Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: A. Dust

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 6 chapitres

Publiée: 29-10-21

Mise à jour: 03-12-21

 

Commentaires: 17 reviews

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GeneralHumour

 

Résumé: Une jeune fille américaine, Jade Makimura se rend à Tokyo, espérant ainsi retrouver ses racines, à défaut de son histoire familiale. Que va-t-elle y découvrir ? (Une des suites possibles à la précédente fiction : La Lettre).

 

Disclaimer: Les personnages de "Racines" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Racines

 

Chapitre 5 :: Chapitre 5 : Un Moustique et un Pigeon dans une cage

Publiée: 26-11-21 - Mise à jour: 26-11-21

Commentaires: Bonjour à toutes et tous !!!
J'espère que cet avant-dernier chapitre satisfera les impatientes ^^ ! Merci pour vos commentaires ! ça fait vraiment plaisir de se savoir lue !
A bientôt et bonne lecture.
Angel

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6


 

Chapitre 5 : Un Moustique et un Pigeon dans une cage  

 

Après un moment de silence gêné, la jeune fille se força à rire :  

- "Veiller sur moi ? N'importe quoi ! Je vous ai rien demandé, je vous signale ! Et, là maintenant, je vais vous dire, ce n'est pas d'un vieux armé d'un gros flingue, dragueur et dur de la feuille dont j'ai besoin !"  

 

Le type se tourna brusquement vers elle, abasourdi, la bouche ouverte pour répliquer à l'insolence mais Jade poursuivit sans se laisser interrompre, énumérant sur ses doigts :  

- "Les méchants se sont faits choper par les flics et ceux qui ont réussi à s'enfuir sont mal en point ... alors, franchement, je ne vois vraiment pas de quoi ou de qui, il faudrait me protéger. Et d'ailleurs ..." Elle se tourna d'un bloc vers l'homme et ouvrit le pan de sa veste d'un coup sec, révélant ainsi son arme rangée dans son holster. "Je m'en doutais ! Vous avez fait comment pour entrer ici armé, hein ?"  

 

L'homme écarquilla les yeux et rabattit prestement l'ouverture de sa veste en pestant :  

- "Nan mais ça va pas la tête ! Crie-le encore plus fort, comme ça tu seras sûre que l'autre dindon entend bien ..."  

 

Jade se plaqua les deux mains sur la bouche avant de prononcer doucement :  

- "Pardon ... Je ... Je parle souvent trop vite ..."  

- "Ouais, bah, c'est un coup à ce que je me retrouve troué comme une passoire, tiens ..." bougonna-t-il en jetant un œil vers le bureau du vigile.  

 

Cependant, aucun bruit ne lui parvint hormis celui d'un vague brouhaha légèrement grésillant :  

- "On a du bol, il doit être en train de regarder un film sur son téléphone. Tu as de la chance, toi ..." Dit-il en pointant son doigt sur le nez de la jeune fille, le regard courroucé : "Il s'en est fallu de peu que toute cette histoire parte en vrille ..."  

 

Ignorant la dernière remarque, la jeune fille lui adressait maintenant un regard étrange, presque admiratif alors qu'il s'adossait à nouveau contre les barreaux, serrant sa veste autour de lui. Sentant les yeux de la jeune fille braqués sur lui, il se tourna pour la dévisager, intrigué par ce changement d'attitude :  

- "Qu'est-ce que tu regardes comme ça, Moustique ?"  

- "Vous avez fait comment ?"  

- "Comment quoi ?"  

- "Vous avez fait comment pour passer le contrôle de sécurité avec votre arme ? Ohhh, je sais ! Vous avez demandé à la personne d'en haut qui vous a autorisé à venir ici ?"  

 

L'homme éclata de rire :  

- "Je n'ai aucune autorisation … Ni d’en haut, ni d’en bas, ni de nulle part ! Mais les personnes concernées le croient, c'est bien suffisant."  

- "Haaaaan ! Mais ... Alors ? Comment avez- vous fait ?"  

 

L'homme sourit et lissa crânement les plis de sa veste délavée :  

- "Héhéhé, j'ai mes ... comment dire ? Mes petites techniques personnelles ..."  

 

Les épaules de la jeune fille s'affaissèrent brusquement :  

- "Oh, non, ne me dites pas que vous avez encore dragué ? Vous avez sorti quel genre d'âneries pour que ça marche, cette fois ? Que vous étiez une sorte de James Bond ou je ne sais quoi ?"  

