Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: nodino

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 11 capitoli

Pubblicato: 16-05-23

Ultimo aggiornamento: 25-06-23

 

Commenti: 15 reviews

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HumourRomance

 

Riassunto: Le kakigori, c'est un dessert glacé et c'est délicieux (si, si, vous pouvez me croire). Alors que Tokyo vit à l'heure de la canicule, City Hunter va souffler le chaud et le froid et vous faire passer une bonne soirée en leur compagnie. Et surtout, n'oubliez pas : tout passe, tout lasse, tout casse... sauf les glaces !

 

Disclaimer: Les personnages de "Kakigoriii" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Kakigoriii

 

Capitolo 5 :: Kakigori sous les étoiles

Pubblicato: 16-06-23 - Ultimo aggiornamento: 17-06-23

Commenti: Bonjour bonjour, voici l'avant-dernier chapitre. J'espère qu'il répondra à vos questions sur la disparition de Ryo au moment le plus inopportun et, surtout, qu'il vous plaira. Le prochain et dernier chapitre arrivera normalement la semaine prochaine. Par contre, il est un peu hot. pas dans les mots utilisés... mais tout de même. Du coup, je réfléchis si je le mets ici ou pas. L'édulcorer ne me semble pas possible, Bref, faut que je voie, Mais ce n'est pas le sujet, le sujet c'est le pourquoi du comment lol. Avant de vous laisser lire, je veux aussi vous remercier de vos reviews. Un grand grand merci et à bientôt. PS: super bizarre HFC qui me rajoute 4 chapitres sur la page d'accueil oÔ. Ps2 : Je dédie ce chapitre à Nakite et toto, au cas où elles passeraient par là. Il y a trèèèèèès longtemps, nous avions discuté d'une idée de fic autour d'une tasse de chocolat. Alors là on est bien d'accord qu'on est très loin d'une tasse de chocolat chaud lol , mais j'ai écrit ce chapitre en ayant en tête ce qu'aurait pu être le partage de cette tasse de chocolat. Alors merci les filles .

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6


 

«J’ai oublié de dire un truc à Mick»  

 

Cela faisait maintenant une heure que Ryo avait disparu en plantant Kaori au milieu du salon… une heure ou, pour être plus précis, deux demi-heures, quatre quarts d’heure, soixante minutes ou encore trois-mille-six-cent secondes... trois-mille-six cents looooongues secondes pendant lesquelles la rouquine avait eu l’impression de dévaler les collines d’un grand huit, grand huit émotionnel il va sans dire. Passé le premier état de sidération, elle avait aussitôt couru après le nettoyeur, mais c’était peine perdue. A peine arrivée au quatrième étage, elle avait entendu claquer la porte d’entrée de l’immeuble puis vrombir de manière si caractéristique le moteur de la Mini. Figée au milieu de l’escalier, elle s’était laissée tomber sur les marches pour reprendre ses esprits et, surtout, tenter de comprendre ce qui venait de se passer.  

 

Enfin…comprendre… avec un Ryo dans l’équation c’était aussi simple que d’expliquer la création de l’univers en javanais, la tête en bas et une patate chaude dans la bouche...  

 

Passant les mains dans ses mèches devenues folles, elle avait d’abord commencé par se refaire le cours de la soirée, mais elle avait eu beau chercher et chercher encore, elle n’avait trouvé aucun malentendu possible. A sa façon complètement tordue, Ryo avait bien annoncé à tout le monde qu’ils étaient ensemble, qu’il comptait bien que ça dure et qu’il prévoyait même de fonder une famille. Avec elle ! C’était pas faute d’avoir tenté de l’en empêcher, mais c’était comme ça, il l’avait fait et tout le monde était maintenant au courant.  

 

C’était dingue. Complètement dingue.  

 

C’est ça… Il n’y avait que ce mot qui lui venait à l’esprit quand elle y repensait. Ce qu’il avait fait était complètement dingue ! Ce qui expliquait d’ailleurs peut-être pourquoi il avait fui...  

 

Après tout, un Ryo Saeba ne pouvait pas lancer une telle bombe sans paniquer dans la seconde suivante. Il avait sans doute déjà embarqué dans un cargo en partance pour la Papouasie, histoire de mettre le plus de distance possible entre elle, lui et l’idée même d’être attaché à une femme pour le restant de ses jours.  

