Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: A. Dust

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 6 chapitres

Publiée: 29-10-21

Mise à jour: 03-12-21

 

Commentaires: 17 reviews

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GeneralHumour

 

Résumé: Une jeune fille américaine, Jade Makimura se rend à Tokyo, espérant ainsi retrouver ses racines, à défaut de son histoire familiale. Que va-t-elle y découvrir ? (Une des suites possibles à la précédente fiction : La Lettre).

 

Disclaimer: Les personnages de "Racines" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Je vais bientôt avoir 18 ans. Est-ce que je peux avoir accès à la section NC-17?

 

Non. C'est simple. D'un point de vue légal, vous n'êtes pas majeur tant que vous n'avez pas 18 ans. Ca m'est égal que ça soit dans un jour ou dans une semaine. Ne faites votre demande qu'après vos 18 ans.

 

 

   Fanfiction :: Racines

 

Chapitre 6 :: Chapitre 6 : "Ouvrez, ouvrez la cage au Moustique !"

Publiée: 03-12-21 - Mise à jour: 03-12-21

Commentaires: Bonjour à toutes et tous !
Nous arrivons à l'ultime opus de cette petite histoire. Pour ne pas changer : merci à celles qui ont laissé un petit mot, ça fait toujours plaisir de se savoir lue, c'est pour ça qu'on partage nos écrits ^^et aussi merci à Cris qui a mis son détecteur à "trucs pas logiques" à nouveau à dispo pour peaufiner cette aventure.

Je vous dit à bientôt, certainement pour une song fic avant les vacances de Noël.

D'ici là, soyez pas sages, amusez-vous et lisez des fanfics ! ;-)
Angel

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6


 

Chapitre 6 : "Ouvrez, ouvrez la cage au Moustique !"  

 

Vers minuit, Seta Kijuro, le responsable de la chambre des scellés fut tiré de son sommeil par des vibrations répétitives et insistantes. Comprenant rapidement qu'elles n'avaient rien à voir avec son rêve dans lequel de gros bourdons lui chatouillaient les pieds, il ouvrit un œil puis deux, cherchant d'où pouvait provenir ce son sourd qui résonnait dans toute la pièce.  

- "Encore un de ces satanés portable à la con ... Depuis le temps que je dis au chef qu'il faut faire réparer les brouilleurs !" Maugréa-t-il en se levant et se massant les lombaires qui prenaient cher ces derniers temps, surtout avec ces gardes de nuit répétitives.  

 

Il débusqua rapidement le responsable de ces vrombissements désagréables grâce à une lumière légèrement rosée qui les accompagnait lui facilitant ainsi sacrément la tâche.  

- "Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?"  

 

Seta prit le sac et regarda la fiche qui y était associée :  

- "Tiens donc, c'est la gamine que Miura Fuki a amenée tout à l'heure." Il lut à haute voix : "Sans papiers et refuse de décliner son identité, outrage à agent ..." Blablabla. Hummm ... Qu'est-ce que Miura a écrit là ? : "En lien avec la bande des Blousons Noirs, point d'interrogation." Mouais, encore une délinquante en devenir, quoi !"  

 

Il regarda le téléphone qui venait de s'éteindre à travers le plastique :  

- "Voilà ... On a enfin compris que la petite criminelle en herbe était indisponible."  

 

Et puis soudain, il se redressa :  

- "Mais quel naze ! Si je décroche et que je peux parler avec cette personne, j'arriverais peut-être à connaître le nom de la gosse. Et là ... Là, l'agent Fuki m'adressera enfin un regard. Et comme je l'aurais aidée à résoudre son affaire, peut-être même que je pourrais l'inviter à prendre un café un des ces quatre. Héhéhéhéhé !"  

 

Il se frotta les mains de satisfaction et retourna s'asseoir à son bureau, posant le téléphone devant lui. Il n'attendit pas longtemps avant qu'il vibre à nouveau, s'allumant sur le logo de la radioactivité surmonté de cinq grandes lettres rouges : "Mummy"  

- "Oh ... Charmant ... Les gosses de nos jours, j'vous jure, pas de respect pour les anciens. Mais c'est parfait pour mon plan !" Et sans hésiter, l'homme décrocha et porta l'appareil à son oreille.  

 

Il entendit immédiatement une voix teintée d'inquiétude s'écrier :  

- "Allô ?"  

 

Seta s'éclaircit la gorge avant de répondre :  

- "Allô, oui."  

- "Je ... Heuu ..." Surprise d'entendre une voix d'homme, la femme au bout de la ligne paraissait complétement décontenancée.  

