Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: cityxyz

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 38 chapters

Published: 08-06-11

Last update: 02-09-17

 

Comments: 79 reviews

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RomanceAction

 

Summary: /!\ AU 29/02/2020 chapitre 1, 2, 3, 4, 5 et 6 réécrit /!\ La vie apporte parfois des événements qui poussent les individus à agir en conséquence... C'est la mystérieuse et douloureuse expérience à laquelle va faire face le nettoyeur ainsi que ses fidèles camarades d'armes... Entre amour et raison, ils vont devoirs arriver à dompter leurs sentiments...

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ : De vous à moi..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Amour Ultime

 

Chapter 35 :: Chapitre 34

Published: 23-01-17 - Last update: 23-01-17

Comments: Je suis émue de vous présenter cet avant dernier chapitre ... J'espère que vous le savourerez et qu'il vous plaira et vous sera agréable ... Encore merci pour votre fidélité et vos mots laissés à mon attention ... Biboucha67 : Déjà, merci pour tes compliments qui me vont droit au coeur, et qui me touche profondément ! Ces progrés sont grâce à ses nombreux conseils que j'ai reçu depuis si longtemps... Je suis heureuse et comblée que tu me suives depuis le début et me sois encore fidèle ! Je suis navrée pour la longue attente et espère que ce chapitre remplira ta gourmandise ! En ayant hâte d'avoir ton avis, bonne lecture :) Jawrell : Encore une fan assidue mais surtout COURAGEUSE pour me suivre depuis le début, car cette fiction ne date pas d'hier x) ! Je suis heureuse de pouvoir donner un peu de bonne humeur et vos mots et encouragements m'épanouisse énormément ! Alors, juste un "grand" merci ! Bonne lecture ; avec hâte d'avoir ton avis également !

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38


 

Chapitre 34 : « La fin du jour est femme… ». Paul Valéry  

 

 

L’avion s’était posé aussi calmement que l’avait été ce voyage. Hélène avait été fouillée, des pieds à la tête, passant même au détecteur de métaux. Heureusement, le micro placé dans sa molaire avait été faite dans une matière non métallique. La technologie des gouvernements liés à la sécurité ne se privaient pas de progression révolutionnaire, et bien évidemment secrète.  

 

Vlad restait en permanence à ses côtés, pendant qu’Erika les suivait à l’arrière. Une atmosphère étrange régnait entre ce patron et sa collaboratrice. Un vol silencieux, où le russe assis auprès de la russe ne se parlaient guère, ne se regardaient guère, aucune stratégie ne se tissait, rien ne se passait, sauf un effroyable silence. Hélène aurait pourtant juré qu’ils se parleraient, partiraient dans un coin tranquille pour anticiper un dénouement certain. Sauf qu’ils ne s’étaient pas une seule fois levés, pas même pour demander au pilote quand ils seraient arrivés. Aucune boisson n’avait été servi ni amuse-bouche, pas même pour fêter la mort de leurs ennemis coriaces. En référence à ses ennemis, excepté ce léger sourire de satisfaction en quittant les égouts, Vlad n’avait rien fait ressentir de plus. Restait-il sur ses gardes ? Pourtant, il semblait confiant, alors, était-ce la léthargie soudaine d’Erika qui le maintenait en alerte ? Bien étrange, bien étrange de la part de ces criminels experts de se contenter d’un mutisme, alors qu’ils paraissaient si satisfait quelques minutes avant le décollage.  

 

L’écho de ses talons fit sortir Hélène de ses souvenirs. Sans s’en rendre compte, elle avait traversé la moitié de cette imposante bâtisse, construite au milieu de nulle part. Elle avait été surprise de se retrouver sur une île. En descendant de l’avion, elle avait entendu le bruissement des vagues. Comme à chaque fois qu’elle entendait ce bruit, son corps tout entier se crispait. Maintenant qu’elle savait que s’était lié à un accident, plusieurs fois elle avait tentée de fermer les yeux pour faire travailler sa mémoire. Mais la seule potentielle réminiscence ressortie était ce rêve avec sa mère au bord de la plage, bien loin de cet affreux accident. En revanche, elle ne s’était pas posée sur la fin de ce rêve. Elle se faisait emporter par la vague sous les hurlements de détresse de sa mère. Monsieur Shen-Yeng avait pourtant assuré que sa fille ; alors agent à la PSIA ; était morte des mains de « Linda »… Malgré ça, malgré ce triste dénouement, pourquoi son cœur et son esprit se battaient pour lui indiquer l’inverse…  

 

- Entrez ici !  

 

La voix autoritaire d’Erika la réveilla de nouveau. La russe lui indiqua de rentrer dans une pièce qui ressemblait à une salle d’attente. À quelle sauce allait-elle être dévorée par le grand démon ? Pénétrant sans faire de tort dans la pièce étroite, la porte se referma brutalement, et la clef fit un tour dans la serrure ; elle était prisonnière. « Nous revenons », s’entendit de la bouche de Vlad.  

 

Hélène était bloquée, prise au piège ? Non, elle ne le pensait pas, autrement, un homme serait resté avec elle. Ou alors, ils savaient qu’elle ne fuira pas… Le plan qu’elle s’était imaginée ne fonctionnait pas vraiment pour l’instant… Le but de sa manœuvre était de discuter un peu avec Vlad Lowski, qu’il lui parle de sa mère… Peut-être que l’évocation de ce souvenir baisserait sa garde. Et dire que ce « monstre » construit par la vie était son grand-père adoptif… Une famille, elle recherchait constamment une famille, des êtres à aimer et à protéger, mais aussi des proches qui consoleraient ses jours maussades. Et sa génétique venait de sang, de veine criminelle…  

 

Hélène ricana, elle se moquait d’elle-même, sa naïveté sonnerait toujours fausse. Que croyait-elle, que Vlad Lowski allait céder à son minois empli de tristesse et de nostalgie ? Quelle grossière erreur… Oubliait-elle que cet homme ne respirait pas l’empathie et puait le banditisme. Qu’espérait-elle, le convaincre de retrouver foi en l’humanité ? Qu’est-ce qui rendait de tels hommes ou femmes à poursuivre ce chemin de la cruauté ? Qu’est-ce qui faisait que la balance basculait du mauvais côté ? Hélène ne comprenait pas… Quel intérêt aux pouvoirs, apporté par l’argent, récolté par le trafic, la souffrance ? S’il suffisait de reconnaissance personnelle, ne fallait-il pas quelqu’un à vos côtés pour le partager ? Mais elle savait que dans ce « milieu », les personnes de confiance étaient rares… Non, décidément, elle ne comprenait pas pourquoi toutes les personnes qu’elle aimait faisait partie de près ou de loin à ce monde si sombre ou pas un brin de lumière n’avait le droit de passer…  

 

- Approchez !  

 

Erika ouvrit la porte, encore un geste brutal qui sortit Hélène de sa pensée. Sa tête comprimée de questions était sur le point d’éclater… Elle se leva, résignée… Après tout, qu’importe ce qui lui arriverait, sa vie n’avait fait qu’apporter vengeance, animosité, rancœur et doute. Elle se moquait de ce qui l’attendait au bout de ce couloir où la mena les russes. Le cœur qui battait fort sous sa poitrine ne savait plus pourquoi il avait accepté de regarder droit dans les yeux les auteurs d’un passé, d’un présent, et d’un certain futur funestes.  

 

Hélène leva son regard, sa tête ne supportait plus d’avancer comme une condamnée. Elle ne devait pas oublier que derrière elle se tenait une armée prête à frapper, et qu’elle avait promis au lieutenant Singh de finir le travail de toute une équipe qui avait travaillée nuit et jour pour confronter ces monstres à la justice. Bien que, elle n’avait aucunement confiance en la conviction de Monsieur Shen-Yeng… Cet homme avait cumulé une haine certaine à son égard, après tout il ne voyait qu’à travers son être, celui de la femme qui avait abattu sa fille…  

 

Encore cette vision… À chaque fois qu’elle pensait à sa mère, impossible de se confronter à la bête sanguinaire qu’en avait fait tous ces hommes aux costumes noirs… Elle pensait immédiatement à son rêve, ce rêve où se trouvait ce sourire qu’elle dessinait sur la plage, absorbée par le doux surnom qu’elle lui donnait ; « maman »…  

 

- Bienvenue, Ielena !  

 

Hélène affronta la voix grave qui l’appelait par son véritable prénom ! Comment, comment pouvait-il le connaître… ? Qui était cet homme ? Elle le dévisagea, de haut en bas, qui était cet individu à savoir également son prénom usuel… Le trouble qu’elle ressentit fut vertigineux, mais elle devait reprendre confiance, et dompter ses sentiments pour accomplir le devoir qu’elle s’était promis.  

 

Ce fut donc avec pertinence qu’elle observa l’homme qui se tenait devant elle, les mains croisés dans le dos. Il portait un uniforme caramel, où s’accrochaient des médailles de guerre. Le poivre et sel de sa chevelure indiquait un âge poussé. D’un pas lourd, il s’approcha d’elle, et tournoya autour d’elle comme un vautour tournique sur sa proie. Il se dégageait de lui un parfum très sucré, cachant l’odeur forte de cigare longuement fumés. L’azur de ses yeux glaçait le sang d’Hélène, il ne présentait aucun état d’âme. Après avoir fait le tour de son corps, il se replaça à l’endroit exact où il s’était planté plus tôt, et commença un combat psychologique, par lequel le silence seul en fut l’arme.  

 

Hélène en profita pour scruter les lieux. Un bureau ovale l’accueillit, où le rouge et l’or dominaient l’ornement de la pièce. Dos à lui, un immense rideau noir ; que cachait-il ? Au moyen de la décoration, elle pensait avoir à faire à un homme précis. Des simples boîtes de cigare, des livres, en passant par les documents rangés d’une forme carré, signifiait qu’il s’agissait là d’un homme concis, et organisé. Il n’était par conséquent pas fait pour les surprises, les imprévus. Et puis, ce bureau de marbre, une matière solide, aisée, obtenue dans une condition sans nom, soulignait sa toute puissance. C’est bien ce qu’elle pensait, il aimait le concret, la certitude. C’est sûr la roche de calcaire robuste qu’il rédigeait ses idées sinistres, où la pensée même de l’échec n’était pas envisageable.  

 

La méditation se concrétisa par une remarque ; Vlad n’avait pas informé son patron de sa venue. S’il fût convenu qu’elle rejoigne leur rang, c’était sans son autorisation, sinon, pourquoi l’avoir fait attendre dans une pièce à part ? Le temps était de l’argent, et s’il se révélait un homme ordonner telle qu’elle l’imaginait, le « grand patron » ne perdrait minutes ou secondes à recevoir une prochaine recrue. Que venait-elle faire ici ?  

 

- Vous allez nous rapporter beaucoup, beaucoup ce soir…  

 

Maintenant qu’il parlait un peu plus, Hélène semblait reconnaître un accent, un accent de l’Europe de l’est comme Vlad. Il était russe lui aussi, et sa cruauté n’était pas des moindres. Toutefois, à la fin de ses phrases, sa langue semblait rouler, comme pour contenir un dialecte latino.  

 

- Comment… Comment ça… ? Questionne-t-elle subitement  

- Votre jeunesse, votre innocence… Votre beauté certaine…  

- J’ai… J’ai bien peur de ne pas comprendre… Panique-t-elle subitement  

- Mais je vais vous vendre bien sûr, et vous allez faire grimper les enchères, ma chère…  

- Quoi ?!  

 

Hélène comptait s’enfuir, affolée par ce qu’il venait de révéler, mais elle fut retenue par Erika, qui ne cachait pas sa satisfaction de son sort futur. Il s’approcha de son bureau, et ouvrit une boîte cernée par des rubis, rouge comme le sang qu’il aimait voir déverser. Sans comprendre, il se mit à siffler, et puis, dans un accent devenu rauque, il exprima combien sa soirée sera dès plus parfaite avec une créature que les plus grands hommes se déchireront. Une beauté mi japonaise et mi russe va très probablement les stimuler.  

 

Le sang d’Hélène ne fit qu’un tour, elle n’avait aucune envie de se montrer comme un gibier qu’on expose après la chasse. Elle essaya de se débattre, mais Erika la tenait fermement, et souhaitait même la gifler, mais le chef russe lui interdit : « quelle folie de présenter une femme avec une marque sur le visage, elle en perdrait de valeur ». L’espoir de s’en sortir était loin, surtout qu’elle ne savait rien de l’intervention prévue par ses amis, dépourvus de détail sur les lieux et le nombre d’homme à combattre. La peur pénétra petit à petit dans son ventre, lorsqu’un cri sortit des entrailles de Vlad s’entendit,  

 

- Une minute Stanislas ! Ce n’est pas ce qui était convenu !  

 

« Stanislas », c’était donc le prénom du « grand » patron. Il se mit à rire, un rire enfoncé au fond de sa gorge qui traduisait son satanisme. Évidemment que ce n’était pas ce qui était convenu, mais ce russe aux larges épaules détestaient être pris de court, et ce n’était visiblement pas la première fois que Vlad manquait à sa fidélité. Les pas lourds de Stanislas s’avançait vers lui, et dans une tonalité qui résultait de l’antonyme même de la pitié, il lui murmura à l’oreille,  

 

- Tu préfères que je la tue sous tes yeux, Vladimir…  

 

Vlad, sans perdre courage, de sa petite taille, mais de ses bras puissant, poussa Stanislas et le fit reculer. Il n’appréciait guère ce chantage vulgaire, sortant de son haleine fétide de fumeur invétéré.  

 

- Oublies-tu notre accord… Sourit Vlad, certain qu’il faiblirait à « cette » menace  

- Ah, ce fichu accord… Il m’oblige à collaborer avec toi… mais…  

 

Stanislas sortit un colt de sa veste, qu’il pointa sur le cœur d’Hélène.  

