Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 4 capitoli

Pubblicato: 16-01-21

Ultimo aggiornamento: 19-01-21

 

Commenti: 8 reviews

» Ecrire une review

 

GeneralSongfic

 

Riassunto: Une chanson quatre histoires d'amour inconditionnelles

 

Disclaimer: Les personnages de "Un autre jour sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How to make an interactive story?

 

Here's a helpful link. Tutorial

 

 

   Fanfiction :: Un autre jour sans toi

 

Capitolo 4 :: Chapitre 4

Pubblicato: 19-01-21 - Ultimo aggiornamento: 19-01-21

Commenti: Bonjour, voici le dernier chapitre de cette mini-songfic. J'espère qu'elle vous aura plu. Merci Didinebis, Shaninxyz et Rkever pour vos commentaires. A demain pour un OS avant de commencer une autre histoire. Bonne lecture.

 


Capitolo: 1 2 3 4


 

Chapitre 4  

 

Debout devant le miroir de la salle de bains, une simple serviette ceignant mes hanches, cachant le plus essentiel, j’attrape mon rasoir. Qui je protège de la vue de mes attributs ?, me demandé-je, mon regard cynique me fixant dans le miroir. Je suis seul, seul, libre, célibataire depuis combien de temps maintenant ? Je ne veux plus compter. Je l’ai fait au départ, d’abord les heures, puis les jours, les semaines, j’en suis arrivé aux mois.  

 

Sometimes I don't feel alive  

Parfois je ne me sens pas vivant  

Why do I keep running from the truth?  

Pourquoi est-ce que je continue à fuir la vérité.  

I can see it in my eyes  

Je peux le voir dans mes yeux  

Where's the happiness that I once knew?  

Où est le bonheur que j’ai déjà connu ?  

 

Ayant terminé, je me penche et m’asperge le visage d’eau pour enlever les dernières parcelles de mousse à raser avant de me redresser et de m’observer dans le miroir, passant une main dans mes cheveux en bataille. Mon regard s’attarde sur mes yeux, toujours aussi sombres, mais ils ne luisent plus comme les onyx qui avaient été là un moment. Non, il sont sombres comme la nuit noire, froids, distants, comme morts. Oui, c’est cela, la vie en a disparu… en même temps que toi. J’ai été heureux avec toi comme je ne l’ai jamais été auparavant et aujourd’hui…  

 

Passant la serviette sur mon visage, j’ai l’impression de sentir tes doigts le frôler. Je ferme les yeux un moment et des images me reviennent en mémoire.  

 

- Tu as encore de la mousse, là., m’avais-tu taquiné ce matin-là, ton regard lumineux posé sur moi.  

- Comme ça, c’est bon., t’avais-je retourné, entrant dans ton jeu alors que je connaissais la vérité.  

- Attends, je vais regarder. Plus près, un peu plus près. Tu permets ?  

 

Tu n’avais pas attendu ma réponse et retiré la serviette qui cachait mon intimité, t’en servant pour essuyer une mousse inexistante. Le coton avait été remplacé par tes lèvres, douces, chaudes, qui me procuraient toujours des sensations aussi incroyables qu’inédites, même avec le temps et naturellement…  

 

Je rouvre les yeux et j’ai comme l’impression de te voir derrière moi mais c’était impossible, je le sais…  

 

I'm so tired of this place  

Je suis si fatigué de cet endroit  

I wanna hear your voice  

Je veux entendre ta voix  

I wanna see your face  

Je veux voir ton visage  

I can't escape the way I feel about you  

Je ne peux pas échapper à ce que je ressens pour toi  

 

Sortant de la salle de bains, je repars dans ma chambre et, sans lever les yeux vers le lit, j’ouvre mon armoire et prends un jean, un tee-shirt. Les mêmes, toujours les mêmes et ça a quelque chose de rassurant alors que mon monde a été renversé, s’est effondré. Avant, c’était juste parce que je m’en foutais, ne faisant un effort que lorsque c’était nécessaire. Maintenant, c’est juste pour les repères, quelque chose qu’on sait immuable, inébranlable.  

