Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Sand

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 7 chapitres

Publiée: 17-05-07

Mise à jour: 03-07-07

 

Commentaires: 111 reviews

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ActionDrame

 

Résumé: Une jeune journaliste sillonne le Pays à la recherche de témoignages qui pourraient lui valoir une récompense "littéraire" mais aussi être l'ultime révélation de son passé. Le destin d'un homme semble s'entrecroiser au sien, celui de... Ryo Saeba. Attention fic alternative.

 

Disclaimer: Les personnages de "Une seule femme dans mon coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Une seule femme dans mon coeur

 

Chapitre 3 :: Ma plus grosse erreur

Publiée: 03-06-07 - Mise à jour: 07-06-07

Commentaires: Salut tout le monde ! Merci pour votre fidélité et voici donc un nouveau chaptire contant les aventures de Ryo et Kaori durant la seconde guerre mondiale. Je vous le rappelle donc, l'action se passe en France et je tente de vous expliquer pourquoi Ryo s'est retrouné contre ses "alliés". J'espère que mes faits seront crédibles et surtout que cela vous plaira. Gros bisous et bonne lecture.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7


 

Alors que Ryo s’était tus instinctivement, comme pour assimiler ses derniers mots ; son regard refléta une expression trouble mais tout en souriant amèrement et en secouant la tête légèrement en signe de négation, il se ressaisit en cachant son désappointement en buvant une gorgée de café.  

Tout en fronçant les sourcils, Ryo, intrigué, détailla Nozomi d’une « fouille » aérienne ; ses yeux semblaient vides, comme quelqu’un qui accueillerait une douloureuse nouvelle. Elle ne pleurait pas mais la mélancolie se lisait, parfaitement dans son regard, par un voile de tristesse ternissant davantage ses prunelles sombres.  

Sans même lui faire face, elle laissa ses obscurs iris s’attarder sur un point insignifiant dans la pièce et demanda à demi-mot.  

 

- Qu’est devenue Kaori après tout ça ?  

 

- N’ayant plus de toit, ni l’un ni l’autre, pour vivre « sereinement », si je peux le dire ainsi, je l’ai ramené à une planque dont je ne pensais jamais y remettre les pieds…  

 

***  

 

C’est dans une plainte gémissante que la porte d’un appartement s’ouvrit et laissa le passage à deux individus : un homme de carrure robuste et une femme, à la silhouette voûtée. Malgré son pas traînant, Ryo n’eut aucun mal à guider Kaori jusqu’à la chambre et à l’étendre sur le lit. Tel un pantin, les membres supérieures et inférieures féminins se pliaient au bon vouloir du marionnettiste. En position fœtale, tout en s’enroulant dans la maigre couverture dont il venait de la recouvrir, la jeune femme s’immobilisa maintenant pour ne plus esquisser le moindre geste, sauf celui d’une respiration régulière.  

Etrangement, elle restait beaucoup trop silencieuse ; muette depuis quelques heures maintenant, il aurait préféré la voir pleurer, hurler sa rage contre la perte de son frère. Mais bien au contraire, Kaori restait impassible à tout ce qui l’entourait ; ses pupilles noisettes restaient fixes, inexpressives. La malice et la candeur qui y vivaient, venaient de se ternir ; son âme frêle s’était heurté, de trop près, à la dureté de la guerre.  

Du coin de l’œil, le Japonais s’assura que tout allait bien pour elle malgré tout et lentement, il tira la porte derrière lui, dans l’espoir qu’elle dorme un peu.  

 

D’un soupir las, il se laissa tomber sur la banquette en cuir qui grinça sous l’agression soudaine de ce corps appesanti. Une fine couche de poussière s’envola lors de l’impact ; tout en éventant le petit nuage, il s’y allongea.  

Les bras croisés derrière la nuque, il revoyait les violentes images d’un sauvetage qui n’étaient qu’un piège destiné à décimer la Résistance. Personne n’était apparemment revenu de la seconde mission et c’est le cœur lourd que Ryo finit par s’endormir.  

