Chapitre 2 :: Direction l'orphelinat

Publiée: 09-11-09 - Mise à jour: 09-11-09

Commentaires: Coucou !! Merci à Lauraw, Scrapinette44, Kaori62, M. K., Tenshi, Grifter, Ryochou, Somomo, Tennad, Kithawke, Thalia, Didinebis, Nanou et Paty d'avoir laissé une review pour le chapitre précédent. Merci à ma béta Nodino pour ses corrections ! Bonne lecture à tous !

Chapitre: 1 2 3 4 5 6

Ils arrivèrent rapidement à la voiture sans avoir échangé un seul mot. Ryo déposa les friandises dans le coffre de la Mini et, sans s'être concerté avec sa partenaire, s'installa derrière le volant. Puis ils quittèrent leur immeuble, glissant dans la circulation dense de Tokyo. Pour rompre le silence qu'il trouvait pesant, le nettoyeur alluma la radio et une douce musique résonna dans l'habitacle.  

Aucun des deux ne cherchait à engager la conversation et la gêne devenait palpable. Ce baiser n'avait été qu'un simple effleurement mais, pourtant, il les perturbait considérablement.  

Ryo, lui, se demandait pourquoi il avait fait cela : il avait embrassé sa partenaire ! Ce n'était pas la première fois qu'il le faisait, mais la plupart du temps c'était sur son front qu'il déposait ses lèvres. Une fois, une seule fois, il avait osé poser ses lèvres sur les siennes, mais il y avait une vitre entre eux. Et, à cet instant, il avait bien cru ne jamais la revoir alors il avait fait ça dans l'urgence du moment.  

Mais là ! Pourquoi l'avait-il embrassée ? Il n'en avait aucune idée ! Pour la première fois, il n'avait pas pu résister à cette bouche qui semblait l'appeler. Il ne regrettait rien, bien sûr ; comment aurait-il pu regretter une chose qu'il rêvait de faire depuis tant d'années ? Mais comment allait-il pouvoir justifier son geste ? Il n'en savait rien mais ce qui le préoccupait le plus, c'était de comprendre pourquoi il n'avait pas résisté... Cela voulait-il dire qu'il ne pouvait plus contenir son amour pour elle ? Qu'il voulait faire évoluer les choses entre eux ?  

Tout en conduisant, Ryo essayait de trouver des réponses à ses questions, sans se rendre compte que non loin de lui, sa partenaire se trouvait, elle aussi, confrontée à un tourbillon d'émotions.  

Ryo l'avait embrassée ! Non... Ce n'était pas possible, c'était certainement son imagination qui lui jouait des tours ! Pourtant, elle était sûre au fond de son coeur que les lèvres de son partenaire avaient bien frôlé les siennes. Elle tendit sa main pour la poser sur sa bouche mais retint son geste de peur que Ryo ne s'en rende compte et ne se moque ouvertement d'elle.  

Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait cela ? Sans doute l'avait-il fait dans l'euphorie du moment... A ses yeux, c'était la seule solution plausible. Lui jetant un coup d'oeil à la dérobée, elle remarqua son regard soucieux. Mais pourquoi ce regard ? Quelle pouvait en être la raison ? Regrettait-il ce geste d'affection ? Ce pli contrarié au coin de sa lèvre... Oui, il regrettait son geste, ça ne faisait aucun doute...  

La route jusqu'à l'orphelinat parut extrêmement longue à la jeune femme et le silence dans la voiture plus que pesant. Mais, en même temps,son coeur s'emplissait d'une joie immense. Ryo s'était proposé de l'accompagner à la soirée! Elle n'avait pas été obligée de le pousser à le faire ! Et même s'il avait demandé une contrepartie en échange de son service, elle trouvait qu'il avait été plus que raisonnable dans ses négociations et qu'il s'était contenté de peu. Et grâce à son geste, il allait faire des heureux : tous ces petits orphelins qui pourraient profiter de la fête malgré le désistement d'Akiko.  

Quand, enfin, elle vit se dessiner la grande bâtisse au loin, Kaori soupira de soulagement. Elle n'en pouvait plus de cette atmosphère qui régnait dans la voiture ! Elle allait retrouver les enfants et elle savait qu'avec eux, elle allait passer un agréable moment.  

Ryo avait à peine stoppé le véhicule que la jeune femme s'en extirpait, comme pour s'éloigner un maximum de lui. Elle se retrouva bien vite entourée par plusieurs dizaines d'enfants déguisés, visiblement tous heureux de la voir.  

