Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: Tjololo

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 7 chapitres

Publiée: 05-08-14

Mise à jour: 19-09-15

 

Commentaires: 9 reviews

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ActionRomance

 

Résumé: Une nouvelle affaire. Une cliente mystérieuse. Une nouvelle épreuve difficile attends nos héros. Sauront-ils y faire face ? La réponse à la lecture !

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ Ultime" sont et restent la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: XYZ Ultime

 

Chapitre 6 :: Plongée dans les ténèbres (Partie 1)

Publiée: 03-05-15 - Mise à jour: 03-05-15

Commentaires: Me revoici, après... 4 mois...ouais, ça fait une belle pause, oui. Mais trêve de bavardages et voici la suite de ma fic ! Il aura été dur à écrire celui-là... J'espère qu'il vous plaira. Sur ce, je vous souhaite bonne lecture !

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7


 

Cette nuit-là, le froid de l’hiver japonais régnait en maître sur la ville. La neige recouvrait les rues et les toits d’un manteau blanc opaque, comme si Tokyo tout entier avait revêtu sa tenue hivernale. Le ciel, lui, était lourdement chargé en nuages noirs comme la suie, signe annonciateur d’une nouvelle averse de poudreuse dans les prochaines heures.  

 

Mais ce soir-là, alors que City Hunter dormait sur ses deux oreilles, d’autres ne pouvaient se permettre ce luxe.  

Dans le quartier de Roppongi, l’un des gratte-ciels dominait aisément les autres constructions. Il paraissait être un géant, une anomalie. De ce gratte-ciel, se propageait l’écho d’une chanson, écho retentissant dans la rue entière, déjà bien animée par les soirées données çà et là, par tous ces bars et ces discothèques.  

 

Le quartier ressemblait à une véritable ruche dont le bourdonnement assourdissant, composé de bribes de musiques et de bruit de foule, s’entendait presque à travers toute la ville, et d’où jaillissaient d’innombrables faisceaux de lumières, dont certains se perdaient dans l’immensité du ciel, d’autres se reflétant sur les parois grises des immeubles, leur donnant alors dans le même temps une teinte colorée unique pour chacun : rose, vert, bleu, rouge, la palette y était au complet.  

 

Surplombant la cité, perché dans le ciel, en plein cœur du building géant, émanait à travers les larges baies vitrées constituant la façade une puissante lumière jaunâtre, ainsi qu’un air de jazz qu’on pouvait presque entendre et apprécier d’en bas. L’étage était en fait une immense salle richement parée, ou se tenait une fête, ou plutôt une réception d’envergure. Les invités étaient très nombreux et tous bien habillés.  

 

La pièce était d’une taille peu commune, occupant l’étage tout entier. Au plafond, culminaient une dizaine d’énormes lustres de cristal, brillant de mille feux et reflétant les lumières de la soirée. Au sol, des dalles blanches, comme du marbre, recouvraient l’ensemble d’un bout à l’autre, sans aucune imperfection, scintillant de concert avec le plafond sous les pas des danseurs.  

 

Au centre se dressait un large bar rectangulaire, avec un comptoir long d’une dizaine de mètres, serti comme les hauts tabourets posés juste devant de velours violacé, sauf sur le haut du comptoir, qui lui était fait en marbre plus blanc que neige. C’est d’ici que partait la musique, un jazz dont les notes semblaient s’envoler, flirter avec le ciel, tentant de s’échapper à l’extérieur.  

 

Plus loin, placée contre le mur est, on trouvait une grande table ou l’on pouvait venir se délecter de petits fours et autres canapés, ou se servir une coupe de champagne. Le meuble faisait presque toute la longueur de la pièce, et était recouvert d’une nappe bleu nuit du plus bel effet. Les gens défilaient autour, profitant du changement de musique pour venir chercher de quoi manger.  

 

Plusieurs serveurs effectuaient sans cesse les allers retours entre la cuisine et la salle, amenant sur des plateaux argentés les gâteaux et boissons que les invités appréciaient tant. A peine étaient-ils arrivés et avaient-ils déchargés, que déjà il leur fallait repartir pour apporter d’autres commandes. Visiblement, la demande était très forte et les gens en redemandaient continuellement.  

 

Alors qu’il marchait vers l’immense table, amenant un plateau chargé d’une dizaine de coupes de champagne, l’un des serveurs, ne regardant pas le sol, se prit les pieds dans quelque chose qui n’aurait pas dû se trouver là, et tomba en avant. Au dernier moment, il vit que quelqu’un lui passa le bras devant le torse, le rattrapant ainsi in extremis et l’empêcha de s’étaler par terre en renversant sa charge.  

