de leur appartement pour se montrer charmeur et lui prodiguer toutes les attentions et la tendresse dont il était capable.  

Alors que Kaori retirait sa main, Ryo s’en saisit et lui embrassa le creux du poignet, puis posa sur elle un regard brûlant. La jeune femme se mit à rougir et le regarda d’un air étonné, avant d’ôter rapidement sa main.  

- Qu’est-ce qu’il y a Kaori ? lui demanda Ryo.  

- Pourquoi as-tu fait ça ?  

- Fait quoi ?  

- Eh bien, ce geste… Je sais que tu n’aimes pas être démonstratif en public… Tu ne crois pas que… moi et Shimei… parce que… bredouilla Kaori, encore perturbée par ce doux rapprochement.  

- Non ! J’ai confiance en toi Kaori ! Mais je voudrais te dire quelque chose… dit Ryo en approchant son visage de celui de la jeune femme.  

- Quoi ? murmura-t-elle.  

- Je n’aime pas quand on te tourne autour, chuchota le nettoyeur, avant d’effleurer les lèvres de sa moitié pour un rapide baiser, qui rajouta la surprise au trouble de la jeune femme.  

Jusqu’à aujourd’hui, il ne l’avait encore jamais embrassée en public. Ce n’était certes qu’un simple effleurement mais, pour elle, c’était un immense pas en avant que Ryo venait d'accomplir... Et elle ne put retenir une larme qui glissa sur sa joue. Du revers d’un doigt, Ryo l’essuya en lui souriant doucement.  

Pris dans leur bulle, ils n’avaient aucune conscience des regards posés sur le magnifique couple qu’ils représentaient. Du fond de la salle, Shimei les regardait et il comprit que, définitivement, personne ne pourrait se mettre entre eux. Il posa sa coupe vide sur un plateau et en prit une autre, dans laquelle il trempa ses lèvres. Il parcourut la salle du regard et, apercevant une jeune femme qui semblait être seule, il prit une autre coupe sur un plateau et se dirigea vers elle…  

Réalisant enfin que tous les regards de la salle étaient posés sur eux, Ryo prit un air embarrassé, puis se pencha vers Kaori.  

- Tu me fais visiter l’exposition ? lui demanda-t-il, une main posée sur sa taille.  

- Avec plaisir !  

Ils déambulèrent alors dans la salle. Kaori montra à Ryo les tableaux qui avaient retenu son attention, et un en particulier qui représentait les enfants de l’orphelinat en train de s’amuser dans la neige. Ryo reconnut tout de suite les petits garnements et trouva que le peintre avait vraiment du talent. Il arrivait même à retrouver la petite lueur de malice dans leurs yeux ! Il écouta Kaori lui raconter des anecdotes concernant cette toile, et elle lui expliqua longuement ce qu'elle savait de la passion de Mikio pour la peinture.  

Alors qu’ils regardaient tranquillement les tableaux en sirotant une coupe de champagne, Kaori lui demanda soudain :  

- Alors, cette affaire avec Mick ? Elle s’est bien déroulée ?  

Ryo eut un petit frémissement, mais se reprit bien vite. Il regarda Kaori fixement. Se doutait-elle de quelque chose pour lui poser cette question ? Pourtant il avait fait le maximum pour rester discret… A moins que… Oui, à moins que Mick n’ait pas réussi à tenir sa langue…  

- Oui très bien ! répondit-il d’une voix toutefois un peu trop aiguë.  

Mais Kaori, ayant bien noté que l’intonation n’était pas celle qu’il avait habituellement, posa alors un regard étonné sur lui, se demandant ce qu’il lui cachait. Puis la lueur étonnée céda rapidement la place à une lueur de colère, lorsqu’elle remarqua sur le col de la chemise de Ryo une trace de rouge à lèvres qui, elle en était sûre, n’était pas le sien !  

- Ryooooo……. !!!!  

La voix grondante de la jeune femme ne disait rien qui vaille à Ryo. Toutes les personnes présentes regardaient désormais dans leur direction, mais Kaori ne semblait pas s’en rendre compte. Elle faisait face à son partenaire, et une massue lui apparut subitement dans les mains. Les gens dans la salle les regardaient dubitativement : était-ce réellement le même couple qui, à peine quelques minutes auparavant, se regardait tendrement ici même ?  

Ryo cherchait un moyen pour échapper à la sentence qui, il le savait, n’allait pas tarder à arriver. Mais pour trouver une solution, encore fallait-il en connaitre le problème ! Car il n’avait aucune idée de ce qui avait mis Kaori dans une telle colère. Il n’avait rien dit de suspect, ni eu un comportement déplacé, ni même fait l’idiot ! Alors pourquoi ? Pourquoi avait-il l’impression qu’elle lui en voulait à mort ? Il n’eut pas à tergiverser pendant des heures, car ce fut Kaori qui lui apporta le nœud du problème en hurlant :  

- Tu es encore allé traîner dans tes cabarets ! C’était ça ta mission particulière avec Mick ! Une mission secrète ! Pouah ! Tu parles d’une mission !  

- Mais Kaori… tenta Ryo.  

- Ne me dis pas le contraire ! Je ne te croirai pas ! La prochaine fois, pense donc à changer de chemise !  

C’est alors que, lorgnant sur son col de chemise, il aperçut enfin le sujet de la discorde : une légère trace de rouge à lèvres carmin… Et il savait très bien à quelle femme il appartenait, et à quel moment elle avait laissé cette trace sur son col… C’est alors qu’il comprit qu’il ne pourrait pas échapper à la massue ! Il n’avait aucune chance ! Il attendit donc tranquillement sa sentence ...  