Pourtant, elle avait lu tant d’assurance dans son regard quand il avait refermé la porte sur leurs invités et s’était tourné vers elle. Ce n’était pas celui de quelqu’un qui regrettait ce qu’il avait dit.  

 

S’appuyant sur cette certitude, Kaori avait donc balayé cette première hypothèse et refoulé l’horrible boule dans la gorge qui l’empêchait de respirer. Mais que restait-il comme autre possibilité ? Il n’avait pas été plus commotionné que d’habitude ; franchement, quelques coups de massues, un mur, un seau et une patate, il avait connu bien pire ! Quant à l’excuse d’avoir quelque chose à dire à Mick, l’intéressé habitant en face, il était clair qu’il s’agissait d’un mensonge.  

 

A moins que….  

 

Elle n’avait quasiment pas quitté Ryo des yeux de toute la soirée mais ce pervers décérébré avait peut-être réussi à convenir d’un plan avec son pote pour retourner au plus vite « danser à poil sur le comptoir du Dragon Doré » comme l’avait proposé le Doc.  

 

Voilà ! Une subite envie de bringue et de débauche, au moment le plus inapproprié possible, était bien dans les cordes de cet imbécile, et cela expliquerait parfaitement sa disparition !  

 

Une bouffée de colère l’avait alors brutalement saisie, la remettant d’aplomb sur ses pieds et elle avait couru au sous-sol jusqu’à la salle de tir. Elle avait alors attrapé son revolver, ravalé les larmes qui menaçaient de déborder et déchargé dépit et incompréhension en direction de la cible. Le mur s’était retrouvé criblé de balles, pour moitié dans la silhouette noire et l’autre un peu partout dans la pièce, mais peu importe, cela lui avait fait du bien.  

 

L’humeur toujours sur la même fréquence, elle était ensuite remontée pour récupérer quelques massues qu’elle lui réservait pour son retour et avait grimpé sur le toit pour l’attendre en fulminant.  

 

-Les mecs et leur instabilité ! ronchonnait-elle en astiquant furieusement ses armes de prédilection, j’t’en ficherais des succursales et des «tout lasse tout passe tout casse».... Attends un peu… Tu vas voir ce que je vais te casser moi ! Ah mais tu n’es pas le seul à savoir faire de grandes déclarations ! Moi aussi je peux en faire… Des déclarations de poids même ! Du genre qui t’envoie plein d’étoiles dans la tronche ! maugréa-t-elle en attrapant une masse qu’elle utilisa tel un club de golf pour dégommer un caillou et l’envoyer vers la lune d’un swing rageur.  

 

Heureusement pour Ryo, la nuit un peu plus fraîche et le magnifique ciel étoilé avaient cependant réussi à tempérer son état. La frénésie avec laquelle elle enchaînait les swings avait fini par perdre de sa vigueur. Elle avait eu beau tenter de raviver sa fureur, elle n’avait pu empêcher son rythme cardiaque de s’apaiser et, malgré elle, elle s’était calmée... un peu… du moins assez pour ne pas sauter immédiatement à la gorge de son partenaire quand elle sentit enfin sa présence derrière elle.  

 

Elle se tourna vers lui, les sourcils froncés sévèrement et des questions plein la tête, et ce qu’elle découvrit la désarçonna complètement.  

 

Elle s’attendait à le trouver saoul, hilare, débraillé, penaud ou contrit, voire encore nonchalamment indifférent - le champ des possibles était infini avec lui - mais à ça, pas du tout.  

 

Droit comme un « i », le regard solennel, Ryo se tenait face à elle avec, dans les mains…  

 

-C’est un kakigori.  

 

-Un…  

 

-Il est au matcha.  

 

La voix était assurée mais Ryo sentait bien que l’aura de Kaori n’était pas au beau fixe. Les flammes qui vacillaient encore dans les yeux troublés de sa compagne lui indiquaient que son apparente confusion était une aubaine parce que, sinon, il aurait passé un sale quart d’heure. Se dandinant d’un pied sur l’autre, il essayait de comprendre ce qu’il avait fait de travers.  

 

-T’es fâchée, risqua-t-il en louchant sur la petite veine de son front qui avait viré au bleu.  

 

-Tu crois ? lui renvoya-t-elle d’un ton qu’il reconnut aussitôt comme pouvant être classé « très dangereux » sur l’échelle des colères de Kaori, qui s’étalait de « renfrognement mignon » à « apocalypse atomique ».  