- "Pfff, mais non ! Plus simple que ça !" Répondit-il en riant.  

- "Ah oui ?"  

- "Oui."  

- "Et c'est quoi ?"  

- "On va dire que j'ai mes petites entrées ..."  

- "Hein ?"  

- "Oui, j'ai mes petits secrets pour entrer ici en douce. Ce qui me permet de garder ça." Dit-il en tapotant sur son holster à travers sa veste délavée.  

- "Vous avez l'habitude de venir ... En douce ... à la Préfecture de Police ?" Anona Jade, abasourdie.  

- "Yep, Mamz'elle Moustique."  

- "Vous êtes flic ?" Demanda Jade avant de répondre elle-même à sa question : "Non, vous l'auriez tout simplement dit aux agents qui m'ont arrêtée ... un ancien flic alors ?"  

- "Pas vraiment. Mais j'en connais, oui."  

 

Les yeux de Jade s'arrondirent soudain d'effroi et elle murmura :  

- "Un yakuza ... Vous êtes un yakuza ou un tueur à gage des yakuzas et vous balancez discretos des infos au flics !"  

 

L'homme éclata de rire :  

- "Meuuuh non ! Franchement, j'ai l'air d'un yakuza ?"  

- "J'en sais rien ... Je connais pas beaucoup de yakuzas pour être tout à fait franche donc je ne sais pas vraiment à quoi ça ressemble."  

 

L'homme sourit :  

- "Me voilà rassuré, toi non plus tu n'es pas un yakuza ou une héritière d'Obayun."  

 

Jade ignora la remarque et poursuivit :  

- "Un homme de main de la mafia, genre celui qui nettoie les trucs pas clairs ?"  

- "C'est un peu la même chose qu'un yakuza, ça, non ?"  

- "Si ..." Elle inclina la tête, tapotant son index sur ses lèvres pour l'aider à réfléchir. "Alors un flic infiltré ?"  

- "Non plus ..."  

 

Elle se redressa soudain, un sourire éclatant aux lèvres :  

- "Un privé et vous bossez pour les flics ?"  

- "Un peu ... On va dire que je suis un peu tout ça à la fois ... Ça te va ?"  

- "Non."  

- "Ah ..." L'homme fit mine de réfléchir et demanda simplement : "C'est important ?"  

 

Elle le scruta quelques instants avant de répondre :  

- "Non. Suis juste curieuse."  

- "Je vois ça." Répondit-il simplement, ne laissant rien paraître.  

 

Devant le visage impassible de l'homme et comprenant qu'elle n'aurait pas plus d'explications pour le moment, Jade reprit le cours initial de la conversation :  

- "Et donc, vous avez vos entrées ?"  

- "Yep, Mam'zelle Moustique ... Une petite porte arrière dont la caméra de surveillance est légèrement ... on va dire ... défaillante et je crois que plus personne n'envisage de la réparer depuis quelques années."  

- "Quoi ?" Demanda Jade, abasourdie.  

 

L'homme sourit, de ce petit sourire énigmatique et singulier, qui, aux yeux de Jade paraissait étrangement rassurant tout en ayant quelque chose de familièrement perturbant :  

- "Oui, enfin voilà, tu sais, y'en a même qui disent que cette porte est hantée et qu'un esprit viendrait casser régulièrement la caméra de surveillance ... Marrant, non ?"  

- "Vous ..."  

- "Oh, c'est bon, fais pas ta Miss Rabat-Joie de nouveau ... Ce n'est qu'une caméra de surveillance, ce n'est pas comme si je flinguais un flic à chaque fois ... je ne malmène même pas une souris !" Continua-t-il, visiblement fâché.  

- "Non mais c'est pas ça ... j'm'en fiche de votre caméra !" Répliqua Jade d'un ton excédé.  

 

L'homme fit les yeux ronds :  

- "Bon, bah alors ... Pourquoi tu fais cette tête, Moustique ?"  

 

Jade ferma les yeux pendant deux secondes, respira profondément pour reprendre calmement :  

- "Vous connaissez une porte non surveillée ?"  

- "Oui ..." Murmura-t-il en pianotant orgueilleusement des doigts de sa main droite sur son genou. "Je connais une petite chose de cet acabit ..."  