 

- Pas avec elle…  

 

Hélène remarqua des symptômes de nervosité. Le blanc des yeux de Stanislas se recouvrit de sang, et des rides de son visage à ses mains se vallonnèrent. Il était calme, et nerveux à la fois, il était serein, mais colérique au moment où rien ne se passait comme il le désirait. Elle entendait aussi sa respiration se saccader, et dans ces moments il cherchait quelque chose des yeux, ou quelqu’un… Elle n’en n’était pas certaine, mais cet homme avait des gestes de dépression post traumatique.  

 

- J’accepte ! J’accepte d’être vendue… Qu’importe l’accord avec Monsieur Lowski, vous n’avez pas besoin de moi… J’ai perdu mes amis et ma famille, je n’ai donc plus rien à perdre… Et je préfère être vendue que mourir…  

 

Hélène devait absolument aller dans le sens de cet homme. Stanislas était tenu par la folie visiblement, et il pouvait sur un coup de tête, tous les tuer.  

 

- J’apprécie les gens raisonnable… Sourit-il  

- …  

- Erika, allez la préparer !  

- Avec plaisir Monsieur !  

 

Erika s’empressa de sortir son arme, et la pointa sur la tempe d’Hélène pour qu’elle coopère plus facilement. Elle la traîna à la façon d’un condamné, partant pour l’échafaud. Le sourire qu’elle tissait sur son visage rongé par le chaos, prouvait son appétence à la situation. Une fuite vers la lumière s’éloignait de plus en plus du cœur d’Hélène, même si Vlad Lowski, le seul à vouloir sa survie pour une raison inconnue, suivait ses pas vers la mort.  

 

* * * * *  

 

Caleb stoppa le camion cent mètres avant la bâtisse, et fit le point avec Mickaël. Le bâtiment semblait se constituer en longueur, divisé en deux parties dont une située en sous-sol. Les tâches rouges sur l’écran, indiquait la présence de chaleur où se trouvait des présences humaines. Le lieu accueillait beaucoup de convive, dans lequel se moulait probablement des hommes de main. Au milieu de ces points rouges, un point jaune, qui c’était énormément déplacé, il s’agissait d’Hélène.  

 

- Ça me rassure, si elle est restée active, c’est qu’elle est toujours vivante… Répliqua Caleb  

 

Mickaël restait silencieux. Il n’avait plus placé mot depuis qu’ils étaient descendus de l’avion. Caleb avait parfaitement conscience de ce qui troublait son ami. Il n’avait pas été mis au courant qu’Hélène avait rejoint le quartier de Monsieur Shen-Yeng, et s’il l’avait su, il l’aurait enlevé de l’organisation. Un désaccord certain se glissait entre les amis de toujours, et c’était mauvais pour la mission.  

 

- Je n’ai pas eu le choix… Se justifia Caleb  

- Bien sûr que si… Tu aurais pu faire le choix de la convaincre de ne pas écouter ces trois hommes vieillis par la vengeance !  

- Ils font leur devoir, c’est tout…  

- Un devoir ? Envoyer une jeune fille de dix-sept ans sur le front, encerclée par les plus grandes terreurs de ce monde, tu trouves que c’est un devoir ?  

- Hélène a accepté la mission !  

- Évidemment, par bon cœur, et ils savaient parfaitement qu’elle accepterait !  

 

Caleb n’appréciait guère les sous-entendus qu’il émettait sur son patron et ses collaborateurs. Car même s’il pensait comme lui – dans le plus profond de son être – il ne pouvait pas renier pourquoi il était devenu lieutenant à la Guoanbu.  

 

- Mickaël je t’en prie, reprends-toi ! Tu es aveuglé par tes sentiments… Le supplia Caleb  

- C’est le parfait discours d’un pur et dur bon lieutenant de la Guoanbu ! Se moqua-t-il  

- Qu’est-ce que tu entends par là ?!  

- Aucune importance… Je n’étais pas fait pour être agent du gouvernement…  

- Et ?  

- Et, après cette mission, quel que soit l’issue, je démissionne…  

 

Mickaël sortit du véhicule, et partit prendre place dans l’une des caisses au fond du camion. La planque était idéale, mais les corps engourdis des nettoyeurs commençaient à peser. Caleb respira et inspira un bon coup, et reprit son visage d’homme de main du terrible Vlad Lowski.  

 

Le véhicule s’avança doucement, comme pour garder intact la « livraison ». Il fallait impérativement que la supercherie fonctionne pour rattraper le retard qu’ils avaient sur l’ennemi. S’ils commettaient l’erreur de se faire repérer trop tôt, l’acheminement vers le but à atteindre s’éloignerait davantage.  

 

Caleb se présenta au chef des gardes en présentant son badge.  

 

- Tu n’es pas sur le planning de la soirée, que viens-tu faire ici ?  

- J’apporte un supplément de choix pour l’occasion de la part de Lowski !  

 

Caleb descendit du camion, suivi par l’homme à la carrure d’un gladiateur romain. Il ouvrit la porte arrière, et venu défaire une caisse. Les yeux du gardien tombèrent sur une paire de gambette interminable aux couleurs de pêche. C’étaient là les jolies jambes de Kaori qu’il entrevoyait. Les trouvant appétissantes, il désirait les toucher, mais Caleb le repoussa, en lui rappelant que la marchandise devait être livrée sans « souillage ».  

 

- Tu peux passer !  

- Où puis-je les « stocker » ?  

- Suis les lampadaires, ils te conduiront à l’entrepôt où sont placées les autres !  

- Combien d’homme ? J’ai besoin de main forte, il y a pas mal de caisse !  

- Sept ou huit je dirais !  

 

Caleb remonta dans le camion, soulagé d’avoir passé la première étape. Le plus délicat restait à venir, mais il possédait les informations souhaitées. Sept ou huit hommes, ils devraient pouvoir les maîtriser. Il avança prudemment, et aperçut l’entrepôt indiqué par le gardien. Avant de descendre du véhicule, il alluma la radio sur une station d’information, pouvant camoufler les prochains bruits qui pourraient les faire repérer.  

 

Un homme armé s’approcha de lui, en indiquant que le gardien l’avait prévenu de sa cargaison. Les sept mercenaires grimpèrent dans le véhicule, et Caleb indiqua qu’il fallait commencer par les caisses du fond. Ouvrant sans s’attendre à quelconque menace, ils soulevèrent délicatement les couvercles quand ; l’assaut débuta.  

 

Falcon commença les hostilités ; il attrapa le cou du visiteur, et le chargea d’un coup de genou dans le menton qui l’assomma directement. Mick décrocha la mâchoire du sien avec son poing américain. Kenji infligea un coup de pied dans le visage écœurant du fauteur et perdit connaissance. Ryô assomma de la force de sa tête, un acolyte et l’acheva d’un coup de coude dans l’estomac. Mickaël sauta à la gorge d’un assaillant et lui offrit le coup du lapin. Marie, qui était la boîte surprise ouverte par le hasard, gifla l’ennemi avec l’aiguille de son talon et venue se prendre un uppercut par Déborah pour l’achever. Caleb quant à lui, c’était chargé du chef en le neutralisant avec un tiseur électrique donné dans la nuque.  

 

- Tu ne t’es pas beaucoup foulé ! Le snoba Marie  

 

Caleb ne prêta pas attention à la provocation et venu aider ses camarades à emmailloter les hommes de mains contrôlés. Mickaël les fouilla, peut-être possédait-il une carte de l’endroit, où un faire-part de la soirée qui les aiderait. En vain, ils n’avaient sur eux que des armes et des munitions.  

 

- Tu as eu des informations par le gardien ? Questionna son équipier  

- Il s’agit d’un trafic de femme…  

- Un trafic ? Demanda plus précisément Ryô  

- Ils vont vendre des femmes aux enchères à de richissimes hommes d’affaires, pour ensuite eux-mêmes les revendre après !  

- D’accord, mais ça ressemble à un trafic comme un autre non ? Fit remarquer Mick  

- Pour que le « grand » patron se déplace, je ne crois pas !  

- Un lot particulier doit être mis en vente ce soir ! En déduit Kenji  

- À qui penses-tu ? Questionna Marie  

- …  

- À Hélène… ? Continua-t-elle  

- Pardonnez-moi mais, Hélène est certes très belle, mais, de là à avoir une importance physique au point que le « grand » patron se montre, je serais étonné ! Rétorqua Caleb  

 

Kenji se concentra. Hélène n’avait pas une valeur corporelle certes, mais il était convaincu qu’elle possédait une autre valeur ! Monétaire d’une certaine manière, mais pourquoi ? Étant donné que ce point jaune restait toujours en activité, c’était que la maintenir en vie avait de l’importance. Malaxant les événements passés, il s’orienta sur l’entrevu de son amante et Vlad Lowski. Elle avait fait allusion au nucléaire, alors était-ce pour le convaincre, ou parlait-elle en connaissance de cause ?  

 

* * * * *  

 

Hélène se tenait dans un vestibule étroit, où seule une chaise, un miroir, un paravent et une robe de style romaine se présentaient. Vlad Lowski était appuyé contre le mur à côté de la porte, pendant qu’Erika la menaçait toujours de son arme.  

 

- Change-toi ! Ordonna-t-elle  

 

Hélène s’approcha de la robe et constata qu’elle possédait bien peu de tissu, et sa couleur blanche faisait découvrir une transparence aquatique. Le paravent cacha son corps, et elle positionna ses vêtements sur le support. La robe était sur le point de glisser sur sa peau, lorsqu’elle reçut une demande d’Erika,  

 

- Une minute mon chaton… C’est nu que tu dois te présenter, alors ôte tes sous-vêtements !  

 

Hélène trembla. Nue, elle devait se montrer nue devant ces hommes qu’elle sentait déjà la dévêtir pour assoiffer sa chair. Le choix n’était pas permit, et sa vie était encore en jeu. Obéissante, elle défit son soutient gorge et sa culotte, et enfila comme une condamnée sa tenue mortuaire. Cet instant était déconcertant, et des larmes ne pouvaient s’empêcher de rouler. Uniquement Kenji l’avait aperçu nu, caressant son corps avec tendresse et respect. Aucun, elle n’allait supporter aucun autre regard que le sien, et elle préférait se tuer que d’être touchée par un autre.  

 

Un coup donné à la porte la fit sursauter, c’était un homme de main qui venait demander à Erika de rejoindre Stanislas immédiatement dans son bureau. Abdiquant à l’ordre, elle demanda au garde de rester avec Vlad et Hélène à l’intérieur de la pièce, jusqu’à ce qu’elle revienne.  

 

Quelle malchance, Hélène voulait profiter de cette occasion pour s’entretenir avec Vlad, mais ce chien de garde serait vraiment de trop.  

 

- Eh, toi ! Rétorqua Vlad. Va faire un tour… Glissa-t-il en rémunérant généreusement le garde  

- Oui monsieur !  

 

Hélène fut étonnée ; il n’en fallait pas plus à ces hommes de pailles pour céder à la tentation d’un chef à un autre.  

 

- Pourquoi m’as-tu parlé de nucléaire ? Questionna Vlad  

- Je vous parle de nucléaire si vous me parlez de ma mère ?  

 

Vlad devenu menaçant, et sortit subitement un couteau de sa poche, et venu le positionner contre la gorge d’Hélène. Il enfoui sa tête dans son cou, et murmura une phrase en anglais à son oreille : « Life it's not dramatic affaire ». La vie n’est pas une affaire dramatique. Que pouvait signifier la confession soudaine du russe ? Devait-elle comprendre quelque chose. Il se recula, replaça son couteau dans sa poche et se positionna devant-elle, droit comme un « i ».  

 

Hélène le regarda intensément. Devant elle, se tenait son grand-père maternel adoptif. Il avait vu sa mère, avait vécu avec elle, il l’avait probablement entraîné dans des affaires sanguinaires, mais il l’avait également élevé… L’âge auquel avait été adoptée sa mère, relevait de celui où le parent devient le modèle, pour lequel on se fit aveuglement et devient l’exemple à suivre. Le chagrin habitait son corps, elle n’arrivait pas à se souvenir d’elle, de son visage, de sa voix… Pendant cinq années, elles avaient vécu ensemble, et un malheureux choc psychologique placé devant elle un rideau cachant l’histoire de ce passé. Mille question se bousculait dans son esprit, et elle était convaincue que Vlad serait y répondre… Sa bouche commençait à formuler des mots pour poser une question, mais elle remarqua brusquement que le russe faisait d’étrange va et vient avec la pupille de ses yeux. Le message n’était pas clair, et puis, suivant le chemin de ses iris papillonnants, elle comprit ; ils étaient encerclés par des caméras de surveillance, et par conséquent, mis sur écoute. Ils ne pouvaient pas communiquer comme désiré.  

 

Hélène était bousculée, s’il la prévenait du risque, c’était qu’il souhaitait avoir une conversation avec elle également ? La curiosité la rongeait, n’y avait-il pas un moyen ? Une idée enjamba son esprit, mais elle n’était pas sûre que ce soit la bonne. Toutefois, dans un russe un peu maladroit, elle demanda,  

 

- « Les hommes qui nous écoutent comprennent-ils le russe ? »  

- « Aucune idée, mais la plupart ne sont pas de cette contrée. »  

- « J’ai appris l’essentiel du russe pour vous approcher, puis-je utiliser aussi l’anglais ? »  

- « Si vous souhaitez… »  

 

Hélène avait le cœur qui battait fort. Maintenant qu’elle tenait la solution pour communiquer armée d’un peu de sûreté avec Vlad, elle se sentait désemparée. Par quoi souhaitait-elle commencer ? Par sa mère ? Par son passé ? Par lui ?  