 

A peine, eut-il fermé les yeux, que son esprit tourmenté se mit en action en tentant de reconstituer la probable scène qui avait anéanti tout un groupe de braves guerriers. Il les imaginait tous tomber à tour de bras, le corps criblé de balles alors qu’il ne pouvait rien faire pour les aider. Il se pencha malgré tout pour saisir un revolver mais sa main fantomatique traversa l’arme abandonnée au sol ; les projectiles meurtriers transperçaient son âme spectrale sans laisser le moindre trace alors qu’il entendait l’un de ses compagnons mourir dans un souffrant râle.  

Kenny lui faisait face à présent alors que l’ennemi revenait en surnombre et il finit, lui aussi, comme tous les autres, face contre terre. Shin, tentant de portée assistance à son ami, fut lui aussi frapper par la rafale meurtrière. Sa peine et sa rage furent telles qu’elles l’extirpèrent de son sommeil, en un hurlement de négation déchirant.  

 

Essoufflé et en sueur, Ryo se retrouva en position demi assise à scruter la pièce sombre ; d’une introspection aérienne, il reprit bien vite ses esprits et reconnut instantanément la familiarité des lieux.  

Dans l’autre pièce, un autre cri, tout aussi meurtri, retentit ; Kaori, en larmes, appelait son frère qu’elle venait d’apercevoir éphémèrement, dans un songe.  

Se ruant dans la chambre, Ryo s’assit à ses côtés et serra contre lui la furie. Après une courte lutte, elle finit par nicher son nez dans son cou et ressentant cette aura bienfaitrice, la jeune femme réussit à étouffer ses sanglots.  

Peu après, s’écartant légèrement de son protecteur, elle le fixa, un court instant, de ses yeux embués. Quelle grande détresse lisait-elle dans ses yeux noirs ? Tous deux souffraient certainement de la perte prématurée de proches ; malgré la physionomie qui les différenciait, ils étaient si semblables à cet instant. Tous deux manquaient cruellement de l’affection d’un frère, d’un parent…  

 

Mue par un sentiment trouble, Kaori attrapa la nuque de son bienfaiteur et de cette fougueuse étreinte, elle l’embrassa avec passion alors qu’une larme redessinait la courbe de son visage. Le Japonais, surpris, se figea en écarquillant de grands yeux étonnés mais bien vite, poussé par le désir d’être aimé par cette tierce personne qui avait fait irruption, par intermittence, dans sa vie, répondit avec ferveur à ce baiser. L’allongeant lentement sur le lit, il caressa avec une infinie douceur sa pommette humide sans la quitter une seconde du regard ; du bout des lèvres, il vint cueillir les perles salés qui sillonnaient encore ses joues et avec ravissement, il vit apparaître un radieux sourire.  

Frôlant avec délice, la silhouette féminine, au travers des remparts de tissu, sa main envieuse se fraya un chemin au travers de l’étoffe pour enfin effleurer ce frêle grain de peau.  

Le corps parcouru de frissons, Kaori, gémissante, ferma les yeux pour apprécier les caresses délicates et vicieuses de son futur amant. La délestant de ses habits à mesure que ses mains rencontraient un vêtement, il put enfin se délecter de la nudité parfaite de la jeune femme. Tout en rougissant, Kaori leva une main décidée dans sa direction pour l’appeler près d’elle ; d’un geste impatient, Ryo ôta son tee-shirt et s’allongea contre elle pour capturer de nouveau ses lèvres demandeuses. Cajolant l’intimité féminine de ses doigts, le Japonais laissa la main malhabile de sa partenaire faire coulisser la braguette de son pantalon et caresser la protubérance masculine.  

 

C’est sous une pluie de bombes et les sifflements des balles que, peu de temps après, les cris de jouissance se mêlèrent à ceux de la mort environnante.  

 

 

Quelques plus tard, au petit matin, Ryo ouvrit enfin les yeux alors que le soleil caressait son visage de ses timides rayons. Une tête féminine reposait paisiblement sur son torse ; tout en souriant, il effleura les mèches de cheveux auburn qui se redressaient, rebelles, dans tous les sens. Mais en entendant, dans le lointain, les bruits des détonations guerrières, son regard se fit dur et sévère.  

 

- Comment vivre quoique ce soit dans un monde pareil ! Murmura-t-il.  

