Hojo Fan City

Kaori était plongée dans un sommeil agité peuplé de mauvais rêves. Elle se réveilla soudain en sursaut. Haletante, elle regarda autour d’elle et fut surpris de trouver place vide à côté d’elle. D’habitude, lorsqu’elle faisait des cauchemars, elle trouvait toujours refuge dans les bras de son homme. Elle jeta un coup d’œil au réveil posé sur la table de nuit. Il indiquait 2h42.

Mais aucune réponse. Un silence quasi religieux régnait dans la maison. Soudain prise d’un mauvais pressentiment, Kaori sortit précipitamment du lit et se dirigea vers la chambre de leur fille. Quand elle ouvrit la porte, rien ne lui parut suspect. Seul le bruit de la paisible respiration d’Aï se faisait entendre. La jeune femme s’approcha du berceau et sourit à la vue de son ange endormie. Elle remonta les draps pour que son bébé n’attrape pas froid puis déposa un baiser sur son front avant de retourner dans sa chambre. Elle se laissa tomber sur le lit en soupirant : mais où était son mari ? Elle tourna la tête et sur un des oreillers aperçut une enveloppe sur laquelle était inscrit son prénom. Reconnaissant l’écriture de Ryo, Kaori se saisit de la lettre et l’ouvrit d’une main tremblante. Elle s’assit sur le rebord du lit, dépliât la lettre, et commença à la lire

« Mon amour,

Quand tu liras ces mots je serais déjà loin. M’éloigner de toi et de notre fille a été la décision la plus difficile que j’ai eu à prendre de toute ma vie. C’est un véritable déchirement, crois moi. Je t’aime tant mon amour, tu es la plus belle chose qui me soit jamais arrivé dans ma vie. Sais-tu que tu as été une véritable bénédiction pour moi ? Avant que je ne te rencontre, je vivais dans un monde sans lumière, sans amour. Et puis un jour j’ai eu le bonheur de croiser le chemin d’un ange…enfin un ange un brin démoniaque car elle m’a assommé sous une massue. Mais à partir du moment où j’ai posé les yeux sur toi, toute ma vie a changé. J’ai sentie naitre en moi un sentiment nouveau : l’amour. Je n’avais jamais ressentit ça pour personne, du moins jamais un amour aussi fort et aussi intense. J’ai alors que su que j’avais trouvé la femme de ma vie.

Quelques mois après notre rencontre, tu m’as appris la plus merveilleuse des nouvelles : que tu attendais un enfant. Je me souviendrais toujours de ce moment. Tu étais si timide, si effrayé de m’annoncer que tu étais enceinte. Mais si heureuse aussi. Ton visage irradiait de bonheur. Et lorsque tu m’as tout dit, moi aussi j’ai été le plus heureux des hommes. Moi, Ryo Saeba, qui n’ait jamais connue mes parents, qui ne sais pas d’où je viens, j’allais avoir un enfant. Sache Kaori, que cet enfant je l’ai désiré aussi fort que toi parce qu’il allait être une partie de moi et surtout de l’être que j’aime le plus au monde. Je n’aurais pas voulu d’autre mère que toi pour mes enfants. Tu es unique mon ange. Tu es un être si pure, si touchant…Un être que je ne mérite pas.

Oh, Kaori ! Il y a tellement de chose que tu ignores sur moi, des choses de mon passé que je vais te révéler et qui je le sais te feront changer tes sentiments à mon égard. C’est pour ça que je n’ai pas le courage de t’avouer tout ça en face : je ne veux pas voir le dégoût et la peine se peindre sur ton beau visage quand tu sauras tout.

Alors voila, mon histoire à commencer il y a plus de trente ans, quand un avion en feu c’est écrasé au bout milieu de la jungle amazonienne… »

La lecture de cette lettre plongea Kaori dans le passé tourmenté de son homme. Jamais elle n’aurait imaginé que Ryo ait pu lui cacher de telles choses. Il lui racontait tout à détails : son enfance en pleine jungle, la guérilla, sa vie de nettoyeur aux Etats-Unis puis au Japon et surtout la mort de son père, la manière dont il avait été tué. Sans doute Ryo pensait-il que les révélations sur son passé aurait effrayé sa belle. Pourtant c’était tout le contraire. Du passé de Ryo, elle ne retenait qu’une chose : qu’il avait souffert. Terriblement souffert : d’abord de la mort de ses parents puis de la guerre et enfin la trahison de celui qu’il considérait comme son père. Elle comprenait maintenant mieux le caractère un peu sauvage de son homme. Avec un tel passé ce n’était pas étonnant. Mais ce passé ne faisait pas peur à Kaori car elle connaissait le vrai Ryo. Elle aimait l’homme qu’il était aujourd’hui et pas celui qu’il était hier. Elle se fichait de ce qu’avait pu faire Ryo auparavant !

Il voulait regagner le Japon ? Très bien ! Mais il ne le ferait pas sans elle ! Ca c’était hors de question ! Elle savait ce qui lui restait à faire ! Sans perdre une minute, elle se leva du lit, se précipita vers l’armoire : elle en sortit des affaires qu’elle jeta dans un sac de voyage, ne prenant que le strict nécessaire. Puis elle se dirigea vers la chambre d’Aï. Comme elle avait fait pour, la jeune femme prépara la valise de sa fille, faisant quand même attention à ce qu’elle est tout le nécessaire. Avec précaution, elle prit ensuite sa fille dans ses bras, la mit sur la table à langer afin de lui passer une tenue plus appropriée pour voyager que son pyjama. Elle l’installa ensuite dans son couffin et la couvrit chaudement.

