Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: patatra

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 9 chapters

Published: 28-03-12

Last update: 27-03-19

 

Comments: 58 reviews

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General

 

Summary: Un homme règne sur Tokyo : Saburo Kyô, dangereux trafiquant de drogue et d’armes. Pour les puissants, cet individu devient gênant, il a accumulé trop de dossiers compromettants contre tout un chacun. Ryô Saeba, de retour au Japon, est recruté pour exécuter le criminel. A ses côtés, Hanako Meini est là pour l’aider. Mais rien ne se passe comme prévu…

 

Disclaimer: Les personnages de "Japanese story" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo, sauf Hanako et Saburo que j'ai créés.

 

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   Fanfiction :: Japanese story

 

Chapter 7 :: Des histoires

Published: 27-08-14 - Last update: 27-08-14

Comments: Bonjour, voici le chapitre qui, à mon sens, est au coeur de l'intrigue. Mes cartes sont presque toutes dévoilées. Il reste des surprises, certes, mais rien concernant l'essence de l'histoire. Suivront deux derniers chapitres. Je tiens à remercier ici une "amie fanfiction"^^, qui se reconnaîtra, et qui m'a conseillé, fort à propos, d'écrire sans me soucier de la forme; de me contenter de raconter mon histoire. Voilà qui est chose faite pour Japanese (elle souhaitait la suite du vent lol, elle va être déçue). Chapitre écrit en une journée sans me soucier de la forme, juste du fond! Enfin, l'inspiration me revient; et le plaisir d'écrire aussi. Bon, je ne m'épanche pas plus. Bonne lecture à ceux qui suivent. A bientôt. Pat

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9


 

DES HISTOIRES
 

 

 

Qu’est-ce que c’est encore que cette pirouette ? Je me remémore la chambre. Le corps. Les céramiques explosées. Aurais-je pu ne pas voir un vase encore entier ? Non, c’est impossible, ce n’est pas moi ça !  

 

— Etes-vous en train d’insinuer que le microfilm est encore dans votre chambre ? Que vous nous l’avez sciemment abandonné ?  

— Pas tout à fait Monsieur Saeba, pas abandonné, rectifie-t-il, j’ai voulu vous tester, voir quelle était votre principale motivation dans l’affaire qui nous oppose. Soit vous preniez le microfilm et tentiez de sortir d’ici, soit vous reveniez dans cette salle pour m’affronter. Il me fallait savoir à quoi m’en tenir. Voilà qui est fait.  

 

Un trouble soudain m’envahit. Cette quête de toi m’amène-t-elle à perdre mes repères ? Ai-je pu être aveugle à l’indice qu’il m’aurait laissé ? Cela me semble tellement peu plausible. Non ! Il ment ! Il tente de me manipuler, de jeter le trouble. Jamais il ne m’abandonnera quoi que ce soit, qu’il s’agisse de son microfilm ou qu’il s’agisse de toi ! Et cette histoire de vase ! Ca ne me parle pas du tout.  

 

— Il était censé être dans une statuette, pas dans un vase.  

— Vous chipotez ; j’ai juste brouillé un peu les cartes en agrémentant le décor. Rien de plus. J’attendais de votre part un peu plus de discernement.  

— Ai-je l’air si stupide ? fais-je remarquer en ricanant. Vous tenez à ce microfilm plus qu’à toute autre chose. Jamais vous n’auriez pris un tel risque… Et jamais, je ne serais passé à côté d’un tel indice.  

 

Il me regarde et feint d’être soudainement las de tenter de me faire entendre raison.  

 

— Vous puez la suffisance Saeba ! m’insulte-t-il avec la même arrogance qu’il me reproche. Il est vrai que j’ai mis une vie à bâtir mon empire et que j’ai réussi à le concentrer dans quelques grammes de technologie. Quelques grammes qui me permettent de mettre à genou tout ce qui a influence au Japon. Ce microfilm fascine, attire les convoitises. Pourtant, il faudrait être fou pour s’aventurer jusqu’ici pour tenter de me le dérober. Fou ou suicidaire. Stupide à n’en pas douter. Et oui Saeba, je vous confirme, vous êtes d’une navrante stupidité.  

 

Il éclate de rire et pose sur moi un regard qui suinte, malgré toutes ses manœuvres, le désespoir d’un condamné. Je vois clair dans son jeu : me troubler, me faire douter de mes aptitudes. Evidemment que le microfilm a été récupéré et mis en lieu sûr. Evidemment que Kyô tente de me manipuler pour prendre le commandement de notre affrontement, induire en moi un sentiment d’insécurité.  

 

— Pourquoi ? m’enquis-je à voix-haute.  

 

— Comment ça : pourquoi ?  

 

— Pourquoi nous avoir laissés revenir dans cette salle sans le moindre ennui ? La bataille aurait pu être rude pour que je vous retrouve. Vous aviez les moyens de me freiner.  

 

 

— J’avais les moyens de vous arrêter, coupe-t-il avec assurance. De vous exterminer. Mais mes projets ne cessent de changer. Vous n’imaginez pas, Saeba, à quel point je m’interroge sur ce que je veux vraiment, sur l’orientation à donner à ma vie.  

