Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: patatra

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 9 chapters

Published: 28-03-12

Last update: 27-03-19

 

Comments: 58 reviews

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General

 

Summary: Un homme règne sur Tokyo : Saburo Kyô, dangereux trafiquant de drogue et d’armes. Pour les puissants, cet individu devient gênant, il a accumulé trop de dossiers compromettants contre tout un chacun. Ryô Saeba, de retour au Japon, est recruté pour exécuter le criminel. A ses côtés, Hanako Meini est là pour l’aider. Mais rien ne se passe comme prévu…

 

Disclaimer: Les personnages de "Japanese story" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo, sauf Hanako et Saburo que j'ai créés.

 

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   Fanfiction :: Japanese story

 

Chapter 4 :: Retrouvailles

Published: 13-12-12 - Last update: 13-12-12

Comments: Coucou tout le monde! Ca me fait bizarre de majer à nouveau ici, c'est que ça fait une éternité. Et sur Japanese en plus, c'était il y a des lustres. Bon, après moult hésitations et insatisfactions, je me débarrasse de ce chapître. Comme toujours, il ne me plaît que moyennement, mais bon, il fait partie de ces chapître où il y a très peu d'actions et beaucoup d'intériorité. Et puis en espaçant les majes on risque aussi de se perdre. Pour être honnête - certaines d'entres vous le savent déjà - j'ai failli abandonner cette histoire car elle ne me ressemble pas vraiment, je ne m'y retrouve pas, et je dois me faire un peu violence pour la terminer. Du coup, l'exercice pour moi est différent mais pas inintéressant. J'espère en tout cas que ça vous plaira. A très vite. BISESSS

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9


 

 

RETROUVAILLES  

 

 

A peine suis-je revenu dans la salle de réception que ton image me saute à la gueule et, qu’une nouvelle fois, tu fuies nos retrouvailles, entièrement absorbée par le ballet d’une serveuse qui virevolte tel un élégant papillon multicolore entre les invités, proposant un nouveau rafraîchissement avec un sourire travaillé. Tu sembles hypnotisée, mais cette factice attention ne me trompe guère, j’y devine simplement les tourments intérieurs que l’autre a su instiller en toi.  

 

Je saisis au vol une coupe de petites bulles alors qu’un de ces coléoptères colorés passe à ma portée ; la serveuse en kimono fleuri me fusille du regard, n’apprécie guère mes manières. Que m’importent les convenances en cet instant ? Je souhaiterais juste que tu me voies, et cette petite tension que je fais naître entre la serveuse et moi peut titiller ton sixième sens, j’y crois Sugar. Retourne-toi !  

 

Hélas, mes espoirs sont vite déçus et ce sont mes propres instincts qui reprennent le dessus, cet impératif de contrôle, le placement des hommes de garde, leurs attitudes, l’absence de Kyô. Et Hanako là-bas. Hanako qui accroche mon regard, qui me happe et me sourit. J’acquiesce imperceptiblement :  

 

« Oui, j’ai récupéré les armes. »  

 

L’homme qui lui fait la conversation semble royalement l’ennuyer, elle piaffe d’impatience de me rejoindre mais les conventions sociales exigent qu’elle se montre courtoise avec son vis-à-vis. Aussi l’écoute-t-elle en feignant un intérêt démesuré, tout en me tendant quelques œillades désespérées. L’étirement de mes lèvres la conquiert, je le vois, le pressens. Ses sourcils tremblent légèrement, ses pieds tapotent le sol et, même si la tessiture de sa voix ne porte pas jusqu’à moi, je sais qu’elle a gagné une octave. Comme quand je l’embrasse sans qu’elle ne s’y attende et qu’elle s’étrangle d’un hoquet. Comme quand une de mes mains l’effleure involontairement et qu’une brûlure invisible semble consumer ses chairs, ou comme quand elle entre dans le champ de mon souffle et que le vent qui s’échappe de mes lèvres la traverse toute entière. Elle frissonne.  

 

Je sais tout cela. Et ce soir, cela m’indispose… J’ose un regard vers toi, mais reviens aussi vite vers les yeux amoureux qui ne voient que moi. Ako a la beauté irréelle de ces femmes inaccessibles qui sont nées avec l’avantage de la fortune. La pause altière, les yeux légèrement plissés, la bouche dédaigneuse et des courbes empruntées aux pulpeuses héroïnes d’antan. Pourtant, chez elle, la perfection n’a rien de lisse, et derrière la pseudo superficialité qu’elle affiche, on devine la blessure vive de la perte maternelle. Cette mère que je n’ai pas connue… Le portrait d’elle, immense, qui trône dans la salle principale de la demeure familiale des Meini, les céramiques chinoises qui s’éparpillent un peu partout, les objets d’art âprement collectionnés qui furent sa passion, rappellent subséquemment ô combien la maîtresse de maison manque à sa fille et à son époux. Je l’imagine posée et raisonnée, emprunte d’une délicatesse héritée de sa noble lignée, mais je sais, aux travers des dires d’Ako et de Tosa, qu’elle était furieusement passionnée, mère aimante et femme exigeante. Ce deuil, Hanako le porte comme une seconde peau, il est l’enrouement de sa gorge certains soirs de tempête, le besoin impétueux de solitude quand elle m’envoie paître sans vergogne et il est aussi la larme irrépressible. Cristal précieux qui perle sur les cils et qui serpente sur la joue, chemin tortueux qu’il m’est interdit de dévier. Et même si l’envie, évidemment, m’a souvent traversé, j’y suis volontairement resté sourd. On touche là à ce qui m’a étreint lors du départ de Kaori et qu’il m’est difficile de considérer : la sublimation de la douleur, le refus obstiné d’avancer dans l’acceptation.  