 

Je me prends à rire. Le grand Ryo Saeba a besoin de repères rassurants. C’est une grande première. J’ai été seul pendant si longtemps puis j’ai juré vouloir l’être de nouveau pendant de longues années que ça en est risible de voir que, le célibat retrouvé, je me sens… perdu. C’est bien le mot, perdu. Tu as été la lumière dans ma vie depuis que tu y es apparue. Tu m’as fait émerger et découvrir une autre facette de ma personnalité, une facette que j’ai longtemps réprimée, te dénigrant toi pour ne pas me voir moi. Tu devais cesser ton travail de sape, je ne devais plus te laisser approcher. Tu étais proche, trop proche depuis trop longtemps. Tu m’as percé à jour patiemment et j’ai longtemps cherché à boucher tous les trous que tu créais jusqu’au jour où…  

 

I don't wanna know another day without you  

Je ne veux pas vivre un autre jour sans toi  

Won't you call my name  

Ne m’appelleras-tu pas  

'Cause I can't be without you  

Car je ne peux pas être sans toi  

 

Je t’ai dit ces deux petites phrases, que je ferais tout pour sauver celle que j’aimais et que je ferais tout pour lui revenir. Je te suis revenu et nous n’avons jamais été si proches. Nous avons enfin commencé notre vraie vie à deux, pas une simple colocation mais une vraie vie de couple. J’ai bien dû te convaincre un peu avant que tu acceptes d’emménager dans ma chambre, brisant les schémas traditionnels japonais, mais j’ai évolué dans un monde occidental où les couples dorment ensemble et, après avoir vécu sept longues années à côté de toi, je comptais bien profiter de chaque seconde où je vivrais avec toi, de jour comme de nuit.  

 

De fait, je n’ai jamais aussi bien dormi. J’étais toujours aussi alerte, toujours à l’affût mais je n’avais plus à lutter contre la frustration de te savoir proche mais toujours hors de portée. Si quelque chose arrivait, tu étais entre mes bras, là où je n’avais plus à m’inquiéter de savoir si tu étais en sécurité, si tu te sentais bien, si tu me manquais. Tu étais là où tu aurais dû être depuis bien longtemps si j’avais été moins obtus, moins têtu, moins… con. Tu as été à ta place pendant tous ces mois, un peu plus de trois ans en fait, même pas le temps que j’ai passé à te faire attendre… Cherchez l’erreur…  

 

I keep my head to the sky  

Je garde la tête vers le ciel  

Waiting for the day that you'll come through  

En attendant le jour où tu en reviendras  

I am free within my mind  

Je suis libre dans mon esprit  

'Cause I know that it is coming soon  

Car je sais que ça arrivera bientôt  

 

Te revoir, j’espère tant te revoir. Comment m’y prendre ? Attendre que le temps fasse son office ? Abréger la souffrance ? Je ne sais pas mais j’ai besoin de toi. Comment ai-je pu croire que je m’en sortirais sans toi ? Comment ai-je pu imaginer pendant si longtemps que je te rendrais à la vie normale ? J’aurais dû le savoir que ce serait impossible, j’aurais dû le comprendre au moins depuis l’épisode du Renard d’Argent et la facilité avec laquelle tu avais repris ta place à mes côtés. Je n’ai même pas protesté quand tu t’es imposée. J’en ai même été satisfait même si je ne t’ai rien dit. Je me suis contenté de faire mokkori à la vue de tes fesses. C’était alors ma façon de m’exprimer et tu m’as écrabouillé, c’était ta manière à toi de me répondre.  

 

Aujourd’hui, je suis seul et… tu me manques, tu me manques tellement. Chaque nuit, je revis nos moments à deux, ceux d’avant nous et ceux que nous avons partagés en tant que couple. Les deux sont autant de bons moments, même les massues, mêmes toutes ces fois où j’aurais pu nous faire avancer beaucoup plus vite. Je m’assois sur ce lit où nous avons passé de nombreuses nuits ensemble, encore trop peu nombreuses à mon goût. J’entends tes mots d’amour chanter à mes oreilles, je vois tes larmes couler lorsque je t’ai pris ta virginité le même soir où je t’ai avoué que je ferai tout ce qu’il fallait pour nous deux, ton regard doux quand je me suis confondu en excuses pour m’y être pris trop sauvagement, t’avoir fait mal, n’avoir pas su répondre à tes attentes alors que, toi, tu pleurais juste de bonheur parce que j’avais été mieux que l’amant que tu attendais, encore plus doux, plus patient et qu’à part mon mokkori, tu n’avais rien senti. Moi, dans toute ma fierté masculine, je n’en avais pas perdu une seconde et j’avais même été surpris par l’émotion qui m’avait étreint en sachant que j’étais ton premier et que je serais le dernier. Foi de Saeba, je ne te laisserai jamais t’en aller, je me l’étais promis. Et pourtant, me voilà seul…  