 

Je l’observe et ne parviens pas à lui accorder crédit.  

 

— Je me dois de l’admettre, cette vie de complots et de commerces illicites ne m’intéresse plus. J’aspire désormais à entrer dans la norme, à quitter le déguisement que j’ai endossé et dans lequel je ne me reconnais pas. A fonder une famille. Peut-être.  

 

Une grimace sur mes lèvres. Toi immobile et passive, toujours muette. Nos regards s’entremêlent le temps d’un instant sans que je puisse interpréter le message que tu me tends. Je doute. Merde alors, je doute.  

 

— Comprenez-vous ? m’interroge-t-il, m’obligeant à le considérer de nouveau. Comprenez-vous que je dois protéger ma retraite, voire même la négocier ?  

 

— Etes-vous en train de me proposer un marché ?  

 

Mon ton est sarcastique et il ne l’apprécie guère. Il maîtrise malgré tout la moue dédaigneuse que je lui inspire.  

 

— Je ne peux pas négocier directement avec Tosa Meini ; sur ce point je n’ai aucun doute.  

 

Il a fait deux pas, se retrouve face à Hanako, la scrute avec intérêt. Les cils de la fille unique de l’homme qui règne sur les services secrets nippons entament un curieux ballet. Aérien et complexe. Je la sens électrisée par la bataille qui s’annonce. Elle est encore sous le choc de la scène de la chambre à coucher, scène qui décrédibilise le discours de la pieuvre. Elle est trop intelligente pour en être dupe. Mais elle ignore que nous ne sommes pas, elle et moi, ses interlocuteurs principaux ; il en est une autre à convaincre. Une autre qui ne perd pas une miette de ce qu’il se dit. Une autre qui brûle d’intervenir. Je le sais.  

Kyô continue à dévisager celle qui se cramponne à moi. Son visage est étrangement serein, presqu’empreint de douceur. Il est surprenant de voir à quel point le faciès de cet homme est mobile et peut emprunter moult expressions aussi différentes en très peu de temps.  

 

— Non, je ne peux pas négocier avec votre père Hanako. Toutes mes chances de rédemption reposent donc sur vous.  

 

— Sur moi ? hésite-t-elle.  

 

— Vous et… votre ami, précise-t-il en se tournant vers moi.  

 

— Vous plaisantez ? qu’attendez-vous de nous ?  

 

— Que vous me représentiez auprès de Tosa, ose-t-il sans ciller. J’ai fait preuve de mansuétude à votre égard, je pense ainsi prouver ma valeur et ma sincérité. En contrepartie, je souhaiterais que vous convainquiez Tosa de me laisser quitter tranquillement le territoire japonais. Je peux le faire sans son accord, soyons honnêtes. Mais je veux gagner une certaine réhabilitation. Et en échange, c’est le microfilm que je lui offre.  

 

Les paroles du père d’Hanako résonnent encore en moi : « le microfilm et la tête de Kyô ! ». Je sais parfaitement que le marché que nous propose la pieuvre ne pourra jamais être accepté. Mais, dans la réalité, Kyô s’en fiche éperdument ; il veut que nous quittions sa maison. Que nous la quittions sans violence, ni bataille. Ce serait sa victoire à lui que nous nous conformions à sa requête.  

Impossible !  

 

— Et si nous refusons ?  

 

Ma voix est légère comme le vent ; signe ô combien détestable pour lui que je n’entre pas dans son jeu et qu’en aucun cas je ne suis impressionné par sa mise en scène.  

 

— Cela ne ferait que confirmer votre stupidité Saeba ! Vous l’avez vous-même fait remarquer, j’ai largement les moyens de vous nuire ! Mais libre à vous de vouloir risquer votre vie et celle de mademoiselle Meini.  

 

Dans un même mouvement, les gardes massés autour de notre petit groupe pointent leurs armes sur Hanako et moi. Ma femme se serre un peu plus contre mon bras. Elle plie. Plie mais ne rompt pas.  

 

— Assez Saburo ! Assez !  

 

Ce cri déchire la face sereine de notre hôte et, tous trois, nous nous tournons vers toi.  

 

— Reste en dehors de cela Kaori, tente-t-il de te museler, faisant un pas vers toi.  

 

Mais tu l’arrêtes d’un geste, ton bras levé ; lui intimant l’ordre de ne pas t’approcher.  

 

— Cesse de menacer ces gens ! Comment oses-tu ?  

 

— Comment j’ose ? Kaori, as-tu compris qu’ils sont ici chez moi dans le but avoué de me voler et de me tuer ? As-tu compris que c’est eux ou moi ?  

 

— J’ai parfaitement compris… Mais toi Saburo, as-tu compris ce que je ne cesse de te dire depuis tout à l’heure ? Je veux que ces gens partent d’ici sains et saufs. Sans heurts, sans violence. Ils vont partir et je partirai aussi.  

