Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: A. Dust

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 6 chapitres

Publiée: 29-10-21

Mise à jour: 03-12-21

 

Commentaires: 17 reviews

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GeneralHumour

 

Résumé: Une jeune fille américaine, Jade Makimura se rend à Tokyo, espérant ainsi retrouver ses racines, à défaut de son histoire familiale. Que va-t-elle y découvrir ? (Une des suites possibles à la précédente fiction : La Lettre).

 

Disclaimer: Les personnages de "Racines" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

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Un fanfiction NC-17 est interdite aux moins de 18 ans. La violence est autorisée, et les scènes d'amour peuvent être descriptives. Le contenu peut être considéré comme strictement réservé à un public adulte. La façon de percevoir ce genr ...

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   Fanfiction :: Racines

 

Chapitre 3 :: Chapitre 3 : Le Moustique et l'Hirondelle

Publiée: 12-11-21 - Mise à jour: 12-11-21

Commentaires: Voici la suite, j’espère qu’elle vous plaira. En tous cas, elle devrait répondre à quelques unes de vos questions ;-)

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6


 

 

 

Comment tout ça avait pu aussi mal tourner ? Elle n'avait pourtant vraiment rien fait de mal ...  

Bah oui, quoi ? Ces types étaient bien en train de s'en prendre à un jeune garçon de même pas dix ans pour lui soutirer son argent de poche ... Il fallait bien que quelqu'un fasse quelque chose, non ?  

 

Toujours assise à l’arrière de la voiture de police, elle sentit la rage de l'impuissance, la colère de l'injustice commencer à faire bouillir son sang dans ses veines. Et puis, soudain, elle entendit dans ses pensées tourbillonnantes la voix de son Oncle Mick :  

- "Canalise et analyse, Crevette !"  

 

Elle devait reprendre ses esprits. Elle devait respirer calmement pour comprendre ce qu'elle avait fait de travers et comment elle pourrait s'en sortir.  

 

Elle essaya de recoller les morceaux épars de ces souvenirs mais c'était étrangement difficile et elle devait se concentrer pour tout remettre dans le bon ordre. Curieusement épuisée, elle avait l'impression d'être engluée dans le brouillard, les membres gourds, les jambes encore flottantes et parsemées de fourmis invisibles, les oreilles bourdonnantes de mouches obstinées, le souffle court, le cœur battant.  

 

Contre toute attente, le type étrange était assis sur le siège passager, faisant des yeux de merlan frit à la policière en uniforme, parlant sans discontinuer, courtisant, minaudant de façon ridicule mais ces paroles échangées avec la policière créaient une sorte de bruit de fond rassurant.  

 

Canalise et analyse.  

Canalise et analyse.  

Canalise et analyse.  

 

Jade soupira profondément, écoutant d'une demi-oreille le discours ennuyeux du type qu'elle catalogua rapidement comme un bellâtre baratineur, un vieux beau sur le retour qui draguait la minette.  

- "Maman, si tu voyais ça ... Il roucoule comme un pigeon !" Songea-t-elle en regardant par la fenêtre à sa droite. "Si tu voyais ça ... Pire que tonton …”  

 

Elle jeta un oeil vers le siège passager et prononça dans un murmure, en observant la danse nuptiale de l'homme redoutable transformé en pigeon roucoulant :  

- "Pire que tonton ..." se répéta-t-elle.  

 

Puis, elle se concentra, focalisant ses pensées sur quelque chose d'apaisant, la voix douce de son oncle en l'occurrence, sa voix grave quand il parlait dans sa langue maternelle et qui devenait un peu plus aiguë quand il parlait japonais avec son accent mélodieux qui ignorait les roulades des R.  

 

Canalise et analyse.  

Canalise et analyse.  

Canalise et analyse.  

 

Elle respira tranquillement, inspirant par le nez, expirant par la bouche. Elle observa les nuages blancs, petits paquets cotonneux qui se teintaient peu à peu de roses et de rouges du soleil couchant.  