- "Bonsoir Madame. A qui ai-je l'honneur ?" Demanda Seta, plein d'espoir ; avec un peu de chance, l'affaire allait être vite bouclée.  

- "Je ... Non, je n'ai pas fait de faux numéro pourtant ..." Murmura la femme en anglais avant d'exiger en japonais d'une voix nette, tranchante et sévère : "Passez-moi ma fille."  

- "Je ... C'est impossible Madame."  

- "Comment ça impossible ? Vous êtes qui ?"  

 

L'homme entendit la voix féminine se briser et s'en voulut immédiatement d'avoir répondu de cette façon. La pauvre femme devait être en train de s'imaginer le pire :  

- "Calmez-vous, il ne lui est rien arrivé. Enfin, rien ... Si ... Il lui est bien arrivé quelque chose mais elle est en bonne santé, rassurez-vous."  

 

Il entendit un profond soupir de soulagement qui fit grésiller le téléphone dans son oreille et il ajouta d'un ton solennel:  

- "Par contre, elle est arrêtée ici pour outrage à agent des forces de l'ordre dans l'exercice de ses fonctions et refus d'obtem ..."  

- "Quoi ? Qu'est-ce que vous êtes en train de me raconter ?"  

- "Oui, Madame, votre fille a été arrêtée cet après-midi dans le cadre d'une affaire de racket et de divers trafics."  

- "Je ... Je vous demande pardon ?"  

- "Oui, Madame. " Seta se redressa et prit une voix forte et officielle. "Votre fille est incarcérée ici, à la Préfecture de Police de Tokyo."  

- "A la Préf ... À la Préfecture de ..." Marmonna la femme, abasourdie.  

- "Oui, Madame, à la Préfecture de Police de Tokyo." Répéta l'agent, en bombant le torse. "Et elle y restera le temps pour elle de réfléchir à ses actes et jusqu'à ce qu'un chef d'inculpation soit ..."  

- "Passez-moi votre Patronne, s'il-vous plaît." Prononça la femme d'une voix soudain redevenue très calme.  

 

Surpris, Seta Kijuro éclata d'un rire cynique :  

- "Ce n'est pas comme ça que ça se passe, ici, Madame ..."  

- "Passez-moi votre Patronne." Répéta la femme, un peu plus exigeante encore.  

- "Non, non, il va falloir ...."  

- "Passez-moi votre Patronne." Répéta-t-elle.  

- "Mon chef, Monsieur Le Commissaire n'est pas ..."  

- "Je ne vous parle pas de votre Commissaire à la noix ! Je veux parler au Préfet Nogami !"  

 

L'agent Kijuro eut un hoquet de surprise :  

- "Madame Le Préfet Nogami ne reçoit pas d'appel des familles des prévenus, encore moins à cette heure indue de la nuit."  

- "Passez-moi Le Préfet Nogami et que ça saute." Insista fermement la femme. "La connaissant comme je la connais, je sais que j'ai deux chances sur trois de la trouver dans son bureau cette nuit."  

- "Je ..." Désarçonné par une telle assurance, le responsable des scellés ne sut quoi répliquer et demanda, incrédule. "Vous êtes de la maison ?"  

 

La femme hésita avant de répondre :  

- "En quelque sorte ..."  

- "Madame, comprenez que je ne peux pas aller déranger Madame Le Préfet juste parce que vous me le demandez et ..."  

- "Makimura, ça vous dit un truc ou pas ?" Le coupa la femme.  

 

Seta ne sut quoi répondre :  

- "Je ... Non, je ne ..."  

- "Non ? Bah, vous devriez, parce que si Madame le Préfet réalise que vous ne connaissez même pas le nom de son seul et unique défunt partenaire, et que vous refusez de lui passer une communication de sa famille, je pense que vous passerez un sale quart-heure ..."  

- "Oh ... Je ... Pardon, Madame, je ne ..."  

- "Ne vous confondez pas en excuses et agissez, Nom de Dieu." Tonna soudain la femme. "Prenez ce téléphone et bougez vos fesses jusqu'à son bureau. Et si elle n'est pas à son bureau, remuez ciel et terre pour me la trouver ... Est-ce que j'ai été suffisamment claire ?"  

- "Je ... heuuu ..."  

- "Exécution !!! Passez-moi Saeko !"  

 

Entendre cette femme appeler le Préfet Nogami par son prénom finit par convaincre l'homme de se mettre en route. Nerveux, les tempes humides de transpiration, le souffle court, il parcourut les couloirs et passa les portes sécurisées au pas de course, maudissant sa lumineuse idée de décrocher ce satané portable de malheur, tout ça pour gagner la concidération d'une femme ... Voilà qu'il se retrouvait avec une furie au bout du fil ... Une furie qui connaissait personnellement la "Dame d'En-Haut" qui plus est ... Un truc à foutre sa carrière en l'air, ça ... On ne l'y reprendrait pas, c'était certain, foi de Seta Kijuro.  