 

-T’en as l’air.  

 

-Tu m’étonnes... Et sinon, tu m’expliques ? intima-t-elle en désignant le kakigori du regard.  

 

-Tu n’en avais pas eu parce qu’on a... dans la cuisine… Bref, je me suis dit que c’était une bonne idée.  

 

-Bref ? Tu t’es dit que c’était une bonne idée ? souffla Kaori, abasourdie.  

 

-Oui... Rappelle-toi, on n’a fait que parler de kakigori ce soir.  

 

-« On » ?  

 

-Heu, non, enfin moi plutôt, mais tu comprends quoi…  

 

-Je comprends ? répéta-t-elle en écholalie, cherchant au plus profond de sa connaissance de la psychologie de Ryo où il pouvait bien vouloir en venir.  

 

-Voilà, continua celui-ci, sans s’apercevoir qu’il avait perdu sa partenaire en route, donc c’est ma façon de te le dire à toi aussi !  

 

Et à ces mots, il tendit brusquement le kakigori en direction de Kaori.  

 

Celle-ci fixait bêtement le dessert, puis Ryo, avant de revenir vers la coupe tendue, puis de replonger dans les iris noirs, dans lesquels elle lisait une fierté éclatante mais qui lui échappait. A cours d’idée, elle fit la seule chose qui lui semblât sensée : tout reprendre à zéro. Elle attrapa donc fermement le manche à côté d’elle puis, d’une torsion du buste parfaitement maîtrisée, elle projeta massue, partenaire et kakigori droit vers le ciel.  

 

«Ma glace !!!!» regretta-t-elle aussitôt en voyant briller les reflets de la lune dans la coupe. Elle se précipita alors immédiatement en direction du point d’impact de Ryo, de l’autre côté du toit.  

 

-Je vais bien, ne t’inquiète pas, l’informa celui-ci quand elle arriva à sa hauteur.  

 

-Oh, la ferme ! Je m’inquiétais juste pour...  

 

Elle s’arrêta net en découvrant, émergeant de l’enchevêtrement de membres, la main qui retenait fermement la coupe de glace à un centimètre du sol, bien droite et parfaitement intacte.  

 

-Oh super ! Elle n’est pas renversée ! s’exclama-t-elle avec soulagement en la récupérant.  

 

-Comme je disais, je vais bien, rien de cassé, je te remercie de t’en préoccuper, ronchonna-t-il en étirant ses muscles malmenés par le choc.  

 

-Arrête de te plaindre, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même !  

 

-Mais qu’est-ce que je t’ai fait à la fin ?  

 

-Qu’est-ce que tu m’as fait ? sérieusement ?  

 

En voyant le retour de la petite veine bleue et le ton de Kaori ayant brusquement gagné une octave, Ryo réagit au quart de tour. Il lui arracha des mains le dessert et le plaça au-dessus de sa tête, rentrant celle-ci dans les épaules.  

 

-Pas de massue ! Pense à lui !  

 

-Sérieusement, Ryo, tu ne comprends vraiment pas le problème ?  

 

Émergeant de derrière la coupe en verre, les yeux de Ryo répondirent à sa place.  

 

-Ok, tu ne comprends pas. Alors je vais te la fais courte : sans même me prévenir, tu as balancé tout un tas d’âneries ce soir. Pas que sur le fait qu’on soit ensemble, non, ça aurait été trop simple ! Il a fallu aussi que tu parles d’avenir, d’officialiser... et de faire des bébés ! Bon sang Ryo ! Qui annonce qu’il va faire des enfants à sa copine avant même de lui en parler ??  

 

Devant son visage toujours sans réaction, elle ne put s’empêcher de douter :  

 

-Ne me dis pas que tu parlais juste de kakigoris et que tu comptes vraiment te reconvertir en marchand de glaces pour ouvrir des succursales un peu partout ?!  

 

A ces mots, Ryo sembla se réveiller.  

 

-Non, non, bien sûr que non ! Et puis quoi encore ? Tu me prends pour Tête de poulpe ou quoi ??  

 

-On est bien d’accord. Je te laisse donc imaginer dans quel état j’étais. Je n’attendais qu’une chose, que la soirée se termine pour en parler avec toi. Et toi, qu’est-ce que tu fais ? Pffftt, Tu disparais comme un lapin dans son chapeau !  

