Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: Lifetree

Beta-reader(s): CHANLYR

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 3 capitoli

Pubblicato: 10-05-06

Ultimo aggiornamento: 29-07-06

 

Commenti: 30 reviews

» Scrivere una review

 

HumourRomance

 

Riassunto: Eriko manipule Ryo et Kaori pour les obliger à jouer dans une pièce de théâtre. Le thème de celle-ci ? L'Amour...

 

Disclaimer: Les personnages de "L’Amour dans le Temps et le temps des Amours" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

What is a Beta Reader?

 

A Beta Reader is a person who agrees to read and correct fanfictions of other authors. You just have to choose a beta reader and contact them by email to ask them to prof-read your work. Don't forget to give credit to your beta readers when you post your fic. Thanks.

 

 

   Fanfiction :: L’Amour dans le Temps et le temps des Amours

 

Capitolo 3 :: L'Antiquité (cf: l'Odyssé: le retour d'Ulysse à Ithaque)

Pubblicato: 29-07-06 - Ultimo aggiornamento: 29-07-06

Commenti: Hello, hello, tout le monde ! Voici (finalement) le chapitre suivante de cette passionante pièce de théâtre dans laquelle nos héros se sont embarqués. Nous continuons avec eux notre aventure dans le Temps, et nous atterissons cette fois-ci dans l'Antiquité. Bonne lecture !

 


Capitolo: 1 2 3


 

« Tout le monde est prêt ? » demanda Fuji dans son casque. Tous les responsables lui répondirent l’un après l’autre que c’était le cas. « Ok, on reprend. Que les acteurs prennent leur place ! On commence ! » annonça-t-il en faisant signe à son assistant d’annoncer le début du deuxième volet.  

 

Encore une fois les trois coups traditionnels annoncèrent le lever du rideau. Le silence se fit dans la salle. Tout le monde était impatient de découvrir la suite de cette pièce de théâtre aussi cela ne prit-il pas longtemps. Mais le rideau resta, au grand étonnement du public, immobile.  

 

Soudain quatre personnages, vêtus de toges antiques blanches, et portant des masques théâtraux anciens androgynes, entrèrent sur scène, deux venant de chaque côté de celle-ci. Il était impossible de dire s’il s’agissait d’hommes ou de femmes, leurs tenues les rendant asexués. Pour ceux qui s’y connaissaient un peu en tradition grecque, il leur fut facile de reconnaître le chœur qui servait dans l’Antiquité de narrateur lors des représentations théâtrales. Ces quatre membres prirent place au milieu de la scène et entamèrent leur narration.  

 

« Voilà dix ans que la guerre de Troie, lourde en morts du côté Grec comme Troyen, s’est terminée. Tout le monde est rentré chez soi, heureux de retrouver sa famille et sa patrie. Pourtant, dans la lointaine Perverseus, Kaorilope pleure son mari Ulyryo dont elle n’a plus de nouvelles depuis que la paix fut déclarée. Jour après jour, mois après mois, année après longues années elle attend, les yeux rivés vers l’horizon, espérant à chaque instant revoir la voile de la trière de son mari. Hélas, les Dieux ne sont pas favorables au couple et chaque soir elle se couche déçue et triste, priant de toutes ses forces pour que Hermès, Dieu des voyageurs, veille sur son Ulyryo chéri et guide son navire jusqu’à elle.  

 

Malheureusement pour la jeune femme, l’absence du Roi sert le dessein de plusieurs des royaumes avoisinants qui y voient l’opportunité d’agrandir leurs territoires et de gagner une superbe beauté en prime. La pauvre Kaorilope ne sait plus ce qu’elle doit faire pour repousser les avances des seigneurs et à son grand désespoir ceux-ci se sont présentés en personne devant elle, déclarant qu’ils ne repartiraient que quand elle aurait choisi l’un d’entre eux. A bout d’arguments, elle plaide qu’avant de pouvoir faire un choix, elle doit d’abord tisser un linceul pour son mari porté disparu afin que son âme puisse reposer en paix. A défaut de pouvoir y rouler son corps, elle pourra au moins le brûler pour que les fumées rejoignent son esprit et protègent celui-ci, là où il se trouve. Les seigneurs, ne voulant surtout pas attirer la colère d’un mort, acceptent de patienter jusqu’à ce qu’elle ait terminé son ouvrage. Mais la jeune femme n’étant pas pressée de se marier avec un de ces prétendants défait la nuit ce qu’elle avait tissé pendant la journée, n’avançant ainsi que très lentement sur le morceau de toile. Malheureusement, une servante à la solde des seigneurs, la trahit à ces derniers et ceux-ci l’empêchent de commettre son subterfuge la nuit tombée.  