 

Il sentit son coeur s'accélérer encore quand il se retrouva devant la grande porte du bureau de Madame le Préfet. Il n'avait jamais été ici. Jamais, il n'avait été convoqué dans son bureau. C'était une première. Et là, dans la pénombre de la nuit, entouré par le silence épais et glaçant de la Préfecture, le coeur pris dans un étau, essoufflé, transpirant, les mains moites et fébriles, il faillit faire demi-tour pour mettre ainsi fin à son calvaire.  

- "Hého ! Allez ... Toquez maintenant !" Exigea la voix par le haut-parleur du téléphone.  

 

Seta Kijuro porta instinctivement l'appareil à son oreille en bredouillant :  

- "Je ..."  

- "Vous êtes au bout du dernier couloir ... ou de l'avant dernier, je ne suis pas très sûre. Alors zouh ... hop hop hop, toquez à cette maudite porte qu'on n’en parle plus !"  

- "Comment ... ?"  

- "Comment je sais ?" La femme rit doucement. "On va dire que je connais bien ce couloir ..."  

 

L'homme fit une rapide prière à ses ancêtres, en songeant :  

- "Pourvu que ce ne soit pas ma dernière ... et que je ne vous rejoigne pas tout de suite ..." et il avança sa main vers la porte monumentale pour y toquer.  

- "Oui ..." Entendit-il. "Qui est-ce ?"  

- "Agent Seta Kijuro."  

- "Agent Seta Kijuro ?"  

- "Oui, je suis le responsable des scellés ... et je .. Heuu ..."  

- "Qu'est-ce que le responsable des scellés fout à ma porte à minuit et demi !" Pesta une voix contrariée à l'intérieur. "Vous voulez quoi, agent Seta Kijuro ?"  

- "Un appel pour vous." Répondit-il.  

- "Un quoi ?" demanda Madame Le Préfet avant d'éclater d'un rire moqueur : "Depuis quand le responsable des scellés se prend pour ma secrétaire ?"  

- "Je suis désolé ..." Balbutia Seta. "Le téléphone était dans les preuves du jour et ... enfin bref, j'ai la dame au bout du fil ... Et ... Je ... enfin ... Elle demande à vous parler en personne ..."  

- "Et ?"  

- "Et elle insiste ..."  

- "Et ?"  

- "Je ... navré Madame Le Préfet mais ... Je ..."  

- "Entrez, il faut que nous ayons une petite conversation, Agent Kijuro."  

 

Seta sentit sa gorge rétrécir encore plus, son estomac faire un looping et ses couilles rapetisser quand il réalisa que sa main tremblait tellement qu'il ne parvenait pas à actionner la poignée de la porte.  

 

Au bout de quelques secondes de vaines tentatives, l'homme entendit des pas claquer sur le parquet et la porte s'ouvrit brusquement sur Madame le Préfet Nogami, tout en tailleur impeccable et talons démesurés malgré l'heure tardive ... ou matinale, ça dépendait du point de vue. Furieuse, elle lui lança en levant les yeux au ciel :  

- "Pas foutu d'ouvrir une porte, incroyable ... Sachez, Agent Kujiro, qu'à cette heure-ci, personne n'exige quoique ce soit, encore moins à me parler. Dites à cette dame de rappeler demain vers midi."  

- "Je ... Non ... S'il-vous-plaît ..."  

- "Et vous passerez aussi par mon bureau, agent Seta Kijuro. Nous aurons certaines choses à préciser sur vos futures attributions."  

- "C'est que ... Heuuu ... La dame, là ... Elle ... elle n'est pas commode ..."  

- "Commode ou pas, ce ne sont pas mes affaires mais les vôtres. Cette dame a-t-elle daigné donner un nom au moins ?"  

 

Seta déglutit et il s'écria brusquement, retrouvant sa lucidité dans un éclair salvateur :  

- "Makimura !"  

 

Madame Le Préfet se figea alors qu'elle allait refermer sa porte et se retourna d'un bloc, fusillant l'agent Kijuro du regard :  

- "Vous avez dit quoi ?"  

- "Makimura ! C'est ce qu'elle a dit que je devais vous dire ..."  

