Chapitre 3 :: Retour au bercail

Publiée: 14-06-03 - Mise à jour: 14-06-03

Commentaires: Dans la foulée...le troisième chapitre...

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« C’est un cas classique d’amnésie… ».  

Les visages se tournèrent vers le professeur qui venait juste d’entrer dans le salon.  

Ils avaient laissé le professeur ausculter Kaori et avaient battu en retraite dans le salon. Les paroles prononcées par la jeune femme avait jeté un certain froid sur l’euphorie provoquée par son réveil. Kaori, amnésique…c’était un peu inquiétant. Comment allait-elle réagir quand elle découvrira qu’elle est l’associée du plus redouté des nettoyeurs du pays.  

Mais le plus horrible est qu’elle semblait avoir effacé de sa mémoire la mort de son propre frère. Ryô restait silencieux et impassible comme toujours. Mais au fonds de lui même, il était atterré.  

« C’est une amnésie partielle causée par le coup porté à la tête » reprit le professeur. « Dans presque tous les cas où le crâne subit un choc, le patient souffre d’amnésie. Certains oublient tout jusqu’à leur propre nom. La plupart se contente d’effacer de leur mémoire les quelques heures précédent leur accident. Parfois le patient oublie ce qui s’est passé pendant la semaine ou le mois précédent son accident. Pour Kaori, c’est le cas sauf qu’elle a effacé grosso modo les sept dernières années de sa vie. Pour elle, son frère est encore vivant…et elle ne reconnaît aucun de nous. » Le professeur se tourna vers Ryô toujours impassible. « elle n’a reconnu qu’Eriko puisqu’elle était une amie de lycée mais elle a oublié leur retrouvailles récentes.»  

Ryô ne put s’empêcher de frissonner. Kaori ne le reconnaissait pas et elle croyait son frère encore vivant. Comment allait-il pouvoir lui annoncer une seconde fois la mort d’Hideyuki ? Réagirait-elle aussi bravement que la première fois ? Et comment lui dire que son frère adoré est mort depuis six longues années et qu’elle vit depuis avec un homme qui est désormais pour elle un parfait inconnu ?  

« Mais Kaori va pouvoir recouvrer sa mémoire, non ? » interrogea Miki.  

« En fait, il est probable que la mémoire de Kaori revienne petit à petit mais dans quelle proportion je l’ignore. Peut être ne se souviendra t-elle jamais de certaines choses…et peut être se souviendra t-elle de tout d’un seul coup. La mémoire est encore un véritable mystère pour la médecine. L’important est qu’elle se repose pour l’instant et qu’elle soit entourée. Il faut que vous redeveniez ses amis car pour l’instant vous êtes des inconnus et c’est très perturbant pour elle car elle n’a plus aucun repère. Eriko, pour l’instant vous êtes un peu sa bouée de sauvetage car elle vous connaît…alors soyez présente… ».  

Eriko acquiesça.  

Le professeur se tourna avec Ryô et reprit « Le mieux à faire désormais c’est de la ramener chez vous dans son environnement habituel. Au milieu de ses affaires, elle va peut être se souvenir de certaines choses et surtout retrouver quelques repères…mais…. » Le professeur hésitait à continuer.  

« Mais il vaut mieux qu’elle ignore quel genre d’activités je mène » continua à sa place Ryô, d’un air placide. « Et concernant son frère ? »  

Saeko intervint « Si j’ai bien compris, pour Kaori, son frère est encore vivant et elle le croit sûrement encore policier. Il n’y a qu’à lui dire qu’il est en mission d’infiltration quelque part dans le pays pour quelques temps. Hideyuki et moi faisions parfois ce genre d’enquête quand nous étions partenaire. Mais il n’aimait pas laisser Kaori seule trop longtemps et c’est pourquoi il se portait rarement volontaire pour ces missions. Dans quelques jours, si aucun changement de son état n’intervient, il sera toujours temps de lui dire la vérité. »  

Le professeur soupira : « C’est vrai que ce sont beaucoup de mensonges mais je pense sincèrement qu’à l’heure actuelle les vérités seraient trop cruelles et déstabilisantes pour Kaori. Il faut laisser passer un peu de temps. »  

C’est ainsi que pour la seconde fois en quelques heures, Ryô se retrouva devant la porte de la chambre de Kaori, nerveux de ce qui l’attendait derrière. La première fois il craignait d’affronter la vision d’une Kaori inconsciente qui ne se réveillerait peut être jamais et cette fois ci c’était une Kaori bien vivante qu’il craignait d’affronter. Il répugnait à lui mentir mais c’était pour son bien.  

