Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: patatra

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 5 chapitres

Publiée: 03-01-19

Mise à jour: 10-12-22

 

Commentaires: 21 reviews

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HumourRomance

 

Résumé: Kaori et Ryo se retrouvent prisonniers d'un rêve commun. La lune ne semble pas encline à les laisser retrouver le monde réel. Qu'attend-elle pour les libérer? Peut-être qu'ils se libèrent eux-mêmes.

 

Disclaimer: Les personnages de "Un rêve pour deux" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Qu'est-ce qu'une fanfiction NC-17 ?

 

Un fanfiction NC-17 est interdite aux moins de 18 ans. La violence est autorisée, et les scènes d'amour peuvent être descriptives. Le contenu peut être considéré comme strictement réservé à un public adulte. La façon de percevoir ce genre de choses reste subject ...

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   Fanfiction :: Un rêve pour deux

 

Chapitre 4 :: S'aimer en rêve

Publiée: 16-06-21 - Mise à jour: 16-06-21

Commentaires: Bonjour à tous, Hum... J'ai cru que je n'y arriverais jamais à le finir ce satané chapitre! Je le publie mais y reviendrais certainement pour corriger des petits trucs. Je crois (et espère) que le prochain sera plus jouissif à écrire. Le prochain sera aussi le dernier de cette histoire! Espérons que je le publie plus rapidement que le 4ème. Je vous souhaite bonne lecture et plus grande adhésion que la mienne! Pour public averti... A bientôt, Pat

 


Chapitre: 1 2 3 4 5


 

 

 

 

 

 

 

S’AIMER EN RÊVE
 

 

 

 

— Hé, ne t’échappe pas ! lança-t-il tout à la frustration de la sentir glisser entre ses bras.  

 

Kaori s’était pourtant évaporée, avait reculé de deux mètres et se bâillonnait de ses mains, l’air perdu. Visiblement, elle refusait tout accès à ses lèvres, c’est du moins comme cela que Ryô interpréta l’attitude clairement réfractaire de sa partenaire de rêve. Il resta ébaubi un instant, ne comprenant pas la soudaine désertion de sa furie alors que, quelques minutes auparavant, elle avait tout tenté pour le convaincre d’accepter un rapprochement charnel avec elle.  

 

— Qu’est-ce qu’il y a ? questionna-t-il en faisant un pas vers elle.  

— Tu en es à combien de coups ?  

— Quoi ? se figea-t-il.  

— Combien de coups depuis le début de ton rêve ? Je veux savoir… Je porterai quel numéro ?  

 

Il prit le temps d’analyser soigneusement les questions mais craignit de s’engager une nouvelle fois sur la voie de la dispute.  

 

— Je ne te considère pas comme un coup.  

— Ça tombe bien, interjeta-t-elle, je n’en serai pas un ! Tu te rends compte que tu as sauté Saeko et Miki quand même ?  

 

Ryô pouffa nerveusement à l’écoute de la sulfureuse et non moins choquante remarque. Mais il se ressaisit très vite, conscient que toute mauvaise interprétation de sa réaction pouvait lui coûter le plaisir qu’il convoitait.  

 

— Je ne crois pas qu’on puisse énoncer les choses ainsi, éclaira-t-il. Kaori, je ne compte pas partager avec toi le même genre de moment.  

 

Elle souffla d’exaspération et se détourna, soucieuse d’échapper au regard mi-amusé mi-inquiet que son partenaire lui lançait. C’est qu’elle n’avait pas du tout envie de rire. Elle était morte de frousse, oui. Ne pouvait-il pas comprendre ?  

 

— Tu les as sautées toutes les deux, on est d’accord ? revint-elle à la charge en se retournant vers lui, ignorant la tentative pour l’amadouer.  

— Je m’en souviens plus, répondit lâchement le couard, alimentant ainsi le feu de la colère. C’est sans importance. Vraiment.  

 

Il fit un pas vers elle mais elle leva une main pour l’arrêter.  

 

— Il y en a eu d’autres ?  

— Hein ?  

— Cette nuit, dans ton rêve ?  

— Non !  

— J’te crois pas… Reika ?  

— NON ! répéta-t-il, déjà lassé de l’interrogatoire qu’il pressentait long et harassant.  

 

Pourquoi donc l’avait-elle surpris avec ses deux amies ? Merde, merde, les envies d’Elle qui l’avaient saisi depuis peu le tourmentaient désormais sans relâche et une terrible frustration commençait à le gagner. La Lune était cruelle. Après lui avoir fait miroiter un inespéré rapprochement avec sa partenaire, elle sabordait tout. C’était à n’y rien comprendre.  

 

Il se morigéna violemment et tenta de rassembler ses esprits. Kaori semblait véritablement affectée par les débordements pris en flagrant délits. Il fallait la rassurer, la persuader aussi de reprendre fissa sa place entre ses bras.  

 

— Kazue ?  

— Arrête Kaori, j’ai pas envie de glisser sur ce terrain-là, tenta-t-il d’apaiser la situation en s’approchant d’elle doucement.  

— En fait, tu t’es tapé tout le monde sauf moi, c’est ça ? Tout le monde sauf la moche !!!... T’approche pas !  

 

Elle venait de scander la dernière partie de sa phrase avec hystérie. La veine de son cou gonflait et menaçait d’exploser.  

 

— Je ne fais pas partie de tes fantasmes Ryô, prononça-t-elle calmement, comme si elle recouvrait sa lucidité.  

— Ce sont des fantasmes débiles, avoua-t-il en lui tendant un regard sincère. Et je te fais remarquer que moi non plus je ne fais pas partie de tes fantasmes.  

— Détrompe-toi, asséna-t-elle solennellement. Tu ne fais pas partie de mes rêves, nuance. Mais tu es le plus grand de mes fantasmes.  

 

Le brun écarquilla les yeux ; autant de surprise que de plaisir. Il resta immobile, comme envoûté, conscient que la rouquine lui confiait l’un de ses plus grands secrets.  

 

Et qu’il était question de lui.  

 

Et qu’il adorait.  

 

Oui, là, il adorait, alors qu’en pleine réalité, se savoir le plus grand fantasme de sa partenaire était un cauchemar monstrueux, presque vomitif. Fallait-il être con quand même ! Être son plus grand fantasme c’était carrément mieux qu’être dans ses rêves. La différence était de taille !... La conscience…  

 

Kaori détourna les yeux quelques secondes et se mordit violemment les lèvres. Merde, merde, merde, ne pouvait-elle tenir sa langue ? Quelle autorité supérieure lui soufflait donc de si indignes confidences ? Pourquoi s’exposait-elle ainsi ? Certes, le contexte du rêve la protégeait largement, elle n’avait aucune éclaboussure à craindre dans la vie réelle. Oui, oui, certainement qu’elle n’avait rien à craindre… Le problème, c’était justement ça ! Ce certainement ; ce doute qui la taraudait ; cette impression folle que ce rêve n’en était pas totalement un, qu’une part de vérité s’y dissimulait. Elle grogna de rage contre elle-même, serra ses petits poings furieux, trépigna d’auto-fustigation. Pourquoi fallait-il que ses sentiments soient perpétuellement en ébullition ? Qu’ils la dépassent aussi facilement ? La submergent ? Qu’elle s’y enlise, s’y embourbe, s’y noie ?  

 

Elle osa un regard vers son partenaire ; il arborait une tête d’ahuri, les yeux ronds comme des soucoupes ; semblait attendre avec une avidité dérangeante peinte sur le visage qu’elle s’épanche davantage.  

 

Plutôt mourir…  

 

— C’est vrai qu’ils sont débiles tes fantasmes ! s’engagea-t-elle avec ferveur.  

— Je le reconnais, collabora-t-il.  

— Moi aussi j’ai des fantasmes ! Imagine, s’ils étaient similaires aux tiens, osa-t-elle s’aventurer sur un terrain miné, espérant noyer le poisson.  

 

Ryô fronça les sourcils, ne distinguant pas la voie empruntée, ni le brusque changement de ton.  

 

— C’est-à-dire ?  

— Miki et Saeko, toutes les deux à moitié nues, faisant je ne sais trop quoi, c’est ça qui t’excite, je me trompe ? entama-t-elle au bord de l’apoplexie.  

— Fantasme basique de mec, se défendit-il en haussant les épaules.  

— Les femmes aussi ont le droit d’avoir leurs fantasmes, revendiqua la nettoyeuse sans dissimuler la pointe de jalousie qui lui retournait le cœur.  

— Je ne dis pas le contraire.  

 

Ryô observa attentivement la femme qui lui faisait face et qui peinait à soutenir son regard. Il était toujours compliqué pour elle d’évoquer les affaires sexuelles ; elle était immanquablement mal à l’aise, embarrassée, gênée. Et il était presque jouissif de la voir se dépêtrer avec ses propres allusions alors qu’elle n’aspirait qu’à échapper au délicieux sous-entendu qu’elle avait ingénument confié : il était son plus grand fantasme.  

 

— C’est quoi ton fantasme à toi ? tenta-t-il de recentrer la conversation sur lui.  

— Mon fantasme, ça pourrait être le même que le tien !  

— Comment ça, le même que le mien ?  

 

Qu’est-ce qu’elle sous-entendait ? Voulait-elle se livrer à de douces caresses avec une autre femme devant lui ? Il ricana malgré lui ; c’est que ça pouvait être diablement excitant.  

 

— Mick et toi, jeta-t-elle sans préméditer l’étranglement qui suivit immédiatement sa proposition. Ah oui, ça choque, hein !  