 

Seta Kijuro vit, pour la première et dernière fois de sa carrière, sa patronne blêmir. Ce fut avec stupeur qu'il constata que la main de Madame Le Préfet Nogami tremblait quand elle s'empara violemment du téléphone portable avant de le congédier d'un geste autoritaire et un peu méprisant. Il s'en sentit un peu vexé mais se remit bien vite, sachant qu'elle s'encombrait rarement de politesses inutiles. Il se sentit même assez soulagé de lui avoir remis l'appareil, finalement.  

 

Il fila dans le couloir sans demander son reste, craignant trop pour son matricule s'il osait assouvir sa curiosité en collant son oreille à la porte du bureau.  

 

De l'autre côté du panneau de bois, dans son bureau très offficiel et repeint tout en blanc et vert bambou, Saeko, les yeux écarquillés et brillants d'émotion porta lentement le téléphone à son oreille et lâcha dans un souffle :  

- "Allô ?"  

- "Oh Mon Dieu ! Saeko, c'est toi ?"  

 

Saeko porta une main à son coeur et se laissa tomber dans son fauteuil et murmura :  

- "Oui, c'est moi. Bonjour Kaori."  

- "Oh comme je suis soulagée d'entendre ta voix, tu peux pas savoir !" S'écria la femme au bout de la ligne.  

- "Qu'est-ce qu'il se passe ?"  

- "Excuse-moi, c'est juste que ... que ... que ... J'ai pas le temps en plus. C'est peut-être rien de grave ... Mais ... Oh My God ... Je ne sais même plus si je t'ai dis bonjour ... Ça fait tellement longtemps ... Oh, non, mais comment c'est possible, cette histoire ?"  

- "Calme-toi ... Respire ! Tu vas bien ?"  

- "Oui, oui, moi je vais bien."  

 

Passées les premières secondes d'inquiétude, le professionnalisme et le pragmatisme de Saeko Nogami reprenaient le dessus. Garder la tête froide, en toutes circonstances, c'était bien ce qu'elle savait faire de mieux.  

- "Tu as l'air complètement paniquée ..." Glissa-t-elle, somme toute inquiète car si Kaori Makimura la contactait après des années de silence, qui plus est en plein milieu de la nuit, ce n'était pas pour donner des nouvelles et taper un brin de causette.  

- "Oui, pardon, Saeko ... Mais oui, c'est le cas, oui, je suis complètement paniquée. En plus, je suis hyper speed, là, je vais embarquer et on sera bientôt coupées."  

- "Embarquer ?"  

- "Oui, je prends le prochain vol pour Tokyo. Je suis à Sydney."  

- "A Sydney ?"  

- "Oui, en transit, je n'ai pas trouvé de direct. Enfin, bref, c'est pas important."  

- "OK ..." Souffla Saeko, un peu abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre, le cœur battant la chamade, elle qui savait habituellement garder son sang froid en toutes circonstances.  

- "Apparemment, ma fille est dans tes locaux."  

 

Là, le palpitant de Saeko marqua un temps d'arrêt avant de repartir de plus belle :  

- "Ta fille ?"  

 

Kaori lui répondit d'une voix un peu haut perchée, trahissant ainsi son émotion tout en parlant de plus en plus vite :  

- "Oui. Ma fille. C'est une drôle d'histoire Saeko et je n'ai pas tous les éléments. Et je sais que je n'ai pas donné de nouvelles depuis des années et que tu m'en veux certainement à mort ..."  

 

Saeko secoua négativement la tête et chassa une mouche imaginaire de sa main libre avant de remettre sa mèche en place :  

- "N'importe quoi. Mais faisons vite et dis-moi : qu'est-ce qui lui est arrivé, à ta fille ?"  

- "Elle a été arrêtée en fin d'après-midi pour je sais pas trop quoi, une histoire d'outrage ou de trafic, je ne me rappelle même plus ce que le type de tout à l'heure a dit pour être tout à fait honnête avec toi ... Quand il a dit “Préfecture de Tokyo”, j’ai pensé que tu étais la seule à pouvoir faire quelque chose. J'ai guetté les articles de journaux qui parlaient de toi et de ta nomination. Je voulais t'écrire pour te féliciter et puis ... mais j'aurais dû, pardon ... C'est tellement ... Je suis ... Oh Mon Dieu, Saeko, je suis désolée ... Tellement désolée ... Je ne suis qu'une idiote ... "  

 

La voix de Kaori se brisa et celle de Saeko répondit doucement et calmement :  

- "Dis-moi comment s'appelle ta fille."  

