Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: CHANLYR

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 5 chapitres

Publiée: 25-11-06

Mise à jour: 12-11-07

 

Commentaires: 28 reviews

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RomanceGeneral

 

Résumé: Suite à un naufrage, Ryô se retrouve sur une île déserte, ignorant si sa partenaire a survécu...

 

Disclaimer: Les personnages de "Ô ma mie" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

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C’est simple. Pour illustrer votre texte, il suffit de m’envoyer les images en question et de me dire où elles devraient se situer dans le texte. Je m’occupe du reste. Il faut vous connecter et utiliser le même email que celui que vous m’avez donné en vous inscrivant.

 

 

   Fanfiction :: ô ma mie

 

Chapitre 4 :: Chapitre 4

Publiée: 24-02-07 - Mise à jour: 24-02-07

Commentaires: Kaori. Que devient-elle ? Je remercie immensément ceux qui suivent cette fic et à mes revieweuses dont les commentaires me font un plaisir indescriptible. A bientôt ^_^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5


 

Chapitre 4  

 

Agrippés depuis des heures à leurs planches de salut, cahotés par l’onde océanique, Kaori et ses compagnons d’infortune avaient dérivé au large, la couronne de récifs les ayant rejetés. Seul Ryô faut élu. Propulsés dans les courants du large, sous un soleil de plomb, ils luttaient pour leur survie, lapant une à deux gorgées d’eau de mer, hautement salée. La brise cuisait leur peau à leur insu. Elle était cependant leur seul répit sous la fournaise. Même la mer ne procurait pas le soulagement souhaité, une eau chaude, délicieuse pour les baignades estivales, dont la température ne différait de celle de l’air que d’un degré. Alors tremper un bras, une main, se mouiller le visage soulageaient agréablement dans un premier temps mais bientôt, le vent et le soleil s’armaient à dessécher leur peau, et les démangeaisons commençaient. A s’en gratter jusqu’au sang. Leurs lèvres se desséchaient, se crevassaient. Bercés par ce doux tangage, à la recherche désespérée d’une retraite, ils glissaient dans une torpeur trompeuse, leurs paupières se fermaient, l’espoir perdu. Epuisés d’avoir tant ramés, d’avoir les doigts accrochés, tels des pieux sur une paroi instable, à pic. Les muscles tétanisés, à la limite de la rupture, criant grâce, résistaient à la tentation de céder.  

 

Pour tromper la douce mélancolie qui les gagnait, ils se parlaient de tout et de rien, surtout de rien pour en venir à parler de tout, des espoirs, du futur qui n’attendait qu’à être vécu, de la vie belle et ensoleillée qui les attendait, des amis, de la famille, du bateau qui ne tarderait pas à croiser cette partie déserte de l’océan, et elle, dans le plus grand secret, de Ryô. Merveilleux secret qu’elle ne voulait pas partager par peur qu’il ne disparaisse. Douloureux parce qu’à peine réunis, les éléments venaient de les séparer, comme s’ils étaient de simples pions, des fétus de paille qu’une brise suffirait à emporter. Ce n’était même plus de la rage. Combien de fois avaient-ils remporté la victoire, blessés, le cœur soudain à nu. C’était un froid intérieur qui la glaçait alors que la chaleur de l’eau aurait dû avoir l’effet inverse. Ryô. Cette crainte viscérale de ne plus le revoir. Et pourtant il suffisait de quelques sourires sur le visage et le cœur gonflait l’espoir. L’attente était longue, incroyable élastique que ce temps-là. Comme un seul homme, ils s’encouragèrent pour résister à la faim qui les tiraillait, à la soif qu’ils ne pouvaient épancher, à ce chant marin dont les notes jouaient d’une harmonie redoutable, rivalisant de beauté avec celle d’Orphée. C’était diablement tentant. D’un geste rendu gauche par l’immobilité, il suffirait d’écarter les doigts, puis se prélasser enfin, se laisser flotter au gré des flots, caressés par le soleil, le sourire aux lèvres, détendus. Il leur fallait jouer de volonté.  

