Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: cecoola

Status: To be continued

Series: City Hunter

 

Total: 6 chapters

Published: 28-06-04

Last update: 13-09-04

 

Comments: 19 reviews

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General

 

Summary: Et si Ryô n'était pas le seul survivant de l'avion? Si une possible personne serait encore vivante, qui serait-elle et le connaîtrait-elle? Aurait-elle eu le même destin que lui?

 

Disclaimer: Les personnages de "Entre hier et demain." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Entre hier et demain.

 

Chapter 4 :: Chapitre 4 : Chance Time, chacun à sa façon.

Published: 27-08-04 - Last update: 27-08-04

Comments: Cecoola, le grand retour. Bon, je dis ça uniquement parce que, comme je vais retourner à l'école, mes journées seront un peu mieux prévisibles et mes MAJ plus régulières. Dans ce chap, j'ai voulu mettre en avant le même laps de temps, mais vécu différemment par trois partenariats. J'espère que j'ai réussir à tout décrir comme il se doit sans pour autant que ce soit répétitif. Je passe un petit encouragement général à tous les écrivains pour les encourager (c'est le cas de le dire) à persévérer et à nous faire rêver grâce à leurs histoires. Je vous embrasses tous et toutes et vous souhaite une bonne lecture.

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6


 

Malgré le médicament, Saeko se réveille assez tôt dans la matinée. Il fait d’ailleurs encore nuit à l’extérieur et elle entend seulement les saouler des bars de quartier de Shinjuku quitter leur coin de beuverie. Elle jette un coup d’œil à l’horloge de la chambre, il n’est qu’à peine quatre heures du matin. Enfin, elle aura quand même dormi sept bonnes heures… Ce qui soit dit en passant bat tous ses records depuis qu’elle est entrée dans la police.  

C’est uniquement après quelques instants qu’elle se souvient un peu plus précisément de l’endroit où elle se trouve, ou plutôt, à qui appartient cet endroit. Elle jette un coup d’œil circulaire à la chambre sans y découvrir immédiatement la silhouette de son hôte. L’inspectrice s’attendait à apercevoir My Lady endormie dans le sofa, mais ni ce divan ni même la chaise en osier n’accueillent de dame désirant se reposer.  

Assoiffée, Saeko décide de se lever pour boire une gorgée d’eau dans la salle de bain. Son pas est un peu hésitant lorsqu’elle se tient debout, aussi doit-elle s’appuyer sur le mur pour ne pas perdre l’équilibre. Mais alors que son niveau de point de vue est un peu plus large, elle peut enfin voir la mercenaire assoupie.  

Saeko reste quelques moments interdite face à un tel spectacle : My Lady est assise contre un mur de la chambre, la tête enfuie dans ses genoux repliés. Cette vision lui fait vraiment penser à une personne victime de la guerre, entourée de centaines d’autres malheureux qui ne savent plus quoi faire ni où aller. Cette dame qui semble beaucoup plus jeune que son âge est en train de dormir comme si elle était enfermée dans une cellule pourrie, comme si elle se protégeait d’un danger persistant qui l’entoure depuis des dizaines d’années.  

Oubliant son envie d’eau, Saeko se rassied sur le lit, tout en continuant à fixer son regard sur l’inconnue. A cet instant, un bon nombre de questions lui parvient à l’esprit : est-ce qu’elle dort toujours comme ça, où est-ce uniquement parce qu’elle lui a laissé son lit ? Et même si c’est à cause de sa présence ici, pourquoi ne pas avoir plutôt employé le sofa ou le fauteuil en osier ? Est-ce qu’il arrive parfois à Ryô d’avoir besoin de dormir dans cette position ? Et Falcon ?  

Et, tout compte fait, pourquoi se pose-t-elle ce genre de questions aussi ? Ce n’est pas vraiment ses oignons, même si cette histoire semble l’avoir enrôlée au même titre que City Hunter ou Falcon. Et, même si elle ne le comprend qu’à présent, elle se rappelle que My Lady le lui avait fait remarquer la veille au soir.  