Le nettoyeur, qui était lui aussi sorti de la voiture, restait en retrait, admirant sa partenaire au milieu de toute la marmaille, là où semblait être sa place. Il regardait avec un pincement au coeur son visage rayonnant et cette lueur pétillante qui brillait dans ses yeux. Elle était heureuse et ça se voyait. Il aurait tellement voulu être à l'origine de ce sourire qui semblait fixé sur ses lèvres ! Mais non, il n'était capable que de la mettre en colère ou alors de la faire pleurer !  

Il repensa brusquement au sourire qu'elle avait arboré quand il avait proposé de l'accompagner, ce même sourire lumineux que celui qui éclairait son visage à l'instant. C'est alors qu'il réalisa qu'il avait également la possibilité de la rendre joyeuse quand il y mettait un peu du sien. Et c'est ce qu'il voulait faire dès leur retour chez eux ! Il savait qu'il n'allait pas pouvoir changer comme cela du jour au lendemain, mais il allait tout faire pour la rendre heureuse ! Elle le méritait ! Après tout ce qu'il lui avait fait endurer ces dernières années, tous ces mots cruels, c'était le minimum qu'il puisse faire !  

Il comprit soudain ce qui l'avait poussé à embrasser Kaori. Il ne voulait plus la faire souffrir, plus l'éloigner de lui... Il voulait qu'enfin ils forment un vrai couple, qu'ils deviennent plus que de simples partenaires. Il ne voulait plus de faux semblants... Il allait lui demander de devenir sa partenaire à part entière... Celle avec qui il passerait ses jours et ses nuits... Oui... Ce soir, quand ils rentreraient chez eux, enfin il lui dévoilerait ses sentiments, lui dirait tout ce qu'il ressentait pour elle. Il...  

Une petite fille, déguisée également en sorcière, le tira de ses pensées lorsqu'elle demanda à Kaori :  

- Elle est où Aki ?  

- Elle est malade et ne pourra pas venir ce soir, répondit Kaori d'une voix douce.  

A cet instant les regards joyeux des enfants se teintèrent de tristesse. Les plus grands comprirent que leur soirée tant attendue était compromise par l'absence de la jeune femme et, en voyant les yeux larmoyants de leurs aînés, les petits se mirent à pleurer sous le regard impuissant de Kaori.  

Elle tenta de les rassurer bien vite en leur expliquant qu'elle savait comment faire disparaître leurs larmes. D'une voix tellement douce qu'elle fit fondre le nettoyeur, elle ajouta :  

- Ne vous en faites pas, nous allons quand même fêter Halloween ! Ryo va nous accompagner et remplacer Akiko !  

Ryo vit à cet instant des dizaines de paires d'yeux se braquer sur lui. Il n'avait jamais accompagné sa partenaire lorsqu'elle se rendait à l'orphelinat alors les enfants ne le connaissaient pas et le regardaient d'un air méfiant. Mais, bien vite, leur joie de pouvoir faire comme tous les autres le temps d'une soirée prit le pas sur leur méfiance et ils se précipitèrent sur le pauvre nettoyeur qui se retrouva rapidement au sol, entouré de tous les petits orphelins.  

Il n'était pas vraiment à l'aise parmi toute ces bambins : il avait plutôt l'habitude d'être entouré de jeunes femmes peu vêtues. Si cela avait été le cas, il aurait su quoi faire mais devant des gamins surexcités, il ne savait comment se comporter.  

Une nouvelle voiture fit son entrée dans la cour de l'orphelinat et, quand ils la virent, les enfants s'éloignèrent rapidement pour se précipiter vers le nouvel arrivant. Ryo resta un instant au sol, reprenant son souffle, heureux d'avoir survécu à «l'attaque » qu'il venait de subir. Un petit rire cristallin lui fit brusquement reprendre ses esprits.  

Ce rire, il l'aurait reconnu entre mille : c'était celui de sa partenaire. Frais, et léger, il n'arrivait pas à y résister. Il se leva et se dirigea vers le troupeau qui s'était formé. Le nettoyeur jeta un coup d'oeil rapide en direction du véhicule. Ce dernier, flambant neuf, avait dû coûter une petite fortune à son propriétaire, mais il était un peu trop clinquant à son goût. Et là, il le vit...  

Il le vit et tout de suite il lui fut antipathique. Ryo regardait, presque avec dégoût, l'homme glisser une main nonchalante dans ses cheveux noirs et poser sur Kaori un regard un peu trop appuyé. Visiblement inconsciente de l'intérêt que l'homme lui portait, Kaori prêtait toute son attention aux enfants qui semblaient être heureux de l'arrivée de celui que l'instinct de Ryo présentait comme un séducteur de pacotille.  

Soudain, son coeur se figea quand il vit Kaori poser un tendre regard sur le nouveau venu. Lui qui pensait que cette lueur lui serait toujours destinée venait de recevoir un choc en s'apercevant qu'elle en pouvait en regarder un autre de la même façon !  