 

I'm so tired of this place  

Je suis si fatigué de cet endroit  

I wanna hear your voice  

Je veux entendre ta voix  

I wanna see your face  

Je veux voir ton visage  

I can't escape the way I feel about you  

Je ne peux pas échapper à ce que je ressens pour toi  

 

Je prends le cadre-photo sur la chevet et j’observe tes traits. Quand je pense à toutes les fois où je t’ai dit que tu étais moche, que tu n’avais pas un grain de féminité, que tu ne me faisais pas bander. Tu as eu la preuve du contraire pour notre plus grand plaisir. J’ai pu voir la femme passionnée s’exprimer d’une autre manière et j’aurais dû te laisser briller ainsi bien avant. On aurait au moins pu en profiter beaucoup plus. J’ai eu la chance de voir ton visage s’illuminer et ce regard si doux et brillant se poser sur moi avec tant d’amour et de chaleur que j’en avais parfois, souvent même, le souffle coupé. Tu me faisais dérailler complètement, Kaori. Aujourd’hui, c’est encore le cas. Rien que de penser à toi et ton sourire, je sens mon estomac fourmiller. Comment disais-tu déjà ? Ah oui… Ca me revient, j’ai des papillons dans l’estomac. C’est toujours plus agréable que ce poids qui s’est glissé dessus ce fameux jour.  

 

Ce poids est de plus en plus lourd à supporter d’ailleurs et les regrets pointent quand je revois ton regard empli de larmes. « Je t’aime… Adieu », m’as-tu murmuré d’une voix tremblante en caressant ma joue. J’étais incapable de te répondre, incapable de te dire ce que j’avais à te dire, incapable de gérer les sentiments dévastateurs qui naîtraient en te retournant tes mots. Savais-je déjà que je serais incapable de vivre sans toi ? Il faut croire.  

 

I don't wanna know another day without you  

Je ne veux pas vivre un autre jour sans toi  

Won't you call my name  

Ne m’appelleras-tu pas  

'Cause I can't be without you  

Car je ne peux pas être sans toi  

 

Pourtant, je suis le seul responsable de ce qui est arrivé. Si je t’avais écoutée, on n’en serait pas arrivés là. Je suis celui qui a tiré le coup qui nous a séparés. Tu m’avais prévenu, tu as voulu me prévenir, m’arrêter mais je m’en fichais. Tu étais tout ce qui comptait et c’est moi qui t’ai blessée, qui nous ai blessés.  

 

- Arrête, Ryo… Tu ne peux pas… C’est trop risqué., as-tu gémi.  

 

Mais moi, je n’ai pas voulu t’écouter. J’ai fait ce que je voulais, ce que mon instinct me dictait. J’ai laissé mon côté animal prendre le contrôle et je t’ai fait mal, un mal que l’homme amoureux ne pouvait pas réparer. J’ai été démuni, j’ai réagi comme celui que j’étais avant et je me suis retrouvé seul. Ton regard, quand tu as compris ce qui arrivait, restera à jamais gravé dans ma mémoire. Même si je le pouvais, je ne chercherais même pas à l’oublier. Je ne dois pas oublier.  

 

I don't wanna know another day without you  

Je ne veux pas vivre un autre jour sans toi  

Won't you call my name  

Ne m’appelleras-tu pas  

'Cause I can't be without you  

Car je ne peux pas être sans toi  

 

Ryo…  

 

Je regarde la photo comme si tu m’appelais. Idiot, me morigène une petite voix. Oui, je sais, une photo ne peut pas parler… sauf à mon cœur. Et mon cœur bat et se serre pour toi, pour cet amour que j’aurais voulu continuer à te donner et recevoir de ta part, pour tous ces moments dont je nous ai privés parce que je n’ai pas réfléchi, pour cette vieillesse que nous ne passerons pas ensemble.  

 

Ryo…  

 

Ce sont les trois lettres que tu as soupirées après le premier baiser que je t’ai donné ce soir-là, susurrées quand mes lèvres se sont attaquées à ton cou, criées quand nous avons atteint tous les deux le point culminant de notre première danse ancestrale.  