- Cette femme, songe-t-elle en contemplant encore longuement la mercenaire. Maintenant que j’y pense, un étrange sentiment est né en moi dès que je l’ai aperçue et il n’a cessé de se développer au fur et à mesure que mon regard se fixait sur elle. Je ne connais pas ce sentiment, j’ignore s’il est bon ou mauvais. C’est comme si… quelque chose me poussait à lui accorder une confiance aveugle ; ce qui n’est vraiment pas dans mes habitudes, avec personne pas même avec un proche.  

 

Finalement, elle s’étend à nouveau sur le lit rouge pour deux personnes. Elle effleure les draps des doigts et se demande combien de couples sont déjà venus faire l’amour dans ce lit, et l’ont déjà fait dans ces draps. Encore une drôle de question qu’elle se pose pour une femme comme elle, surtout que celle-ci est d’une idiotie inégalée. Et comme si le Ciel voulait la défier en répondant à cette unique question futile, la chambre juste derrière sa tête lui fait entendre un long râle féminin.  

Exaspérée, Saeko se couvre du drap rouge, certaine de ne plus pouvoir se reposer à présent qu’elle est réveillée. Mais il faut croire que le Ciel ne veut plus lui donner raison depuis quelques jours car elle s’endort peu de temps après.  

 

 

 

Ryô ne parvient pas vraiment à trouver un sommeil très profond ; il se réveille pratiquement toutes les demi heures. Fatigué de jouer ce petit jeu stupide avec un sommeil qui de toute façon ne viendra pas, il décide de sortir s’aérer un peu. Il chipe un paquet de cigarettes froissé sur sa table de nuit et monte les escaliers qu’il a gravi des milliers de fois et continuera sans doute cette même ritournelle tant qu’il vivra dans cet appart’ ; ceci ne s’arrêtera alors qu’à sa mort, sans aucun doute.  

 

Prenant une bonne bouffée de cette fumée nocive, Ryô se laisse une fois de plus envahir par l’atmosphère à la fois calme et festival de son quartier. En parlant de nocif, il a souvent remarqué que les campagnes anti-tabac n’ont pas fait long feu dans le quartier de Shinjuku… Drôle de pensée quand on y pense réellement, et d’une importance si capitale que Ryô se demande pourquoi il y pense à cet instant précis… durant ce Chance Time précis.  

Comme quoi, l’ambiance a pris une étrange tournure depuis l’apparition de My Lady dans ce pays. Mais quelle est la raison de sa présence au Japon, et de quoi l’a-t-elle prévenu en lui envoyant ce message codé ?  

Quoiqu’il en soit, elle est vraiment exceptionnelle cette femme. Elle a pris le temps pour se renseigner sur son compte avant de venir ici. Quand il la rencontrera, ce qui ne devrait plus tarder, il faudra qu’il lui pose quelques questions en ce qui la concerne.  

Mais par politesse, il devra également la remercier d’avoir aidé Kaori la veille… Celle-ci a craché le morceau en rentrant à la maison quelques heures plus tôt. Elle est persuadée que c’est My Lady qui l’a sauvée, et lui également.  

En repensant à cette conversation, une partie du dialogue qu’il avait eu avec sa partenaire se recompose dans sa mémoire.  

*- Elle te ressemble beaucoup, Ryô, lui avait-elle dit. Mais elle est aussi complètement à l’opposé de ton caractère, je crois.  

- Nous avons tout appris dans la même guerre, lui avait-il répondu en haussant les épaules. Elle a peut-être un peu plus gardé l’odeur d’autrefois, ce qui signifie tout simplement qu’elle n’a pas su complètement se détacher de sa vie dans la jungle.  

- Et toi ?  

- Disons que moi… J’ai eu la chance d’avoir plusieurs personnes pour m’entourer et me sortir de là. Sinon, au début, je dois t’avouer que je vivais pareil qu’à ce moment-là…  

- Mais… avec le temps…  

- Le temps n’a pas vraiment de force sur nous, tu sais, quand on a vécu des années de guerre. Nos blessures ne s’effacent pas grâce à lui, mais uniquement grâce à nous. Le problème est qu’il est très difficile de vivre d’une autre manière que celle qu’on t’a enseigné et carrément encré dans la plus infime parcelle de ton corps. Vivre autrement n’est pas accessible si l’on est seul. C’est du moins ce que j’ai conclu lorsque j’ai seulement compris que je changeais.  