 

Tout en parlant, Kaori s’était mise à marcher de long en large, ponctuant ses phrases de grands gestes. A la fin de sa tirade, lorsqu’elle se tourna vers lui, elle le trouva assis en tailleur, à côté de sa veste posée au sol, la coupe toujours dans les mains.  

 

-Assieds-toi, Kao, intima-t-il en tapotant le vêtement sur lequel il lui proposait de s’installer. Ton kakigori va fondre.  

 

-Tu crois vraiment que c’est le moment ?  

 

-Plus que jamais. Assieds-toi ou je le mange tout seul.  

 

-Ok, ok ! abdiqua-t-elle en le voyant joindre le geste à la parole et planter une cuillère dans le dôme de glace.  

 

Elle prit aussitôt place face à lui.  

 

Ryo lui tendit alors la coupe, l’incitant d’un hochement de tête à manger. Elle hésita à peine, car effectivement, la glace avait commencé à fondre doucement pendant leur échange. Après tout, elle avait été tellement frustrée pendant cette journée que, quelle que soit l’explication de Ryo, celle-ci pouvait bien attendre quelques minutes de plus. Elle prit donc la cuillère et la porta à sa bouche.  

 

Elle ferma les yeux, succombant au plaisir que lui procurèrent la fraîcheur et les saveurs qui déferlèrent sur sa langue. Après toutes ces émotions, cette douceur sucrée était aussi apaisante qu’une musique relaxante et elle sentit les muscles de ses épaules se relâcher les uns après les autres.  

 

-Ça va mieux ?  

 

-Chut, tais-toi, il m’en faut encore au moins une autre pour ne plus avoir envie de te tuer.  

 

Ce n’est qu’après avoir laissé couler deux autres cuillerées de glace au fond de sa gorge qu’elle consentit enfin à lui accorder un regard.  

 

-Voilà, on peut parler maintenant. Je t’écoute : où étais-tu ?  

 

-Au Cat’s.  

 

-Au Cat’s ?? Mais, mais pourquoi ? Miki et Umi sortaient juste de chez nous !  

 

Ryo profita de sa surprise pour subtiliser la cuillère qu’elle venait de lâcher dans la coupe et prendre à son tour un peu de glace.  

 

-Pour te faire un kakigori.  

 

-Mais bon sang, pourquoi ?  

 

-Je te l’ai dit, ça me semblait une bonne idée.  

 

Kaori se renfrogna, surtout que Ryo affichait désormais un petit sourire satisfait et l’idée qu’il était fier de lui la rendait folle, surtout quand elle repensait à l’heure qui venait de passer. D’ailleurs, il y avait quelque chose qui ne collait pas avec son explication.  

 

-Tu te moques de moi ? Tu es parti il y a plus d’une heure et le Cat’s est à cinq minutes à peine en voiture, surtout quand on sait comment tu conduis.  

 

-Ah çaaa... Effectivement ça a été un peu plus long que prévu, commença Ryo en lui rendant la cuillère pour qu’elle se serve à son tour, mais c’est parce que je n’avais pas prévu que Miki et Umi resteraient dans le café.  

 

-Ce n’est pas eux que tu voulais voir ?  

 

-Non, j’avais prévu de rentrer en douce et d’aller piquer quelques blocs de glace dans leur congel, derrière le comptoir. Sauf que Miki était tellement surexcitée d’apprendre... ce qu’elle a appris… que Umi a dû lui faire un thé et qu’ils sont restés à discuter.  

 

-Pendant plus d’une heure ? Umi n’est pourtant pas un grand bavard, s’amusa Kaori en lui rendant la cuillère.  

 

-Oui, bon, j’ai dit « ils » mais c’est surtout Miki qui parlait, s’esclaffa Ryo. Le pauvre, je n’aurais pas voulu être à sa place ! Miki était intarissable et voulait déjà commencer à coudre ta robe de mariée !  

 

-Heu... Ne rigole pas trop, elle a de la suite dans les idées, et Umi ne sera pas toujours là pour l’arrêter...  

 

La nettoyeuse profita de ce que Ryo s’était complètement figé pour lui reprendre la cuillère et elle prit le temps de savourer sa glace, s’amusant de la grimace paniquée qu’il affichait, avant de, magnanime, le délivrer de ses angoisses.  

 

-Ça ira, respire, je saurai la gérer.  