 

Pauvre Kaorilope ! Le linceul de son mari est bientôt fini et le jour fatidique où elle devra annoncer le choix de son futur mari approche. Que les Dieux prennent pitié de cette femme et lui viennent en aide ! »  

 

Le chœur termina son résumé de la situation et se retira à petits pas jusque dans les coulisses. A peine avaient-ils disparu que le rideau se leva. Les élèves du groupe d’art s’étaient encore une fois surpassés pour créer un décor époustouflant. Dans un coin de la scène se tenait un métier à tisser sur lequel pendait un long morceau de toile blanche, de toute évidence le linceul pour Ulyryo. En arrière plan, des colonnades grecques encadraient des fenêtres qui donnaient sur une baie et des bateaux ainsi que des collines. En dessous d’une de ces fenêtres, une couche sur laquelle se trouvait une femme vêtue d’un chiton d’un écarlate vibrant. La couleur chatoyante contrastait malheureusement fortement avec les larmes qui coulaient de son visage et les secousses de ses épaules. Alors que cette femme, visiblement Kaorilope la pauvre femme de l’infortuné Ulyryo, pleurait à chaudes larmes, une esclave entra en scène et s’approcha doucement mais nerveusement de la couche.  

 

« Maîtresse, un de vos prétendants demande à être reçu. Je lui ai dit que vous souhaitiez ne pas être dérangée, mais il a fortement insisté et refuse de quitter l’entrée du gynécée. Il prétend être venu sans en avoir informé ses congénères afin de pouvoir s’entretenir avec vous en privé. »  

 

La jeune esclave n’était pas à l’aise. Sa maîtresse était d’humeur changeante depuis qu’elle avait été trahie par une de ses servantes et sa colère éclatait à tout moment et contre n’importe qui. Elle aurait préféré ne pas devoir lui transmettre ce message, mais elle n’avait guère eu le choix. Tremblant un peu, elle attendait la réponse de la jeune femme en pleurs.  

 

« Qui est cet homme ? » demanda Kaorilope d’une voix enrouée tout en chassant d’une main les larmes de son visage.  

 

« Le seigneur Mickiros du royaume de Obsideus » répondit la jeune fille en se balançant légèrement d’un pied à l’autre.  

 

« Apporte-moi de l’eau que je puisse nettoyer mon visage, et fais-le ensuite entrer » ordonna la jeune femme. L’esclave lui obéit, apporta une coupe et un linge et après que sa maîtresse eut rincé et nettoyé les traces de larmes, elle fit entrer le prétendant.  

 

« Je vous salue bien chaleureusement, Dame Kaorilope » s’écria un homme en entrant à grand pas dans la chambre principale du gynécée. (NDA : le gynécée est une suite de pièces réservées uniquement aux femmes, aux filles et aux garçons en bas âge. Les hommes n’ont pas le droit d’y entrer sans invitation et uniquement dans la première salle.) Il était assez grand, les cheveux blonds, vêtu d’une cuirasse légère et d’un manteau court rouge. Contrairement à la tradition, il portait son épée à sa hanche, ce qui en temps normal aurait été une grande offense punissable de mort par le maître de maison. Mais depuis qu’Ulyryo avait disparu tant de coutumes avaient été bafouées que Kaorilope ne ressentit qu’un pincement au cœur et ne protesta pas le port de l’arme. « Merci de bien vouloir m’accorder une audience »  

 

« Comme si j’avais le choix, Seigneur Mickiros » rétorqua la femme en se levant et en se postant droit devant lui. « Je suis votre prisonnière après tout »  

 

« Allons, allons, pas de seigneur entre nous, Kaorilope ! Ne suis-je pas un ami d’enfance de ton défunt mari ? » répondit l’homme blond familièrement sans même la regarder et en se servant d’une grappe de raisins. « C’est d’ailleurs pour ça que je suis ici »  

 

Kaori sentit tout son corps trembler de dégoût. Elle savait que Mick ne faisait que jouer son rôle, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle avait toujours détesté les hommes machos ou étroit d’esprit qui considéraient toutes les femmes comme simples d’esprits, incapables de prendre une décision sans les consulter. Elle en avait vu beaucoup dans sa vie, surtout dans le quartier de Shinjuku, et son poil se hérissait à chaque fois qu’elle voyait un homme pareil.  