- Merci d'être venu Yûgo ! Je sais que tu as un emploi du temps chargé et je te suis reconnaissante d'avoir tout fait pour pouvoir m'aider à organiser cette soirée !  

L'homme se fit charmeur et se saisit de la main droite de la jeune femme pour lui faire un baise-main.  

- Pour un tel sourire de ta part tu sais bien que je serais capable de beaucoup plus encore Kaori.  

Plutôt habituée à recevoir les piques de son partenaire et ne sachant comment réagir devant tant de gentillesse, Kaori resta fidèle à elle même et se mit à rougir.  

Au même instant, ledit partenaire voyait rouge également, mais pas pour la même raison. Ce blanc bec n'allait pas finir la soirée, il en était sûr et certain ! Il s'approcha alors du groupe, lança un regard noir en direction du nouveau venu et, dissimulant son agacement, demanda à Kaori :  

- Tu ne nous présentes pas ?  

La jeune femme reprit rapidement ses esprits et répondit :  

- ...Mais où avais-je la tête ? Excuse-moi ! Ryo, je te présente Yûgo, un des bénévoles de l'orphelinat. Yûgo je te présente Ryo, le partenaire dont je t'ai déjà parlé.  

Avec une certaine désinvolture, ce qui énerva le nettoyeur, l'homme tendit la main vers Ryo :  

- Je suis enchanté de faire enfin la connaissance du chanceux qui a le bonheur d'être tous les jours auprès d'une femme aussi parfaite que Kaori !  

Ryo se saisit de la main de cet homme que, décidément, il n'appréciait pas du tout. Avec un sourire aimable, il lui serra la main si violemment que Yûgo blêmit sous la douleur.  

Kaori, se rendant compte qu'une fois de plus Ryo ne sentait pas sa force, posa sa main sur le bras de son partenaire pour l'inciter à lâcher le malheureux. Surpris, le nettoyeur regarda la jeune femme et relâcha la pression sur la main qu'il tenait. L'homme s'empressa de la frotter en espérant chasser la douleur.  

Les enfants commençaient cependant à en avoir assez de ces adultes qui ne faisaient plus attention à eux et se rappelèrent à leur bon souvenir. Kaori les entraina donc en direction de la Mini et ouvrit le coffre sous les cris de joie des enfants devant les friandises qui s'y trouvaient. La jeune femme leur proposa de les transporter dans l'orphelinat où ils en profiteraient en fin de soirée.  

Les bras chargés, tout le monde se dirigea donc vers la bâtisse tandis que Ryo et Yûgo se retrouvaient seuls dans la cour, côte à côte. Ce fut Ryo le premier qui rompit le silence :  

- Vous savez qui je suis, mais je n'ai pas l'honneur de vous connaître, vu que Kaori ne m'a jamais parlé de vous !  

Ryo insista bien sur les derniers mots pour lui faire comprendre qu'il devait être insignifiant aux yeux de la jeune femme puisque, contrairement à lui, il ignorait son existence.  

Mais Yûgo ne se laissa pas démonter pour autant. Les mots, les gestes et les regards de Ryo étaient autant de preuves que cet homme tenait à Kaori. Mais il savait aussi qu'ils n'étaient pas ensemble car la jeune femme lui avait précisé qu'il n'y avait rien entre eux. Son regard brillait quand elle parlait de lui et il avait compris qu'elle éprouvait quelque chose pour son partenaire, mais il ne voulait pas s'avouer vaincu. Un homme qui vivait depuis tant d'années auprès d'une femme telle que Kaori, sans la séduire, devait être un parfait idiot et il avait donc encore toutes ses chances. C'est pourquoi il répondit à Ryo :  

- Je n'ai la chance de connaître Kaori que depuis quelques semaines. Je m'étais perdu et je suis tombé sur l'orphelinat. Kaori, qui jouait dans la cour avec les enfants, m'a indiqué mon chemin. Admirant ce qu'elle faisait pour tous ces petits orphelins, j'ai décidé de devenir bénévole à mon tour et de consacrer un peu de mon temps à ces enfants si attachants. Voilà vous savez tout ! Et je pense que, n'étant pas votre petite amie, Kaori a bien le droit de ne pas vous raconter ce qui se passe en dehors de vos heures de travail ! Voilà pourquoi elle ne vous a pas parlé de moi. Sa vie privée ne vous regarde pas !  

Mais ce que Yûgo ne disait pas à Ryo c'est qu'il n'était pas devenu bénévole uniquement pour ça mais bien parce qu'il était tombé sous le charme de la jeune femme. Il s'arrangeait pour être toujours en sa compagnie lorsqu'il passait du temps à l'orphelinat.  