 

Canalise et analyse.  

Canalise et analyse.  

Canalise et analyse.  

 

Elle murmura même une ou deux fois à l'arrière de la voiture :  

- "Canalise et analyse. Canalise et analyse."  

 

L'homme assis sur le siège passager s'interrompit brusquement et se retourna vers elle pour l'observer sans dire un mot.  

- "Qu'est-ce qu'il se passe ?" Demanda la policière, toujours concentrée sur la route.  

- "Non, rien." Répondit l'homme sans lâcher Jade du regard. "J'ai cru entendre notre prisonnière se plaindre."  

 

Jade eut envie de répliquer qu'elle n'était pas du genre à se plaindre mais la policière en uniforme parla à sa place, levant un index moralisateur :  

- "Alors, techniquement, ce n'est pas notre prisonnière. Nous ne sommes pas des bandits, quand même ! Elle est simplement en état d'arrestation pour le moment et tant que ..."  

 

Elle poursuivit son monologue légal et inintéressant pendant que Jade et l'homme se mesuraient du regard. Ce n'était pas la première fois ... Tout à l'heure dans la ruelle, il l'avait aussi sondée ainsi, comme si en plongeant ses yeux dans les siens, il pouvait lire en elle, deviner qui elle était, sans prononcer un mot. Cette fois, se sentant mal à l'aise sous ces yeux sombres et indescriptibles, Jade se recula brusquement sur sa banquette arrière, rompant ainsi le lien visuel qui s'était construit entre eux. Ce faisant, elle se fit mal aux poignets attachés dans son dos avec ces menottes dures et froides mais ne laissa rien paraître, se savant toujours observée par les yeux sombres et étranges.  

 

Détournant ostensiblement le regard vers la fenêtre, serrant les dents pour dissimuler sa douleur physique, elle ne remarqua pas le sourire léger qui étira imperceptiblement les lèvres de l'homme aux yeux sombres. Si elle l'avait remarqué, elle aurait reconnu le même sourire qu'il lui avait adressé quand il avait tendu son spray au poivre pendant qu'elle l'avait scruté, ne parvenant à bouger ni un doigt ni un orteil, pétrifiée de peur, de stupeur et de soulagement.  

 

Au bout de quelques secondes, comprenant qu'il ne trouverait pas les réponses à ses questions, l'homme se rassit normalement et reprit sa discussion avec la jeune femme en uniforme, redevenant volubile et enjoué.  

 

Jade, de son côté, se répétant encore le mantra d'Oncle Mick, les yeux perdus dans le paysage urbain qui défilait à toute allure, respira calmement. Elle réussit enfin à canaliser ses émotions et à analyser la situation. Elle se retrouvait dans cette voiture de patrouille car elle avait "refusé d'obtempérer" comme avait dit la policière en lui passant les menottes dans le dos.  

 

Mais, en y repensant, elle n'avait vraiment pas eu le choix : quand le flic lui avait demandé de décliner son identité, elle n'avait rien trouvé d'autre à faire de plus intelligent que de secouer la tête, tête dans laquelle la voix d'Oncle Mick avait résonné aussi clairement que s'il avait été à ses côtés :  

- "N'oublie pas que ton passeport est faux et que ton identité ici n'est pas la tienne. Aucun policier ne doit l'avoir en main, il faut minimiser les risques. Officiellement, Jade Makimura n'est jamais entrée sur le territoire nippon. Tu m'as bien compris ? Passer la frontière et présenter ce truc à un douanier est déjà un risque suffisant. OK, Crevette ?"  

 

Elle avait alors tenté d'éluder l'ordre du policier, rassemblant toute sa volonté pour ne pas paniquer :  

- "Vous avez entendu le pti gars, là ?" Avait-elle dit en souriant et en désignant le jeune garçon du menton : "Moi, j'ai aidé. C'est les autres là ..."  

- "Allez, ce n'est qu'une formalité. Veuillez décliner votre identité et présenter vos papiers, Mademoiselle."  