 

J’abandonne donc dans ces moments ma femme à son secret chagrin, constate mon échec à lui rendre la pareille, le cadeau inestimable de la renaissance. Et maudis le sort qui a emporté l’admirable génitrice, dans sa quarante-cinquième année, alors que tous entrevoyaient sa victoire contre la maladie. Mais je sais que l’ennemi invisible, poison infiltré en son sein, est plus que redoutable et, souvent, celui-ci fait mine de renoncer avant de porter l’attaque finale, mortelle. Ce fut hélas le cas pour Takako Meini.  

 

Tosa aussi est profondément marqué par la disparition de sa femme, mais ses tourments restent intérieurs et insondables, et la pudeur enveloppe toujours les souvenirs qu’il évoque avec nous.  

 

Cependant, pour le moment, il n’est pas question d’Hanako pour moi, c’est une autre qui occupe mes pensées et j’ai presque honte de chérir l’homme qui accapare ma douce pour me laisser tout le loisir de divaguer vers toi.  

 

Tu n’es pas si loin à vrai dire, juste à quelques mètres, mais tu t’obstines à me tourner le dos, à ignorer ma présence, à contempler ces chinoiseries dont tu te fiches éperdument, j’en suis convaincu.  

 

Je suis là Kaori.  

 

Je suis là, incapable de te rejoindre, pour je ne sais quelle raisonnable raison. Est-ce ma mission ? Les sbires de Kyô ? La crainte de ce qui nous attend ? Cette confrontation que j’espère autant que je la redoute. Et toi que je ne reconnais pas ! Non, je ne te reconnais pas, tu n’es plus que l’ombre de la furie qui partageait ma vie, une invisible armure te blinde désormais et, malgré ta présence physique, je sens bien que tout ton être a déserté la salle de réception, que ta concentration est inexistante. Et je devine cette envie qui te dévore : être transparente.  

 

Impossible pourtant, tu envahis tout ce qui m’entoure, tout ce qui m’emplit. L’air qui pénètre mes poumons est chargé de ce parfum que ta peau exhale naturellement, fragrance légère aux accents d’agrumes. Une simple bouffée et mon cœur s’affole, les réminiscences m’inondent. Bonnes ou mauvaises, je ne parviens à faire le tri. Mais demeure toujours en moi la frustration de n’avoir pas su te retenir, pas su trouver les mots. Certainement d’ailleurs, n’ai-je jamais compris exactement ce qui me liait à toi, je n’y voyais que dépendance, insupportable nécessité de toi. Et je n’ose imaginer, là, tout de suite, ce qu’il adviendra de moi lorsqu’à nouveau je serais autorisé à te toucher, délectable perspective dont l’impatience a déjà gagné mes doigts.  

 

Je suis là ! Vois-moi !  

 

Un frémissement semble tout avoir statufié. Cette raideur dans ton cou. Qui t’a fait lever la tête. Qui te contracte les épaules. Qui fait trembler tes mains alors qu’enfin tu amorces un demi-tour. Moi, je reste figé, pauvre spectateur impuissant ; le cœur qui, quelques instants plus tôt, malmenait ma poitrine, s’est curieusement tu, et la fièvre qui bouillonnait dans mes veines semble s’être évaporée, vidant mon ventre de ses désirs, effaçant le sourire de mes lèvres. Si le sel avait durci mes traits, paralysé mes membres, le résultat en serait identique, je n’en serais pas moins immobile. Non, aucun muscle ne m’obéit plus.  

 

Tes yeux !  

 

Enfin, tes yeux !  

 

Ils se posent sur moi et s’ouvrent plus grands que je ne les aurais crus capables. Immédiatement ils se brouillent, s’assombrissent, s’écarquillent, se soumettent. Et j’assiste impuissant à ta noyade, à cette vague émotionnelle qui te submerge et à laquelle tu ne t’attendais pas. C’est si bon ! Diable qu’il est jouissif de te voir si mal, ton bouleversement est palpable, me fracasse les côtes, il te fait plier, comprime ta poitrine, chasse le sang de tes joues. Tant et si bien que tu es blême à faire peur et que je m’en réjouis sans honte. Je vois ta douleur et je l’aime. Oh oui je l’aime à en crever ! Moi seul sais te faire souffrir ainsi, moi seul peux, par un simple regard, t’entraîner dans le plus vertigineux des gouffres, dans la plus absolue des détresses ; pourquoi donc m’en enorgueillis-je à ce point ?  

