Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: CHANLYR

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 5 chapitres

Publiée: 25-11-06

Mise à jour: 12-11-07

 

Commentaires: 28 reviews

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RomanceGeneral

 

Résumé: Suite à un naufrage, Ryô se retrouve sur une île déserte, ignorant si sa partenaire a survécu...

 

Disclaimer: Les personnages de "Ô ma mie" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

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   Fanfiction :: ô ma mie

 

Chapitre 3 :: Chapitre 3

Publiée: 27-12-06 - Mise à jour: 27-12-06

Commentaires: J’ai essayé de traduire l’état d’agitation dans lequel je place Ryô, tour à tour calme plat et hargne, et ce parfois dans la même seconde. J’avais la musique (Enya, Johnny H., Ferre dont les paroles sont marquées de l'asterix), dans la tête quand j’ai écrit ce chap donc pour moi c’est l’évidence même ^_^ Life, j'espère que ça continue à te plaire. merci encore à ceux et celles qui suivent cette douce descente dans la folie.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5


 

A nouveau plongé au cœur de la nuit. Il resta là, les bras le long du corps, se fondant dans l’air chaud de la nuit. Cela faisait bien longtemps, des années lumières. Non, il ne fallait pas se cacher la face, cela ne remontait qu’à sa jeunesse. Un frisson le parcourut à ce souvenir. La boucle devait-elle se boucler là ? Avoir été arraché à ses parents à n’en plus s’en souvenir ! ou le traumatisme était si fort qu’il l’avait occulté sans le savoir ? L’histoire se répétait-elle donc ? Après tant d’efforts, après s’être acharné à survivre, à vivre même ! Il n’avait toujours aucun souvenir de ce qui s’était passé. Il rageait de cette ignorance.  

 

Kaori, bon sang, où es-tu ?  

 

Voilà qu’il l’invectivait ! Le comble. Elle n’y était pour rien. Au contraire, il regrettait même leur présence à bord. Il avait découvert, sur le paquebot uniquement, qu’elle abhorrait les navires comme lui les avions. Auusi secrète que lui, elle se livrait comme un fond d’artichaut se découvrait au gourmet. Il fallait en retirer toutes les feuilles, une par une, libérer le cœur de son foin pour enfin le croquer, en apprécier le goût particulier, le moelleux, le cœur tendre qui se laissait enfin déguster. Délicieuse épine de la terre, toujours là au lendemain des soirées trop arrosées, charmante médecine naturelle dotée d’une massue en guise de caducée d'Asclépios. Oui, elle était toujours là, et en dépit de son aversion, elle avait accepté. Il comprenait mieux à présent la surprise qu’il avait lue sur son visage, dans ses yeux noisette qui s’étaient agrandis, son sourire presque timide et cet infime instant d’hésitation avant de donner son accord. Comme c’est étrange cette répugnance pour une îlienne alors qu’elle l’avait suivi sans hésitation pour combattre Kaibara, avec lui, pour lui et personne d’autre. C’était Kaibara et l’issue du combat qu’elle avait craints alors. L’océan n’était qu’un fétu de paille jusqu’au moment Ryô s’était retrouvé prisonnier, l’océan avait repris vie, Gargantua insatiable, réclamant une nouvelle victime, un nouveau sacrifice. C’était comme si lui seul, simple Ryô, avait le pouvoir d’annihiler ses peurs.  

 

« N’abandonne jamais, quoi qu’il advienne… Promets-le moi. » lui avait-il murmuré. Elle avait promis. Il tenait ses promesses et ils avaient une confiance indéfectible l’un envers l’autre. Elle était d’une opiniâtreté à toute épreuve en ce qui le concernait. Elle défierait les éléments pour lui, il le savait. Les films sentimentaux, il détestait. Pourtant, à cet instant, il voyait Kaori agripper de toutes ses forces, avec l’énergie du désespoir, une planche de salut, s’y maintenir coûte que coûte, bravant le froid, le vent, la faim, la soif, s’abreuvant et se nourrissant de ses paroles à lui, s’y rattachant avec cette fougue vitale qui l’avait attiré comme un aimant. Aucun doute dans son esprit. Kaori ne pouvait être que vivante.  

 

Il lâcha un soupir. Décidément, il soupirait beaucoup. Il devrait les compter, ces soupirs, à défaut des moutons ou des hôtesses, des paires de fesses, des hôtesses en tenue de mouton, lui en loup, ça passerait le temps. il hoqueta d’un rire désabusé. Il n’était franchement pas inspiré. Son imagination s’orientait plutôt vers les recherches qu’il allait entreprendre dès que les premiers rayons du soleil poindraient à l’horizon.  

