Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 26 chapitres

Publiée: 01-05-19

Mise à jour: 26-05-19

 

Commentaires: 38 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: NC-17 AU : Kaori et Ryo se rencontrent en pleine guerrilla. Quel sera leur avenir?

 

Disclaimer: Les personnages de "Lutter pour vivre, vivre pour lutter" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Lutter pour vivre, vivre pour lutter

 

Chapitre 13 :: Chapitre 13

Publiée: 13-05-19 - Mise à jour: 13-05-19

Commentaires: Bonjour, la suite. Un moment difficile pour nos amoureux. Comment géreront-ils cela? Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 13  

 

Lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin groggy, deux surprises attendaient Kaori. Ryo n’était pas là et elle eut très mal. Ne pas le voir à ses côtés faisait naître un doute insidieux dans son esprit et accentuait le sentiment de vide qu’avait créé la mort d’Eirin. L’autre surprise fut la présence de Kaïbara dans l’infirmerie et le Professeur nul part en vue. L’angoisse la prit : elle aurait bien fui mais le Professeur lui avait interdit de se lever jusqu’à nouvel ordre…  

 

Kaïbara vit le regard affolé de la jeune femme et s’en délecta. Néanmoins il n’en laissa rien montrer et s’approcha doucement d’elle, s’asseyant sur le lit voisin du sien. Il lui jeta un regard qu’il tenta compatissant voire bienveillant.  

 

- Bonjour Kaori. Comment vas-tu aujourd’hui ?  

 

Elle l’observa méfiante. Cette gentillesse soudaine était suspecte. Elle n’était pas en état pour affronter Shin. Elle garda le silence. De toute façon, qu’aurait-elle pu répondre ? Elle n’était pas bien et lui avouer qu’elle se sentait mal lui ferait certainement plaisir.  

 

- Ryo m’a dit pour la perte de votre enfant. Quelle triste nouvelle... Je comprends son besoin soudain de partir. Je n’ai pu qu’accéder à sa demande…, lui apprit-il.  

 

Il vit ses yeux s’écarquiller et la déception teinter ses yeux. Les larmes se mirent à couler sur ses joues. Il était ravi de son effet. Kaori souffrait le martyr. Après son bébé, c’était Ryo qui partait. Il avait demandé une mission pour s’éloigner. Il devait lui en vouloir de ce qui était arrivé. Après tout, elle n’avait pas su garder leur enfant, elle n’avait pas pu protéger Eirin.  

 

- Kaori, tu ne dois pas t’en vouloir. La nature fait bien les choses. Si votre bébé est mort, c’est que vous ne deviez pas l’avoir. Ton corps a rejeté ce bébé. C’est un signe., poursuivit-il, le regard froid.  

 

Les pleurs de la jeune femme redoublèrent. Elle ne le regardait même pas. Elle avait tellement honte. Son corps avait rejeté leur enfant. Peut-être n’était-elle pas faite pour être mère ? Peut-être que tout cela était un signe que leur histoire n’était qu’un leurre, un mirage qu’elle s’était créé pour supporter cette horreur ? Leur bébé l’avait rejetée parce qu’elle vivait un mensonge. Elle ouvrait enfin les yeux sur ces quatre mois de mensonges, d’illusions mais à quel prix ?  

 

- Ryo a eu l’air soulagé de ce qui est arrivé. Tu es si jeune. Il ne savait comment t’expliquer qu’il ne t’aimait plus, qu’il ne t’a jamais aimée en fait. Il t’est reconnaissant d’avoir été ta première fois. Ca ne lui était jamais arrivé. En même temps, on avait besoin de jeunes recrues qui aient un peu d’expérience. Je ne doute pas qu’il t’aura formée comme il le faut…, continua-t-il froidement.  

 

Elle sentit son corps se glacer, son coeur se figer. Il lui avait menti ? Tout ce cirque pour la faire entrer dans leur bordel ? Toutes ses nuits dans ses bras pour finalement la former à passer sous d’autres hommes ? Il l’avait ni plus ni moins violée sans qu’elle ne le sut. Elle ne se sentait plus vide, elle était anéantie. A quoi bon ? A quoi rimer sa vie si elle n’avait plus rien ? Pourquoi espérer rentrer chez elle si c’était pour vivre avec le poids d’avoir été la prostituée d’autant d’hommes, d’avoir été bafouée dans ses sentiments, d’avoir été blessée dans sa chair en tant que femme et mère ? Elle ne pourrait supporter le regard de son frère, sa peine, sa culpabilité.  