- Ca a pris du temps ?  

- Beaucoup de temps. Et il y a encore des jours où je me rends compte que j’ai gardé certains tics, même s’ils n’apparaissent que très rarement.  

- C’est bien alors… Si tu sais vivre normalement.  

- Mais ce n’est pas donné à tout le monde ma belle.  

- Et My Lady ?  

- Je ne pense pas qu’elle a eu la chance d’avoir une partenaire aussi extraordinaire que toi.*  

Kaori avait rougit, évidemment. Puis ils s’étaient séparés, chacun dans leur chambre…  

 

Un autre souffle enfumé le sort de cette conversation avec sa partenaire.  

Ryô se souvient parfaitement de la vie qu’il menait après la guerre, cette vie était encore plus difficile et lugubre que dans la jungle à vrai dire. Car les tords ressortent d’une façon ou d’une autre lorsque l’on mélange une vie sauvage au milieu d’une société moderne. C’est un peu comme si on ramenait dans notre époque un homme préhistorique. Quand on y réfléchit un peu, un mercenaire qui se bat pour survivre n’est pas tellement plus évolué que l’était l’homme préhistorique avec ses vêtements en peau de mammouth et sa grosse masse à la main…  

My Lady… pourquoi tant de mystère autour d’une seule femme, autour d’un simple mercenaire ?  

Et surtout, pourquoi, pour la première fois de sa vie, désire-t-il tant rencontrer un adversaire ? Peut-être parce qu’il s’agit d’une femme, mais Ryô sait quand même résister à ses instincts, surtout face à une femme pareille. Et puis, depuis qu’il a décidé d’être un peu plus tendre avec Kaori, il ne saute sur les jolies filles que par habitudes, et par moment ; quand les massues lui manquent un peu !  

- Ah, mais comment est-ce que je fais pour toujours finir par penser à elle, même si je réfléchis à une chose qui n’a aucun rapport sur elle ??? Je suis un véritable dopé de sa drogue, ma parole !  

- Penser à qui ?  

Ryô se retourne. Perdu dans ses rêveries, il n’avait même pas remarqué la présence de sa partenaire derrière lui. C’est très mauvais signe ça, il a intérêt à se mettre sur ses gardes s’il ne désire pas avoir des problèmes plus tard.  

Ne pouvant lui mentir, il préfère ne pas répondre du tout à la question de Kaori et il fixe à nouveau son attention sur la ville en mouvement. Quelques secondes plus tard, il sent un tissu passé sur ses épaules seulement couvertes de son T-shirt dont il a retroussé les manches.  

- Ce n’est pas prudent de sortir ainsi par un temps pareil la nuit, Ryô, lui murmure Kaori avec ce sourire à en damner un saint. L’automne est déjà là, tu sais, et ce ne serait vraiment pas prudent que tu prennes froid.  

- Je n’ai pas froid.  

- Parce que, quand tes pensées vont au-delà de ce toit, tu n’apercevrais même pas une bombe exploser à côté de toi, ironise la jeune femme. La preuve est que tu ne m’avais même pas entendue monter, n’est-ce pas ?  

Il n’a pas le droit de nier cette accusation complètement vraie.  

- Et puis, de toute façon, je sais aussi que même si tu avais froid, tu serais monté avec ton sempiternel T-shirt retroussé, soupire Kaori en se positionnant de la même façon que son partenaire. En tout cas, je dois avouer que cet air frais me fait un bien fou !  

- Je t’ai réveillée en montant ?  

- Je ne dormais pas vraiment…  

Ryô passe son bras autour des épaules de sa partenaire et l’attire un peu plus près de lui. Pour Kaori, ça ne cache pas beaucoup de sens, son frère aussi faisait pareil. Si seulement elle pouvait comprendre le sens plus caché de ce geste. Mais elle est très naïve, sa petite Kaori, et jamais elle n’ira imaginer de tendres mots dans un geste aussi simple.  

- J’étais en train de repenser à ce que tu m’as dit au sujet de My Lady, finit-il par lui dire.  

- A quel sujet ?  

- Qu’on se ressemblait beaucoup…  

- Et ?  