- "Vous connaissez une porte non surveillée qui vous permet d'entrer dans la Préfecture de Police sans être repéré."  

- "Oui ..." Poursuivit-il sur le même ton légèrement arrogant. "Décidément, tu comprends vite ..."  

- "Vous connaissez une porte non surveillée qui vous permet d'entrer ou éventuellement de sortir de la Préfecture de Police sans être repéré."  

- "Oui, effectivement ..." Répondit l'homme avant de se figer et de se tourner vers elle : "Ohhhhh ... Tu voudrais que je te la montre ?"  

- "Ahhh ... vous comprenez vite !"  

- "Très drôle Moustique !"  

- "Vous feriez ça ? Vous pourriez m'y emmener ?"  

- "Evidemment."  

- "Super !" S'exclama Jade en se dressant sur ses pieds vivement. "On y va ?"  

 

L'homme resta assis, la dévisageant, stupéfait :  

- "Et tu comptes faire comment ?"  

- "Bah vous me montrerez le chemin ?"  

- "Et on rétrécit pour passer à travers les barreaux et sortir de cette cage, on endort le gros type là-bas en lui jetant un sort et on enfile une cape d'invisibilité pour ne pas apparaître sur les caméras de surveillance et pour pouvoir se balader tranquillement dans les couloirs ?"  

 

Jade le regarda et réalisa l'incohérence de cette possibilité. Les barreaux, la grille verrouillée, le gardien, la porte blindée, les couloirs ... Autant d'obstacles difficilement franchissables.  

 

Lentement, silencieusement, elle se rassit précautionneusement sur le banc de béton, regardant droit devant elle. Après avoir pris une grande inspiration, elle prononça d'une voix étrangement calme, un sourire au coin des lèvres :  

- "J'y crois pas ..."  

- "Hummm ?"  

- "Un privé de soixante piges qui a lu Harry Potter ..."  

 

L'homme se racla la gorge :  

- "Je vois absolument pas de quoi tu parles ... Et j'ai pas encore soixante ans, hein ..."  

- "Mouais, je vais vous croire, tiens ..." Puis elle soupira profondément et plaisanta : "J'aurais plutôt besoin d'un bon génie dans une lampe et un tapis volant si vous voulez mon avis ... Z'auriez pas ça sous le coude ou planqué dans une de vos poches, par hasard ?"  

 

L'homme sourit, fouilla dans ses poches, en sortit de manière théatrâle une petite boîte de cartouches, son paquet de cigarettes, un briquet noir et anonyme, deux clés accrochées par un simple anneau et sa bombe au poivre :  

- "Au fait, ça t'appartient. C'est presque vide par contre. Tu les as pas loupés ..." Dit-il en riant puis, il tapota son holster à travers sa veste : "Tu comprendras que je garde cette petite chose à sa place, n'est-ce pas ?"  

 

Elle remit précautionneusement le petit spray dans la poche de son jean puis hocha la tête en souriant, amusée que l'homme ait joué le jeu :  

- "Vraiment pas de truc qui nous permettrait de nous envoler ? Genre un tapis volant, un mini avion, un drone ou ...."  

 

L'homme remit ses affaires dans ses poches et répondit d'un ton un peu sec, presque nerveux :  

- "Compte pas sur moi pour tout ce qui vole, ma grande."  

- "Pourquoi ça ?"  

- "Heuuu ... Pour rien ..."  

 

Elle se tourna vers lui et le scruta alors qu'il restait immobile, les bras à nouveau croisés sur sa monumentale poitrine, les yeux tournés vers le mur, la bouche pincée.  

- "Z'aimez pas Aladin et les tapis volants c'est ça ?"  

- "M'en fous des frotteurs de lampes et des carpets ..."  

 

Elle le scruta encore quelques instants en silence puis elle éclata de rire en le pointant du doigt :  

- "Je sais ! J'ai compris !"  

- "Pfff ... T'as rien compris du tout, Moustique !"  

- "Si ... J'ai compris !"  

- "Ah oui, et t'as compris quoi ?" Dit-il en se tournant d'un coup vers elle.  

 

Elle suspendit son rire et plongea son regard dans le sien :  

- "Vous êtes comme la mère de ma copine Wendy ... Elle aussi devient verte rien qu'en entendant le mot avion."  

