Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Sand

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 7 chapitres

Publiée: 17-05-07

Mise à jour: 03-07-07

 

Commentaires: 111 reviews

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ActionDrame

 

Résumé: Une jeune journaliste sillonne le Pays à la recherche de témoignages qui pourraient lui valoir une récompense "littéraire" mais aussi être l'ultime révélation de son passé. Le destin d'un homme semble s'entrecroiser au sien, celui de... Ryo Saeba. Attention fic alternative.

 

Disclaimer: Les personnages de "Une seule femme dans mon coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Une seule femme dans mon coeur

 

Chapitre 5 :: Révélations

Publiée: 18-06-07 - Mise à jour: 22-06-07

Commentaires: Salut tout le monde ! Je vous remercie encore une fois pour votre fidélité et pour les reviews que vous prenez le temps de me poster. Je suis super contente de lire vos réactions, vos questions. Voici donc l'avant dernier chapitre de ma fic ; beaucoup de questions trouvent leurs réponses. Alors je vous dis bonne lecture à tous. Gros bisous et à la semaine prochaine.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7


 

Alors que Ryo était encore incrédule face à l’homme qui se tenait devant lui, il reprit ses esprits lorsque ce dernier s’adressa à lui.  

 

- Je ne sois pas si étonné de me voir. Mon destin n’était pas de mourir sur ce pont, ce soir là, voilà tout. Ajouta-t-il en souriant mystérieusement. J’avais compris bien avant vous où était mon intérêt mais vous, vous êtes bornés à vouloir jouer aux petits soldats alors qu’une vie bien meilleure s’offrait à nous. Avoua-t-il d’un ton cassant. Ce fameux jour, vous avez failli compromettre ma livraison ! Ragea-t-il.  

 

- Mais tu nous as aidé, quelques jours auparavant, à détruire une importante cargaison de munitions, pourquoi être revenu sur tes positions ?  

 

- Simple bisness ! Je restais ainsi le seul « livreur » actif. J’ai d’ailleurs créé mon propre réseau… L’union Théope !  

 

- Tu étais derrière tout ça !  

 

- Les affaires sont propices, tu sais. Entre les armements et le trafic de drogue, je dois dire que je suis un véritable homme d’affaires ! Se vanta-t-il, en croisant ses bras derrière sa tête, alors que la fierté illuminait son visage.  

 

- Tu n’es qu’un traître, comme as-tu pu vendre tes amis, tes frères d’armes, Kenny… pour de l’argent ou des privilèges ! S’emporta Ryo en le saisissant par le col.  

 

- Moi, un traître ! Vociféra Shin en se dégageant vivement de l’emprise du Japonais. C’est vous les traîtres ! Vous avez trompé notre Pays en vous liant avec l’ennemi… la France et la résistance ! Le Japon a « signé » une alliance avec l’Allemagne mais vous, vous avez ignoré ce pacte et vous vous êtes embrigadés dans ce combat qui n’avait aucune chance d’être remportées par vos petites troupes.  

 

- Tu as bien réussi ! Cracha Ryo ironiquement, tout secouant la tête en signe d’exaspération, alors qu’il frappait, du dos de la main, la poitrine décorée de son interlocuteur.  

 

S’asseyant dans son fauteuil, Shin le fit légèrement pivoter pour se trouver face à Ryo et tout en s’accoudant sur le bureau, il le fixa avec une mine des plus sérieuses.  

 

- Tu sais, il est encore temps, pour toi, de NOUS rejoindre.  

 

- Je ne suis pas comme toi, je ne suis pas vénal ! J’ai ma conscience ! Rage-t-il de plus belle, en frappant sans ménageant le bureau. Comment peux-tu te battre aux côtés de gens qui exterminent des civiles sans aucun fondement !? Ils s’en prennent même aux enfants.  