 

Mes yeux se posent sur le dos si droit qu’il m’oppose. Je vois sa silhouette tituber, ses mains hésiter. Puis il les passe dans ses cheveux, semble surpris de les trouver si lisses ; avait-il oublié le catogan ?  

 

— Peux-tu croire un instant que je veuille continuer de vivre avec toi ? Que j’imagine partir avec toi ? J’ai l’impression de m’être faite bernée en beauté. Saburo, rappelle-toi notre histoire. Je suis venue à ta fondation afin de déposer une demande de subvention concernant un orphelinat. Le hasard a voulu, fait rarissime, que tu sois présent ce jour-là, que nous nous rencontrions. Coup de foudre ? Magie d’un instant ? Désespérance dont je ne pouvais plus ? Je suis bien incapable aujourd’hui d’expliquer ce qui nous a rapprochés, ce qui a fait que je suis tombée amoureuse de toi.  

 

Tu fais une pause, inspires une grande bouffée, me tends un regard, puis reviens vers lui. Lui dont je ne peux suivre les expressions du visage mais que j’imagine dévasté. Tu reprends, tremblante :  

 

— Oui, je suis tombée amoureuse de toi ! Tu débordais de charme, de culture, d’attentions pour moi. Certainement ai-je vécu des moments qui font partie des plus délicieux de ma vie, je ne m’en cache pas et je t’en suis reconnaissante. Tu n’imagines pas à quel point. Mais tout cela n’était que du vent Saburo ! L’homme que je croyais aimer n’existe pas, c’est un leurre magnifique, une erreur incroyable.  

 

— Kaori, implore-t-il, tentant de te faire entendre raison, je sais à quel point les révélations de la journée t’ont déçue à mon sujet. Les apparences jouent contre moi mais, s’il te plaît, remémore-toi les dernières semaines que nous avons vécues ? Pas une minute, je n’ai manqué de sincérité.  

 

— Peu m’importe la mascarade des semaines passées, interjettes-tu avec force. Tu es un criminel. Peux-tu seulement imaginer à quel point je me sens trahie ? Saburo, je venais à peine de mettre un pied à Tokyo, je venais à peine d’entrevoir ta vie, tes vraies activités – bien qu’en ce qui concerne ce dernier point, je ne dois pas être au bout de mes surprises – que ma décision était déjà arrêtée. Je n’ai que des regrets nous concernant. Et le pire dans toute cette histoire, c’est que j’ai l’impression de m’être moi-même perdue.  

 

— Tais-toi !  

 

Il a levé le bras, t’enjoignant au silence. Mais tu ignores sa requête et poursuis :  

 

— Tu m’objecteras certainement, comme tu l’as fait tout à l’heure, que c’est ton côté sombre qui m’a attiré, que j’avais deviné qui tu étais vraiment, que tu corresponds en fait à mes attentes inconscientes, que je me dois de les accepter. Alors oui, il me faut reconnaître que ce voile mystérieux et noir qui nimbe ta personnalité a agi sur moi comme un aimant. J’ai même été fascinée par cette force maîtrisée, cette ombre permanente dans ton regard. C’est que je sais – car j’ai connu – que derrière la plus sombre des âmes, le cœur le plus dur, il y a parfois le soleil le plus éblouissant ! Alors j’espérais. Mais pas chez toi Saburo. Pas chez toi. Tu es sombre jusqu’au plus profond de ton âme, je ne vois ni lumière, ni espoir.  

 

— Que tu es dure ! t’interrompt-il d’une voix d’outre-tombe.  

 

Il a subi ton discours sans vaciller, accusant certainement le choc de tes paroles. L’immobilité de son corps en dit long sur l’intériorité de sa douleur. Il veut maîtriser. Même maintenant que tu réduis son cœur en miettes, il veut maîtriser. Je ne peux réprimer une certaine compassion, voire même une admiration à son égard. Je le plains. J’ai connu l’incoercible douleur de te perdre moi aussi.  

Par ailleurs, même si j’apprécie chacun de tes mots, cette merveilleuse impression que tu me reviens entièrement, je reste sur mes gardes, les index contractés sur les gâchettes. Les yakusas semblent sourds aux griefs que tu opposes à leur chef ; ils ne sont attentifs qu’à nous.  

 

— Sais-tu seulement à quel point je t’aime ?  

 

Tes yeux s’embrument.  

 

— Oui Saburo, je le sais.  

— Tu es ma lumière, mon soleil. Cela rejaillira sur moi, je n’ai aucun doute. Laisse-moi une chance au moins.  

 

Je ricane tout haut, n’est-ce pas dégoulinant ?  

Il me hait. De tout son être, il me hait.  

 

— Je ne peux plus t’aimer, confesses-tu sans véritable conscience du mal que tu assènes. Tu auras beau expliquer toutes les raisons qui t’ont amené à être ce que tu es, justifier tes crimes par autant de traumatismes, par appât du pouvoir, par tourbillon infernal qui t’entraîne dans les plus sordides atermoiements ; que sais-je ? Oui, tu pourras tout tenter pour que je comprenne que ça ne changerait pas l’homme que tu es et que je ne découvre qu’aujourd’hui. Je décide d’échapper à ta manipulation Saburo, je ne peux plus t’aimer.  