- Je ne sais pas. Je n’ai jamais eu la chance de la rencontrer, pas même lors d’un combat alors qu’on était dans deux camps opposés. Mais… j’ignore pourquoi, j’ai envie de la rencontrer. C’est la première fois que je meurs d’envie de rencontrer un ennemi.  

- Méfie-toi Ryô.  

Etonné, Ryô tourne le visage vers celui de sa partenaire qui le regarde avec des yeux froncés.  

- Si tu lui sautes dessus : de un tu auras droit à la plus grosse de mes massues, de deux tu te démerderas pour te faire à manger le reste de ta vie.  

Ce disant, la jolie Kaori a bien entendu viré au rouge éclatant sur ses deux joues et a dévié le regard comme si l’immeuble en face avait soudain un attrait irrésistible. Tel est pris qui croyait prendre, ce proverbe siérait parfaitement avec ce qui vient de se passer. En voulant reprocher son air dragueur à son coéquipier, Kaori se rend compte qu’il pourrait très facilement lui dire que son départ l’arrangerait très bien.  

Ryô se met à rire gentiment en regardant les rougeurs de sa douce partenaire. Décidément, bien des choses changent avec le temps… même ses propres résolutions.  

- Kaori ?  

- Hum ?  

- Je n’aime pas trop la deuxième des conséquences. Alors je te promets de rester aussi sage qu’une image.  

Interloquée, Kaori cherche le regard de son partenaire qui ne s’est même pas dévié. Dans ces yeux sombres, elle peut y découvrir un éclat qui lui était encore inconnu jusque là.  

- C’est une promesse ?  

- C’en est une, oui.  

 

Kaori offre à son coéquipier son plus beau sourire… Et au fond de son âme, le nettoyeur sent que la dernière grosse barrière vient d’être complètement détruite. Elle se tient là face à lui, et lui l’idiot, il a déjà un bras autour de ses frêles épaules. D’un mouvement qu’il ne contrôle à vrai dire plus très bien, il fait pivoter le corps de sa partenaire pour qu’elle se dresse bien face à lui. La jeune femme ne comprend pas très bien ce qui est en train de se passer, mais au fond d’elle-même, elle sait que c’est une chose bien… du moins l’espère-t-elle. Et le visage de Ryô se rapproche, avec une lenteur qui pourrait paraître exaspérante si seulement l’un ou l’autre comprenait réellement ce qui va arriver.  

Finalement, l’image de ce qu’il est en train de faire se dessine visiblement dans le cœur de Ryô. Il aurait du s’en douter lui, dès qu’il a compris que les barrières étaient toutes détruites et qu’il n’avait plus d’endroit où s’enfuir. Le visage de Kaori n’est plus qu’à quelques centimètres de lui, alors comment pourrait-il renier ce qui va fatalement se produire d’ici quelques secondes ? Et puis, ne s’est-il pas promis de ne plus provoquer de peine à cette jeune femme, de ne plus la faire souffrir inutilement à cause de son propre égoïsme ? Alors, à présent qu’il a compris ce que son cœur a décidé de faire, lui-même a pris la décision de ne pas s’enfuir.  

La jeune femme continue à le regarder ; ses yeux le dévisagent à la fois affolés et émerveillés. L’instinct féminin a sans doute saisi ce que l’instant va bientôt lui apporter. Ryô sourit, devant les yeux de plus en plus grand ouverts de la jeune novice.  

- Ah non, murmure-t-il. Quand on s’embrasse, il faut fermer les yeux.  

Elle a déjà entendu ça quelque part, ça fait déjà un bon bout de temps à présent. Et aujourd’hui, elle peut se laisser aller : son idiot de partenaire sait que c’est elle aujourd’hui.  

Voilà pourquoi elle obéit sagement. Elle ferme les yeux, sent les doigts de Ryô relever avec une douceur infinie son visage pour finalement poser ses lèvres sur les siennes.  

C’est fou ce qu’un baiser, un simple petit baiser, peut provoquer chez un homme et une femme qui s’aiment tendrement d’un amour non avoué.  

 

 

 

Miki sort de son lit à contre cœur. C’est bien la première fois ; ce que son époux ne manque pas de lui faire remarquer. La jeune femme lui sourit avec effort et ouvre grands les rideaux de leur chambre. Le soleil lui avec peine ce matin, mais envoie quand même des rayons assez lumineux pour la faire ciller des yeux durant un instant.  