 

- Arrêtes, je vais pleurer ! Décidément, je ne te croyais pas si faible ! Soupira l’aîné, en s’adossant contre son fauteuil. Je tiens tout de même à te rappeler que nous sommes en guerre et que les pertes humaines font partis du contexte. Clama-t-il d’un ton neutre, comme si cela était normal. Ainsi nous maîtrisons aussi le renouvellement de leurs générations.  

 

Bondissant sur son « père », Ryo lui décocha une droite magistrale ; sous le coup de la violence du geste, Shin se retrouva à terre. Un filet de sang apparut à la commissure de ses lèvres et tout en souriant malgré tout, ce dernier avoua d’un ton amer, en essuyant la trace rougeâtre.  

 

- Décidément, tu es bien comme Kenny. S’exaspéra-t-il, tout en se redressant. Lui aussi à refuser jusqu’à la dernière minute de se joindre à nous.  

 

- Comment ça, jusqu’à la dernière minute !  

 

- Je lui ai fait la même proposition qu’à toi mais il est resté sur ses positions… du coup, il ne me servait plus à rien.  

 

Comprenant soudainement, le sens des paroles de son vis-à-vis, Ryo sentit la fureur bouillonner dans ses veines ; il n’y avait aucun doute possible, il avait lui-même appuyé sur la détente qui avait abattu Kenny et ce, sans le moindre remord. Si peut-être un, celui d’avoir perdu un homme d’expérience qui aurait été un vaillant combattant.  

 

- Ca y est, je vois que tu commences à comprendre ! Ironisa Shin.  

 

Alors qu’il riait doucement, ce dernier reporta enfin son attention sur son « fils » mais curieusement, sa mine réjouie se déforma en une crainte grandissant qu’il tenta de camoufler. Croisant la rétine sombre de son rival, Shin vit une étrange lueur y danser ; contrairement au départ, sa « supériorité », gagnée sous le coup de la surprise, disparaissait au fil de la conversation. Il avait senti son aura dévastatrice dès son entrée dans l’édifice et décupler alors que son « fiston » arpentait les couloirs mais là, la Mort l’habitait et semblait lui ôter toute once d’humanité.  

Le visage fermé, Ryo pointa son arme en direction de son « père » et le doigt sur la gâchette, ses traits se crispèrent davantage.  

 

- Je ne veux pas t’abattre comme un chien mais nous avons des comptes à régler. Indique moi, un endroit où nous pourrons mettre un terme à cette entrevue.  

 

Prenant une arme dans le tiroir de son bureau, pour une fois, Shin convint de répondre à ce duel à la loyal. Suspicieux tout de même, d’une quelconque entourloupe de la part de son aîné, Ryo le laissa passer devant et c’est, quelques minutes plus tard, qu’ils pénétrèrent dans une cour intérieure immense qu’une simple porte en métal séparait du bâtiment.  

Les caisses et autres obstacles répandues de-ci, de-là et à en voir les impact de balles les criblant et couvrant le mur d’enceinte, cet endroit devait servir de lieu d’entraînement à leurs escadrons.  

 

 

Tandis qu’un duel allait se jouer entre un père et un fils, Kaori se débattait dans son lit ; les perles de sueur luisaient son front alors que dans ses songes, des mains masculines s’approchaient d’elle lentement pour la capturer. Malgré ses gestes rageurs pour les écarter, les doigts étaient à quelques centimètres de sa peau dénudée.  

Dans un mouvement de recul et dans une supplique hurlante, elle se réveilla alors que les larmes ruisselaient sur ses joues. Essoufflée, Kaori resserra la petite couverture contre elle et essuya, du revers de la main, les perles salées sillonnant ses pommettes rougies.  

Refoulant un sanglot, elle se redressa en refermant le drap de bain qui ne semblait pas assez grand pour la cacher ; aucun vêtement d’ailleurs, ne serait assez grand pour la « protéger ».  

 

Esquissant quelques pas dans la pièce, elle s’approcha de la fenêtre pour sonder la noirceur nocturne ; toujours ce même calme. Elle appréhendait ce silence annonciateur de catastrophes imminentes, ses prunelles noisette scrutaient chaque recoin sombre comme si elle s’attendait à voir apparaître quelqu’un. Tout en plissant les yeux pour se concentrer davantage sur son point d’intérêt, le téléphone retentit soudainement et sous le coup de la surprise, elle hurla tout en sursautant.  