 

Au bout d’un moment, il s’allongea, une surprenante fraîcheur ayant conquis la chaleur du sable le saisit. Les mains croisées sous la nuque, il se laissa submerger par l’océan étoilé, fixant d’abord une étoile lointaine dans ce firmament qu’il avait jadis appris à lire. L’Etoile polaire. La Grande Ourse. Alors qu’il cherchait une constellation, il crut apercevoir une traînée blanchâtre. On disait qu’Hercule avait tété si fort le sein d’Héra que son lait divin s’était répandu dans le ciel en une traînée blanchâtre. Piqué par la curiosité, il planta son regard à l’endroit où il avait vu la voie lactée mais ne vit rien. Encore une illusion de son esprit ? Il haussa un de ses sourcils puis reporta son attention sur les étoiles, certaines plus luminescentes que d’autres et son regard balaya lentement la voûte céleste. A nouveau la traînée blanche qui semblait tracer une route astrale apparut. Il la voyait distinctement maintenant qu’il ne la regardait pas directement. Il sourit amèrement. Cette traversée devait être une croisière d’amoureux. Cette île aux allures paradisiaques auraient pu abriter leurs amours. Une île pour eux tout seul. Seuls au monde. Elle aurait couru sur le sable blanc, le rire aux éclats, les joues tendrement empourprées, se retournant de temps à autre pour constater qu’il la rattrapait, elle aurait vu son visage sublimé par l’amour, il l’aurait attrapée par la taille, leurs deux corps auraient fusionné sous le flamboiement d’un soleil complice alors qu’elle se serait lascivement blottie contre lui. Au soleil levant, à l’aube d’un nouveau jour aussi sanguin qu’une naissance, enfin, ils se seraient embrassés, longuement, avec passion. Jamais ! Jamais il ne laisserait quiconque ou une quelconque puissance mener sa barque ! Il la retrouverait et ce n’était pas cette échappée terreuse qui l’en empêcherait.  

 

Il déserta le sommeil, elle était là avec lui, sa muse étoilée. Elle le berçait de sa lointaine présence. A force de contempler le firmament, il s’était surpris à retrouver son sourire, ses yeux rieurs. Son visage. Emporté par sa vision, il leva sa main pour lui caresser la joue, la lèvre inférieure qu’il avait goûtée que trop brièvement, elle descendait avec tendresse vers son menton. Il lui souriait, la câlinait de son regard amoureux. Mais au moment où il allait le lever, au moment où ses yeux délaissèrent le menton pour rencontrer le regard miroir de Kaori où il se refléterait magnifié par l’amour qu’elle lui vouait, sa main se ferma dans le vide, se transformant en poing qui vint s’abattre sur le sol, arrachant aux ténèbres un hurlement de hargne.  

 

I don't know where you are.  

I keep watching, I keep hoping*  

 

« OU ES-TU ? »  

 

Son cri et le soupir qui le signait s’étirèrent dans l’air.  

 

Combien de temps dure la nuit sur cette foutue île ?  

 

De mémoire, jamais nuit ne lui parut plus longue.  

 

Il se releva, s’étira, enveloppa l’infini bleuté d’un regard scrutateur, en vain, aucune déesse ne sortait des eaux. Alors il marcha, lentement d’abord, un pas puis un autre, Tout à coup, ce fut comme si ses jambes réclamaient. A un rythme de plus en plus accéléré il avança, au pas de course il termina même, avant de ralentir. Il fit le tour de l’île une fois, deux fois, il ne comptait plus les reprises. De long en large et en travers. Elle devait être large d’un kilomètre à peine ! Arg ! L’enfer !!! Il resta à guetter les premières lueurs de l’aube qui lui donneraient le signal. Les yeux mi-clos, les poings serrés le long de son corps légèrement arqué en arrière, il donnait l’impression d’avaler l’air à plein poumon mais il n’était même pas essoufflé, son souffle se confondit tout simplement en injure, il invectivait le ciel, la mer, tout ce qui le séparait de Kaori. Et les infinis bleutés écrasèrent dans leur néant toute expression de rébellion.  

 

Il avait oublié à quel point la nuit pouvait troubler la sérénité, pour le confronter au monde des ténèbres. Le sien.  