 

- « Vous ne vous souvenez vraiment pas de votre enfance ? » Questionna alors Vlad  

- « Euh, non… »  

- « Dommage… »  

 

Hélène aperçut de la déception dans ses yeux ? Elle se reflétait également dans les siens. Ainsi, il ne lui apprendrait rien sur elle et sa mère lorsqu’elles étaient toutes les deux. Cet homme était pour le moins étrange, et il la déstabilisait. Il pouvait se montrer impitoyable, et énigmatiquement, fervent…  

 

- « C’est bizarre… J’avais tellement de chose à vous dire… À vous demander… Et finalement, je ne sais pas par quoi commencer… » Sourit-elle, mélancolique  

- « Nous n’avons rien à nous dire… »  

- « Si ! Si, je voulais vous connaître, je voulais vous regardez dans les yeux ! »  

- « Pourquoi ? »  

- « Parce que vous êtes l’homme qui avait élevé ma mère ! Je sais qui vous êtes, et ce qu’elle était… Mais… Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que je n’ai pas manqué d’amour et que c’est pour cette raison que la folie ne m’a jamais gâté… »  

 

Hélène était tellement émue qu’elle s’était exprimée dans un russe et un anglais un peu confus. Vlad avait toutefois compris ces mots. Il ne ressentait rien de particulièrement émotionnel, depuis longtemps, son cœur ne répondait plus aux gestes et aux mots affectifs. La folie dans laquelle sa petite-fille adoptive n’avait pas sombré, lui, il s’y était englouti. Au fond, tout au fond de ses entrailles, il titubait. Il aurait pu la tuer à de nombreuses reprises, il aurait pu l’utiliser, depuis longtemps, il aurait pu la droguer et en faire une machine de guerre comme sa mère, depuis longtemps… Est-ce qu’il devait lui révéler ce qu’il gardait depuis dix-sept ans en lui ? Est-ce qu’il devait, sachant qu’il allait sûrement mourir ce soir, conter les faits ? Elle avait raison, c’était un homme impitoyable et rien ne le ferait plus changer maintenant, mais…  

 

- « Il y a quelque chose que je peux te dire sur ta mère… Et ton père… »  

- « Mon père ?! »  

 

Hélène était tellement concentrée sur sa mère, qu’elle en avait oublié son véritable père ?! L’envie de tout savoir, de tout découvrir rongea son estomac ! Elle savait, elle était persuadée que quelque chose de bien se cachait enseveli sous la boue des horreurs que l’on avait su jusqu’à présent seulement lui révéler.  

 

- « Parlez, je vous écoute ! » Venue-t-elle le supplier  

- « Ta mère et ton père… »  

 

Erika refit surface. La porte s’ouvrit de manière brusque, elle craignait qu’Hélène et Vlad se soient échappés.  

 

Ce fut un malheur pour Hélène qui attendait si impatiemment des révélations sur ses parents. Erika se pressa sur elle, serrant son bras et l’éloignant de Vlad. Le russe était en rage, il sentait que sa collaboratrice virait de bord, et n’obéirait désormais plus qu’à Stanislas. Il ne savait comment déjouer ses plans, lorsque subitement dans le miroir au fond de la pièce, Vlad aperçut un détail sur le corps d’Hélène, un détail qui allait tout changer…  

 

Le russe n’était pas homme qu’on trahissait, et il ne comptait plus laisser son ami diriger, après tout, lui seul avait les cartes en main jusqu’à présent, le tout était de déstabilisé ce maniaque complexé.  

 

- La soirée va débuter, allons-y ! La tira Erika  

 

Dans un furtif geste, Vlad mit sa veste sur le dos d’Hélène. La russe demanda ce que cela signifiait ! Il rétorqua de la façon la plus honnête,  

 

- Elle a froid… Tu ne veux pas vendre une femme qui frisonne sur scène !  

 

Erika ne tenu pas compte des détails de cet homme qui devenait guimauve devant une enfant. Elle détestait les faibles, et préférait les hommes sûrs d’eux, prêt à tout pour réussir ! Ce Vlad Lowski n’était qu’un futur pantin de plus pour Stanislas, et s’il ne coopérait plus, elle savait ce qu’il l’attendait : la mort !  

 

* * * * *  

 

Caleb, suivi de Ryô et ses camarades, avaient réussi à s’infiltrer dans le bâtiment par les fenêtres, longeant les couloirs jusqu’à trouver les toilettes des hommes. Tous réunis dans ce lieu dans lequel, pour l’instant, ils étaient en sécurité, ils confèrent d’un moyen pour s’infiltrer dans la soirée.  

 

Il suffisait qu’un seul dans le groupe de mercenaire, s’introduise parmi les invités, et rapporte le déroulement de la soirée. Le seul capable – et susceptible de ne pas être repéré – était Mickaël. Décidant de l’intervention, ils attendirent rigoureusement qu’un homme vienne se soulager en salle d’eau, pour s’emparer de son identité. Chance se présentant, pendant qu’un homme défaisait sa braguette innocemment, Ryô lui infligea le tranchant de sa main dans le cou, et fit s’évanouir rudement la proie. Précipitamment, Kenji le traîna jusqu’à une cabine, et aida rapidement Mickaël à se changer.  

 

- Sois prudent ! Glissa Caleb  

 

Mickaël sortit sans répondre à son ami inquiet, ayant toujours un reproche à son égard sur le cœur. L’américain se faufila dans la mêlé des invités. Il reconnut certaines têtes très en vogues comme des politiques, des avocats célèbres – maintenant corrompus – des hommes d’affaires ; banquier, comptable ou encore trader. Les visages qu’il découvrait dans un vrai jour l’effrayèrent. Il savait sans naïveté que ce monde était loin d’être parfait, il faisait ce métier pour capturer le peu de justice qu’il pouvait rendre, mais apercevoir ces têtes « couronnés » - ce pouvoir devait servir pour le bien, et non pour le mal. Encore, il laissait encore ses sentiments le détourner.  

 

Mickaël prit garde, le silence se fit à l’entente de talon qui claqua sur le carrelage. En haut du balcon situé au-dessus de sa tête, Erika Rosenberg fit son apparition. La tigresse s’était vêtue pour l’occasion et sa beauté en captivait plus d’un, presque disposé à se damner. Pour Mickaël, la robe dorée qui dessinait son corps n’était que souillure, sans parler de son âme recouvert de lave désintégrant.  

 

- Chers invités, bienvenus à notre grande soirée… Les enchères vont bientôt commencer, je vous invite à vous rendre en salle en suivant le couloir rouge…  

 

Mickaël attendu qu’Erika dispose pour rejoindre ses camarades dans les toilettes. Se faisant, il se mit en chemin rapidement, et fit le point avec eux.  

 

* * * * *  

 

Erika rejoignit le bureau de Stanislas, elle venait se faire adorer une fois de plus au « grand » patron. Ouvrant la porte, la russe tomba sur une scène pour la moins surprenante. Le diable en personne embrassant affectueusement son épouse ; quel dégoût !  

 

- Veuillez m’excuser… Présenta Erika  

- Restez ma chère, ma femme partait !  

 

Stanislas la serra dans ses bras, et venu lui murmurer une phrase en espagnol ? Erika ignorait qu’il parlait cette langue… La femme prit congé par une porte dérobée. Après avoir regardé les lignes de son épouse s’envoler, il invita Erika à s’asseoir ; une information importante avait-elle laissé entendre.  

 

- Nous avons des invités un peu particulier, monsieur…  

- Et qui donc chère amie…  

- Ryô Saeba et sa bande de mouton sont ici !  

- Vous les avez aperçus ? Demande-t-il se redressant de son siège  

- J’ai vu Mickaël… J’ai donc demandé à mes hommes de fouiller les environs et ils m’ont rapporté que sept de vos guerriers se trouvaient ballottés et enfermés dans des caisses à l’arrière du bâtiment ! Il ne peut pas avoir agît seul…  

- Quel rapport avec Saeba ? Ne sont-ils pas morts par votre homme de main, cet indien-là !  

- Je n’ai jamais eu confiance en ce pitoyable guignol… C’est un complice, j’en suis certaine…  

- Foutu Vlad Lowski !  

 

Stanislas était furieux, à tel point qu’il en renversa sa boîte de cigares fétiche en lui infligeant un coup redoutable de sa main droite. Il tourna le dos à Erika, et se mit à réfléchir aux sors qu’il réserverait à Vlad et sa « précieuse » petite-fille.  

 

- Je dois absolument concrétiser l’enchère de ce soir, j’ai une grosse affaire qui m’attend en Russie et j’ai besoin de cet argent !  

- Laissez-moi m’en occuper, je peux les éliminer un à un sans problème !  

- Et comment ? N’oubliez pas que depuis le début, je veux écraser ces cafards et rien ne semble vouloir les arrêter !!  

- C’est parce que jusqu’à présent, vous avez fait uniquement confiance à Vlad ! Laissez-moi me charger d’eux monsieur… !  

- Erika… Me prendriez-vous pour un imbécile… ?  

- …  

- La PSIA et la Guoanbu me poursuivent depuis des années, je sais qui sont les acteurs et les détracteurs ! J’ai échappé à leur naïveté jusqu’à présent, et maintenant que j’atteins enfin mon but, je ne compte laisser personne le gâcher !  

- …  

- Ma chère Erika, si vous échouez, et qu’ils montent jusqu’à moi, je vous faits disparaître de la surface de la planète, est-ce clair comme encouragement ?  

- Très clair monsieur !  

 

Erika sortit du bureau, agacée à son maximum. Dans tous les cas, ce qu’elle avait cru apercevoir tout à l’heure n’était pas un leurre, une bombe se trouvait dans ce bâtiment. La télécommande qu’il essayait de dissimuler à leur premier rendez-vous en était le déclencheur. Stanislas avait activé l’appareil, sûrement que l’engin explosif se déclencherait automatiquement après la fin de la soirée. L’homme à la réputation maniaque et démoniaque était fondée, tout était prévu, tout était millimétré. Cependant, la « vipère » ne comptait pas se faire dominer par un psychopathe. Elle prendrait les choses en main, quitte à faire aussi tomber la tête de Vlad Lowski.  

 

Regroupant ses hommes, Erika se laissa dominer par son démon, et dicta son plan. Une fois que tous les convives seront placés dans la salle des enchères, elle sait que Ryô Saeba et sa compagnie essayeront de gagner la salle des ventes, ce qui était bien évidemment, impensable. Les mercenaires devaient impérativement les arrêter avant. Si elle réfléchissait bien, sans doute qu’ils ne connaissaient pas l’architecture du bâtiment, et ils devraient par conséquent se partager les différentes pièces pour la trouver. Les divisés seraient un premier point pour la russe, sachant qu’ils étaient moins efficaces séparés. À cet effet, Erika demanda à ses hommes d’éclairer les quatre couloirs en rouge et de se placer dans chaque salon d’attente afin de les exterminer.  

 

- Et je les veux tous morts… Pas un ne doit survivre, compris !  

- Bien madame ! S’exécutent-ils  

 

* * * * *  

 

Dans les toilettes, Ryô et sa bande cherchaient un moyen de s’introduire dans la salle des ventes, sans être démasqués. Mais comment pratiquer ? Ils ne connaissent pas la disposition du bâtiment, mais ils avaient remarqué le peu d’issu. Sans doute fallait-il passer par la salle des enchères, pour se glisser dans les coulisses, et sauver les femmes prises en otage. Cependant, ils ignoraient combien de femme se trouvait en ces lieux, ainsi que le nombre d’homme de main mit en place par le dispositif du « grand » patron.  

 

- Ce genre de soirée se passe dans le noir normalement, les femmes sur scènes sont les seules à être éclairées pour bien les « exposer » ! Les hommes donnent un numéro avant d’enchérir, et propose la somme ! Expliqua Caleb  

 

Une précision utile, mais les nettoyeurs savaient qu’ils allaient devoir improviser. Quant au lieutenant, il lui fallait vivant le « grand » patron, afin de décimer son réseau. Par expérience, il savait qu’une telle opération sans préparation ne finirait pas telle que voulue.  

 

- Ça m’angoisse de rester ici sans rien faire ! Les convives ont dû tous rentrer maintenant, alors qu’est-ce qu’on attend ? S’impatienta Mick  

 

À vif et à bout de nerf, jamais le groupe de mercenaires ne s’était retrouvés dans un tel état d’angoisse. Les nombreuses vies en jeu portaient cette conséquence, et ils avaient la désagréable impression que des sacrifices seraient à faire.  

 

Cuirasser comme des guerriers partant sur le front, ils se dirigèrent dans le hall où s’était rendu Mickaël. À l’horizon, un hall décoré à la française, avec ses porcelaines, et ses tapisseries du dix-huitième siècle. Le code couleur était toujours le même, le rouge et l’or, piqués sur les rideaux, les nappes, les fauteuils, les dentelles, et les moquettes. Au pas du hall, un grand salon, lumineux. Au bout de la pièce, une porte, puis une deuxième sur le côté droit, une troisième sur la gauche, et une dissimulé sous l’escalier - escalier menant à un étage où s’apercevait un autre accès.  

 

Les hôtes n’avaient plus pied posé sur la moquette, ils s’étaient tous régit dans la salle d’enchères par ce fameux couloir rouge ; dilemme, les quatre porte se voyait chacune éclairé de cette couleur sang. Et si ce stratagème fut mis en place, la seule raison en était effrayante.  

 

- Ils savent que nous sommes là… Souffla Kenji  

- Et ils veulent clairement nous séparer… Enchérit Ryô  

 

Caleb s’agaça. Comment ?! Comment pouvaient-ils savoir qu’ils se trouvaient en ces lieux ? Ils avaient fait attention à toutes les caméras, prenant soin de cacher les corps des gardes qu’ils avaient neutralisés, ils avaient même munies leurs armes à feu de silencieux, et malgré la prudence, encore une fois, Vlad Lowski et son patron avait une avance sur eux. Le lieutenant finissait par croire à un sortilège.  