 

Bien sûr que tu me détestes là, tout autant que tu m’adores. Je reste impassible et impénétrable alors que tu ploies sous la foudre des retrouvailles, j’affiche une froideur insultante alors que tu ne parviens pas à dissimuler la tempête qui te dévaste. Que puis-je objecter à ce reproche que tes iris m’adressent déjà et qui est tant mérité ? Que pour moi, le premier choc est passé, accusé, qu’il y a plus de trois heures que je me languis de cet instant, que j’ai déjà l’odieuse assurance que tu me reviens ? Certitude bassement présomptueuse, mais qui ne souffrira aucune résistance. Je le sais, l’ai décidé. Et, tout aussi évidemment, il m’apparaît que pour toi non plus, il ne peut en être autrement.  

 

Tes yeux, solidement arrimés aux miens, sont bien incapables de maintenir plus longtemps leur expression de fâcherie, ils abdiquent vite, cèdent au bonheur imprévu de nos retrouvailles. Tu tangues doucement, ton front se plisse sous la fantaisie de tes sourcils et ta bouche lâche un sourire qui me terrasse.  

 

« Viens, rejoins-moi ! Retrouve-moi ! »  

 

Mon sang ne fait qu’un tour lorsque tes dents retroussent ta lèvre inférieure et la croque sans délicatesse. Oh Kaori ! Cette morsure que tu t’infliges m’assomme d’un désir fulgurant. Tes bras sont tombés le long de ton corps et, par chance, tu as su garder ton verre à la main, éviter le fracas de la chute. Pour autant, nos regards emmêlés nous trahiraient si d’aventure quelqu’un les interceptait. Mais on nous octroie la chance d’être seuls et invisibles aux yeux des autres, et j’ai l’immense privilège d’assister à cet imperceptible mouvement de tes lèvres, à ces trois lettres qui ne sont qu’un murmure mais qui résonnent dans mon crâne comme si tu les avais criées.  

 

— Ryô…  

 

Oui Kaori, je suis là. Et je viens t’arracher à ce qu’est ta vie aujourd’hui !  

 

Mais ta mine change brusquement. Ton sourire s’évanouit, tes yeux se détournent et je vois, terrifié, tes épaules entamer une rotation qui, sans conteste, va t’éloigner de moi.  

 

Alors que je fais un mouvement pour te rejoindre, un bras enserre le mien, m’interdis toute fuite, brise mon élan, notre rêve, notre moment. J’enrage de te voir ainsi renoncer à moi, me priver de tes yeux, de ton visage ; et ces pas qui te mènent dans une autre direction que la mienne.  

 

— Ako, dis-je dans un souffle en considérant la gêneuse.  

 

— Est-ce que tout va bien ?  

 

— … Oui.  

 

J’essaie de reprendre mes esprits, de recouvrer une partie de ma concentration :  

 

— J’ignore encore ce qui se trame. Kyô a été appelé et a quitté la réception mais je crains qu’il ne revienne vite. On a peu de temps devant nous. Il est temps que tu rentres à l’hôtel maintenant, comme convenu.  

 

— Déjà ? … Peut-être que si…  

 

— Voyons ! ne puis-je m’empêcher de l’interrompre, souhaitant museler toute protestation. Nos plans étaient bien définis, je veux que tu sois à l’abri lorsque je vais agir. Tout se passe comme prévu jusqu’à maintenant pourtant je doute que ça dure. Ca serait trop beau.  

 

Elle acquiesce mais souffle d’exaspération. Souhaite-t-elle résister ?  

 

— Je dois me rendre dans la chambre de Kyô maintenant, et chercher le microfilm. Et je ne serai pas tranquille si je te sais ici.  

 

— Tu seras prudent ?  

 

— Evidemment, dis-je tout en levant les yeux pour te voir adossée à une porte, la mine des mauvais jours incrustée sur ton front.  

 

— Pourquoi j’ai peur ? me demande Hanako, tout en frissonnant.  

 

Il n’est pas difficile pour moi de comprendre ses réticences à me quitter. Jamais auparavant, elle ne m’avait accompagné aussi loin dans une mission, jamais elle n’avait perçu le danger qui me guette aussi nettement qu’aujourd’hui. A-t-elle d’ailleurs jamais eu conscience de la contrepartie qu’exigeait son père pour me donner un nom ? Etre son homme de main. Son bras armé. L’amour filial dont elle est pétrie ne lui permet pas de réaliser à quel point elle et moi sommes dépendants de Tosa. A tout niveau. Alors certes, je suis désormais Okura Sato, je ne suis plus clandestin dans mon propre pays, j’ai la plus belle femme du monde à mon bras, mon beau-père est presque devenu un père, mais n’ai-je pas abandonné dans la partie la substantifique moelle qui faisait de moi Ryô Saeba?  

 

La bataille fait rage dans mon crâne et je crois deviner que la jeune femme là-bas, qui ne doit rien rater de ce qui m’unit à Hanako, n’y est pas étrangère.  

