Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG - Prose

 

Author: MelleKaori

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 3 chapters

Published: 23-05-20

Last update: 02-06-20

 

Comments: 2 reviews

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RomanceHumour

 

Summary: Les années passent, se suivent et se ressemblent… ou pas.

 

Disclaimer: Les personnages de "Des fleurs et des chocolats" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How many words are necessary in a chapter?

 

For normal fanfictions, the minimum is 600 words. For poetry, the minimum is 80 words and for song fics, the minimum is 200 words. These values can be change at any moment, if we think it's necessary. The average is 1500 words per chapter, so you can see that the minimum we're asking for is quite less.

 

 

   Fanfiction :: Des fleurs et des chocolats

 

Chapter 2 :: Chapitre 2

Published: 30-05-20 - Last update: 30-05-20

Comments: Remontons un peu plus le temps…

 


Chapter: 1 2 3


 

Ma session punitive de la veille sème le trouble dans mon esprit. Je me secoue un peu pour terminer ma vaisselle en ronchonnant, si l'intrusion américaine m'a permis de tenir mon engagement envers moi-même en mentionnant son ineffable collection, elle m'a aussi menée à la violation de notre accord puisqu'il n'était pas minuit et ça, Ryô ne manquerait pas de le souligner pour me réclamer un licencieux tribut. Certainement pas ! Je préfère délaisser mes ustensiles culinaires, mon essuyage vigoureux causerait trop de victimes, puis je dresse la table avant de rejoindre mon antre.  

 

Comme les matins précédents, je farfouille au milieu des draps pour retrouver mes compagnes nocturnes au bout de mon lit. Pfff, des bouillottes ! Sans elles, impossible de survivre à ma resucée de célibat. Re-Pfff ! Mais comment ont-elles pu arriver là ? C'est incompréhensible, je n'ai pourtant jamais eu le sommeil agité. Je ne me laisse pas happer par les mirages olfactifs émanant de mes oreillers et poursuit ma tâche avec un regain d'énergie. Tout en cherchant une explication rationnelle sur le repli du caoutchouc, je sélectionne mes vêtements pour une journée fraîche et ensoleillée si je m'en réfère au soleil qui inonde ma chambre, j'aviserai lorsque Ryô s'amusera avec la zapette et tombera sur la chaîne météo.  

 

Et mon regard se pose sur son petit paquet, celui qui patientait après moi et que je me suis contentée de déplacer afin de pouvoir me réfugier sous ma couette. J'étais bien trop furieuse pour l'ouvrir. Exempt de tout, ni inscription ni couleur, je ne dispose d'aucun indice visuel quant à sa provenance. Alors, Grenades or not grenades ? That is the question. J'hésite, je commence par le soupeser ensuite je l'incline d'un côté puis de l'autre, je suis ravie de percevoir des variations de poids à l'intérieur à chacune de mes manipulations précautionneuses.  

 

Je n'y tiens plus, je cède à la curiosité et je tire délicatement sur le ruban de satin. Elles sont là, les M84, enchâssées dans un papier de soie aussi blanc que l'emballage cartonné, j'écarte un peu plus ce fourmillement léger pour mieux les prendre en main. Elles sont parfaitement parfaites. Au moment de les replacer au sein de leur carcan, je réalise que celui-ci renferme un sombre mystère, j'explore aussitôt les blanches profondeurs mettant ainsi à jour un nuage de dentelle. J'embrasse du regard le motif floral de l'étoffe ajourée en m'interrogeant sur le réel destinataire de cette création kitaharienne, d'ailleurs j'entends déjà l'écho de sa voix commenter la teinte « Terre de sienne selon Eriko, moi j'appelle ça chocolat ». Et puis il…  

 

Rien du tout, absolument rien du tout ! Je stoppe là mes investigations, rabats les feuillets délicats sur la parure puis replace les M84 au-dessus. Un peu de fraîcheur me fera le plus grand bien. J'enfouis mon pyjama dans le double-fond du panier à linge tandis que la sonnerie du téléphone s'invite dans la quiétude de l'appartement. Qui peut bien appeler à cette heure-ci ? Ce ne peut être l'inspectrice de son cœur, Saeko se déplace toujours en personne pour mieux le mener par le bout du…nez. Oh, et puis zut, j'aviserai après avoir tranquillement profité de ma douche, je décide donc de laisser mon interlocuteur mystère converser avec le répondeur.  