 

Le malheureux leva la jambe droite pour garder l’équilibre, puis effectua une série de mini pirouettes acrobatiques, en terminant avec un tour sur lui-même sur presque 360 degrés. Les verres eurent très chaud ; il aurait suffi d’un rien, un minuscule souffle, une pichenette, et tout atterrissait par terre. Mais comme par miracle, à part quelques bulles qui s’étaient échappées du précieux liquide, il n’y eu rien de cassé.  

 

Surpris, le serveur se retourna vers son bienfaiteur, qui lui avait évité la glissade de la honte et sauvé la verrerie de la casse ; fort heureusement pour lui d’ailleurs. C’est alors qu’il vit quelque chose qui le laissa sans voix : alors qu’il s’attendait à ce que la personne l’ayant rattrapé soit un homme plutôt costaud, il n’en était rien : il s’agissait au contraire d’une femme à la beauté fatale, un véritable canon à la chevelure ébène et à la robe de saphir.  

 

- Eh bien, on peut dire que vous avez de la chance, jeune homme ! Un peu plus et vous étiez bon pour ramasser tout ça ! Dit-elle en désignant de son index ganté, le plateau d’argent et la verrerie qui trônait en équilibre un peu instable dessus.  

 

- Heu, haha oui ! Répondit-il dans un rire nerveux, tout en ayant les joues rosies, gêné qu’il était de sa situation. Sans vous, je crois que je me serais fait virer !  

 

Sans plus attendre, le jeune homme se releva, désireux de continuer son travail, d’autant plus que le champagne se faisait attendre à la grande table. Il entreprit de repartir à sa tâche, avant que la femme ne saisisse un verre du plateau et ajoute, non sans un léger clin d’œil :  

 

- On va dire que vous m’en devez une, donc je vous prends ceci en guise de récompense !  

 

Il acquiesça d’un grand sourire, puis tourna les talons, ne voulant pas davantage se faire remarquer.  

 

Saeko esquissa elle aussi un sourire en faisant tournoyer le champagne dans sa main recouverte de noir, avant de se diriger vers le centre de la pièce, dans la direction du bar central de l’immense hall, ou l’attendait, vêtu comme un gentleman, en costume noir et cravate rouge, celui qui, le temps d’un soir du moins, était marié avec elle.  

 

Arrivé au bar de marbre blanc, elle s’y accouda et but une gorgée du liquide doré pétillant, tout en lançant un regard malicieux à l’homme assis juste à côté d’elle.  

 

- Je vois que t’as pas perdu la main ma belle. Toujours aussi habile pour faire tes coups sans te faire voir, hein ? Murmura-t-il en sirotant un cocktail aux couleurs du coucher de soleil.  

 

La policière tiqua mais ne voulut pas le laisser paraitre. A la place, elle rétorqua, sur un ton narquois :  

 

- Oh, tu m’as vu le faire le croche-pied ? Pourtant j’y ai mis tout mon art !  

 

L’homme en costume-cravate termina son verre sans rien dire, juste en la fixant de manière moqueuse, comme pour la provoquer amicalement. Tels deux amis de longue date qui se chamaillent au travail. Un peu comme Ryo et Umibozu, en fait.  

 

Saeko, qui jusque-là était d’humeur enjouée, perdit tout à coup son sourire et susurra à l’oreille de son équipier :  

 

- Alors, t’as quelque chose ? Tu l’as vu ?  

 

- Non. J’ai même pas aperçu l’ombre d’une chaussure de notre bonhomme, en deux heures. Souffla le policier. Et toi ?  

 

- La même. C’est limite désespérant.  

 

- Pourtant on sait qu’il est là. Quelque part dans ce hall. Si ton indic’ nous a pas menti bien sûr…  

 

La plantureuse créature jeta un regard à gauche, puis à droite. S’assurant que personne ne les espionnait. On n’est jamais trop prudent lorsqu’on est sous couverture. Le moindre faux pas peut s’avérer mortel.  

 

Personne ne s’intéressait à eux dans la salle. Ironiquement, c’était en plein cœur de la fête qu’ils couraient le moins le risque d’être surpris. Les invités étaient bien trop occupés à s’amuser, boire et danser pour remarquer deux personnes discuter au bar, d’autant plus que la musique couvrait sans problème leurs chuchotements.  

 

Rassurée, Saeko se concentra sur sa discussion avec l’inspecteur Taguchi. Cet agent était un véritable vétéran, surtout en matière d’infiltration. Il avait mené un nombre impressionnant de missions sous couvertures, sans jamais le moindre incident ni la moindre faille, comme en témoignait le fait qu’il était encore en vie. Personne n’était plus qualifié que lui pour l’accompagner ce soir. Son expérience pouvait se révéler être un indéniable avantage, surtout vu la cible qu’ils traquaient. Alors, elle se devait d’être prudente, de donner son maximum, non seulement pour arrêter le malfrat, mais aussi pour sa sécurité à elle, et à lui. Elle n’avait pas le droit à l’erreur, elle le savait.  