Il se décida à entrer.  

Kaori était bien là, assise sur son lit, habillée de vêtements qu’avait été lui chercher Miki. Elle regardait par la fenêtre l’air un peu absent.  

A l’arrivée de Ryô, elle se tourna vers lui et lui sourit.  

Ryô sentit une douce chaleur l’envahir. C’était bien le sourire de sa Kaori, ce sourire enfantin qui lui faisait oublier toute les horreurs de ce monde.  

« Monsieur Saeba…M. le professeur m’a dit que vous alliez venir me chercher pour me ramener à mon appartement. »  

Elle posa sur son partenaire un regard un peu douloureux.  

« Il m’a expliqué que je m’étais blessée en tombant dans les escaliers chez moi et en me cognant la tête sur une des marches. Il m’a dit que j’étais amnésique et qu’il ne fallait pas que je m’inquiète, que je retourne dans mon environnement habituel pour retrouver la mémoire. Mais il n’a rien voulu me dire d’autre. Avez vous des nouvelles de mon frère ? »  

Ryô la regarda un instant, désemparé comme toujours devant l’angoisse et la tristesse de Kaori mais il prit sur lui et se força à prendre un ton léger.  

« Voyons Kaori…on se connaît depuis suffisamment longtemps pour se tutoyer et surtout ne m’appelle pas M. Saeba mais Ryô. Je vais répondre à toutes tes questions mais au fur et à mesure pour ne pas trop te fatiguer. D’abord, concernant Hideyuki…-Ryô hésita puis se lança- il est en mission d’infiltration dans le sud du pays. Comme tu dois le savoir, ces missions nécessitent une grande discrétion et il n’est donc pas possible pour l’instant d’entrer en contact avec lui sous peine de mettre en danger sa couverture ».  

Kaori était déçue, elle éprouvait le désir incontrôlable de voir son frère. Elle se sentait si fragile au milieu de tous ces étrangers. Mais elle ne voulait pas passer pour une égoïste et une enfant gâtée : « Bien, ça ne fait rien, de toute façon je vais mieux maintenant. Je le verrai probablement d’ici quelques jours. »  

Comme Ryô ne répondait rien, elle continua. « Et vo…toi…je m’excuse mais je ne me souviens pas de toi ? »  

« Heu…je suis en fait un des collègues de ton frère…mais en ce moment…heu je suis en vacances. Et comme ton frère est absent eh bien je prends soin de sa sœur chérie ! »  

Le visage de Kaori s’illumina. « Alors vous connaissez mon frère ! »  

Ryô baissant les yeux « Oui, c’est même mon meilleur ami. »  

Puis désireux de mettre fin à cette conversation qui le mettait de plus en plus mal à l’aise il reprit tout de suite : « Bon, je crois que nous avons assez abusé de l’hospitalité du prof’. On va rentrer chez nous. »  

Kaori parut surprise : « Chez nous ? »  

Aïe ! pensa Ryô se mordant la lèvre. C’est vrai qu’elle ne se rappelle pas que nous vivons dans le même appartement. Il faut bien lui dire pourtant. « Eh bien en fait nous habitons toi, ton frère et moi même dans le même appartement qui est très vaste à vrai dire et… »  

Il s’arrêta voyant Kaori rougir légèrement. Elle se sentait stupide, pourquoi rougissait-elle ? C’etait un peu bizarre en effet cette idée qu’elle partage le même toit que cet homme mais ça n’etait pas une idée désagréable.  

« Bon allons-y si tu es prête. » finit Ryô, un peu gêné.  