 

Ryo…  

 

Combien de fois l’as-tu hurlé en me courant après avec une de tes massues ou le matin au réveil quand je te choquais de mes manifestations matinales ? Tu as d’ailleurs fini par le ronronner à mon oreille en me réveillant, me gratifiant par fois d’une sucrerie des plus appréciées qui te laissait les joues rosies malgré l’habitude qui s’était installée entre nous mais ce regard… ce regard que tu avais à ces moments-là me troublait au plus profond de moi-même. Je me sentais petit face à la chaleur de ton amour. J’étais comme un enfant qui attendait ce bain maternel pour grandir en toute confiance.  

 

I'm so tired of this place  

Je suis si fatigué de cet endroit  

I wanna hear your voice  

Je veux entendre ta voix  

I wanna see your face  

Je veux voir ton visage  

I can't escape the way I feel about you  

Je ne peux pas échapper à ce que je ressens pour toi  

 

Je me prends à rire. Loin de moi l’idée de te considérer comme ma mère, Kaori. Tu assouvissais beaucoup de mes besoins physiques et sentimentaux et tu rassurais l’enfant qui était en moi tout autant que l’homme qui était né avec toi, faisant fuir la machine de guerre qui était arrivée d’Amérique. J’ai peur de sombrer de nouveau. J’ai peur d’oublier celui que tu as fait de moi, de me terrer de nouveau vers cette façade vaine et inutile, mensongère quand je n’aurai plus la force de lutter. Cette force, je la perds petit à petit à la juste mesure de ce manque de toi qui grandit. Tu me manques, toi, tes sourires, tes regards, le son de ta voix, tes colères, tes mots d’amour, tes gestes tendres, l’odeur de ton shampooing, de ton corps, te savoir là quand je rentrerai.  

 

T’aimer et me sentir aimé.  

 

Tu me manques.  

 

I don't wanna know another day without you  

Je ne veux pas vivre un autre jour sans toi  

Won't you call my name  

Ne m’appelleras-tu pas  

'Cause I can't be without you  

Car je ne peux pas être sans toi  

 

Je repose le cadre-photo et attrape mon holster avec mon arme, faisant tomber ce qui était sur la chevet, hormis le cadre, sain et sauf. Je ramasse ma montre et l’attache à mon poignet. Le cadran est toujours cassé. Tu as voulu le réparer mais j’ai refusé. C’est tout un symbole. Ce jour-là, on s’était promis de passer tous nos anniversaires ensemble. C’était bien parti jusqu’à ça…  

 

Je récupère au sol le deuxième objet tombé et le fixe. Un sentiment irrépressible monte en moi que je n’arrive pas à museler. Ca, c’est le fruit d’une erreur de jugement, une terrible erreur de jugement de ma part. Si je t’avais écoutée ce jour-là… J’aurais dû t’écouter ce jour-là comme d’autres d’ailleurs. La culpabilité devient d’un coup insupportable, ton absence tout autant. Je ne peux plus rester là. C’en est trop pour moi. J’arrête de lutter. Je jette un dernier coup d’oeil sur ma chambre, sur ton visage dans le cadre-photo et ma décision est prise.  

 

Mon arme bien au chaud contre moi, j’enfile ma veste et sors de là puis de l’appartement. Je dévale les escaliers en courant et je sens que ma décision est ferme et définitive. Finie la solitude, fini le manque, finie la tristesse. Nous serons bientôt à deux. Sans un regard en arrière, j’emmène la mini vers un endroit calme et paisible, à l’abri des regards indiscrets et de la violence de notre monde.  

 

I don't wanna know another day without you  

Je ne veux pas vivre un autre jour sans toi  

Won't you call my name  

Ne m’appelleras-tu pas  

'Cause I can't be without you  

Car je ne peux pas être sans toi  

 

Mon cœur bat la chamade. Tu es là devant moi et je suis au bord des larmes. Je suis incapable d’articuler le moindre mot tant ma gorge est serrée. Immobile, j’observe tes traits figés et je tends la main. Je pourrais presque sentir ta chaleur m’atteindre. Ton regard noisette me transperce et je me sens misérable de l’incrédulité et de la douleur que je vois dans tes yeux. Tu dois te demander ce que je fais là après notre dernière conversation. Tu dois te demander à quelle sauce je vais te manger.  

 

- Ry… Ryo ?, murmures-tu, te raccrochant au bâti de la porte, livide.  