 

— Et puis le contrat n’est pas simple cette fois-ci. Kyô n’est pas qu’un nom sur une liste, c’est un homme que tu as rencontré plusieurs fois et qui évolue dans ta sphère depuis de longues années.  

 

Elle semble réfléchir, se remémore certainement quelques lointains souvenirs.  

 

— Oui, peut-être, concède-t-elle. Mais c’est un homme si dangereux Ryô, méfie-toi de lui ! A tout instant, dans toute situation !  

 

— Eh ! Je n’ai aucun doute sur ce qui va se passer. Je vais tuer Kyô.  

 

— Est-ce que ce sera aussi simple ?  

 

Je plante mes yeux dans les siens, communique l’assurance dont je ne me dépare jamais.  

 

— Je suis plus fort que lui.  

 

Elle sourit timidement, colle son front contre mon torse. J’en profite pour te lancer un regard, sonder tes réactions. Il n’y en a aucune.  

 

— J’en veux à Papa…, me confie-t-elle doucement. C’est la dernière fois qu’il nous mêle à ses affaires. Je ne veux plus.  

 

Oh ça, j’en suis convaincu. C’est bien la dernière mission que me confie Tosa Meini.  

 

— Rentre maintenant, le temps presse.  

 

Hanako s’arrache à regret de ma poitrine, s’éloigne lentement de moi, et sa démarche en dit long sur son envie de ne pas m’abandonner là. Je la suis des yeux. Mais à peine a-t-elle quitté les lieux que c’est vers toi que je reviens. Les traits que tu me tends n’ont plus rien de bouleversé, ton visage est fermé, mais c’est bien dans ma direction que tu regardes. Un signe de l’épaule et je comprends qu’il me faut te suivre. Je te suis donc. A bonne distance. Te vois saisir un verre de jus de fruit, sans freiner ta course pour autant. Course qui nous conduit vers la sortie, ou plutôt l’entrée des appartements privés de Kyô, gardée comme il se doit, bien entendu. Je reste hypnotisé par le dos que tu offres à mes prunelles connaisseuses, la chute de tes reins est vertigineuse, ton ondulation, un appel au vice, et ta robe ! Ta robe, Kaori, est à la limite de l’indécence, elle ne dissimule pas que, sous le noble tissu fauve, nul autre ne protège ton intimité.  

 

Visiblement, tu transiges aussi sur ta pudeur désormais.  

 

Mais alors qu’on approche dangereusement du garde, tu stoppes brutalement, te retournes tout aussi indélicatement. Et je ne peux qu’opposer un hoquet de surprise lorsque le jus de fruit gicle sur ma chemise.  

 

— Mille excuses Monsieur ! t’exclames-tu, attirant volontairement l’attention du garde. Je suis d’une maladresse incroyable. Je suis désolée.  

 

— Ce n’est rien, dis-je en balbutiant.  

 

Je ne m’attendais pas à cela, mais le scénario prend vite forme dans ma tête et je souris devant l’ingéniosité que tu déploies. Et en profite pour courir sur le visage qu’enfin je peux contempler de près. Ces lignes harmonieuses que je reconnais avec un bonheur que tu n’imagines pas, je les croque avec voracité, ne prenant pas le temps de les déguster, oubliant d’en apprécier les détails, il me faut tout engloutir et tout de suite : tes yeux, tes lèvres, tes joues, ton front. Si possibilité m’en était donnée, je te mordrais Sugar, je maltraiterais tes chairs avec mes dents, les forcerais à emplir ma bouche, à se plier à mon insatiable appétit.  

 

Peu m’importent là les questions qui me taraudent depuis des années, ce qu’est ta vie, ce qu’est devenu Eichi, ce que tu fais avec Kyô, peu m’importent également Hanako et Tosa Meini, l’existence confortable qui est la mienne, peu m’importe ce qu’il adviendra de ma mission, si je trouverai ou non le fameux microfilm. Peu m’importe tout en fait ! Tout sauf de pouvoir revivre dans ta chaleur. Te toucher. Je veux te toucher.  

 

— Quelle catastrophe ! assures-tu en plantant ton regard de maîtresse de maison dans le mien. Suivez-moi, je vous prie, je vais remédier à ce désagrément ; il faut nettoyer au plus vite sinon vous pouvez dire adieu à votre chemise.  

 

Tu souris d’un air entendu. Je chéris cette voix si claire qui n’a pas varié. Les mois passés loin de moi ne l’ont pas altéré le moins du monde.  

 

— Laissez Madame, je vais m’en charger, propose le garde en s’approchant de nous.  

 

— Hors de question ! interjettes-tu autoritairement, tançant le malotru avec sévérité. Croyez-vous que Saburo accepterait que je souille la chemise d’un de ses convives et que je laisse à un employé le soin de réparer mon erreur ?  

 

Il hésite un instant.  

 

— Euh… Non, je ne crois pas.  

 

Le garde s’efface alors de la porte, penaud, et nous laisse le passage libre.  