 

Le silence qui suit ton intervention semble une éternité. Hanako, contre mon bras, respire profondément. Elle a suivi avec attention les récents échanges et comprend très bien que l’heure est délicate, que les évènements s’emballent et que, plus tôt qu’on ne pense, la pieuvre va réagir. Et la réaction ne tarde pas. Un rire sardonique, autant que désabusé, déchire le silence. Kyô entame un demi-tour pour nous faire face et il rit. Il rit sans pouvoir s’arrêter, comme s’il se moquait de lui-même.  

La pâleur de son visage est effrayante, l’air sûr et serein qu’il affichait depuis le début de la soirée a déserté sa face de rat. Mon cœur s’emballe de joie ; la victoire m’est acquise, je le sais. Même s’il nous reste à combattre, à nous affronter manu militari, le plus dur pour moi est accompli : Kaori m’est revenue.  

 

— Saeba ? s’enquit-il à mon intention, le rire toujours désillusionné. Ne me dites pas que depuis le début, elle est votre complice ? Qu’elle n’était à mes côtés que dans le but de m’affaiblir ?  

 

— Non.  

 

— Nous ne la connaissons même pas, intervient Hanako, soucieuse de te secourir.  

 

Le rire de Kyô s’est brusquement tu. Il semble fasciné par la réplique de ma femme et ne la quitte pas des yeux, comme frappé par une idée lumineuse. Reprenant étrangement confiance en lui, il s’approche de l’héritière Meini, m’ignorant sciemment.  

 

— C’est vrai. J’avais oublié que vous ne la connaissiez pas… Oh Hanako, je vous plains.  

 

Elle se raidit, je perçois très clairement sa main sur mon bras, elle le serre avec désespoir et confiance mêlés. Kyô me jette un coup d’œil furtif, histoire d’apprécier la moue que j’affiche. J’ai d’ores et déjà deviné de quoi il va retourner.  

« Déverse ton fiel, pieuvre malfaisante ! »  

 

— Savez-vous, entame-t-il en se plaçant face à elle, la couvant d’un regard compatissant. Savez-vous que ce soir, vous êtes celle qui est le plus à plaindre ?... Le plus à plaindre car vous êtes celle qui a le plus à perdre.  

 

Un sourire en coin à mon intention :  

 

— N’est-ce pas Monsieur Saeba ?  

 

— Est-il nécessaire d’en passer par là ? Personnellement, je suis prêt, précisé-je en croisant les bras et en mettant en avant les armes qui n’ont pas quitté mes mains.  

 

Il hausse les épaules d’un air blasé, insinuant qu’il n’a que faire de cette brutalité que j’affiche à tout bout de champ.  

 

— Que vous êtes présomptueux. Ne soyez pas impatient, l’affrontement ne saurait tarder. Mais avant cela, si vous permettez, j’aimerais vous raconter une histoire… Aimez-vous les histoires ?  

 

— Ca dépend, osé-je toute en impertinence, est-ce qu’elle finit bien au moins ?  

 

— Ah, monsieur Saeba, ça je l’ignore ; pour être honnête je ne connais pas encore la fin, c’est que cette histoire n’est pas terminée.  

 

Vers toi il se tourne à nouveau. Et marque une pause involontaire lorsqu’il caresse des yeux ton visage, troublé par les traits qu’il chérit plus que tout ; son manque de contrôle lorsque tu es dans son champ de vision atteste de cette écœurante réalité. Toi aussi tu es bouleversée par ce que tu lui fais endurer, la culpabilité couvre d’une pâleur morbide tes joues habituellement battues par le sang. Je sais que tu ne veux pas ce qui va s’ensuivre, que tu redoutes la bataille finale, la lutte à mort entre lui et moi. Je te connais si bien que je sais lire dans tes prunelles désolées tout l’attachement que tu lui portes.  

 

— Es-tu curieuse de cette histoire Kaori ?  

 

La scène est surréaliste ; nous sommes tous les quatre au milieu de l’immense salle de réception, cernés par une vingtaine de gardes armés jusqu’aux dents, prêts à en découdre violemment. Mais Saburo Kyô, le maître des lieux, celui qui, aux yeux de tous, a l’avantage de la situation, du nombre – avantage illusoire, nous sommes au moins trois à le réaliser – a décidé de porter la dernière estocade.  

Impossible de te reconquérir, de t’amadouer. Il en a maintenant la triste certitude. Toi et moi avons cela d’indestructible, nous ne formons qu’une entité, dépassant largement le mythe City Hunter ; nos chairs sont ainsi constituées, nos âmes sont ainsi liées : l’un sans l’autre nous dépérissons, nos sources vitales se tarissent jusqu’à ne laisser que des cœurs exsangues et incapables de se réjouir auprès d’autres.  