- "Je te demande pardon ?"  

- "Yes ... For sur ..." murmura-t-elle en plissant les yeux devant l'expression outrée du type qui, pour une raison inexpliquée, n'en menait pas large tout d'un coup, ses joues ayant pris une étrange couleur olive.  

 

Elle ajouta dans un souffle :  

- "Z'avez la trouille ..."  

 

L'homme se racla la gorge :  

- "J'ai peur de rien."  

- "Même pas vrai."  

- "Je sais de quoi vous avez peur ..." Elle se pencha encore plus vers lui, observant les moindres détails du visage de l'homme : "Vous avez peur des avions ..."  

- "Non."  

- "Si ..."  

- "Et je parie que vous n'êtes jamais monté dans un avion ..."  

 

Il tiqua, détourna le regard et se redressa, pointant un index vers le ciel :  

- "Ah, si, Mademoiselle Moustique, ça je me suis déjà assis dans ces machines de la mort ..."  

 

Jade sursauta et s'écria, tapant les mains l'une contre l'autre :  

- "Ahhhhh ! Je le savais ! Vous avez peur de voler en avion ! Vous les avez appelé Machines de la Mort ... C'est que ça vous fiche une trouille bleue !"  

- "Alors, techniquement, je ne sais pas si c'est vraiment ce que je définirai comme de la trouille, vois-tu ... ça serait plutôt une sorte d'instinct de survie ou de méfiance instinctive de ..."  

 

Il fut interrompu par de grands éclats de rire. Jade était hilare :  

- "Ca, c'est la meilleure pour un Mister Dove !"  

- "Un quoi ? Un Mister Love ? Je vois pas le rapport entre ces engins détestables et ignobles, bruyants, dangereux, incontrôlables ... et mes talents en matière d'amour ... D'ailleurs, jeune fille ..." Ajouta-il en se tournant vers elle, arborant une mine un peu choquée.  

 

Jade l'interrompit de nouveau, précisant :  

- "Un Mister Dove, pas Mister Love ! Mister Dove, avec un D comme dragon... C'est comme un pigeon, vous savez ? C'est les tout blancs, là ... ceux qui roucoulent en se pavanant, ceux des magiciens voyez ... Je ne sais pas comment vous les appelez ici."  

 

Ce fut au tour de l'homme de s'étrangler et son visage reprit soudain une surprenante teinte rosée alors que ses sourcils se fronçaient fortement. Il pointa un index menaçant devant le nez de la jeune fille qui loucha dessus :  

- "Hé Mam'zelle Moustique, j'te permets pas, hein ! Je suis pas une colombe ou une tourterelle ou un pigeonneau, OK ? Je suis un étalon, moi, pas un zozio !"  

- "Un quoi ? Un étalon ?" Jade rit encore plus fort. "Non mais c'est quoi ces comparaisons misogynes et démodées ? Un étalon ! Hahahahaha ! Mais qu'est-ce qui ne faut pas entendre !"  

 

Jade riait à en avoir mal aux joues et au ventre. Des larmes de joie coulèrent sur ses joues alors que l'homme croisait les bras, vexé, regardant de l'autre côté vers le mur en béton, maugréant :  

- "Bah c'est toujours mieux qu'un Dove ou une tourterelle quelconque ... Suis quand même pas un pigeon, faut pas délirer, là ..."  

- "Ah que si ! Vous auriez dû vous voir, tout à l'heure, avec votre jolie fliquette ! Vous roucouliez ..." Elle bomba le torse, relevant le menton et le singea, forçant sa voix pour la rendre plus grave : "Hep, jolie hirondelle, vous terminez quand ? Ça vous dit un petit déj ?” Ou alors ... “Je reste à votre disposition selon votre convenance. Rourou ! Rourou !” Sérieux, y'a des nanas qui se laissent avoir par ce genre de bobards ?"  

- "C'est pas des bobards ..." Répliqua l'homme toujours immobile.  

- "Ah bon ? C'est quoi alors ?"  

- "C'est juste une façon agréable de dire ce qu'elles ont envie d'entendre ..."  

- "Ouais, c'est la définition exacte de bobards, en gros ..."  

- "Peut-être mais ça marche." Il bougea enfin, étendant les jambes et, en passant les bras derrière la nuque, il ajouta, éminemment satisfait : "J'ai un rencard demain matin !"  