 

Malgré ça, ce n’était pas le moment de flancher. S’il fallait garder son sang-froid, c’était maintenant. Caleb demanda à ce qu’ils forment quatre groupes pour inspecter chacun des endroits où menaient ces portes, et l’une d’elle ouvrirait sur la salle des enchères. Le lieutenant fournit à chaque chef d’équipe, une oreillette, afin qu’ils soient dans la capacité de communiquer. Arme à la main, ils se séparèrent.  

 

Caleb et Mickaël prirent la porte qui se trouvait au milieu. Rasant les murs, ils traversèrent un long couloir avant d’arriver au bout et d’apercevoir au loin, une embouchure qui menait à droite ou à gauche. Le lieutenant demanda à son ami de s’arrêter et ordonna que chacun prennent un côté.  

 

Mickaël couvrit Caleb lorsqu’il sortit de l’angle, et l’américain abattu un homme de main, tout en se baissant pour éviter à son tour d’être prit en cible. Caleb se retourna et eu le temps de protéger à son tour son coéquipier. Finalement, malgré les mésententes, les idées et sentiments opposés, ils avaient gardé confiance l’un en l’autre pour protéger leur vie. Sur leur gauche se trouvait un couloir sans fond, où une fenêtre donnait sur l’extérieur. Ce fut donc tous les deux qu’ils continuèrent sur la droite, où de nouveaux gardiens les attendaient. Unis et concentrés, ils parvinrent à dégager les lieux. Toutefois, ils s’aperçurent rapidement que ce couloir ne le mènerait pas vers la salle des enchères. Fouillant de fond en comble les trois pièces, ils ne trouvèrent rien de concret ni aucune piste les menant vers un avantage.  

 

Mickaël se trouvait désespéré. Il espérait secrètement trouver Hélène enfermée dans une pièce, pouvant la tirer de là ; qu’elle soit entourée et en sécurité, mais peut-être que Caleb avait raison, peut-être que ce travail l’avait rendu bien trop sentimental.  

 

S’apprêtant à quitter la pièce, Mickaël s’arrêta net. Il avait plongé son regard sur les quatre murs, sans vraiment apercevoir les détails, et puis, soudainement, sa mémoire se mis en marche pour lui faire déclencher une vision. Retournant sur ses pas, il constata qu’un paravent été présent et que les vêtements posés dessus lui rappeler la tenue de sa protégée. Venant vivement à leur rencontre, le parfum qui s’en dégageait ne faisait pas de doute, ils lui appartenaient.  

 

Mickaël serra les poings, ses monstres comptaient véritablement vendre Hélène aux enchères, et en tirer un bon prix. Il ne laisserait pas faire ça, et puis, il avait fait une promesse.  

 

- Je le leur doit… Murmura-t-il  

- Tu dois quoi à qui ? Demanda Caleb  

 

Mickaël prit les vêtements d’Hélène, et les jeta au visage de Caleb. C’en était assez ! L’américain avait pris sa décision. Il laisserait son instinct de jeune père parler, et il suivrait ses convictions et ses valeurs, quitte à réduire sa carrière en cendre. Qu’importe qu’il ne reste rien de l’agent Jacob Cox, il n’était plus cet homme depuis fort longtemps.  

 

Caleb respectait les sentiments de son ami, mais avec son rang et son statut, il ne pouvait pas éprouver de la compassion, ou définir une culpabilité. Et pourtant,  

 

- Kenji, vous m’entendez, Mickaël et moi avons fait chou blanc, et vous ?  

 

…  

 

Marie, Déborah et Kenji avait emprunté la porte dissimulée sous l’escalier. Kenji précédé ses deux partenaires, arme tendue, les yeux ouverts, et la tête vidée de tous sentiments. Il couvrait ses deux amies avec férocité. Les jeunes femmes revoyaient comme un souvenir prit dans une bobine, les jeunes années où ils travaillaient ensembles sur des missions de repérages, mais aussi bien plus sombres.  

 

- Marie… Je suis désolée… Chuchota Déborah  

- Désolée de quoi ? Questionna Marie, sur le qui-vive  

- Pour…  

 

« Baissez-vous ! », cria subitement Kenji. Déborah et Marie s’exécutèrent, et virent une armée d’homme leur tirer dessus. Comme un bouclier pour ses amies, Kenji protégea ses équipières en prenant dans l’épaule une première balle qui l’effleura, et pu en s’abaissant, tirer dans les jambes de leur ennemis et laissa par conséquent le champs libre à Déborah et Marie qui avancèrent l’une après l’autre pour abattre les assaillants. Étant donné la vague de balle qu’ils eurent reçue, la porte qui se trouvait au bout de ce couloir renfermait probablement la salle des ventes.  

 

Marie accourut vers Kenji pendant que Déborah inspectait la porte.  

 

- Ça va ? Demanda Marie  

- Et toi ?  

- Nous n’avons rien, grâce à toi !  

 

Marie déchira une partie de son tee-shirt pour faire un garrot au bras de Kenji. Même légèrement blessé, ils ne pouvaient prendre le risque d’être au-dessous de leur moyen. Aidant à relever son ami, ils rejoignirent Déborah qui se voyait perplexe devant cette porte blindée. Aucune arme à feu ni même explosif ne ferait l’affaire, ils feraient de bien morbides dégâts.  

 

- Ne me dit pas de bêtise, il y a toujours un moyen d’entrer ! S’agaça Marie  

- D’accord… Mais comment ?  

- Il faut trouver les coulisses… Proposa Kenji  

- L’une des portes doit y mener, il faut qu’on rejoigne les autres ! S’exista Marie  

 

Kenji et Déborah se regardèrent ; Marie était bien trop agitée. Après ces révélations, ils n’avaient eu guère le temps de reposer leur esprit, et de poser leur sentiment. Beaucoup d’émotion intense devait traverser son âme entière, et ils craignaient à un débordement.  

 

Aucun répit ; Kenji recevait un appel. Il toucha l’oreillette, et se mit à parler avec Caleb.  

 

- Nous avons trouvé la porte menant à la salle des enchères, mais il va être impossible de rentrer, la porte est blindée !  

- Je vois ! Nous devons trouver la porte menant aux coulisses dans ce cas !  

- C’est ce que j’ai suggéré !  

- On se retrouve dans le hall, je donne les instructions, l’un des groupes va forcément tomber sur elles !  

- Compris !  

 

Marie s’approcha de Kenji, elle voulait absolument savoir ce qu’il en était. Quels mots employés pour que son amie revienne à la réalité et repose ses nerfs. Qui aurait imaginé un tel passé pour elle. Il la connaissait depuis l’adolescence, et jamais, de part son caractère affirmé, son cœur fermé, sa sensibilité emprisonné, il aurait pu deviner une telle fatalité. C’était la fille d’un espion japonais, l’ayant basculé de pays en pays, de ville en ville, d’identité en identité, et tous ces bouleversements l’avaient forgé à oublier, et à créer sa propre existence.  

 

- Marie… Tu…  

- Je vais bien ! D’accord !  

 

Marie ne prit aucunement le temps d’écouter les serments de Déborah et Kenji, et se dirigea avec panache dans le hall rejoindre les autres, pour exécuter un nouveau plan. Elle ne souhaitait pas parler d’elle, elle ne souhaitait pas parler de ce qu’elle ressentait, elle-même n’aurait su le décrire. La seule chose que Marie voulait, et espérait, c’était repartir de cet enfer avec sa petite-sœur… C’était comme si le venin qui l’empêchait de connaître ce sentiment s’était dissipé. Ce fut le cas par ailleurs, car elle haïssait qu’on décide à sa place, et son père avait durant toutes ces années, conçu en elle, un tempérament qui l’empêcherait d’aimer, pour ne pas connaître ce douloureux sentiment de choix : amour ou solitude.  

 

…  

 

Ryô et Kaori avaient emprunté la porte de gauche. Kaori se tenait derrière Ryô, protégée par le dos large de son bien-aimé. Ils glissaient leur épaule sur le mur de droite, sans jamais s'en décoller. Le nettoyeur trouvait que ce couloir était bien calme, et il s’inquiétait de n’avoir croisé aucun homme de main jusqu’à là. De plus, aucune porte ne se trouvait dans la partie de ce bâtiment, ne menant à aucune pièce comportant un indice, une vie à sauver.  

 

Kaori se posait également des questions, et s’apprêtait à interroger Ryô, lorsqu’elle remarqua un détail chez lui qui la perturba.  

 

- Ryô… Chuchota cette dernière  

 

Le nettoyeur entendu son nom être prononcé dans la frayeur. Il stoppa ses pas, prenant soin de n’entendre moindre bruit suspect, et se tourna vers Kaori.  

 

- Ta main tremble Ryô… Dit-elle la prenant dans les siennes.  

- Ce n’est rien…  

- C’est parce que nous sommes montés dans un avion… ?  

 

Ryô regarda profondément Kaori. La main qui tremblait atterris sur sa joue. Même si sa phobie de l’avion ne le quittait pas, ce fut une plus grande peur qui l’avait paralysé un instant ; perdre la femme qu’il aimait…  

 

Lorsqu’Hélène s’était approchée d’elle, l’apercevant en train de charger son arme, et la pointer à son cœur, Ryô, même sous les mots rassurants de Kenji, avait douté… L’image qu’il n’aurait jamais voulu voir était sous ses yeux ; un ennemi braquant un canon de feu vers sa bien-aimée pour la supprimer. Au fond, au plus profond de lui, il avait douté, douté de comprendre si oui ou non, il s’agissait bien de Kaori…  

 

- Je suis désolée… Souffla-t-elle, émue  

- Ne me refais plus jamais une telle peur… Supplia-t-il  

- Promis… Sourit-elle, amoureuse  

 

L’instant était sensible, mais comme dans leur quotidien, ils n’avaient guère le temps d’apprécier leur intimité, et une balle brûlante et poudreuse effleura leur bras. Ryô coucha Kaori à terre à ses pieds et tira sur leur adversaire. Le nettoyeur acheva plusieurs hommes ; il n’avait rien perdu de sa légendaire habilité. Mais pendant qu’il se chargeait de tirer sur les assaillants situés devant eux, Kaori eut comme un courant d’électricité qui percuta son échine, et sentit son bien-aimé être en danger. Sans réfléchir, toujours allongée par terre et positionnée en boule comme ordonné par Ryô, à l’aide de ses jambes, elle prit appuie sur le mur, et se laissa glisser sur le dos, passant entre les jambes de son partenaire et mis un coup de pied dans les parties intimes de l’homme qui voulait le neutraliser lâchement.  

 

Prenant possession de son arme, Kaori colla son dos à celui de Ryô, et tira elle aussi sur les hommes qui les attaquaient par derrière. Seulement, l’adrénaline et la crainte avait pris le dessus, et les compétences dégradantes de Kaori en matière de tire, valut un ballet de balle qui valsait dans tous les sens, rebondissant sur les meubles et les lustres. Mais comme si un ange dirigés ses balles à sa place, elles désarmèrent par le plus ironique des hasards, les détracteurs.  

 

Les lâches prirent jambes à leur cou, loin de cette « sorcière ».  

 

- Une sorcière ? Se vexa-t-elle  

 

Ryô sourit à la comparaison, mais il garderait pour lui sa propre réalité, car malgré tout l’amour qu’il éprouvait pour Kaori, sa bien-aimée pouvait vraiment et réellement être terrifiante.  

 

- Je peux savoir pourquoi tu souris bêtement ? S’offensa Kaori  

- Pour rien… Je suis fière de ma partenaire ! Dit-il d’un clin d’œil  

 

Kaori et Ryô se sourirent mutuellement ; l’un sans l’autre, c’était une certitude, ils ne pouvaient pas survivre. Un instant de complicité encore plus forte se tissait, mais il fut interrompu par un appel que recevait Ryô.  

 

- Ryô, c’est Caleb, rejoignez-nous dans le hall !  

- Entendu !  

 

Ryô et Kaori tournèrent le dos à leurs assaillants, lorsque l’un d’entre eux, se tenant la hanche, se mit à ricaner. Le nettoyeur prit la main sa partenaire afin de l’éloigner, mais l’homme sourit comme le démon, et toussota.  

 

- Vous n’imaginez même pas à qui vous vous êtes attaqués, toi et ta pouliche…  

 

Ryô n’aimait guère la comparaison que cette crapule osait prononcer devant lui en parlant de sa partenaire. S’approchant férocement comme le loup près du mouton blessé, il pointa son magnum à distance du canon à sa cervelle.  

 

- Tes derniers mots ont tout intérêt à être constructifs, ou je t’ouvre la porte de l’enfer maintenant !  

- Tu n’as rien compris… Derrière cette porte… C’est, l’enfer…  

 

L’homme s’évanouit après les dernières forces que son corps possédait à supporter la balle logée dans sa hanche.  

 

Ryô regarda sa partenaire et ils essayèrent de comprendre. Est-ce que la porte qu’ils avaient empruntée menait au grand « patron » ? Si c’était le cas, ils devaient procéder avec intelligence, et aucune précipitation ne devait prendre le dessus. Découvrir après toutes ces années qui furent l’auteur de tout ce « bordel » mafieux, était inopiné.  

 

Ryô et Kaori se rendirent dans le hall, où tous se retrouvèrent. Kaori accourue vers Mick apercevant sa main saigner abondement ; eux aussi avait été accueilli en grande pompe. Malgré le bandage qu’avait fait Miki, le sang ne cessait de s’écouler de cette main déjà endommagée par un autre combat haletant.  