 

Kaïbara s’était levé et était reparti, la laissant seule avec ses pensées. Il savait qu’il avait réussi, que ses mots avaient atteint leur cible. Il allait juste laisser le temps faire son œuvre. Elle se plierait aux règles du camp et s’éloignerait de Ryo. Il resterait seul et désemparé et se tournerait de nouveau vers lui. Il sourit diaboliquement.  

 

Quand Jack arriva à l’infirmerie, il ne trouva personne. Le lit de Kaori était vide, la couverture repoussée. Il alla voir dans la deuxième tente et n’y trouva personne. Le professeur arriva peu après, inquiet.  

 

- Où est Kaori ?, lui demanda-t-il.  

- J’allais vous poser la même question…, lui répondit Jack, soucieux.  

- Elle ne devrait pas encore se lever. Elle est faible. Elle a perdu beaucoup de sang hier et elle en perdra encore dans les jours à venir. Il faut la retrouver au plus vite., l’informa le médecin.  

 

Jack suivit les traces de Kaori qui marchait pieds nus. Il sortit de la tente et arriva près de la tombe d’Eirin. Son coeur se serra à la vue de la petite plaque portant son prénom et des fleurs que Ryo avait déposées ce matin avant son départ. Il se souvint du regard de son ami, si triste et désemparé, et de sa colère à devoir partir alors qu’ils devaient tous deux affronter un évènement aussi dramatique. Il devait retrouver Kaori. Il le devait pour Ryo. Les pas continuaient et la direction qu’ils prenaient fit monter d’un cran l’appréhension de l’homme. Il accéléra le pas et s’enfonça dans la jungle. Avec l’obscurité, il avait plus de mal à suivre les traces de pas mais bientôt un nouvel indice apparut, indice qui l’aida mais surtout l’inquiéta : des traces de sang.  

 

L’esprit vide, les larmes inondant son visage, Kaori était sortie de l’infirmerie. Tel un automate, elle avait laissé ses jambes la porter. Arrivée devant la tombe d’Eirin, elle s’arrêta un instant et murmura :  

 

- Nous serons bientôt réunies, ma chérie.  

 

Désespérée et ne voulant pas être empêchée d’accomplir son geste, elle s’enfonça dans la végétation, au hasard des chemins. Elle voulait juste mourir loin de tous, loin de ceux qui pourraient l’aider. Elle sentait ses jambes vaciller, la tête lui tourner et la fatigue gagner du terrain mais elle avança encore plus. Trébuchant, elle tomba à plusieurs reprises, ignorant la douleur de ses genoux abîmés par la terre et les branchages. Elle ne sentait pas non plus les aspérités sous ses pieds nus, ni le sang qui coulait le long de ses jambes. Elle s’en fichait. Bientôt là où elle serait, elle n’aurait ni mal, ni froid. Elle ne sentirait plus rien… Prise d’un vertige, elle s’appuya à un arbre. Epuisée, elle se laissa glisser contre le tronc. C’était la fin et c’était bien ainsi. Elle était loin du camp, elle s’endormirait pour toujours. Ils ne retrouveraient peut-être même pas son corps. Elle n’aurait plus à voir cet homme qui l’avait blessée et que, malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher d’aimer.  

 

- Je te libère, mon amour. Je rejoins notre fille., murmura-t-elle avant de perdre conscience.  

 

Jack la retrouva, les yeux fermés, assise contre un tronc. Il stoppa sa course en la voyant ainsi. Pris d’angoisse, il approcha lentement puis s’agenouilla à côté d’elle. Il posa les doigts sur son cou et sentit son pouls. Il poussa un soupir de soulagement et la prit dans ses bras. Se relevant, il avisa la tâche de sang qui s’était répandue sous elle et sentit l’urgence de la situation. Il prit le chemin en sens inverse et rentra au pas de course au camp. Il y fut en moins de cinq minutes. Heureusement qu’elle était faible et qu’elle n’avait pas pu aller très loin… Arrivé à l’infirmerie, il la déposa sur son lit en appelant le Professeur.  