Une journée douce s’annonce, si belle qu’on ne pourrait pas croire qu’elle pourrait se finir en carnage.  

Elle n’a pas passé une bonne nuit ; on pourrait pratiquement appeler ça une nuit blanche vu qu’elle se réveillait pratiquement toutes les cinq minutes. Ca aussi, Falcon le lui fait remarquer.  

- Et toi ?  

- Je n’ai jamais été capable de me sentir rassurer lors d’un « Chance Time ». Donc, je me repose mais ne dors pas.  

Miki vient se rasseoir sur le matelas du lit double et dévisage longuement Falcon qui n’a toujours pas bougé d’un pouce.  

- J’ai peur, mon chéri, finit-elle par avouer. D’une peur si intense qu’elle me fait trembler. Je n’en avais jamais ressentie d’aussi terrifiante auparavant. Le pire est que j’ignore en fait la raison de cette crainte.  

Elle ne ment pas : même aveugle, il la sent trembler. Et puis, il ressent surtout que l’assurance de la femme qu’il a toujours connue et épousée s’est littéralement transformée en son opposé. Mais que peut-il dire pour la rassurer ? On ne lui a jamais enseigné un tel art qu’est le réconfort, et les paroles sont encore moins ses alliées. Il se lève néanmoins et lui propose une petite séance de tir dans la salle d’à côté. La jeune femme acquiesce en souriant, même si elle ne peut s’empêcher de rigoler intérieurement sur le ton un peu gêné et perturbé de son mari lorsqu’il lui a posé la question.  

 

Tout compte fait, Falcon a gardé des anciennes habitudes qu’il avait acquises lorsqu’il était le mercenaire qu’elle avait jadis rencontré sur un champ de bataille. Elle se souvient parfaitement qu’un Chance Time était souvent l’occasion pour tous de dormir paresseusement, de se ressourcer en alcool bien souvent et de se foutre pas mal du règlement interne au camp. Durant ces quelques heures de répit, l’ambiance prenait parfois une allure si désordonnée qu’elle se demandait comment une telle troupe pouvait s’engager en toute confiance au combat.  

Quoiqu’il en soit, elle a toujours connu quelques hommes qui faisaient exception à cette règle de « laissser-aller ». Falcon en faisait partie, bien évidemment. Au lieu de se vautrer dans l’alcool ou dans un lit tout simplement, il préférait veiller au loin, surveiller ce qui pourrait se passer au alentour. Avec son mentor, ils élaboraient généralement l’une ou l’autre tactique qu’ils transmettaient à la dernière minute aux autres soldats. Et puis, lorsque tout ceci était accompli et qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire qu’attendre, Falcon prenait généralement son arme, toujours la même malgré les conseils rigoureux de ses camarades à la remplacer pour une plus neuve et moderne, et il tirait… tout comme aujourd’hui. Parfois en visant la tête, parfois le cœur, parfois sans viser du tout, mais il lui a toujours été nécessaire de sentir le chien s’enclencher, de résister à la force opposée de la balle qui s’éjecte de l’arme, d’entendre l’impact de celle-ci sur la cible.  

Lors d’un Chance Time, Miki a toujours eu l’occasion d’admirer l’adresse de son soldat chéri et de profiter de ses conseils pratiques.  

- Je me demande ce qu’est en train de faire My Lady, murmure-t-elle au bout d’un moment, sans même se rendre compte qu’elle s’est adressée à son époux à voix haute.  

- Elle attend, tout simplement.  

- Et Ryô ?  

- Ah, celui-là…  

Malgré la tension qui reste encrée en elle, la jeune femme ne peut retenir son rire. Il est vrai que Ryô Saeba est décidément le soldat le plus indescriptible qui doit exister sur terre.  

- On va se prendre une bonne douche ? propose-t-elle, une idée malicieuse derrière la tête.  

- OK, vas-y, répond naïvement Falcon. J’irai après toi.  

- Tu m’écoutes quand je te parle ? fait-elle avec un ton de reproche parfaitement bien joué. J’ai dit on. Je te parle de toi et moi, ensemble.  