- "Mais puisqu'on vous a dit que j'avais aidé !"  

- "Ne compliquez pas les choses, vos papiers, s'il-vous plaît."  

 

Elle avait respiré calmement et tenté de s'exprimer de façon détachée afin de dissimuler sa gêne et son stress.  

- "Alors, attendez que je vous raconte ce qu'il s'est passé ... Tout a commencé quand j'ai entendu les autres, là. Au début, ils étaient cinq ... "  

 

Peine perdue. Le flic n'avait pas lâché l'affaire et avait essayé de l'interrompre mais Jade avait poursuivi, pensant à tort que l'ignorer pourrait peut-être encore noyer le poisson, ajustant les réglages des bretelles de son sac à dos :  

- "J'ai voulu faire une diversion, en fait, mais ça c'est pas vraiment passé comme prévu ... Vous ne me croirez jamais si je vous raconte ... D'abord, j'ai compris qu'ils étaient en train de racketter le garçon. A cinq contre un ! Ça vous aurait pas foutu les nerfs, dites ? Alors, j'ai improvisé ..."  

 

Tout en parlant, elle avait tenté de gagner discrètement le bout de la ruelle à moitié obstrué par la voiture de patrouille garée sur le trottoir mais, à chaque pas qu'elle faisait dans cette direction, le flic s'était mis sur son passage, l'entraînant dans une danse étrange :  

- "Oh là là, j'ai cru que j'allais jamais m'en sortir à un moment ... Bref ... Y'avait la Montagne, là ... Vous auriez dû le voir ... Franchement, j'avais jamais rencontré un type aussi énorme !"  

 

Elle s'était arrêtée, mise sur la pointe des pieds et avait levé le bras très haut au-dessus de sa tête :  

- "Au moins aussi grand que ça ... pis costaud, j'vous dis pas ! Au moins deux fois plus large que vous ... Ou trois ?"  

 

Elle avait regardé le flic, faisant mine de le mesurer tout en faisant un pas sur la droite :  

- "Non, deux ... Deux fois plus large que vous ... Z'êtes pas non plus une brindille, hein ! Enfin, bref, pardon ... je me perds souvent dans les détails ! Ma mère me dit toujours que je parle trop et sans réfléchir, héhéhé !"  

 

Elle s'était gratté l'arrière de la tête tout en faisant un pas sur la gauche pour éviter le flic qui se trouvait à nouveau sur sa route :  

- "Mais là, je crois que j'ai pas simplement parlé sans réfléchir, j'ai AGI sans réfléchir ! Et ça aurait pu vraiment-vraiment mal tourner ! Si j'avais su ... je vous jure sur tout-ce-que-vous-voulez que, la prochaine fois, je passe mon chemin et j'vous appelle direct !"  

 

Le policier l'avait interceptée, se postant entre elle et la lumière de la rue animée, tendant une main autoritaire devant lui :  

- "Allez, votre pièce d'identité, s'il-vous-plaît."  

 

Se sentant prise au piège cette fois, elle avait répliqué un peu trop fortement et un peu trop sèchement, retenant des larmes d'impuissance et de désespoir :  

- "Mais, je n'ai rien fait, moi !"  

- "S'il vous plaît." Avait alors demandé le flic tout en l'attrapant par le bras.  

- "Héééé ! Lâchez-moi, vous ! Puisque je vous dis que j'ai rien fait !" Elle avait failli ajouter : "Vous êtes sourd ou quoi ?" mais elle s'était mordu la langue pour ne pas prononcer ces mots qui auraient été inévitablement perçus comme une insulte.  

 

Quelques mètres plus loin, le baratineur avait brusquement suspendu son flot de paroles ineptes et la policière avait tourné le regard vers elle. Le flic avait lâché le bras de Jade et avait fusillé la jeune fille du regard. Exaspéré, il avait fait un effort visiblement considérable pour contrôler le volume de sa voix quand il avait prononcé :  

- "Contrôle de routine. C'est au cas où votre affaire aurait des répercussions par la suite."  