 

Le sommeil. Comme elle avait sommeil, ses membres engourdis fourmillaient d’aiguilles, les tempes lui cognaient à en vomir. Dormir, ne serait-ce que quelques secondes, rien que deux ou trois minutes, ce n’était pas bien grave, elle pourrait récupérer ainsi. Ses doigts ressemblaient à des crochets cramponnés sur le bois, elle ne prenait aucun risque, elle ne pourrait glisser. Ses pensées s’envolèrent vers Ryô, un sourire étira ses lèvres sèches. Oui, quelques secondes…  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Quand Kaori rouvrit les yeux, elle se trouvait dans une salle anonyme, entourée de parois blanches, une forme ronde accrochée au plafond, immense, d’une blancheur neutre. Elle resta immobile, ne cligna même pas des yeux. Comme si revenue d’un long voyage, elle découvrait, choquée, le monde qui l’entourait.  

 

Ses jambes ne flottaient plus. Elle n’oscillait plus, la mer avait disparu de son horizon. Le clapotis contre les planches ne résonnait plus dans son cerveau. Le vent s’était calmé. Quel silence ! Elle bougea légèrement ses doigts, paniquée à la pensée de lâcher prise, les fit glisser, puis sans même s’en rendre compte, s’écarter sur un tissu froid, légèrement rugueux. Des larmes mouillèrent ses yeux, elle pouvait bouger à nouveau. Puis ce fut sa main dont elle retrouva les sensations, elles atteignaient maintenant un bord moelleux, une rondeur métallique, froide, le vide, béant. Alors elle cligna des paupières, réalisant ce qui s’offrait à elle, une survie.  

 

Ce fut à ce moment qu’une infirmière entra dans la chambre. Au son de la poignée de porte relâchée abruptement, au pas qui suivit, Kaori tourna avec lenteur son visage. Elle ne vit pas les pansements retenant les aiguilles profondes dans sa chair, les tuyaux reliés au moniteur. Son regard vide croisa celui d’une jeune femme tout de blanc vêtue, le visage en fête tant le sourire rayonnait, puis la jeune femme en blouse blanche se mit à parler. Kaori, elle, ne souriait pas. Elle ne comprenait pas. Elle était ailleurs. De nouvelles larmes s’écoulèrent le long de ses joues.  

 

Pour Kazue, ce fut un excellent indicateur et sa joie redoubla d’intensité.  

 

Les deux journées s’effilèrent tandis qu’elle reprenait peu à peu pied dans la réalité. Elle récupéra rapidement, son état n’étant pas alarmant.  

 

Après le choc du réveil, après ce court séjour à la clinique sous la haute surveillance de Kazue et de Doc à réhydrater son corps, ce fut le départ, enfin, le retour. Elle voulut être seule, loin de la joie de ses amis, loin des voix rassurantes, loin de leur présence qui l’entourait d’amour. Elle se voulait forte. En dépit de sa réticence, Kazue obtempéra.  

 

*-*-*-*-*  

 

A mesure que Kaori approchait de leur immeuble, elle faiblissait, ralentissait le pas, le traînant même jusqu’au moment où elle se retrouva immobile, la main sur la poignée de porte. Quand elle eut enfin ouvert la porte, lever le pied et avancer furent au delà de ses forces. Elle resta un long moment sur le seuil, la main crispée sur le pommeau. Le froid revint, plus vif que précédemment. Elle n’était plus contenue par l’eau, ni soutenue par un lit. Elle était à l’air libre, comme perdue, debout sur deux pieds, brin d’humain dans cette immensité. Ce fut terrible cette liberté, tout cet espace. Elle ne savait plus marcher tout à coup. Ce fut une véritable épreuve. Le « Home Sweet Home » eut un goût salé.  