 

Celui-ci arriva en courant et l’examina aussitôt. Il lui administra les quelques médicaments et soins à sa disposition mais c’était peu par rapport à ce dont elle avait besoin. Il ne pouvait contrôler les saignements ni la transfuser et il n’avait plus de perfusion. Si elle continuait à saigner ainsi, elle ferait un choc hypovolémique et ce serait la fin.  

 

- Il faut qu’elle s’hydrate mais en étant inconsciente, ça va être compliquée. Je ne peux rien faire de plus., expliqua le Professeur.  

- Bref, c’est à elle de vouloir se battre sauf qu’elle n’en a pas l’air. Et Ryo qui n’est pas là, ça tombe vraiment mal…, soupira Jack, perturbé.  

- Préviens Pia. Il va falloir qu’on reste à ses côtés jour et nuit.  

 

Jack s’en alla pendant que le Professeur s’installait aux côtés de Kaori. Elle était livide, les traits marqués, loin de la jeune femme pleine de vie qu’il avait rencontrée. Cela lui fit mal au coeur. Loin d’être idéaliste, il savait que la guerre apportait son lot de malheur et s’y était accoutumé. Mais la voir elle dans cet état lui faisait languir d’en voir le bout, d’en sortir au plus vite. Sans vraiment s’en rendre compte, il se mit à lui parler de tout et de rien. Il l’encouragea à se battre pour vivre, pour Ryo qui ne supporterait pas son décès après celui de leur fille, pour son frère qui était au loin, pour tous ceux pour qui elle représentait un espoir… Afin de continuer à l’entourer, il lui parla des soins qu’il lui avait prodigués, de ceux qu’il lui aurait prodigués s’il avait été mieux équipé, des médicaments, de tout son univers médical qui avait semblé l’intéresser quelques semaines plus tôt…  

 

Par moments, elle reprenait vaguement conscience et il la forçait à boire puis elle sombrait quasiment aussitôt à nouveau dans l’inconscience. Elle était épuisée. Pia prit la suite l’après-midi, lui parlant de son pays avant la guerre, de ce que ses parents lui avaient raconté car elle-même n’avait pratiquement connu que cette violence. Elle lui parla comme le Professeur de tout et de rien, juste pour occuper le temps et espérant parvenir à maintenir son esprit en éveil. Elle lui avait ramené un tee-shirt à Ryo, subtilisé avant la lessive, et l’avait posé sur l’oreiller de la jeune femme. Cela fit sourire Jack quand il arriva le soir : c’était bien un truc de femme…  

 

- Comment elle va, doc ?, lui demanda-t-il alors que le Professeur finissait de l’ausculter.  

- Son état est stationnaire, ce qui pour le moment est encourageant. Je suis dans la tente à côté si tu as besoin de moi cette nuit. Surtout essaie de la faire boire lorsqu’elle se réveille.  

- Ca va aller, doc.  

 

Jack s’allongea dans le lit à côté de Kaori et la regarda dormir. Par moment, son visage se crispait et un sanglot lui échappait. A d’autres, elle semblait sourire. Elle devait rêver. C’était à de tels moments qu’il pensait à sa fille. Il se demandait comment elle aurait réagi à la place de Kaori. Elle pouvait être sure qu’il serait parti à sa recherche dès qu’il aurait eu vent de sa disparition. Il ne doutait pas de l’amour que lui portait le frère de Kaori, mais il n’était pas mercenaire comme lui. Ce monde n’était certainement pas le sien… Il fut tiré de ses songes par l’agitation soudaine de la jeune femme. Elle appelait Ryo et Eirin tout en se débattant, des larmes coulaient de ses yeux pourtant clos et il ressentait toute la douleur qui l’habitait de là où il était.  

 

Il se leva et vint s’allonger à côté d’elle, la prenant dans ses bras pour la rassurer. Il fut surpris par la faible chaleur de son corps et remit la couverture correctement autour d’elle. Cherchant par tous les moyens à la calmer, il amena son visage contre son cou et, pris d’une subite inspiration, posa le tee-shirt de Ryo juste à côté. Au bout de quelques minutes, elle s’était calmée et s’agrippait à sa veste comme si sa vie en dépendait. Elle ne bougea pas d’un iota de toute la nuit et ce fut donc ainsi que le Professeur les retrouva le lendemain matin.  