 

Jade s'était frotté le bras, plus par principe qu'à cause d'une éventuelle douleur :  

- "Quelles répercussions ?"  

- "Des représailles."  

- "Ah non, non, je vous promets que je ne chercherai pas d'embrouille, promis. J'ai eu ma dose vous savez." Avait-elle affirmé en tentant de fausser compagnie à tout le monde en tentant de contourner le flic une nouvelle fois.  

- "Non, je ne parle pas de représailles de votre part, Mademoiselle mais de la leur." Avait dit le policier en se remettant sur son chemin et en désignant du menton les deux gaillards qui commençaient lentement à émerger. "Ce genre de types en restent rarement là."  

- "Non, non, ne vous inquiétez pas, tout ira bien."  

 

Le policier lui avait barré le passage, faisant encore un pas vers elle, réduisant la distance entre eux à quelques centimètres, baissant le regard vers elle, la dominant de toute sa hauteur:  

- "Je répète, Mademoiselle, veuillez me présenter vos papiers d'identité."  

 

Elle avait alors à nouveau secoué la tête et la policière était venue en renfort, insistant lourdement, précisant d'un ton cassant que ce que Jade était en train de faire s'appelait : un refus d'obtempérer à un ordre ... d'un agent ... par ... et que c'était un délit ... et ce genre de choses que Jade n'avait pas très bien compris. Sa pratique de la langue japonaise ne couvrait pas cette gamme de vocabulaire légal et elle s'était mentalement bouchée les oreilles, espérant que le temps passerait plus vite. Ce qui n'avait pas été le cas, bien évidemment.  

 

Et d'un coup, elle avait senti des mains se saisir d'elle et lui joindre les poignets dans le dos. Elle avait entendu la voix de la policière énumérer derrière elle différentes choses que Jade n'avait pas vraiment saisies non plus alors que la panique commençait à la gagner.  

 

C'était à ce moment-là que son regard avait croisé celui de l'homme qui l'avait sauvée. Il venait de s'allumer nonchalamment une cigarette, et il l'avait toisée à travers les volutes bleutées de fumée, son mégot fiché entre ses lèvres et une main enfoncée dans la poche de sa veste délavée.  

 

L'odeur à la fois âpre et doucereuse du tabac brûlé avait attaqué la gorge de Jade et lui avait picoté les narines. Elle lui avait rappelé quelque chose de familier. En baissant un peu le regard vers ce que l'homme tenait dans sa main, elle avait reconnu le paquet alors qu'il le glissait dans la poche de son pantalon. Des Lucky Strike. Cet homme fumait aussi des Lucky Strike, les mêmes cigarettes que celles d'Oncle Mick.  

 

Curieusement, même si elle détestait profondément cette odeur de grillé, elle s'était sentie mieux. Pourtant, le visage de l'homme était resté parfaitement impassible. Ses yeux sombres étaient restés insondables. De loin, inspirant la fumée, il l'avait mesurée, l'observant froidement.  

 

Elle l'avait scruté, soutenant son regard, ne sachant comment comprendre cette attitude totalement à l'opposé de celle qu'il avait eu quelques instants auparavant, alors qu'il draguait ouvertement. Là, il était totalement différent.  

 

Son regard, insondable, était dérangeant mais aussi étrangement rassurant, presque réconfortant. Pendant tout le temps où ils s'étaient interrogés silencieusement, Jade s'était sentie mieux et elle avait réussi à repousser la panique. Elle était restée calme. Enfin presque. En tous cas, elle avait réussi à retenir son envie de pleurer d'impuissance, de crier à l'injustice, de se débattre, de tenter de prendre la fuite en courant ... Ce qui aurait bien évidemment aggravé encore sa situation pas très glorieuse.  