Reprenant son calme, elle fondit sur le combiné.  

 

- Allo ?  

 

- Kaori ?  

 

- Oui !  

 

- Les enfants ont été interceptés !  

 

- Quoi ?! Mais qui êtes-vous ?!  

 

- Mon identité n’a pas d’importance ! Les gamins sont en danger ! Le convoi a été détourné et les Allemands risquent de ne pas les ménager !  

 

A ces mots, son esprit ne fit qu’un tour et enregistrant les indications de cet inconnu, Kaori raccrocha hâtivement le combiné pour se ruer ensuite dans la salle de bain.  

Après avoir enfilé rapidement une tenue sombre, elle aperçut son reflet dans le miroir et machinalement, elle revint sur ses pas. Ses traits pâles, ses yeux cernés et cette maigreur faisaient peur à voir.  

Affichant un triste sourire, elle poursuivit sa préparation avec un maximum de sang froid ; tout en retirant quelques livres d’une des bibliothèques orant le bureau, une petite porte de métal robuste apparut. Tournant le bouton de droite et de gauche pour « composer » une combinaison précise, le déclic dénotant l’ouverture de la porte se fit entendre. D’un geste lent presque cérémonieux, elle en sortit une arme à feu, vestige de son frère.  

 

- Tu seras avec moi, Hideyuki. Murmura-t-elle d’un ton mélancolique.  

 

D’un mouvement vif, elle referma le coffre tout en brouillant la combinaison ensuite et d’une allure déterminée, elle dévala les escaliers pour se ruer sur sa petite voiture claire. Mettant le contact, sa mine sévère dévoilait sa détermination ; même si cette mission ne l’enchantait guère, du fait de l’implication des enfants, elle trouvait là, un moyen de se concentrer sur autre chose que son agression.  

 

 

Les coups de feu fusaient dans tous les sens, quelques gouttes de sang parsemaient le sol terreux alors que la cadence ne faiblissait pas. Se camouflant derrière un abri de fortune, Ryo rechargeait son arme tout en laissant son ouie, le guider sur les déplacements de son adversaire.  

Adossé contre un roc, Shin, d’un geste rapide, bandait son bras gauche à l’aide d’un lambeau de tissu provenant de sa chemise. La plaie béante ne semblait vouloir se tarir de son sang et en serrant crispant la mâchoire, il resserra le bandage.  

La course à la survie reprit lorsque ce dernier, l’arme au poing, jaillit de sa planque pour se ruer sur son adversaire ; malgré sa détermination, Shin avait son âge pour handicap.  

 

Après quelques coups de feu échangés, un tir précis fit voler son arme et le propulsa à terre ; alors que le pas de son adversaire crissait sur les petits graviers, sa respiration reprenait peu à peu sa cadence régulière.  

Armant son chien, Ryo plongea sa sombre rétine dans celle de son père.  

 

- Tu as gâché la vie de tellement de gens. Avoua-t-il sur un ton tellement déçu.  

 

Alors qu’un sourire fendait le visage du soumis, d’un geste habile, il tenta de prendre une seconde arme dissimulée dans la ceinture de son pantalon mais le Nettoyeur, plus agile, fut le premier à tirer.  

La fumée s’échappait encore au bout du canon alors qu’une auréole rougeâtre se formait sur le front de l’autre combattant. Ses yeux noirs révulsés révélèrent que la Faucheuse venait de s’emparer de sa dernière victime…  

 

***  

 

La tête baissée, sa sombre rétine fixait le fond de sa tasse de café, Ryo resta silencieux quelques instants. Pour la première fois depuis leur rencontre, Nozomi posa une main réconfortante sur l’avant-bras de son interlocuteur.  

 

- Vous avez bien agi. Se contenta-t-elle de dire.  