- QUOI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!  

La réaction est immédiate et le rouge tout aussi prompt sur le visage de son doux mari.  

Tout compte fait, ce n’est pas si difficile de se détendre avec quelqu’un comme Falcon à ses côtés.  

Miki tire la langue avant d’embrasser son époux et de vite se diriger hors de la salle de tir. Et comme une mauvaise blague ne peut se terminer par la victoire totale et écrasante d’une femme, elle le supplie de ne pas trop la faire attendre car elle n’apprécie pas vraiment les douches froides.  

Le pauvre Falcon restera planter comme ça encore une bonne dizaine de minutes avant que ses rougeurs ne se dissipent (très) légèrement de ses joues. Il soupire en réalisant néanmoins que sa femme s’est quand même détendue… bien qu’elle aurait pu trouver une autre façon pour y parvenir.  

 

 

 

Le soleil passe à travers un coin mal fermé des rideaux bordeaux de la chambre, ce qui réveille presque directement la jeune femme assise contre le mur. My Lady redresse la tête et se lève presque aussitôt, évitant de faire du bruit pour laisser l’endormie tranquille. Elle se dirige calmement vers l’ouverture que le rideau a laissé pour regarder l’agitation de la nouvelle journée.  

- Tiens, songe-t-elle. Déjà ?  

Après avoir soupiré longuement, un sourire ironique dessiné dans un coin invisible de ses lèvres rouges, elle se dirige vers la salle de bain pour se prendre une bonne douche. La journée ne s’annonce pas de tout repos, apparemment, et c’est loin d’être une simple intuition.  

Saeko est bien vite réveillée par le bruit de l’eau, mais pour une fois, elle paresse un peu dans le lit. Elle n’aurait jamais cru qu’elle serait capable de se rendormir en pleine nuit, ce n’est pas dans ses habitudes pourtant. Enfin, les deux heures trente en plus lui ont fait un bien fou. Elle se lève, s’étire et remarque qu’elle aussi prendrait bien une bonne douche.  

My Lady ressort de la salle de bain en annonçant que la place est libre pour Saeko. La mercenaire n’est qu’à peine couverte d’un drap en éponge, ce qui laisse à nouveau à découvert quelques unes de ses nombreuses cicatrices.  

- Je vous ai préparé un autre essuie sur le lavabo, lui dit-elle en secouant la tête avec nonchalance tandis que ses longs cheveux profitent de leur liberté pour balayer l’air.  

- Je pense que je vais retourner chez moi, plutôt. J’ai besoin de me changer complètement.  

- J’ai des vêtements pour vous, si vous le désirez. Mais il est vrai que je ne saurais trop vous aider en sous vêtements vu que je n’ai pas pour habitude d’en porter. Je crois par contre qu’il y a moyen d’en obtenir en bas. Je m’habille et vais vous en chercher.  

- Et vous faites comment ? ne peux s’empêcher de demande Saeko. Je veux dire… sans lingerie.  

- Comme le faisaient les japonaises il n’y a pas encore si longtemps…  

Si Saeko avait gardé son humeur habituelle, elle aurait très certainement monté sur ses grands sabots avec une réponse aussi stupides qu’arrogante. Mais il n’y avait pourtant aucune arrogance dans ce qu’a dit My Lady, juste une vérité platement décrite. L’inspectrice dévisage encore un instant celle qui lui fait face, en constatant avec surprise une posture qui lui est assez familière. Mais elle ne parvient à pas à se souvenir où elle a déjà eu l’occasion de voir auparavant la même posture droite, fière et pourtant totalement neutre d’expression. My Lady regarde fixement un point qui n’existe pas ; les yeux dans le vague qui lui permettent de plutôt ouvrir d’autres sens plus sensibles tels l’ouïe ou l’odorat.  

- Quelque chose vous tracasse ?  

- Pas vraiment, j’en ai vu d’autre.  

 

Saeko se dirige vers la salle de bain en se demandant quelles autres surprises lui réserve la nettoyeuse. Enfin, rien ne l’empêche de prendre une douche ici et de retourner chez elle après ; car il est hors de question pour elle de porter d’autres vêtements que ses jupes découpées où elle peut agir avec tout l’aise dont elle a besoin et aussi accéder à ses couteaux fétiches.  