 

Mais le moment présent nécessite toute ma concentration ; je me dois de réaliser ce qui est en train de se jouer : Kyô compte s’attaquer au cœur de ma femme. « Dans l’intérêt de la femme que vous aimez, Monsieur Sato », cette menace résonne toujours en moi et il me reste certainement encore des révélations à entendre ; je n’ai pas pu appréhender tous les tenants et aboutissants de cette affaire. Il ne fait aucun doute que la pieuvre malfaisante s’est mise en tête de nous éclairer.  

Tu ne réponds pas. Un léger flottement traverse la maigre assistance. Mais le conteur reprend, imperméable aux réticences sous-entendues.  

 

— C’est une épreuve ce soir ; hein Hanako ? Une terrible épreuve pour vous qui n’avez connu jusqu’à maintenant que la douceur de la soie, la puissance chaude du saké de qualité, la beauté des œuvres d’art de votre maman, l’amour inconditionnel de vos parents et le succès dans toutes vos affaires de cœur. On pourrait croire que votre vie se résume à l’aisance et au bonheur. C’est d’ailleurs certainement ce que vous croyez également.  

 

— Sous-entendez-vous que je suis superficielle ? Une petite fille gâtée par la vie ? Est-ce ainsi que vous comptez justifier votre volonté à me voir périr ?  

 

Hanako bataille avec courage. Elle a compris qu’il fallait tenir tête au seigneur Kyô, qu’elle ne devait pas plier échine mais, au contraire, paraître forte et frondeuse.  

Le rire malfaisant tinte une nouvelle fois, jetant consciemment un froid sur les épaules fragiles de ma femme.  

 

— Il y a méprise, Hanako. Je ne vous considère pas comme une petite fille gâtée. Je n’ignore pas que la perte de Takako a été pour vous, tout comme pour votre père, un chagrin immense. Je n’ignore pas non plus combien vous êtes droite et honnête, intelligente et sensible. De nombreuses qualités, en réalité, seraient nécessaires pour vous décrire. C’est d’ailleurs tout cela qui a dû séduire Monsieur Sato.  

 

— En fait, vous êtes assez perspicace ! interviens-je.  

 

— Une autre méprise est à corriger, poursuit-il, ignorant ma remarque. Lorsque je disais tout à l’heure que vous alliez tout perdre, vous n’avez pas dû saisir exactement à quoi je faisais allusion. Vous avez dû penser, à juste titre d’ailleurs au vu des circonstances, à la mort. Certes, il est question de votre vie. Oui, il y a une forte probabilité pour que, dans quelques minutes, lorsque je serai lassé de discuter avec vous, mes hommes vous criblent de balles et vous rendrez alors votre dernier soupir.  

 

— Et c’est moi qui suis présomptueux ?  

 

Qu’il est bon de l’interrompre et de lire la contrariété sur son visage trop lisse pour être honnête. Contrariété qui se fait amusée en l’espace de quelques instants. Le temps pour ma femme de reprendre contenance.  

 

— C’est vrai. Peut-être le grand Ryô Saeba parviendra-t-il à vous sauver de ce que je prévois pour vous... Ne me croyez pas stupide au point de vous sous-estimer, interjette-t-il à mon intention. Je connais pertinemment vos capacités et ne mésestime pas votre adresse au combat ou votre perspicacité. Je ne commets pas de telles erreurs. Je ne peux que vous conseiller de suivre cette voie également.  

 

Mes yeux s’étrécissent à l’écoute du conseil qui se croit avisé. Kyô reprend avec condescendance :  

 

— Hélas Hanako, même si vous avez la vie sauve, vous aurez tout perdu malgré tout. Vos illusions, vos repères, votre famille, votre amour…  

 

— Qu’est-ce que vous racontez ? s’enquit Ako, interpelée par le discours on ne peut plus ambigu du maître de maison.  

 

— C’est l’objet de mon histoire, très chère. Une histoire que vous subissez sans même en avoir connaissance ; une histoire de convoitises, de jalousies, de mensonges, d’amours contrariétés, de méprises et de meurtres. Oui, une histoire où toutes les vilénies sont concentrées. Et c’est vous, Hanako - pauvre Hanako devrais-je dire – qui êtes au cœur de tout.  

 

Je réprime un hoquet de surprise. Il me brûle, je dois le reconnaître, de toucher du doigt les détails de l’affaire. Aussi, pour le moment, je laisse la pieuvre mener son récit.  

 

— Vous n’imaginez pas comme j’ai été surpris ce soir, commence-t-il en faisant les cent pas. Surpris que Tosa Meini ose tenter quelque chose contre moi, je ne l’avais pas envisagé ; cela explique le temps que j’ai mis à réagir. Mais je comprends mieux maintenant, vous êtes redoutable. Et il fallait quelqu’un comme vous, quelqu’un dont il ne doutait pas un instant qu’il pourrait échouer. C’est que les enjeux, que vous ne pouvez appréhender, sont énormes pour lui.  

 

Il se met à rire de nouveau, excité par les informations qu’il s’apprête à divulguer. C’est à Hanako qu’il s’adresse, à nouveau.  

 

— Lorsque j’ai connu votre père, mon empire était en pleine expansion, je n’avais que vingt-et-un ans. J’étais jeune, ambitieux… cruel et sans pitié.  