 

S’échappant de son asile de bien-être, il s’assit sur le bord du lit et la tête entre les mains, Ryo tentait de reprendre le dessus des sentiments bien trop doux qui envahissaient son cœur.  

Tout en remuant légèrement, Kaori finit par ouvrir les yeux à son tour ; resplendissante, elle le fixa silencieusement. Mais sa mine réjouie s’estompa lorsqu’elle sentit la tension émanant de son aimé.  

 

- Quelque chose ne va pas ? Le questionna-t-elle en prenant appui sur son coude.  

 

- Je n’aurais jamais dû me laisser aller… profiter de toi ! Nous avons fait une erreur cette nuit… enfin, j’ai fait une erreur…  

 

Resserrant le drap sur sa poitrine, Kaori se sentit tout à coup misérable, presque salie alors qu’elle en avait envie même si cela était parti d’une impulsion. Pourtant, il avait été si doux et aimant cette nuit ! Pourquoi, ce matin, tout avait changé ? Pourquoi se montrait-il si froid, si distant avec elle ?  

 

- Je ne veux pas que tu souffres une nouvelle fois et par ma faute ; la mort est à chaque coin de rue alors il faudrait mieux en rester là. Ajouta-t-il, toujours de dos.  

 

Il ne pouvait pas la regarder, il ne voulait pas voir son visage angélique muer en une souffrance.  

 

- Voilà sa raison et il a prit sa décision. Se dit-elle mentalement attristée.  

 

Sentant la douleur étreindre son cœur et les larmes poindre aux coins de ses yeux, elle se contenta de se lever pour ramasser ses habits. Sans le moindre mot, elle se dirigea dans une autre pièce et se rhabilla pudiquement. Une fois chose faite, Kaori en ressortit et sans le moindre regard pour lui, elle se dirigea vers la sortie.  

Alors qu’elle avait une main sur la poignée, Ryo stoppa sa fuite, verbalement.  

 

- Où vas-tu ? S’inquiéta-t-il.  

 

- Je quitte ta vie comme tu me le demandes. Déclara-t-elle d’un ton ferme.  

 

Sans plus de paroles, elle franchit le seuil ; Ryo resta immobile à la regarder s’éloigner. Ressentir ce grand vide se propager en lui alors qu’il ne la connaissait que depuis peu , lui donna l’impression de suffoquer. Pourquoi se sentait-il si mal ? Et surtout si malheureux ? Est-ce la culpabilité qui le faisait se sentir si « moche » ?  

 

Les épaules affaissées, les pupilles luisantes de larmes, Kaori déambula dans les rues faiblement peuplées ; s’engageant dans une ruelle, alors que la fragile façade cédait, elle stoppa ses pas hasardeux aux marches d’une issu de secours. S’asseyant lourdement sur l’escalier, ramenant ses jambes contre sa poitrine et enfouillant son visage entre ses genoux, elle laissa son chagrin s’évacuer. La plainte d’un animal blessé se répercuta contre les murs de l’étroite allée alors qu’un seul mot s’entrecoupait entre ses pleurs… pourquoi !  

Alors que sa peine secouait ses épaules, une petite main vint se poser dessus. Agrippant la rampe de l’autre, une fillette au sourire triste de voir cette femme pleurer, apparut derrière elle et la fixa.  

 

- Pourquoi tu pleures, Madame ? Ton papa est mort ? Questionna-t-elle.  

 

S’asseyant à ses côtés et repliant ses jambes contre sa poitrine, imitant l’inconnue, elle ajouta,  

 

- Il ne faut pas pleurer, tu sais. Il est là-haut, dans le ciel avec maman et mon papa. Je suis sûre qu’il te regarde maintenant. Dit-elle en pointant les cieux de son index. Ils m’ont promis de toujours veiller sur moi avant de partir au ciel.  

 

Séchant ses larmes du revers de sa main, Kaori regarda cette fillette d’à peine cinq ans qui semblait bien trop mûre pour son âge. Voyant que la peine de la jeune femme avait cessé, la fillette lui sourit le plus gracieusement du monde. De ce petit être émanait une telle douceur malgré le contexte perturbé de la vie actuelle.  

 

- Où vis-tu ?  

 

- Un peu partout ! Avoua-t-elle en haussant les épaules. La ville est ma maison. Clama-t-elle tout sourire.  