… qui ne tarda pas à arriver… Et il se retrouva enseveli sous une énorme massue, sous le regard horrifié de la foule et celui étonné de Shimei, qui ne connaissait pas encore ce trait de caractère chez elle. Celui-ci se dit que, finalement, être le petit ami de Kaori ne devait pas être de tout repos, et qu’il ne savait pas si, lui, aurait survécu à un tel traitement de faveur.  

Sans se préoccuper des regards posés sur elle, Kaori quitta la galerie, très énervée, et rentra chez elle à pied.  

A la surprise générale, Ryo s’extirpa sans aucun mal de la masse de bois. Il frotta ensuite son pantalon et scruta la foule à la recherche de sa moitié. Il s’en était plutôt bien sorti sur ce coup là : juste une petite massue, pas même un kompeito ni un bélier ! Une simple massue ! Et de taille raisonnable en plus !  

Soudain, il se rendit compte que l'aura de sa partenaire avait disparu ; elle était partie ! Il fallait qu’il la retrouve à tout prix. Ils ne pouvaient rester sur ce malentendu…  

Il sortit donc précipitamment de la galerie pour la retrouver et prit le chemin de leur appartement, sûr qu'elle avait dû s'y rendre. Mais l’appartement était vide… Kaori n’était nulle part ! Ryo voulut se rassurer et appela tous les membres de leur groupe, mais personne ne put l'aider.  

Il était perdu, car elle n’avait aucun émetteur sur elle, et il ne pouvait donc savoir où elle se trouvait. Il tenta de relativiser : elle n’allait pas tarder à arriver ! S’il lui était arrivé quelque chose, il l’aurait immédiatement senti, car concernant Kaori, il avait toujours eu un sixième sens. Elle n’était pas en danger ! Ça, il en était sûr !  

Il prit donc son mal en patience et attendit son retour dans le salon. Il fumait cigarette sur cigarette et tournait comme un lion en cage. Plus les heures passaient et plus il avait du mal à ronger son frein… Mais où était-elle ? Pourquoi n’était-elle pas retournée à l’appartement ?  

Enfin, il sentit son aura se rapprocher et poussa un soupir de soulagement… Il était déjà derrière la porte quand cette dernière s’ouvrit sur une Kaori dont la colère semblait être retombée.  

- On peut savoir où tu étais passée ? cria le nettoyeur à l’attention de sa moitié.  

Mais peut-être aurait-il mieux valu qu’il se taise… Sa partenaire le regarda alors avec un regard si noir et si sombre que Ryo en tressaillit. Puis, s'adressant à lui d'une voix glaciale, elle lui répondit calmement :  

- Qu’est-ce que ça peut te faire ! Retourne voir tes bunnies ! Moi j’en ai marre…  

- Arrête ! la coupa Ryo. Je constate que, malheureusement, la confiance que j’ai en toi n’est pas réciproque ! Tu ne sais même pas pourquoi j’ai cette trace de rouge à lèvres sur le col ! M’as-tu laissé le temps de t’expliquer ? Non !  

- Mais… bredouilla la jeune femme, déconcertée par l'attitude de Ryo.  

- Pas de mais Kaori ! Tu as confiance en moi ?  

- Oui, c'est vrai... Je te confierais ma vie s’il le fallait, Ryo ! reconnut-elle en se demandant si elle n'avait pas été, une fois de plus, trop impulsive.  

- Alors pourquoi t'es-tu mise en colère avant de me laisser t’expliquer… ?  

- Je ne sais pas Ryo… Il y avait ce rouge à lèvres…  

Ryo prit alors la jeune femme dans ses bras. Elle n’opposa aucune résistance, se maudissant une fois de plus pour sa fougue et ses colères hâtives.  

- Bon, maintenant que je peux te parler, je vais te dire… Mick veut reprendre du service, et m’a demandé de l’épauler… Mais tu connais sa fierté, il ne voulait que personne ne le sache, au cas où il ne serait pas à la hauteur…Donc, durant cette mission, Mick et moi, avons été attaqués et, en voulant protéger sa cliente, je l’ai collée à moi afin qu’elle ne soit pas blessée … C’est à ce moment, j’en suis sûr, que j’ai récolté cette trace de rouge à lèvres…  

Kaori soupira. Une fois de plus, elle s'était fait des films à partir d'un détail... Elle en était presque honteuse…  

- Pardonne-moi Ryo ! murmura-t-elle, contrite.  

- Allez, c’est tout ! Après tout, ce n’est pas la première massue que je reçois...  

- Mais…  

Ryo ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase. Il s’empara de ses lèvres pour un long et tendre baiser, puis lui chuchota :  

- Tu sais, j’aime quand tu es fougueuse… très fougueuse même…  

Les mains de Ryo caressant le corps de Kaori ne lui laissaient aucun doute sur le genre de fougue qu'il aimait : celle qu’ils ne partageaient que dans l’intimité de leur chambre…  

Oubliant tous les deux la nouvelle dispute qu’ils venaient d’avoir, le couple de nettoyeurs se dirigea vers leur antre où allait débuter une tendre réconciliation, qui durerait certainement le reste de la nuit…  

Tandis que la porte de la chambre se refermait sur les deux corps enlacés, Ryo se dit qu’il avait intérêt à prévenir Mick, afin qu’ils aient la même version des faits, au cas où Kaori viendrait l’interroger.  

Mais bientôt Ryo ne pensa plus à rien d’autre qu’à sa tendre moitié qui lui montrait à quel point elle pouvait être fougueuse…  

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