Chapitre 7 :: Une lettre...

Publiée: 03-07-07 - Mise à jour: 03-07-07

Commentaires: Salut tout le monde ! Normalement le précédent chapitre aurait dû être le dernier mais j'ai eu une petite inspiration de derière minute, j'espère que cela vous plaira. Cette fois-ci, c'est la dernière. Merci à tous pour votre soutien et vos reviews si passionnés. Petite dédicace à ma jumelle. Bonne lecture à tous et à la prochaine.

Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7

Dans le fond de sa besace, une feuille de papier n’avait pas été épargnée par les années. Les pliures marquées, la teinte jaunie du papier et la pâleur des caractères témoignaient de l’ancienneté du manuscrit mais aussi du nombre incalculable de fois où les mots déposés avaient été lus et relus inlassablement pour raviver un souvenir.  

L’écriture tremblotante trahissait de la grande fatigue de son auteur mais l’amour semblait motiver ce désir d’étaler ces lettres. Ces simples termes et ces courtes phrases avaient été couchés sur les lignes bleutées par une personne dont le cœur battait ardemment pour un seul but… la vie… mais pas n’importe laquelle…  

Nozomi semble en grande discussion avec notre Nettoyeur alors, tel un pickpocket, je vais subtiliser ce vestige, le temps de vous lire son contenu.  

Ma chérie,  

Les années vont passer mais je ne serais plus à tes côtés pour les traverser.  

Tu m’en voudras certainement pendant quelques temps encore mais je sens que la maladie est entrain de m’emporter. Je suis tellement fatiguée.  

Mon sens verbal s’épuise alors mon écrit prendra la place. Tu es pourtant si petite, mon bébé.  

Je sais que la Résistance gagne du terrain et que les alliés ne vont pas tarder à libérer ce Pays. Tu te demanderas certainement pourquoi je me bats ainsi pour une Nation qui n’est pas la mienne. Mais la Moral l’exige et les victimes sont bien trop nombreuses. Tu seras enfin en sécurité et je m’en sens apaisée.  

Durant les quelques mois où je t’ai porté en mon sein, je te parlais tout en caressant cette rondeur féminine qui s’accentuait au fils des mois. Je sentais tes énergiques coups de pieds contre ma main alors que la mélancolie me gagnait. Tu ne devais pas apprécier de me voir ainsi et un large sourire finissait par effacer les quelques larmes qui coulaient sur mon visage.  

Je ne peux pas encore te serrer dans mes bras mais je t’aime déjà.  

A ta naissance, j’ai senti mon cœur bondir hors de ma poitrine lorsque j’ai enfin pu voir ton visage. Je pleurais de joie face à cette merveille qui m’avait été donnée. Tu t’es mise à crier comme tous les nouveaux-nés mais dans le refuge de mes bras, tu t’es subitement calmé. Tes petits yeux noirs se sont posés sur moi et je pouvais déjà y lire tant d’étonnement, de questions. A cet instant, je t’ai parlé doucement et tout en déposant le plus tendre des baisers sur ton front, j’ai cru te voir sourire.  

La vie reprenait ses droits après tant d’infamie. L’espoir d’un monde meilleur s’offrait à nous. L’espoir que tu sois le fruit d’un amour éphémère. L’espoir presque inimaginable d’effacer ces six ans d’horreur. L’espoir de pouvoir vivre paisiblement avec toi, de reprendre le pas sur ce passé. Tu es mon espoir. Mon NOZOMI.  

Les nuits me terrifient toujours autant. J’entends encore le claquement des pas cadencés des soldats sur les routes pavées. Cet accent criard alors que d’ignobles détonations le précédent.  

Souvent je me réveille en pleurs, en hurlant de les épargner mais tu es là pour me faire revenir à la réalité. Je t’entends gazouiller dans ton berceau comme pour me rassurer par tes syllabes enfantines.  

Lentement, je t’ai prise dans mes bras et instinctivement, tu t’es blottie contre moi.  

Dans le confort d’une chaise à bascule, par de petits baisers dans ta douce chevelure, je te fais la promesse de te protéger alors que tu luttes acharnement contre le sommeil.  

Mais malheureusement, les jours me sont comptés et mon énergie bien que diminuée, se ravive pour toi, mon bébé.  

Je ne veux pas que tu doutes une seule seconde de l’amour que j’éprouve pour toi. Tu es ma petite fille, ma raison de vivre.  

Je suis lasse à présent mais je veux finir avec ces quelques mots. Je t’ai construit un petit bout de ta vie, à toi de créer ton avenir. Mon seul regret est de ne pas pouvoir entendre tes premiers mots ou même assister à ta démarche chancelante. J’aurais tant aimé voir ta bouille s’illuminer lorsqu’un pied devant l’autre, les mains levées vers le ciel, tu serais venue vers moi en m’appelant maman.  

Ne laisse pas les coups durs te fragiliser, vis ta vie comme bon te semble. Malgré mon absence, tu ne seras jamais seule ; je serais à tout moment auprès de toi dans ton cœur et dans le moindre acte que tu accompliras. Tu seras continuellement entourée d’amis et de personnes de confiance comme Eriko ; l’une d’elle sera panser ton cœur mal mené. Un protecteur veillera sur toi et prendra ce flambeau que je laisser. Ne l’oublie jamais, ma chérie,  

Machinalement, Nozomi se mit à repenser aux paroles de sa mère ; cet être à part qui la guérirait, se tenait, à cet instant même, à ses côtés. Tout en souriant et en déposant sa tête sur la large épaule masculine, elle murmura.  

- Tu avais raison maman. Avoua-t-elle mentalement en resserrant la main réconfortante qui étreignait ses doigts.  

Les deux silhouettes marchaient lentement, enlacées tendrement, telle un père et sa fille jusqu’à s’effacer peu à peu et se fondre avec l’horizon.  

Dix-neuf ans auparavant,  

Nozomi perdit sa maman ;  

mais il faudra conjuguer au présent  

ce magique instant.  

Celui où enfin elle trouva  

cet homme, ce « papa »  

qui vivait dans le cœur de sa mère  

et qui sera son nouveau repère.  

Cet homme guérira, lui aussi  

de ce passé qui l’a endurci  

en vivant maintenant aux côtés,  

d’une jeune femme blessée  

mais dont les yeux reflètent l’unique lueur  

de la seule femme dans son cœur.  

Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7