 

Je règle le mitigeur en écoutant d'une oreille distraite la voix féminine et inconnue qui mande après moi, « Mademoiselle Makimura, nous souhaiterions vous engager pour diriger notre service de sécurité lors de nos prochains évènements sur Tokyo… ». J'ai un sacré raté sur la température, moi qui désirais de la fraîcheur me voilà servie. Un nom – un rendez-vous – des coordonnées téléphoniques, tout ça s'embrouille dans mon esprit excepté bien sûr le nécessaire déplacement vers la gauche du mitigeur. Eh bien, je ne m'attendais pas à une telle proposition. Je suis très étonnée, sceptique aussi, cet appel pourrait être l'une de ses entourloupes… Mais il aura beau ourdir toutes les machinations possibles et imaginables, moi vivante il ne mettra plus un seul orteil dans ce déballage de… de…  

 

 

Comment avais-je pu, moi, y mettre les pieds ? Au premier panneau, je m'étais pétrifiée sur mon siège, ça ne pouvait pas être vrai. Or, il y en eut un deuxième, un troisième… ils se multiplièrent dans le paysage stroboscopique défilant devant moi. Aphone, je me décomposai, je m'essayai au camouflage d'abord spectral puis rougeoyant, je me demande d'ailleurs si je n'étais pas plus écarlate que la carrosserie. Impossible. Impensable. Inimaginable ! En concluant ce pacte avec lui, je n'avais pas pensé, pas envisagé une seule seconde qu'il oserait me jouer ce tour de cochon. Et pourtant si, il avait osé.  

 

-Si c'est une plaisanterie, elle n'est vraiment pas drôle ! Qu'est ce que tu as parié avec Mick cette fois? , m'exclamai-je à l'arrêt du moteur.  

-N'importe quoi ! Non mais pour qui tu me prends ?  

-Mais pour ce que tu es, Ryô. Comment est-ce que tu peux…  

-Le Doc en a eu 28 hier, j'arrive pas à croire que ce vieux croulant ait réussi à battre mon record de l'année dernière.  

-L'année dernière ? De mieux en mieux., pipai-je.  

-Je me demande comment il a fait… , poursuivit-il le plus sérieusement du monde.  

-C'est une vraie question ça ?  

-S'il croit que je vais me laisser faire, il se fourre le doigts dans l'œil jusqu'au coude ! Il m'en faut juste 29., déclara mon obsédé se mirant dans le rétroviseur pour gominer consciencieusement sa crinière.  

 

Mes doigts ne m'obéissaient plus, j'aurais pu tricoter une écharpe avec si seulement j'avais emporté de la laine. Mes oreilles bourdonnaient d'une cacophonie irréelle car je n'apercevais aucune antique décapotable américaine dans le petit miroir à ma droite pas plus qu'il n'enfilait de blouson de cuir sur son tee-shirt blanc. La volée de coups portés contre ma vitre me replongea dans le moment présent, ou plutôt dans la tournure cauchemardesque que prenait cette soirée.  

 

-Mais qu'est-ce que tu fabriques ?, pesta le pervers numéro un du Japon.  

-Tu es sérieux ?  

-Evidemment, c'est une question d'honneur.  

-Tu te fiches de moi ?! Et le mien d'honneur tu y as pensé ?, m'étranglai-je.  

-Tu dramatises toujours tout.  

-Et toi tu prends tout à la légère. Hors de question que je…  

-Bon, ben, très bien. On se retrouve sur le parking alors., m'annonça-t-il.  

 

L'attendre dans la voiture ou l'accompagner dans sa quête d'autographes, l'alternative était insoluble. « Kaori ?» Une sensation de fraîcheur glissant le long de mon échine dissipa le feu sur mes joues tout en attisant celui de ma colère des jours passés. « Pas de massue » ajouta-t-il lorsque je parvins à me mouvoir. Pas de massue ? Ok, très bien, parfait. MOI je respecterai ma part du contrat, sans me gêner pour lui signifier la lourde chape de plomb que je coulais sur ma fureur en le fusillant du regard. Pacifiste peut-être mais certainement pas impassible.  

 

« Allez !!! » Il trépignait d'impatience mon crétin lubrique, un gamin lâché dans un magasin de confiseries n'aurait pas pu être plus exalté que l'obsédé se tenant à mes côtés. Je me maudissais abondamment, je savais que le romantisme serait le grand absent de cette soirée mais là il poussait les bornes des limites sacrément loin. « Non mais quel crétin ! Quel pervers ! Quel obsédé ! Je le crois pas ! » lui lançai-je furibonde tout en nourrissant le secret espoir, enfin pas si secret que ça, d'être refoulés à l'entrée. S'il existait une liste de persona non grata, son nom devait y figurer.  