Lui qui cherchait le repos dans les lueurs blafardes de l’aurore, qui se saoûlait aux flots de femmes faciles. Etait-ce pour griser la vie sordide ? Pour évacuer l’âpreté de la vie ? A moins qu’il ne s’agisse de remettre l’inévitable confrontation avec la solitude, ou bien de vouloir maîtriser le temps comme il maîtrisait le tir. Dans tous ses états. Il perfectionnait son art. N’étaient-ils pas impitoyables, implacables ?  

Il s’en allait voir les p’tites femmes de Shinjuku. Cigale à leur grand bonheur, au désespoir de sa perle rare. Retrouver la quintessence de la vie dans cet étalage de débauche. Comment faisait-il pour ne pas perdre son âme dans cette course à la vie ? Etait-il blasé à ce point ?Il ne lui restait donc aucune once d’émotions ? Lui avait-on gommé cette merveilleuse faculté humaine qu’était le rêve ? Qu’avait-il cherché au juste ?  

 

Qu'on [lui] donne l'envie  

L'envie d'avoir envie...  

qu'on allume [sa] vie !*  

 

Personne à ce jour n’y était parvenue, personne sauf elle. Kaori, Kaori, Kaori… Elle dansait de plus en plus dans sa tête. Et il ferma les yeux.  

 

 

Se couler dans l’air du temps. Passe-partout ou passe-muraille. Caméléon ou fin observateur de la nature humaine, il se jouait de la vie comme il jouait à se maintenir en vie sous une forme marginale. Il n’existait pas aux yeux des autorités, il n’était qu’un clandestin de la vie. Résister à la vie avec la volonté absolue de ne pas se projeter dans le futur, dénigrer les projets de vie quels qu’ils soient, les refouler sans appel. Vivre au jour le jour, la mort pouvait le cueillir à tout moment. A quoi bon ! Mais, au fond, ce n’était pas lui. En lui grondait une soif de vie qu’il ignorait ou qu’il matait. Ce n’est pas pour rien qu’il cachait un lot de préservatifs dans son imperméable miracle. Gogo gadgets à … et hop, comme le magicien jouant de son chapeau, il animait ses clientes. Oui mais il se préservait, parce que la négligence existait, le feu de la passion pouvait lui faire commettre l’irrémédiable erreur. Et cela voulait tout dire. L’espérance se cachait, tapie dans un coin sombre de son âme. Prête à bondir, à éclater les parois, à se répandre sur sa proie. Et malgré l’allure nonchalante et je-m’en-foutiste de Ryô, malgré le fait qu’il les ait profondément enfoui, elle et l’honneur, les piliers sur lesquels il avait construit sa vie, ils s’échappaient, brefs éclairs à travers son regard, son sourire ravageur, ses rictus à baffer ou à travers sa voix à fondre, à la faire fondre sur lui, à l’interpeller, à lui toucher une corde et elle n’aurait qu’une envie, c’était de capturer ses lèvres, les torturer, les faire siennes, boire ses paroles, avaler sa voix. Ils lui hurlaient à la face. Et à chaque fois, Kaori apparaissait devant ses yeux.  

 

Kaori.  

 

Donne-moi ton regard,  

Donne-moi ta lumière (…)  

Apprends-moi à aimer,  

Apprends-moi la tendresse,  

Détruis mes habitudes  

Détruis ma solitude*  

 

Il eut même l'impression vive cependant fugace de crier à s'en faire exploser les poumons.  

Alors, vivre ou survivre ? Devait-il n’être qu’un survivant ? Un sur-vivant ? Un homme condamné à dépasser l’alpha, le commun des mortels. Etre un sur-homme pour se prouver que la vie vaut la peine d’être vécue, et pourquoi ne pas narguer la mort, cette maîtresse séduisante avec laquelle il fallait garder ses distances, à qui il ne devait pas s’attacher, juste la saluer, se rappeler de temps à autre à son bon souvenir pour doper l’adrénaline et apprécier le sel de la vie ? Un froid l’enveloppa subitement. Il se tourna sur le côté, se calant dans son empreinte, au chaud. Jouait-il à quitte ou double ou était-il d’un réalisme pragmatique qui le dévoyait lui et ses adversaires. La mort était concrète, la vie fuyante. Une balle, une explosion, de la poudre quoi qu’il en soit. Les corps tombaient devant ses yeux. La mort était une compagne comme les autres, un son sourd d’un corps qui cogne la terre aussi commun que pouvait l’être un crissement de pneu, un cri qui déchire l’air comme un glaive fendait l’air dans un sifflement, une odeur nauséeuse de sang comme les parfums qui se mêlent et s’entretuent. Aucune souffrance puisque aucune attache. Il se gardait de souvenirs. Ainsi il ne pourrait s’y réfugier. Il ne pourrait aller que de l’avant et il n’aurait eu aucun remords, aucune horreur de constater qu’avec le temps, va, tout s’en va*, que les souvenirs s’estompent, que les voix disparaissent, que les traits chèrement aimés s’estompent, pour ne laisser que ces instants magiques nimbés de bonheur pur, ou de joie, ou de tristesse. Cela lui aura été épargné au profit d’une vie faite de morts, de fuite en avant, de trahisons jusqu’à ce jour où son chemin croisa celui des Makimura, ce jour où il rencontra l’amitié désintéressée, le respect, l’amour.  