— Mick et moi, quoi ? fulmina le brun soudainement offusqué.  

— Bah, Mick et toi en petite tenue, folâtrant…  

— Folâtrant ? C’est une plaisanterie ? s’égosilla l’horrifié.  

— Pourquoi des hommes pourraient-ils s’exciter de deux femmes qui s’ébattent sensuellement ? Ce serait un fantasme basique de mec, mais des femmes s’excitant de deux hommes qui batifolent, c’est inconcevable ?  

 

Ryô grimaça de dégout alors que d’odieuses images de lui et de son meilleur ami à moitié à poil assaillaient son cortex. Visions de langues, de mains viriles, de caleçons déformés, de caresses homosexuelles… Pouah !!! Horreur, malheur, dégueu !  

 

— AAAHHHH, hurla le nettoyeur pour couper court aux visions de cauchemar. Mais c’est dégueulasse !  

— Ça pourrait être un de mes fantasmes, osa-t-elle le feu aux joues.  

 

Un instant, un fou-rire fut envisagé. C’était une plaisanterie, une blague pas drôle. Pas possible autrement.  

 

— Et Kazue et toi vous regarderiez en vous papouillant, c’est ça ? tenta-t-il une diversion, autant pour elle que pour lui-même.  

— Non Ryô. Kazue ne serait pas présente. Il n’y aurait que moi. Moi et vous deux.  

 

Le silence s’interposa sans crier gare. Les regards se jaugèrent et toute liesse disparut du visage masculin.  

 

— En fait, je n’aurais nullement envie de vous voir folâtrer, tu as raison, c’est bien votre seule virilité qui m’intéresserait.  

— Tu veux dire que l’un de tes fantasmes, ce serait Mick et moi en même temps ? Pour toi toute seule ?  

 

La nettoyeuse inspira une grande goulée d’oxygène pour se donner le courage de son impudence.  

 

— Pourquoi pas ? chuchota-t-elle, penaude.  

— Parce qu’il faudrait sacrément assurer, énonça-t-il d’une voix glaciale en se rapprochant d’elle.  

— Oui, certainement.  

 

Elle répondait mais c’était quasi-inaudible. La carrure de son partenaire, s’avançant vers elle, était imposante, presque menaçante ; tout autant que le regard perçant qui la détaillait, tentant de démêler le vrai du faux, d’analyser ses expressions, ses hésitations, son embarras. Elle battit des cils mais ne détourna pas les yeux, affronta au contraire les orbes sombres et impressionnantes. Quel était donc ce malaise étrange qu’il distillait ?  

 

— C’est quand même incroyable comme vous réagissez, vous les hommes, quand on s’attaque à votre sacro-sainte virilité ! fulmina-t-elle à nouveau, sous le coup d’une céleste inspiration, souhaitant échapper à la tension ambiante. Votre toute-puissance vous autorise à toutes les envolées salaces et libidineuses possibles, vous vous paluchez en imaginant moult scénarii plus hard les uns que les autres. Mais nous, les femmes, le sexe soi-disant faible, nous devrions contenir nos fantasmes à de sages amours romantiques. C’est ça, hein ? Mais rien de rien Ryô !!! Nous avons le droit de fantasmer sur de vertigineuses pénétrations. Oui Monsieur, nous revendiquons le droit de fantasmer sur de vertigineuses pénétrations !  

 

Assommé. Il était assommé. Un corbeau se percha sur sa tête tandis que ses paumes vinrent le bâillonner. Hors de question de laisser libre cours à l’effroi qui venait de le saisir et qui ne demandait qu’à s’épandre en logorrhées outrées. Ce n’était pas son ange qui venait de s’exprimer aussi crument. Ce n’était pas possible ! Non, pas possible… Le déni ; il n’y avait guère que le déni pour s’affranchir des odieuses visions dont il était le siège. Voilà que maintenant elle évoquait de vertigineuses pénétrations…  

 

Kaori pulsait de rage et observait son obsédé de partenaire, étrangement atteint de catatonie sévère.  

 

— Et arrête de jouer les prudes oreilles ! Ton fantasme c’est de coucher avec deux filles en même temps je te rappelle.  

 

L’homme aux mille femmes détourna le regard vers la fenêtre. Étincelante, la Lune brillait de mille feux et paraissait prendre un malin plaisir à suivre la délectable conversation. Il grommela quelques intimidations à son ennemie nocturne. Comment osait-elle souffler pareilles idées indécentes à son ange innocent ? Mais il revint très vite à l’objet de sa nouvelle obsession : cette rouquine écervelée qui se refusait encore à s’abandonner dans ses bras.  

 

— Jamais, crois-moi, je refuserais de considérer la complexité des fantasmes féminins, rétorqua-t-il en faisant de nouveau face à celle qui, décidément, le bousculait âprement.  

— Mais moi je ne suis pas une femme, c’est ça ?  

— C’est pas du tout ce que je voulais dire, tenta-t-il de calmer l’ire qui renaissait.  

— Et puis, pour moi, cela reste à l’état de fantasme. Je suis convaincue que je serais affligée si j’avais connaissance du centième du quart de la moitié de tes expériences bacchanales.  

 

Kaori éructait de rage et de désespoir. Elle était pétrifiée à l’idée de devoir subir une quelconque comparaison avec l’une ou l’autre des conquêtes de l’homme dont elle était follement amoureuse. Pourquoi donc avait-il fallu qu’elle jetât son dévolu sur lui ? Misère de misère !  

 

Les opposés s’attirent, à ce qu’on disait… Entre eux, cela n’était visiblement vrai qu’à sens unique. Il était incontestable que son partenaire revêtait à ses yeux innocents la parure de l’homme le plus désirable au monde, nimbé d’un mystère et d’un charisme irrésistibles, doublé d’un physique d’Apollon qui la chavirait et d’un magnétisme inégalable… et puis il possédait aussi ce fameux MOKKORI ! Cet appendice de Satan qu’il arborait en tout lieu, en tout temps, dès qu’une féminine présence le troublait un tant soit peu. Il se déployait avec une telle vigueur, une telle spontanéité. Kaori abhorrait l’engin de malheur autant qu’elle le vénérait. Il la fascinait. Enflammait son imagination. La torturait, pouvait-on dire même. Il l’obsédait…  

 

Kaori émit un léger gémissement plaintif entre ses dents serrées.  

 

Oui, si Ryô l’aimantait plus que tout au monde, elle ne lui inspirait en retour qu’une indifférence amoureuse douloureuse. Preuve en était la léthargie dudit mokkori lorsqu’elle tentait de l’émouvoir maladroitement. Des regards incrédules et souvent hilares accueillaient ses manœuvres séductrices. Nul trouble, nul désir, nulle lueur de stupre dans l’abysse onyx des envoûtantes prunelles. Certainement n’était-elle qu’une intruse dans le sillage féminin du nettoyeur mythique, un chien dans un jeu de quilles. Celle qui reste car elle n’est pas dangereuse pour son cœur, pensa-t-elle avec amertume.  

 

— T’as déjà couché avec deux filles en même temps ? interrogea-t-elle sans préméditation, abasourdie par sa propre audace.  

 

Il resta coi. C’était quoi encore cette attaque en règle ?  

 

Hélas pour le brun polisson, rien ne pouvait plus conforter son accusatrice inspirée que le silence coupable dans lequel il s’enferrait.  

 

— Ahhh ! s’offusqua la rouquine dans la seconde, cédant au courroux facile. Depuis le début de notre rêve, je focalise sur l’identité des deux femmes que tu as élues pour tes activités de dépravé mais c’est bel et bien ladite activité qu’il me faut considérer. C’est pire que tout ce que j’avais imaginé !  

 

Ryô finit par souffler d’exaspération et frictionna son indocile chevelure. Le ton moralisateur qu’elle employait, l’emportement dans lequel elle glissait chaque seconde un peu plus, avaient déjà le don de l’excéder lorsqu’ils étaient tous deux éveillés ; mais cette nuit, c’était tout bonnement insupportable. Il désirait ardemment qu’elle soit à lui, c’était irrésistible, mais elle n’œuvrait qu’à l’éloigner d’elle. Il posa sur la jolie rouquine les billes sombres du renoncement. Kaori ne semblait plus le voir, elle éructait, postillonnait son mépris et son incompréhension de la chose.  

 

— Faut-il que je confesse toutes mes expériences sexuelles ? interrogea-t-il de sa voix grave, irrité.  

 

Elle hoqueta de surprise et se tut immédiatement ; non pas qu’elle fut outrée de la proposition, ça n’en était pas vraiment une ; mais son partenaire semblait aux prises avec la désillusion, ce qui l’interpella et sonna désagréablement à ses oreilles. Était-elle celle qui le désillusionnait de la sorte ? Ses yeux déambulèrent sur l’animal sauvage qui était posté devant elle ; tout en lui suintait désenchantement, voire accablement, et son regard était à nouveau sombre et insondable. Elle le saoulait ? C’était ça, elle le saoulait ! La nettoyeuse aguerrie ravala salive et fierté.  

 

— Non, évidemment que non, répondit-elle d’une petite voix coupable. Désolée, je perds mon self-control.  

 

Il haussa les sourcils. Elle lui jeta un regard noir en coin.  

 

— Je sais pas ce qui me prend, ça ne me ressemble pas mais j’ai des bouffées de jalousie qui m’envahissent, s’excusa la jeune femme.  

— Oui bien sûr, tu as raison, ça ne te ressemble pas, osa-t-il en affichant un mini sourire et en s’approchant un petit peu d’elle.  