 

-Cela m'étonne que tu ne sois pas interdit d'entrer., déclarai-je d'une voix blanche.  

-Ben euh… c'est à dire que…  

 

C'était du grand n'importe quoi. Je le découvrais affublé d'une moustache dense et d'une épaisse monture indubitablement empruntée à un kryptonien. J'étais hébétée, mes pires craintes se confirmaient avec son grimage et la douleur aigue sur ma cuisse restreignait l'éventail des possibles, de même que le système de vidéosurveillance beaucoup trop apparent pour relever de la caméra cachée. Quand vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité. J'étais tombée dans la quatrième dimension, c'était forcément ça… Deux hommes en noir encadraient la porte d'entrée, je n'arrivais pas à détacher mon regard des lettres majuscules ornant leur tee-shirt. Un Z et un A.  

 

-Zeus et Appolon ? balbutiai-je faiblement.  

-Hein ? Quoi ?  

 

Le battement régulier d'un métronome à cinq aiguillons m'extirpa de mes pensées focalisées sur les deux musculeux colosses. « Tu es bien meilleur garde du corps que garde malade » réussis-je à lui répondre en l'empêchant de poser une main sur mon front. Non, je n'étais pas fiévreuse, je n'étais ni plus ni moins que dans les limbes d'un univers parallèle. Etrangement, mes pieds étaient cloués au sol, une partie de moi souhaitait déguerpir d'ici au plus vite et l'autre était déterminée à demeurer auprès de lui.  

 

« Kaori ? » Il semblait tout à coup préoccupé par mon atonie toutefois, je ne me berçais pas d'illusions, mon évanouissement en public aurait ruiné ses rêves de revanche sur son mentor. C'était tentant, vraiment tentant, sauf que je n'ai jamais su simuler, moi. Ma réflexion me fit pouffer, riva ses onyx sur mon visage. « Irréprochable ? » grognai-je subitement. Un dictionnaire, demain à la première heure je lui en achèterais quelques uns et la définition d'irréprochable, il l'apprendrait par cœur, il me la copierait, il en tapisserait les murs de sa chambre ! Ce serait largement mieux que ses horribles posters.  

 

Un pixel par-ci un pixel par-là, au rythme des basses faisant frémir ma cage thoracique, mon cerveau collecta et assembla les fragments de mon supplice. Ô toi qui pénètres en ces lieux, quitte toute espérance. Il allait en passer des nuits à la belle étoile, j'ajoutai des centaines de mètres de cordes à ma liste de courses, et des bouillottes et des pyjamas chauds et confortables. Sumac vénéneux, un pyjama en sumac vénéneux, ça doit pouvoir se trouver sur internet ça ! J'érigeai ensuite un second sarcophage de béton autour de mes neurones en ébullition en levant un sourcil lourd de sens, il fallait au moins cela pour museler les réflexions furieuses qui se bousculaient aux portes de mes lèvres.  

 

-On a qu'à se séparer si tu…,  

-Se séparer ? Même pas en rêve. Et prie pour que je ne trouve pas de téléphone.  

-Tu n'oserais pas ? Mais… Mais… Tu ne peux pas, tu n'as pas le droit, tu dois…, bafouilla-t-il anxieusement.  

-Prie Ryô, prie., concluai-je en feignant une assurance qui me faisait défaut.  

 

Le reconnaissance des lieux ne fonctionna qu'un temps, une fois les sorties de secours parfaitement localisées ma pudeur embarqua sur des montagnes russes. Cela commença par mon jean attirant les regards étonnés, je ne voyais pourtant pas ce qu'il pouvait bien avoir de si particulier et puis je n'étais pas la seule femme ici tout de même, toutefois j'étais la plus habillée et probablement aussi la moins trafiquée. Je suis 100% naturelle, de mes mèches rebelles à mes orteils frileux, de mon caractère bien trempé à ma pudeur. Mais dans quel but m'avait-il traînée ici ?  

 

J'élaborai différents scénarios pour écourter mon martyr, essayant notamment de trouver le boitier de l'alarme incendie. Mauvaise idée, très très mauvaise idée. Mon regard s'immobilisa à peine une seconde sur ces machins colorés, malheureusement cela n'échappa pas à mon démon et ce dernier se fit une joie d'éclairer ma lanterne sans omettre aucun détail, elle me convenait parfaitement mon ignorance ! Etais-je condamnée non seulement à l'accompagner stoïquement mais aussi à l'écouter me commenter chacune de ces choses ? Non non non, certainement pas !  