 

Kaori prit une grande inspiration avant de répondre :  

- "Jade Makimura. Seize ans. Un mètre soixante cinq, environs cinquante kilos, les cheveux noirs et ondulés, queue de cheval. Yeux bruns ... Oh merde ! Dit comme ça, elle ressemble à n'importe quelle adolescente et je suis sûre que Mick lui a bourré le mou pour qu'elle ne donne pas sa véritable identité et qu'elle a laissé ses papiers dans le coffre de l'hôtel et que ... Oh ... et merde, je me rappelle maintenant, l'agent de tout à l'heure a parlé de racket et de trafic ! C'est impossible, Saeko, ma fille a beaucoup de défauts mais ce n'est pas une délinquante et ..."  

- "OK, OK, pas de panique, Kaori, pas de panique. Je vais la trouver ... Je m'occupe de tout."  

- "Saeko, je dois te laisser, l'avion va décoller et l'hôtesse est en train de me ..."  

- "Prends ton avion l'esprit tranquille, Kaori. Tu retrouveras Jade ici. A tout à l'heure." Conclut Saeko, habituée à aller à l'essentiel.  

 

Quand la conversation fut coupée, elle posa le téléphone sur son bureau, le regardant sans le voir. Elle passa une main tremblante dans ses cheveux, agarde, les jambes soudain coupées. Ça faisait plus de quinze ans qu'elle n'avait pas entendu cette voix, celle de son amie, celle de la sœur de son partenaire.  

 

Hideyuki. Ca faisait tellement longtemps et pourtant ... Il ne se passait pas une journée sans qu'elle ne pense à lui.  

 

Elle soupira. Elle était bien forcée d'admettre que ça lui avait fait quelque chose, d'entendre à nouveau la voix de Kaori.  

 

Elle aussi avait guetté les articles de journaux la concernant, avait suivi sa carrière de mannequin de loin, surveillant d'un œil les différentes campagnes de pub et les derniers succès de Kaori aux Etats-Unis. Son amie Miki avait fait de même, découpant certains articles pour les coller dans un album, se réjouissant de sa réussite et puis ... et puis Kaori n'était pas rentrée comme elle l’avait prévu, n'avait plus donné de nouvelles, n'en avait plus demandé ...  

 

Ca faisait bien une dizaine d'années qu'elle n'avait plus rien acheté la concernant. Le dernier magazine acquis et lu avec attention mentionnait sa reconversion en tant que professeur de japonais dans une grande école new-yorkaise et son investissement auprès de diverses associations caritatives.  

 

Après l'amertume était venue l'indifférence. Et puis voilà que plus de quinze ans d'absence, Kaori Makimura réapparaissait violemment dans son existence, en plein milieu d'une nuit sans sommeil.  

 

Saeko n'avait jamais vraiment compris les raisons du départ de la petite sœur de son ancien coéquipier ... tout en lui en voulant infiniment d’avoir disparu comme ça, sans explication, presque avec indifférence. Elle, Reïka et Mikki s'étaient bien douté que Ryo n'était pas étranger à tout ça, mais L'Étalon de Shinjuku était imperturbablement resté muet sur la question, se contentant de répondre sa phrase habituelle pour tout ce qui concernait Kaori : "C'est mieux comme ça."  

 

Maintenant, Saeko avait peut-être enfin un début de réponse ...  

 

Une fille, Kaori avait eu une fille. Une fille qu'elle avait protégé de la presse. Une fille ... de seize ans ...  

 

Pas la peine d'être Einstein pour faire le calcul : Kaori devait être enceinte de peu quand elle est partie pour New York et elle était partie peu après que Saeko ait mis au point ce plan pour que Ryo et Kaori reprennent contact.  

- "Ce pourrait-il que ... ?" Murmura Saeko dans la pénombre de son bureau, simplement éclairé de sa lampe de bureau.  

 

Ryo n'avait jamais répondu à ses questions concernant cette affaire de protection rapprochée montée de toutes pièces par elle, Reïka et Falcon ... Devant son silence, Saeko n'avait pas insisté. Elle savait bien que, quand Ryo avait décidé de ne rien dire, il emporterait son secret dans la tombe.  

 

Après ça, il était certes devenu plus sombre et plus renfermé encore, glissant peu à peu dans ses vieux travers, oscillant toujours sur la ligne rouge mais, il avait toujours été ainsi ... sauf pendant son partenariat avec Kaori, une parenthèse de sérénité et d'équilibre dans la sombre vie du Nettoyeur Numéro Un du Japon, parenthèse qui avait éclaté aussi brusquement qu'inexplicablement, laissant la petite bande d'amis complètement impuissante.  

 

Saeko Nogami soupira en songeant à tout ce lamentable gâchis. Elle composa un numéro de raccourci sur son poste téléphonique :  

- "Bureau des scellés." Répondit une voix mal assurée.  