 

Curieusement, malgré la tonalité compatissante de sa voix, une étrange sensation envahit le Japonais ; une vive haine émanait de cette jeune femme. Nullement à son encontre mais contre les faits narrés ou encore pour ce père qui l’avait trahi.  

 

- Et Kaori, que lui est-il donc arrivé ?  

 

Cette Reporter semblait vraiment impatiente de connaître la suite de son récit mais plus particulièrement par le sort de Kaori. Il avait remarqué depuis le début de leur entrevue, cet intérêt pour cette femme à la grande bonté d’âmes qui, malgré son absence, chavirait les cœurs.  

 

- Après avoir terminé mon affaire avec Shin, je suis retourné à l’appart de Kaori mais quelqu’un d’autre qu’elle y était…  

 

***  

 

A pas de loup, à mesure de son ascension, Ryo avait senti cette présence étrangère, non hostile, dans la pièce. Gravissant les dernières marches menant à l‘appartement de Kaori, il poussa délicatement la porte entrebâillée pour apercevoir cette forme féminine, sans aucun doute possible, qui tentait en vain de joindre quelqu’un au téléphone.  

Droite comme un « i », elle faisait quelques pas, en long et en large, soupirant sans cesse alors qu’elle attendait une réponse d’un correspondant.  

 

- Qu’est-ce que vous faites là ?!  

 

Surprise, cette dernière lâcha le combiné et tenta de fuir mais c’était sans compter sur la rapidité du professionnel qui la rattrapa par le poignet.  

 

- Qui êtes-vous ? Questionna-t-il d’une ton sec.  

 

Malgré le silence de son interlocutrice provoqué par la peur, Ryo a détailla visuellement et fut intrigué par l’élégance de sa toilette. Quant à sa captive, elle resta figée un court instant mais par une recommandation solide, elle sut à qui elle avait à faire.  

 

- Aidez moi ! Aidez Kaori ! Implora-t-elle.  

 

- Mais qui êtes-vous ? Et où est Kaori ? S’exaspéra-t-il, en balayant du regard la pièce assombrie.  

 

Energiquement, elle se libéra de l’emprise de son vis-à-vis et tout en se massant le poignet, elle dit.  

 

- Je suis Eriko Kitahara, une très bonne amie de Kaori ! Je vais vous épargner les détails mais je vous connais, vous êtes Ryo Saeba. Il faut que vous me fassiez confiance car Kaori est en danger.  

 

- Pourquoi devrais-je croire en votre sincérité !?  

 

- Je n’ai pas le temps de discuter si vous ne voulez pas m’aider, je me débrouillerai toute seule ! Bougonna-t-elle en prenant la direction de la sortie.  

 

- Attendez ! Clama-t-il. Quel danger court Kaori ? Et où est-elle ?  

 

- Un informateur nous a contacté pour nous dire que les enfants que nous avions déportés, avaient été interceptés…  

 

- Et ce n’est pas vrai ?  

 

- Si, bien sûr que si mais le problème est que Kaori y est allée tout seule apparemment et je tente en vain de contacter nos « hommes » mais c’est le silence radio. Des soldats SS sont planqués dans les alentours pour appréhender toutes personnes qui y rôderaient. Je ne peux intervenir sous peine de griller ma couverture car mon influence pourrait encore permettre d’épargner d’autres innocents.  

 

- Ainsi c’est grâce à vous si Kaori a été relâchée !  

 

- Oui mais je ne veux pas m’étaler là-dessus. Je ne peux laisser Kaori dans ce bourbier… elle a bien assez souffert comme ça ! Murmura-t-elle en détourant le regard.  

 

- Pourquoi me dites-vous tout ça ?  

 

- Kaori a confiance en vous et je me fis à son jugement. Clama-t-elle déterminée.  

 

- Ok, je verrais bien plus tard si j’ai eu raison ou tord de vous avoir fait confiance. Suivez moi, je sais où nous pourrons trouver de l’aide.  