 

Le nettoyeur toussa et retrouva quelques couleurs. Kaori sourit, goguenarde, en le voyant agripper la cuillère qu’elle lui tendait et l’avaler cul sec comme pour se remettre du choc. Même après cette soirée, il restait fidèle à lui-même.  

 

-Et toi, tu étais où ?  

 

-Qu’est-ce que tu crois ? Je me suis caché derrière un arbre et j’ai attendu... attendu... et attendu. Le pire c’est qu’à la fin, elle l’a pris dans ses bras... et lui aussi ! C’était horrible ! Heureusement, ils sont montés juste après, je n’aurais pas supporté de les voir s’embrasser, même pour te faire plaisir.  

 

-Je ne t’ai rien demandé il me semble et ils pensaient être seuls, alors arrête de faire cette tête-là, on dirait vraiment que tu vas vomir dans mon dessert...  

 

Par précaution, Kaori avait récupéré la coupe pour la mettre à l’abri et elle en profita pour en reprendre quelques cuillérées, ce qui n’échappa pas à son compagnon.  

 

-Je te signale que j’ai souffert pour te le rapporter, alors passe la cuillère.  

 

-Je te signale que je ne comprends toujours pas POURQUOI tu l’as fait, alors non, je la garde...  

 

Il lui sembla l’entendre soupirer et elle le surprit à lever les yeux au ciel. Elle en resta coite, la cuillère en l’air. Cette réaction trahissait une certaine impatience mêlée de malaise, ce qui était extrêmement rare chez lui. Cela signifiait-il que quelque chose d’important se cachait derrière cette situation ? Connaissant Ryo tel qu’elle pensait le connaître, rien de tout ceci n’était anodin.  

 

Il fallait qu’elle prenne la situation sous un autre angle. Qu’elle regarde tout ça de son point de vue à lui. Il n’était pas parti pour son propre plaisir, mais pour elle. Et cela avait forcément un rapport avec ce qui s’était passé ce soir.  

 

Comprenant à son regard lointain qu’elle était en pleine réflexion, Ryo lui chaparda alors la cuillère des doigts. Il avait retrouvé sa contenance et, joueur, en profita pour replacer une mèche fauve derrière son oreille et caresser sa joue au passage, la faisant ainsi sortir de sa torpeur. Elle le fixa, un pli perplexe barrant son joli front, puis s’agenouilla pour se rapprocher de lui. Se rehaussant légèrement pour se mettre à sa hauteur, elle tira doucement sur la cuillère qu’il avait gardée en bouche et s’immobilisa, à quelques centimètres de son visage. Il pouvait sentir son souffle frais affleurer sur sa peau, juste à la commissure de ses lèvres. Elle le sondait du regard, cherchant dans l’onyx de ses yeux la réponse à toutes ses questions.  

 

-Ryo… Pourquoi es-tu allé chercher ce kakigori ?  

 

 

Le sourire qui flottait sur les lèvres de Ryo s’effaça et Kaori fut frappée par la profondeur du regard qu’il lui retourna. Le silence comme seule réponse, il attrapa la main qui tenait la cuillère et la porta jusqu’à ses lèvres pour y déposer un léger baiser. Observant les reflets de la lune dans le couvert argenté, elle tentait de comprendre ce que signifiait ce geste. L’aura de son partenaire était tellement intense qu’elle les enveloppait entièrement.  

 

Cette bulle qu’il venait de créer d’un simple baiser éclata pourtant au son que fit la cuillère en retombant dans la coupe de verre. Kaori venait de la lâcher de surprise en entendant la réponse tant attendue :  

 

-Pour officialiser...  

 

-Pour ?? fut le seul son qu’elle réussit à prononcer, un peu comme si elle exhalait son dernier souffle. Il avait répondu simplement, sans faux semblants, comme une évidence. Mais qu’est-ce qui lui prenait ?  

 

-o-ffi-cia-li-ser, s’amusa-t-il à répéter en séparant bien chaque syllabe, notant l’éclatant saisissement qu’il lisait sur son visage.  

 

 

Reprenant tant bien que mal ses esprits, elle se rassit face à lui, répétant ces quelques syllabes en boucle dans sa tête.  