- "Agent Seta Kijuro ?"  

- "Oui ..."  

- "Dites-moi dans quelle cellule est retenue la propriétaire du téléphone que vous m'avez apporté et quel est son chef d'inculpation."  

 

L'agent Kijuro s'exécuta immédiatement et avec la plus grande précision. Après l'avoir sobrement remercié, Saeko Nogami raccrocha, se leva lentement, mit le téléphone de Jade dans sa poche et sortit de son bureau, traversant le poste de Police, faisant claquer ses talons blancs assortis à son tailleur dans l'ombre et le silence jusqu'à ce qu'elle traverse la salle des inspecteurs, fonctionnant au rythme de la nuit, peuplée d'ivrognes réclacitrants, de jeunes délinquants et de quelques travailleuses du sexe. Les rues de la capitale s'étaient peu à peu vidées des grands criminels, grâce à son intervention et à l'aide de City Hunter, Mick Angel, Falcon et Reïka et elle n'était pas peu fière des résultats de leur travail.  

 

Les agents levèrent tous les yeux vers elle, silhouette fantômatique vêtue de blanc qui passait sans les voir vraiment. Ils échangèrent des regards entendus et finirent par hausser les épaules avant de retourner aux tâches qui leur incombaient. Ils avaient l'habitude de voir leur patronne mettre la main à la pâte et s'impliquer dans de nombreuses affaires, mêmes les moins médiatiques et les plus dangereuses, allant à l'encontre des précautions inhérentes à son grade et à son poste. Comme Saeko Nogami restait une femme de terrain et le prouvait régulièrement, personne ne fut surpris de la voir se diriger vers les cellules de la section B, celle des petits délits.  

 

Pour la première fois de sa carrière, Saeko se sentait nerveuse en allant trouver un criminel, elle qui n'avait jamais eu peur de personne. Mais là, ses mains étaient presque moites et elle dut prendre une grande inspiration pour calmer les battements de son cœur en ouvrant la dernière porte sécurisée qui la séparait de de la fille de Kaori.  

 

La fille de Kaori.  

Et de Ryo ?  

Pas sûre ... mais il y avait quand même de fortes chances.  

Mais une chose était sûre et certaine : puisqu'elle était la fille de Kaori, Jade Makimura était la nièce d'Hideyuki et le cœur de Saeko se serra à cette pensée.  

 

Elle prit son temps pour se diriger vers le bureau du vigile de la section B. L'homme bedonnant se leva de sa chaise et se figea dans un salut militaire :  

- "Bonsoir." Répondit Madame Le Préfet en lui faisant signe de se rassoir.  

 

Au cours de la nuit, les autres cellules s'étaient un peu remplies : dans la une, un sans-abris, dans la deuxième, une jeune femme légèrement vêtue et visiblement ivre, dans la dernière, deux lascars en blousons noirs, au visage tuméfiés et encore sonnés, ceux qui avaient été impliqués dans la bagarre de rue avec Jade très certainement.  

 

Et dans la numéro trois ...  

 

Quand elle regarda dans la cellule numéro trois, elle ne put retenir un sourire car elle reconnut immédiatement la silhouette qui se trouvait dans le fond. Assis sur le banc en béton, la tête rejetée en arrière, Ryo Saeba avait la main posée sur l'épaule d'une jeune fille, allongée, endormie, la tête posée sur ses genoux. Saeko sentit sa gorge se serrer et elle ne reconnut pas sa voix quand elle murmura :  

- "Pourquoi est-ce que je ne suis même pas surprise de te trouver là ?"  

 

Elle entendit un rire étouffé puis l'homme se leva doucement, reposant délicatement la tête de la jeune fille sur le banc. Il s'approcha de la grille à pas lents et répondit :  

- "Et si tu es là à cette heure-ci, je suppose que sa maman t'a contactée."  

 

Saeko hocha la tête silencieusement, se mordant la lèvre, ne sachant pas quoi répondre.  

- "Il vaudrait mieux que je me sauve, alors ..." murmura-t-il.  

- "Comme tu veux." Répondit à voix basse Madame Le Préfet Nogami tout en faisant signe au vigile de venir ouvrir la cellule. "Tu ne veux pas la réveiller pour lui dire au revoir ?"  

 

Ryo se retourna pour regarder la silhouette immobile :  

- "Non. Elle n'a pas dormi depuis plus de trente heures avec le décalage horaire. C'est de se reposer dont elle a besoin, pas de me dire : salut, à la prochaine." Il regarda ensuite Saeko dans les yeux avant d'ajouter dans un murmure : "C'est mieux ainsi."  