 

- Aucune chance. Mes infos sont toujours fiables. Lança-t-elle, un peu froidement. Cette ordure est forcément là. Ce soir, c’est la signature d’un gros contrat, avec un puissant groupe qu’on suit depuis un moment. C’est pour ça qu’il organise tout ça. Ca fait pas longtemps qu’il est sorti de taule, j’imagine que ça va être les retrouvailles entre eux. La fête n’est qu’une couverture pour son business.  

 

- J’imagine qu’il y a bien deux ou trois gars chargés de surveiller les invités… Faut être prudent sur ce coup-là. D’autant plus que s’il sort tout juste du trou, il va être très méfiant. Je suis sûr qu’il a tout prévu, et qu’il sera pas facile à attraper, l’enfoiré.  

 

- C’est possible. A nous d’être les plus malins. Et pour ça croit-moi, je suis très forte. Dit-elle à voix basse, en lançant un petit regard en coin à Taguchi, non sans insinuer qu’elle avait quelque chose en tête. La soirée ne fait que commencer.  

 

 

**********************************************************************************  

 

Il faisait froid ce soir-là. Vraiment froid. L’hiver nippon se faisait ressentir dans toute sa rudesse. Sur les quais, le froid se faisait plus présent encore qu’ailleurs, du fait de la proximité de la mer. Le gel recouvrait en grande partie les chaines et ancres des bateaux amarrés au port, ainsi que des vitres des véhicules stationnés dehors. Le vent marin agressait la peau de ses griffes gelées, tel une râpe rugueuse qui pèle un fruit trop mûr.  

 

A perte de vue, jusqu’à l’horizon, l’on ne voyait qu’une seule chose : le noir, le noir d’un océan glacial, à la surface bosselé et tordue par les courants, telle un vieil animal, recouverte d’un voile blanchâtre presque transparent, porteur d’un froid comme on en a peu connu.  

 

Malgré l’activité urbaine, et cette ville qui ne dort jamais, l’endroit était calme, presque serein. Le bruit des voitures, klaxons, discothèques et autres musiques ne parvenait que très faiblement sur les docks. Si bien que l’on entendait que les discrètes vagues venant mourir contre les digues de béton, lentement, mais inexorablement, dans un cycle sans fin.  

 

Brisant la tranquillité de cette soirée d’hiver, une grosse berline noire arriva sur les quais, en provenance de la capitale, en arrière-plan. La voiture était imposante, mais étrangement, ne faisait presque pas de bruit, comme si elle approchait furtivement. Arrivée près des entrepôts, la Mercédès s’arrêta. En descendit alors un homme assez chétif, transportant une mallette grise à bout de bras, entièrement vêtu de noir, de la tête aux pieds, tel la faucheuse.  

 

Les lumières des lampadaires se mêlaient à la lueur de la lune et aux reflets des lointaines illuminations de la ville, donnant à la scène une dimension presque surnaturelle. Trois autres hommes sortirent aux aussi de la voiture, bientôt rejoints par une dizaine d’autres, qui attendaient dans l’ombre, tous armés de fusils d’assaut et de puissants révolvers automatiques.  

 

Le plus petit, semblant être le chef, leur fit signe de le suivre, ce à quoi tous obéirent, sans un mot, dans le plus grand silence, uniquement brisé par le son de leurs pas. La bande se dirigea vers un gros bateau, très luxueux, même vu de l’extérieur. Un bateau de riche propriétaire, à n’en pas douter. Lorsqu’il monta sur le pont, la lumière de la lune se refléta sur le chef, qui y grimpa en premier. Mais à part la lueur spectrale d’un œil, il n’y avait rien à admirer : son visage était dissimulé par un masque blanc et rouge, percé au niveau des yeux, du nez et de la bouche, et entouré d’une capuche noire, le faisant ressembler à un fantôme dans la nuit sans étoiles.  

 

Très vite, le petit groupe fut accueilli par d’autres hommes eux aussi habillés de noir et eux aussi très bien armés. Pour éviter les heurts, et une fusillade inutile et sanglante, le petit être fit signe à ses complices de rester en arrière, et continua à avancer seul. Les autres, qui semblaient être au courant de sa venue, l’invitèrent à les suivre, et ils s’engouffrèrent dans un large escalier de bois, qui les mena au pont inférieur, là ou attendait le maitre des lieux.  