 

les rencontres ne sont pas forfuites. Makimuraaaaa  

 

Where are you this moment?  

Only in my dreams*  

 

 

Les rayons pointèrent enfin à l’horizon. Il pouvait en sentir la caresse sur sa peau. Et tout ce qu’il espérait c’était qu’une seule nuit s’écoulerait parce qu’il ne se voyait pas philosopher sur sa vie les nuits à venir. S’abrutir de bruits, boire jusqu’à plus soif et rester éveiller, avoir juste le temps de rentrer pour tomber littéralement de sommeil, c’était nettement plus dans ses cordes.  

 

Il ne put soutenir de son regard la boule de feu qui s’élevait rapidement dans le ciel. Il n’avait plus prêté attention au lever du soleil depuis des lustres. Toujours couché dans un esprit comateux, entouré de sirènes plus chimériques les unes que les autres. Il s’amusa de cette réflexion. Lui le soleil couchant, elle le soleil levant. Allaient-ils jamais se rencontrer ? Comme le loup et le faucon, toujours ensemble sans pouvoir se toucher, sauf en cette journée d’éclipse où l’Amour avait vaincu le Mal ? Le soleil et lui la lune, le soleil de la nuit. Le soleil aurait-il rendez-vous avec la lune ? On pouvait modifier le cours du temps, n’existait-il pas moult calendriers ? Il suffisait d’être pape ou empereur pour cela. Mais le cours des astres ? Tout ne pouvait se réduire à une éclipse, à ces quelques fragments de minutes trop précieuses parce que éphémères, trop inestimables par leur rareté ! Il n’était que simple mortel certes, mais il influerait leur destinée. Pour elle. Son frère la lui avait confiée. Il devait quitter cette île au plus vite, la rejoindre.  

 

Ce soleil de plomb allait lui tuer les yeux tant il saturait l’espace de sa luminosité. Pourtant, ce n’était encore que les premières heures du matin. Il plissa les yeux. Il ne savait plus où poser son regard. Le sable l’agressait de sa fournaise blanchâtre, l’océan le dardait de ses étincelles solaires, le ciel l’éblouissait à le faire larmoyer. Des milliers d’aiguilles lui transperçaient la rétine. Ils pourraient tout simplement fermer les yeux. Cela aurait le mérite de calmer la douleur. Le spot était toujours là, il le verrait à travers ses paupières. Fermer les yeux, c’était … revoir son visage apeuré, c’était la sentir blottie tout contre lui dans l’embarcation, réchauffer son corps transi de froid, inhaler le parfum vaporeux de sa chevelure salée à chaque coup de vent, c’était l’envelopper de son corps lorsque sa main lui tenaillait le bras… Il secoua la tête pour balayer les images.  

Pas de lunettes de soleil. Pense-t-on seulement à emporter ses lunettes de soleil quand on court pour sauver sa peau, lorsque la vie vous happe avec cette seule et unique idée en tête, ne pas la lâcher. Qu’elle s’en sorte saine et sauve. Il ne dormait pas non plus avec la paire de lunettes autour du cou. Une femme oui. Un oreiller moelleux qu’il pouvait embrasser fiévreusement oui. Une femme. Saeko, Reika, Kazue, Azusa, Sonia, Eriko, Kaori. Kaori. Farouche et prévenante. Colombe et tigresse. Un corps de déesse dans des oripeaux à vous dégoûter de la gente féminine. Cacher pour mieux dévoiler, attiser la curiosité, voilà ce qu’il recherchait. Elle en jouait à merveille. Ces jeans qui lui moulaient indécemment les fesses, ces mini-jupes qui soulignaient une paire de jambes à n’en plus finir, sans parler des t-shirts qu’elle choisissait et qui lui soulignaient une poitrine généreuse. Comment pouvait-il résister à de tels assauts quotidiens ?! Et elle dormait emmaillotée dans une camisole jusqu’au cou pour ne pas laisser la moindre parcelle de peau à découvert. Osait-elle dormir avec des chaussettes ?! Mais pour avoir vérifié sa lingerie, il savait qu’elle ne portait pas de body, l’arme anti-glamour. Il grimaça en y repensant. Le body taille adulte. Non, non, non, sa Kaori n’était plus un bébé, c’était une belle femme qui habillait son corps de lingerie fine ; il le savait. Il ne lui restait qu’à le vérifier, avec elle. Mais elle lui cachait le plus précieux. Pas féminine ? Fallait qu’elle ait une confiance débordante en lui pour avaler pareilles sornettes et lui qu’il soit foutrement idiot à s’entêter de la sorte, à nier l’appel qu’il avait ressenti lors de leur première rencontre. Platonique, il devait s’y tenir. Platonique. Jusqu’au baiser.  