 

Evitant de la déranger, il prit son pouls délicatement et fut heureux de le sentir un peu plus fort. Il examina les saignements et le flux s’était presque tari, ce qui le soulagea également. Il changea les compresses et la recouvrit à nouveau.  

 

- Alors Doc ?  

- C’est en bonne voie.  

- Pourquoi ne se réveille-t-elle pas ?  

- Son corps est épuisé. Mais je pense que son cerveau pour le moment la protège également. La mort de leur enfant l’a secouée.  

- Pourquoi s’est-elle enfuie hier ? Je conçois que ce soit dur mais pourquoi hier et pas avant-hier ?  

- Ryo était là avant-hier. Ils ne se sont pas vus hier matin quand il a dû partir. Elle a peut-être paniqué.  

- Je ne sais pas. Ca me paraît bizarre. Ne la laisse jamais seule, d’accord ?  

- Oui. Allez, file d’ici et demande à Pia qu’elle ramène un bol de soupe ou autre pour Kaori. Je vais tenter de la faire manger un peu.  

 

Jack s’en alla. Ils se relayèrent ainsi pendant six jours, six jours où Kaori revenait à elle quelques minutes à peine. Elle était réveillée mais comme inconsciente, prostrée dans un monde qui n’était pas le leur. Elle les laissait la nourrir, lui donner à boire. Tout semblait irréel autour d’elle. Elle entendait des bruits mais ne les comprenait pas. Rien n’avait d’importance. Elle ne sentait rien, juste le froid.  

 

La nuit du sixième jour, elle refit des cauchemars. Elle rêvait de leur enfant qui la rejetait et Ryo qui se moquait d’elle et l’amenait rendre visite aux autres hommes du camp, la regardant avec plaisir se faire baiser par eux, lui disant qu’elle était une bonne recrue, qu’elle aurait sa récompense après. Elle ressortait de là et il lui faisait l’amour sous le regard désapprobateur de son frère. Elle se voyait à nouveau enceinte et à nouveau perdre ce bébé, bébé qui prenait le visage de Kaïbara et lui lançait des horreurs avant de partir en poussière dans ses mains et Ryo qui venait la cherchait pour recommencer… Elle se réveilla en hurlant.  

 

Jack bondit de son lit et vint à ses côtés l’entourant de ses bras. Habitué à ses consciences inconscientes, il la berça doucement mais fut surpris quand il sentit qu’elle écartait ses bras et se leva.  

 

- Alors c’est aujourd’hui que ça commence et avec toi ?, l’entendit-il murmurer sur un ton où la douleur était reine.  

- Remarque, vaut peut-être mieux que ce soit toi qu’un autre…  

- De quoi tu parles, Kaori ?, lui demanda-t-il.  

 

Avec effarement, il la vit se déshabiller devant lui et se tenir nue comme si elle attendait quelque chose.  

 

- Comment tu veux que je me mette ?, demanda-t-elle, le visage défait.  

- Quoi ?, s’étonna Jack.  

 

Le Professeur entra dans la tente et se figea en voyant la jeune femme nue. Elle tenait à peine sur ses jambes et un tel désespoir, une telle résignation s’affichaient sur son visage qu’il en fut choqué.  

 

- Rallonge-toi Kaori., lui ordonna le Professeur.  

- A deux, directement ? Soit…, dit-elle en se rallongeant et écartant les jambes.  

 

Les deux hommes n’y comprenaient plus rien. Sortant de sa stupeur, Jack la couvrit. Chacun d’eux s’assit d’un côté du lit, entourant la jeune femme.  

 

- Vous avez décidé de prendre votre temps. C’est gentil de votre part., murmura Kaori en pleurant.  

- De quoi tu parles Kaori ?, lui demanda Jack en lui caressant la joue.  

- De mon rôle dans le camp. Je sais la raison réelle pour laquelle je suis là. Faites ce que vous avez à faire. Je ne me débattrai pas.  

- Et que devrait-on faire ?  

- Vous allez me prendre jusqu’à satisfaction. C’est ce que fait un homme à une femme, non ?, répondit-elle, en regardant la toile de la tente.  