 

-A chaque fois que tu ouvriras la bouche pour me débiter ce genre d'insanités, j'arracherai une page de ton précieux carnet !, grondai-je en le foudroyant du regard.  

-Moi, je disais ça juste pour t'aider à choisir…, rétorqua l'effronté à ma menace.  

 

Choi-sir ? Choisir ?! Je manquai de m'étouffer à sa réplique d'autant plus qu'il me taxa ensuite d'obstinée belliciste, je me pinçai les lèvres pour contenir mes objections et mon impulsivité. Moi, têtue et belliqueuse ? C'est très exagéré ! Je réfléchissais, ma priorité étant de ne pas m'égarer dans une trame vengeresse et me concentrai sur comment obtenir son silence sans requérir à mon arsenal punitif. « Vingt-neuf, juste vingt-neuf, c'est ce que tu as dit... fais attention, une maladresse épilatoire est si vite arrivée » coupa court aux scabreuses comparaisons. Ensuite les secondes s'étirèrent, s'accumulèrent pesamment, j'en vins même à regretter de ne pas avoir été enlevée par une brochette d'incompétents.  

 

-C'est plus calme qu'hier., déclara soudain une voix derrière moi.  

-Pour l'instant. Reste sur tes gardes, ça va pas durer., le prévint la montagne de muscles baptisée Zeus.  

-Il ne viendra p'têtre pas...  

-Là tu rêves. Pourquoi tu crois qu'ils ont fait installer des portes blindées cette année ?, discernai-je en dépit de l'éloignement des deux cerbères.  

 

De mieux en mieux, inutile de se triturer les méninges pour identifier cet énigmatique IL semeur de pagaille tant redouté par le service de sécurité. Ils s'attendent tous à un IL, d'où cet accoutrement et ma présence à ses côtés. PFFF ! Et moi, je n'en pouvais déjà plus, je ne savais où poser les yeux et luttais pour imperméabiliser mon ouïe aux conversations tout aussi dérangeantes que le déballage d'immondices lubriques exposées à tout va. Je devais m'échapper d'ici, au moins par la pensée.  

 

Zeus et Appolon ? Soit ! J'avais le moustachu conducteur de voiture rouge à mes côtés, ne restait qu'à agrémenter mon refuge intérieur de palmiers, d'un flegmatique majordome et d'un très mystérieux écrivain, et puis sous le soleil hawaïen je pus enchaîner une multitude d'inventaires divers et variés : les marches de notre escalier, les poignées des placards de la cuisine, l'arc-en-ciel de microfibres sous l'évier, les comédies romantiques de ma vidéothèque, les différents programmes de la machine à laver, les breuvages du Cat's, le contenu de mon réfrigérateur… et pour finir les vingt-huit tâches sombres sur fond blanc. Il ne restait plus qu'un seul gribouillis à obtenir si je comptais correctement alors je repris pied dans la réalité afin de déguerpir d'ici sitôt récoltée cette ultime signature.  

 

Dix, neuf, huit… Mon calvaire était enfin sur le point de se terminer, je me reposais sur l'énergumène à mes côtés pour confirmer ou infirmer l'exactitude de mon dénombrement. Sept, six, cinq… J'espérais que le couronnement du victorieux combattant ferait apparaître le pervers notoire, et je ne manquerai pas de l'accueillir comme il le méritait celui-là. Quatre, trois, deux… Juste une silhouette floue devant moi. « Où est-ce que je signe ? » minauda la dernière représentante de l'interminable série de ''prêtresses'' et ''déesses'' de cette ignoble soirée. Un, zéro… « Ben sur mon… euh… [» Je contenais le reste, ses mots bien évidemment, contre ma paume tandis qu'elle griffonnait sur son tee-shirt.  

 

-Mais Kaori, t'avais promis., s'écria-t-il en se dégageant.  

-Toi aussi !  

-Oh mais non non non non non, j'ai absolument pas..  

-Et ça ?, répondis-je en désignant la preuve de son manque de contrôle sans dissimuler mon agacement. Irréprochable?!  

-Euh...Ben…  

-Tu es…, bredouilla la jeune femme.  

-Impressionnant ? Epoustouflant ?, pérora-t-il en bombant le torse.  

-...démasqué, à deux doigts de l'expulsion…, complétai-je sentant ma colère affluer et battre mes tempes.  