- "Moi, ce que je vois, c'est que vous jouez avec les sentiments de cette femme."  

- "Mais non."  

- "Mais si. Elle va tomber amoureuse de vous alors que vous lui mentez. Qu'est-ce qu'il va se passer quand elle découvrira que vous n'êtes absolument pas journaliste et que vous vous êtes payé sa tête."  

 

L'homme soupira :  

- "Rooo, t'es vraiment une Miss Sainte Nitouche Rabat-Joie, Moustique ! On a bien le droit de s'amuser un peu, non ? Pis, elle s'en remettra je pense ..."  

- "On ne peut pas jouer ainsi avec les sentiments des gens. On fait pas n'importe quoi avec l'amour ..."  

 

Ryo éclata de rire :  

- "Dis-donc, Moustique, tu en sais des choses sur l'amour pour ton âge ... "  

- "L'âge n'a rien à voir. C'est pas ça qui est important !"  

- "Pas d'acc. Mais bon, ça c'est parce que tu n'as même pas encore vingt ans. Attends quand tu auras passé les trente."  

- "Pfff ..."  

- "Si, je t'assure qu'entre une Miss Mokkori de vingt ans et une Miss Mokkori de quarante-cinq ... bah y'en a une qui n'en est plus une, si tu vois ce que je veux dire."  

 

Jade le foudroya du regard :  

- "C'est quoi cette expression ridicule ... Miss Mokkori ?"  

- "Oui, c'est quand une fille est ... mokkori ... Mais bon, t'es peut-être un peu trop jeune pour comprendre ce genre de choses."  

- "Trop jeune pour comprendre que vous préférez les jeunes filles aux vieilles biques ? Bah, c'est nul, je vais vous dire ! Ma maman était mannequin, elle a fêté ses cinquante ans et je peux vous dire qu'elle est encore magnifique !"  

 

L'homme la regarda intensément pendant quelques secondes jusqu'à ce que Jade, à la fois gênée et horripilée lance :  

- "Me regardez pas comme ça, c'est hors de question. Jamais je ne vous présenterai ma mère."  

 

L'homme sourit puis détourna le regard, croisant à nouveau les bras sur sa poitrine et resta silencieux. Étonnée par sa réaction, Jade reprit mais d'une voix douce cette fois :  

- "N'empêche, c'est pas correct."  

 

L'homme ne répondit toujours pas, restant parfaitement immobile, perdu dans d'insaisissables et inaccessibles pensées. Presque pour elle seule, la jeune fille murmura :  

- "J'ai l'impression de voir mon oncle."  

 

Il demanda dans un souffle :  

- "Ton oncle ?"  

- "Mouais ... il est tout le temps en train de baratiner les nanas à la maison."  

- "A la maison ?"  

- "A New York."  

- "Tiens, tiens, tiens, une Américaine ... Pourtant, tu n'as pas d'accent ..."  

- "Ma mère est japonaise. Mon père aussi. Mais je suis née à New York. Mon oncle aussi est américain mais il a vécu ici, à Tokyo. Son ex-femme est japonaise, d'ailleurs."  

- "Ton oncle ? Le frère de ta mère ?"  

- "Non. En fait, on a aucun lien de parenté. Il était simplement très ami avec mon père apparemment."  

- "C'est lui qui t'a appris à te battre ?"  

 

Jade se tourna vers l'homme mais ne parvint pas à croiser son regard alors qu'il se tenait toujours immobile, le dos appuyé contre les barreaux, les jambes étendues devant lui, les mains dans les poches et les yeux perdus vers le plafond.  

- "Oui. C'est lui. Comment vous savez ça ?"  

- "Une intuition."  

- "Ah ... OK ... Le truc, c'est que je ne sais même pas vraiment comment ils se sont rencontrés, lui et ma mère. Mais il dit l'aimer comme une sœur."  

- "Il dit ?"  

- "Ouais ... je pense qu'il s'est passé quelque chose entre eux il y a longtemps mais ils ne me l'ont jamais avoué."  