 

Par il ne savait quelle terrible imprécation, il lui fallait pénétrer à nouveau la distance de sécurité qu’elle avait imposée depuis qu’elle l’avait rejeté vertement. Rejeté…, oui elle l’avait quand même rejeté ! Tel crime ne pouvait rester impuni. Quelle condamnation pouvait être à la mesure de son forfait ?  

 

À peine eut-il retrouvé la bulle miraculeuse des abords de sa partenaire qu’il succomba derechef. De quel superpouvoir l’astre nocturne l’avait donc dotée pour qu’il ne sache plus résister au charme de son dragon ? Les prunelles boisées se posèrent sur lui et firent fondre une fois encore sa combattivité ; il n’était pas acceptable que sa furie se jouât ainsi de lui désormais. Les contours de son corps l’affolaient, tout comme les effluves suaves qui s’en dégageaient et qui infiltraient ses narines, s’enfonçaient dans ses poumons, se mêlaient à son sang et irriguaient chacune de ses cellules. Lui serait-elle maintenant plus essentielle que l’oxygène ? Les notes mentholées qu’il avait débusquées sur les lèvres dont elle l’avait laissé jouir quelques minutes auparavant lui revinrent en bouche. Il avait adoré ! Oui, adoré ; enivrant cocktail que leurs salives mariées. Devant les mirettes incrédules, une mosaïque de sensations, de saveurs, de beautés s’harmonisait dans un brouillard évanescent et définissait le désir absolu. Kaori était son désir absolu. C’était lui au final le condamné !  

 

— Jalouse de quoi ? prononça-t-il difficilement. De mes histoires passées ? Elles sont sans importance.  

— C’est plus fort que moi, confia-t-elle tout aussi chamboulée que lui. Tes extravagances. Ta déraison. Tes outrances.  

— Moi aussi je suis jaloux, s’entendit-il reconnaître.  

 

Hallucinant ! Cette confession lui sortait de nulle part. Il détesta l’arrondi surpris des iris noisette, voulut se mordre la langue, se faire taire.  

 

— Toi, jaloux ? gloussa-t-elle avec perplexité. Et de quoi donc ?  

 

Nier, fuir, esquiver…  

 

— Je trouve qu’Angel est très présent dans tout ce que tu racontes, osa Ryô au bout d’un moment. Ton rêve, tes fantasmes…  

 

La nettoyeuse se fendit d’une moue sceptique, réfléchit trente secondes.  

 

— C’est vrai ! annonça-t-elle, lumineuse, se remémorant son rêve au piano.  

 

Il détesta le sourire et la joie affichés. Elle ne comprenait vraiment rien quand elle s’y mettait.  

 

— Je pourrais croire qu’il te plaît beaucoup… Il pourrait te plaire, non ?  

— Bah…, entama-t-elle.  

 

Mais, tandis que Kaori se faisait des nœuds au cerveau, un halo luminescent détoura la silhouette puissante de son partenaire, tant et si bien qu’elle eut l’impression d’être éblouie par l’aura démesurée qu’il irradiait. Son regard inquisiteur suivit le dessin brut des lignes qui le constituaient, ses contours à fois mâles, agressifs, et d’une délicatesse féline. Plus haut, elle admira l’harmonie de son visage ; jamais auparavant elle n’y avait décelé tant de tendresse, de sincérité, d’intérêt. Son cœur accéléra sa course folle dans sa poitrine.  

 

— Dans l’absolu, oui. Dans l’absolu, si tu n’existais pas, Mick aurait pu me plaire.  

— Mais j’existe, interjeta-t-il avec application.  

— Oh oui, Ryô Saeba, tu existes, et aucun autre homme ne peut m’être plus essentiel ! Ne peut me plaire davantage.  

 

Ryô se mordit la lèvre inférieure. Très fort. Quel plaisir fulgurant que cette déclaration abandonnée le regard enchevêtré au sien ! Il savoura, gonfla la poitrine d’un orgueil démesuré. Il était le seul dans son cœur, jouissait pleinement de sa propriété !  

 

— Tu n’imagines pas comme tu me plais aussi Kaori ! osa-t-il affronter ses démons monstrueux. Et je ne suis vraiment qu’un con, tu as raison, pour avoir prétendu le contraire si longtemps.  

 

Le regard noisette se voila. Malgré la distance qui les séparait encore, le nettoyeur perçut le trouble envahir sa douce moitié. Une furieuse envie de la prendre dans ses bras, de la cajoler, de lui chuchoter toutes les extravagances qu’elle lui inspirait vraiment, éclata dans son ventre. Bien loin de toutes les acerbes critiques qu’il lui avait servies à tout bout de champ.  

 

— Notre rêve n’a plus d’exigence, poursuivit-il. Le temps s’écoule normalement désormais.  

— Je sais.  

— Veux-tu que nous profitions du temps qu’on nous octroie encore ?  

— Hum… comme tu as profité avec Miki et Saeko tout à l’heure ? interrogea-t-elle, suspicieuse.  

— Je suis désolé que tu aies eu accès à ça, expliqua-t-il. Crois-moi Kaori, ça n’a strictement rien à voir avec ce que je veux vivre avec toi. Et puis c’est toi qui définis les règles.  

 

Elle plissa les yeux, divagua quelques instants dans un autre monde puis afficha un sourire resplendissant, indiquant qu’elle chassait la méfiance et les incertitudes qui avaient envahi ses pensées récemment. Puis elle glissa sa main dans celle qu’il lui tendait, répondant favorablement aux multiples voix dans son crâne qui l’enjoignaient à baisser la garde et à profiter de l’occasion qui ne se représenterait certainement plus jamais.  

 

— Par exemple, jouer au scrabble ? soumit-elle en riant.  

 

Il éclata de rire tout en saisissant la dextre qu’elle lui offrait.  

 

— Par exemple…  

 

Précautionneusement, sans la brusquer, il l’attira vers lui ; Kaori posa son front sur la poitrine dont il s’avérait qu’elle était, tout bien considéré, un refuge confortable, puis y enfouit ses narines, y découvrit les fragrances rassurantes que Ryô exhalait naturellement. Ces effluves musqués la bouleversaient toujours, ils provoquaient une accélération de son rythme cardiaque, ils parlaient à ses récepteurs intimes, quelque part dans les tréfonds de son ventre. C’était effrayant.  

Des doigts légers gagnèrent ses pommettes, caressèrent avec virtuosité les courbes nettes de ses joues, de sa mâchoire, puis insistèrent pour qu’elle relevât les yeux vers celui qui la bouffait du regard. Elle lui sourit timidement, cligna des yeux, ne réalisant pas que la luxure les avait envahis, que son front s’était enflammé. À ce spectacle, Ryô déglutit difficilement. Il lui fallait résister ! Ré-sis-ter au rêve de toutes les tentations !  

 

— Kaori chérie, bredouilla-t-il avec peine en empaumant le visage tendu vers lui, je vais te faire une confidence, je n’aime pas le scrabble.  

— Je n’aime pas non plus, abonda-t-elle en relevant les sourcils. Ce rêve…, ce rêve est étrange, Ryô. J’ai la curieuse impression que tout est réel, si tangible, si concret. Tu me sembles vraiment te tenir devant moi, j’ai vraiment l’impression d’être dans tes bras, que tu as envie de… m’embrasser. Que tout est possible. Ou plutôt que rien n’est impossible. Que je peux tout te dire, t’avouer combien je t’aime, que tu ne me repousseras pas.  

 

Ses yeux pétillaient, la pénombre de la pièce dessinait des ombres envoûtantes sur le faciès délicieux de la jeune femme et ajoutaient encore à la solennité des paroles prononcées.  

 

Ryô était désarçonné. Son ange exposait ses sentiments sans retenue. Réalisait-elle sa vulnérabilité à ce moment de leur tête-à-tête ? À quel point leurs deux consciences étaient éveillées ? Les bras protecteurs dont il l’avait ceinte dans un souci amoureux lui apparurent remparts bien fragiles contre le tsunami des sentiments. Kaori se mettait en danger, plus courageuse que lui ne le serait jamais. Saurait-il seulement s’en montrer digne ?  

 

— Kaori, se contenta-t-il de murmurer.  

 

Il avait tant à déclarer lui aussi, les doléances de son cœur n’avaient jamais été aussi claires qu’en cet instant, le bonheur semblait plus accessible que jamais, il suffisait de tendre le bras, d’abdiquer. Délier sa langue. Avouer. Confier. S’épancher. Dire simplement combien elle lui était nécessaire, qu’à ses côtés les nuances de gris avaient viré multicolores, que chacun de ses fous-rires, chacune de ses colères exaspérées, chaque moment de grâce qu’elle lui offrait sans même en avoir conscience, l’ancraient plus profondément dans la vie. Qu’elle le rendait heureux, tout simplement.  

Mais il se mordit la langue ! Kaori avait raison. Ce rêve était bien trop réel pour y confier les secrets de son cœur. C’était trop risqué. Trop compliqué. Trop fou.  

 

— Profite de ton rêve ma chérie, lança Ryô avec une pointe d’arrogance. Ton plus grand fantasme se tient devant toi et il n’a qu’une envie : réaliser tous tes désirs. Être à toi. Sans la moindre limite. Du moins, uniquement celles que tu imposeras.  

 

Kaori fut légèrement déroutée. Un petit vent de panique la traversa. La magie semblait s’être rompue, elle s’était attendue à une déclaration d’amour ; emphatique et magnifique, romantique assurément. Une déclaration de prince charmant quoi ! Après tout, elle pouvait se permettre d’avoir de telles exigences dans un songe aussi merveilleux que celui-ci.  