 

- J’aurai du accepté que Kazue nous accompagne finalement… Rit-il avec ironie  

- Mick…  

 

Caleb synthétisa la situation ; Kenji avait trouvé la salle des enchères, mais cette dernière était inaccessible de part son blindage. Étant donné qu’ils ne savaient pas comment se constituait la salle, inutile de prendre des risques et de faire des victimes inutiles. Le moyen le plus simple restait de passer par les coulisses, mais visiblement, aucune des portes qu’ils eurent empruntées n’y donnait l’accès.  

 

Kaori et Ryô s’observèrent de nouveau. Tous leurs camarades perdaient pieds, et les nerfs lâchaient un à un – sans compter que Ryô n’avait aucunement confiance en ces agents de la PSIA et la Guoanbu. Le nettoyeur avait son opinion bien aiguisé des forces d’état, et elle ne changerait pas, bien au contraire.  

 

Malgré ça, des vies étaient en jeu, et surtout celle d’Hélène, et ils ne pouvaient pas la laisser derrière eux, ce n’était même pas envisageable.  

 

- Caleb, dans le couloir que nous avons fouillé avec Kaori, se trouve la pièce où régie le « grand » patron !  

- Comment ? Pourquoi ne le dire que maintenant !  

 

Caleb s’apprêtait à emprunter ce couloir, et ses pas commençait déjà même à courir, lorsqu’il sentit une arme le viser dans le dos. Se retournant pour faire feu, il se rendit compte que le tireur qui voulait sa mort bassement, n’était autre que Mickaël ; « Jacob » ; son partenaire.  

 

- Qu’est-ce qu’il te prend ? Demanda Caleb, baissant son arme  

- Tu te précipites !  

- Jacob, on recherche cet homme depuis plus de douze ans !  

- Sauf que le lieutenant Singh a reçu un ordre qui m’interroge quelque peu ?!  

- Un ordre ? Demanda Kenji  

- OSOK, lieutenant Singh… Répéta Mickaël  

 

Caleb regardait d’un œil mauvais son ancien équipier. Jacob, ou Mickaël, il ne savait plus, avait osé écouter aux portes, avait osé douter de lui, et pire encore, il perdait son intégrité d’agent du gouvernement.  

 

- C’est quoi OSOK ? Demanda Marie  

- One shot, on kill… Un tir, un mort ! Répondit Falcon, connaissant le jargon militaire  

- Tu as reçu l’ordre de tuer cet homme ? S’agaça Marie  

- Et qu’est-ce que ça a d’étonnant ? Questionna Caleb, véritablement naïf ?  

- Caleb… Je sais que tu es quelqu’un de foncièrement bon… Mais Shen-Yeng et Ishiba t’ont demandé d’abattre cet homme !  

 

Mickaël s’inquiétait pour son ami, son meilleur ami. Comment pouvait-il être aussi crédule ?! Était-ce la mission ? Était-ce l’épreuve psychologique subi par les fréquentations de Vlad Lowski ? Ou… Était-ce Shen-Yeng et Ishiba qui l’avait parfaitement formé à leur image ?!  

 

- Ce n’est pas en le répétant que je vais comprendre où tu veux en venir ?  

- Caleb, tu viens de le dire ! C’est un homme recherchait par toutes les autorités de Russie et d’Asie, et cet homme devrait être abattu ?!  

- Vous ne voulez pas le faire parler ? Détruire complètement son réseau ? Interrogea Ryô  

 

Caleb était l’un de ces hommes droit, honnête, patriote et concis. C’était un brave homme, répondant aux agencements de ses supérieurs. Il faisait partit de ceux qui prône la justice, et s’il s’était engagé dans les forces de l’ordre du ministère de la sécurité Chinoise, ce fut pour élargir cette équité. Mais à entendre ces camarades, il faisait fausse route, et empruntait le chemin de la déchéance. Il n’était qu’un pion placé sur l’échiquier où se jouait la partie entre la Guoanbu et la PSIA contre l’organisation de Vlad Lowski.  

 

- D’accord… Je vous suis… Abdiqua Caleb  

 

Le temps s’était longuement écoulé, et agir rapidement, mais sereinement serait l’objectif. Qui sait ! Peut-être que le sort d’Hélène était déjà jeté, et qu’elle était vendue à un homme ayant enchéri sur son corps, sur son âme… Cependant, cela serait trahir son courage que de laisser passer la chance de découvrir le marionnettiste, le metteur en scène qui se joue d’eux depuis un an maintenant. Le groupe de mercenaire, désormais dirigé par Ryô, partirent à l’assaut du grand patron. Le nettoyeur trouvait encore le coin trop calme, surtout après leur passage, et les hommes qu’ils avaient neutralisés avec Kaori étaient restés au sol. Il n’aimait pas ce silence, et une surprise non désiré les attendaient.  

 

- Il joue sur la psychologie Ryô, avance… Dicta Kenji  

 

Ryô enregistra le conseil de son ami, et essaya d’en prendre fortune, et d’écarter son éventuelle nervosité. Adroitement, il tira une initiale balle dans la porte, pour prévenir de leur arrivé. Rien à signaler. Un deuxième coup ; toujours le silence. Une troisième atteignit le loquet et la porte s’ouvrit sur un imposant bureau à première vue. Les uns après les autres, ils rentrèrent dans la pièce, formant un arc de cercle, et ne furent accueilli par rien d’autre qu’un siège de bureau leur tournant le dos, dont une fumée de cigare s’en échappait.  

 

En face du maître des lieux, une imposante vitre sombre, pare-balle analysèrent les yeux des professionnels. Au travers de ce panneau, un spectacle pour le moins nauséeux ; des jeunes femmes en train de défiler à moitié nue, devant des hommes cachés par le noire de la pièce, en train de s’acharner à lever la main, et enchérir, enchérir jusqu’à ce que ces femmes ne ressentent plus la moindre dignité…  

 

- Vous êtes en retard… La plupart de nos plus jolies femmes ont déjà été vendues…  

 

Le néant se fit, car Ryô venait de pâlir et de pousser un râle qui intrigua ses camarades. Les pas à peine posés dans la pièce, que le nettoyeur fut concentré sur la fragrance de cigare cubain, puis l’accent fort, poussé et rauque, latino et assuré. Les souvenirs remontèrent à sa mémoire, et l’odeur de la poudre, de la terre aride, et les sons des canons qui saignent l’ennemi ressurgirent. L’enfant soldat qu’il fut en Amérique latine, vibrait dans son corps, et ses yeux se figèrent sur ce passé. Kaibara, son père adoptif, bavardait avec un homme à l’imposante allure dans une cabane fumante. Posé sur la table, une carte, représentant le pays et ses frontières. Ryô, à cette époque, n’attendait rien d’autre que les prochains ordres de son père ; « son meilleur guerrier » ; n’arrêtait-il pas de répéter à ce visiteur.  

 

- Ryô… Souffla Kaori, à ses côtés  

- Je connais cet homme… Lui répondit-il  

 

L’homme encore caché par son imposant fauteuil, ne tarda plus à affronter du regard les mercenaires. Et ce fut dans un ricanement certain, qu’il leur fit enfin face. Ryô esquissa un sourire malin – sa mémoire ne l’avait pas trompé, il avait déjà vu et entendu cet homme, mais il devait s’avouer que depuis fort longtemps, les images de ce passé s’était envolé grâce à sa nouvelle vie au Japon, et qu’il lui était difficile de le placer correctement.  

 

- Ne t’en veux pas Ryô ! Après tout, tu n’avais qu’onze ans lorsque nous nous sommes rencontrés en Amérique ! Répliqua l’homme  

- Moi aussi je vous connais ! Vous êtes Stanislas Gomèz… Discret, mais illustre politique en Russie… Vous prônez la junte militaire, une dictature où seule l’armée dirigerait le pays, sûrement pour redoré sa grande puissance ! Argumenta Caleb  

- Mais quelle parfaite maîtrise de ma définition ! La même qu’étudie les universitaires de Russie ! Se moqua-t-il  

 

Caleb n’appréciait guère l’insulte. Il connaissait bien d’autre étape de sa vie de politicien corrompu, mais le temps pour en débattre serait bien long. Stanislas Gomèz, c’était lui, le « grand patron », celui pour qui Vlad Lowski travaillait. L’argent qu’il ramassait grâce aux trafics ; monétaire, d’arme et d’humain ; contribuait à élargir son réseau politique, de grands noms corrompus, et ainsi monté à l’échelle gouvernementale.  

 

- Votre problème agent Singh, c’est que vous êtes tellement scolaire ! Ricana Stanislas  

- Vous avez l’honneur de connaître mon nom ? Sourit-il, sournois  

- Dès votre arrivé dans les rangs de Lowski, nous avons immédiatement su que vous étiez un agent du gouvernement !  

- Vous êtes donc tout puissant ! Répondit Caleb, commençant à être touché dans son égo  

 

Kenji écouta la conversation entre Stanislas et Caleb, et ce jeu de fierté révélait la véritable nature de la mission de la Guoanbu et la PSIA. Vlad Lowski et Stanislas Gomèz avaient dont repéré la véritable identité de Caleb, à savoir, espion. Comment ? Comment pouvaient-ils avoir cerné l’agent ? Avait-il une faiblesse ? La hiérarchie de ce plan d’intrusion avait-il été mal agencé par la Guoanbu ? Était-ce par la même façon que Kenji avait été aussi repéré ? Ou…Ou bien…  

 

- Vous et Vlad Lowski étiez espion autrefois ? N’est-ce pas ? Demanda Kenji  

- Kenji Homura… Vous êtes mon favori ! Intelligent, réfléchit, adroit, loyal, des qualités hérités de votre père… Mh… ? Sourit-il comme un diable  

 

Marie et Déborah regardèrent Kenji. C’était bien la première fois qu’une personne évoquait l’un de ses parents. Excepté Ryô, quiconque ne pouvait deviner son passé, mais à leur grande surprise, le nettoyeur n’était aucunement déstabilisé ; était-ce par qu’il s’agissait d’une ironie ?  

 

- Qu’est-ce que je disais, quelle placidité… Admira Stanislas  

- Et si vous répondiez à ma question… Insista Kenji  

- Comment ? Da et Kyosuke ne vous ont rien dit ? Se surprit-il, s’amusant avec leurs nerfs  

 

Mickaël et Jacob se regardèrent. Stanislas titillait leur esprit déjà bien embrumé par tout ce qui fut révélé plus tôt. Impossible que Monsieur Shen-Yeng et Ishiba ne sachent qui fut derrière la machination, étant donné la haine qu’ils portaient à ce gang qui depuis des années les avaient fait perdre raison. En revanche, ce qui les surprit, fut que Stanislas puisse être aussi facilement renseigné sur la Guoanbu et la PSIA ? Comment aurait-il pu savoir ? Un nombre incalculable de gouvernement devait être à ses trousses, sans compter qu’Ishiba Kyosuke n’était plus officiellement au gouvernement japonais. Qui pouvait l’avoir informé ?  

 

- Est-ce Hélène qui vous a parlé de nous ? Demanda Caleb  

 

Kenji roula des yeux, et encore davantage devant le rire fort et perçant de Stanislas. Caleb était décidément bien dupe, et il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Qu’importe ! Le lieutenant Singh n’était pas sa priorité, il voulait véritablement que ce « russe » réponde à ses questions. Par ailleurs, il le trouvait calme, trop calme pour un homme qui avait neuf canons de braqués sur lui.  

 

Stanislas tourna de nouveau le dos à ses convives, pour continuer d’admirer ses femmes défilantes, en train d’être vendues comme du gibier, de vulgaire meuble de valeur. Il n’était et ne serait pour le moins du monde paniqué, et semblait complètement être indifférent à leur présence. Qu’attendait-il ?  

 

- Je voudrais la voir défiler avant de mourir… Dit-il d’une voix peinée  

- Qu’est-ce que vous marmonnez vieux fou ?! S’impatienta Marie  

- Ça risque de vous plaire Homura ! Votre ex-fiancée est une divine jeune fille, toute fraîche, toute innocente… Aussi belle que l’était sa mère… Dit-il, sur un ton réjouissant cette fois  

 

Marie bouilli. Entendre ce « vieux porc » parler de sa petite-sœur comme d’une sucrerie lui donnait la nausée. Finalement, peut-être que de tuer cette « ordure » était la bonne solution, et elle serait plus que satisfaite que d’en venir elle-même. Ne pouvant plus supporter les sautes d’humeur de Stanislas, elle s’approcha de lui et mit le canon de son arme sur sa tempe.  

 

- Marie !! S’écria Kenji  

- La ferme ! Je ne t’écoute plus ! Cet homme est cinglé et il n’a visiblement pas toute sa tête !  

- Marie… Je veux qu’il parle… !  

- Pourquoi ? Qu’est-ce qu’on en n’a à foutre de sa vie ?! Est-ce que tu entends comment il parle d’Hélène ? C’est insupportable !  

 

Kenji s’approcha violemment de Marie et lui ôta son arme des mains. À ce geste, elle le gifla violemment, en l’insultant d’insensible, de froussard, et de lâche. Il ne prêta aucune intention aux dires de Marie, et lui rendant son arme, il lui ordonna de reculer, et de le laisser faire. Le regard de Kenji était effrayant, et elle recroissait ces mêmes yeux, ces mêmes yeux qui donnaient la mort autrefois sans pitié. Écoutant les désirs de son ami, elle venue se replacer auprès de Déborah.  

 

- Vous ne manquez pas à votre réputation… Ruthless… Sourit Stanislas  

- Vous savez par conséquent que j’ai réussi à faire parler bien pire que vous !  

- Vraiment ? Je vous intéresse tant que ça ? Ricana-t-il  

- Vous non ! Mais Vlad Lowski, oui !  

- Pour vous parler de Vlad Lowski, je dois obligatoirement vous parler de moi…  

- Et bien allez-y, nous avons du temps avant que mon ex-fiancée ne défile… Non ?  