 

Quoiqu’il fasse, il en revenait toujours à Kaori. Elle rayonnait, tout tournait autour d’elle, tel l’astre solaire.  

 

Soleil, soleil…  

 

Son frère ne la lui avait-il pas caché ? Défense d’approcher ! Défense de voir ! Défense de toucher ! Un vrai bunker. Pourquoi ? Pour ne pas qu’il se brûle ? Il esquissa un sourire. Ne voyait-il pas qu’une force incroyable les rapprochait, tels les amants sous les cieux contraires. Les écueils les séparaient, plus unis que jamais ils se retrouvaient. Même l’effroyable épisode où elle s’était séparée de lui, avec larmes et fracas, n’avait eu pour résultat que resserrer plus intimement leur lien, montrer aux yeux de tous que le duo, l’équipe, c’étaient elle et lui, lui et elle, et non elle et un autre, ou lui et une autre. D’ailleurs, personne ne l’avait remplacée. Aveugles cependant ils le restaient l’un envers l’autre. L’une le hurlait, l’autre le taisait. Le geste de Makimura, ses dernières paroles, il les avait respectées comme on respecte les dernières volontés d’un mourant, volontés sacralisées par la mort, elles resteront à jamais un mystère. Même après huit années. A moins qu’il n’ait œuvré sous la coupe de cette mystérieuse force qui ne cherchait qu’à unir ces deux âmes solitaires au cœur meurtri. Et lui dans tout ça ? Pourquoi avait-il accepté l’offre de la sœurette ? Il avait beau rejeté le blâme sur son partenaire, il avait accepté qu’elle l’accompagnât. Il soupira. Ce n’était pas le moment d’y penser ou de ressasser la question. C’était fait c’était fait. Et puis comme il ne croyait pas au hasard, c’est que cela devait être. Fataliste sur le coup.  

 

Il jeta un coup d’œil aux environs et se dirigea d’un pas assuré vers le bouquet d’arbres. Seul havre de verdure, de paix entre ces deux océans aussi profond l’un que l’autre. Franchement il aurait pu y penser plus tôt. Il grimpa jusqu’à la cime du palmier qui l’avait salué de sa curiosité la veille. Le tronc ne fléchit pas. Bien en équilibre, Ryô constata une vaste étendue, étale, dont la surface était vierge de planches de bois. Aucuns débris broyés, déchiquetés, rompus. Il ne savait s’il devait se réjouir ou se rembrunir. L’eau était si limpide. Il ne distingua rien si ce n’est des récifs qui ceinturaient l’île comme de vaillants soldats protégeant un fort. Il la voyait bien distinctement cette barrière naturelle, traîtresse. Pas étonnant qu’il n’y ait pas âme qui vive sur cette île. A moins qu’elle ne serve de repère aux contrebandiers. Où cacheraient-ils leur butin sur cette île microscopique ?, parce qu’il en avait la flagrante confirmation. Sa superficie ne dépassait pas le kilomètre carré, et un profond lagon la scindait en deux en son milieu. Il était bon nageur, il franchirait le récif.  

 

Dans un éclair, Makimura apparut. Ryô blêmit de surprise.  

 

Coupable de ne pas sauver ma sœur.  

Coupable de l’abandonner.  

 

« N O N !!! » Ryô rejetait tout cela.  

 

« Tu m’entends Maki, je refuse. Elle n’est pas morte. Je le saurais. Je la retrouverai. Je ne me dédis ni me parjure. Tu m’entends ?! Alors barre-toi ! »  

 

Il avait hurlé ces mots. C’était la première fois qu’il vociférait contre son équipier. Aussi soudainement qu’il était apparu, Makimura disparut dans l’ombre d’un sourire. Dès lors, comme aveuglé, il perdit l’équilibre et atterrit lourdement sur le sable.  

 

 


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