« Inconscient ! »  

Un regard en guise d’invitation à te suivre et, bien sûr, je m’exécute. A nouveau. Mes entrailles se tordent d’appréhension alors que tu me devances toujours mais que nous nous retrouvons seuls dans le couloir, qui me paraît sans fin. Tes épaules capturent mon attention mais, de temps à autre, je laisse mes yeux divaguer sur les tentures magnifiques qui ornent les murs ainsi que sur les estampes qui confèrent aux lieux que nous traversons une âme singulière. Ici, plus qu’ailleurs, Kyô affiche ses goûts. Et l’homme m’apparaît différent de ce que je l’en avais cerné. Les étoffes sont en effet choisies avec raffinement, je reconnais des soieries chinoises, très certainement de la dynastie des Han, j’admire les motifs astronomiques, les décors géométriques qui s’y étalent, et devine une technique de tissage complexe. Merci Hanako de m’avoir quelque peu initié – bien malgré moi, cela va de soi – … Mais il me semble qu’au travers cet esthète assemblage, Saburo Kyô prend consistance, qu’il devient humain, gagne en profondeur. Peut-être est-ce cela qui t’a séduite Kaori ? Peut-être…  

 

Je marche silencieusement, et toi, si gracieuse, balances doucement les bras, possèdes la légèreté d’un félin. Mais alors que je te laisse le soin de décider de notre destination, tu me saisis par la manche et m’attires brusquement dans une pièce.  

 

Une pièce ? … Non, pas une pièce ! Un placard ! Une laverie…  

 

Je plisse immédiatement les yeux sous l’agressivité de la lumière du néon blanc, dont l’interrupteur vient d’être actionné par tes soins, elle contraste avec celle tamisée et feutrée qui éclaire le couloir.  

 

— Il y a des caméras un peu partout.  

 

Pas besoin d’être psychologue pour percevoir la fêlure dans le timbre de ta voix.  

 

Mais sans vraiment me laisser le temps de réagir, tu t’es déjà armée d’un chiffon abondamment aspergé d’une substance transparente, que j’imagine être du détachant, et tu t’échines à faire disparaître l’auréole orangée. Tes doigts sont passés entre deux boutons de ma chemise pour tendre le tissu. Te rends-tu compte qu’ainsi tu me touches ? Que tu viens d’abolir toute distance entre nous ? Que des frissons accompagnent chacune de tes manœuvres pourtant indélicates ? Oh Kaori, tu n’as visiblement pas fait beaucoup de progrès de ce côté là : la rudesse d’un camionneur, doublée de la tendresse d’un équarrisseur.  

 

Un gloussement prend vie dans ma gorge. Tu t’éloignes illico de moi. Réalises-tu ?  

 

Pour autant, la pièce est si étroite qu’un invité de plus nous ferait afficher « complet », et ça n’est pas plus de deux mètres qui nous séparent désormais.  

 

On se regarde en chiens de faïence.  

 

— Qu’est-ce que tu fais là ?  

 

— Moi aussi, je suis content de te voir.  

 

— Ryô…, souffles-tu, exaspérée.  

 

— Je suis invité.  

 

— Permets-moi d’en douter.  

 

Un air soupçonneux étrécit tes yeux.  

 

— Je t’assure.  

 

— Ca a à voir avec cette femme ? C’est une cliente ? Une relation de Saburo je présume.  

 

Enfin son prénom dans ta bouche. Il glisse sur ta langue, j’ai même l’impression qu’elle l’enrobe, l’enveloppe de délicatesse : « Saburo ». As-tu seulement conscience de ce miel dans ta bouche ?  

 

— Hanako n’est pas une cliente.  

 

Tu fronces les sourcils, prends acte de l’information.  

 

— Que viens-tu faire ici Ryô ?  

 

— Tu sais très bien que je ne suis pas là pour le plaisir Kaori.  

 

J’observe, impuissant, la brume envahir tes yeux. Pensais-tu que j’étais venu pour toi ?  

 

— Tu as changé.  

 

— Et toi donc, me sens-je obligé d’ajouter. Je n’imaginais pas nos retrouvailles ainsi.  

 

— Nos retrouvailles ?  

 

Je hais le ton méprisant que tu as emprunté pour prononcer ces paroles, tout comme le rictus narquois dont tes lèvres se sont parées. Je m’attends au pire pour la suite :  

 

— Qu’espérais-tu Ryô ? Que l’on se saute au cou, qu’on se prenne dans les bras ? En se remémorant les bons moments passés ensemble ?... Soyons réalistes… Nos retrouvailles, comme tu dis, sont à l’image de ce que nous avons toujours été l’un pour l’autre…  

 

« Faux semblants. »  

 

Mais alors que je fais un pas vers toi, tends un bras, tu te pétrifies. Crains-tu vraiment que je te touche ?  

 

Bien évidemment, je gèle en moi toute idée de rapprochement.  

 

— Que fais-tu là Ryô ? t’obstines-tu à me demander.  

 

— C’est pour Kyô que je suis venu.  

 

Tu ne parais pas surprise.  