 

- Comment tu t’appelles ?  

 

- Miki ! Avoua-t-elle joyeusement en bondissant sur ses jambes.  

 

- Hé bien Miki, moi c’est Kaori. Déclara-t-elle jovialement.  

 

Alors que la fillette prenait la main tendue en signe de sympathie, son estomac se mit à gargouiller.  

 

- Tu as faim ?  

 

- Un peu ! Avoua-t-elle en se tortillant les doigts.  

 

- Alors viens avec moi, je t’offre le petit déjeuner ! Proposa Kaori en tendant une main amicale vers Miki.  

 

Ravie, la fillette prit avec enthousiasme la main de la jeune femme et toutes deux partirent à la recherche d’un point de ravitaillement.  

 

***  

 

- Miki ? S’étonna Nozomi.  

 

- Oui, Miki ! Sourit le Nettoyeur en voyant l’intérêt de la Reporter pour la barmaid.  

 

- Vous voulez dire que la fillette de votre histoire est cette jeune femme, là-bas !  

 

- Tout à fait. Kaori avait un grand cœur et elle a recueillit temporairement cette enfant. D’ailleurs, elle est devenue une charmante demoiselle comme vous pouvez le voir. Rit-il nerveusement, avec une mine très explicite.  

 

Sentant le regard glacial de Nozomi à son intention, il toussota pour reprendre son sérieux.  

 

- Où en étais-je ? Ah oui…  

 

***  

 

Après maintes déceptions « culinaires », la jeune femme et la fillette poursuivirent leur chemin, main dans la main. Lorsque Kaori vit l’enseigne de son café favori, elle sourit et reporta son attention sur Miki,  

 

- Je crois que nous sommes enfin arrivées où nous le voulions.  

 

Les lèvres de Miki s’étirèrent pour offrir un minois rayonnant et aux pas de course, le duo traversa la rue pour pénétrer dans leur « oasis ».  

Alors que le tandem féminin pénétrait dans le petit café, Kaori balaya du regard les alentours désertés ; quelle drôle d’impression se dégageait de ce lieu « abandonné » pourtant si animé la nuit venant. Les noctambules devaient certainement traînasser aux lits, comme si cela était normal en une telle période.  

Soulevant la fillette dans ses bras, Kaori la déposa sur un tabouret jouxtant au comptoir, non loin d’une vitrine garnie de friandises, plus appétissantes les unes que les autres. Les mains en appui sur le bord du comptoir et les yeux pétillants de gourmandises, Miki dévorait du regard chaque pâtisserie qui passait sous ses yeux. Mais son attention se figea sur l’énorme gâteau au glaçage marron couvert de petites pépites multicolores.  

 

- C’est celui là que tu veux ? Questionna une voix rauque qui s’avançait vers la fillette.  

 

Miki leva son nez vers son interlocuteur et en lui offrant le plus ravissant sourire, acquiesça d’un hochement de tête. Prenant une petite assiette sous son comptoir, Falcon fit coulisser la petite porte vitrée et déposa le savoureux gâteau alors que la fillette suivait avec attention chacun de ses gestes. Déposa lentement le dessert devant la gamine, le Géant s’attarda à la regarder à nouveau alors qu’elle saisissait hâtivement sa petite cuillère avant de le remercier verbalement tout en rayonnant de bonheur. S’étonnant tout de même du manque de frayeur de l’enfant à son égard, il lui posa la plus banale des questions, comme pour être sûr que l’enfant le voit,  

 

- Il est bon ? Demanda-t-il d’une voix qu’il voulait douce.  

 

- Oui ! Clama-t-elle en enfournant une nouvelle cuillérée dans sa bouche alors que sa frimousse se barbouillait de chocolat.  

 

Tout en servant machinalement une tasse de café à sa visiteuse, il jeta un œil sur la gourmande.  

 

- Pourquoi n’est-elle pas effrayée ? Pourquoi ne pleure-t-elle pas comme tous les autres enfants ou les adultes qui rient jaune en me voyant ?  

 

Intrigué par la fillette, il fut ramené sur terre par son accompagnatrice.  

 

- Combien vous dois-je ? Questionna-t-elle en ouvrant son porte-monnaie.  