 

Une légère déception souffla sur son visage les signes du trouble amoureux. Pourtant, la perspective que Ryô lui appartienne durant le temps qu’il leur était encore accordé, qu’il s’offre à elle, qu’elle puisse vivre avec lui ses fantasmes les plus dingues – enfin, les plus dingues, dans la mesure du raisonnable évidemment – faisaient valser ses grands et beaux principes. Ses idéaux amoureux fondaient comme neige au soleil. Le temps, maintenant, filait entre ses doigts, rien ne pouvait plus endiguer sa course folle.  

 

Ne devait-elle pas foncer tête baissée ? Se rouler dans la luxure et, en simultanéité, dans les bras de l’homme qui lui était inaccessible dans la réalité du jour ? Ne devait-elle pas renoncer à sa quête sentimentale, se faire une raison et se satisfaire de ce que son partenaire proposait ? Kaori ne s’y trompait pas, le beau brun qui lui faisait face ne lui promettait pas que plaisir des sens ; en filigrane, elle devinait la tendresse, la complicité, le désir. Oui, le désir. Et puis tout ce qui allait avec et dont elle ne cernait pas vraiment tenants et aboutissants, innocence oblige. Mais une chose était sûre, elle allait plonger.  

 

— Merci madame la Lune, chuchota la rouquine à l’attention du disque platine avant de se retourner vers son obligé. Je peux donc profiter de toi à ma guise ?  

— Fais donc, l’invita celui qui n’avait qu’une hâte, retrouver les lèvres qui lui avaient échappé depuis trop longtemps déjà.  

 

Elle éclata d’un rire nerveux puis fit un pas en arrière, toujours en liesse et jaugea son partenaire d’un œil expert. Elle apprécia de haut en bas la plastique plus qu’avantageuse qu’il lui proposait de mettre à sa disposition. Oui, son regard coulissa, s’attarda sur des endroits stratégiques. Kaori vira cramoisi.  

 

Ryô jubila. Saurait-elle laisser libre cours à ses pulsions et à sa fantaisie ? Une curiosité bouillonnante l’envahit dans l’instant, tandis qu’il projeta mille scénarios sulfureux.  

 

— J’ai du mal à le croire, gloussa-t-elle.  

— Je vous en prie mademoiselle Makimura, déclama le nettoyeur goguenard en s’approchant dangereusement, vos désirs sont des ordres. Je suis votre dévoué jusqu’à la fin de cette nuit.  

— Attends, ne bouge pas !  

 

Elle avait positionné ses mains devant elle pour endiguer l’approche du loup. Ryô stoppa net, montrant obéissance. Elle haussa les sourcils, satisfaite, puis énonça d’un ton espiègle.  

 

— Mets-toi torse nu !  

 

La nettoyeuse s’était à moitié étranglée, épatée par sa polissonnerie. L’effet ne tarda pas ! Le grand Saeba explosa d’un rire conquis et se présenta devant son maître, les bras écartés en signe de soumission.  

 

— Fais-donc…  

 

Le cœur battant la chamade, les joues enflammées, les mains mal assurées, elle le délesta précautionneusement de son tee-shirt. Ce faisant, ses doigts caressèrent l’épiderme sauvage sous lequel les muscles ronds et saillants se devinaient. Elle gloussa de surprise et de plaisir lorsque le torse parfait se dévoila. Ryô jouait le jeu. Délicieux, inespéré ! Elle allait se goinfrer de lui ! Elle se mit à rire bêtement, entièrement gagnée par l’euphorie du moment puis posa délicatement ses mains sur la poitrine glabre qui n’avait rien à envier à la superbe qu’exhibent crânement les statues d’éphèbes grecs.  

 

Kaori pouvait deviner, sous chaque renflement amoureusement flatté, tantôt un muscle, tantôt une côte, tantôt une virilité ; les pectoraux, les abdominaux, les biceps étaient parfaitement développés. Se pouvait-il que cette beauté faite homme lui soit entièrement dévouée jusqu’à son réveil ? Qu’elle puisse en jouir jusqu’à rassasiement ?  

 

Se gardant bien de croiser le regard de son précieux jouet, elle suivit du bout des doigts quelques lignes majestueuses, dessinant sur la poitrine, sur le ventre, les mots que la nature avait sculptés sur le buste de l’étalon de Shinjuku. Devinait-il, sous son passage, les paroles insensées dont elle le couvrait ? les déclarations amoureuses, coquines, friponnes, dont elle gravait sa chair ? ses pensées les plus secrètes ; ses désirs les plus… lubriques.  

 

Pudibonderie et gloutonnerie se disputaient encore le peu de conscience qui lui restait, soufflant le rouge et le noir sur son front. Mais il était certain que la moite chaleur qui avait envahi ses reins balaierait tout sur son passage, imposerait sa loi.  

 

Ryô résistait pour le moment aux injonctions de son désir. La kidnapper, l’enlacer, la dévêtir et la jeter sur le canapé pour découvrir ses trésors.  

 

— Mets-toi torse nu, prononça-t-il d’une voix caverneuse.  

 

Kaori sortit de sa contemplation pour enfin capter les yeux de l’esclave impertinent. Elle se mordit la lèvre. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait mais… mais s’afficher ainsi lui paraissait prématuré.  

 

— Pas tout de suite, murmura-t-elle, pivoine.  

 

Ryô soupira de dépit mais, constatant le far de la jeune femme, abandonna l’idée de la dévêtir dans l’immédiat ; il accosta la timorée et enlaça sa taille. Elle noua ses mains dans son cou. Il la souleva comme si elle ne pesait pas plus lourd qu’un fétu de paille.  

 

— Tu vois que je suis légère, le taquina-t-elle tout en se laissant embarquée vers le canapé.  

— Une plume, joua-t-il le jeu… Ou alors je suis particulièrement costaud.  

 

Elle pouffa de rire tandis qu’il la déposait précautionneusement et qu’il tombait à genoux devant elle. Il passa les mains dans le bas de son dos et l’attira vers lui, sur le bord du canapé. Elle rougit immédiatement alors que les hanches du nettoyeur prenaient place entre ses cuisses, forcées de s’ouvrir, et qu’elle échouait contre son buste chaud et doux.  

 

— N’aie aucune crainte, la rassura-t-il, je ne ferai rien que tu ne veuilles pas. Tu le sais ça ?  

 

Elle le dévisagea avec espièglerie et saisit son adorable bouille entre les mains pour parler au plus près de sa bouche.  

 

— Oui, je sais Ryô, j’ai pas peur, ne me prends pas pour une froussarde ! Et puis… tu ne feras rien que je ne veuille pas mais… tu feras tout ce que je veux, n’est-ce pas ? s’enquit-elle avec malice.  

 

Il lui décocha le sourire de la mort qui tue, ce qui eut pour effet de déstabiliser largement la nettoyeuse ; elle ricana de gêne.  

 

— Oui, murmura-t-il en sourcillant, conscient de son sex-appeal sans appel.  

 

Vexée par l’état de jubilation affiché, et comme elle avait toujours son visage entre les mains, elle lui planta un baiser sur les lèvres. Un baiser moelleux et chaste, tendre et inexpérimenté. L’émotion tordit les entrailles du nettoyeur ; il encaissa le choc et réaffirma sa prise sur les hanches pour l’attirer de nouveau à lui. Bénis sois-tu, rêve fabuleux !  

 

— Embrasse-moi encore, ordonna-t-il.  

 

Les yeux de Kaori migrèrent vers les lippes charnues et offertes qu’il lui tendait. Précautionneusement, elle y déposa les siennes, avec une insoutenable légèreté ; les ailes d’un papillon auraient assurément été moins délicates. Ryô ferma les yeux, abandonna un soupir de béatitude. Les lèvres s’entrouvrirent. Merveilleusement. Le contact s’affermit. Mais elle rompit l’enchantement, le dévisagea une seconde, comme s’il fut nécessaire de vérifier que le miracle n’était pas mirage. Puis s’aventura encore, emprisonnant la lèvre inférieure entre les siennes, l’aspirant doucement. C’était humide. Délicieusement humide et moelleux. Alors sa langue s’immisça timidement, caressa l’entrée de la bouche fantasmée. Malgré elle, un gémissement lui échappa et vint choquer ses oreilles, elle faillit s’étrangler de honte. Devançant la désertion, Ryô maintint leurs visages accolés et offrit à sa compagne buccale un sourire conquis.  

 

— Ne t’arrête pas, susurra-t-il contre sa bouche d’une voix rauque. Ne t’arrête surtout pas.  

 

Les langues se rencontrèrent en terrain neutre. En extérieur. Joueuses et coquines, elles se découvrirent, se goûtèrent, se jaugèrent. L’une timorée, l’autre, hardie. Virevoltantes et frondeuses, elles s’affrontèrent. Douce bataille factice dont il sembla toutefois au couple de nettoyeurs que l’issue était capitale.  

Le jeu échauffait grandement Kaori et il fallait user de beaucoup de concentration pour, à la fois, escrimer brillamment mais aussi verrouiller dans son gosier les soupirs de contentement qui y naissaient. N’y tenant plus, le brun emprisonna la chevelure acajou et vint chercher le baiser profond convoité. Il se releva légèrement, toujours à genoux, et s’affaissa sur elle, maintenant autoritairement sa bouche contre la sienne, collant leurs deux bassins. La timorée ne put cette fois maîtriser son souffle.  