 

Elle et l'homme ne s'étaient pas quittés des yeux, même quand les officiers l'avaient menottée. Puis, leur lien s'était rompu brutalement quand Jade avait été dirigée vers la voiture de patrouille puis forcée à s'asseoir sur la banquette arrière. Elle avait alors entendu la policière appeler du renfort pour ramasser les deux types qui commençaient à reprendre leurs esprits et qui avaient tenté de se faire la malle. Mais ça avait été sans compter sur la rapidité surprenante de l'homme à la cigarette qui les avait interceptés avec une facilité parfaitement déconcertante.  

 

Derrière la vitre de la voiture, Jade n'avait même pas vu comment il avait fait, quelle prise il avait utilisée. Elle avait été très impressionnée par sa force et sa technique. Sobre. Efficace. Puissant. Rapide. Redoutable. Même les flics n’avaient rien remarqué tellement il avait fait vite. Puis, il s'était assuré que le policier maîtrisait la situation en l'aidant à menotter les deux lascars, en attendant les renforts certainement.  

 

Puis, à sa grande surprise, elle l'avait vu se diriger vers la voiture, ouvrir la portière passager en palabrant :  

- "Je suis certain que ma rédac en chef sera intéressée par la question. Je vous dis, c'est une idée du tonnerre !"  

- "Rédac en chef ..." Songea Jade. "Alors, il serait journaliste ? Bizarre ... un journaliste armé ... A moins qu'il enquête sur des sujets ultra sensibles ... Ouais, admettons ... Mais il ne ressemble pas du tout aux collègues de Tata. Bon ... on est dans un autre pays après tout ..."  

 

Pendant qu'elle réfléchissait tout en l'observant, il s'était assis, sans lui adresser un regard, tout absorbé qu'il était par la jolie fliquette :  

- "Montrer que les femmes sont tout à fait capables de tenir des postes traditionnellement occupés par des hommes, ça c'est un sujet qui fera vendre. Perso, je suis persuadé que vous les femmes, vous avez une capacité toute particulière pour régler autrement les problèmes."  

 

Jade n'en avait cru ni ses oreilles ni ses yeux quand la policière avait finalement souri en s'asseyant au volant :  

- "OK. Mais pas d'entourloupe. Et avant d'écrire quoi que ce soit, vous en parlez à mon supérieur hiérarchique, OK ?"  

- "Tout ce que vous voulez, ma Chère !" Avait répliqué l'homme avec un sourire plus chargé de sous-entendus. "Je reste à votre disposition selon votre convenance."  

 

La policière avait souri à nouveau, rougissant légèrement sous la visière de son képi. L'homme s'était calé confortablement dans son siège tout continuant sur la thématique des femmes qui assuraient, à l'image de "Mâââdame le Préfet de Pôôôlice" qui en plus d'être "bêêêlle et élégante" brillait par sa compétence et son efficacité, bla-bla, bla-bla, bla-bla-bla ... Et son babillage n'avait été interrompu qu'une seule fois, quand il s'était retourné vers elle pour la sonder à nouveau, comme quand ils étaient dans la ruelle.  

 

Perdue dans ses pensées, Jade laissa la ville défiler encore un peu sous ses yeux, jusqu'à ce que la voiture se stationne devant l'impressionnant bâtiment de la Préfecture de Police de Tokyo.  

- "Et meeeerde ! Carrément ! La préfecture ... Pas le poste de quartier ou le commissariat du coin de la rue ... La Préfecture ... Pourquoi pas tout de suite le tribunal, tant qu'on y est ..."  

 

En une fraction de seconde, elle songea au mail qu'elle enverrait si elle pouvait :  

 

De : Jade Makimura  

A : Maman  

 

Objet : Ne t'inquiète pas 2.0  

 

Coucou Maman !  

 

Alors, c'est fou mais tu ne devineras JAMAIS ce qui vient de m'arriver !!!  

Non, je n'ai pas rencontré Tsukasa Hojo ni le Dalaï Lama ...  

 

Non, non, mais je visite en dehors des quartiers touristiques et des sentiers battus ... Je vois une facette ... comment dire ? ... originale ... de cette ville et je t'avoue que je suis bien dépaysée.  