 

 

Se garant bien assez loin, du point de détention des enfants, Kaori se faufila dans les fourrés pour enfin apercevoir la vaste maison délabrée où les otages étaient gardés. Contournant la bâtisse au travers de la forêt, elle pénétra dans l’édifice par une fenêtre brisée ; avançant silencieusement parmi les gravas, elle s’étonnait tout de même de l’absence de sentinelles mais le temps n’était pas à la réflexion mais à l’action.  

Plus elle avançait dans le dédalle de couloirs, plus l’obscurité mangeait le décor déjà bien assez lugubre pour qu’il devienne ensuite invisible à ses yeux.  

 

A tâtons, effleurant les murs crasseux du bout des doigts, elle entra enfin en contact avec la froideur d’une porte en métal. Arpentant la fraîche paroi, elle finit par trouver la poignet et tout en grinçant, la lourde porte s’ouvrit.  

Les ténèbres avaient envahi aussi cette pièce mais Kaori sentit son cœur se serrer tristement malgré la cécité visuelle. Précautionneusement, elle avança dans la noirceur, tout en tendant les mains devant elle, pour parer à toutes rencontres anodines.  

Même avec sa grande prudence, ses pieds percutèrent un obstacle et la fit tomber sans ménagement. Tout en jurant contre sa négligence, elle vint effleurer la cause de sa chute mais elle poussa un petit cri de surprise en entrant en contact avec cette froideur. Refoulant sa crainte, elle déposa, de nouveau, une main hésitante sur « l’objet » et avec horreur, elle constata qu’elle était entrain de décrire « manuellement » un visage humain. Continuant son exploration tactile, elle dût se rendre à l’évidence que ce n’était pas un adulte mais bien un enfant.  

Voulant fuir cette horreur, elle recula, à même le sol, pour distancer sa découverte mais bien vite sa paume effleura un autre corps tout aussi juvénile.  

 

Alors qu’elle restait tétanisée devant sa macabre trouvaille, la porte s’ouvrit brutalement et l’interrupteur actionné l’éblouit violemment. Barrant le faisceau de lumière de son avant-bras, elle vit avec terreur, plusieurs gardes armés s’engouffrer dans la pièce.  

 

- Notre plan n’a pas fonctionné comme nous le voulions mais IL ne devrait plus tarder maintenant.  

 

Devant le regard d’incompréhension de la jeune femme, il fit signe à l’un de ses hommes et instantanément, la sentinelle reprit le dialogue téléphonique qu’elle avait un quelques temps plus tard.  

 

- Lorsque l’on vous a appelé. Reprit le Gradé. Les enfants étaient déjà morts depuis plusieurs heures. Avoua-t-il en souriant. Dommage que vous soyez venu seule car on aurait fait d’une pierre, deux coups. Votre ami est aussi une menace pour notre « règne » ! Saeba a survécu mais pas pour bien longtemps.  

 

Les yeux accoutumés à la clarté, Kaori laissa son regard noisette flotté sur les petits corps jonchant le sol ; enchevêtrés les uns sur les autres, aucun mouvement ne parvenaient des bambins qui, quelques jours plus tôt, la remerciaient avec enthousiasme pour son aide. Elle ne verrait plus leurs sourires canailles alors qu’ils manigançaient une farce. Elle n’entendrait plus leurs rires éclatant alors que l’un d’eux faisait une bêtise pour amuser l’assemblée. Leurs visages enfantins resteraient à jamais figés en une douloureuse grimace, effaçant les quelques instants de gaieté qu’ils avaient pu connaître.  

 

Un mélange de tristesse et de colère se mélangèrent ; à cet instant, sa prunelle marron se reporta sur les officiers qui semblaient fort apprécier le changement de comportement de leur captive.  

 

- Vous nous feriez presque peur ! Ricanèrent-ils.  

 

Malgré le déchirant sentiment qui l’envahissait, Kaori couva une dernière fois du regard ces protégés qui, pendant un court laps de temps, avaient été ses enfants.  