 

Il te jette un regard, puis reprend :  

 

— A cette époque, rien ne pouvait s’interposer entre moi et le monde. Je voulais le conquérir, je voulais avoir entre les mains les rênes de la géopolitique, je voulais avoir de l’influence ; je voulais posséder jusqu’à l’âme des gens. Je n’avais aucune limite morale et me montrais adroit, d’une terrifiante efficacité. J’avoue aujourd’hui connaître encore le frisson aux souvenirs des coups magistraux qui m’ont permis d’accéder à la position que j’occupe. Les informations que j’ai pu réunir et concentrer dans un microfilm, ont facilité mon ascension. Rien ni personne ne semblait être en mesure de freiner ma progression dans les hautes sphères de l’état.  

 

A nouveau, il fait une pause, considère Ako. Je le vois fier de son effet ; il capte notre attention.  

 

— Il a fallu que Tosa Meini s’en mêle. L’homme parfait, sans cadavre dans son placard, sans perversion cachée, sans addiction, sans maîtresse, épris de justice. Un homme qui n’avait pas de prix ; et une famille tout aussi lisse que lui. Les choses pour moi se sont alors compliquées. Il m’a fallu louvoyer avec plus de méfiance, j’ai dû renoncer à quelques coups qui m’auraient trop exposé. J’ai été forcé de faire une pause dans l’expansion de mon empire. Je me suis alors consacré à ma passion et, bien involontairement, la réponse à tous mes soucis s’est bientôt présentée à moi. Cette réponse Hanako, c’était votre mère.  

 

Je sens ma femme tressaillir sous l’effet de la surprise. Désagréable à n’en pas douter.  

 

— Une exposition que j’organise, une belle femme d’à peine quarante ans, de dix-huit ans mon aînée, habillée d’une robe en soie bleue se présente à moi. Je la reconnais bien évidemment, la femme de mon ennemi intime ; et je saisis là la chance inespérée.  

 

De sa main, il mime d’attraper un insecte au vol.  

 

— Très vite, je comprends que notre passion commune pour l’art chinois, les céramiques en particulier, sera ma meilleure arme. Nous discutons des heures durant, nous nous voyons de plus en plus souvent, nous rions, nous nous entendons à merveille. Nait une relation intime et affective que j’ai vécue sincèrement, croyez-moi. Comment fait-elle pour cacher à Tosa tous nos rendez-vous ? Je l’ignore encore aujourd’hui. Votre mère avait ce don d’attirer la confiance. Certainement, n’a-t-il pas douté de la fidélité de sa femme ; du moins dans les premiers temps.  

 

— Vous mentez, murmure Ako d’une voix à peine audible.  

 

— Non Hanako, je ne mens pas. Rappelez-vous ! Vous n’étiez peut-être qu’une jeune adolescente mais vous accompagniez votre mère à toutes mes expositions ; là d’ailleurs est née chez vous la même inclination. Vous souvenez-vous de notre complicité ? N’avez-vous jamais surpris un regard amoureux ?  

 

— Vous mentez.  

 

— Croyez ce que vous voulez. Pourtant, je suis convaincu que vous savez très bien que je dis vrai. Très vite, votre mère et moi sommes devenus amants. Ce fut compliqué pour moi à gérer, je vous le concède. Takako était exubérante en amour, passionnée ; chacune de nos retrouvailles étaient des moments d’intensité peu commune. Elle m’envoyait des lettres enflammées, exigeait de connaître mon emploi du temps, se révélait d’une jalousie féroce. Elle se moquait bien, elle, de mes activités criminelles.  

 

Un frisson te parcourt.  

 

— Rien ne lui importait plus que de m’aimer et d’être aimée en retour. Pour autant, je n’étais pas amoureux. Attaché à elle, oui, mais pas véritablement amoureux. L’amour, je ne l’ai connu que bien plus tard.  

 

Un sanglot s’échappe de la gorge d’Hanako. Sourd à cette manifestation, Kyô renchérit :  

 

— Et puis elle est tombée malade. Un cancer du sein a été diagnostiqué deux ans après le début de notre histoire, trois années avant sa mort. Vous souvenez-vous Hanako ?  

 

Elle acquiesce, le corps soudainement gagné par une inertie des plus suspectes. La souffrance a cet effet-là souvent ; elle paralyse.  

 

— Tosa a remué Ciel et Terre, j’ai fait de même, dans l’ombre. Les meilleurs médecins l’ont soigné, les traitements les plus innovants lui ont été proposés. Jusqu’à la rémission inespérée. Le combat était gagné ! Elle allait vivre !  

 

— Pourquoi être devenu son amant si ce n’est pas pour vous en servir contre Tosa ?  

 

— Hum, fait-il en me considérant, je l’ignore encore. Je pensais m’insinuer dans sa vie, apprendre à le connaître, lui rendre le mal qu’il me faisait en affaire. Vous n’imaginez pas la teigne que c’était ! Je cherchais un moyen de l’atteindre dans ce qu’il a de plus intime. Et j’y parvenais, la femme qu’il chérissait plus que tout au monde était folle de moi. N’aspirait plus alors qu’à quitter son mari, sa famille, pour vivre avec moi.  