 

Ma bouche s’ouvre mais aucun son n’en sort. Une folie, je commets une nouvelle folie. Je n’aurais pas dû venir. J’aurais dû me montrer fort mais je n’ai pas su parce que, sans toi, je me sens vide, errant comme une âme en peine dans un monde terne et sans chaleur. Sans toi, je ne suis rien. Je veux que tu rentres à la maison, que tu reprennes ta place. On s’ajustera, on trouvera une solution. Ca ne peut pas être si compliqué quand on s’aime comme nous nous aimons. Je vois ton regard s’écarquiller de stupéfaction et l’espoir que je t’ai ôté revenir mais tu le tempères.  

 

- Attends-moi là., me dis-tu, disparaissant à l’intérieur.  

 

Tu reviens moins de deux minutes après et mes yeux s’attardent sur ta silhouette voluptueuse. Tu es si belle, ma Kaori, si belle et tu resplendirais certainement si tu n’étais pas inquiète. Je regarde le papier que tu me tends et tu insistes pour que je le prenne.  

 

- Je veux que tu vois ça avant de parler., me murmures-tu.  

 

J’entends l’étranglement dans ta voix. Tu es émue autant que je le suis et je plonge mon regard dans le tien. Je crève de te prendre dans mes bras et je fais un pas vers toi.  

 

- Regarde ! Quand tu seras sûr de toi, tu frapperas., m’ordonnes-tu, refermant la porte pour me barrer le passage.  

 

J’ai la sensation que tu n’as jamais été si dure avec moi qu’à ce moment-là mais tu as tes raisons et elles sont en partie de mon fait. Je n’aurais jamais dû user de ton point faible.  

 

- XYZ Kaori., avais-je dit.  

 

Tu étais mon dernier recours.  

 

- Salaud, tu n’as pas le droit., avais-tu pleuré mais tu n’avais pas pu décliner.  

 

Je baisse les yeux sur le papier et je regarde la photographie que tu m’as tendue. Je n’arrive pas à y croire. Mon cœur rate un battement, mes oreilles bourdonnent, mon sang semble battre mes tempes. Je repars quatre mois en arrière.  

 

I don't wanna know  

Je ne veux pas vivre  

I don't wanna know  

Je ne veux pas vivre  

I don't wanna know another day without you, oh  

Je ne veux pas vivre un autre jour sans toi, oh  

 

- Arrête, Ryo… Tu ne peux pas… C’est trop risqué., as-tu gémi.  

- J’ai besoin de toi… maintenant., t’ai-je répondu.  

 

Tu m’as dit qu’ayant été détenue plus de deux jours, ta pilule était devenue inefficace. Tu m’as dit que tu étais au milieu de ton cycle et que tu étais réglée comme une horloge suisse, chose que je savais parfaitement. Tu m’as dit d’attendre d’être à l’appartement, qu’il fallait qu’on se protège et, moi, je ne pouvais pas. Pour une fois, celui qui t’avait enlevée avait été plus malin et j’avais eu du mal à te retrouver. J’ai vraiment cru que c’était la fin pour nous deux et, quand je t’ai retrouvée, je n’avais qu’un besoin, quelque chose de primaire et bestial, le meilleur moyen pour moi de savoir que tu étais bien là, que la femme qui illuminait ma vie depuis plus de dix ans maintenant était bien vivante.  

 

Je t’ai fait l’amour dans la voiture dans un recoin sombre d’une ruelle suffisamment éloignée du lieu du crime pour ne pas être attrapés par la police mais la plus proche pour cette peur qui m’avait pris aux tripes et que je devais évacuer. N’ayant plus de capote dans mon portefeuille, puisque je n’en avais plus l’utilité à l’extérieur de chez nous, j’ai envoyé le caoutchouc au diable, passé outre tes injonctions, je t’ai aimée sans filet de sécurité et, trois semaines plus tard, le verdict est tombé. Je trouve au fond de ma poche le test de grossesse positif qui a révélé les conséquences de mes actes pour une fois irréfléchis et je fais le lien avec l’image d’échographie entre mes doigts. Double conséquence, me dis-je en voyant sur le cliché en noir et blanc deux fœtus bien distincts.  

 

- XYZ Kaori.  

- Salaud, tu n’as pas le droit.  

- Tu dois le protéger, vous protéger. Je te confie notre enfant pour que tu l’élèves loin de cette vie de merde, de la violence et des risques qui planeront sur vos têtes.  

 

Tu m’as regardé, blessée, vaincue, sachant que j’avais raison ou au moins que je n’avais pas totalement tort. Tu as posé la main sur ton ventre, levé une dernière fois les yeux vers moi et dit :  

 

- Va-t’en. Quand tu rentreras, je ne serai plus là. Je t’aime… Adieu.  

