Chapter 3 :: Partie 3

Published: 03-03-07 - Last update: 03-03-07

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Partie 3  

Privé de son silencieux, la détonation du Magnum de Ryô résonna violemment sur les murs de la ruelle. Il n'avait pas eu le choix, l'inconnu avait réussi à avoir le dessus sur lui et il avait nettement senti une sorte d'aura obscure, quasi démoniaque émaner de lui. Comme bien souvent son arme, sa fidèle alliée, avait fait la différence contre les ennemis les plus redoutables. Cette fois-ci encore, il avait réussi à faire basculer la chance en sa faveur: il avait senti l'homme être projeté en arrière sous l'impact, libérant Ryô de son emprise.  

« Un coup de feu! » hurlèrent deux hommes, sans doute des videurs de la boîte qui accoururent aussitôt sur les lieux. « Qui va là? »  

Sans réfléchir, son instinct prenant le dessus, Ryô se tint sur ses gardes. Etait-ce des comparses de celui qui lui avait donné du fil à retordre ou bien ceux des sbires qu'il avait salués quelques minutes plus tôt? Trempaient-il tous dans un trafic quelconque?  

Le nettoyeur analysa la situation. Il se tourna pour faire face une nouvelle fois à cet inconnu, il devait déjà se débarrasser de lui. La surprise l'attendit: l'homme lui avait faussé compagnie sans bruit et lui, celui dont la réputation franchissait les mers, ne l'avait même pas perçu. Incroyable! Malgré l'impact du Magnum 357, l'inconnu avait encore pu tenir debout alors que même protégé par un gilet pare-balles, toute personne aurait ressenti la violence du coup et ses effets. Enfin, et c'est ce qui énervait par-dessus tout Ryô, cette personne apparaissait et disparaissait avec une facilité peu commune, cela en devenait presque fantomatique. Une chose était certaine cet homme, s'il s'agissait effectivement d'un homme, c’était une menace.  

« Alors c'est toi qui a tiré ?»  

Le tueur de City Hunter vit approcher les deux gars. Rien d'impressionnant. Deux masses de muscles et sans doute autant de réflexion qu'un champignon agonisant dans une soupe de nouilles. Il rangea discrètement son Magnum dans le holster et, la démarche légèrement titubante, il s'avança, sourire idiot aux lèvres. « Ah les filles, hic....je suis un pro du ... hic... » Pour compléter le tableau, il n'hésita pas à gratifier les deux intrus d'un relent dont il avait le secret pour qu'ils profitent du verre de whisky qu'il avait dégusté plus tôt.  

« Je....boire...hic....filles » continua-t-il  

« Mais t'es soûl mon gars! »  

« Je ... hic... pas totalement! » En un éclair il parut sobre, laissant les deux montagnes si surprises qu'ils ne purent éviter son crochet du droit. Il ne fallut pas longtemps pour que les deux sbires finissent au sol, visiblement assommés.  

Satisfait, Ryô voulut rentrer une nouvelle fois dans le bar quand cette sensation désagréable se manifesta de nouveau : la présence était de retour. « Vous êtes venu aider vos amis ? » demanda-t-il en sortant son Magnum.  

« Pourquoi pensez-vous que ce sont mes amis ? ». La voix était étrange, comme vibrante d’une ancienne langue, il parlait un japonais aux accents qu’il n’arrivait pas à identifier.  

« Où est ma partenaire ? ». Ryô le mit en joue, le visant entre les deux yeux, certain de ne pouvoir le manquer.  

« Si elle est entrée ici, elle est morte ! »  

« Morte ! Vous l'avez tué! » hurla-t-il. La rage, la peur, le désespoir traversèrent le corps de cet homme au passé si tumultueux. Sa flamme, ce petit bout de femme avait disparu à jamais… Son index appuya sur la gâchette, la balle vola dans un ralenti qu’il crut éternel, meurtri dans sa douleur. Si Kaori était morte, il ne reverrait jamais son sourire, ses yeux emplis de cette fureur qu’il aimait tant. Il tuerait un à un ceux qui lui avait ça… et se tuerait ensuite.  

L’homme regarda la balle parcourir la faible distance qui le séparait de celui qui s’appelait Ryô Saeba, il avait entendu un des disciples l’appeler ainsi, et le redouter. A en croire la trajectoire du projectile, l’homme savait se servir de son pistolet, car malgré la rage qui semblait emplir son âme, le geste était ferme, droit, sûr. Le nettoyeur le visait à la tête, précis, rapide, efficace… la meilleure cible pour tuer un humain.  

Sans précipitation, l’inconnu glissa sa main derrière sa nuque et la posa sur la garde de son arme qu’il dégaina avant de pourfendre l’air d’un geste. Seule une faible étincelle permit de comprendre qu’il avait dévié la balle de la lame, la projetant sur un des murs.  

« C’est Hell ! » cria une des montagnes humaines en le dévisageant. « Il faut prévenir Aygon ! » L'homme de main se releva mais n’eut pas le temps d’atteindre la porte de service : l’épée de l’inconnu venait de lui perforer le corps de part en part.  

Ryô observait, essayait de comprendre. Tout se passait trop vite ! La disparition de Kaori pour commencer. L’homme à l’épée, ce Hell, qui avait stoppé sa balle de Magnum comme une vulgaire feuille morte. Ce géant qui quelques secondes plus tôt était à demi assommé et qui se relevait sans aucune plaie visible. Enfin le pire venait de se produire, l’homme mort s’était consumé sous ses yeux dans un mélange de braises rougies et de cendres après avoir été tué par la lame d’une épée.  

Il avait trop bu. Il était encore dans son lit ou dans un des bars de Shinjuku. Kaori allait débarquer massue au poing et lui ferait voir toutes les étoiles du ciel. Il était soûl, c’était la seule explication vraisemblable. Kaori….  

« Saeba ! »  

C’était un cauchemar, encore un, et il allait se réveiller une fois encore.  

« Saeba ! »  

Pour la première fois de sa vie, ou du moins depuis qu’il était devenu nettoyeur, Ryô se perdit dans ses pensées au point de relâcher son attention. Il ne remarqua pas la seconde brute qui s’était relevée à son tour et qui s’apprêtait à lui rendre la pareille. Quand il eut repris ses esprits, il vit Hell sortir un pistolet et faire feu. Atteint en plein cœur, le second géant vacilla sur le côté avant de tomber dans un bruit sourd et de disparaître comme le premier… en poussières.  

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