 

Hanako s’effondre dans mes bras, ne maîtrisant plus les pleurs qui déchirent sa poitrine. Je me remémore le portrait dans le grand salon. La femme brune et droite. « Passionnée », disait Tosa. La bonne épouse, la bonne mère, la femme pétrie de convenances. Cette image de femme icône vole en éclats et j’imagine sans difficulté la peine d’Ako. La pieuvre semble fascinée par le chagrin de la fille de son pire ennemi, elle jubile mais feint la compassion.  

 

— C’est que je n’ai pas terminé Hanako. Lorsque j’ai dit que vous alliez tout perdre, il s’agissait bien de tout.  

 

Mes sourcils se froncent ; il n’en tient pas compte et poursuit :  

 

— Etrange alors la rechute spectaculaire dont elle fut victime quelques semaines seulement après avoir annoncé à son mari qu’elle avait l’intention de le quitter pour s’installer avec son amant.  

 

— Que sous-entendez-vous ? fulmina Ako.  

 

— Je sous-entends que votre père est monté dans une colère noire, qu’il a diligenté une enquête pour connaître l’identité de son rival, qu’il a découvert qu’il s’agissait de la pire pourriture nippone, qu’il a haï sa femme de copuler avec une engeance telle que moi ! Et je sous-entends aussi qu’il l’a assassinée.  

 

— Taisez-vous ! Vous osez dire que mon père a tué ma mère ! Comment pouvez-vous ? C’est un ramassis de mensonges ! Vous n’êtes qu’un manipulateur, menteur, la plus odieuse personne que je connaisse.  

 

Elle hurle.  

 

— Fermez-la Kyô ! Vous n’avez aucune preuve.  

 

— Détrompez-vous Saeba, des preuves, j’en ai à la pelle ! J’ai en ma possession, numérisées dans le microfilm, les lettres que m’envoyaient Takako ; lettres dans lesquelles elle confie avoir tout avoué à son mari ; lettres dans lesquelles elle parle des scènes de folie qu’il lui joue chaque jour, de la crainte qu’elle nourrit pour moi et pour sa vie à elle, de son désir de tout quitter mais aussi de son devoir auprès de vous Hanako. Si elle ne s’est pas enfuie, c’est juste parce qu’elle ne voulait pas vous abandonner. Lorsque j’ai appris la rechute, j’ai accouru à son chevet. Tosa était là. De toute sa stature, il me défiait du regard. Elle est morte en quelques jours. Le décès a été constaté par les médecins, diagnostic sans équivoque : emportée par une rechute fulgurante.  

 

— La colère de Tosa était légitime ; en aucun cas, il ne peut être tenu responsable de la récidive.  

 

— J’ai procédé, en toute illégalité, à des analyses sur le corps de Takako. Il s’avère que celle-ci a été empoisonnée : arsenic. Ni plus, ni moins. J’ai les expertises, elles sont également dans le microfilm. Il suffirait de procéder à une exhumation pour en avoir la preuve formelle. Voilà pourquoi Monsieur Saeba, cela fait de longues années que Tosa Meini n’est plus un problème pour moi, voilà aussi pourquoi je suis surpris qu’il ose s’attaquer frontalement à moi de la sorte. Je ne suis pas moins surpris qu’il mette en première ligne sa fille chérie. Je ne vois qu’une explication : vous êtes d’une grande valeur pour lui et vous avez toute sa confiance. Confiance aveugle. Visiblement, un échec de votre part ne lui semble même pas envisageable. Et, confirmez-moi, il ne veut pas seulement le microfilm, n’est-ce pas ? C’est ma mort qu’il espère de tout cœur, l’anéantissement pur et simple de celui qui a réussi à lui voler sa femme !  

 

Les pièces du puzzle s’emboitent au mieux maintenant. Je sais que Kyô dit vrai, qu’il n’invente rien ; de l’infidélité de Takako jusqu’à l’assassinat de celle-ci par un mari éperdu de douleur. Ainsi, Tosa donnait à Kyô les moyens de le tenir en laisse, comme il tient des centaines d’autres individus d’influence au Japon. Il sacrifiait sa dignité, son intégrité, pour l’amour d’une femme qui en avait élu un autre. Il commettait aussi le plus abject des actes, ôtant la vie à la mère de sa fille, devenant un meurtrier semblable à ceux qu’il me demande d’occire. Triste à pleurer.  

Hanako sanglote, cramponnée à mon bras, terrassée par la vérité qui s’impose à elle, ces êtres aimés qui revêtent tout d’un coup des visages monstrueux.  

Je ne sais quoi penser de Kyô. Ses réelles intentions sont claires : blesser Hanako, remettre en question notre mission, me toucher aussi ? Toucher Kaori ?  

Je te regarde, tu sembles également anéantie par le récit qui vient de nous être livré. Je connais l’expression qui s’est emparée de ton minois, la compassion qui te pousse à vouloir réconforter celle qui est maintenant ma fiancée. Je te reconnais complètement dorénavant. Kaori, tu es Kaori.  