 

Je me suis bien amusée avec quelques copains. On a un peu trop chahuté mais je me suis éclatée et maintenant, je me fais ramener en voiture gratuitement. Je pense même que je passerais la nuit dans un endroit très peu connu des touristes lambdas, c'est absolument génial !  

 

Ne t'inquiète pas pour moi, je gère ! Mais ouaiiiiis !  

 

***  

Elle secoua la tête et murmura pour elle même quand la policière sortit de la voiture pour venir ouvrir sa portière :  

- "C'est fou ce que je gère, tiens ! Me voilà dans une belle merde."  

 

Le type se retourna à nouveau depuis le siège passager :  

- "Allez, Moustique, fais pas cette tête !"  

 

Puis, il lui sourit, comme si toute cette histoire n'était qu'une vaste comédie ou un nouveau jeu et il sortit nonchalamment de la voiture.  

 

La policière tint fermement Jade par les menottes pour l'inciter à gravir les quelques marches qui menaient à la porte d'entrée de la Préfecture de Police. Au moment de passer le sas de sécurité, Jade se retourna, espérant trouver le regard rassurant de l'homme étrange et éventuellement le saluer. Après tout, il avait beau être bizarre, il était peut-être un dragueur fini, il lui avait quand même sauvé la vie. Et elle ne l'avait même pas remercié.  

 

Elle pensa le trouver près de la voiture de patrouille, garée sur le parking officiel, en train de fumer et de la regarder de cette façon étrange. Mais non. Il n'y était pas. Le parking était vide, enfin presque, si ce n'était les quelques policiers en uniforme qui allaient et venaient. Elle fut poussée légèrement par la policière :  

- "Allez, on avance."  

 

Jade se dirigea vers la porte coulissante, se sentant soudain honteuse de ne pas avoir songé plus tôt à remercier cet homme. Qu'allait-il penser d'elle ? Une gamine mal élevée, voilà comment elle s'était comportée ! Une gamine égoïste et mal élevée ! Elle sentit son coeur se serrer de regret et de déception. Elle n'avait vraiment pas été à la hauteur, mais alors vraiment pas. Elle sentit une nouvelle fois des larmes monter dans sa gorge mais elle les retint en serrant très fort les mâchoires.  

 

Avant de passer définitivement la porte automatique, Jade voulut se retourner à nouveau mais la policière resserra sa prise sur ses menottes et la força à entrer. Jade garda la tête baissée pendant qu'elles passaient les différentes étapes de sécurité et les formalités diverses.  

 

Elle en était au point où un agent en uniforme était en train de faire l'inventaire des ses affaires personnelles :  

- "Un plan de la ville. Un téléphone portable. Une bouteille d'eau ... Un petit porte monnaie avec ... Dix-vingt-trente ... et Vingt ... et cinq ..."  

 

Pendant qu'il comptait méthodiquement, Jade soupira de soulagement en songeant que sa bombe au poivre se trouvait dans la poche du type étrange. Sa situation aurait certainement empiré si les flics avaient trouvé ça dans son sac ... Finalement, elle lui devait beaucoup et elle ne lui avait même pas adressé un mot de remerciement ... Elle s'en voulut encore plus.  

 

Elle fut tirée de ses pensées par la voix de l'agent qui terminait son décompte :  

- "... pour un total de six mille cinq cent trente yens. Pas de portefeuille, Mademoiselle ?"  

 

Jade secoua négativement la tête. Elle n'avait pas décroché un mot depuis qu'elle était sortie de la voiture. La policière laissa échapper, exaspérée :  

- "C'est bien ça le problème, Agent Seta Kijuro. C'est bien ça le problème ..."  

- "Oh, je vois ..." Seta Kijuro continua son inspection : "Pas de doublure cachée, pas de compartiment secret. Le reste me paraît réglo."  

 

Il fit glisser le tout dans un sac en plastique, le scella, fit signer Jade puis la policière et plaça le sac en plastique sur une des étagères qui se trouvaient derrière lui.  