 

- Rien, c’est offert par la maison.  

 

Tout en le remerciant pour sa gratitude, Kaori le fixa amicalement tout en affichant la plus angélique des expressions ; rouge pivoine, le Cafetier entreprit de relaver la vaisselle qui trônait dans l’égouttoir.  

 

Sa prunelle noisette s’égarait dans un passé douloureux alors que sa main, dans un geste mécanique apportait la tasse fumante à ses lèvres.  

 

- Kaori ! S’impatienta la fillette.  

 

- Oui ma puce, pardonne moi que disais-tu ?  

 

- Mon appartement n’est pas bien loin, je vais aller y faire un tour ! Avoua-t-elle en reposant sa tasse, tout en faisant pivoter son siège. Tu peux m’attendre ici si tu veux.  

 

- Je viens avec toi ! Clama la fillette en descendant du tabouret.  

 

- Comme tu le voudras. Sourit-elle en prenant la menotte de la fillette.  

 

Tout en remerciant une nouvelle fois le cafetier, Kaori prit la direction de la sortie alors que Miki lui criait.  

 

- A bientôt, Monsieur ! Tout en faisant de grand signe de main.  

 

Le Géant se surprit à lui faire un geste amical de la main qu’il se rabroua tout de suite d’avoir fait.  

 

Avançant d’un pas peu enthousiaste, c’est un quart d’heure plus tard, que Ryo pénétra dans l’établissement.  

 

- Salut ! Articula-t-il du bout des lèvres.  

 

- Mauvaise nuit ? Questionna le Cafetier, en lui préparant un café serré.  

 

- Y’a eu mieux mais je dois bien avouer que la deuxième partie était des plus inoubliables et j’ai gâché. Maronna-t-il fatalement.  

 

Se refermant comme une huître, Ryo touilla son café inlassablement sans vraiment faire attention à ce qui pouvait se passer autour de lui.  

 

Trois rues plus loin, marchant prudemment, Kaori expliquait à l’enfant, tout en poursuivant leur chemin, qu’elles devaient jouer à cache-cache avec des messieurs qui pouvaient arriver à tout moment. La fillette écouta avec attention la règle du jeu imposé par sa protectrice lui faisant répéter à la lettre ses recommandations. Les directives enregistrées, Kaori s’engagea dans le couloir de son immeuble et lentement, presque sur la pointe des pieds, elles s’aventuraient dans les divers couloirs. Gravissant les obscurs paliers, elles arrivèrent enfin à l’appartement ; faisant tourner la clé dans la serrure avec lenteur, elles découvrirent le chantier que les Bosch avaient laissé derrière eux.  

 

- Qu’est-ce qu’il est arrivé à ta maison ? Questionna la fillette en cramponnant la main de la jeune femme.  

 

- C’est les messieurs, ils me cherchent alors ils ne sont pas contents. Murmura-t-elle en s’agenouillant près de la fillette apeurée. Je vais chercher quelque chose et on part bien vite d’ici après, d’accord.  

 

Hochant de la tête en gardant les yeux rivés sur tous les coins sombres de la pièce, la fillette attendit sa bienfaitrice sur le pas de la porte de sa chambre.  

Ramassant ses effets personnels avec soin malgré la dégradation subie, Kaori s’assit sur le bord de son lit et balaya les éclats de verres, vestige d’un cadre photo qu’elle venait de prendre.  

 

- Hideyuki. Soupira-t-elle alors qu’elle fixait l’image sur papier glacé.  

 

A tâtons, fouillant sous son matelas, elle sourit lorsque ses doigts frôlèrent le soyeux écrin.  

 

- Ils ne l’ont pas pris. Souffla-t-elle en serrant contre sa poitrine le petit boîtier.  

 

Alors que ses prunelles caressaient le bijou soigneusement gardé, le claquement d’une portière de voiture la fit sortir de sa rêverie. Hâtivement, elle se dirigea vers la fenêtre et son cœur battit à tout rompre dans sa poitrine.  

 

- Ils sont là. Murmura-t-elle.  

 

Précipitamment, Kaori sortit de sa chambre et empoigna la fillette ; d’un pas alerte, elle tenta de rejoindre le rez-de-chaussée au plus vite par le second escalier.  

