Chapter 3 :: Chapitre 3

Published: 30-06-05 - Last update: 02-11-05

Comments: Et la suite… Pour plus de compréhension ( enfin j'espère) car j’écris entre le passé et le présent (ce qui peut effectivement porter à confusion lors de la lecture) les scènes du passé seront en italique Bonne Lecture ^__^

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La jeune femme repoussa les draps, appréciant la fraîcheur de l’air sur sa peau brûlante et attendit quelques minutes avant de s’asseoir sur son lit. Elle leva les yeux vers la seule fenêtre de la pièce. A travers le store, elle devinait que la nuit venait de tomber. D’un mouvement souple, elle se redressa et se dirigea vers la salle de bains. Sans un regard vers le miroir, elle pénétra dans la douche et se lava rapidement. Contrairement à son habitude, elle resta sous le jet, laissant l’eau lui masser les muscles.  

Ce fut après de longues minutes qu’elle se décida enfin à réagir. Elle se sécha méticuleusement et passa rapidement les doigts dans les boucles de ses cheveux en guise de coiffage. Retournant dans la chambre, elle s’empara d’une robe d’un modèle très simple mais qu’elle affectionnait pour sa praticité. Son métier exigeait qu’elle soit libre de ses mouvements. Tuer était son métier. Mécaniquement, elle attacha son arme sur sa cuisse et laissa tomber le pan de sa jupe. Elle referma la porte de son armoire et aperçut son reflet dans la grande glace.  

Elle se dévisageait avec attention, son regard retraçant chaque trait de son visage. Un visage connu sans l’être. Elle avait perdu son passé et n’avait pas le moindre souvenir de son visage … Mais elle reconnaissait ces traits, la couleur des yeux, le dessin de la bouche… Elle en rêvait chaque nuit. Pourtant, cette image qu’elle avait désormais acceptée comme la sienne n’était pas identique à celle de son rêve. Ce visage qu’elle observait était sombre, aucun sourire ne l’éclairait, pas plus que la tristesse ne l’altérait. Il semblait figé comme si le temps n’avait pas d’impact sur lui.  

La tueuse jeta un coup d’œil vers la table de nuit où plusieurs flacons de pilules semblaient lui tendre les bras. Elle esquissa un pas avant de s’immobiliser en serrant les poings. La douleur commençait à se faire sentir… Alors pourquoi se freinait-elle ? Elle en avait besoin pour soulager sa souffrance… Mais le regard fixé sur les médicaments, elle ne bougea pas. Fermant les yeux, elle se concentra et contrôlant sa respiration, elle sentit peu à peu son mal s’atténuer.  

- Bien murmura-t-elle… Cela devient plus aisé chaque jour…  

Oui… Elle se contrôlait désormais mais cela n’avait pas été toujours ainsi. Et son sommeil n’était pas des plus récupérateurs. De plus en plus ses rêves se révélaient troublants. Pas des cauchemars non… Mais elle en ressortait plus troublée que jamais.  

Les poings se desserrèrent et elle prit une inspiration. Deux ans qu’elle s’était enfuie de ce milieu aseptisé qui lui avait rendu la vie. Mais la mort aurait été plus douce que la vie qu’elle menait…  

Pourtant elle continuait… Chaque jour elle s’enterrait un peu plus dans les ténèbres du monde où elle évoluait. Elle n’était qu’une ombre. Shade comme certains de ses clients l’avait surnommée.  

Quelquefois, elle s’imaginait une autre vie. Où elle existait au grand jour… Mais ces chimères, elle les repoussait aussitôt. Sa place n’était pas au soleil. On lui avait volé sa vie. Elle n’avait pas d’existence. La porte se referma sans bruit sur la jeune femme. Elle s’arrêta sur le perron de l’immeuble et leva les yeux vers le ciel étoilé. Un ciel qu’elle admirait avec une sorte de fascination depuis qu’elle avait posé les pieds sur le sol du Japon.  

Kaori baissa les yeux vers Ryô adossé à la rambarde, les bras croisés, il l’observait, attendant calmement sa réaction. Puis, la jeune femme regarda alternativement l’homme, le fusil posé près de lui.  

- Mais enfin Ryô ! S’exclama-t-elle. C’est trop loin voyons !!  

- Pfff… Si tu veux apprendre. Fais ce que je te dis sans discuter à tout bout de champ !  

- Mais je ne discute pas !!  

Le nettoyeur leva une main et commença à compter à voix haute tout en abaissant un à un ses doigts.  