 

-Mais…  

 

-Ecoute Kao, commença-t-il, je sais ce que j’ai dit tout à l’heure, et même si c’était un piège tendu par ces deux roublardes de Kazue et Saeko, je ne regrette rien. Je le redirai un jour, devant tout le monde s’il le faut. Enfin… se dépêcha-t-il de préciser, je le redirai si Miki et toi courez assez vite pour m’obliger à faire ce genre de trucs que vous, les filles, vous aimez tant. Ne me regarde pas comme ça, tu sais très bien de quoi je parle… tous ces trucs de filles là : la robe, l’église, le gâteau et tout le tralala qui va avec. Si tu y tiens vraiment, on le fera. On trouvera bien quelqu’un que ça ne dérangera pas de ne pas avoir de papiers officiels. Bref, on s’arrangera. Mais là, ce soir, je voulais le vivre… juste toi et moi, nous deux.  

 

Pendant toute sa tirade, Kaori était restée bouche bée, fixant les lèvres de Ryo, comme pour y lire les mots qu’elle entendait, histoire d’être bien sûre qu’ils étaient réels. Mais ils l’étaient, et ils étaient surtout la clé pour comprendre ce qui se passait sur ce toit. Tout doucement, un mot après l’autre, apparaissait enfin ce nouvel angle de vue dont elle avait besoin.  

 

« Je voulais le vivre… juste toi et moi, nous deux. »  

 

On était bien loin de ses premières hypothèses. Ryo n’était pas parti faire la bringue, il n’avait pas fui non plus. Il était allé chercher de quoi sceller les promesses qu’il lui avait faites.  

 

-Oh…  

 

-Déçue ?  

 

-Je ne sais pas… Je ne pensais pas que… balbutia Kaori en secouant la tête.  

 

Effectivement, la jeune femme ne savait plus quoi dire. A cent mille lieux de sa fureur précédente, ses émotions n’en étaient pas pour autant moins violentes. Les papillons dans son ventre ne voletaient pas délicatement comme on aurait pu s’y attendre. Bien au contraire, les insectes volatiles s’entrechoquaient sauvagement au rythme des battements de son cœur ; leurs ailes bourdonnaient dans son crâne, l’empêchant de réfléchir. Elle ne savait plus quoi dire ni quoi penser.  

 

Devait-elle rire de la nonchalance avec laquelle il avait balancé tout ça comme s’il n’avait jamais eu peur de leur possible relation ? Devait-elle se réjouir, l’insulter, l’embrasser, le frapper ? Elle était perdue.  

 

Anticipant la réaction de sa partenaire, Ryo avait plongé la cuillère dans la coupe et la lui présenta devant les lèvres.  

 

-Ne pense pas alors… Tu risques le gel de cerveau.  

 

Comme frappée par la foudre, la nettoyeuse reprit ses esprits et s’apprêtait à l’envoyer au diable quand elle fut happée par son regard. Il démentait tout ce que sa bouche venait de dire. Calme, assuré, caressant, il l’exhortait à prendre la pleine conscience de ce qui se passait, à profiter de l’instant.  

 

« Je voulais le vivre, juste toi et moi… nous deux. »  

 

Alors, elle mit de côté tout ce qui n’était pas cette certitude : Ryo lui offrait, avec ce simple geste, ce qu’elle avait attendu et espéré toutes ces années.  

 

-La ferme patate, murmura-t-elle, avant de refermer les lèvres sur la cuillère de glace.  

 

Il sourit quand ses paupières se fermèrent, comme si elle en redécouvrait les saveurs. Quand elle les rouvrit, ce fut pour lui sourire en retour, et l’amour qu’il lut dans ses yeux le percuta de plein fouet. Doucement, elle récupéra la cuillère, prit un peu de glace à son tour et la lui proposa.  

 

 

Assis face à face, avec la lune et les étoiles comme seuls témoins, les deux nettoyeurs étaient conscients qu’ils partageaient un moment hors du temps. Avec la lente fluidité d’un rituel bien huilé, la cuillère passait de l’un à l’autre tandis qu’ils se faisaient savourer mutuellement ce kakigori devenu spécial. Seul le silence se faisait entendre mais, chacun ayant pris la pleine mesure de ce qui se passait, les émotions étaient palpables ; elles se lisaient sur le visage des deux partenaires et dans la douceur quasi solennelle de leurs gestes.  

Comme Ryo l’avait voulu, il n’y avait qu’elle, lui… et ces serments au goût délicat de thé vert.  

 

Ce moment était parfait, comme aucune autre cérémonie n’aurait pu l’être.  

 

 

 


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