Laissant à Ryo le temps d'assimiler ce qu'il venait de dire, Yûgo se dirigea vers sa voiture, se saisit d'un paquet et se dirigea à son tour vers le bâtiment principal.  

Ryo reprit ses esprits et, ne voulant pas laisser trop longtemps sa partenaire avec ce richard prétentieux, prit la même direction que lui.  

Il avait très bien compris que le bénévole n'était pas insensible au charme de sa partenaire. Il ne lui en voulait pas car qui pourrait résister à ce regard noisette qui avait capturé son coeur solitaire de nombreuses années auparavant ? Qui pourrait ne pas se laisser charmer par cet ange qui avait illuminé sa vie ? Personne, il en était bien conscient, même si jusqu'à présent il s'était refusé à l'admettre.  

En pénétrant dans le bâtiment, il arriva dans une pièce décorée en orange et noir, où balais, citrouilles et autres toiles d'araignées figuraient en bonne place. Toutes les personnes présentes, à l'exception de Yûgo et de lui-même, se trouvaient déguisées ; il y avait des momies, des fantômes et beaucoup d'autres monstres, même si le déguisement le plus représenté était celui de sorcière. Il y en avait beaucoup mais une seule comptait pour Ryo : Kaori ! Il ne se lassait pas de l'admirer; il ne se rendait même pas compte de la présence de ces autres femmes, jeunes et belles elles aussi, qui lui faisaient les yeux doux, espérant attirer son attention.  

S'approchant du groupe d'adultes, il comprit très vite qu'ils n'allaient pas tarder à partir dans les rues de Tokyo. Un homme d'une cinquantaine d'années s'approcha de lui et il devina que c'était le directeur de l'orphelinat. Contrairement à Yûgo, Ryo éprouva tout de suite de la sympathie pour lui. Son air bon enfant et agréable jouait en sa faveur. Il tendit une main à Ryo qui l'accepta et la poignée fut beaucoup plus chaleureuse.  

- Kaori vient de me dire qui vous êtes et je tenais à vous remercier pour votre aide ! Grâce à vous, cette sortie va pouvoir être maintenue !  

Puis se tournant vers le groupe, il leur dit :  

- Prenez chacun deux enfants et amusez-vous bien !  

Les enfants, piaillant d'impatience, se regroupèrent autour de leurs aînés, espérant être choisis parmi les premiers.  

- Un instant ! intervint Yûgo, l'ami de Kaori n'a pas de déguisement ! Il ne peut donc pas accompagner les enfants !  

Ryo comprit que sa présence n'était pas désirée auprès de Kaori et regarda l'homme avec dédain. Il n'en revenait pas : ce blanc bec allait jusqu'à prendre le risque de faire annuler la sortie pour l'empêcher d'accompagner sa partenaire !!! Il dut faire un effort pour garder son calme.  

- Mais vous non plus n'êtes pas déguisé ! affirma le nettoyeur, laissant courir son regard de la tête aux pieds du jeune présomptueux vêtu d'un smoking.  

- C'est juste que je n'ai pas fini de m'habiller !  

Yûgo sortit alors de son sac une cape qu'il enfila et porta la main à sa bouche. Lorsqu'il la retira, ce fut pour présenter un sourire des plus carnassiers, réhaussé de crocs de vampire.  

La nettoyeuse regarda son partenaire et lui dit :  

- Je suis désolée ! Mais j'avais totalement oublié ce détail ! En plus, je n'ai aucun costume à te donner !  

- Si, Kaori ! répondit un enfant, il y a un costume ici qui pourrait lui aller ! Venez avec moi Monsieur !  

Ryo suivit l'enfant qui fut bientôt rejoint par d'autres et ils disparurent rapidement du champs de vision de la nettoyeuse.  

Yûgo, qui trouvait que c'était un excellent moyen pour éloigner Kaori de son partenaire, s'approcha d'elle et lui dit :  

- Et si nous y allions ? Les petits sont impatients de commencer ! Ce serait dommage de les faire attendre !  

- Pars si tu en as envie... Moi j'attend Ryo ! Il a eu la gentillesse de bien vouloir m'accompagner, je ne vais quand même pas le laisser tout seul alors qu'il ne connait personne.  

S'avouant vaincu pour l'instant, Yûgo n'insista pas. Il avait perdu une bataille mais pas encore la guerre ! L'adversaire était coriace mais pas invincible ! Il avait toute la soirée pour faire constater à Kaori qu'il était beaucoup mieux que lui.  

Les minutes défilaient quand, soudain, Ryo fit son retour dans la pièce qui devint tout à coup silencieuse.  

Chapitre: 1 2 3 4 5 6