 

A peine furent-ils arrivés en bas que la porte de l’une des cabines s’ouvrit, indiquant le chemin à suivre au nouvel arrivant. Ce dernier ne se fit pas prier et y entra, suivit par deux hommes du comité d’accueil, pendant que les autres s’immobilisèrent devant la porte, et se mirent en position de garde. La pièce paraissait étroite vue du couloir, mais il n’en était rien, bien au contraire. Lorsqu’il y pénétra, les lumières s’allumèrent d’un coup, pour célébrer sa venue. Il put alors admirer toute la splendeur de la cabine.  

 

Haute de plafond, la salle était très large. Elle couvrait probablement une grande partie de la surface du pont inférieur du bateau. Sur les côtés, se dressaient deux imposantes bibliothèques chargées de livres aux tranches de toutes les couleurs, donnant à la pièce un aspect ancien mais traditionnel. Au sol, deux grands tapis, l’un plutôt sombre, l’autre un peu plus clair, qui se démarquaient nettement du plancher en bois de l’embarcation. Enfin, le plafond était serti d’un grand lustre de verre, semblable à ceux que l’on trouve dans les palaces. En face de lui, se trouvait un canapé sombre, sur lequel était assis un homme, bras croisés, semblant attende sa venue.  

 

En face de lui se tenait, confortablement assis sur un canapé gris, un homme aux courts cheveux blonds, habillé d’une chemise sans manches bordeaux, qui laissait apparaitre à la vue de tous l’imposant tatouage en forme de félin qu’il portait sur le bras droit et qui remontait jusqu’à l’épaule. Visiblement, c’était lui le propriétaire du bateau, et l’hôte de notre visiteur masqué. Un homme assez effrayant, au premier abord, au rictus malsain.  

 

Son visage, lui aussi recouvert de tatouages, faisait froid dans le dos. A n’en pas douter, ce n’était pas le genre de type avec qui plaisanter. Sous peine de le regretter. Mais étrangement, il semblait heureux de recevoir son invité, et ne manqua pas de le lui faire savoir.  

 

- Ah, je suis content de voir que tu sois passé me voir, Ryusuke. C’est que je m’ennuyais moi, depuis tout ce temps !  

 

S’exclama-t-il tout en se levant et en serrant la main de son compère, avec un accent exotique assez prononcé.  

 

- C’est que j’ai eu quelques ennuis, tu vois. J’aurais préféré venir boire avec toi, mais bon, on fait pas toujours ce qu’on veut.  

Répondit l’homme masqué, sur un ton rauque, comme s’il avait du mal à parler.  

 

- Je t’en prie, assied-toi, reste pas debout. J’me doute que ça a pas été de la tarte en taule, hein ? Demanda-t-il, dans une question rhétorique, à laquelle néanmoins son interlocuteur fit un signe positif de la tête. Tu veux tout de suite parler affaires, ou tu boiras avec moi avant ?  

 

L’invité de l’homme tatoué leva son verre en guise de réponse, tout en prenant place en face de l’autre. On put remarquer que ses mouvements étaient lents, et qu’il avait du mal à bouger correctement. Même un geste aussi simple que celui de s’assoir lui sembla difficile. Le propriétaire du bateau perçut rapidement ce fait et s’en étonna, avant d’ordonner à un de ses sous-fifres de rapporter une bouteille de vin rouge, dans l’optique de trinquer avec son ami.  

 

Quelques instants plus tard, le même sbire était de retour, un grand cru millésimé à la main, et commença à servir les deux confrères, dans des verres de cristal du plus bel effet.  

 

- Alors, on reprend là où on en était la dernière fois, amigo ? Demanda le maitre des lieux. Sa façon de parler ainsi que son ton trahissaient des origines lointaines. Cet homme n’était pas japonais, bien qu’il parlait la langue de manière fluide. Au son de sa voix, on distinguait un accent …hispanique.  

 

L’autre ne dit rien et se contenta d’approuver, verre à la main. Dans un geste particulièrement lent, il souleva la mallette qu’il avait amené avec lui et la posa lourdement sur la table. On aurait pratiquement pu entendre ses os grincer et craquer tant le mouvement paraissait pitoyable.  

 

Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir son bagage devant son collaborateur, ce dernier le pria de retirer son masque. Juste pour être bien certain de son identité. Dans le milieu, la confiance est primordiale, et traiter sans montrer son visage est perçu soit comme un signe de lâcheté, soit comme une insulte. Sans oublier que n’importe qui peut prétendre être n’importe qui…  

 

Afin de lever l’animosité pesante, le plus petit des deux hommes consenti à enlever son masque aux motifs de sang. Ce faisant, il dévoila son visage. Mais ce n’était pas celui d’un tueur, ni d’un homme d’affaire. En effet, c’est une figure ridée, usée par le temps qui se découvrit alors. Derrière ce déguisement de tueur, se cachait un vieil homme, aux cheveux et à la courte barbe blancs comme neige, et à la peau corrodée par les rouages implacables de la vieillesse.  