 

— Et ce n’est pas fini Hanako ! ose la pieuvre pleine d’assurance.  

 

— Je pense que vous en avez assez fait comme ça, dis-je en m’interposant, lui extirpant un rictus grimaçant de contrariété.  

 

— Non Ryô, intervient Ako. Laisse. Je veux tout entendre maintenant.  

 

Je la dévisage. Elle semble être de nouveau sereine. Je n’ignore pas la force intérieure que développe souvent celle qui m’a conquis, son courage et sa ténacité. Je m’efface donc, répondant favorablement à sa requête.  

 

— Comme tu voudras.  

 

Kyô arbore un sourire vainqueur. Pourquoi ai-je le pressentiment que ce qui va suivre va me concerner ?  

 

— Je viens peut-être de démolir les repères stables de votre vie mais il y a une cerise sur le gâteau, il y a une ironie grinçante à cette affaire.  

 

— De quoi parlez-vous ?  

 

— Si j’ai volé l’amour de Takako à Tosa ; lui, en vous envoyant ici, me rend la politesse.  

 

Hanako fronce les sourcils d’incompréhension, les larmes au bord des paupières.  

 

— Je vois que vous ne comprenez pas, continue-t-il, amer. Lorsque je vous ai dit que vous alliez tout perdre ce soir. Je parlais aussi de lui.  

 

Son doigt pointe vers moi et, dans le même mouvement, le visage de ma femme se tourne dans ma direction.  

 

— Quoi ?  

 

— Oui j’ai volé l’amour de Takako à votre père, mais Ryô Saeba me vole en retour l’amour de Kaori. La boucle est bouclée. Jolie pied-de-nez du destin, vous ne trouvez pas. Vous et moi sommes les grands perdants de l’affaire ; croyez-moi !  

 

— Arrête ! cries-tu de toutes tes tripes. Ne lui as-tu pas fait assez de mal comme ça ?  

 

Tu viens te positionner face à lui, et poses les mains sur sa poitrine, comme pour empêcher le flot de paroles blessantes. J’ai saisi le sursaut dans l’assemblée de yakusas ; Kyô aussi l’a ressentie. Il leur intime, d’un geste précis de la main, de ne pas bouger.  

 

— Reste, intime-t-il. Reste et de mal il ne sera plus question.  

 

— De quoi parle-t-il ? s’enquit Hanako, portant sur moi le regard du soupçon. Connais-tu cette femme ?  

 

Mais j’ignore sa question, tout comme j’ignore la distance qu’elle met entre elle et moi. Je perçois ton trouble, ton hésitation et rien d’autre ne m’est plus important dorénavant. Mes mouvements prennent immédiatement une vigueur inédite. Je saisis ton poignet, te tire vers moi, contre moi, imposant le déséquilibre à ton corps. Si bien que tu te retrouves entre lui et moi, un poignet prisonnier de chacun de nous.  

 

— Hors de question Kyô, je ne partirai pas d’ici sans elle.  

 

Les yeux noirs d’Ako ne me lâchent pas, font peser sur mon front le poids d’une trahison non encore effective ; elle tremble de peur. La scène qui se joue sous ses yeux doit être l’une des plus violentes de sa vie.  

 

— Ako, balbutié-je. Kaori est mon ancienne partenaire. Elle avait quitté le Japon avant même que l’on se rencontre. Nous avons travaillé huit ans ensemble.  

 

Ces deux phrases, je les lui dois. Décemment, je suis incapable de faire plus de mal à cette femme que ce qu’elle a déjà subi. Je devine l’affrontement prochain et je refuse qu’Hanako Meini pâtisse d’une manière ou d’une autre de ce qu’elle voit ou croit comprendre de mon comportement. Elle doit être forte et confiante pour aborder la phase finale de notre mission ; il nous faut éviter toute blessure, je veux la protéger. Envers et contre tout.  

 

Kaori me regarde, surprise de l’intervention ; une certaine déception peut-être l’étreint-elle, déception qu’elle cache aussitôt en me soustrayant ses yeux et en les reposant sur son ex-amant. Kyô sourit.  

 

— Je te l’ai déjà dit Saburo. Je pars. Et je pars avec eux. Rien à voir avec le fait que je retrouve Ryô.  

 

L’air lui manque. Dans un réflexe, il ouvre la bouche, cherchant désespérément de quoi contenter ses poumons en manque d’oxygène. Vaincu, il abandonne, relâche ton poignet ; celui-ci échoue mollement contre ton buste. Après quelques instants consacrés à un adieu sans parole, tu te rapproches de moi, te places derrière moi. Hanako t’imite.  

 

— Vous avez maintenant tout ce qui m’est cher Saeba, déclare Kyô d’une voix forte, le bras levé en guise d’interdiction d’agir à des yakusas électrisés par la perspective du combat. Déguerpissez ! Je vous laisse trente secondes avant de venir tout vous reprendre !  

 

 

 

 


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