- "C'est bon pour moi, vous pouvez emmenez la contrevenante."  

 

La policière prit Jade par le bras et la dirigea dans différentes salles, elles passèrent des couloirs mal éclairés, plusieurs portes de sécurité et, de temps à autres, la fliquette saluait des collègues. Jade restait silencieuse, passive, sachant pertinemment que se débattre ou tenter de résister ne servirait absolument à rien, si ce n'est à empirer sa situation, pas vraiment glorieuse. Au bout de leur pérégrination, elles s'arrêtèrent devant une dernière porte et Jade eut un mouvement de recul.  

 

La policière la poussa en avant :  

- "Bah oui, ma petite, quand on fait des bêtises, on se retrouve avec les vilains garçons ..."  

- "Mais puisque je vous dis que j'ai rien fait de mal !"  

 

Un agent se leva lourdement de sa chaise pour se précipiter afin d'ouvrir la lourde porte de barreaux. Ceci fait, il salua maladroitement la policière en touchant son képi, en profita pour le remettre droit et maintint la porte ouverte pour laisser passer les deux femmes. La policière poussa Jade en avant qui freina mais la policière la contraignit à avancer tout en lui expliquant :  

- "Refuser de décliner son identité est un délit, nous vous l'avons clairement expliqué, Mademoiselle. C'est vous qui vous entêtez à ne rien vouloir nous dire. Donnez-moi votre nom, prénom, date de naissance et les choses s'arrangeront toutes seules, vous verrez."  

 

Restant toujours bouche cousue, Jade tenta de se débattre alors que la prise de la policière sur ses poignets commençait lui faire mal et qu'elle tentait de lui faire franchir le pas de la porte tout en grommelant :  

- "Comme vous voulez. Mais sachez que ..."  

 

Elle fut interrompue brusquement par une voix enjouée :  

- "Ahhh, c'est là que vous vous cachiez ! Punaise, c'est un vrai labyrinthe ici ! J'ai cru que je ne vous retrouverais jamais !"  

 

Jade se retourna en même temps que la policière et elle n'en crut pas ses yeux : l'homme étrange qui lui avait sauvé la vie était debout devant elles, les mains enfoncées dans les poches de sa veste défraîchie, le regard pétillant d'espièglerie, un sourire malicieux aux lèvres.  

 

La flic se détendit soudain, desserrant un peu sa prise :  

- "Ah! Vous voilà !"  

- " Et oui ! Y'a tellement de portes blindées dans ce couloir ! Je me suis un peu ... égaré ..." Dit-il en se tournant vers la porte ouverte pour y lire : "Section B ... C'est quoi ?"  

- "Les cellules pour les petits criminels et délits mineurs." Répondit la policière.  

- "Ahhh ... me voilà rassuré. On n'est pas avec le grand banditisme." Déclara-t-il en faisant le tour du propriétaire, nonchalant et presque enthousiaste. "Quatre cellules vides ... Vous bossez pas tant que ça, finalement..."  

 

La policière mit une main sur la hanche et lui lança, moqueuse :  

- "Et alors, vous allez renoncer ?"  

- "Sachez que je ne renonce jamais, belle hirondelle !"  

- "Hirondelle ! C'est vraiment un terme que je n'avais pas entendu depuis que je suis gamine ..."  

- "Roooo ... n'allez pas ajouter que je suis vieux .... Vous me fendriez le coeur ..."  

 

Les mains toujours dans les poches, ne quittant pas son sourire, il s'approcha d'elles et se pencha vers la policière, tellement proche qu'ils se retrouvèrent littéralement nez à nez devant les yeux éberlués de Jade.  

 

La policière rougit fortement mais ne dit rien.  

- "Pourtant, moi je trouve qu'hirondellle, ça vous va bien ... c'est un oiseau élégant, efficace, qui ne s'arrête jamais .... et c'est un très joli oiseau ... très très joli même."  

 

La policière rougit encore plus mais ne répondit toujours pas. L'homme se redressa, ne la quittant pas des yeux :  

- "J'ai papoté avec votre supérieur. Y'a pas de problème, j'ai carte blanche."  