 

Il y eu un instant de silence dans la pièce. Un silence pesant, lourd comme le plomb. Pendant quelques secondes, on n’entendit rien d’autre que les vagues s’écraser contre la coque. La surprise marquait les traits de l’hôte. Visiblement, il ne s’attendait pas à voir ce qu’il venait de voir.  

 

- Ah ouais, quand même…Je comprends mieux pour le masque… Lâcha-t-il, stupéfait.  

 

Ce à quoi son interlocuteur ne répondit pas, laissant juste échapper un soupir, trahissant son exaspération latente. Il ne releva cependant pas et ouvrit la mallette, dévoilant au grand jour son mystérieux contenu : de l’argent. Une énorme somme d’argent, en grosse coupures. Il y avait là, au bas mot, plusieurs dizaines de millions de yens en billet de banque. La scène arracha à l’homme aux tatouages un grand sourire, émerveillé qu’il était devant cette heureuse vision.  

 

- Comme tu vois j’ai encore de la ressource mon ami. Je pense qu’avec ça, y a de quoi relancer la machine, non ? Demanda-t-il sur un ton moqueur, sachant pertinemment que c’était bien le cas.  

 

- Oh oh oh, ouais mon pote, je crois bien ! Si avec ça y a pas assez, je veux bien être damné ! Business is back ! Exulta le maitre des lieux à vive voix, très heureux de ce qu’il avait sous les yeux.  

 

- Parfait. On va pouvoir reprendre nos activités, cher ami. Mais avant, je vais te montrer quelque chose. Dit le vieil homme en jetant un regard en coin derrière lui. Ça pourrait t’intéresser, tu verras. Ajouta-t-il, avec un sourire carnassier.  

 

 

**********************************************************************************  

 

La soirée battait son plein. La musique, qui était devenue plus entrainante, plus agressive, retentissait toujours aussi fort dans l’immense hall. Les invités étaient aux anges. Peu d’entre eux avait déjà assisté à une fête de cette envergure. Tout était en effet excellent : les plats raffinés, la musique joyeuse, le champagne et le vin coulaient à flot…  

 

Il était deux heures quarante du matin, et de nouveaux convives arrivaient encore. La salle était pleine, et l’ambiance au beau fixe. Tous dansaient, trinquaient et s’amusaient pleinement, profitant de cette soirée mémorable qui allait rester dans leurs mémoires.  

 

Au beau milieu de la piste, une magnifique créature valsait avec grâce dans les bras de son homme. Son sourire laissait transparaitre sa joie ; sa joie de se trouver là, de s’amuser, de profiter de la vie. C’est ce que n’importe qui la regardant se serait dit ou aurait pu se dire. Une femme aussi resplendissante ne peut qu’être heureuse de danser avec celui qu’elle aime.  

 

N’importe qui aurait pu penser cela. Et c’était bien le but de la manœuvre. C’était bien là la force de Saeko Nogami. Car tous ceux qui croyaient voir une jeune femme comblée par ce moment avaient tort. Car, la policière ne s’amusait qu’en apparence. La réalité était tout autre.  

 

Cela faisait déjà plus de trois heures qu’elle et son collègue tâchaient de repérer leur cible. Ou du moins, essayaient de trouver leur homme parmi cette foule dense. En vain pour le moment. Chacun avait les sens en alerte, scrutant chaque recoin de la pièce, dévisageant chaque personne, chaque suspect potentiel, tout en paraissant le plus normal possible, pour ne pas éveiller les soupçons.  

 

La musique s’interrompit quelques instants, ainsi que leur danse par la même occasion. Entre deux morceaux, l’un d’entre eux allait faire régulièrement des allers retours au bar chercher de quoi se rafraîchir, tout en en profitant pour tenter de déceler la moindre trace, la moindre silhouette suspecte qui pourrait les mener à celui qu’ils cherchaient.  

 

La soirée était bien avancée, et ni elle ni lui n’avaient rien vu. A croire qu’on les avait trompés. Si cela continuait ainsi, le couple allait rentrer bredouille. Et ça pour Saeko, il n’en était pas question. L’occasion était trop belle, impossible de la laisser bêtement filer. Ce criminel savait très bien se dissimuler, c’était indéniable. Mais la belle brune était bien décidée à le débusquer quoi qu’il arrive.  