Après avoir chaleureusement remercié le professeur, Ryô et Kaori se retrouvèrent donc dans la mini-cooper. Le voyage se passa dans le silence. Ryô n’osait pas prendre la parole et Kaori regardait par la fenêtre essayant de se remémorer des évènements récents mais en vain. Les lieux qu’elle croisait du regard lui parlaient pour certains mais ils n’évoquaient que des souvenirs lointains..  

« Waouhh ! » ne peut s’empêcher de lancer Kaori quand elle pénétra dans l’appartement. « Cet appartement est immense ! ! ». Elle contempla un long moment la vaste pièce qui servait visiblement de salon. Des escaliers laissaient supposer plusieurs niveaux et de nombreuses chambres et pièces annexes.  

« Heu oui…j’avoue l’avoir choisi pour ça - et parce qu’il est difficile d’accès pour les tireurs potentiels pensa Ryô pour lui même, jugeant cependant peu opportun de faire cette remarque à haute voix – ça permets de loger sans problèmes plusieurs personnes ».  

« Ta chambre est au troisième ». Kaori suivit docilement Ryô tandis qu’il la conduisait à sa chambre. Une fois sur le palier, il poussa la porte, laissant la jeune femme pénétrer dans la pièce.  

Kaori resta un instant sur le seuil. Ainsi c’était sa chambre. Elle l’examina. Elle était claire et assez grande. Elle s’avança dans la pièce détaillant les objets qui la composaient. Elle reconnut avec plaisir certaines peluches et bibelots. Soudain, son œil fut attiré par une photo posée sur sa table de chevet.  

« Hideyuki ! ! »elle s’empara avidement de la photographie sur laquelle elle figurait au côté de son frère. Elle se retourna vers Ryô et lui dit « Je ne me souviens pas de cette photo, elle a dut être prise récemment. »  

Ryô acquiesça le cœur serré. Cette photo avait été prise peu de temps avant la mort de Makimura. « Je te laisse t’installer. Ma chambre est au cinquième, si tu as besoin de quoique ce soit. ».  

Kaori se retourna vivement vers lui et s’inclina. « Merci, Ryô, c’est vraiment gentil d’être si patient avec moi et de m’aider ainsi. Je suis contente que mon frère ait un ami comme toi. »  

Ryô fut un peu embarrassé. Kaori n’était pas si gentille avec lui d’habitude. Il faut dire qu’il passait son temps à la taquiner et à la provoquer, lui laissant peu de chance de montrer une quelconque marque de gentillesse. Il ferma doucement la porte et rejoignit sa chambre. Il s’allongea sur son lit, les bras repliés sous sa nuque, une cigarette à la bouche qu’il ne prit même pas la peine d’allumer.  

Combien de temps allait-il pouvoir continuer à jouer la comédie ainsi. Si Kaori ne recouvre pas la mémoire, il faudra bien lui apprendre la vérité pour…pour quoi d’ailleurs…pour qu’elle refasse sa vie ? Ou prendra-t-elle la décision encore une fois de continuer l’œuvre de son frère en le secondant. Un grand froid envahit Ryô. Il savait que l’histoire ne pouvait pas se répéter deux fois. Jamais il n’accepterait sciemment d’entraîner Kaori une seconde fois dans le milieu. Cette amnésie, c’était en fait une vraie chance de redonner à Kaori la possibilité de reprendre une vie normale, de se comporter comme une jeune femme normale et de lui donner l’occasion de connaître le bonheur d’une existence sans violence, peur et mort.  

La seule chose qui la reliait à Ryô désormais était ce logement et son frère. Si elle apprend la mort de son frère, elle n’aura plus d’attache et partira. Ryô devait profiter de ce qu’elle avait oublié son attachement…son amour…pour lui pour la laisser s’envoler. C’est le meilleur moyen de la protéger et de faire en sorte qu’elle n’ait plus jamais à subir les folies des vermines qui cherchent à nuire à City Hunter à travers elle.  

Ryô se retourna sur le côté, les poings serrés, le cœur lourd et le corps glacé. C’était décidé. Si d’ici quelques temps Kaori ne recouvrait pas la mémoire; il lui annoncerait la mort de son frère et la pousserait à refaire sa vie loin de lui. Et si elle refuse, il lui demandera de partir.  

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