Elle avait eu le même problème pendant les répétitions et peu importe ce qu’elle pensait ou faisait, elle avait du mal à se contrôler. Elle en avait parlé avec Mick et celui-ci lui avait assuré qu’il ne le prenait pas personnellement. Il lui avait même fait la remarque que sa colère en était plus réelle, et qu’ à certains moments ça lui avait fait peur  

 

« Mickiros, l’ami d’enfance de Ulyryo, a cessé d’exister à mes yeux le jour où il a coopéré avec les seigneurs des royaumes voisins pour m’obliger à me marier » La voix de la jeune femme était glaciale mais l’homme ne semblait pas s’en rendre compte. Il s’était perché d’une hanche sur la table et mangeait les raisins, recrachant par terre les pépins. « Maintenant sortez de mes appartements ! Je n’ai rien à vous dire ! »  

 

« Parce que tu crois que j’ai eu le choix en m’alliant aux autres seigneurs ? Si je ne l’avais pas fait, ils s’en seraient pris à moi ! Si je suis ici, c’est pour t’aider Kaorilope ! » répondit le guerrier mais il ne semblait pas tout à fait sincère. « Ulyryo, mon ami, mon frère, aurait souhaité que je veille sur toi après sa mort ! J’en suis sûr. Son âme doit crier au désespoir dans l’Elysée de voir ses compagnons d’arme se ruer sur toi comme des charognards. Aussi est-ce mon devoir de te protéger d’eux tout en veillant sur toi. »  

 

« Vous êtes tout aussi charognard que ces hommes qui sont en ce moment même en train de s’empiffrer à l’étage inférieur. Croyez-vous que j’ai été aveugle pendant toutes ces années où vous veniez nous visiter, Ulyryo et moi ? Vous me lorgniez comme une de ces esclaves qui abondent dans votre palais ! Je suis sûre qu’au plus profond de vous, vous jubilez de la mort de mon époux ! Il vous faisait de l’ombre et vous ne le supportiez pas ! Vous rigoliez ensemble, vous chassiez ensemble, mais si vous aviez eu l’opportunité, vous l’auriez tué de vos propres mains ! Non Seigneur Mickiros ! Ne venez pas à moi en disant que vous vous souciez de mon bonheur ! Vous ne souhaitez que me posséder comme un trophée pour ensuite m’exposer à vos côtés. » Kaorilope se retourna, faisant un vague signe de la main pour indiquer que l’audience était terminée.  

 

Tout comme pendant les répétitions, Kaori dut se contrôler pour ne pas frissonner. Elle ne savait pas qui avait écrit cette partie du script, mais elle lui faisait à chaque fois penser à la première fois qu’elle avait rencontré Mick, quand celui-ci avait été engagé par l’Union Teope pour assassiner Ryo. Les deux hommes s’étaient d’abord battus, les balles sifflant de tous côtés, avant qu’ils ne s’écroulent sur le toit, leurs chargeurs vides. Ils avaient alors éclaté de rire et s’étaient embrassés comme deux vieux amis, sans se soucier que l’instant d’avant ils avaient tenté de se tuer. Elle avait eu la plus grande peur de sa vie pendant ces quelques instants, mais cette peur n’était rien comparée à celle qu’elle avait eue quand elle avait entendu Mick annoncer qu’il tuerait Ryo après l’avoir séduite. La personne qui avait écrit ce script aurait pu assister à ces scènes qu’elle n’aurait pas pu mieux l’adapter à la situation dans cet acte.  

 

Elle n’avait pas fait deux pas que Mickiros s’élança de sa table, reversant celle-ci, et l’attrapa par le poignet. Kaorilope lâcha un cri de surprise et de douleur que Mickiros étouffa immédiatement de son autre main.  

 

« Je ne te permets pas ! » ragea-t-il, ses yeux bleus lançant des éclairs de colère. « Je ne te permets pas de m’insulter de la sorte, et encore moins de remettre en question l’amitié que je portais à Ulyryo ! Je l’aimais comme un frère ! Tu comprends !? » Mickiros relâcha sa prisonnière et fit deux pas en arrière, prenant de longues inspirations pour se calmer. Kaorilope, effrayée, recula elle aussi, frottant son poignet endolori.  

Mais qu’est-ce qui lui prend ?! Il n’avait pas à me serrer aussi fort, je vais garder un sacré bleu de sa poigne ! Et puis c’est quoi cette colère dans ses yeux. Il est supposé la simuler, pas être réellement en colère. Qu’est ce qui se passe ?!?  