 

- Ils m’ont trouvé Miki !  

 

La fillette se mit à frissonner en entendant la voix incertaine de la jeune femme et regroupant toutes ses forces, elle tenta de garder le rythme imposé par la démarche adulte.  

Alors qu’elles atteignirent leur but, les Allemands s’engageaient dans le hall. Faisant demi-tour à la hâte, Kaori attira Miki à sa suite et elles s’enfermèrent dans les toilettes féminines.  

 

- Miki, tu vois la petite fenêtre là-haut. Dit-elle en lui désignant la lucarne.  

 

- Oui ! Bredouilla-t-elle, en refoulant ses sanglots.  

 

- Ne pleure pas ma chérie. Dit-elle en l’embrassant tendrement sur le front. Je vais t’aider à l’atteindre et une fois de l’autre côté, tu vas retourner chez le gentil monsieur qui t’a donné un gâteau tout à l’heure, d’accord. Lui ordonna-t-elle gentiment.  

 

- Mais toi, tu ne pourras pas passer ! Constata-t-elle sur le champ.  

 

- Je te rejoindrais plus tard. Mais il faut que tu m’obéisses car sinon les messieurs font nous trouver toutes les deux et on aura perdu, tu comprends ?  

 

- Oui ! Articula-t-elle avec difficulté alors que les larmes coulaient sur ses pommettes rosies.  

 

- Tu es une merveilleuse petite fille, Miki. Sourit-elle en serrant l’enfant dans ses bras avant de la soulever jusqu’à la lucarne.  

 

Se faufilant dans l’ouverture, la fillette se réceptionna avec difficulté mais malgré son genou écorché, Miki se redressa précipitamment alors que les voix hargneuses des nazies retentissaient dans la petite pièce où elle se trouvait quelques minutes avant avec Kaori.  

Sans un regard en arrière, la fillette s’engagea dans les rues à la recherche du café qu’elles avaient quitté, peu de temps avant…  

 

 

***  

 

- Miki est bien revenue au café comme Kaori lui avait dit. La pauvre enfant frissonnait de la tête aux pieds ; totalement affolée, elle venait nous apprendre que Kaori s’était faite attraper par les Méchants. J’ai fini par comprendre qu’elle parlait des Allemands mais malheureusement, lorsque je suis revenu sur les lieux, cela faisait certainement un petit moment que Kaori avait été emmenée. J’avais encore plus de hargne contre les Allemands ! Il n’était pas rare de retrouver dans un fossé, le corps d’un homme emmené quelques jours avant par les SS ou la Gestapo. Je me demandais ce qu’ils allaient lui faire subir. J’étais près à tout pour la sauver !  

 

Pendue aux lèvres de son interlocuteur, Nozomi se sentait implicitement touchée par ces faits antérieurs, comme si chacune des souffrances ou atrocités que tous ces gens avaient subies durant la seconde guerre mondiale, lui avait été infligées. Son cœur se serrait dans sa poitrine au fil des paroles du Nettoyeur ; la chaire de poule parsemait son épiderme en imaginant la douleur émanant de ces pauvres gens. Elle s’interrogeait davantage sur les raisons qui pouvaient pousser des hommes, des êtres humains à se montrer si cruels et immoraux. Torturer des gens de la sorte par simple plaisir lui semblait inconcevable,  

 

- Cette guerre était le combat de la honte… Chaque bataille a son « idéal » mais là, plus les jours, les mois avançaient et plus je me demandais le but de cette lutte. Au départ, les raisons politiques avaient engagées plusieurs pays dans le conflit mais sur le terrain, les choses étaient toutes autres.  

 

- Mes questions vont vous paraître totalement inappropriées mais pourquoi dites vous que vous aviez encore plus la hargne contres les Allemands ? Est-ce par rapport à vos amis morts la veille ? Comment cela se fait-il que vous vous battiez contre nos « alliés », les Allemands ? D’après les livres d’Histoire ou les archives, les Japonais et les Allemands étaient alliés ?  

 

- Je m’attendais à ce que vous me posiez ces questions bien plus tôt. Avoua-t-il en souriant malgré lui.  