 

Elle ne touchait plus terre. Les paupières résolument closes, elle se laissait goûter, découvrir, conquérir, re-goûter, redécouvrir, reconquérir. Ses lèvres s’ouvraient et se refermaient selon ce que Ryô imposait avec savoir-faire et délicatesse.  

 

Une tension avait gagné le téméraire qui s’y assujettissait docilement. Il connaissait bien cette chaleur tourbillonnante nichée entre ses cuisses, ce besoin de frottement, irrépressible, le feu dans ses reins qui hurlait à son bassin bouge !  

 

Ses mains œuvraient en maître ; elles empoignèrent Kaori et la précipitèrent davantage contre lui, toujours agenouillé devant le canapé. La rouquine ne saisit pas toute l’émotion que son partenaire retira de son entrejambe plaqué contre le sien mais elle eut nettement l’impression d’être retenue prisonnière ; troublante domination à laquelle elle n’aspirait qu’à se soumettre. Cambrée et abandonnée, les hanches prisonnières d’un bras possessif qui la plaquait contre l’érection qu’elle ne pouvait ignorer tant elle se pressait contre son sexe, maintenue par l’autre main dans son dos, le cou renversé, elle se laissa dévorer. Oui, Ryô couvrait son cou, sa gorge, de baisers voluptueux et sensuels.  

 

Kaori ne retenait plus ses réactions. Des Ah ! , des Oh ! , des Hum ! flattaient les oreilles masculines, à chacune des expertes offensives. Ryô exultait ; heureux d’être l’instigateur de tant de félicité, et excité terriblement par les émois de son propre corps. Son sexe n’en pouvait plus des contacts rapprochés qu’il induisait en ondulant le bassin entre les cuisses de sa partenaire. Maintenue fermement, celle-ci accueillait en feulant chaque intime rencontre, consciente de l’érotisme de la situation… mimer l’acte sexuel.  

 

— Retire ça, proposa bientôt Ryô en accrochant le bas du tee-shirt.  

 

Elle se dévêtit cette fois sans la moindre gêne. Dès que le torse fût libéré, il fut livré aux assauts brutaux du nettoyeur. Les seins furent indélicatement mordus et léchés avant que ne reprennent les mouvements enchevêtrés de leurs hanches. Ryô s’était étalé sur Kaori, inconfortablement coincée contre le dossier du canapé. Chaque seconde voyait approcher son éclatante victoire. Il désirait. Incommensurablement, il la désirait. C’était déflagrant ! de terribles vagues s’écrasaient dans son pubis, le feu s’emballait dans son ventre, forçait ses reins à conquérir toujours plus d’Elle. Son sexe.  

 

— Tu parles d’un esclave ! souffla-t-elle. Il me semble que c’est toi le maître et que je suis à ta merci.  

 

Il réfréna quelques baisers et immobilisa son corps sur elle. Puis rouvrit les yeux et sourit.  

 

— Tu m’excites terriblement, expliqua-t-il simplement en se portant à sa hauteur.  

— Je vois ça, chuchota-t-elle plus violette que rouge.  

 

Il maîtrisa l’envie de la moquer sur la teinte de ses pommettes et lui planta un chaste bisou sur les lèvres.  

 

— Mais il est vrai que c’est toi qui ordonnes, reconnut-il en se relevant et en offrant le spectacle de son boxer déformé aux yeux inexpérimentés.  

 

Il se délecta de l’embarras qui en naquit, des yeux qui fuient, des lèvres qui se crispent. Le nettoyeur prit aussitôt place sur le canapé, s’assit simplement et écarta les bras en les reposant sur le dossier de chaque côté de sa tête.  

 

— Viens t’asseoir sur moi et parle-moi de tes désirs, proposa-t-il avec suavité.  

 

La rouquine ricana de malaise. Instinctivement, un bras s’était interposé entre les yeux onyx, voyeurs, et sa poitrine découverte. Elle posa ses petites fesses sur le bout des genoux de Ryô qui explosa de rire.  

 

— Pas comme ça. Assieds-toi à califourchon sur moi.  

 

Elle obtempéra tout en râlant.  

 

— Et c’est encore monsieur qui dicte sa loi…, pesta-t-elle de mauvaise foi alors qu’elle enjamba sa monture.  

 

Il ne dissimula pas le plaisir que prit son mokkori à retrouver sa partenaire de jeu. Un adroit petit soubresaut dans les hanches la fit échouer un peu plus contre lui.  

 

— Que veux-tu que je fasse maintenant ? susurra-t-il aux oreilles attentives tandis que ses mains l’enlaçaient à nouveau.  

— Ce que tu veux…  

— Trop facile Kaori ; sois plus précise ! Rappelle-toi que je suis ton esclave.  

— Et toi, rappelle-toi que je n’ai pas l’habitude…  

 

Quel euphémisme ! pensa-t-elle.  

 

Elle vit les iris expressives se voiler davantage encore. Il n’était pas simple de suivre les méandres des pensées de son partenaire quand il dardait sur elle ses ensorcelantes prunelles.  

 

— Tu mets le feu en moi Kaori, confia-t-il en immobilisant la bouille délicieuse de Kaori face à lui. Tu le sens ?  

— Oui.  

— Est-ce que je mets le feu en toi aussi ?  

 

Les injonctions désespérées de son sexe se rappelèrent vivement à l’esprit de la rouquine. Elle n’était pas humide, elle était trempée, ruisselante même ; son clitoris s’était échauffé des frottements imposés par Ryô, le plaisir s’était insinué dans tout cela, l’idée même d’un orgasme l’avait traversée. Elle l’avait guetté, espéré, tandis qu’il se mouvait contre elle, qu’il lui abandonnait dans le cou autant de baisers que de râles comblés. Oui, la température avait fortement grimpé dans son entrecuisse, jusqu’à l’incandescence. Oui, elle voulait plus. Oui, elle voulait tout !  

 

— Oui, avoua-t-elle en plongeant dans le regard qu’il lui tendait. Oui, tu mets le feu en moi. Oui, j’ai envie de tout ce que tu peux proposer… Mais…  

— Quoi, mais ?  

 

Elle hésitait à confier son secret, celui qui était à l’origine de ses réticences, celui qui lui soufflait que toute comparaison la classerait bonne dernière au palmarès des coups de Ryô Saeba.  

 

— Quoi ? insista le brun.  

— J’ai jamais fait l’amour, avoua-t-elle de sa petite voix, le regard fuyant.  

 

Il se décomposa, blêmit quelque peu et dévisagea la folledingue qui partageait sa vie et qui lui faisait cette étrange confession. N’était-elle pas la plus adorable créature terrestre ? Croyait-elle vraiment qu’il ignorait ça ?  

 

— Kaori, je sais, confia-t-il en retour.  

— Tu sais… Comment ça, tu sais ? Mais… dans la réalité aussi tu sais ?  

 

Il haussa les épaules et cligna des yeux. C’était quoi cette question ?  

 

— Oui, abandonna-t-il.  

— Bon sang, je suis ridicule ! s’admonesta-t-elle. Ne me prends pas pour une vierge effarouchée hein, une vieille fille. Ça peut donner cette impression à mon âge mais c’est juste, juste que je ne suis jamais tombée amoureuse. Enfin vraiment amoureuse je veux dire. Je n’ai aucun problème avec le sexe, j’ai pas peur des hommes, je n’ai aucun problème physiologique non plus, ne crois pas ça ! C’est que je me suis toujours dit qu’il me faudrait être amoureuse pour faire le grand saut et aussi qu’on soit amoureux de moi, que je ne sois pas une partenaire parmi une infinité d’autres et que…  

 

Elle se tut brusquement, elle s’était déversée avec le débit d’une mitraillette dans le misérable dessein de justifier qu’à vingt-huit ans révolus elle était encore vierge. C’était pathétique !  

 

Parfaitement immobile, Ryô semblait pétrifié. Il la couvrait d’un regard indéchiffrable, dans lequel elle ne décelait ni raillerie, ni pitié, juste un trouble profond.  

 

— Une partenaire parmi une infinité d’autres, répéta Kaori, effarée par la réalité récemment énoncée. Je m’apprête à renoncer sur ce point précis.  

— Ce n’est pas si simple, interjeta maladroitement l’étalon de Shinjuku, soucieux de modérer le propos.  

— Ce rêve est orchestré de main de maître, renchérit la rouquine, nous fondons l’un vers l’autre Ryô, inexorablement nous fondons l’un vers l’autre. Nous allons faire l’amour. Je renonce à être véritablement aimée par le premier homme auquel je vais me donner. Et toi, tu me désires, moi la femme qui, à tes yeux, est sans charme et sans attrait. Tu fais mokkori pour moi, te rends-tu compte ?  

— Ce n’est pas si simple, répéta-t-il, hébété par le discours d’une logique indiscutable.  

 

Mais la vie ne peut être résumée à une suite d’assertions logiques.  

 

— Je me fiche bien de cela au final, reconnut la jeune femme, persévérant dans sa réflexion. N’être qu’un numéro, une nuit, une erreur, un rêve. Car je suis vraiment amoureuse ; oui je suis amoureuse de toi dans la vraie vie… Mais ça aussi tu le sais n’est-ce pas ?  

 

Il fronça les sourcils, temporisa un instant, acquiesça. Kaori se repositionna contre lui, plaquant leurs corps effervescents, l’enlaça avec force et colla sa bouche à la sienne, mêla leur souffle, enchevêtra leurs regards.  

 

— Et tu tombes amoureux de moi dans notre rêve, non ?  