 

Au moment du changement musical, alors que l’inspecteur Taguchi venait de partir en direction du bar, quelque chose interpella la policière. Son attention fut éveillée par un homme faisant des allers retours très réguliers aux toilettes. Il s’agissait peut-être de son malfrat. Ou peut-être pas. La probabilité état faible, mais il fallait tenter le coup.  

 

Ce n’était probablement rien, juste un type ayant bu un petit coup de trop, à la vessie surchargée, voilà tout. Mais c’était possiblement celui qu’elle pourchassait, agissant de la sorte pour cacher quelque chose, ou parler à quelqu’un sans se faire voir. Et si c’était le cas, on pouvait dire qu’il était rusé l’animal. La brune devait en avoir le cœur net.  

 

Aussi, elle n’hésita pas plus longtemps et entreprit de le suivre en toute discrétion, bien sûr. Dans un premier temps de loin, profitant de la foule compacte pour se dissimuler. En effet, bien qu’échancrée et voyante, sa robe bleue comme le ciel lui assurait un très bon camouflage dans cette forêt de vêtements multicolores, dont les teintes allaient du vert au rouge, en passant par le jaune. Cachée ainsi, suivant l’homme du regard, elle ressemblait à une tigresse traquant sa proie, dans un silence et un calme meurtrier.  

 

Elle n’eut pas à attendre bien longtemps avant que celui qu’elle filait retourne une nouvelle fois aux toilettes, passant à travers une lourde et large porte dorée, en direction de l’est. C’était ce que Saeko attendait. Afin de ne pas éveiller l’attention, en particulier celle de hommes de main du malfaiteur, elle ne le suivit pas immédiatement, mais laissa s’écouler environ deux minutes. Car la brune savait pertinemment qu’ils se trouvaient là, quelque part, chargés de surveiller les gens, guettant le moindre faux pas parmi les invités. Le suivre tout de suite aurait été une erreur, et la policière ne la commit pas.  

 

Une fois ce court délai écoulé, Saeko se dirigea à son tour vers les toilettes, d’un pas rapide, afin de simuler une envie pressante. Sa tactique fonctionna, puisque personne ne prêta attention à elle. Après tout, devoir aller au petit coin est une chose parfaitement normale, aucune raison de se méfier. Intérieurement, la brune sourit devant sa propre malice. Un jour, elle se reconvertirait et donnerait des cours de théâtre, car elle possédait un véritable don pour ça, et elle ne l’ignorait pas. C’est ce malheureux Ryo qui, plus d’une fois, en avait fait douloureusement les frais, et qui allait continuer d’en faire les frais d’ailleurs.  

 

Arrivée devant la porte des latrines des femmes, elle entra dans l’une d’entre elle, afin de simuler son action jusqu’au bout. Elle poussa même le vice en versant une partie du contenu de sa coupe de champagne dans la cuvette, pour imiter le bruit de l’urine, au cas où quelqu’un l’aurait suivie, ou se trouverait dans l’une des cabines voisines. Puis, elle tira la chasse, se lava tout de même les mains, avant de ressortir et de se remettre en chasse.  

 

En sortant de là, elle se risqua à jeter un œil par la porte des toilettes des hommes. Quitte à passer pour une obsédée un peu trop curieuse. Elle s’en moquait éperdument. Sous couverture, il faut jouer la comédie, alors quelle différence cela pouvait-il faire, après tout.  

 

Mais elle n’aperçut pas celui qu’elle cherchait. En revanche, elle croisa le regard d’un autre homme, plutôt surpris d’être espionné dans un tel lieu, et par une telle beauté. Aussi, il lui lança un petit clin d’œil lourd de significations, ce à quoi Saeko rougit violement, avant de partir d’ici précipitamment. De toute évidence, il n’était pas là.  

 

C’est alors que la brune remarque quelque chose d’insolite, qui éveilla sa curiosité. En effet, du fond du long couloir sombre, émanait une lumière puissante qui perçait les ténèbres. Une lumière qui n’avait pas lieu d’être. Il n’y avait en effet rien qui nécessitait une telle lumière à cet endroit en cette heure tardive. Rien, ou bien…ou bien elle venait de trouver quelque chose d’intéressant.  

 

Sans tarder, elle s’y dirigea, pressée d’ouvrir cette porte et de découvrir ce qu’il y avait derrière. Et pourquoi pas, avec un peu de chance, trouver l’homme-toilette, ou mieux, surprendre un gros poisson, sait-on jamais.  

 

Cependant, à peine eu-t-elle fait quelques mètres qu’elle aperçut une ombre voiler l’éclat jaunâtre à travers la vitre floutée de la porte. Elle n’eut qu’une poignée de secondes pour réfléchir, et arriva à trouver in extremis un plan lui permettant d’arriver à ses fins.  