 

Infernal, irrécupérable, grillé, foutu… Les vigiles étaient dans les starting-blocks, le lourd chevalet à ma portée et la clepsydre de notre pacte vidée de son contenu. Inutile de me maîtriser plus longtemps, j'étais libérée – délivrée de mes chaînes, il ne tarda pas à être sanctionné – atomisé à mes pieds. « Alors c'est comme ça qu'il faut faire ? » s'exclama le service d'ordre médusé, puis ce fut à mon tour d'être sidérée parce que je n'étais pas du tout préparée à l'étreinte reconnaissante de la sylphide brune.  

 

Je perçus un chuchotis indistinct au creux de mon oreille, supposant à ce moment-là qu'il s'agissait d'encouragements compatissants. Que nenni, que nenni ! Cela n'aurait pu ni justifier son regard appuyé ni sa mine séductrice et encore moins ce petit bout de papier glissé dans la poche de mon jean. J'étais ébaubie, à part pulvériser le précédent record de vitesse dans la catégorie battements de paupières, j'étais incapable de dire ou faire quoi que ce soit. Néanmoins, les pleurnicheries de la crêpe humaine, « RHAAA, mais c'est pas juuuuuuste ! C'est moi l'étalon de Shinjuku !!! », réussirent à m'extraire de ma torpeur.  

 

Il devait y avoir une instance supérieure acquise à ma cause pour imposer un tel revers de fortune à mon partenaire. Solidarité féminine oblige, ces nymphes m'adressèrent leur reconnaissance en me remettant leur numéro de téléphone. Inimaginable, si je n'avais pas été aussi estomaquée, j'aurais certainement pris la mouche. Il ne manquait que les vigoureuses poignées de main des vigiles, les confettis sous mes pas et une médaille autour de mon cou pour faire de notre sortie une scène d'anthologie gravée à tout jamais dans les mémoires. Dans la mienne, c'est plus que certain. Dans la sienne...tout autant.  

 

Après les énergiques remerciements du service de sécurité et une proposition de s'adresser à moi lors de leur évènements futurs afin de gérer les débordements intempestifs d'un certain trio d'obsédés, le port de tête altier, voire même princier, j'ouvris la marche jusqu'à la voiture dans laquelle je fus prise d'un monumental fou-rire sous les onyx luisants d'un mélange de vexation, de colère et de déconfiture. Atteint dans sa fierté de mâle, l'étalon de Shinjuku affichait une mine plus que renfrognée, il était vexé comme un pou.  

 

« T'as tout gâché », répéta-t-il en boucle tout au long du trajet non sans avoir qualifié mon intervention de manquement flagrant à notre accord, « Tu l'as enfreint en premier et, en plus ce n'était même pas une massue » lui opposai-je placidement avant de dénombrer ostensiblement ma collection d'outrageants petits bouts de papier. C'était plus que mérité, il avait bafoué l'essence même de sa promesse tout en portant atteinte à ma pudeur.  

 

« T'as ruiné ma fête» ronchonna-t-il en poursuivant son escalade jusqu'au toit pour s'adonner à un autre de ses vices, m'offrant ainsi l'opportunité de réduire en poussière les offensantes séries de chiffres en ma possession. Me venger, bien sûr, mais comment ? Démagnétisation ? L'idée m'effleura, je l'oubliai bien vite car les retombées d'une hypothétique maladresse me parurent trop élevées, trop chères ou trop de chair... Une fois mes papiers intégralement consumés, à mon tour je gagnai la cime de notre logement pour une expédition punitive contre laquelle il s'offusqua. Envisageait-il une autre conclusion à mon immersion forcée dans ce rassemblement de pervers ?  

 

-Mais Kaori, laisse-moi t'expliquer ! , me supplia-t-il.  

-Oh NON ! J'en ai suffisamment vu et entendu pour aujourd'hui !, hurlai-je si fort que je ne serais pas surprise d'apprendre avoir réveillé une bonne partie de notre voisinage.  

 

Dans un sursaut d'inconvenance, il s'enquit de son cadeau. Son cadeau ? Et puis quoi encore ? Un décroché de la mâchoire inférieure accueillit ma très grande magnanimité puisque je clôturais les sept mille quatre cent soixante – dix – huit secondes les plus humiliantes de toute ma vie en lui octroyant une semaine avec son exécrable trophée avant de mettre celui-ci en charpie. « A condition de ne pas tomber dessus lors de mon ménage de printemps» précisai-je d'un ton sans équivoque.  

 


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