 

Stanislas regarda Kenji en souriant de manière rusée. Il appréciait le caractère et le sang-froid du nettoyeur, et ce fut parce qu’il respectait étrangement ses qualités, qu’il accepta de répondre à sa question. Et ce fut en s’allumant un nouveau cigare, qu’il commença à conter son récit.  

 

« Ma mère était cubaine, et mon père russe, il faisait partie des soldats venu soutenir l'île déjà en conflit contre les États-Unis pendant les deux guerres mondiales. Ma mère était serveuse dans un bar à Pinar del rio, famille de paysan qui procédait une ferme où se cultivait le habano, plantation fines et de qualité pour le tabac de cigare. Mon père est mort quand j'avais huit ans, un soldat américain lui a tiré dans le dos lors d'une énième révolution... Ma mère m'a élevé seule, mais elle s'est remariée à un soldat, un soldat déchiré par la guerre, tellement qu’il en était devenu fou, et qu’il nous battait, ma mère et moi. Quand j'ai su tenir une arme, et que j'ai su tirer sans raté ma cible, je l'ai tué, "boum" ; dit-il en imitant le bruit et le geste ; j'avais alors quatorze ans…  

 

- Ça vous rappelle des souvenirs, hein, Homura ! Ricana Stanislas  

 

Déborah et Marie se regardèrent une seconde fois ; qu’entendait Stanislas par-là ? Toutes deux se tournèrent vers Ryô, dont le regard était sombre, mais également concentré.  

 

« Dès lors, je me suis engagé dans les milices du Fidel Castro, et je me suis battue pour la liberté. J'ai participé aux crises des missiles de cuba ; j'avais vingt-six ans ; du débarquement de la baie des cochons, jusqu'à la fin de la guerre froide. Aucun homme ne pourrait expliquer ce qu’être soldat, comme aucun médecin ne pourrait expliquer pourquoi la vue du sang ou des tripes ne lui retourne pas l’estomac.  

 

Falcon et Ryô dégageaient une atmosphère délicate, sensible, et presque nostalgique. Est-ce que les mots dictaient par ce « monstre » les touchaient ?  

 

« Nous avons fini par avoir des renforts, l'URSS, le pays de naissance de feu mon père venait fièrement nous soutenir, bien qu'il y trouvait évidemment un avantage. Ces pourris d'américains, ils avaient engagés des exilés cubains, entraînés par la CIA pour combattre leur propre pays, et les faire à leur image, de bons patriotes américains ! Quatre mille morts dans les milices cubaines… Ma mère a été assassinée car elle refusait de donner à boire à un américain…  

 

Stanislas eut subitement la voix écorchée par l’émotion, s’il fut encore capable d’en éprouver. La main libre froissa la moquette rouge de son accoudoir. Il côtoyait de nouveau le sentiment de haine et de colère qu’il eut ressenti pendant ses années de guerre, de terreur…  

 

« Je hais le gouvernement, je hais les hommes qui se font appeler "soldat", l'armée gouvernementale n'est qu'une milice dans la milice pour engrossé le patriotisme. Vous connaissez ça, hein, monsieur Saeba ! Dit-il, haussant le ton  

 

Ryô fronça le front, et sa bouche forma une virgule menaçante sur le coin de ses lèvres. Kaori attrapa sa main, et essaya de tempérer son ardeur. Ryô n’était qu’un enfant à l’époque, un enfant abandonné, ayant perdu ses parents dans un accident mortel où seule la chance l’avait sauvé, et il en fut amnésique de sa propre existence. En ce temps, en ces temps de guerre, difficile de cerner les bons des mauvais. Son bien-aimé n’avait rien fait d’autre que d’essayer de survivre.  

 

« Heureusement, certain soldat de l'URSS sont restés de fidèles alliés… C'est là que j'ai rencontré Vladimir Lowski ! Ses parents étaient morts en s'exilant pendant la seconde guerre – lui confié à une tante dans les terres pauvres de Russie…  

 

Stanislas y venait enfin, Vladimir Lowski, le père adoptif de la mère d’Hélène. Qui était-il ? Kenji s’impatientait tout au fond de son être.  

 

« Vous êtes impatient, n’est-ce pas… Je vais vous faire un cadeau et commençait par le plus surprenant concernant Vladimir… Saviez-vous qu’il a travaillé étant jeune pour le KGB…  

 

KGB : service de renseignent de l’état d’URSS, de Russie désormais… Il vaut la PSIA du Japon, et la Guoanbu de Chine, en soit, Vladimir fut un jour à égalité de Da Shen-Yeng.  

 

« Vladimir fut le précurseur du téléphone rouge… C'est avec ce procédé qu’entre autre, il entendu les chinois nous traiter d'aventuristes ! Vous saluerez à l’occasion Monsieur Shen-Yeng, qui sera ravi j’en suis certain, d’entendre ce souvenir historique ! Sourit-il, fièrement.  

 

Caleb et Mickaël comprenaient davantage, c’était grâce aux fréquentations gouvernementales que Stanislas Gomèz, connaissait leur Capitaine, Monsieur Shen-Yeng.  

 

Mais pendant qu’ils se rassuraient avec cette théorie, Kenji en avait tout une autre, car si Vlad Lowski avait par la plus sûre des preuves heurté de loin Da Shen-Yeng, qu’en était-il de Kyosuke Ishiba ?  

 

« Vladimir en avez assez de participer aux comités des gouvernements qui se servaient des uns et des autres comme un enfant change d'avis sur le meilleur ami qu’il possède. Alors ce joyeux génie dont le QI dépassait celui d’Einstein, a fait croire qu'il était mort lors d'une mission et est partie en emportant du KGB, un souvenir… Un souvenir avec lequel ce renard me tient depuis toutes ces années ! Dit-il frappant du poing, blessé dans son orgueil  

 

- Et qu’est-ce que c’est ? Demanda Caleb  

 

« Un code nucléaire de missile… Le Jupiter plus exactement ! Le seul à ne pas avoir été enlevé après l'accord de 63' ! Il me tient le fourbe, il me tient par la barbichette ce marionnettiste, ce profiteur, cet ingrat, cet escroc, il sait, il sait que je suis intéressé par un missile qui pourrait en une seconde faire disparaître le pays que je hais le plus ! En une seconde, « América despedida » ! Prononça-t-il en portugais, riant, riant fortement à s’en étouffer. »  

 

Le groupe de mercenaire comprenait clairement qui était Stanislas Gomèz, et les raisons démentes qui l’avaient poussé à former ce gang, à construire ce réseau puissant. À l’aide d’un ancien espion du gouvernement, facile de tirer de nombreuses ficelles sensibles, sans jamais se faire découvrir. Cet homme était anéanti par la guerre et par la vengeance. La folie dont il eut fait preuve et ferait encore preuve, n’avait ni cesse ni limite et il serait capable du pire, du plus terrible…  

 

Il en fut un qui ne restait, non pas perplexe, mais interrogative sur certain aspect de son récit ; c’était Kenji. Encore beaucoup de question le taraudait, et ce fut au moment où il voulut bouger les lèvres pour en formuler une, qu’il fut interrompu par Stanislas.  

 

- Chut... Souffla-t-il, s’asseyant sur le bord de son fauteuil. La voilà… Sourit-il, machiavélique  

 

Kenji tourna la tête vers la vitre, et son cœur rata le plus bruyant et le plus vital des battements. Erika annonça dans la plus vulgaire des présentations, le dernier lot de la soirée. « Une jeune femme, mi japonais, mi russe, de dix-sept printemps, vierge, à la peau laiteuse et au corps pure est à vendre au meilleur prix ».  

 

Hélène s’avança timidement sur scène, entendant les mots et les cris déjà enjoués et pervers de ces acheteurs dépravés. Elle avait été maquillée, les cheveux ondulés, et fut vêtu de rien d’autre qu’une robe d’un style déesse antique, transparente, laissant apparaître ses formes… Nue, elle était nue sous ce bout de tissu immoral et Kenji aurait donné n’importe quoi, sacrifié n’importe qui pour qu’elle ne se souvienne jamais de cet instant.  

 

Et comme si entendre les enchères grimper, et grimper, se hausser, s’augmenter ne suffisait pas à enrager Kenji, un homme caché dans l’obscur, osa crier ;  

 

- Nue, on veut la voir complètement nue !  

- Et bien messieurs, vous êtes farouches ce soir ! Sourit chaleureusement Erika  

- Mettez là nue si vous voulez atteindre le million ! Répondit-il  

 

Kenji s’approcha de la vitre tel un automate, frôlant le sourire vicieux de Stanislas. Du bout des doigts, il toucha l’ombre du corps de sa bien-aimée. Aucun homme, il ne souhaitait qu’aucun homme ne regarde ce corps à qu’il avait fait tant de fois l’amour, le véritable amour. Il revivait sans honte ces moments, tous les jours, dans sa mémoire, il sentait sa main frôler sa peau, son nez s’imprégner de son parfum, et son âme, son âme touchait la sienne. Ses lèvres ne quittaient plus les siennes… Et ses yeux se perdaient dans les siens, effaçant chaque jour un peu plus le monstre qu’il fut autrefois.  

 

Kenji bouillait, il bouillait fiévreusement d’apercevoir Erika s’approcher d’Hélène pour venir la déshabiller. Elle tremblait, et elle mordait ses lèvres pour ne pas perdre connaissance sous la frayeur qu’empoissonner son être. Elle mit ses deux bras en forme de croix sur sa poitrine, et serra le tissu qu’elle ne voulait pas se voir découvrir. Et plus son bourreau approchait, plus elle baissait la tête, et son visage pâlit, ses lèvres blanchirent…  

 

- Non !!!  

 

Hélène venait de crier, d’hurler, de supplier ? Non. Kenji reconnu l’intonation, ce n’était pas un hurlement de pitié et ce fut fièrement qu’il assista à la gloire de sa bien-aimée. Elle releva le menton, défia du regard sévèrement ses hommes qui réclamait son corps, décroisa ses bras et répondit de manière ferme à Erika,  

 

- Je vais le faire moi-même ! Dit-elle, l’air assuré  

 

Kenji était si fier, et il avait eu si tort de la sous-estimée. Hélène savait parfaitement ce qu’elle faisait, et elle préférait mourir que de se laisser toucher par les mains sales d’Erika. Mais, le nettoyeur commençait à perdre pied, il redoutait cet instant qui serait tatouer au fer rouge dans son intimité, dans son amour-propre de femme. Ses mains se dirigèrent dans le dos, pour défaire les cordages de la robe, elles tremblaient, et rapidement, des larmes se mirent à rouler sur son visage…  

 

Hélène ne s’était donné à aucun autre que Kenji, et elle aurait tout donné pour négocier avec la mort en cet instant. Car mourir serait moins douloureux que d’exposer son corps nu autre qu’à celui qu’elle aimait passionnément.  

 

Kenji essayait inconsciemment de passer à travers cette vitre pour lui venir en aide, pour la sauver, et ce fut lorsqu’elle découvrit ses épaules qu’il crut mourir, mais… Mais… Mais subitement, une voix masculine s’échappa des coulisses.  

 

- Il suffit !  

 

L’homme qui venait de s’exprimer, et à la grande surprise de toutes les assemblées, fut Vlad Lowski. Il s’approcha à pas de loup d’Hélène, tout en expliquant, en argumentant, en parlementant son arrivée,  

 

- Vous êtes trompés messieurs !  

- Excusez mon patron, apparemment le champagne servit en loge est puissant ! Calma Erika  

- Allons Erika… Ne prenez pas pour plus bête ces hommes ! Sourit-il, sournoisement  

- Qu’est-ce que cela signifie ?! S’agaça un homme dans les tribunes  

 

Oui, qu’est-ce que cela signifiait ? Que venait faire subitement Vlad Lowski sur scène, au moment même où Hélène allait connaître le pire instant de son existence ? Que faisait cet homme dont les crimes dépassaient l’entendement ? Est-ce qu’il lui venait en aide ? Est-ce que la pitié effleurait les derniers morceaux de sentiment qu’il pouvait posséder ? Est-ce que le souvenir de « Linda » se reflétant dans Hélène le secouait ? Le déstabilisait…  

 

- Cette jeune fille, messieurs, est une bombe à retardement que vous posséderez… Argumenta Vlad  

- Comment ça ?! Grogna un autre convive  

- Ni vierge ni pure, seulement une espionne à la solde d’un gang japonais !  

 

Sous la stupéfaction des mercenaires, ils virent les convives se mettre à parler, chahuter, se lever, chuchoter dans l’oreille du voisin ce qu’il en était. Apparemment, savoir qu’une jeune femme appartenait à un gang, les effrayait au plus haut point ! Mais pourquoi ?  

 

- Parce qu’une jeune femme issue d’un gang, c’est le déclencheur parfait d’une guerre sans merci entre ripoux, avocats véreux, et autres corrompus… Expliqua Mickaël  

- Plusieurs hommes se sont vus acheter des femmes dont se servait des chefs de gang, pour l’espionnage, le chantage… Une femme, c’est plus facile qu’un homme pour s’infiltrer et rapporter les informations qu’il faut pour détruire un gang ennemi, ou un avocat, un comptable qui commence à paniquer sur certains trafics… Continua Caleb  

- Mais… S’inquiéta Mickaël  

 

Vlad Lowski allait devoir affirmer son accusation, prouvait avec fiabilité que ses dires étaient vrais. Mais que cherchait-il à faire ? Créer la discorde ? Pourquoi soudainement il tournait le dos à Erika Rosenberg, sa collaboratrice, et Stanislas Gomèz, son patron ? Quel en était l’intérêt.  