« Mais tu as raison sur un point » continua Mickiros en relevant la tête et en croisant le regard de la jeune femme. Le souffle de Kaori s’arrêta face à l’intensité des sentiments qu’elle lisait dans les prunelles de son partenaire de scène. « J’ai été, et je suis, jaloux de Ulyryo d’avoir pour épouse une aussi belle femme que toi. Tu es aussi belle que les filles d’Aphrodite et tu as toute la sagesse d’Athéna elle-même. Comment ne pas envier l’homme qui t’a épousée ? » Mais ?! Qu’est-ce qu’il fait bon sang ? Ce n’est pas marqué comme ça dans le script ! Mick !! « Je me rappelle la première fois que je t’ai vue. Les parents d’Ulyryo avaient donné une fête en honneur de ses vingt ans et de son retour de son service militaire. C’est pendant ces années à l’armée que nous avions fait connaissance, et comme nos royaumes étaient voisins, il m’avait invité pour les fêtes. Ce soir là nous étions en train de boire et de faire les fous avec les esclaves et les servantes. Soudain le silence se fit dans la salle, et son père s’avança au milieu de celle-ci. Il annonça à l’assemblée que pour l’anniversaire de son fils, il avait trouvé le plus beau et le plus cher des cadeaux qu’un père pouvait faire à son fils unique. Il a alors frappé deux fois dans ses mains et des esclaves ont écarté le rideau derrière lequel tu te trouvais. Gracieusement, tel le cygne sur l’eau, tu t’es rendue jusque devant lui où tu t’es inclinée comme l’exige la tradition, indiquant que tu le reconnaissais comme ton mari. Stupéfait des actions de son père, Ulyryo t’a aidée à te relever, acceptant ainsi le mariage arrangé par vos parents. Mais au lieu de te mener jusqu’à sa couche, il t’a planté sur place. Et pour quoi faire ? Pour se jeter dans les bras de la première esclave qui croisait son chemin. Si j’avais eu le pouvoir de changer le cours du Temps, j’aurais pris la place de mon ‘frère’ dès cet instant-là pour t’épargner toutes les humiliations qu’il t’a fait endurer pendant les années qui ont suivi. »  

Mais qu’est-ce que tu racontes Mick ?! Qu’est-ce que ces foutaises viennent faire dans ton discours ? Ulyryo n’est pas comme ça ! C’est Ryo que tu décris plutôt là…  

« Tu penses que je te lorgnais ? Eh bien oui ! Mais j’avais plus pitié de toi qu’autre chose. Ulyryo aurait dû être à tes pieds, il aurait dû te traiter comme une déesse, mais tout ce qu’il faisait c’était t’humilier à chaque occasion qu’il le pouvait ! Aucun homme marié ne devrait se comporter comme un adolescent devant une esclave nue, et ce surtout quand sa femme est présente ! Mais c’est tout ce qu’il faisait, t’ignorant comme si tu n’étais pas là. Comment ne pas être en colère et haïr un homme pareil ?! »  

 

« Mais… mais qu’est ce qu’il chante celui-là ?! C’est pas dans le script ce discours ! » s’écria soudain Fuji en accourant des loges. « Il est supposé lui faire la cour, pas lui raconter des sornettes sur Ulyryo ! Du calme, mon petit Fuji, du calme » se répéta le metteur en scène en prenant des grandes inspirations. « Ce n’est qu’une légère improvisation, ils vont se remettre sur le script »  

 

Pendant son discours Mickiros avait fermé les poings et les serraient fortement contre ses cuisses. A son tour Kaorilope s’avança, les traits fermés, sa colère visiblement à peine contrôlable.  

 

« Maintenant c’est moi qui ne vous permets pas !! » siffla-t-elle entre les dents. « Je ne vous permets pas, vous m’entendez ! J’aime mon mari et je ne veux rien entendre qui bafoue sa mémoire. Vous pensez qu’il me maltraitait ? C’est que vous le connaissez mal ! Vous ne le connaissez pas comme moi je le connais ! Ulyryo est un ancien ami de mon défunt frère. Je l’ai connu alors que je n’étais qu’encore une enfant en tunique et sandales. A chaque fois qu’il venait visiter mon frère il pensait à moi, il avait des galettes au miel, parfois une poupée ou une toupie et même une fois un chiot. Il m’a soutenue et confortée pendant des semaines quand la mort de mon frère nous est parvenu, faisant de moi une femme sans famille. C’était quelqu’un de bien ! Vous ne le connaissiez que comme votre compagnon de beuverie alors ne prétendez pas le connaître en tant que ‘mari’ ! Est-ce clair ?! »  