 

Elle ne sentait plus le tabac froid, malgré les précautions qu’il prenait à fumer sur le toit ou ailleurs, il sentait cette odeur âcre qui lui brûlait la gorge et lui causait des crises d’éternuement lorsqu’elle était plus tenace que d’accoutume. Elle n’entendait pas son pas lourd et traînant racler les lames du plancher, ni ses jérémiades, ses complaintes d’étalon mal aimé. Elle ne voyait pas son regard la transpercer de part en part comme si elle était transparente, comme si lui seul connaissait la note qui allait éclater. Un vrai virtuose. Il la connaissait presque. L’envie de fuir à toute jambe ce havre de vie la submergea et elle s’écroula, éclatant en sanglots. Adossée contre la porte, elle s’affaissa de plus en plus, glissant le long du panneau de bois enfin refermé. Les bras ceignant ses genoux, le visage caché au creux de cette frêle protection, elle déversa son chagrin. Les heures passèrent. Le soleil déclina sur l’horizon, écrasant la nuit d’un épais voile ocre, surnaturel.  

 

 

Elle essuya ses larmes, renifla plusieurs fois avant de relever timidement son visage. Elle balaya l’espace du regard. L’appartement avait l’âme d’un appartement abandonné au temps. Tout lui parut démesuré, comme si la seule présence de son partenaire suffisait à remplir l’espace laissé béant, ou suffisait à lui donner une taille, une résonance, une dimension humaine.  

Pourquoi elle ? Pourquoi lui ? et non l’inverse ?  

Elle jouait un rôle mineur dans leur association. Elle s’était même imposée à lui, l’effrontée. Lui était tout. Tout pour elle. Elle l’aimait à en mourir.  

 

Elle se sentit épuisée, vidée, vide de vie. Etaient-ce les pleurs ou le résultat d’une absence incommensurable ? Elle se mit à trembler, à claquer des dents. Froid. Il faisait extraordinairement froid dans leur appartement en cette belle nuit d’été. Elle prit appui contre la porte pour se redresser, les deux mains bien plaquées contre le bois. Elle y resta adossée, puis croisa les bras, les épaules anormalement rehaussées, opprimant sa poitrine, dans une quête d’un réconfort, d’une chaleur qui ne viendraient pas, le regard ailleurs.  

 

 

Le sommeil lourd eut raison de son errance. Au petit matin, Kaori se réveilla, sauta du lit, se doucha, s’apprêta. Elle avait retrouvé son entrain et personne, oui, personne n’entraverait son chemin.  

 

Une salve d’énergie la galvanisait dès qu’elle pensait à Ryô. Cette énergie à transporter des montagnes, à vaincre les obstacles les plus titanesques, à décrocher la lune, s’évanouissaient comme neige au soleil dès la nuit tombante, où, confrontée à l’absence, la douleur se ravivait. Elle avait eu grand hâte de sortir de la clinique, enfermée entre ces quatre murs blancs, avec pour seul horizon le plafond. Elle s’en voulait d’avoir été si faible parce que ces deux journées isolées avaient retardé les recherches. Elle mourrait d’envie d’aller le rejoindre. Alors, elle résolut d’agir sans l’aide de l’équipe qui lui aurait fait gagner de précieuses heures. Elle n’en savait rien. Elle ne voulait pas lire sur leur visage, dans leur regard, des émotions qu’elle-même avait peine à maîtriser, elle voulait les vivre sans témoins, sans oreille et œil indiscrets, même si elle connaissait la valeur de leur silence, et puis elle ne voulait pas non plus les assommer de ses états d’âme. Vivre entourée du bonheur des autres, aussi fidèles, attentionnés, aimants et discrets fussent-ils, ouvrait une brèche dans laquelle elle refusait de s’engager. La comparaison allait conduire au passé, or elle pensait à l’avenir. Ce fut donc seule qu’elle entama les recherches, contacta le commandant du yacht qui les avaient sauvés, obtint de lui la route qu’il avait emprunté, le détours effectué pour les recueillir. Il se souvenait d’elle pour l’avoir enveloppée d’une couverture humide et tenté de lui faire absorber de petites quantités d’eau salée à l’aide d’une cuiller à thé alors qu’elle détournait le visage avec obstination, le sel lui brûlant davantage les lèvres meurtries.  