 

Il la serra fort contre lui, enroulant ses bras protecteurs autour de sa taille, effleura ses côtes, apprécia la tangibilité de ses caresses.  

 

— Oui, murmura-t-il, n’en doute pas.  

— Ça me suffit, abandonna-t-elle contre ses lèvres. Donnons à la Lune ce qu’Elle attend, Ryô. Montrons-lui comme on peut s’aimer en rêve. Tu es mon esclave, tu ne l’as pas oublié ?  

 

Elle sentit les lèvres adorées se fendre contre son souffle. Ryô souriait, adhérait à sa proposition.  

 

— Prends ma virginité, elle ne peut être qu’à toi. Apprends-moi le plaisir. Montre-moi tes talents. Sois indulgent concernant mon inexpérience.  

— Idiote, murmura-t-il avec tendresse en appréciant la douceur de son épiderme, je vais te déguster, te savourer et profiter de tout ce que tu crois être susceptible de me déplaire. C’est tout le contraire en fait.  

 

Ils échangèrent un baiser long et savoureux, empli de tendresse et de confiance. Ce baiser gagna en fougue, très vite, et de nouveau ils furent happés par le feu. Les doigts se mêlèrent bientôt à l’affaire.  

 

Lentement, ils osèrent. Dès qu’elle les perçut, elle se raidit et Ryô la calma d’un regard bienveillant, lui offrit sa bouche en otage. Mais il persévéra et ses doigts pénétrèrent plus en avant dans le short, caressèrent le rebondi du petit cul si tentant, jouant de la texture, du moelleux. La rouquine prit peu à peu confiance, se détendit et se cambra davantage dans les bras amoureux. Bien consciente de l’excitation du mokkori qu’elle percevait contre son pubis, elle s’y frotta langoureusement, le regard planté dans celui qui malmenait son séant. Bon sang, elle gagnait en hardiesse, il y avait de quoi devenir dingue.  

 

— J’aime ton cul, confessa-t-il sous le feu du désir, encouragé par la soudaine effronterie de son ange.  

— Moi, j’aime ton mokkori, balbutia-t-elle en laissant sa main divaguer entre leurs corps.  

 

Sans cesser ses mouvements hypnotiques, toujours empaumée, elle caressa les renflements du sexe par-dessus le boxer. L’homme en rauqua de plaisir et elle dévisagea avec fascination les expressions sauvages de son amour. Échauffée, elle abaissa doucement le tissu. Quelques millimètres suffirent à mettre à nu l’extrémité surexcitée. Elle y fit jouer ses doigts ; étonnée de sa douceur, de son hypersensibilité - Ryô convulsait presque sous ses attouchements - et de l’humidité dénichées.  

 

— Tu es tout mouillé, lâcha-t-elle d’une voix grésillant, en balançant toujours ses hanches et en balayant de ses doigts le sexe mythique.  

— Je vais te bouffer, lui susurra-t-il à l’oreille avant d’en gober le lobe.  

 

Elle explosa d’un rire bouleversé et ses câlineries devinrent plus franches, plus sexuelles. Les mouvements des bassins se calmèrent, Kaori recula un peu pour mieux observer ce qui se passait dans le boxer. Ce dernier avait cédé du terrain et la menotte fine et délicate glissait maintenant avec audace sur la partie du membre découverte.  

 

Kaori l’admirait dans toute la superbe de sa masculinité, inconsciente d’entretenir la fournaise du désir autant par ses frôlements que par l’affolement affiché. Il se mit à gémir sans retenue, attirant le regard impressionné. Il encadra le visage de ses paumes impatientes, baisa fiévreusement ses yeux, sa bouche, ses joues, son front, tout en communiquant bruyamment le plaisir qu’elle générait sur son sexe désormais déployé dans sa main.  

 

Kaori pulsait d’une incroyable force de vie, tout son être s’épanouissait. Désormais agenouillée aux côtés du nettoyeur, appliquée à découvrir les secrets de son plaisir, éblouie par la nature masculine dont la puissance semblait se concentrer dans l’appendice magique qu’elle flattait, elle assista à sa propre naissance. Ses corolles s’ouvrirent lentement, pistils et étamines se dressèrent, irrigués par l’ardent fluide vital. Un astre mystérieux descendit des cieux et prêta moult talents à la fleur nouvelle. Confiance, estime de soi, beauté et pouvoir de séduction, voluptueuses virtuosités. Cet éveil la bouleversait et dépassait les limites du rêve tumultueux. Elle aurait tout oublié à son réveil, certainement. Mais subsisterait en elle - elle en était convaincue - cette source de vie à laquelle elle pourrait désormais s’abreuver, une confiance dont elle était dépourvue jusqu’à aujourd’hui. Et celle-ci serait profondément ancrée en elle, une force vive, presque métaphysique.  

 

Merci Madame la Lune !  

 

Cette magnifique pensée ne vint troubler qu’un instant l’état d’ivresse dans lequel la nettoyeuse se complaisait, à l’image de son partenaire de luxure. Celui-ci était d’ailleurs acculé contre le dossier et ses gémissements tapageurs, tout comme les baisers désordonnés dont il la désaltérait, emplirent l’inexpérimentée d’orgueil. Ainsi, elle était capable de le mater ? C’était si simple de l’apprivoiser ? Lui ? Oh !  

 

— Je rêve où je pourrais t’emmener très loin très facilement ? questionna-t-elle, étonnée du récent pouvoir qui lui échoyait.  

 

Échappant un instant aux griffes acérées de la chatte joueuse dont il était le martyr, il souffla pour recouvrer ses esprits. Puis, prestement, kidnappa l’irrévérencieuse, la fit rouler contre sa poitrine, tant et si bien que, ni une, ni deux, Kaori se retrouva enclavée, assise dos contre torse, deux bras puissants entravant toute rébellion, cuisses ouvertes autoritairement. Une main virile saisit sa mâchoire, maintenant son visage contre l’épaule et la contraignit à regarder son prochain bourreau dans les yeux. L’autre main, lourde, écrasante, recouvrait son ventre.  

 

— Je rêve où tu crois m’avoir décelé une faiblesse ? questionna-t-il en feignant l’outrage.  

— Ce n’est qu’un rêve…  

— Ttttt, fit-il avec arrogance, laisse-moi te dire que ton rêve n’a pas encore commencé !  

 

La main quitta lentement le ventre, accosta le short, puis s’infiltra sous le tissu. Le soubresaut qui secoua la nettoyeuse lorsque les doigts l’effeuillèrent fut vite maîtrisé, il la serrait si fort ; leurs regards, si proches que leurs cils bataillaient, se faisaient déjà l’amour, induisaient confiance et abandon.  

 

Kaori était dans l’incapacité de résister, quand bien même elle l’aurait souhaité, son partenaire usait de sa force pour la maintenir en position ; ses mains délicates avaient trouvé leur place, l’une autour du bras de Ryô qui enserrait son cou, l’autre, simplement égarée sur le canapé. Ensevelie sous les intenses sensations que le saligaud s’appliquait à décharger dans son intimité, Kaori se noyait dans les orbes rougeoyants qui la dévisageaient avec voracité. Ryô voulait la voir succomber, il guettait sa mort avec gourmandise.  

 

Dérangeant. C’était dérangeant ! Mais la senestre autoritaire autour de son cou interdisait toute tentative de fuite. Elle subissait donc les yeux voyeurs et cela décuplait son plaisir.  

 

Le plaisir. Le corps assujetti reposait de tout son poids contre lui, s’offrait dans toute la splendeur de sa complexité. Sa fleur ruisselait entre ses doigts, pulsait, s’ouvrait, obsédante profondeur. Il massait savamment la zone érogène, scrutait avec intérêt les effets de ses initiatives sur le facies crispé. Kaori ondulait sur lui et, ce faisant, comprimait son mokkori à chaque mouvement et ça le rendait fou.  

 

— Résiste, implora-t-il à bout de souffle. Je veux que ça dure.  

— Hum, se plaignit-elle en révulsant les yeux sans pouvoir prononcer le moindre mot.  

 

Ryô sentit la tension monter dans le corps qu’il torturait, les ondulations devenaient soubresauts, les hanches lui échappaient, les cuisses convulsaient déjà. Il décida de stopper ses caresses, qu’elle puisse reprendre le contrôle mais, à peine eut-il cessé tout mouvement qu’elle gronda de dépit, que ses fins sourcils se tordirent de frustration.  

 

— Non… Non, n’arrête pas, Ryô, n’arrête pas, supplia-t-elle au bord du désespoir, plantant son regard déterminé dans celui du nettoyeur.  

— Souffle un peu, j’y retourne, ne t’inquiète pas.  

— NON !  

 

La main libre de la jeune femme vint guider la démissionnaire avec autorité.  

 

— Encore, s’il te plaît encore.  

 

Il grogna de rage et de désir mêlés, ses doigts s’enfoncèrent dans le short, capitulant. Et, tout en la calant plus étroitement contre lui, il admira de très près les traits défaits par la concupiscence. Les lèvres entrouvertes, le regard éperdu, Kaori le regardait sans le voir. Elle feulait de plaisir tandis qu’il la masturbait avec savoir-faire, elle gémissait sans retenue, s’abandonnait entièrement.  

 

— Je vais te voir jouir… je vais te voir jouir, répéta-t-il alors avec obsession, les prunelles en feu dardées sur elle.  

 

Ses doigts flattaient le sexe ouvert et émotif sans discontinuer. Les lèvres intimes et le clitoris étaient gonflés de vie, s’offraient dans toute leur sensibilité, sans retenue aucune.  