- "Oh ..." Réussit enfin à prononcer la fliquette.  

- "Et je vais continuer ma petite enquête, si vous le permettez."  

- " Heuuu ... Bien sûr ... Mais ! Hééé ! Mais qu'est-ce que vous faites !" S'exclama la policière en s'apercevant, ébahie que l'homme entrait lentement et nonchalamment dans la petite cellule.  

 

Il alla jusqu'au fond de la pièce toute en barreaux et en béton, se retourna et s'assit sur le banc, croisant les jambes, sûr de lui, les mains toujours enfoncées dans les poches :  

- "Ce que je fais ? Mais je mène l'enquête au plus près, très chère Hirondelle !"  

- "Quoi !"  

- "Oui, je veux voir comment sera traitée cette affaire, comment se vit une incarcération, comment tout ça se passe, quoi ... " Dit-il, les mains toujours dans les poches, dardant son regard espiègle et charmeur dans les prunelles brunes de la policière qui s'empourpra une nouvelle fois.  

 

La jeune femme hésita quelques secondes encore et poussa finalement Jade à entrer dans la cellule. Elle recula hors de la cellule en disant, les joues encore rougies, n'osant plus regarder l'homme dans les yeux :  

- "Comme vous voulez ... Si on vous a donné carte blanche, alors ..."  

 

Le gardien qui se tenait toujours devant la grille se racla la gorge et la policière sembla soudain se reconnecter à la réalité. Elle lissa son uniforme, tira sur les pans de sa veste, redressa son col et tourna les talons, visiblement raide et mal à l'aise, sous le regard réprobateur du gardien. Puis, ce dernier referma la grille à clé et s'adressa d'une voix douce à Jade :  

- "Approchez-vous et tournez vous, que je vous débarrasse des menottes."  

 

La jeune fille se posta, tel un automate, dos à la grille pour que l'agent déverrouille ses liens de métal. Quand ce fut fait, l'homme dans le fond l'interpella d'une voix chaude :  

- "Hep, jolie hirondelle, vous terminez quand ?"  

- "Je vous demande pardon ?" Demanda la policière en se retournant vivement alors qu'elle allait franchir la porte blindée et quand elle croisa le regard de l'homme du fond de la cellule, elle rougit à nouveau.  

 

Jade, qui n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles, soupira bruyamment en levant les yeux au ciel. Cependant, personne ne prêta attention à elle et l'homme répéta :  

- "Alors, vous terminez quand ?"  

- "Demain matin ...."  

- "Oh ... ça vous dit un petit déj ?"  

- "Heuu ... Je ... Avec vous ?"  

- "Bah oui, hein, pas avec votre collègue ... Il est pas ... comment dire ... enfin bref ... voyez ce que je veux dire !" Dit l'homme en clignant de son œil droit.  

 

Le gardien se tourna vers lui, fit mine de dire quelque chose mais, en avisant la couleur des joues de la policière, il se renfrogna, enfonça les mains dans ses poches et s'en retourna à son bureau, les épaules basses et le pas traînant.  

 

Comme la policière, rougissante et hésitante ne lui répondait toujours pas, le type de la cellule conclut en croisant les jambes dans l'autre sens :  

- "Parfait ... je vous attends là alors ... Vous saurez où me trouver! " Il ponctua sa dernière réplique par un nouveau clin d'œil évocateur avant d'ajouter, en désignant Jade du menton : "Et j'arriverai peut-être à tirer quelque chose de la demoiselle muette-là ..."  

- "J'vous dirai rien !" s'exclama Jade.  

 

L'homme éclata de rire et cala son dos contre les barreaux :  

- "Bah, on verra ça, Moustique !"  

- "Je suis pas un Moustique !"  

- "Tsss, tsss, tsss ... Bah tu vois que tu viens de me dire quelque chose !" Répliqua-t-il, sans se départir de son sourire moqueur.  

 

 

 


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