 

Et tu as tenu ta promesse. C’est Umi qui m’a dit où tu étais après t’y avoir emmenée. Tu étais en sécurité et c’était tout ce qui comptait pour moi… jusqu’à aujourd’hui. Je n’avais pas prévu le manque insidieux que ton absence avait laissé. Je n’avais pas vu l’importance de la place que tu avais prise dans ma vie. Je n’avais pas soupçonné la force de l’amour que je te portais et que je porterai à notre enfant… nos enfants, me corrigé-je en regardant de nouveau la photo. Ma place est avec toi et eux. Elle l’a toujours été. Sans toi, je ne serais pas devenu l’homme que je suis aujourd’hui, un homme capable d’assumer ses sentiments, un homme capable d’avoir une famille et de se sentir suffisamment fort pour la protéger. Sûr de ma décision, je frappe à ta porte et tu ne tardes pas à ouvrir.  

 

- Si on rentrait à la maison, Sugar ?, te dis-je.  

 

Je vois tes larmes couler sur tes joues livides et j’approche de toi. Je t’enlace en me mettant légèrement sur le côté pour pouvoir entourer tes épaules et en même temps poser la main sur ton ventre déjà bien arrondi. Je sens un mouvement sous ma main et je sens l’émotion de nouveau serrer ma gorge. Quel con ! J’ai failli passer à côté de tout cela pour te protéger. Je n’avais pas pensé au mal que je nous faisais ni à ce que je manquerais.  

 

- Si on allait faire tes bagages ? On arrivera peut-être à rentrer avant minuit., te dis-je.  

 

Tu te mets à rire et j’avoue que je ne comprends pas. Tu t’écartes et prends ma main, m’entraînant à l’intérieur, pas très loin.  

 

- Si tu veux bien prendre mes sacs, je décommande le taxi que j’avais appelé., me dis-tu.  

 

Je te regarde, ne comprenant pas ou ne voulant pas comprendre. Serait-ce possible que…  

 

- Je ne supportais plus ton absence. Vivre sans toi, c’est l’enfer, Ryo. Je rentrais à la maison… aujourd’hui., m’annonces-tu.  

- Pour une fois, j’aurais failli à ma mission mais, comme tu es arrivé en premier, on a toujours un taux de réussite de cent pour cent., ajoutes-tu, malicieuse.  

 

Je vois cependant à ton regard que ce n’est qu’une parade pour ne pas te remettre à pleurer tellement tu es émue… et heureuse. Tu devais angoisser à l’idée de rentrer et de l’accueil que je te réserverais et, finalement, c’est moi qui suis arrivé à ta porte.  

 

- Dépêche-toi d’appeler ce taxi alors mais avant…  

 

J’approche de toi, pose mes mains sur tes joues, savourant le velouté de ta peau, sa chaleur sur mes doigts, puis mes lèvres sur les tiennes, chaudes, humides, douces. Tu m’enlaces maladroitement à cause de nos enfants qui grandissent en toi et réponds à mon baiser. Je me sens enfin bien, je sens la vie revenir et reprendre ses couleurs.  

 

- Je n’aurais pas pu vivre un jour de plus sans toi, Kaori. Tu es ma lumière, mon monde, l’autre moitié de moi-même., te dis-je.  

- J’ai pris un peu d’ampleur., me réponds-tu, taquine.  

- Avec toi, tout prend plus d’ampleur… même mon mokkori.  

 

Ma réplique te fait rougir et rire. J’aime ce son et je sais qu’il viendra de nouveau emplir notre appartement, accompagné dans quelques mois de deux autres. Tu as fait de moi, un homme, un compagnon, un père… Tu es ma moitié, mon tout, le centre de mon univers. Tu as lutté contre mon passé, m’aidant à l’apprivoiser, forgé mon présent et donné un sens à ma vie. Il ne pouvait y avoir un autre jour sans toi, ma Kaori.  

 

- Je t’aime.  

- Moi aussi.  

 

Je prends tes bagages et les emmène dans la mini. Tu arrives deux minutes après, laissant les clefs dans la boîte aux lettres et nous retournons chez nous, plus forts et surtout beaucoup plus heureux. Demain sera un autre jour, avec toi comme tous ceux qui suivront. 

 


Capitolo: 1 2 3 4


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de