 

Kaori luttait, mais la lutte était inégale. Ryô allait vaincre… magistralement. Il serait couronné, triomphateur magnifique. Aux premières loges, le maître de cérémonie assista à la lente agonie, à la suffocation, à la tordante félicité. La nettoyeuse perdait pied et toute lucidité entre ses bras. Oui, il lui sembla qu’elle lui appartint entièrement tandis qu’il la menait au septième ciel, qu’il était l’instigateur de son premier émoi sexuel partagé. Une immense fierté gonfla sa poitrine alors qu’elle se consumait lentement, qu’elle lui offrait le spectacle vibrant de son orgasme, qu’elle le gratifiait de verbomanies éloquentes, là contre son cœur, là sous son regard fébrile et gourmand.  

 

Elle peina à reprendre pied dans la réalité de son rêve. Ryô l’avait abandonnée sur le canapé et œuvrait dans le salon. Une certaine effervescence régnait. Kaori, les yeux mi-clos, se mordit le dos de la main pour s’assurer de la matérialité de ses sensations. Aïe ! Elle éclata d’un rire comblé, afficha un air béat.  

 

— C’est pas fini, l’entendit-elle lui promettre à l’oreille alors qu’il l’emportait dans ses bras.  

 

Elle échoua mollement sur le sol. La nettoyeuse prit alors conscience que son partenaire avait improvisé un lit confortable ; des couvertures, des plaids, des coussins l’accueillirent. Elle leva les bras et ricana de bonheur.  

 

— Je rêve, je rêve… Viens Ryô ! appela-t-elle.  

 

Mais ledit Ryô était déjà contre elle, sur elle, la baisant avec toute la ferveur qui l’irriguait encore. Ses lèvres partirent à la conquête du corps qui s’efforçait de s’extraire de l’extase récente. Indolemment, le nettoyeur la défit du short qui la couvrait encore. Elle s’exposa alors devant lui dans la superbe de sa nudité. Il se mit à genoux devant elle, et c’est là qu’elle constata que lui aussi était complètement nu, que son sexe dressé criait à la ronde comme il serait bientôt maître incontesté du territoire féminin qu’il surplombait. C’était d’elle dont il s’agissait, nom de nom ; elle qui serait bientôt pénétrée. La vision la ramena sur Terre, tant la violence se confondait à la promesse de fusion. Allait-elle avoir mal ?  

 

Mais Ryô fondit sur ses seins, sur son ventre légèrement rebondi, son appétit semblant insatiable. La rouquine jubilait, explosait de rire, soupirait d’aise et de bonheur. Le nettoyeur l’embrassait partout, mordillait sa chair, léchait son épiderme. Lorsqu’il entama une remontée fantastique, chaque parcelle de peau fut patiemment goûtée.  

 

Elle mêla ses doigts aux cheveux de jais lorsqu’il se repositionna devant elle.  

 

— Je ne te savais pas si tendre, souffla-t-elle sous la brûlure des baisers qu’il déposait sur sa mâchoire.  

— Je ne le savais pas non plus, confia-t-il en entremêlant leurs regards, conscient de la folie à laquelle il cédait.  

 

Elle caressa lentement les joues insupportables en plein jour, il dodelina pour déposer un baiser dans sa paume.  

 

— Ryô…, entama-t-elle.  

 

Mais il n’écouta rien, souffla l’inspiration des lèvres obsédantes en les embrassant fougueusement. Puis il repartit avec un dessein bien précis en tête. Cette fois, la descente fut vertigineuse, aucune escale ne fut envisagée. Les cuisses furent brutalement ouvertes et la tête brune se nicha au creux de leur naissance, les yeux se posèrent sur le sexe ainsi exhibé. La rencontre fut bouleversante. Pour l’un, comme pour l’autre.  

 

— Non, dit-elle en se relevant sur ses avant-bras.  

— Quoi, non ? ragea le brun, conscient du malaise ressenti par les yeux noisette qui le découvraient le nez dans son sexe.  

 

Gênée, elle préféra fuir du regard la scène licencieuse.  

 

— Kaori... Profite d’être une femme et de pouvoir jouir à répétition.  

 

Il s’amusa de la voir toujours tendue, l’ignorant avec superbe. Il est vrai que la photographie était cocasse : Elle à moitié assise, nue et tremblante, les cuisses écartelées. Et lui la bouche sur sa vulve, enivré des parfums de son sexe, éperdu dans la contemplation de la féminité qu’il avait si souvent raillée.  

 

— Kaori, regarde-moi, exigea-t-il. Ça va m’exciter que tu me regardes te faire jouir comme ça… Kaori.  

 

Morte de honte mais le désir ressuscité, elle inspira un grand coup avant de poser sur lui des prunelles voilées. Il sourit de toutes ses dents et rendit animal le regard qu’ils échangèrent. Il passa ensuite la langue sur ses lèvres, les humidifia sans jamais lâcher le lien visuel qui l’unissait à sa prochaine victime.  

 

Kaori hoqueta d’appréhension lorsque la mythique langue vint se glisser au plus près de son plaisir et qu’une explosion la fit vibrer contre la bouche tortionnaire.  

 

Oh non ! pensa-t-elle lorsqu’elle comprit comment elle serait dégustée. Elle se cambra et laissa les vagues de plaisir ravager son entrejambe au gré des fantaisies de son partenaire. La notion même de temps fut perdue, bien qu’elle tentât par tous les moyens de s’y accrocher, de projeter sa raison dans tout ce qui était son environnement. Il devait bien y avoir quelques bouées à portée de main.  

 

Que faisait-il ? Comment faisait-il ? Ses doigts ?  

 

Son bassin s’émancipait, imposait sa loi et se mouvait contre les lèvres butineuses de son propre chef, dans un ballet indécent et rythmé. Elle ahanait avec obscénité, se régalait de la vision enchanteresse de l’homme qu’elle aimait à la folie, occupé à la lécher, à la sucer, à l’aspirer. Et le tableau la comblait, excitait ses sens jusqu’au paroxysme.  

 

Et l’obscurité gagna, l’air manqua bientôt, son sexe devint fluide, liquide, coulant.  

 

— Laisse-toi aller, l’encouragea-t-il, percevant l’imminence de son nouvel orgasme.  

 

Elle s’effondra, épaules au sol, et se cambra avec force, voulut s’offrir plus encore, accueillit tout ce qu’il imposait sans véritablement cerner la nature de ce qui lui était imposé tant les sensations étaient confuses et exacerbées là où Ryô œuvrait.  

 

Et quand elle toucha le ciel, elle crut défaillir de bonheur. Elle convulsa et grogna, les parois de son sexe se resserraient en contractions incontrôlables. Et cela dura, s’étira, enfla, se répéta. Rien ne semblait contraindre l’orgasme à s’arrêter…  

 

Lorsqu’elle reprit conscience, Ryô était sur elle, embrassait sa clavicule, mais n’affichait pas le petit air supérieur qu’elle s’était attendue à découvrir sur sa face d’homme capable de telles prouesses.  

 

— Dis que tu me veux en toi, supplia-t-il, tandis qu’il la sentit de nouveau capable de l’entendre et de comprendre ce qu’il était en train d’évoquer.  

 

Elle réalisa alors la frustration de celui qui, cette nuit, avait révélé ses talents mais, au final, avait peu profité d’elle. Cette histoire de fantasme, d’esclave, de serviteur, lui revint en mémoire. Ryô avait fait de son rêve un éblouissement érotique et c’était bien le désir fou qu’elle lisait désormais dans les orbes agressifs qu’il lui opposait.  

 

Le corps lourd de son partenaire pesait sur elle, entre ses cuisses tremblantes. La barre de son érection se pressait contre son sexe démentiellement ouvert.  

 

— Prends-moi, l’invita-t-elle en remontant les jambes de chaque côté de ses hanches puissantes. Je te veux en moi.  

— Gggrrr, grogna-t-il en pressant vigoureusement.  

 

Elle ouvrit la bouche comme pour parler ou crier mais aucun son ne franchit ses lèvres. Il pénétra ses yeux en simultanéité de son sexe et resta attentif à toute expression qu’elle pouvait lui livrer. Cependant, il ne put échapper au plaisir suprême qui enveloppa son mokkori : chaleur, humidité, étroitesse…  

 

Et ce fut lui qui abandonna un râle conquis.  

 

Ses paupières lui ravirent la vue et il plongea dans un monde sensoriel sans équivalent, un tourbillon de folie. Son corps exigeait déjà d’amples va-et-vient, se repaissait de ces délicieux détails : le ventre qui collait son ventre, les seins qui s’écrasaient contre sa poitrine, la moiteur de sa peau, l’écartement de ses cuisses… Il encadra brutalement le visage féminin, noya ses doigts dans les mèches acajou et observa attentivement la femme à qui il faisait l’amour. Il la rudoya légèrement, l’obligea à pointer le menton vers lui.  

 

— Tu n’as pas eu mal, n’est-ce pas ?  

 

Il posait la question, pourtant il connaissait la réponse.  

 

— Non, je n’ai rien senti, tenta-t-elle maladroitement de le rassurer.  

 

Ryô esquissa un petit sourire. Pensait-elle qu’un homme souhaitait entendre pareille remarque dans un tel moment ?  

 

— Je veux dire…  

— Chut, coupa-t-il court, soudain sérieux, voire même contrarié. Je sais ce que tu veux dire… Nous sommes dans un rêve Sugar. En ce moment, nous ne sommes pas en train de faire l’amour. Tu es endormie dans ton lit, je suis endormi dans mon lit. Ta vertu sera intacte à ton réveil demain matin.  