 

Dans sa colère Kaorilope s’était avancée jusqu’à se trouver droit devant Mickiros, relevant la tête pour le regarder dans les yeux. Elle était essoufflée et haletait tellement elle s’était emportée lors de sa répartie. Mais elle n’avait pas supporté le fait que Mick assume qu’elle était malheureuse avec Ryo, ni qu’il nie que Ryo pouvait être tendre et gentil envers elle. Son sang n’avait fait qu’un tour, et bien qu’elle s’était refusée de se faire entraîner par Mick dans ce dérapage de script, elle venait de lui tenir tête. Maintenant qu’elle s’était engagée dans cette voie, il allait falloir assurer jusqu’à la fin de la scène.  

 

Mick de son côté eut du mal à déglutir. Il la trouvait adorablement belle avec ses joues rosies, ses cheveux un peu ébouriffés et ses yeux qui lui lançaient des éclairs de colère. Son chiton avait un peu glissé le long de son épaule, dénudant quelque peu celle-ci et laissant apparaître le début des courbes de son sein. Il devait se contrôler de toute sa volonté pour ne pas la prendre dans ses bras et l’embrasser passionnément tant elle était désirable. Mais à chaque seconde qui s’écoulait, il voyait sa résolution fondre comme neige au soleil. Finalement il craqua et fit un pas en avant, prêt à la capturer dans ses bras.  

 

Mais Kaori comprit immédiatement ce qu’il essayait de faire, et elle n’en revenait pas. Non seulement il osait la dénuder des yeux devant tout le monde dans la salle, mais en plus il voulait la prendre dans ses bras ! C’était trop ! Tant pis pour l’authenticité de la pièce, il avait vraiment besoin qu’on lui remette les idées en place ! Elle sentit le manche de sa massue se matérialiser dans sa main.  

 

« KAORILOPEEEE !!! Je suis rentré !! » s’écria soudain quelqu’un dans le couloir.  

 

Mick eut juste le temps de faire quelques pas en arrière que la porte s’ouvrit, se fracassant bruyamment contre le mur, et laissant la place à un homme un peu plus grand que Mickiros, les cheveux noirs, le bras gauche en écharpe. Sa tunique était déchirée, sale et couverte de sang, et il lui manquait la sandale de son pied droit. La massue disparut de la main de Kaori avant qu’elle n’eut le temps d’être visible. La jeune femme poussa également un grand soupir de soulagement, avec Ryo en scène Mick n’oserait plus rien faire.  

 

« Kaorilope !!! Où es-tu ? Ton mari est rentré !! » cria-t-il à nouveau avant de finalement apercevoir les deux protagonistes au milieu de la pièce. « MICKIROS !! » s’exclama-t-il, joyeusement. « Vieille fripouille !! Quelle joie de te revoir ! Comment vas-tu ?! » Ulyryo fit les quelques enjambées nécessaires pour rejoindre son ami et l’attrapa par l’épaule avant de l’embrasser de son seul bras valide. « Ah mon bon vieux Mickiros, si tu savais tout ce qui m’est arrivé depuis notre départ de Troie ! Tu ne me croiras pas ! Des cyclopes, des sirènes, des magiciennes ! C’est fou ce qu’il y a des gens malveillants dans notre monde ! Mais viens ! Je vais te raconter ça tout en dégustant un petit vin frais ! Kaorilope ! A boire ! »  

 

« Oh non… » murmura Fuji désespéré dans les coulisses en entendant Ryo suivre l’exemple de Mick et de Kaori, et également changer le texte de sa réplique. « Non… Dites-moi que ce n’est pas vrai…. » Il accourut à toute vitesse en direction de la scène. Il se serait jeté sur l’acteur si trois élèves ne l’avaient pas intercepté et le restreignaient de toutes leurs forces.  

 

Kaorilope était clouée sur place, la bouche et les yeux grands ouverts. Elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle voyait. Son mari qu’elle pensait mort depuis dix ans venait de réapparaître comme par miracle. Il était blessé, mais sous toute cette crasse et tout le sang qui recouvraient sa tunique, il s’agissait bel et bien de son homme. Une larme coula le long de sa joue tant elle était contente et soulagée de le voir sain et sauf. C’était comme si un poids s’était levé de son cœur et de ses épaules. Maintenant qu’il était de retour, tout redeviendrait comme avant et ils reprendraient leur vie tranquille et heureuse. Soudain la voix de Ulyryo la rappela à la réalité et elle sortit brutalement de sa rêverie. Mais quelle ne fut pas sa stupeur de voir que son mari était à côté de son ami et s’éloignait d’elle. Sans même lui avoir dit bonjour ou l’avoir embrassée ! Elle resta clouée sur place par le choc.  