 

Comme elle aurait voulu être ailleurs… Elle tentait par tous les moyens de laisser son esprit s’évader pour ne pas assister à ça mais ils s’évertuaient à lui parler plutôt qu’agir.  

 

- Dépêchez-vous qu’on en finisse., les supplia-t-elle.  

- Kaori, on ne va rien te faire. Ton rôle dans ce camp n’est pas de satisfaire les hommes.  

- Alors c’est quoi mon rôle ?, demanda-t-elle soudain hargneuse.  

- Tu es la compagne de Ryo. Il t’a protégée de tout ça. Il t’aime.  

- C’est faux ! Il ne m’aime pas. Il m’a juste entraînée ! Il a fait de moi une traînée ! Et, au fond, je devais être faite pour cela puisque je l’ai laissé prendre ma virginité au bout de cinq petits jours !  

- Non Kaori, Ryo t’aime ! Et tu n’as rien d’une traînée : tu l’aimes aussi. Ca crève les yeux. Ce lien entre vous est si fort…  

- Qu’il a demandé à partir le lendemain de la mort de notre enfant ?, cracha Kaori en se relevant brusquement faisant tomber la couverture et dévoilant sa poitrine.  

 

Le professeur se leva et ramassa la chemise qu’elle avait enlevée un peu plus tôt. Il la força à la passer. Jack la regarda intensément. Elle était furieuse mais, en même temps, il sentait la blessure et le désespoir au fond d’elle.  

 

- Il n’a pas demandé à partir. Il y a été contraint, Kaori. Shin voulait même le faire partir le jour de la mort d’Eirin., lui apprit Jack d’une voix triste.  

- Il s’est battu pour pouvoir rester jusqu’au lendemain matin, pour ne pas te laisser seule cette nuit-là.  

- Tu mens ! C’est lui qui a demandé à partir., affirma-t-elle avec néanmoins beaucoup moins de conviction.  

- Non, c’est la vérité. Je ne sais pas ce qui te fait penser le contraire mais il n’a pas demandé à partir.  

- C’est Kaïbara qui me l’a dit hier matin. Mais ça n’a pas d’importance. Je l’ai trahi : il ne voudra plus de moi après cela.  

 

Les deux hommes se regardèrent puis elle sans comprendre. Hier matin ? Elle faisait certainement référence au jour où elle avait voulu mourir mais pouquoi pensait-elle l’avoir trahi ? Kaori se recoucha épuisée. Ryo n’était pas parti volontairement… C’était réconfortant de le savoir mais ça ne changeait pas le coeur du problème. Elle ne pourrait tout de même plus le regarder en face après ce qui s’était passé.  

 

- En quoi tu l’as trahi, Kaori ?, demanda le Professeur, d’une voix douce.  

- Je n’ai pas su protéger notre fille. Je l’ai perdue. Mon corps a rejeté ce bébé. C’est un signe., répondit-elle, sans réaliser qu’elle reprenait des mots de Kaïbara.  

- Nous ne devions pas être ensemble. C’est mieux ainsi., continua-t-elle en enfonçant la tête dans l’oreiller pour pleurer toutes les larmes de son corps.  

- Kaori, tu as fait une fausse couche parce qu’on t’a donné une substance abortive. On a provoqué ta fausse couche, elle n’était pas naturelle. Ce n’est pas ton corps qui a rejeté ce bébé., lui expliqua le médecin.  

- Qui ?, demanda-t-elle d’une voix froide.  

- Elena. Mais elle l’a déjà payé, Kaori. Elle ne te fera plus jamais de mal., lui répondit Jack d’une voix neutre.  

 

La jeune femme resta muette. Elena avait tué son enfant. Elena… avait… tué… son… enfant… Eirin avait été assassinée alors même qu’elle n’était pas née, alors même qu’elle n’avait jamais fait de mal à qui que ce soit… Toute sa colère, toute sa douleur explosèrent dans son coeur, dans son corps et elle poussa un hurlement déchirant. Son corps fut ensuite secoué de sanglots. Jack la prit dans ses bras pour l’apaiser.  

 

- Je veux Ryo, je veux rentrer chez moi. Je n’en peux plus…, hoqueta-t-elle au bout de longues minutes.  

- Je ne peux rien faire, Kaori. Pleure tant que tu le voudras. Tu n’es pas seule. Quand Ryo reviendra, vous ferez votre deuil et un jour, vous aurez peut-être un autre enfant.  