 

Les deux emmêlés s’observèrent sans bouger quelques instants. Une ombre gagna leurs fronts ; le nettoyeur osa un regard vers la Lune géante qui éclairait magnifiquement le sol de leur salon. Les rayons transfiguraient la femme qu’il pénétrait. Kaori était sublime ainsi auréolée ; le fruit de son imagination ? Son plus grand fantasme ?  

 

— Mais je ressens très nettement tout ce que tu me fais, précisa-t-elle avec quelque précipitation, soucieuse que son partenaire reprenne le cours de leur corps-à-corps.  

— Hum…, rauqua Ryô en la considérant à nouveau et en donnant un coup de rein brutal. Comme ça ?  

 

Elle écarquilla les yeux, expira difficilement, ce qui le fit sourire.  

 

— Moi aussi je te sens très bien, avoua-t-il avant de l’embrasser.  

 

Rassuré, le brun entama alors la danse sacrée. Il reprit ses immixtions avec enthousiasme, gémissant chaque fois qu’il s’enfonçait totalement en elle, heurtant leurs bassins à un rythme soutenu.  

 

Les mains de Kaori caressaient le rachis masculin, suivaient, impressionnées, le ballet de ses reins. Les sensations éclataient dans son ventre ; si différentes de ce que l’expert du sexe lui avait fait découvrir plus tôt. C’était plus sauvage, plus animal. La délicatesse n’était plus de mise, Ryô se révélait féroce, presque brutal et il ne cessait de l’investir avec plus de fougue. C’était étourdissant.  

 

La dextre autoritaire remonta plus haut la cuisse féminine, bien au-dessus de sa hanche et il profita de la nouvelle profondeur ainsi conquise. Il heurta Kaori. Il prit de la hauteur pour mieux contempler son œuvre. Chacune de ses pénétrations la faisait tanguer, faisait tanguer ses seins, imposait le rythme de sa respiration, crispait ses sourcils. Il grava en lui les détails explorés, les sensations bouleversantes dans son ventre, le plaisir qui enserrait sa queue. Il grimaça sous le feu du regard noisette qui le fixait, immensément troublé. Oui, le coït la troublait éperdument, tout transparaissait sur son minois expressif. Il baissa les yeux sur son corps et retrouva l’endroit précis où ils se rejoignaient. Cela semblait si réel ; se voir plonger en elle ; se fondre à elle ; résister au plaisir. Oui, résister au plaisir qui voulait gagner du terrain. Repousser, ne pas capituler. Il ne capitulerait jamais.  

 

— Tu aimes ? demanda-t-il au comble de l’excitation.  

 

Elle ne répondit rien, perdue dans les méandres d’un plaisir aussi intense que perturbant. La raison l’avait désertée. Elle serra ses cuisses instinctivement, contracta son périnée tandis que de fulgurantes décharges lui donnèrent l’impression de rendre son orgasme liquide. Et, tout en gémissant, elle crocheta la nuque de Ryô, l’attira contre elle, joignit leurs bouches dans un baiser essoufflé et déconcentré.  

 

Il ne fallut que quelques secondes pour qu’il la rejoigne dans le feu, s’abandonnant dans de longs spasmes libérateurs. Il ne quitta pas ses lèvres mais gronda dans sa bouche dans un mugissement sourd tout en lui empoignant des mèches de cheveux et en pesant sur elle de tout son poids.  

 

Que son corps à jamais soit empreint du mien !  

 

 

oOo
 

 

 

Ils étaient tous deux allongés côte à côte. La séparation de leurs corps avait été traumatisante. Traumatisante car l’affolement des sens n’était pas encore entièrement maîtrisé, l’orgasme avait laissé des traces… entre les cuisses, dans les consciences ; traumatisante car les regards délestés du désir s’étaient étreints, avaient insinué un peu de gêne, un peu de honte, beaucoup de doutes.  

 

— Alors c’est ça que tu vis auprès de toutes ces femmes ? remarqua-t-elle, acerbe, soucieuse de remettre de la distance entre eux.  

 

Il fronça les sourcils et se tourna vers elle. Elle avait replié sa cuisse, s’était recouverte de son bras gauche de telle sorte qu’il ne pouvait plus avoir accès à son territoire intime. Il tut sa frustration et se satisfit de sonder le profil qu’elle lui laissait admirer.  

 

— C’était très… instructif, prononça-t-elle péniblement, ayant compris que son partenaire ne brillerait pas par sa loquacité et craignant qu’il soit déjà la proie des regrets.  

 

Elle avala sa salive et le considéra enfin, le dévisagea avec une reconnaissance factice peinte sur le visage.  

 

— Merci Ryô. Merci d’avoir joué le jeu…, s’étrangla-t-elle à moitié.  

 

Il releva un sourcil de perplexité. Merci ? Elle était sérieuse ?  

 

— J’ai découvert et appris plein de choses, c’était…  

— Instructif, compléta le nettoyeur, jouant l’impassible.  

— Oui, oui… Instructif.  

 

Mais alors qu’elle s’apprêtait à quitter leur nid, qu’elle s’était à moitié relevée, il l’attrapa par les épaules et la força à se rallonger à ses côtés. Sans délicatesse, il la coucha et la surplomba, la scruta d’un regard courroucé.  

 

— Non mais t’es dingue ou quoi ? Notre rêve n’est pas encore terminé Kaori, ne précipite pas notre réveil.  

 

Et sans lui laisser le temps de la protestation, il se coucha à moitié sur elle, barra sa poitrine de son torse imposant. Il entremêla les doigts de sa main gauche à ceux de la nettoyeuse et étendit leurs bras sur le côté ; de son autre main, il empoigna la tignasse rousse et exposa le cou frêle pour le rendre accueillant ; il y nicha son visage. Instinctivement, Kaori referma son bras libre sur l’épaule virile.  

 

La jeune femme ne pipa mot, éblouie par la non-désertion de son partenaire, étonnée de n’être pas renvoyée illico presto dans ses pénates. Avait-il pensé chaque mot échangé ? On peut s’aimer en rêve, finalement ? Et cette tendresse qu’il consentait à partager avec elle, en était-il coutumier ? Après l’amour… ?  

 

— J’ten donnerai de l’instructif, baragouina-t-il légèrement dépité. Personnellement, j’ai trouvé ça lumineux !  

Lumineux ? releva-t-elle, interpellée. Hum, c’est l’effet de la Lune, assurément !  

 

Ryô gloussa de rire sur elle et abandonna quelques rafales de vent dans son cou, ce qui eut pour effet de la chatouiller. Elle contracta légèrement l’épaule habitée.  

 

Il garda les yeux ouverts et détailla la peau fine de sa gorge et inspira une grande bouffée.  

 

— Tu sens bon, reconnut-il.  

 

Elle répondit par une caresse profonde dans ses cheveux. Il grogna de plaisir.  

 

Ils restèrent enlacés et silencieux de longues minutes, appréciant l’apaisement qui suit l’orgasme. Le sommeil coulait ses bras invisibles autour du couple nettoyeur, les paupières s’alourdissaient, les souffles se régularisaient. Un nuage cotonneux les recouvrait désormais et invitait à l’abandon.  

 

Quand Ryô s’aperçut que la poitrine contemplée se soulevait lentement et profondément, il était déjà trop tard.  

 

— Kaori, appela-t-il en se relevant précipitamment. On doit parler, ne dors pas ! Ne t’endors pas !  

 

Il prit dans ses bras le corps nu et déjà engourdi de sommeil. Il la secoua doucement, prit son visage entre ses mains.  

 

— Kaori, on fait quoi demain matin au réveil ? Est-ce qu’il ne faudrait pas que tu te souviennes ? Que je me souvienne ? Qu’on décide ?  

 

Mais les paupières lourdes et plombées laissaient peu d’espoir. Le nettoyeur se retourna vers la fenêtre sans reposer celle avec laquelle il avait vécu l’étrange rêve. La lune régnait dans la voute céleste, elle rayonnait, étalait son pouvoir sans égal. C’était elle qui décidait, elle qui était en mesure de rendre le rêve réel le lendemain matin. Cette pensée pénétra le nettoyeur. Il en était convaincu. Un mot, une requête, un souhait et le rêve devenait réalité !  

 

— Je veux…, entama-t-il avec hésitation.  

 

La Lune avait frémi, lui prêtait une oreille attentive ; elle accorderait ses faveurs, ferait preuve de mansuétude.  

 

Ryô fut pourtant pris d’un doute monstrueux. Il se retourna vers le corps inerte qu’il serrait et qu’il avait aimé follement l’espace d’un rêve.  

 

— Putain, qu’est-ce que je veux ? éructa-t-il, hésitant.  

 

Il se retourna une nouvelle fois vers l’astre nocturne, les yeux embués, la langue brûlante, le souffle désordonné. Il gémit de dépit tandis que le renoncement l’emplissait peu à peu.  

 

— Putain, qu’est-ce que je veux ? répéta-t-il alors que la Lune perdait en intensité et que son diamètre diminuait vertigineusement.  

 

Il sentit le sommeil l’engourdir peu à peu, ses yeux piquaient, sa force l’abandonnait. Il dut se résoudre à reposer Kaori sur le sol. Il tenta de résister, de garder les yeux ouverts, obstinément posés sur le visage de sa partenaire, les bras tendus, encadrant le buste féminin.  

 

Un juron lui échappa lorsqu’il échoua sur elle. Et il s’endormit sur elle.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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