- "Si tu le dis." Répondit Saeko, sachant qu'elle aurait beau argumenter, elle ne parviendrait pas à le faire changer d'avis.  

 

Quand Ryo fut dehors, il demanda à son amie :  

- "Comment tu vas la faire sortir de là sans encombre ?"  

 

Saeko croisa les bras :  

- "Pas compliqué. Je créerai un dossier dans lequel elle sera un agent sous couverture et fera partie de nos indics infiltrés auprès des Blousons Noirs. Ce qui expliquera qu'elle ne pouvait pas décliner sa véritable identité, au risque de se dévoiler auprès des deux gugus à côté. Elle sera officiellement relâchée pour vice de procédure. Et on gardera les deux autres un peu au chaud pendant quelques temps ..."  

 

Ryo lui sourit dans la pénombre et murmura :  

- "Toujours aussi efficace, Madame Le Préfet."  

- "Merci." Répliqua-t-elle avec un maigre sourire. "Tu sais ..."  

- "C'est mieux comme ça, Saeko, crois-moi." La coupa-t-il en se dirigeant vers la porte de la section B, laissant le vigile refermer la cellule à double tour.  

 

Quand Saeko eut rejoint Ryo pour lui ouvrir la porte sécurisée, elle ajouta, changeant de sujet :  

- "Il faudra quand même que tu arrêtes de prendre ton petit passage secret, ça commence à bien faire !"  

- "Oui, oui, je sais, je sais. Sinon, tu me feras payer les prochains remplacements de caméras ...."  

 

Et il s'engouffra vers le fond du couloir sombre d'un pas lent, les épaules un peu plus voûtées qu'à l'accoutumée, les mains dans les poches, sous le regard ému de Saeko qui retourna à son bureau, sachant pertinemment qu'une nuit blanche l'y attendait.  

 

 

***  

 

Il était un peu plus de neuf heures du matin quand une policière en uniforme était venue réveiller Jade. Étrangement, elle avait bien dormi. Elle avait cependant peinée de découvrir que sa cellule était vide et que Ryo Saeba avait finalement profité de son sommeil pour partir sans demander son reste. Mais elle ne lui en voulut pas longtemps car elle avait eu beaucoup d'autres choses à penser : on venait lui signifier qu'elle était libre, que "La Dame d'En-Haut" avait tout expliqué, que tout le monde était désolé et on lui avait rendu son sac à dos, son téléphone et son argent en lui présentant d'improbables excuses.  

 

Elle n'avait absolument rien compris et avait été trop abasourdie pour penser à demander plus d'explications. Elle était libre. C'est tout ce qu'elle avait retenu et rien d'autre n'avait d'importance, même pas l'identité de la fameuse “Dame d'En-Haut” ...  

 

Libre.  

 

On la conduisit jusqu'aux portes automatiques centrales, celles qui donnaient sur le parvis. La lumière du soleil lui brûla les yeux et elle porta la main à son front pour les protéger quand elle entendit :  

- "Jade !"  

 

Son cœur bondit dans sa poitrine. Avait-elle rêvé ? Etait-ce bien sa voix ?  

- "Jade !"  

 

Et enfin elle la vit : silhouette longiligne et familière dans la lumière blanche qui n'en finissait pas de lui déchirer les yeux. Elle était là. Enfin. Oui, c'était bien elle. C'était bien elle et elle courait déjà à sa rencontre :  

- "Jade !"  

- "Maman !"  

 

Jade bondit et dévala les marches du parvis pour se précipiter dans les bras de sa mère qui la serra contre elle tellement fort qu'elle lui coupa littéralement le souffle. Jade ferma les yeux, retrouvant le parfum rassurant de la lessive et du shampoing de Kaori.  

- "Oh pardon, Maman, je suis désolée !"  

 

Kaori ne répondit pas et se contenta de serrer encore plus sa fille contre elle, la berçant de droite à gauche et Jade ne put se retenir plus longtemps : elle éclata en sanglots  

- "Maman, je suis désolée, vraiment ... Ça ne devait pas se passer comme ça ... Je voulais juste ... je pensais que ... J'ai eu peur. J'ai cru que je ne sortirai jamais ... Comment t'as fait ? C'est toi ?"  

- "Chuuuut, calme-toi, tout va bien, c'est fini ..."  

- "Mais, je te jure que c'est pas ma faute ! Je sais que je serai punie jusqu'à la fin de ma vie mais ils étaient en train de racketer un gamin ... à cinq en plus ... Et ... Et ... Et j'aurais pas dû partir sans te demander ... Ils avaient des armes et là, Mister Dove est arrivé ... Mais tu n'aurais jamais accepté que je parte ..."  