 

Aussitôt, la brune fit demi-tour vers les toilettes des femmes et se plaqua dos au mur, guettant le moment ou la personne venant de la pièce éclairée arriverait à sa hauteur. Le temps sembla se suspendre. Des pas se dirigeaient vers elle, à un rythme qui lui parut une éternité. Elle pouvait sentir la froideur du mur contre sa peau, ce mur humide qui sembler ruisseler d’une infinité de gouttelettes sales, qui descendirent le long de son dos, telle une armée glacée. Elle pouvait ressentir son cœur battre la chamade, écrasé par la pression. Chaque seconde sembla se transformer en siècles. Le temps pour cet inconnu de parcourir ce couloir, Saeko crut se trouver dans une autre dimension.  

 

Enfin, au bout d’une petite éternité, un grand homme passa juste devant elle, sans la remarquer. Ce n’était pas celui qu’elle avait suivi, mais tant pis. Trapu, habillé d’un élégant ensemble bleu foncé et d’une cravate noire, l’homme retourna dans le hall, sans se douter le moins du monde de la présence de la policière, à peine quelques mètres derrière lui.  

 

La brune souffla de soulagement. Il ne l’avait pas vu. Il s’en était fallu de peu. Bien qu’encore stressé, l’adrénaline offrit un petit booste appréciable à la jeune femme, qui, tout en abandonnant son verre par terre, en profita pour se faufiler le long du couloir, toujours sans bruits, puis de passer à travers la porte d’où émanait cette fameuse lumière.  

 

A partir d’ici, elle se savait et se considérait en territoire ennemi. C’est pourquoi elle passa sa main sous sa robe, et en sorti une arme, un petit révolver compact, de calibre léger, très pratique pour ce genre de missions car facile à dissimuler. En effet, qui songerait à ce qu’une femme comme elle cache ce genre de choses sous sa robe ? Pas grand monde, à part ceux qui la connaissaient bien.  

 

Soudain, elle entendit à nouveau des pas. Venant de devant elle cette fois. Ils n’avaient pas mis longtemps. Moins d’une minute et la voilà déjà repérée ?  

 

Elle avança de quelques centimètres, dos au mur, arme à la main, prête à faire feu. Elle avait déjà envisagé la décision la plus sage, c’est-à-dire se retirer et revenir dans le hall, mais sa volonté de continuer fut la plus forte. Elle risqua un rapide coup d’œil, pour jauger la situation. Ce qu’elle vit la rassura légèrement. Dans le couloir adjacent au sien, il n’y avait qu’un seul homme. Rien n’était encore perdu dans ce cas.  

 

Dans un élan de courage, ou de folie, Saeko rangea promptement son révolver et alla à la rencontre du garde, sans montrer le moindre zeste de peur, n’écoutant que son instinct. La brune avait un plan.  

 

- Excusez-moi cher monsieur, je ne trouve pas les toilettes ! Vous pouvez m’aider ? demanda-t-elle d’une voix innocente, jouant son rôle à la perfection.  

 

L’autre, bien que surpris, ne tenta rien de dangereux. Haussant un sourcil, il se dirigea vers elle dans le but de la faire sortir d’ici. Qu’importe la raison, cette femme venait en effet d’entrer dans une zone interdite aux visiteurs, et il allait devoir la faire partir au plus vite, le tout sans la brusquer, et sans donner l’impression de cacher quelque chose.  

 

- Eh bien, vous vous êtes perdue ma p’tite demoiselle ? La toisa-t-il du haut de son mètre quatre-vingt-dix, en avançant à sa rencontre.  

 

Saeko sourit intérieurement. Ce nigaud était tombé dans le panneau. Elle allait utiliser une autre de ses compétences… Une compétence très efficace sur les hommes, et ce depuis la nuit de temps.  

 

- Oh oui, je crois que me suis perdue… Souffla-t-elle en se collant langoureusement à lui, pressant sa poitrine contre la sienne.  

 

L’homme fut complètement déstabilisé par ce retournement de situation qu’il n’avait pas escompté. Une femme pareille, ici, pour lui ?! C’était trop beau, c’était irréel ! Cela ne pouvait pas être vrai ! Lui qui n’avait pas eu de femme depuis trop longtemps à cause de son boulot, allait enfin pouvoir rattraper son retard. Et de quelle manière ! Il en salivait déjà, rien que d’imaginer ce qu’ils allaient bien pouvoir faire, tous les deux, seuls ici… Mais avant ça, il devait s’assurer que ce n’était pas une blague. On ne sait jamais.  