Même si son esprit était empli de mélancolie, elle fronça les sourcils en se rendant compte que quelque chose clochait. Le convoi comptait seize gamins et sous ses yeux, seulement quinze corps jonchaient le sol. En prenant appui sur le mur, elle plissa les yeux pour être sûr de son calcul mais la statistique restait la même, un enfant manquait.  

 

Escortée par les gardes, Kaori tenta de repérer le rescapé qui devait se dissimuler dans un des recoins sans pour autant attirer l’attention de l’ennemi. Lorsqu’une petite silhouette apparut au détour d’un couloir, tout en l’appelant joyeusement, elle se rua sur l’enfant et d’un geste vif, elle le souleva dans ses bras et partit à toute jambe.  

 

A l’extérieur, des tirs de fusils-mitrailleurs retentissaient ; la horde de soldats se sépara. Un groupe poursuivit les fuyards alors que les autres allaient se lancer dans la bataille.  

 

Un énorme 4X4, avec à son bord un Géant, un Japonais et un Américain, nettoyaient tout homme se trouvant en ligne de mire. Les corps s’amoncelaient à mesure que le véhicule progressait rapidement.  

Stoppant sa progression, les trois occupants en bondirent et mirent en joug, tous les combattants se présentant. Faisant mouche à chaque reprise, les assaillants semblaient revenir malgré tout en surnombre ; alors qu’il était concentré sur ses cibles mouvantes, le Japonais se laissa distraire par les recommandations rageuses d’un soldat. Malgré le danger, il délaissa son « attraction » pour faire face à la scène qui se jouait dans son dos.  

Un soldat, arme sur l’épaule, pourchassait une personne cramponnant fermement contre elle, un jeune enfant. Bien vite, il reconnut la familiarité des traits féminins mais le duo de fuyard contourna la maison, l’Allemand sur leurs talons.  

Hors de sa vue, une rafale fut tirée et des hurlements retentirent ; quelques secondes plus tard, le soldat réapparut.  

 

- Nooooooonnnnnn !  

 

Alors que Ryo allait se ruer sur le lieu de désastre, Mick l’intercepta.  

 

- Il faut qu’on parte, ils sont top nombreux !  

 

- Il faut que j’aille la secourir ! Hurla-t-il en tentant de se dégager de l’emprise de son ami.  

 

L’Américain ayant entrevu ce qui se passait, murmura tristement à son acolyte.  

 

- Elle est morte ! Tu ne peux plus rien faire pour elle ! Tu seras bien plus utile vivant et en combattant, tu la vengeras.  

 

Se laissant entraîner par son partenaire, ses sombres rétines ne lâchèrent leur point de vision que lorsque la jeep s’engagea davantage dans la broussaille…  

 

***  

 

Poursuivant son histoire, Ryo mettait beaucoup moins de cœur à ses paroles,  

 

- J’ai continué à me battre pour la Justice, pour elle. Deux ans plus tard, nous avons fini par remporter la victoire mais à quel prix.  

 

Deux sillons luisants se dessinaient sur les joues du Japonais alors que son récit prenait fin ; sans même s’en rendre compte, il pleurait pour cet ange qui avait fait irruption dans la noirceur de la guerre. Elle reposait maintenant en paix mais le cœur du Nettoyeur n’avait trouvé de repos au fil des années. Son but ultime, à ce jour, exterminer la noirceur de la vie comme elle le faisait avec assiduité.  

Sentant les perles salées arpenter son visage, du revers de la main, Ryo écrasa ces imprudentes qui osaient révéler son chagrin encore existants.  

 

Prenant une profonde inspiration, Ryo releva enfin la tête et fixa la jeune journaliste et que ne fut pas sa surprise de la voir pleurer à chaudes larmes. Son chagrin semblait sans fin  

 

- Je suis désolé de vous avoir faite pleurer. S’excusa-t-il.  

 

Tentant de refouler ses pleurs, Nozomi trouva la force de parler.  