 

Kaori s'écarta des bras de sa fille, prit son visage entre ses mains et posa son front contre le sien :  

- "Respire, Jade. Tout va bien."  

- "C'est vrai ?"  

- "Oui, c'est vrai ... Mais ne vas pas t'imaginer que tu vas t'en tirer comme ça, Mademoiselle Makimura ! Tu auras droit à une punition exemplaire !!!"  

- "Je sais ..." souffla la jeune fille en baissant la tête, contrite.  

- "Allez, sèche tes larmes ... Regarde qui est là." Dit Kaori en se tournant pour désigner Mick qui l'attendait en souriant malgré son regard cerné de gris et ses joues mal rasées, et Kazue qui se tenait un peu en retrait.  

 

Jade se précipita dans les bras de son oncle :  

- "Pardon, Oncle Mick ... Je suis désolée ..."  

- "T'inquiète pas, Crevette."  

 

La tête serrée sur l'épaule rassurante, Jade ne put se s'empêcher de demander dans un murmure :  

- "Vous avez passé la soirée ensemble, toi et Kazue ?"  

- "Tsss, tsss, tsss, c'est quoi ces questions indiscrètes ?"  

- "Pffff, même pas drôle !"  

 

Il lui passa une main dans les cheveux, cherchant à les ébouriffer :  

- "Et ne me poses plus jamais de lapin, hein ... Sinon, je crois que je serais obligé de me teindre les cheveux pour cacher tout ce blanc ..."  

 

Jade pouffa de rire mais elle fut interrompue par Mick qui prononça un simple :  

- "Oh."  

 

La jeune fille se figea puis se retourna pour suivre le regard bleu azur de son oncle : un peu plus loin, au bout de l'allée centrale, se tenait une silhouette connue, veste bleue délavée, jeans noirs, épaules larges mais un peu voûtées, les cheveux en bataille, les mains dans les poches ... Son coeur fit un bond et elle faillit s'écrier :  

- "C'est lui ! C'est Mister Dove ! C'est lui qui m'a sauvée !" Mais son oncle lui serra fort le bras, la callant contre sa poitrine.  

 

Elle vit alors que Kazue avait fait quelques pas pour se rapprocher de Mick dont elle avait saisi le bras libre. Elle aussi regardait le sauveur de Jade d'un drôle d'air.  

 

Les yeux de la jeune fille se portèrent alors sur sa mère qui tournait encore le dos à l'homme à la veste bleue délavée. Elle voulut lui dire quelque chose mais à nouveau, ses mots restèrent bloqués dans sa gorge : Jade vit sa mère devenir soudain très pâle. Elle regarda la main de Kaori se poser sur son cœur en même temps que sa poitrine s'enfonçait un peu pour laisser échapper un soupir nerveux.  

 

Jade tendit une main vers elle quand sa mère ouvrit les yeux mais elle ne semblait pas la voir, ses yeux n'accrochant que du vide.  

 

Jade vit l'homme s'approcher, elle entendit les gravillons crisser sous ses pas lents, calmes et mesurés et plus il avançait, plus elle voyait les épaules de sa mère se nouer, sa respiration s'accélérer, ses lèvres trembler puis deux larmes dessinèrent deux sillons parallèles sur ses joues blêmes.  

 

Quand l'homme s'arrêta juste derrière elle, Kaori ferma à nouveau les yeux et murmura, lui tournant toujours le dos :  

- "Bonjour Ryo."  

- "Bonjour Kaori."  

 

Un moment de silence s'installa sur eux, telle une bulle d'éternité jusqu'à ce que Ryo demande :  

- "Je savais que tu reviendrais mais ... Tu en as mis du temps. Qu'est-ce qui t'a retenue ? Tu avais peur de me revoir ?"  

 

Kaori se crispa encore plus, serrant les poings et la mâchoire. Contre toute attente, Jade vit Ryo sourire doucement, de ce sourire qu'elle trouvait si étrange et il ajouta d'une voix douce, presque tendre :  

- "Ou bien aurais-tu peur de prendre l'avion, toi aussi ?"  

 

Kaori ouvrit lentement les yeux et prononça en détachant bien toutes les syllabes :  

- "Non, je n'ai pas peur de te revoir, Ryo ... ni de prendre l'avion ... Crétin." Puis elle se retourna doucement, leva son regard noisette vers Ryo Saeba et ajouta, la voix un peu tremblante : "J'ai peur de ne pas avoir le courage de repartir."  

 

 

 


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