 

Elle trouva un cybercafé, passa des heures derrière le petit écran à chercher pour enfin obtenir des photos satellites. Elle découvrit alors un chapelet d’îles autour de la zone du naufrage. Certaines trop petites pour y accueillir et développer une vie humaine, d’autres entourées de récifs pour prévenir ou les défendre de toute invasion humaine. Des îles paradisiaques pour les amoureux de la nature, pour les amoureux tout court. Son enthousiasme grandissait à mesure qu’elle imprimait les clichés parce qu’elle présélectionnait des zones à survoler. Petit à petit les distances se réduisaient. Elle les avalerait ces kilomètres qui la séparaient de lui. Parmi toutes ces derniers refuges de la nature, elle en vit un séparé en son milieu par un gigantesque lagon d’un azur si limpide que l’océan semblait en avoir protégé le cœur qu’il formait par une écaille de poudre céleste. Même la nature est amoureuse, sourit-elle. Elle était pleine d’espoir, gorgée d’une vie, d’une énergie pour deux. Quelle merveilleuse journée !  

 

« Je suis là Ryô. Je ne t’abandonne pas Ryô, entends-moi où que tu sois. S’il te plait, ne m’abandonne pas. »  

 

Et les larmes jaillirent pour la n-ième fois. Pleurer toutes les larmes de son corps, était-ce possible ? Elles ne tarissaient pas. C’était comme si les cellules de son corps avaient absorbé l’océan et qu’elles en libéraient les flots à l’infini. Il ne fallait pas qu’il puisse penser qu’elle l’ait abandonné.  

 

« Je te défends de penser ça ! »  

 

Elle lui avait promis, elle n’était pas la moitié de City Hunter pour rien. Il avait déjà subi la perte de ses parents. Elle ne lui infligerait pas cette autre épreuve. L’avion. L’accident. Il disait ne pas avoir de souvenirs. Peut-être était-ce la réalité. Il était si secret. Peut-être en avait-il tout simplement enfermé la douleur au plus profond de lui, bouclée derrière un filtre digne d’une porte anti-atomique, le protégeant de sa mémoire.  

 

Avait-il seulement fait le deuil de ses parents ? Pourquoi pleurer quelqu’un dont on a gardé aucun souvenir ? ou que l’on ne connaît pas ? La douleur, la déchirure, les sanglots, la tristesse, le chagrin qu’il faut apprendre à conquérir, surpasser, vaincre. Elle pâlit d’effroi. Ses parents avaient péri et gisaient sans sépulture. Ses jambes ne la portèrent plus. Il fallait qu’elle cramponne son siège, qu’elle se rassure, qu’elle se dise alors qu’il ne l’avait pas vécu ce moment où, le trou creusé dans la terre, là, devant ce cercueil où gisait le corps aimé, inerte, il aurait compris avec autant de brutalité que la mort était une séparation nette et définitive. Il fallait qu’elle le voit, qu’il la voit, qu’elle lui dise qu’elle était bel et bien vivante ! qu’elle constate qu’il était bel et bien vivant ! Elle ne voulait pas revivre ça, non.  

 

Ce moment où une main fraternelle la poussait gentiment de sa main dans le dos pour la faire avancer d’un pas vers cette absence. Avec ses yeux d’enfants qu’elle avait baissés, elle avait vu la profondeur, un abysse s’ouvrir à ses pieds. Il n’est plus.  