 

— Tu n’es pas sans ignorer que tu vis avec l’une des plus belles ordures du Japon Kaori… N’est-ce pas que tu ne l’ignores pas ? Mais il te suffit maintenant que l’on t’offre des robes sans prix, que l’on t’emmène faire de beaux voyages, que l’on te promène dans de belles voitures, pour endormir ta conscience. Et tu oses dire que c’est moi qui ai changé.  

 

Je peine à étouffer ma colère, j’en tremble de rage, et ta lividité n’est pas un frein au fiel dont je souhaite t’engluer.  

 

— Arrête, opposes-tu dans un souffle.  

 

Mais mes pas m’ont déjà mené tout contre toi, mes résolutions de ne pas te brusquer volent en éclat, je suis prêt à te bouffer. Tes yeux sont néanmoins levés vers moi, leur expression indéchiffrable. Sont-ils résignés ?  

 

— Comment penses-tu que je prenne ta présence ici ? Kyô est un trafiquant de drogue, d’armes, possède un réseau de prostitution florissant, tire les ficelles du pouvoir en tenant par les couilles des politiciens véreux, avides de son fric qui pue la mort…  

 

Ne tente pas de t’échapper ! J’enserre le visage que tu as détourné, vaine tentative de me fuir, et te contrains à me faire face, à me regarder, à entendre la réalité.  

 

— Et c’est ce mec que tu laisses te baiser tous les soirs ?  

 

« Baiser. »  

 

J’ai dit « baiser ».  

 

La tête me tourne à moi aussi alors que j’assiste à ta liquéfaction, là, collée contre moi, mes doigts indélicats pressant tes joues.  

 

J’ai dit « baiser ».  

 

Comment ne pas me souvenir de ce matin douloureux Kaori ?  

Ce matin où tu es rentrée après ta première nuit de découchage.  

J’avais évidemment pesté jusqu’à l’aube, m’étais enivré plus que de raison. Combien de bouteilles de whisky m’avaient tenu compagnie durant ton absence ? Je ne saurais dire, n’étais plus en capacité de les compter.  

La réalité était que, pour la première fois de notre partenariat, tu avais passé la nuit à l’extérieur avec un homme, et cet homme, c’était Eichi. J’avais donc refusé toute proposition malhonnête du blondinet qui avait avancé des perspectives toutes plus alléchantes les unes que les autres pour me forcer à sortir. J’avais été intraitable et avais patiemment attendu ton retour.  

Je n’ignorais pas que le beau médecin en pinçait pour toi, ni que ses sentiments recevaient écho. Non, ça, je ne l’ignorais pas.  

Mais je ne m’étais pas attendu à pareille ignominie.  

Ta clé dans la serrure.  

Tes pas dans l’appartement.  

Puis ton apparition dans l’embrasure de la porte.  

Ton visage.  

Aujourd’hui, le souvenir m’est aussi clair que si cela s’était passé hier.  

Ton visage.  

Tu n’as rien dit. Tu t’es juste adossée au chambranle. Et m’as regardé d’un air triste.  

Jamais de toute ma vie, je ne t’ai haïe à ce point, Kaori. Jamais.  

Mon sang pulsait dans toutes les veines de mon corps, les soumettait à une pression inconnue d’elles jusqu’alors.  

Il n’avait fallu qu’une nuit à Eichi pour faire de toi une femme… la première nuit que tu lui accordais.  

Je n’avais pas pressenti cette impatience-là chez lui. Non, je ne l’avais pas pressentie.  

Et toi ?  

Toi ?  

Tu n’avais pas résisté le moins du monde. Avait cédé dès la première tentative. Juste écarté les cuisses et livré ta virginité à la sauvagerie d’un autre.  

Quelle déception ! Monumentale et traumatisante…  

Mais la réalité n’en avait été que plus abrupte : il ne t’avait fallu qu’une seule nuit pour te faire « baiser » par Eichi.  

 

Ce sont bien tes poings que je sens là, appuyés contre ma poitrine, ils me repoussent comme ils peuvent. Hélas pour toi mon ange, tu pourrais déployer toute la force dont tu es dotée, que je ne bougerais pas d’un iota, trop heureux de jouir de la proximité que je t’ai imposée. Oui, car malgré l’acidité des paroles dont je t’asperge, malgré les réminiscences qui refoulent en moi, mon corps n’a qu’une exigence Sugar : assujettir le tien, abolir chacune de ses résistances, gommer les marques invisibles apposées par ces autres que j’abhorre. Là, sur ta joue. Ou ici, sur ton cœur.  

 

Mes yeux se troublent et je peine à voir.  

 

Pourquoi ne puis-je relâcher l’étreinte sur ton visage ? Pire encore, je la durcis… Ce sont les os de ta mâchoire que je sens sous ma poigne. Et je n’en ai pas honte.  

 

Repousse-moi Kaori ! Cesse de poser sur moi ce regard à la fois désespéré et confiant, cesse d’accepter que je te maltraite de la sorte ! Tant physiquement qu’émotionnellement.  

 

Suis-je si monstrueux ?  

 

— Que s’est-il passé avec Eichi ? - ma voix n’est qu’un murmure - Je te quitte alors que tu es en partance pour l’Europe. Je t’y sais heureuse et comblée. Pourquoi faut-il que je te retrouve ici trois ans et demi plus tard ? Au bras d’un homme que tu devrais détester et fuir.  