 

Prenant un air des plus graves, ses yeux déjà sombres prirent une teinte encore plus obscure et des plus sévères.  

 

- Comme bon nombre de soldats japonais, je me suis lancé dans cette guerre pour l’honneur de notre Pays. Je luttais sans répits contre les Européens et ses alliés qui barraient la route à l’Allemagne. Falcon avait dû d’ailleurs réaliser, bien avant moi, les horreurs nazies car c’est un jour, sur le champ de bataille que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Nous avons échangés plusieurs tirs et je l’ai grièvement blessé à la tempe. Maintenant, par la faute de cette vieille blessure, Falcon souffre de cécité… mais nous étions ennemis à l’époque et le contexte n’était pas des moindres, c’était la seconde Guerre mondiale.  

 

Le remord rongeait Ryo depuis le jour où il avait appris de la bouche de Miki, que Falcon perdait la vue mais le Géant n’était plus, désormais, en proie de ses démons intérieurs et vivait parfaitement avec ce handicap.  

 

A cette révélation, Nozomi reporta son attention sur le Géant impassible qui répétait inlassablement le même mouvement de corvée ménagère ; malgré les verres fumés de ses lunettes, cette surprenante assurance gestuelle ne laissait rien présager sur l’état visuel de ce Barman.  

 

Ryo poursuivit lorsque la jeune reporter, abasourdie, revint « quémander » la suite par un simple regard,  

 

- Mais la seule et unique raison qui m’a faite désertée les rangs, est lorsque je me suis retrouvé en Allemagne ; la brusque réalité m’a sauté au visage… Les camps de concentration m’apparaissaient pour la première fois.  

 

Envahi par les scrupules, Ryo baissa la tête et son allure si « fière » et sûre, semblait fondre comme neige au soleil.  

 

- Dans ses baraquements, des notables, des vieillards, des femmes, des enfants étaient confinés comme des bestiaux pour l’abattoir. Je ne comprenais pas pourquoi ce type de population était retenu en otage ; des hommes, à la rigueur mais des vieillards, des femmes, des enfants… Leur seul point commun qu’ils avaient en commun, était qu’ils étaient tous juifs… Et encore si cela s’était limité à une simple incarcération… C’est en 1942, que le terme de « Solution finale » fit son apparition dans les camps ; le nombre de prisonniers diminuait considérablement alors qu’il n’y avait aucune évasion recensée alors que les détenus affluaient en grand nombre chaque jour. Je ne sais pas si j’étais aveugle à l’époque ou si je refusais de voir la vérité… Avoua-t-il amèrement. La mort a commencé à envahir le ciel de sa sombre fumée pour laisser ensuite un manteau cendré se déposer sur les cabanons ou sur nos vêtements. Je n’oublierais jamais cette odeur âcre ; encore aujourd’hui, j’ai la sensation de sentir cette horreur odorante lorsque j’effectue une mission dangereuse. Peut-être parce que je connais le « parfum » de la Faucheuse ? Ironisa-t-il.  

 

Nozomi se surprit à constater le changement de comportement de son narrateur ; cette aura si dévastatrice qui émanait de lui dès son arrivée, perdait de son intensité au fil de son témoignage. Cet homme ressentait encore les méfaits de son passé malgré qu’il n’y ait jamais participé.  

Soudain, contre toute attente, la silhouette voûtée se redressa résolument ; sa pupille sombre se dilata et la fureur emplit l’atmosphère. Un frisson parcourut l’échine de la Reporter lorsqu’elle croisa le regard haineux de Ryo.  

 

- J’ai pourtant tenté de les sauver…  

 

***  

 

Une nouvelle nuit sans lune se profilait à l’horizon et c’est à pas feutrés, longeant soigneusement les cabanons, qu’une silhouette progressait dans la noirceur nocturne. S’immobilisant, quelques mètres plus loin, l’ombre cogna la frêle séparation de bois et dans un léger grincement, un petit groupe d’une dizaine de personnes se retrouva sur le seuil.  

 

- Vous êtes tous prêts ! Murmura la sentinelle.  

 

- Oui ! Calmèrent-ils tous en chœur, d’une voix murmurante.  

 

- Votre disparition devrait passer inaperçue.  