 

Ce moment où elle s’était baissée pour cueillir la terre et le recouvrir de cette poignée venu du cœur, sans comprendre pourquoi elle faisait ce geste, qu’au moment où sa main s’ouvre, la terre retombe, s’échoue sur le bois dans un étrange bruit sourd mais creux, plat, et qui résonne dans ses oreilles. Au milieu de tous ces gens, tous ces collègues anonymes, elle était seule. Et puis, elle ne le voyait plus, on le recouvrait de terre. Sous-terre. La terre le lui prenait, le lui arrachait, dans une indifférence totale. « Ryô… » souffla-t-elle.  

 

Tout se mélangeait dans sa tête. Son père, son frère, lui. Les larmes diluaient les couleurs encore fraîches des impressions-photos.  

 

Le ciel, cette journée-là, pleurait sa délicate poudre blanche comme pour apaiser les cœurs. Etait-ce pour rendre la lumière à cet être cloué dans l’obscurité ? Elle aurait baffé celui ou celle qui aurait usé d’un humour déplacé, celui ou celle qui, dans un élan de fausse compassion lui aurait sorti à la face qu’Il faisait son ménage. Non, Il ne faisait pas son ménage cette journée-là, et non, ce n’était pas de la poussière. L’étendue blanche dessinait tout simplement un chemin que son ange lui traçait pour l’accueillir dans son royaume. Elle bondit de sa chaise, surprenant tous les autres internautes. Oppressée, elle écarquillait les yeux, ouvrit grand la bouche, aspirant une goulée d’air comme si ce simple geste l’apaiserait, la gonflerait d’oxygène. Toute cette eau. Elle devait arrêter de fixer le petit écran mais les profondeurs océaniques captivaient son regard. Quelle douceur se devait être de plonger dans ces eaux ! Rafraîchissant, relaxant, … gouffre profond, gigantesque cimetière… Ryô ! Ryô ne se laisserait pas faire. Il combattra. Il n’avait aucune peur.  

 

Non, non, non, non, non. La mort est concrète pour lui, violente, bruyante, la vie fuyante. On ne lui cache pas la mort. Une balle, une explosion. De la poudre quoiqu’il en soit. La vie était là, elle tombait devant ses yeux. S’il n’avait aucun souvenir de ses parents, il ne pouvait pas se raccrocher à des souvenirs. Il pouvait très bien en avoir échappé. Après tout, elle se portait très bien elle qui n’avait pas connu de mère. Ryô avait un instinct de survie extraordinaire, phénoménal. Je suis vivante, tu m’entends ?! Vivante !!! Elle se précipita vers la sortie alors que tous les regards se braquèrent sur elle. Son cœur battait aussi vite qu’allaient ses pas. Elle faillit recevoir la porte sur le nez tant son geste fut vif et brusque. Une feuille fraîchement imprimée s’échappa de ses mains tremblantes tandis qu’elle franchissait la porte. Cette dernière se referma sur elle sans qu’elle ne s’aperçoive de la présence de Mick, veilleur discret qui gardait constamment un œil sur elle depuis son retour. Il ramassa aussitôt le papier. Quand il vit le cœur bleuté dans un écrin de verdure bordé de sable blanc, il eut un sourire triste. Il la garda précieusement avec cette intime conviction que telle était la destinée de Kaori.  

 

Et s’ils avaient bafoués sa douleur ?! Lui dire qu’il était trop jeune pour éprouver un tel chagrin ?! Elle était à court de souffle. Il avait cette volonté incroyable de survie et d’adaptation. Ryô était la vie. Alors pourquoi s’appesantir sur quelque chose dont il pouvait ignorer l’existence. Il avait aimé un parent, même s’il n’était pas son parent biologique, il avait pleuré même. Seul. Pourquoi toujours cacher tes émotions Ryô ? Elle fonça tête baissée vers leur appartement.  