 

— Il n’est pas si mauvais Ryô. Je t’assure…, chuchotes-tu dès que j’ai libéré ta bouche.  

 

Mais je refuse toute circonstance atténuante pour celui que tu as élu, aussi j’écrase tes lèvres de mon index.  

 

— Chut ! Ca, je ne veux pas l’entendre... Je ne peux pas le comprendre. Nous parlerons plus tard de Kyô. Là tout de suite il est question d’Eichi !  

 

— Ryô…, insistes-tu en me repoussant doucement.  

 

— Que s’est-il passé Sugar ?  

 

Tu sembles troublée... Peut-être est-ce l’air que j’arbore ? Mais j’ignore en ce moment l’expression qui me trahit et je m’en balance complètement pour être honnête.  

 

Tu hésites… ma curiosité s’en trouve décuplée.  

 

— Que s’est-il passé ?  

 

— J’étais seule.  

 

Je sens mon front se plisser sous l’aveu incompréhensible, murmurée d’une voix d’outre-tombe. Mais la sincérité de ton regard qui ne s’arrache pas du mien me plonge dans une perplexité inconfortable. Et les larmes affleurent déjà à la naissance de tes cils, accentuant mon malaise.  

 

Suis-je con ?  

 

— Seule ?  

 

— De toute ma vie avec toi Ryô, expliques-tu enfin, après quelques secondes d’intense réflexion, même lorsque tu sortais le soir en m’abandonnant comme une vieille chaussette pour je ne sais quelle perverse raison, même lorsque tu risquais ta vie, inconsidérément, et que je tremblais que tu ne reviennes pas, même lorsque tu me rendais malheureuse ou chèvre, sans aucun scrupule, je ne me suis jamais sentie seule… Pas une seule fois…  

 

 

Je n’ai plus de souffle. Et ta main qui réconforte ma joue alors que tu débites ta tirade ajoute au vertige qui s’est emparé de moi. Sens-tu que je n’ai plus de souffle ?  

 

— Et quand je suis partie… Certes, un homme qui me chérissait plus que sa vie partageait mes jours et mes nuits, me portait plus d’attentions en une heure que toi en des années, faisait de moi une reine idolâtrée, mais le soir venu, la nuit tombée, quand la ville dormait, la solitude me fouettait comme il n’est pas possible d’imaginer. J’étais désespérément seule. De cette solitude que je n’avais jamais connue jusqu’alors... Connais-tu cela, toi ?  

 

Nul reproche dans ta voix.  

 

J’acquiesce. Tu souris d’un air entendu. La réponse à la question, tu la connaissais d’avance.  

 

— Je me suis bêtement entêtée, reprends-tu, toujours en murmurant. Londres est une ville éblouissante. Eichi est un homme merveilleux. Je me suis donc convaincu que ça allait passer… Mais jamais ça n’a passé…  

 

— Tu es rentrée ?  

 

— Où étais-tu ?  

 

Ta gorge s’étrangle alors que tu ne me laisses pas le temps de la réponse.  

 

— Je t’ai cherché partout. Aucune trace de toi… Nulle part… Quelques rumeurs abracadabrantes, des fantasmes collectifs… Rien de tangible… Tu avais disparu de la circulation. Aucun de nos amis ne savait où te trouver… Où étais-tu ?  

 

« Je ne savais pas que tu reviendrais. » Voilà la seule idée qui me traverse. « Je n’imaginais pas que tu reviennes. » Et je reste muet, incapable de prononcer quoi que ce soit.  

 

— Que fais-tu ici Ryô ? t’enquiers-tu avec une soudaine distance déconcertante, certainement déçue du silence coupable dans lequel je m’enferre.  

 

— Je ne pouvais pas rester à Tokyo. Je ne pouvais pas rester avec eux.  

 

Est-ce que cette phrase veut dire quelque chose ? Peut-elle traduire la douleur de ton départ, mon incapacité à le surmonter ? La haine des autres ? Voulais-tu que je supporte leurs minables présences ? Alors que seule ton absence emplissait mon monde : j’ai haï le Doc de nous avoir présenté Eichi, certainement d’ailleurs, s’en est-il haï lui aussi, plus tard, lorsque je l’ai abandonné, j’ai haï Mick de n’avoir pas eu la force - qui me faisait tant défaut - de te retenir, j’ai haï Miki de bénir ton choix de nous quitter, j’ai haï Umi de lire en moi avec une redoutable clairvoyance, de deviner mes tourments, et de ne rien tenter pour m’en soustraire. Je les ai tous haïs. Certes, aujourd’hui, cela m’apparaît comme une facilité pathétique : rejeter ma faute sur les autres. Mais à la période de mon malheur, cela relevait de l’évidence, peut-être même de l’instinct de survie.  

 

Tes bras s’enroulent autour de mon cou, frêles et légers, mais délicieusement chauds, et tu resserres ton étreinte, m’obliges à plonger dans ton cou, à respirer ton parfum et j’en profite pour prendre une pleine bouffée de toi. M’accorde même la faiblesse de t’enlacer. Tendresse bienvenue.  