 

Dans les coulisses Fuji était en train d’arracher les feuilles de son manuscrit. « Mais qui est ce qui m’a foutu des acteurs pareils ?!! Ce n’est pas de l’improvisation qu’on fait ! Pourquoi est ce qu’ils n’arrivent pas à s’en tenir au script ! Ce n’est quand même pas compliqué ! Des gamins de six ans peuvent le faire !! Je les hais !! Je les hais !! JE LES HAIS !!! »  

 

« Dépêche-toi Kaorilope ! J’ai grande soif ! » cria son mari par-dessus son épaule tout en entraînant Mickiros vers la couche sous la fenêtre. « Si ce n’est pas triste de devoir rappeler une femme à ses devoirs conjugaux ! Je te jure Mickiros, sois heureux d’être célibataire, tu dois avoir moins d’ennuis avec tes esclaves que moi avec ma femme ! » ajouta-t-il à l’intention de son ami tout en prenant place sur les coussins. « Alors ? Ca vient ?! »  

 

Le choc et la stupeur laissèrent lentement place à la colère dans l’esprit de la femme. Une colère tellement puissante qu’un voile rouge apparut devant ses yeux. Une colère qu’elle n’aurait jamais pensé être capable d’avoir envers son mari. Peu à peu ses mains se mirent à trembler alors que ses poings crispés devenaient blancs. Elle essayait de se raisonner, de se convaincre que son mari était fatigué d’un long voyage, qu’il avait beaucoup souffert lors des épreuves des dieux, mais son âme et son cœur ne voulaient rien entendre de la raison. J’avais rêvé de cette scène Ryo. J’avais rêvé de cet instant où tu entrerais en scène et où tu me prendrais dans tes bras… Aux répétitions tu avais constamment fais le pitre à ce passage du script que Fuji l’avait sauté pour ne pas perdre de temps. Je m’étais dit qu’une fois en scène devant le public tu n’arriverais pas à t’esquiver… Que j’ai été naïve. Même ici tu me traites comme ta servante, ton esclave qui doit t’obéir au doigt et à l’œil dans la seconde qui suit tes ordres… On aurait pu laisser nos différents de côté pour cette soirée. Etre simplement un homme et une femme, un mari et une femme. Pour une fois on aurait pu oublier tous les obstacles qui nous empêchent de faire ce qu’on veut… Pourquoi refuses-tu d’être le prince charmant que j’ai connu quand j’étais Cendrillon ?! (nda : voir l’épisode intitulé Cendrillon dans la ville) Une larme coula le long de sa joue tandis qu’une jumelle en fit de même sur l’autre joue.  

 

« C’est tout ce que tu as à me dire, Ulyryo ? Après une séparation de dix ans ? Dix ans pendant lesquels je t’ai pleuré. Dix ans pendant lesquels j’ai été forcée de tisser un linceul afin d’échapper aux prétendants qui souhaitaient se marier à moi… Pendant dix longues années j’ai prié les Dieux sans cesse qu’ils te soient cléments et te ramènent à moi. Et tout ce que tu trouves à me dire à peine la porte franchie, c’est de me demander à boire pour toi et ce vaurien de Mickiros ! Pas un regard, pas un mot pour exprimer ta joie de me revoir… N’ai-je donc pas plus de valeur à tes yeux qu’une esclave ?! Non, ne dis rien, j’en ai moins. Bien sûr. L’esclave, tu l’aurais prise par la taille et installée sur tes genoux, et pendant que tu discuterais avec Mickiros tu lui aurais caressé les seins et les cuisses. Mais moi, ton épouse, la mère de tes enfants, je ne suis bonne qu’à t’apporter ton vin et à m’occuper de la maison en ton absence… »  

 

La douleur qui étreignait le cœur de la jeune femme noua sa gorge et sa voix s’éteignit, laissant la place aux sanglots. Clairement surpris par les paroles de sa femme, Ulyryo releva son regard, les yeux grands comme des soucoupes. Il cligna plusieurs les paupières avant de se gratter la tête et de demander :  

 

« La mère de mes enfants ? Quels enfants ?? »  

 