 

- Vous délirez Vlad ! Et il va vous êtes impossible de prouver ce que vous avancez… Sourit Erika  

- Peut-être, mais du coup, on veut que les mises baissent ! Je n’achèterais pas une femme qui risque de trancher la gorge la nuit ! S’indigna un invité  

- Du calme, messieurs… Je vous certifie que Stanislas choisit toujours de façon fiable, les femmes qu’il vous vend ! Est-ce que l’un d’entre vous a déjà été déçu ? En déduisit Erika  

 

L’assemblée resta silencieuse, et la réponse à cette question prônerait le « non », étant donné le mutisme qui régnait dans la salle. Erika se mit à sourire, à sourire comme le Joker, fourbe et sans scrupule. Néanmoins, au moment où ce rictus se dessinait, se découvrait comme le symbole de sa victoire, Vlad Lowski sortit un couteau de sa veste.  

 

- J’ai la preuve la plus infaillible qu’il soit !  

 

Vlad Lowski fit face à Hélène, et lui demanda de bien vouloir se retourner. Elle hocha la tête, en signe de confiance, et tourna le dos à l’assemblée. Le russe mit ses cheveux sur le côté, et à l’aide de son couteau, il déchira les cordes du corset et dégagea convenablement le tissu. Écartant les deux extrémités, Hélène n’entendit rien d’autre qu’un râle de stupéfaction bruyante se dégageait de chaque bouche des hommes présents.  

 

Le groupe de mercenaire fut sans voix ; Hélène avait un tatouage dans le dos, des signes japonais piqués à la verticale le long de sa colonne vertébrale. Ce fut le choc, et pendant que Stanislas Gomèz, riait, riait à gorge déployait, divertit par l’intelligence de Vlad Lowski, ce qui se dit dans l’assemblée d’homme fut encore plus troublant.  

 

- Cette… Cette femme fait partit du gang Shu’Kiru ! Trembla un homme d’affaire  

- C’est impossible ? S’offusqua l’un d’eux  

- Non, il dit vrai, j’ai croisé dans plusieurs dossiers de mon père ce symbole ! Cette marque de fabrique appartient bien à ce gang ! S’affola un jeune avocat  

- Abatage ! Ce vieux roublard de Gomèz voulait nous saigner jusqu’au dernier ! Grinça un autre  

 

L’assemblée d’homme était scandalisée, mais également effrayés, apeurés, et ils crièrent à la calomnie, et tous s’approchèrent d’Erika pour répondre de ses actes. Ils se sentaient manipulés, trompés, trahis et aucun d’eux ne verserait un centime pour les femmes qu’ils avaient plus tôt enchéris. Pensant à sauver leur peau, ils ordonnèrent immédiatement à Erika de les laisser sortir, et d’emporter gratuitement leur lot ! La russe ne pouvait que céder, ne voyant pas ses hommes arrivés malgré le bouton d’urgence qu’elle avait enclenché grâce au pendentif de son collier ; elle obtempéra, impossible de neutraliser tous ses hommes seule, même non armés.  

 

Le groupe de mercenaire devait agir rapidement et profiter de l’occasion pour arrêter ses hommes corrompus jusqu’à l’os et sauver les nombreuses jeunes femmes qui devaient attendre dans l’anxiété leur sort.  

 

Caleb demanda à Mickaël de neutraliser Stanislas, de l’arrêter et de l’apporter vivant à leur capitaine. Quant aux autres, il devrait le suivre pour pouvoir arrêter ses hommes d’affaires vénaux avant qu’ils ne parviennent à quitter l’île ; il les voulait tous.  

 

Le groupe de mercenaire se mit d’accord, mais Kenji restait planté à la vitre, il était dans l’incapacité de bouger, son cœur palpiter, et son ventre se tordait dans tous les sens, comme si quelque chose de terrible allait arriver. Ryô, Kaori, Marie et Mickaël restèrent avec lui, pendant que les autres accouraient déjà pour enrayer les truands et sauver les innocents.  

 

- Kenji, faut qu’on bouge ! L’interpella Ryô.  

 

Stanislas fut menotté par Mickaël, sans revendication, sans paniquer, sans même essayer de se défendre ! Étrange ? Cet homme était décidément déboussolant, déboussolé. Tantôt serein, tantôt fougueux, son esprit devait vagabonder entre passé et présent. Les blessures, et les images de la guerre, ne devaient pas le quitter, à aucun instant, et il était embourbé avec depuis toutes ces années.  

 

Kenji restait toujours figé devant cette vitre - on aurait cru qu’il essayait de la briser à la seule force de son regard. Il ne voyait rien d’autre qu’Hélène, et son instinct qui jusqu’à lors de l’avait jamais trompé, le rendait statique et impuissant.  

 

Allait-il perdre la femme qu’il aimait ?  

 

Profitant de la cohue, Vlad Lowski remit convenablement la robe sur les épaules glacées d’Hélène, et bénéficia du fait qu’Erika regardait son royaume, sa promotion s’effondrait pour anticiper une fuite.  

 

Or, Vlad eut à peine le temps de remettre convenablement le tissu sur la peau d’Hélène, qu’il eut l’instinct qu’on les menaçait d’une arme. Du coin de l’œil, Vlad observait un canon poindre sur le cœur de celle qu’il rhabillait. Et alors, un geste, un seul remua le cœur des mercenaires restant, d’Erika et d’Hélène…  

 

- Non ! Hurla Kenji  

 

Kenji vit Vlad propulser son corps à l’aide des épaules d’Hélène, mais pensant qu’il allait utilise sa bien-aimée comme bouclier humain, le russe se positionna de telle sorte à servir de carapace… Il venait de prendre une balle en plein cœur, à sa place… Le corps de Vlad Lowski, où le sang s’écoulait déjà de ses lèvres, s’écrasa aux pieds de l’ange qu’il venait de sauver…  

 

« NON ».  

 

Ce cri venait des tripes d’Hélène, de son sang, de sa génétique circulant dans ses veines. Elle venait de le rejeter, de le vomir, un hurlement, qui venait de son ventre, de son cœur, de son âme – un cri de détresse qui déchira les entrailles de Kenji, Marie, Kaori et Ryô… Et ce fut en poussant ce cri de nombreuses fois, qu’elle accouru en pleure, au chevet du corps sanglant de Vlad Lowski. Innocemment, elle venue se pencher sur lui, et caressa son front, en larme. Un monstre, elle prenait peine et désarroi pour un monstre, pour un criminel… Pourquoi ? Elle ne savait pas… Mais peut-être parce qu’au fond de son cœur, elle ne voulait ni ressembler à Vlad Lowski ni même à Monsieur Shen-Yeng…  

 

- Pourquoi… ? Pourquoi !? Demanda-t-elle, d’une voix étranglée par les sanglots  

- Tu… Tu ressembles… Tu ressembles tellement à ta mère…  

 

Vlad Lowski prononça ces derniers mots, avant de toucher la porte de l’enfer. Et sous ses yeux qui se fermaient pour l’éternité, Hélène essouffla ses poumons en demandant « pourquoi », toujours « pourquoi », puis l’expulsa dans une clameur de panique en regardant avec effroi Erika.  

 

- Pourquoi vous avez fait ça ?! Hurla Hélène  

 

Erika resta silencieuse, et regarda Hélène avec dédain. Elle la détestait, elle détestait cette pauvre adolescente qui ignorait tout de sa vie et des dégâts qu’elle eut causé. Si seulement elle avait été éliminée comme prévue, si seulement ce vieux gaga de Vlad Lowski n’était pas une larve devant le visage d’un enfant, elle ne serait pas là, en train de voir l’empire de son business partir en lambeau. Elle voulait la faire souffrir, elle voulait lui faire du mal, la haine monta en elle et gonfla ses veines de cruauté.  

 

- Répondez ?! Hurla de nouveau Hélène  

- À cause de vous…  

- …  

- Il est mort à cause de vous…  

- …  

- Et je peux vous inviter à le rejoindre ! Vous aurez tout loisir de parler de votre vie avec lui…  

 

Erika pointa son arme sur elle, mais alors qu’elle pensait l’avoir aguerri psychologique, n’ayant plus qu’à transpercer sa poitrine d’une balle pour l’achever. Hélène releva la tête, toutes larmes sur son visage avaient cessé de rouler et ses traits n’étaient soudainement plus pâlit sous la douleur. Elle fronça les yeux, définissant toute la colère qu’elle avait pour la russe.  

 

Kenji s’affolait, s’inquiétait de ce regard menaçant, c’était douloureux d’apercevoir de la rancœur sur le visage de sa douce amante… Qui sait ce qu’elle pouvait faire maintenant. Hélène était imprévisible et il n’aurait jamais imaginé qu’un tel panache puisse l’habiter. Elle-même victime d’injustice, le récit de son passé avait dû faire naître en elle de l’empathie, et elle devait s’accuser de toutes les fautes commises… Son messages d’adieu en était la preuve, et pourtant, quelque chose semblait avoir changé en elle, quelque chose l’avait faite changé d’avis ou… Quelqu’un… ?  

 

Erika ne supportait pas ce regard vilipendé qu’Hélène avait sur elle. Agacée de se faire dominer par une gamine insipide, elle fit glisser le barillet de son pistolet et tira une balle.  

 

- Hélène !  

 

Kenji exorcisa le nom de la femme qu’il aimait. Voyant déjà son corps tomber, son cœur s’arrêter de battre, son âme s’envoler vers les cieux ; il vit Hélène bouger légèrement sa tête, et la balle ne fit qu’effleurer sa joue, laissant une goutte de sang prouver l’égratignure – voici toute l’agilité que lui avait enseigné le City Hunter. Puis, bondissante, elle se releva, avec le visage encore plus grave, plus sombre, et ce fut en s’emparant de l’arme situé dans la poche de Vlad Lowski, qu’Hélène se mise à courir après Erika : elle voulait la tuer.  

 

- Non !  

 

Kenji se mit à courir lui aussi, il quitta la pièce à la recherche de son amante, mais il fut retenu par Ryô.  

 

- Laisse-moi ! Se débat-il  

- Tu es trop bouleversé pour faire quoi que ce soit d’intelligent !  

- Laisse-moi Ryô, où je te colle une balle dans le genou ! Dit-il, le menaçant de son arme.  

- Ferme-là !  

 

L’ordre venait étonnement de Déborah ; souhaitant rejoindre ses amis qui visiblement traînaient. La nettoyeuse activa le chien de son Glock, et regarda droit dans les yeux Kenji.  

 

- Tu vas aider les autres à sauver toutes ces femmes, et boucler ces merdeux !  

- Déborah… Souffla Marie  

- Cette sale garce à tirer sur Amélie !  

- …  

- Crois-moi, ce n’est pas Hélène qui va l’achever ! C’est moi !  

 

Déborah tourna les talons, et partit sur les traces d’Hélène et d’Erika. Marie serra les poings de rage ; elle ne pouvait pas rester là, à attendre que sa petite-sœur revienne saine et sauve. La noirceur de ses yeux était effrayante…  

 

- Marie ?! L’interpella Kenji  

- Je la suis !  

- Marie !  

- On reviendra ! Toutes les trois… Alors fait ce que te dis Déborah !  

 

Marie chargea son arme, et partie sur les traces de son amie, à la recherche de sa petite-sœur.  

 

Pendant ce temps, le groupe de mercenaire se dispersa de nouveau, afin de neutraliser les fauteurs, et de mettre en sécurité les femmes innocentes. Mickaël conduisit Stanislas en dehors du bâtiment. Un camion de la brigade de la Guoanbu l’attendait, Caleb avait donné l’alerte, et Jeff, Da et Kyosuke avaient rejoint les locaux et rapatriés leurs hommes. Les trois hommes d’état restèrent mystérieusement silencieux devant la carrure imposante de Gomèz. Ils ne semblaient pas être surpris, et Monsieur Shen-Yeng donna l’ordre immédiat de le mettre en isolement entouré de cinq agents.  

 

- Il faut refaire le tour du bâtiment, ainsi que l’intérieur pour être certain que toutes les femmes sont là, et que tous les malfaiteurs soient arrêtés ! Ordonna Caleb au groupe.  

 

Ryô et ses camarades obéirent au lieutenant, sans broncher ; la vie d’Hélène en dépendait.  

 

Erika courait toujours dans les couloirs du bâtiment qui se trouvèrent nombreux, car beaucoup était dissimulé dans des pièces cachées. Le but de la russe était d’épuiser Hélène, et de l’éloigner le plus possible de la surface du bâtiment. La salle où elle souhaitait l’emmener était celle où Stanislas avait caché la bombe, et certainement déjà activée…  

 

Hélène était comme envoûtée par ce sentiment de haine qui l’avait effleuré, prit au ventre pour ne plus l’abandonner. Elle était comme possédée, prise au piège de ce sentiment puissant et qui pouvait être dévastateur. S’en défaire était impossible, elle était comme une machine lancée et qui ne s’arrêterait qu’avec une panne d’énergie.  

 

Erika l’attira dans la pièce désirée et sans prévenir, elle tira sur Hélène, mais ne fit que la désarmer. Cependant, sans s’y attendre, la russe fut basculée sur le sol par le poids de sa rivale. Hélène lui avait sauté dessus, à toute vitesse, afin de lui ôter l’arme de sa main ; ce qu’elle parvenue à faire. Erika gifla Hélène, ce qui l’a mis à terre, mais elle se défendit également en mettant un coup de pied dans le bas ventre de la russe. Erika se tenait l’estomac de douleur, mais alors qu’Hélène pensait l’avoir neutralisée, elle fit prise par la renarde. Erika se jeta sur elle, et la menaça d’un couteau qu’elle voulait lui planter dans le cœur. Hélène tenait fermement les poignées de sa meurtrière, mais elle sentait la transpiration de sa nervosité faire glisser sa peau sur la sienne.  

 

Hélène se sentait perdue, quand…  

 

- Touche pas à ma sœur sale pétasse !  