 

Elle ne remarqua pas la réaction de l'homme. Pour elle qui ne le connaissait que depuis quelques heures seulement, elle ne perçut ni sa mâchoire qui se crispait graduellement, ni ses sourcils qui se fronçaient légèrement plus qu'à l'accoutumée ni ses épaules qui s'étaient momentanément nouées. Non. Elle ne vit pas tout ça. Un œil plus expert en la matière l'aurait très certainement remarqué mais la seule personne capable de lire ce genre d'indices ne se trouvait pas avec eux.  

 

La jeune fille poursuivit, rejetant la tête en arrière, regardant le même point sur le plafond que l'homme assis à ses côtés :  

- "De toutes façons, je le soupçonne d'être encore très attaché à son ex-femme et ma mère ..." Elle soupira : "... Ma mère, elle, elle repousse systématiquement tous les hommes qui s'approchent un peu trop près. Elle ne m'en a présenté qu'un seul en plus de quinze ans. C'est pour dire."  

 

Le cœur de Jade se serra un peu à l'évocation de son oncle et de sa mère. Le premier devait s'inquiéter comme pas possible, réalisant qu'elle n'était pas au rendez-vous qu'ils s'étaient fixés. Appellerait-il sa mère ? Comment allait-elle réagir ?  

 

Jade sentit alors des larmes lui monter dans la gorge en imaginant le regard que lui jetterait sa maman quand elle la reverrait. Si elle la revoyait un jour ... Déjà qu'elle était partie sans lui dire quoique ce soit mais en plus, elle terminait son voyage dans une cellule, avec un type étrange, menteur comme pas deux ...  

- "Et ton père dans tout ça ?" Demanda l'homme au bout d'un instant de silence que Jade apprécia, songeant, à tort, qu'il respectait ainsi son émotion.  

 

Si elle l'avait vraiment regardé à cet instant, elle aurait vu qu'il tentait simplement de maîtriser les siennes.  

- "Je ne le connais pas." Murmura-t-elle.  

- "Oh."  

- "Quoi : Oh ? N'allez pas vous imaginer que ma mère est une femme de mauvaise vie ou je ne sais quoi encore ! Elle a aimé mon père, ça, j'en suis sûre !"  

- "Je n'ai pas dit le contraire. Je n'y avais même pas songé !"  

 

Jade baissa la tête, triturant un peu ses doigts, étrangement nerveuse tout d'un coup. Elle n'avait quasiment jamais parlé de son père, que ce soit avec sa mère dont le visage se fermait à chaque fois qu'elle essayait d'aborder le sujet, ou avec son oncle qui répétait inlassablement que ce n'était pas à lui de lui raconter cette histoire ...  

 

Et là, elle ouvrait brutalement son coeur à un inconnu :  

- "Tout ce que je sais c'est qu'il est japonais. Il travaillait avec le frère de maman quand il était policier. Ma mère m'a dit qu'ils ont tous les deux été tués dans l'exercice de leurs fonctions mais j'ai découvert il y a peu que c'était un mensonge et comme elle refuse d'en parler, je n'en sais pas plus."  

- "Oh ..."  

- "Alors je suis venue ici pour trouver ... je ne sais pas moi ... des réponses ..." Elle appuya ses coudes sur ses genoux et continua : "Je voulais voir les rues que ma mère a arpentées, peut-être même en compagnie de mon père, les parcs et les magasins, les gens, les restaurants ... je sais que ça ne m'apprendra rien de plus sur mon père mais au moins j'aurais trouvé ... je ne sais pas ..."  

- "Tes racines ..." Suggéra l'homme.  

 

Elle se tourna vers lui alors que lui regardait toujours inlassablement le plafond :  

- "Ouais ... ça doit être ça ... mes racines ..."  

- "Moi non plus, je ne connais pas mon père ..." répondit l'homme de but en blanc.  

- "Oh !"  

- "Je n'ai pas connu ma vraie famille. Que ce soit mon père ou ma mère ou tout ce qui va avec. Je ne connais même pas mon véritable nom. Celui qu'on m'a donné à ma naissance. "  

- "Oh ... Je suis désolée."  

- "C'est pas grave. Tu ne pouvais pas savoir."  

- "Comment c'est arrivé ?"  

- "Un accident. Enfin, je pense. Je n'en sais rien, en fait."  

- "Ah bon ?"  

- "Oui. Tout ce que je sais de source sûre c'est que je me suis retrouvé à l'autre bout du monde, que j'ai été recueilli et élevé par des gens peu recommandables mais qui ont fait ce qu'ils ont pu et qui m'ont aimé à leur manière. C'est seulement à l'âge adulte que je suis arrivé ici. Une sorte de retour aux sources en quelque sorte."  