« Les enfants qu’on aurait ensemble, si tu daignais partager mon lit au lieu de courir après les filles des rues et les esclaves ! Au lieu de passer tes journées à boire du vin et à faire l’idiot avec tes ‘amis’ ! Pourquoi voudrais-tu que j’exécute tes désirs si la seule chose qui nous unit est une parole que tu n’honores même pas ! » cria Kaorilope en croisant les bras, le regard froid, dur et blessé. « J’en ai assez, Ulyryo ! »  

 

« Mais qu’est ce qui te prends Kaorilope ? Tu es devenue folle ma parole ! Bien sûr que j’honore mes vœux de mariage ! Je prends soin de toi et te donne tout ce dont tu as besoin ! Je te protège ! Je… »  

 

Mais Ulyryo n’eut pas l’opportunité de continuer.  

 

« ARRETE ! » hurla Kaorilope en levant les bras en l’air. « Tu ne me donnes rien, Ulyryo, que je ne pourrais pas avoir par moi-même. Ou as-tu oublié que les champs de blé et les vignobles font parti de ma dote ? Sans eux la seule chose que tu mangerais serait du poisson salé et la seule chose que tu boirais serait de l’eau de source. La prospérité de ton royaume tu le dois à mes terres ! Et ne viens surtout pas me dire que tu me protèges ! Je suis Spartiate ! Je fais partie d’un peuple fier et guerrier qui n’hésite pas à envoyer ses filles et ses femmes à la guerre ! Tu ne me donnes rien Ulyryo alors que moi, moi, je te donne tout et même plus ! Tu as ma fidélité ! Tu as mon amour ! Tu as ma dévotion ! Mais rien de tout ça ne t’importe ! Ca fait partie de « l’épouse modèle », n’est-ce pas ?» siffla Kaorilope en écartant légèrement les pieds pour prendre une position de combat, un détail qui n’échappa pas à Mickiros dont les yeux s’agrandirent. Mais qu’est ce qui se passe ? Quelle mouche à piquer Kaori ? C’est bien la première fois que je la vois aussi sérieuse, et le pire c’est que Ryo ne s’en rend pas compte. « Je t’aimais, tu m’entends ?! J’aurais tout fait pour toi si seulement c’était réciproque ! Si seulement tu me donnais une seule raison de rester auprès de toi !  

Mais je viens de me rendre compte que ma fidélité et mon amour étaient mal placés. Je viens de réaliser que tu n’es pas l’homme que je pensais que tu étais. Je me demande même si je t’ai jamais vraiment connu… »  

 

La voix enrouée de Kaorilope s’éteignit. Elle fit trois pas en arrière, écarta les bras en croix avant de les ramener devant elle, la paume gauche tournée vers le ciel, la paume droite tournée vers la terre. Ulyryo leva la main pour l’interrompre, mais Kaorilope ne lui en laissa pas l’occasion.  

 

« Héra, Mère des Dieux et Déesse du Foyer ! Par tous les Dieux du Ciel ! Par tous les Dieux de la Mer ! Par tous les Dieux des Enfers ! J’en appelle à Vous pour être témoins de mes paroles ! Je renonce maintenant et pour toujours aux vœux que j’ai donnés à Ulyryo, Roi de Perveseus ! Je révoque les droits et les privilèges qu’il a sur moi et sur mes propriétés ! Je déclare haut et clairement que je ne suis plus sa femme et que jamais je ne lui donnerais mes enfants ! Dieux, entendez-moi ! »  

 

Mince ! Mais qu’est ce que j’ai déclenché moi ?! Je voulais juste secouer un peu Kaori ! Je voulais profiter de cette pièce pour les faire bouger tous les deux, mais là ! Ce n’est pas ce que je voulais ! Merde ! Qu’est ce que Ryo ne m’a pas raconté pour que Kaori réagisse ainsi pour une toute petite provocation dans le genre qu’elle reçoit tous les jours de son partenaire ? A moins que… Serais-ce la goutte qui a fait déborder le vase ? Il est vrai que Ryo n’a pas spécialement été ‘calme’ pendant les répétitions… Mais de là à ouvertement dire qu’elle en a avait marre de lui et qu’elle va allait le quitter ! J’en reviens pas ! Mickiros les regardait, la bouche légèrement ouverte, les bras pendants le long de son corps.  