Après s’être changer elle aussi, la jeune femme était prête pour partir. Le nœud au ventre, elle espérait seulement que Ryo ne soit pas partie. Avec un peu de chance, son bateau n’aurait pas encore quitté le port. Connaissant la peur de son mari pour les avions, elle se doutait sur s’il devait quitter le pays se serait par ce moyen. Elle installa Aï dans la voiture et mit les deux sacs dans le coffre. Puis elle démarra et sans un regard derrière, elle partie en direction du port, espérant avoir encore le temps de rattraper l’homme qu’elle aimait.

- Voila votre billet monsieur Saeba, je vous souhaite un bon voyage sur notre compagnie maritime !

La guichetière adressa un splendide sourire à l’homme qui se tenait devant elle. Elle le trouvait vraiment séduisant. D’ailleurs, il lui adressa un sourire charmeur quand il se saisit de son billet. Mais, malgré les apparences, Ryo n’avait aucune envie de draguer. C’est plus par habitude que par intérêt qu’il avait répondu au sourire de cette femme. Il alla prendre place sur un des fauteuils en entendant leur de départ de son bateau qui était prévue dans une demi-heure. Le voyage jusqu’au Japon devant durer deux jours et demi. Il avait choisi de voyager de nuit, pour ne pas attirer l’attention. C’est vraiment la mort dans l’âme qu’il quittait la Thaïlande et qui laissait derrière lui sa femme et sa fille. Mais il savait que c’était la meilleure solution pour elles. Il fouilla dans sa poche pour sortir son portefeuille. Il en sortit une photo où il posait avec Kaori et Aï. Cette image lui fit mal au cœur, car il savait que jamais il connaitrait un pareil bonheur. Plus jamais il n’entendrait le rire merveille de sa fille ou la voix si sensuelle de son ange l’appelait…

Au son de cette voix si familière, Ryo crut l’espace d’un instant qu’il rêvait. Mais son instinct lui fit lever les yeux. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir devant lui Kaori tenant dans ses bras leur fille. De surprise, il se leva et Kaori en profita pour se jeter dans ses bras, serrant contre lui en faisant attention de ne pas écraser le bébé. Par habitude, le nettoyeur referma ses bras autour d’elles.

A ses mots, Ryo se dégagea de son étreinte et lui tourna le dos. Il avait peur de ce qui allait lire dans le regard de sa femme. Mais Kaori ne le laissa pas faire. Elle revint se planter devant lui et l’obligea à la regarder :

- Je sais tout Ryo…Je sais qui tu es et ce que tu as fais avant de me rencontrer…Mais je veux que tu saches que pour moi ça ne change rien…Je t’aime Ryo et je veux partir avec toi pour le Japon.

Ryo la dévisagea avec incrédulité. Qu’est-ce qu’elle était entrain de dire ? Qu’elle voulait toujours de lui malgré le fait qu’il lui ait caché tout son passé et surtout qui lui ait appris qu’il était un nettoyeur, le plus redoutable de tous. Son cœur se serra. Dieu qu’il aimait cette femme ! Elle était extraordinaire ! Mais il ne pouvait pas la laisser faire ça :

- Kaori, tu as lu la lettre donc tu sais qui je suis, tu sais dans quel monde je vivais avant…Je n’ai pas le droit de t’embarquer dans mon monde. Si tu restes avec moi, ta vie et celle d’Aï sera toujours en danger…

- Alors tu veux m’abandonner ? Nous abandonner ? demanda-t-elle, les larmes aux yeux, serrant sa fille contre elle.

- NON ! s’écria la jaune femme en se jetant contre lui. Ne me demande pas ça je t’en pris ! Ne me demande pas de renoncer à toi ! Je ne le pourrais pas, je t’aime trop ! Je me fiche de ton passé, je me fiche de qui tu es ! Peu importe ce que tu as fais, pour moi tu es l’homme que j’aime et le père de mon enfant. Et je veux passer ma vie avec toi que se soit à Tokyo ou ailleurs ! Je n’ai pas peur de ce que l’avenir peut me réserver du moment que je suis avec toi…Je sais que tu pourras nous protéger Aï et moi !

Face à une telle déclaration, Ryo sentit ses bonnes résolutions s’envoler comme neige au soleil. Lui qui se répéter depuis des semaines qu’il devait quitter Kaori et Aï pour leur permettre d’avoir une meilleure vie, ne pouvait plus désormais envisager de vivre sans elles. Les quelques heures qui venaient de s’écouler avaient été un vrai calvaire alors s’imaginait toute une existence sans les deux amours de sa vie lui était impossible !

D’un geste tendre, il passa sa main derrière la nuque de sa belle avant de baisser ses lèvres vers les siennes et de l’embrasser avec fougue. Quand leur étreinte pris fin, il posa son front contre le sien et la contempla avec un magnifique sourire :

- Pardon Sugar d’avoir voulu vous abandonner ! Je vous aime tellement toutes les deux ! J’ai été fou de penser que je peux vivre sans vous…

- Ca veut dire que tu acceptes qu’on vienne avec toi ? demanda Kaori, les yeux plein d’espoir.

- Bien sur mon ange ! répondit Ryo en caressant tendrement la joue de sa fille qui regardait ses deux parents avec attention. Il n’est pas question que je vous laisse partir ! Et je vous promets que quoiqu’il arrive, je vous protégerai toujours et que quoiqu’il se passe je vivrais pour vous. Rien ne pourra m’éloigner de vous…

Ryo venait enfin de comprendre une chose importante : sa famille ne serait jamais un handicap pour lui, au contraire, elle serait sa force. Et jamais il ne laisserait un de ses ennemis venir troubler ce bonheur qu’il avait si longuement cherché…