 

Est-ce pour cette raison qu’il avait décidé de ne pas vivre, enfin, de ne pas ressentir une nouvelle fois le sentiment de perte totale, d’abandon mais de vivre chaque seconde de sa vie. Brûler chaque atome de sa vie. Comment savoir avec exactitude ? Un esprit sain dans un corps de débauché. C’était comme si son passé lui était rapiécé par ses amis parce qu’ils étaient ses amis, les quelques peu à le connaître et à l’accepter lui dans toute sa splendeur de contradictions, de perversité et d’humilité. Et au moment où il s’était à nouveau ouvert au sentiment, la mort de son coéquipier. Encore. Même si pour celui-ci, il n’en était pas responsable.  

 

Je suis là ! Et t’as pas intérêt à me lâcher ! Tu entends Ryô Saeba ! Renonce une seconde et tu te retrouves en orbite !  

 

Elle baissa la tête, une nouvelle vague inonda ses paupières. Elle devait le retrouver au plus vite, lui dire. Une journée s’était écoulée depuis sa sortie de la clinique, il lui manquait atrocement. Alors, non, elle refusait de penser à ce bel adage ‘mais la vie continue’ oui elle continuera la vie et avec lui. Les mots s’agglutinèrent sur ses lèvres, lui dire qu’elle l’aimait, qu’elle l’aimait lui et personne d’autre, ce caméléon de la vie, ce pervers patenté, lui et ses mystères qu’elle tardait à découvrir, et qui l’humanisaient encore plus à ses yeux, qui lui donnaient l’envie irrépressible de l’étreindre, de le boxer, de le bercer de douceur, de le retourner, de le massuer, lui et ses amnésies temporaires qui l’enrageaient, lui et ses facéties fallacieuses, lui tout entier.  

 

Labyrinthe de mes rêves,  

Reste la lumière qui m’éclaire  

Sois mon souffle, mon envie, mon amour  

Que ma soif s’épanche dans ton regard  

Que tes mains sculptent mon corps,  

Sous la douce caresse de ta voix  

Je guide mes pas vers toi.  

Ton sourire est mon miroir  

Ton corps, mon havre.  

Tu m’as emprisonnée,  

Reste à jamais mon beau geôlier  

Je viens te délivrer.  

 

 

« Et parce qu’un baiser ne me suffit pas Ryô, » elle hurla dans l’appartement, les jambes bien en appui sur le sol, les poings sur les hanches, menaçante comme jamais elle ne l’avait été. « Il n’y a pas qu’Orphée dans l’histoire, je t’arracherais à ces îles, à tes rêves tordus ou à la mort, à coup de massues s’il le faut, ne me provoque pas Ryô ! faut pas m’énerver !!! Je lui prépare un accueil spécial moi à cette beauté des îles qui aura eu le culot de te retenir !!! »  

 

Elle poussa un soupir de soulagement. Ah ! eh bien, ça va mieux. La tristesse recula définitivement devant la volonté farouche de le rejoindre. Le soir même, elle saisit un sac sagement rangé dans la penderie, y jeta pêle-mêle quelques vêtements. Elle n’arrivait plus à mettre son cerveau en veille, elle eut l’impression d’être un gigantesque réseau de données dont certains fichiers s’ouvraient en pleine page lui rappelant son plan d’attaque au lieu du sommeil réparateur. « rapatriement », « doc », « identité », « massues », « baisers », « île », « cœur », « avion », « bateau », « lune de miel ».  

 

« Ah oui, doc. » Il lui avait déjà sauvé la vie. Et puis ils se connaissaient d’homme à homme. Bon, de maître es-vice à élève surdoué aussi. Fait important et qui fit pencher la balance, Ryô lui faisait une totale confiance. Elle mettrait donc Doc à contribution, bon gré mal gré. Après tout, elle avait amassé suffisamment d’informations pour se lancer. Elle improviserait une fois sur place. Il n’y avait plus qu’à.  

 

 


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