 

- Ne vous excusez pas ! Et je ne vous remercierais jamais assez pour toutes les explications que vous m’avez données car grâce à vous, j’ai eu toutes les réponses que je cherchais.  

 

- J’en suis heureux mais un seul regret persiste, malgré tout, dans toute cette histoire… Celui de ne jamais lui avoir avoué que je l’aimais. Je ne vous cacherais pas que j’ai eu d’autres femmes dans ma vie mais il n’y avait… qu’une seule femme dans mon cœur et c’était Kaori.  

 

Effaçant avec le dos de sa main, les larmes sillonnant son visage, la journaliste ajouta.  

 

- Je suis persuadée qu’elle le savait au fond d’elle-même.  

 

D’une introspection aérienne, Nozomi détaillait maintenant, d’un autre regard, les divers protagonistes qui peuplaient le café ; même si elle ne connaissait pas ces individus, elle se sentait proche d’eux.  

Cet homme blond, olé-olé, était le plus fidèle des amis tandis que sa compagne était la plus dévouée des infirmières. Le Cafetier, lui, était le plus généreux des hommes malgré sa stature qui ne favorisait pas l’approche mais dont le grand cœur y trouvait d’autant plus de place.  

Et enfin, Miki… l’orpheline de guerre recueillit par Kaori et qui vivait, depuis ce jour, auprès de l’homme qu’elle aimait plus que tout.  

 

Refermant lentement son calepin, elle leur sourit malgré les perles salées qui ruisselaient encore sur ses pommettes rougies,  

 

- Maintenant ma mission touche à sa fin et je dois rentrer. Avoua-t-elle d’une voix pleine de sanglots.  

 

- Vous nous quittez déjà ? S’étonna Miki.  

 

- Oui, mon avion décolle en fin de journée et je ne peux m’attarder davantage…  

 

Le Nettoyeur se sentit attristé par le départ prochain de la jeune femme ; il avait l’impression que le vide qui l’avait déjà fauché quelques années auparavant, réapparaissait subitement. Il n’arrivait pas à se résoudre de la voir disparaître maintenant et surtout à l’effacer de sa vie, comme ça. Pourtant, il ne la connaissait que depuis quelques heures maintenant mais il éprouvait pour cette jeune personne, un sentiment troublant.  

Alors que Nozomi remballait ses affaires et mit son sac en bandoulière, il l’interrompit.  

 

- Je vais vous conduire à l’aéroport.  

 

- C’est gentil de votre part mais je dois décliner votre offre.  

 

Prenant les mains du Japonais dans les siennes, Nozomi lui offrit un sourire larmoyant.  

 

- Merci pour tout.  

 

Quelques minutes plus tard, alors que le silence avait envahi le petit café, un taximan klaxonna ; jetant un dernier regard sur le groupe d’amis, elle esquissa quelques pas en direction du Nettoyeur et l’embrassa sur la joue.  

Alors que la silhouette féminine s’effaçait derrière la porte, Ryo s’assit pesamment sur un tabouret du comptoir, le cœur lourd. Quant à Miki, armé de son chiffon, elle s’empressa de nettoyer la table précédemment utilisée.  

Passant le chiffon humide, la petite carte de visite de Nozomi s’envola pour se déposer sur le sol comme les feuilles valsant en automne ; s’agenouillant, la barmaid s’en saisit et machinalement son regard s’attarda sur les caractères gras.  

A mesure que les lettres coulaient sous ses yeux, son expression se transforma en une mine d’étonnement,  

 

- Ryo ! Quel était le nom de famille de Kaori ? Demanda-t-elle en fixant le carton puis le Nettoyeur.  

 

- Pourquoi me demandes-tu ça ? Demanda-t-il d’un ton las.  

 

- Réponds moi ! S’agaça la jeune femme.  

 

- Makimura, pourquoi ?  

 

- Cette jeune femme a le même nom !  

 

Prenant à son tour le carton entre ses doigts, Ryo, incrédule, s’attarda sur l’inscription…  

MAKIMURA NOZOMI.  

 

 


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