 

— Kaori !  

 

Instantanément, nous nous glaçons l’un et l’autre. Ca n’est pas moi qui viens de scander ton nom. Le bruit des portes qui s’ouvrent et qui claquent dans le couloir, la voix qui te hèle, nous ramènent au moment présent, à la réalité : Kyô t’appelle et te cherche.  

 

— Ecoute-moi ! m’entends-je murmurer avec autorité tout en te convaincant du regard. Je veux que tu sortes très vite de cette maison, tu n’y es pas en sécurité. Je dois trouver un microfilm que Kyô cache dans une statuette. Dans sa chambre.  

 

Tes yeux suivent ma progression et je te sens attentive.  

 

— Un microfilm sur quoi ?  

 

— Peu importe… Tu ne te mêles pas de ça… Je récupère le microfilm et je te rejoins. Sauve-toi d’ici et va au Cat’s. Dès que j’en ai fini, je te retrouve là-bas.  

 

— Mais, je peux peut-être…  

 

— KAORI ? appelle la pieuvre, dangereusement proche de nous.  

 

— Je dois y aller, me murmures-tu, il ne faut pas qu’il nous trouve là.  

 

— Il ne nous trouvera pas… Promets-moi de m’obéir cette fois-ci !  

 

Je sens bien ton appréhension, tes doutes, ton attachement à celui qui crie ton nom et que je dois abattre. Bien évidemment, je me garde de te faire part de ce « détail ».  

 

— Promis.  

 

Qu’il est douloureux cet arrachement que tu imposes à nos corps, l’abandon nécessaire auquel je dois me résoudre : te laisser le retrouver, le laisser te récupérer, et m’en remettre à tes aptitudes pour ce qui est de ton propre destin durant cette soirée. Vas-tu m’obéir Sugar ? Rien n’est moins sûr.  

 

Tu sors de la laverie et éteins la lumière.  

 

— Je suis là Saburo ! t’exclames-tu avec entrain.  

 

— Kaori… Je te cherchais partout. Où étais-tu passée ?  

 

— Oh… je me suis juste fait une petite tache de rien du tout, mais on n’y voit plus rien maintenant.  

 

Sent-il le léger frémissement qui fait vriller ta voix ?  

 

La porte de la laverie s’ouvre brusquement et l’ombre de Saburo Kyô se projette dans la minuscule pièce. Menaçante.  

 

— Qu’est-ce que tu fais ? demandes-tu, partagée entre angoisse et colère.  

 

— Rien, répond-il, visiblement soulagé de ne trouver personne. Viens Chérie, j’ai un cadeau pour toi.  

 

J’entends vos pas qui s’éloignent mais je prends mon temps avant de descendre du plafond. Kyô n’avait qu’à lever les yeux pour me surprendre, en appui sur les murs, presqu’en lévitation. Heureusement que la petitesse de la pièce permet ce genre d’extravagance et que j’adore jouer à Spiderman…  

 

A peine suis-je sorti que je sens de multiples présences dans les appartements privés de Kyô, des gardes armés et sur le qui-vive, de la fébrilité.  

 

Je le sais d’une extrême prudence mais l’effervescence qui émane de ces yakusas n’est pas justifiée. Que se passe-t-il ? Mon sixième sens est en alerte.  

 

Des bruits dans le couloir…  

 

Je connais parfaitement les plans de cette demeure, je les ai étudiés consciencieusement avant la mission. Quelques chambres donnant sur le couloir pourraient m’offrir un refuge confortable, le temps que la tension baisse, qu’une occasion s’offre à moi. Pour autant, une force invisible, que je sais conseillère avisée, me pousse à retourner dans la salle de réception, même si cela doit me mettre à découvert. Je ne cerne pas encore les contours de cette impétuosité, mais elle s’impose à moi sans appel possible. Je cède donc une nouvelle fois à mon instinct. Je sais que l’heure de la bataille n’a pas encore sonné, qu’il me faut être patient, ne pas commettre d’erreur. Tu es avec Kyô en ce moment, il est préférable que je te laisse le temps de la retraite. Mes pas me ramènent donc vers la salle où les convives profitent des petits fours et de l’excellent champagne. Mon trouble ne cesse d’augmenter au fur et à mesure que mes pas me rapprochent de la lumière. Le garde ne me calcule même pas alors que je passe devant lui, entièrement absorbé par je ne sais quelle jolie serveuse. Mon ventre se contracte alors que le brouhaha ambiant m’enveloppe, et je reconnais le tintement désagréable du mauvais présage à mes oreilles. Je stoppe net ma progression : sous mes yeux apparaît enfin ce qui, inconsciemment, m’a attiré ici de nouveau.  

 

Hanako est là. Seule. L’air hagard, presqu’affolé.  

 

Elle me capte et hoquète de soulagement, puis se précipite vers moi et atterrit dans mes bras :  

 

— Que fais-tu encore ici ?  

 

 

 


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