- Alors… il y a une semaine, tu as refusé de tirer à travers la vitre d’une voiture…  

- Mais… Protesta faiblement la jeune femme… Il y avait un petit garçon à l’intérieur ! Si j’avais manqué mon tir…  

- La fois où je t’ai demandé de t’occuper de ce voleur qui s’enfuyait…  

- On était en pleine ville !!  

- Et la fois…  

- Ca suffit !! s’énerva Kaori en tapant du pied.  

Ryô se leva paisiblement et son visage se durcit tandis qu’il plantait un regard froid dans celui de la jeune femme. Elle ne put s’empêcher de reculer d’un pas, un frisson désagréable lui parcourut l’échine. Devant Kaori ne se tenait plus l’homme amoureux mais le professionnel. Le numéro 1 du Japon. Celui qui faisait trembler les plus redoutés du milieu.  

- C’est aujourd’hui ou jamais Kaori, dit-il d’un ton froid. Il faut que tu te décides…  

- Oh… Souffla la jeune femme, les yeux écarquillés.  

- Tu sais tirer continua-t-il sur le même ton. La distance n’est pas un obstacle pour toi et tu le sais parfaitement…  

- Mais…  

- Les cibles en carton c’est si facile ! Tu ne prends aucun risque… l’interrompit l’homme pointant un doigt dans sa direction. Dans ce métier, il y a des risques… Tu as peur !  

- Mais… Ryô murmura la jeune femme les larmes aux yeux…  

Le regard de l’homme s’adoucit. Il baissa son bras et se détourna. Kaori contemplait son dos, les lèvres tremblantes. Il lui avait parlé si durement… Elle s’avança d’un pas hésitant avant de se figer lorsque Ryô reprit la parole.  

- Avant que ton frère et toi n’entriez dans ma vie, je ne connaissais pas cette crainte que tu ressens… Aujourd’hui c’est différent… Maintenant… Moi aussi j’ai peur Kaori. A chaque fois que je prends mon arme, j’ai peur. Je ne voulais pas que tu entres vraiment dans ce monde…  

- Ryô…  

- Si tu décides de tout arrêter maintenant, je n’en t’aimerai pas moins… Jamais je ne serai déçu par toi… Quelle que soit ta décision… Je serai toujours là. Tu peux faire ton choix la conscience tranquille… Mais je ne le répéterai pas une seconde fois. Prends ce fusil et tire.  

Le silence régnait soudainement sur le toit de l’immeuble. Ryô avait parlé et maintenant c’était à Kaori d’agir. Ce choix n’appartenait qu’à elle. La dernière phrase résonnait dans la tête de la jeune femme. « Prends ce fusil et tire ». Un ordre… Mais il lui laissait le choix d’obéir ou pas. Bien sûr qu’elle avait peur ! Peur de se tromper… Peur de faire le mal… Peur de tuer… Pourtant, elle se baissa pour prendre le fusil. Machinalement, elle le vérifia et glissa une balle.  

Maintenant accoudé contre la rambarde, Ryô ne prit pas la peine de se retourner en entendant sa compagne ramasser l’arme. Mais lorsqu’il sentit le canon se poser sur son épaule, un léger sourire flotta sur ses lèvres. Pour son premier tir, elle avait décidé de le faire participer… Il ne pouvait pas lui en vouloir ni lui refuser cette concession. Il n’était que le support et elle lui faisait confiance. Elle comme lui, savait qu’au moindre frémissement de sa part, le tir pouvait dévier. Immobile, il imagina Kaori, l’œil collé sur la lunette, se concentrant sur sa future cible.  

- Boire ainsi n’est pas bon pour la santé Mick murmura Kaori.  

Ryô retint sa respiration et le coup partit. Il s’empara du fusil que lui tendait sa compagne et dirigea le viseur vers le parc. Il découvrit son ami, avachi sur son banc, sa canette de bière trouée à la main regardant d’un air effaré le liquide couler entre ses doigts. L’homme dirigea son regard vers le couple. A cette distance, il ne pouvait les voir mais il eut un sourire avant de lever un poing colérique et Ryô eut un petit rire.  

La tête de Kaori se posa sur son épaule. Elle souriait. Il venait de lui donner sa première leçon. Il lui avait démontré qu’elle avait changé... Il lui avait prouvé qu’elle était désormais, aussi débutante soit-elle, une professionnelle et qu’elle agissait en tant que telle…  

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