 

Sans ajouter le moindre mot, Ryo rebroussa chemin, traînant à sa suite le fragile cortège. Esquivant les factionnaires, les fuyards poursuivaient leur épopée ; leur but semblait s’éloigner à mesure qu’ils progressaient. Mais ils ne devaient perdre espoir, la liberté leur tendait les bras au bout de l’allée ; alors que le grillage se dessinait plus clairement à chaque foulée, les cœurs des détenus bondissaient dans leurs poitrines. Encore quelques pas et ils seraient sauvés.  

 

A genoux, maintenant, Ryo se saisit d’une pince coupante qu’il avait soigneusement dissimulé dans un buisson puis commença sa besogne. Le silence de ses « compagnons », l’encourageait à hâter son geste malgré la sanction qui pèserait sur ses épaules si son action était connue de ses Supérieurs.  

 

Tout à coup, sans savoir pourquoi, les projecteurs des tours de guet se braquèrent sur eux ; comme si cela allait les protéger, Ryo stoppa son « activité » et son imposante stature s’interposa entre le faisceau lumineux et les détenus mais il vit, avec stupeur, un nombre incalculable de soldats afflués.  

Un coup violent porté à la nuque l’assomma brusquement.  

 

Quelques minutes plus tard, alors qu’il reprenait connaissance, sous la brutalité d’un coup de pied en plein ventre, il s’agenouilla comme cela lui était ordonné. Dans une scrutation flou des environs, il reconnut la cour principale des baraquements ; alors que la voix colérique d’un Bosch brisait le silence nocturne, Ryo, les mains croisées derrière la nuque, sentit ses dernières heures arrivées. Tandis que son champ visuel se clarifiait, il vit avec torpeur, les fuyards alignés devant lui ; parmi eux, une femme souriait malgré les larmes qui perlaient sur ses joues. Contre sa poitrine, elle serrait son garçonnet qui venait de lui être rendu ; entourant le cou de sa mère, ses yeux ensommeillés avaient du mal à rester ouverts. Malgré la terreur qui se lisait dans les yeux de sa mère, elle murmura à son sauveur un « merci » puis le plus abominable des sons retentit. Une rafale de balles de fusils-mitrailleurs venait de balayer le petit groupe ; l’enfant n’avait été épargné.  

Sous le coup de la colère, Ryo se mit à hurler de fureur ; se redressant subitement, il bondit à la gorge de son garde et commença à serrer, serrer ses doigts autour de sa gorge pour ne laisser plus aucun souffle d’air filtrer jusqu’à ses poumons. Plusieurs soldats se ruèrent sur lui et commèrent à lui infliger des coups de pieds, de poings et la crosse des armes vint se joindre au tabassage.  

Après plusieurs minutes de corrections, ils balancèrent le corps salement amoché dans un des camions qui se débarrassa de son fardeau dans un fossé.  

 

- Tu es la honte de l’Allemagne ! Vociféra-t-il en lui crachant dessus avant de repartir.  

 

***  

 

- Ils m’ont laissé pour mort ; ce soir-là, ils auraient mieux fait de m’achever mais ma haine m’a ressuscité. Je n’étais plus le même homme après cette nuit et je ne regrette pas le moins du monde tout ce que j’ai pu faire ensuite. Depuis ce jour, ma devise est « ni femme, ni enfant ». Après plusieurs semaines de rétablissements, je suis engagée dans la Résistance, dans un pays voisin, la France. J’avais entendu parlé d’un « Grand » Général qui soutenait ses troupes pas le biais de la TSF et j’ai fait la connaissance de Mick par le réseau puis j’ai retrouvé Falcon. Nos retrouvailles n’ont pas été de grandes accolades mais il m’a simplement dit « L’erreur est humaine mais la rédemption sauve son homme ». Et la suite, vous la connaissez.  

 

Alors que son récit était des plus éprouvants ; Ryo se rasséréna au nom de Kaori. Cette femme avait ce don de le soulager ; d’être sa boue de sauvetage alors que les Ténèbres semblaient vouloir l’engloutir à nouveau. Malgré les nombreuses années passées, il se reprochait encore de l’avoir blessée. Il ne cessait de se dire que cela avait été la plus grosse erreur de sa vie.  

 

 


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