- Non !, hurla-t-elle de peur.  

- Je ne veux pas revivre cette souffrance. Je ne veux pas !  

- Laisse le temps faire son œuvre…  

 

Elle pleura encore un long moment avant de se calmer et de s’endormir. Jack la reposa dans son lit et sortit quelques minutes avec le Professeur. Ils étaient tous les deux lessivés. Cette conversation les avait éprouvés. Ils restèrent un long moment silencieux.  

 

- Ils pourront ravoir des enfants ?, demanda Jack.  

- Oui. La délivrance s’est bien passée même si ça a été brutal. De toute manière, sans moyen de contraception, il n’y a qu’un moyen pour qu’elle ne retombe pas enceinte…  

- L’abstinence. Ryo n’appréciera pas même si je pense qu’il en serait capable pour elle.  

- Oui. Jack, tu penses que Shin lui aurait dit plus que le fait que Ryo avait demandé à partir., lui demanda le Professeur, outré.  

- Connaissant Shin, c’est possible. Connaissant ses sentiments pour Kaori, je dirai même que c’est probable. Je me demande même si…, allait-il ajouter mais il s’interrompit : c’était une grave accusation qu’il allait porter.  

- Si quoi ?  

- Rien. Oublie ce que je viens de dire.  

 

Le Professeur accéda à sa demande et ne poussa pas plus loin. Ils rentrèrent et dormirent rassurés sur l’état physique de Kaori. Pour le reste, le temps ferait son œuvre.  

 

Lorsque Kaïbara apprit le lendemain matin que Kaori était sortie d’affaires – les rumeurs circulaient vite dans le camp-, il étouffa un cri de rage. Elle s’accrochait cette petite garce. Il lui restait à espérer que les dégâts psychologiques qu’il lui avait infligés seraient suffisants pour l’éloigner de Ryo mais il ne pourrait le savoir que lorsqu’il serait rentré. Aussi décida-t-il d’en remettre une couche pour assurer le coup. Seulement, à chaque fois, elle n’était pas seule. Elle avait son comité de surveillance, sa garde rapprochée. Il aurait d’ailleurs pu en être jaloux car lui-même n’était peut-être pas si bien gardé…  

 

Approchant du camp, Ryo se mit presque à courir. Il rentrait. Deux semaines passées à des kilomètres de là, ça avait été long et extrêmement pénible. Deux semaines à se demander comment elle allait, si elle surmontait le choc. Deux semaines où il avait pleuré tous les jours quand il relâchait sa vigilance cet enfant qu’ils avaient attendu et aimé, deux semaines à supporter cette douleur lancinante au fond de son coeur, ce besoin viscéral d’être auprès de sa femme pour l’aider et s’aider à garder le courage de continuer. Deux semaines où plus que jamais sa vie avait été en danger parce qu’il n’était pas concentré. Cinq fois, cinq fois il aurait pu mourir et en avait réchappé de justesse grâce à ses aptitudes physiques. Ca ne lui était jamais arrivé auparavant…  

 

Aujourd’hui, il rentrait. Il était heureux de revoir Kaori mais aussi angoissé de la retrouver, de se faire rejeter… Même s’il ne l’avait pas voulu, il n’avait pas été là au moment où elle avait besoin de lui. Elle devait se sentir blessée. Malgré tout, il y croyait, il était sûr qu’ils pouvaient se reconstruire, surmonter cette douleur et aller de l’avant. Ils pouvaient avoir un autre enfant, avoir ce futur qu’ils avaient commencé à imaginer. Un jour, ils verraient le Japon à deux, voire à trois. Oui, un jour ils verraient le Japon, pensa-t-il en souriant.  

 

Il arriva au camp et fut accueilli par Pia. Elle lui sauta au cou, heureuse de le retrouver. Il la serra dans ses bras puis la relâcha doucement.  

 

- Kaori est à l’infirmerie., lui apprit-elle, un regard chargé d’émotions.  

- Elle revient de loin, Ryo.  