 

- Mais, mais…et votre mari ? Ça vous dérange pas de tromper votre mari comme ça ? Demanda-t-il en bégayant, décontenancé.  

 

Pour toute réponse, Saeko leva la jambe droite, dévoilant ainsi une partie de sa féminité aux yeux et pour le plaisir du garde, tout en se léchant les lèvres dans un geste sulfureux.  

 

- Il n’en saura rien, alors laissa-vous allez… Dit-elle en approchant ses lèvres de celles du grand homme, qui ferma les yeux, se préparant à un baiser torride, et qui fondait déjà de plaisir.  

 

Mais malheureusement pour lui, il ne reçut jamais de baiser. Il ne senti jamais les lèvres de braise de la brune pulpeuse venir caresser les siennes. En revanche, il sentit distinctement quelque chose de froid dans son cou. Comme une vive sensation de brulure…  

 

Il n’eut que le temps de rouvrir les yeux et de comprendre ce qui lui arrivait qu’il s’écroula au sol, profondément endormi. Saeko, toujours dans sa position aguicheuse, assista à sa chute vers le carrelage gris, aiguille à la main, un sourire malicieux sur ses lèvres rouge feu.  

 

« Désolée l’ami, mais t’aurait dû te douter de quelque chose aussi. » Lâcha-t-elle ironiquement, plus pour elle-même que pour le pauvre homme, qui allait passer un très long moment dans les bras de Morphée, avant de reprendre sa route.  

 

Après plusieurs minutes à explorer le dédale apparemment sans fin de l’étage, sans rencontrer personne, la brune arriva devant un petit ascenseur rouge, dans un coin très mal éclairé. A n’en pas douter, cet ascenseur menait à un endroit secret, bien caché de la vue des gens. Elle se dit alors qu’elle touchait au but. Cet engin n’avait en effet aucune raison d’exister.  

Pour se rendre aux étages supérieurs ou inférieurs, il suffisait de prendre le grand ascenseur central de l’immeuble, qui de plus était bien plus large, plus luxueux et sans doute aussi beaucoup plus sûr. Sur celui-ci, la peinture s’écaillait çà et là, et des traces d’humidité verdâtres coulaient le long de ses portes, témoignant de l’ancienneté de l’installation, et probablement de son mauvais entretien. Pourquoi dès lors, cet ascenseur se trouvait-il là, si ce n’est car il menait à un endroit inaccessible autrement ? Un lieu gardé secret, ou personne ne devait pénétrer… Un lieu, qui sans nul doute, pouvait abriter quelque chose d’illégal. Ou mieux encore…  

 

La brune en était persuadée maintenant, elle venait de faire une découverte intéressante. Sans attendre, elle s’y engouffra et appuya sur le l’unique bouton du pavé de contrôle. Elle ne savait absolument pas ou cela allait la mener, mais qu’importe, elle était prête à y faire face, révolver en main. Au bout de quelques secondes, l’ascendeur s’immobilisa à l’étage supérieur. Il ne l’avait pas mené bien loin finalement. Elle en sortit, pointant son arme devant elle, au cas où, par réflexe professionnel.  

 

Elle ignorait ou elle se trouvait précisément. Il n’y avait aucune lumière ; juste les reflets des néons de la ville, des centaines de mètres plus bas, ainsi que la lueur blafarde de la lune, à travers l’immense baie vitrée faisant office de mur extérieur. A peine de quoi voir à deux ou trois mètres devant soi. Et encore, cela n’était valable que dans le large couloir ou la policière avait atterri. Car dans le dédale qui s’offrait à elle, l’obscurité était quasiment totale. Ne voyant pour ainsi dire pas grand-chose, elle sorti une lampe de poche du même endroit que son revolver, et entreprit d’explorer cet endroit, bien déterminée à débusquer sa proie.  

 

Sortant de l’ascenseur, la brune avança lentement, sa lampe dans la main gauche et son arme dans la droite, prudemment, à pas de loups, en essayant de masquer au mieux sa présence. Le danger pouvait surgir à tout moment, elle devait rester sur ses gardes… Clairement, elle ne faisait pas la fière, seule dans le noir presque total. Peut-être aurait-elle dû attendre son coéquipier… Mais elle aurait alors perdu du temps et cela aurait diminué ses chances de réussite. N’écoutant que son courage et sa détermination, Saeko se lança donc dans l’exploration de cet étage plongé dans l’obscurité.  

 

Cependant, ce que la policière ne savait pas, c’est qu’elle venait de devenir elle-même une proie… Une paire d’yeux luisants, perçant les ténèbres, venait de la prendre en chasse.  

 

A suivre…  

 

 

 

 

 

 


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