- "Un peu comme moi alors ?"  

 

Il ne se tourna toujours pas vers elle mais lui dit doucement, regardant toujours un point sur le plafond :  

- "Oui, un peu comme toi, je suppose."  

 

Au bout d'un instant de silence, Jade osa demander :  

- "Dites, comment on fait ? Comment on fait pour grandir quand on ne sait pas d'où on vient ? Quand on ne sait pas qui on est ?"  

 

L'homme soupira avant de murmurer :  

- "Comme tout le monde, je dirais. On fait comme on peut. Et tu sais quoi ?" Ils se tournèrent l'un vers l'autre et leur regard s'accrochèrent enfin : "Le plus important, ce n'est pas d'où tu viens. Mais c'est où tu vas. Et avec qui tu y vas. C'est ça, ce qui compte le plus."  

 

Ils restèrent silencieux un instant, l'un surpris de s'être laissé aller à se découvrir autant, l'autre décontenancée de trouver une réponse qu'elle n'avait même pas envisagée.  

- "Enfin, c'est ce que j'en pense. Tu en fais ce que tu veux après tout. Je ne suis qu'un vieux briscard armé d'un gros flingue, dragueur et dur de la feuille ..." Conclut-il en souriant.  

- "Je ..."  

 

Il leva la main pour l'interrompre :  

- "Non, c'est bon. Ce n'est pas blessant puisque c'est vrai. A par que j'entends très bien ... et le coup du pigeon, hein ..."  

 

Elle rougit de honte et il éclata de rire avant de lui tendre la main :  

- "Ryo Saeba. Enchanté, Mademoiselle Moustique."  

- "Enchanté, Monsieur Saeba mais je ne suis pas un moustique, je m'appelle ..."  

- "Chuuuut !" Souffla-t-il en posant un doigt sur la bouche de la jeune fille.  

- "Non, c'est pas correct ... Je vous dois la vérité quand même !"  

- "Tu ne me dois rien du tout, Mademoiselle Moustique."  

 

Elle inclina la tête et le dévisagea, sévère. Il soupira :  

- "Bon alors, juste ton prénom, Mademoiselle Moustique ... Que je n'aie pas à mentir si les forces de l'ordre me questionnent." Et il ponctua sa réplique d'un clin d'œil complice.  

 

Elle leva les yeux au ciel mais serra ensuite la main tendue en la secouant de bon coeur :  

- "Jade. Je m'appelle Jade."  

- "Joli prénom ... mais je préfère Mademoiselle Moustique ..." rit-il tout en lui faisant un clin d'oeil espiègle.  

- "Ok. Alors, si je reste un moustique, vous, vous resterez Monsieur Pigeon, Monsieur Saeba." Répliqua-t-elle en le toisant, les mains sur les hanches.  

- "Sérieux ?" Souffla Ryo, les yeux écarquillés, les épaules affaissées et affichant une mine exagérément désespérée.  

 

Jade rit à son tour avant d'ajouter :  

- "J'ai oublié de vous remercier pour votre intervention. Sans vous, j'aurais passé un sale quart-d'heure. Au mieux, j'aurais fini à l'hôpital, au pire, je serais ..." Sa gorge se serra et elle ne parvint pas à prononcer les mots qui s'étaient formés dans son esprit : "Au pire, je serais morte."  

 

Elle prit une grande inspiration et prononça d'une voix mal assurée mais qui ne tremblait pas :  

- "Je vous remercie infiniment de m'être venu en aide. Je vous suis redevable et vous ne devez pas vous sentir obligé de rester ici avec moi. Vous en avez bien assez fait pour moi. Je m'en sortirai toute seule ... Enfin, j'espère !"  

 

Il sourit :  

- "Je n'en doute pas."  

 

Elle désigna la porte du menton :  

- "Vous pouvez y aller, vous savez ... Vous n'avez qu'à demander et le gardien vous ouvrira la porte à vous."  

 

Ryo Saeba étendit à nouveau les jambes, passa les mains derrière la nuque, regardant à nouveau le plafond comme s'il voyait à travers et répondit :  

- "Merci mais non. Je suis bien là."  

 

 

 


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