 

Marie arriva en trombe sur Erika et mit un coup de pied dans la main qui tenait le couteau, l’arme blanche glissa loin d’elle. La russe se roula par terre pour échapper à son assaillante, mais celle-ci s’occupait plutôt de savoir dans quel état était sa sœur. Erika essaya de ramper jusqu’à son arme à feu, mais elle fut interrompue par un talon qui cogna dedans. La russe leva les yeux, et tomba sur le regard glacial de Déborah. La rage prit Erika et ce fut par une force inconnue qu’elle se releva rapidement, et fermant son poing durement, elle voulue toucher au visage sa rivale, mais cette dernière eut un réflexe incroyable. La nettoyeuse mit juste à l’aide de sa paume de main, un coup dans le menton d’Erika, puis l’acheva d’un coup de coude dans les côtes, ce qui l’a fit glisser à terre, contre le mur. La russe se mit à rire, et souhaitait défier du regard sa faucheuse, et elle tomba nez à nez avec le canon chaud et poudreux de Déborah  

 

- Tu as le choix, ou je te crève allongée, ou je te donne la chance de te relever et de mourir dignement… Proposa Déborah  

- Va te faire foutre ! Dit-elle, crachant son sang sur ses chaussures.  

- Allongée donc ! Comme tu voudras…  

- Non !!!  

 

Hélène ; même à bout de force, soutenue fermement par Marie, eut la force de supplier Déborah.  

 

- Je t’en prie… Ne te rabaisse pas à elle…  

- Alors ça c’est trop drôle ! Tu ne voulais pas me tuer il y a cinq minutes ! Ricana Erika  

- Si ! Mais ça aurait été la plus stupide erreur de ma vie !  

- Hélène… Je ne suis pas comme toi… Tuer quelqu’un ne me fait pas peur… Répondit Déborah  

- Je sais… Mais tu n’es pas une meurtrière… Et Amélie ne reposera pas en paix pour autant !  

- Hélène… Amélie n’est pas morte… Souffla Marie  

- Quoi ?! Fut-elle surprise  

- C’est grâce à tes premiers secours… Elle est dans le coma, mais… C’est au moins un espoir… Répondit Déborah, laissant une larme rouler sur son visage  

- Je crois que je vais vomir ! S’agaça Erika  

 

Déborah hésitait, pour la première fois de sa vie de nettoyeuse. Elle ne comptait plus les corps qu’elle avait laissé sans vie derrière elle, à l’époque où elle travaillait pour Kenji, et quelque fut la raison, elle avait toujours prit part à l’exécution. Seulement, la naissance de son fils avait tout changé, et ôter une vie après en avoir mis une au monde, était devenue presque irréel. Malgré leur mésentente, les mots d’Hélène parvenue jusqu’à sa raison…  

 

- Foutons le camp d’ici ! Argumenta Déborah, tournant le dos à la russe  

- Vous allez crever avec moi de toute façon… Toussa Erika  

- C’est-à-dire ?! Questionna Marie, froidement.  

 

« Déclenchement imminent de la désintégration du bâtiment dans une minute et trente secondes ». Répliqua une voix robotisée. Déborah, Marie et Hélène paniquèrent quelques instants, elles ne pouvaient supposer à une bombe en ce lieu, mais connaissant les procédés des trafiquants, la destruction de preuve semblait évidente.  

 

- Merde ! Faut se bouger !! S’affola Marie  

 

Marie et Déborah élancèrent leur jambe vers la porte de sortie, lorsque Marie eut l’intuition qu’Hélène ne les suivait pas. Sa petite-sœur était restée sur place, statique, sans bouger. L’aînée se rendit près de sa cadette, pensant qu’elle était trop tétanisée pour pouvoir s’enfuir, mais lorsqu’elle attrapa son bras pour la faire bouger, elle resta comme fixée au sol.  

 

- Allez-y… Partez sans moi… Sourit Hélène  

- Qu’est-ce que tu racontes ?! Je ne pars pas sans toi !  

 

Marie insista fortement auprès d’elle, en griffa même la peau de son bras, mais Hélène se débattue, et recula de quelques pas. Les deux sœurs s’affrontèrent du regard, le temps était conté, et l’aînée ne comprenait pas les raisons qui poussaient sa cadette à vouloir en finir avec son existence.  

 

- J’ai gâché la vie de tous… Dit-elle, laissant des larmes tomber. Vlad Lowski a raison… Je ne suis qu’une bombe à retardement… Et si ce n’est pas aujourd’hui, ça sera dans le futur… Et je ne veux pas… Je ne veux plus de ça…  

 

Marie n’avait guère le temps et les moyens suffisant pour convaincre sa petite-sœur qu’elle avait complètement tort, et que bien d’autre argument, raison et conséquence avait forcé son destin, leur destin. Seulement, le compteur de la bombe défilait, et moins d’une minute restait, alors, avec émotion, Marie prononça le nom d’une personne, une seule, la seule qui ferait décoller ses pieds du sol…  

 

- Ok ! Et je dis quoi à Kenji ?! Ce n’est pas pour lui que tu as fait tout ça tête de mule ?!  

 

Hélène n’eut guère le temps de répondre, qu’elle sentit les doigts de son aînée se glissaient dans les siens, et la faire avancer, ses doigts de pieds avaient abdiqués, et un pas lent se fit. Néanmoins, le corps de sa petite-sœur avançant, fit découvrir celui d’une Erika qui était parvenue à se redresser et tenait son arme à feu dans les mains. Ce fut là que le partenariat se fit, que les deux coéquipières communiquèrent sans se parler. Baissant la tête d’Hélène, Marie pencha son dos, et laissa de l’espace libre à Déborah pour tirer.  

 

Erika fut touchée à l’œsophage, elle n’était plus….  

 

- Vite ! Cria-t-elle  

 

Derrières leurs pas qui s’éloignaient des couloirs du bâtiment, des pièces commençaient à exploser et partir en lambeaux de bois. Elles se protégèrent comme elles purent des projectiles, et cacher leur bouche de la fumée épaisse et suffocante.  

 

À l’extérieur, Kenji bouillait. Tous étaient sortis du bâtiment, entendant l’annonce, mais ni l’ombre de sa coéquipière, de sa meilleure amie et de sa bien-aimée ne voulaient apparaître. Et Ryô, qui tenait fermement son corps, où ses pieds s’enfonçaient dans le sable, l’empêchant ainsi de bouger afin qu’il ne s’entête pas à les rejoindre pour ne pas mourir aussi.  

 

- Reculez, vous allez être porté par le souffle ! Hurla Falcon  

- Kenji ! Viens ! Insista Ryô  

- Lâche-moi putain ! J’ai encore le droit de décider si je crève ou pas !  

- La ferme ! Tu racontes n’importe quoi ! Et ton fils, tu y as pensé ?! Argumenta non sans le vouloir, Ryô  

 

Kenji respira fortement, violemment ; son cœur allait lâcher, et sa tête imploser. Bien évidemment qu’il pensait à son fils, et qu’il était sa source de vie principale, mais sans elles, la vie n’aurait pas le même goût, la même saveur, et l’après serait remplie de tristesse, de peine, et de solitude… Vivre sans elles paraissait impossible, et il pria la plus sage de sa bonne étoile pour qu’elles reviennent toutes trois…  

 

- Kenji !!  

- Quoi ?! Je…  

 

Kenji sentit Ryô le pousser en arrière… Mais à l’horizon, une image, comme un mirage, un « miracle » se produisit. Le nettoyeur enregistra de ses yeux, la silhouette des trois jeunes femmes, accourant dans le sable, loin du bâtiment qui venait d’exploser et qui par le souffle de l’explosion, se projetèrent au sol pour se protéger ; Marie s’allongea sur le corps d’Hélène.  

 

La détonation fut violente, et le sable créa un nuage de cendre étouffant. Le bruit avait fait siffler leur oreille, et ils se relevèrent tous avec beaucoup de difficulté. Ryô et Kenji, assez près de l’explosion, eurent des complications à se relever, et toussèrent beaucoup de poussière. Kaori apporta une bouteille d’eau à son partenaire, et en tendit une seconde à son ami, mais ce dernier la poussa des mains, il souhaitait récupérer sa vue, embrouiller par le sable, et être certain qu’il n’eut pas rêvé.  

 

Au loin, il vit Déborah se relever, elle se tenir le genou, mais ne semblait pas avoir d’autre blessure. Marie, elle, grimaça à la courbure que faisait son dos. Quant à Hélène… Elle se relevait, douloureusement, mais vivante…  

 

Kenji n’eut le temps de savourer le contour du corps en chaire de sa bien-aimée, qu’il entendu des hommes crier derrière lui, et hurler « baissez votre arme ! ».  

 

Stanislas Gomèz, cet homme hors du commun, avait réussi à neutraliser les cinq gardes qui le cerner, et se tenait à l’arrière du camion, debout, droit, et pointer lui-même une arme sur sa tempe.  

 

- Gomèz ! Ne faites pas le lâche et baisser cette arme ! Cria Ishiba Kyosuke  

 

Stanislas Gomèz fixait un point à l’horizon… Ils n’eurent guère le temps de savoir s’il regardait son bâtiment partir en fumée, toute sa vie s’effondrer en résidu ou son passé traverser le chemin de l’obscurité, qu’il prononça bravement, fièrement et librement dans sa langue maternelle,  

 

- Hasta la victoria siempre !  

 

« Jusqu’à la victoire, pour toujours » ; Stanislas se tira une balle dans la tête et tomba au pied de Caleb. L’effroi traversa tous les corps présents, pourquoi s’était-il donné la mort ? Ayant réussi à échapper aux forces de l’état, il aurait pu facilement s’enfuir, surtout qu’un bateau se trouvait au large de la plage, repéré par les agents en fouillant l’île, mais non, il s’était donné la mort…  

 

- Pourquoi… ? Murmura Caleb  

- Caleb… Souffla Miackël.  

 

Ryô et ses camarades assistaient là, à un instant novice. Aucun de leur adversaire, même les plus téméraires, c’étaient donnés la mort, alors même qu’ils étaient encerclés, malmenés en côtoyant l’impasse. Qu’est-ce qui avait poussé Stanislas Gomèz à s’ôter la vie ? Était-ce par fierté ? Ou pour tout autre chose…  

 

- Ryô… Murmura Kaori, tenant fermement son bras  

- C’est fini… Répondit-il, doucement  

 

Mais,  

 

Un bruit sourd, sec, précis, et fatal.  

 

La stupeur, la surprise, l’étonnement, tous se retournèrent vers le bâtiment en flamme, un son strident venait de s’en échapper. Le temps se figea sous le cri de terreur de Marie, manquant de s’évanouir dans les bras de Déborah. Kaori, elle, sous le choc, n’eut même pas la force, le courage de pousser un son, ne serait-ce que pour différencier le cauchemar de la réalité. Les pupilles de Ryô se disloquèrent, et un sanglot de torpeur saisi son cœur.  

 

Et Kenji…  

 

Stoïque, anéanti, brisé, glacial, son être ne répondait plus. Il voyait du sang s’écouler du bas ventre jusqu’au pied, sentant les vibrations d’un corps qui lutte contre la mort. Le son, le son revenait en permanence, et à force de se repasser la mélodie, il reconnut bel et bien la résonance d’une balle brûlante qui perforer le tissu, et la peau… Une illusion se produisit, comme un flash-back, de sa rencontre à sa séparation, de ce premier baiser voler à ce pendentif déposé sur l’oreiller. Une chance, il avait laissé le choix au hasard de bien vouloir laisser une chance à une seconde rencontre, à une nouvelle vie…  

 

L’intonation d’un corps qui tombe brutalement au sol, sortie de sa léthargie Kenji ; Hélène venait de s’effondrer à terre, une balle tirée par le ciel venait de perforer son abdominal.  

 

- NON !!  

 

Kenji se releva à l’aide d’un miracle, d’un miracle qui avait bien voulu lui accorder la chance de se tenir à ses côtés, une dernière fois…  

 

- Hélène !!  

 

Kenji souleva son corps qui devenait froid, et posa son front sur le sien. Une année entière que ce contact n’avait eu lieu, et immédiatement, un courant d’électricité passa de son cœur à son ventre, de ses lèvres à ses reins. La bouche tremblante de Kenji se déposa aux coins des lèvres d’Hélène, et il répéta son prénom, son doux prénom qui n’avait plus de consonance que dans ses rêves, et ses plus vertueuses pensées.  

 

Kenji ne pouvait pas y croire, il ne pouvait pas se résoudre à perdre la femme qu’il aimait… Il se haïssait de n’avoir le courage de lui dire, de lui murmurer, ou lui glisser dans l’oreille, discrètement, à l’abri d’âme curieuse. Les sentiments qu’il avait pour elle ne s’expliquait pas, il était fort, si fort, si puissant, tellement qu’il ne les contrôlait pas… Ultime, l’amour qu’il avait pour elle était ultime, et la respiration de son grand amour se saccader, devenait lente, et son cœur autrefois fougueux, s’apaiser.  

 

Il pleurait, pleurait à s’en faire mal à la tête.  

 

- Kenji…  

 

Hélène réussie à marmonner son prénom. Elle déposa sa main ensanglantée sur son visage, et poussa ses larmes salées qu’elle ne voulait pas apercevoir comme un dernier souvenir.  

 

- Hélène…  

- Kenji… Sourit-elle. Je… Je t’ai enfin… retrouvé…  

 

Kenji prit sa main dans la sienne, et souhaita lui répondre, mais elle glissa d’entre ses doigts et s’affaissa au sol. Les yeux chocolat d’Hélène, se fermèrent… Et seul le claquement des vagues, et les hurlements de désespoir de l’amoureux meurtri, se firent entendre…  

 

 

 


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