 

Lentement Kaorilope baissa les bras. Elle haletait légèrement tant son cœur battait vite mais son regard n’avait jamais quitté celui de l’homme en face d’elle. Elle se tenait droite comme un i, les épaules en arrière, la tête relevée, le défiant de tout son corps et âme. J’espère que tu as compris mon message, Ryo. Si tu ne me montres pas que tu tiens à moi, si tu ne me montres pas plus d’égards, si tu n’es pas plus gentil avec moi, je m’en irais. Je n’aurais jamais cru en arriver là, mais comme on me le dit si souvent, il y a un moment dans sa vie où il faut regarder devant soi et laisser le passé dans le passé. Je n’ai jamais flanché quand j’ai appris des morceaux de ton passé, parfois ils m’ont fait un peu peur, mais je ne t’ai jamais regardé autrement que comme l’homme que j’aimais. Je suis prête à passer l’éponge sur ton passé, à l’accepter sans poser de questions pour en savoir plus, pour que nous puissions vivre dans le présent. Mais toi… Quand lâcheras-tu finalement ce morceau de toi-même ? Quand accepteras-tu de le laisser se reposer au fond de toi, là où il fait encore partie de toi, mais ne te contrôle plus ? Ryo…  

Ulyryo de son côté était de marbre. Son visage était fermé et son regard plus sombre qu’un orage sur le point d’éclater. La tension entre les deux augmentait au fur et à mesure qu’ils se fixaient dans ce silence de mort. Ainsi j’ai enfin réussi à te pousser à bout… Il m’a fallu plus d’années et d’efforts que j’aurais cru la première fois qu’on s’est rencontré. Je n’aurais jamais imaginé que tu étais mentalement aussi forte que ça. Et si tu ne l’utilisais pas contre moi, je t’aurais admirée pour ça. Mais j’ai quand même fini par triompher de toi… Alors pourquoi est-ce que j’ai ce goût amer dans la bouche ? Ce goût de défaite…  

 

Derrière Ulyryo Mickiros les regardait l’un après l’autre sans savoir ce qu’il devait faire ou dire. Il se sentait très mal à l’aise. Soudain, Ulyryo fit volte face et se dirigea vers la porte sans rien dire. Oui, c’est ça Ryo, prend la fuite comme tu le fais si souvent quand il y a un problème entre nous. Même pas souvent d’ailleurs, tu le fais tout le temps. Mais cette fois-ci rien ne viendra me faire changer d’avis, si ce n’est pas toi-même qui le fais. Alors réfléchis bien à ce que tu vas faire ! Il s’arrêta dans l’entrée et jeta un regard silencieux en direction de son compagnon. Mickiros jeta un coup d’œil vers lui, puis vers Kaorilope, avant de faire un pas vers la porte.  

 

« Seigneur Mickiros » l’interpella cette dernière. L’homme s’arrêta et lui fit face. « Si vous souhaitez reprendre notre conversation de tout à l’heure, je vous écouterais plus attentivement que je ne l’ai fait il y a quelques minutes. »  

 

Mickiros tressaillit de surprise mais hocha néanmoins la tête pour indiquer qu’il avait entendu. Qu’est ce que tu es en train de faire Kaori ? Tu ne crois pas que Ryo souffre déjà suffisamment en ce moment ? Pourquoi le narguer avec cette stupide réplique où je disais être un meilleur compagnon que lui ? Si j’étais sûr que ton cœur ne souffre pas, que tu me fais cette proposition en toute honnêteté… Je pourrais me persuader que tu me désires vraiment. Mais je n’y crois pas. Pas quand je vois toute cette douleur dans tes yeux quand ton regard se pose sur lui… Il lui fit une petite révérence et emboîta le pas à Ulyryo, laissant Kaorilope seule dans la salle de séjour du gynécée où elle s’effondra en pleurs sur sa couche.  

 

Hochi avait envoyé Fuji se calmer dans les loges et avait temporairement pris le contrôle des activités dans les coulisses. Il ordonna immédiatement la fermeture du rideau et harcela les élèves chargés des décors pour qu’ils se dépêchent de tout préparer. Du coin de l’œil il vit une des habilleuses aider Kaori vers sa loge. Se souciant qu’elle avait peut-être fait un malaise, il se concentra sur elle et fut stupéfait de constater qu’elle pleurait pour de vrai. Il fit un pas dans sa direction mais une question d’un technicien l’arrêta. Faisant confiance à l’étudiante, il laissa son souci pour la jeune femme de côté et se dépêcha de faire en sorte que tout soit prêt pour la suite. Même s’il ne savait pas comment tout ceci se terminerait.  

 

 


Capitolo: 1 2 3


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de