 

Sans demander plus d’explications, il courut jusque là, fou d’inquiétude. Quand il entra, son irruption brutale fit se tourner les têtes. Le Professeur le regarda consterné avant de le sermonner sur le fait que c’était une infirmerie et pas la cantine, qu’il y avait un minimum d’usage à respecter pour ne pas froisser l’intimité des patients. Il marmonna une excuse et s’approcha du lit de sa compagne. Elle le regardait les yeux humides, apeurée. D’abord déstabilisé, il vit ensuite de l’amour et du désespoir dans son regard. Il s’assit à côté d’elle sur le lit et ne quitta pas ses yeux. Caressant sa joue tendrement, il l’attira vers lui et l’enlaça.  

 

- Tu m’as manqué mon ange. Tu m’as tellement manqué.  

- Ryo…, murmura-t-elle, la voix tremblante.  

- Je suis désolé d’être parti si longtemps. C’était bien la dernière chose que j’avais envie de faire.  

 

Elle passa les bras autour de sa taille et se pressa fortement contre lui, tentant de lutter contre les tremblements de son corps. C’était tellement bon de le retrouver. Elle se sentait entourée de sa chaleur, de son affection et cela chassait le froid de son corps.  

 

- Je suis désolée pour le bébé, Ryo., murmura-t-elle.  

- Ce n’était pas de ta faute, Kaori.  

- J’aurai dû être plus vigilante., justifia-t-elle.  

- Personne ne pouvait prévoir le geste d’Elena. Personne. Cesse de t’en vouloir.  

 

Elle acquiesça, soulagée de savoir qu’il ne lui faisait pas de reproches. Le plus dur restait à faire pour elle.  

 

- Ryo, je ne t’en voudrai pas., lui dit-elle, toujours nichée contre son torse.  

 

Il l’écarta doucement pour lui faire face. Il ne comprenait pas. Pourquoi parlait-elle au futur ? Que pourrait-il bien faire pour lui valoir d’éventuels reproches ? A son regard, elle sut qu’il avait besoin de plus d’explications.  

 

- De me quitter après ce qui s’est passé., ajouta-t-elle, les larmes revenant.  

- De te quitter ? Ca va pas la tête ?, s’écria-t-il, furieux.  

- Pourquoi je te quitterai ? Parce qu’on t’a enlevé notre enfant ? Je ne te quitterai pas Kaori et je te défie de le faire. Si tu crois que je vais me séparer de la meilleure chose qui me soit arrivé…, lui dit-il en la serrant contre lui.  

- On va prendre le temps de se remettre et un jour on aura un autre enfant, peu importe quand.  

- Non, je ne veux plus avoir d’enfant. Je ne veux pas revivre cet enfer !, s’insurgea la jeune femme dont la douleur se réveillait.  

- Je ne veux plus… hoqueta-t-elle en pleurant.  

 

Il la berça doucement lui laissant le temps de se calmer.  

 

- Kaori, c’est inéluctable. Je veux bien attendre le temps qu’il faudra mais un jour, on aura à nouveau des rapports intimes et tu retomberas enceinte. Tu penses pouvoir avorter lorsque ce sera le cas ?  

 

Elle ne put répondre à sa question. Bien sûr que non elle ne pourrait pas avorter, pas de leur enfant, mais revivre une grossesse, revivre cette angoisse, risquer de perdre un autre enfant et revivre cette douleur… Elle ne le voulait pas non plus.  

 

- On a le temps, mon ange. On va laisser le temps faire son œuvre. On va s’aider à surmonter tout cela et on avisera au fur et à mesure. D’accord ?, lui proposa-t-il.  

- D’accord., répondit-elle tentant de faire bonne figure.  

 

Elle devait être là pour lui comme il était là pour elle. C’était le minimum qu’elle put faire même si c’était dur.  

 

- Tu m’aimes, Ryo ?, lui demanda-t-elle.  

- Bien sûr, mon ange. Je t’aime, plus que tout au monde., lui répondit-il avec un sourire chaud et aimant.  

 

Le professeur s’était éclipsé mais était resté proche au cas où sa patiente aurait besoin de lui. Il était impressionné par son protégé. Il avait gagné en maturité et en humanité depuis quelques mois. C’était un autre homme complètement métamorphosé. Il jeta un œil dans la tente et les vit s’allonger tous les deux dans les bras l’un de l’autre et s’endormir paisiblement. Le temps ferait son œuvre. Il avait déjà bien agi sur le corps, il agirait sur leur coeur et leur âme blessés. 

 


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