Mais les surprises ne viennent jamais seules avec cette étrange mercenaire. Saeko se voit forcée d’admettre que cette femme est très observatrice et a très bon goût : non seulement elle lui a préparé un drap pour elle se laver, mais également une tenue tout à fait adaptée à l’inspectrice.  

- Si vous ne portez pas de lingerie, je suppose que vous maintenez quand même votre poitrine à l’aide d’une bande… comme le faisaient les japonaises il n’y a pas encore si longtemps, fait-elle en se déshabillant.  

Saeko peut entendre le petit rire typique qu’elle-même fait raisonner pour ne pas approuver directement les faits qui lui sont personnels.  

Elle fait couler l’eau pour sa douche et remarque alors que la personne qui l’a précédemment utilisée n’a employé que de l’eau froide. C’est la seconde fois en l’espace de quelques heures seulement que My Lady laisse entrevoir sa vraie nature à Saeko… une nature si profondément enfuie dans les racines de la guerre que même lorsqu’elle est en paix, elle ne peut s’empêcher de vivre qu’en survivant.  

Et alors qu’elle laisse couler une eau agréablement tiède dans son dos, elle entend la porte de la chambre s’ouvrir puis se rouvrir quelques minutes par après. My Lady, qui ne se préoccupe décidément pas de la pudeur des autres, pénètre dans la salle de bain et tend à Saeko des sous-vêtements blancs sans artifices ni dentelles.  

- Désolée, mais mes goûts sont très certainement limité en cette matière.  

- Ce sera parfait, je vous remercie. Par contre… le soutien-gorge.  

- Je ne m’y connais pas, mais j’ai été habituée à pouvoir décrire dans les moindres détails les personnes que je rencontre. Et croyez-moi, lorsqu’on doit décrire une femme à un homme, on a plutôt intérêt à tout lui révéler.  

Saeko entend une étrange résonance dans le ton de sa voix. Si elle a bien analysé, il y a de la moquerie, de la colère et du dégoût. Il y a aussi autre chose, mais elle n’est pas capable d’en comprendre la nature.  

- Savez-vous manier d’autres armes que vos couteaux, inspectrice ?  

- Oui… Même si je suis bien loin d’égaler un mercenaire, je suppose.  

- Je ne vous demande pas d’être la meilleure, seulement de vous défendre.  

Et My Lady quitte la salle de bain pour laisser à Saeko le plaisir de s’habiller en toute tranquillité.  

 

- Cette douche t’a fait un très grand bien, j’espère ?  

- Passez-vous toujours aussi imprévisiblement du vous au tu ?  

- Je n’ai normalement même pas l’habitude d’employer la forme polie. J’ai toujours vécu seul et lorsqu’on s’adresse à son ennemi, on le tutoie généralement.  

- Et pourquoi maintenant ?  

- Parce que des partenaires ont tout intérêt à bien s’entendre, non ? Ca passe alors dans le tutoiement.  

- Partenaires ?  

- Ne me demande pas trop pourquoi, Saeko, mais j’apprécie vraiment ta compagnie. Alors, je n’ai pas du tout envie qu’il t’arrive quoique ce soit de mauvais.  

Le sourire de My Lady est sincère ; ce sourire étonne encore plus Saeko que tout le reste.  

- La bataille est sur le point de commencer ? demande-t-elle après s'être remémoré les paroles de la mercenaire la veille.  

- Oui.  

- Et tu m’acceptes comme partenaire ?  

- Je te préviens que ce sera plutôt à toi de m’accepter. Je n’ai pas le caractère le plus facile et le plus logique du monde.  

- J’ai déjà eu l’occasion de m’en apercevoir, sourit Saeko.  

- Alors ?  

- Cette proposition me tente.  

- Alors, promets-moi de faire de ton mieux pour survivre… partenaire.  

- Il en va de même pour toi, partenaire.  

D’un commun accord, et dans une amitié qu’aucune des deux ne se croyait capable de créer en si peu de temps, Saeko et My Lady se serrent la main avec un large sourire.  

 

 

 

Le Chance Time est désormais écoulé. La bataille va pouvoir commencer.  

 

 


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