Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Sand

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 10 chapitres

Publiée: 08-02-07

Mise à jour: 24-04-07

 

Commentaires: 181 reviews

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ActionDrame

 

Résumé: Un gros bonnet du Milieu est arrêté... L'unique témoin s'enfuit... City Hunter va plonger au coeur de cette affaire...

 

Disclaimer: Les personnages de "Saouviens toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Souviens toi

 

Chapitre 8 :: Bodyguard

Publiée: 30-03-07 - Mise à jour: 30-03-07

Commentaires: Salut tout le monde ! Voilà donc la suite et vous apprendrez donc qui est mort... mais non je plaisante !!! Pas la massuuuee. Non, finis les blabla et merci pour vos reviews si sympathiques et encourageantes. Gros bisous à toutes et bonne lecture.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10


 

Camouflés dans les ordures, Ryo finit par se redresser lentement, et scruta les environs pour avoir la certitude de la fuite de son agresseur. Assurer que le danger était loin, il avait fini par se détacher de la jeune femme, lui ayant offert son corps pour rempart ; heureusement, aucune blessure n’était à déplorer. Rapide comme le félin, il avait fondu sur Kaori comme le prédateur sur sa proie, évitant ainsi toute blessure.  

Laissant le loisir à Kaori de se dégager du poids protecteur de son garde du corps, le souffle court, tremblotant de la tête aux pieds, elle ne pouvait esquisser le moindre geste ; les rétines dilatées, il pouvait y lire l’effroyable peur qui l’habitait et aucun son ne pouvait sortir de sa bouche.  

S’agenouillant à ses côtés, Ryo lui attrapa délicatement une de ses mains pour l’aider à se redresser. A peine en appui sur ses jambes, la silhouette féminine, comme étant trop lourde à supporter pour ses membres inférieurs, chancela pour s’affaisser subitement ; d’un geste vif, Ryo la rattrapa au vol dans ses bras puissants. Comme emportée par un sommeil soporifique, la jeune femme s’évanouit dans cet asile protecteur ; les nerfs à fleur de peau, Ryo se mit à rager intérieurement, la tension se lisait sur ses traits crispés.  

Gravissant, quatre à quatre, les marches menant à son appartement et sans prendre la peine d’allumer, il évoluait dans les pièces familières pour atteindre l’étage supérieur et déposer soigneusement la jeune femme sur son lit,  

 

- Pardonne moi Kaori, j’ai été négligeant ! soupira-t-il en effleurant son visage « endormi ». Je ne pensais pas qu’Heibi serait venu nous narguer jusqu’ici, ce n’est pas la première erreur que je fais ; cela a failli te coûter la vie une première fois mais apparemment cela ne m’a pas servi de leçon. Ce soir, ta vie a été exposée, une seconde fois, par ma faute ; dorénavant, tu ne subiras plus jamais ce type de danger.  

 

Délaissant l’inconsciente, Ryo stoppa sa progression quelques secondes sur le pas de la porte ; sa prunelle sombre coulait sur les courbes féminines qui se mouvaient au rythme d’une respiration régulière,  

 

- Je t’aime et je ne veux pas te perdre !  

 

D’une démarche rythmée, Ryo regagna le petit salon et attrapa le téléphone pour joindre Saeko,  

 

- Lieutenant Nogami !  

 

- Tes manœuvres me sortent par les yeux ! maugréa-t-il.  

 

- Ryo ? Mais qu’est-ce qui se passe ?! Il est arrivé quelque chose à Kaori ?!  

 

- Tu aurais dû penser avant aux conséquences, avant d’accepter sa collaboration !  

 

- Je ne l’ai pas forcé ! C’est elle qui a insisté et je te rappelle que tu étais d’accord.  

 

- Ce salaud est venu jusque chez nous pour achever son contrat ! Maintenant qu’Heibi sait qu’il danse sur le fil du rasoir, il est près à tout.  

 

- Tu veux que je t’envoie des renforts ?  

 

- Non mais je te dis tout simplement que si je recroise son chemin, je ne suis pas sûr que tu puisses négocier quoique ce soit avec lui par la suite.  

 

D’un geste furieux, coupant ainsi tout net la conversation, il raccrocha ; poussant un profond soupir, il se laissa tomber dans l’un des fauteuils. En appui sur l’accoudoir, il se massa les tempes en fermant les yeux ; une main frêle vient se poser sur son épaule,  

 

- Je suis désolée de te donner autant de tracas ! murmura-t-elle.  

 

Tout en fronçant les sourcils, Ryo reconnut la silhouette féminine qui souriait tristement ; depuis combien de temps, n’avait-il pas vu un sourire rayonnant sur son visage ?  

 

Au rez-de-chaussée, la conversation houleuse entre le Nettoyeur et la femme Lieutenant, avait fait sauter les barrières de son inconscience.  

D’un pas titubant, Kaori s’était dirigée vers le chambranle de la porte et en vacillant, elle avait atteint la rambarde débouchant sur le petit salon et percevait maintenant plus distinctement les mots rudes échangés. Lentement, en se cramponnant à la rampe, elle avait finit par gagner le rez-de-chaussée. La faible clarté extérieure lui laissait entrevoir la contrariété du garde du corps, face à l’incident.  

 

Recouvrant de sa large main, le geste tendre de la jeune femme, il lui sourit,  

 

- Ne t’en fais ; tout va bien !  

 

- Je vois bien, que tu es contrarié. murmura-t-elle. Dis moi ce qui ne va pas.  

 

- J’ai tout simplement eu peur... peur de te perdre pour de bon. avoua-t-il à demi mot, en détourant le regard, pour fixer les lumières naissantes de la fin de journée.  

 

Empreinte par la souffrance de cet homme à l’attitude paraissant si rude par sa profession, elle caressa lentement sa chevelure ébène,  

 

- Tout ira bien tant que tu veilleras sur moi. Tu m’as sauvé ce soir et il en sera toujours ainsi tant que tu seras à mes côtés.  

 

Son cœur parlait pour elle ; ses émotions et sentiments éprouvaient pour elle, ce manque visuel de son passé.  

Prenant délicatement la paume féminine, le ténébreux Nettoyeur y déposa un ardent baiser et se redressa lentement pour la surplomber de son impressionnante taille. Les yeux rivés sur lui, Kaori le fixait intensément alors que les battements dans sa poitrine s’intensifiaient,  

 

- Nous ferions mieux de manger. clama-t-il simplement en effleurant sa joue.  

 

- Tu as raison ! soupira-t-elle fatalement.  

 

Qu’attendait-elle ? Pourquoi une telle déception ?  

Il voulait lui laisser le temps de se souvenir mais malgré son amnésie, son cœur et son corps réclamaient toute son attention mais il était tout à son honneur, de lui laisser ce répit.  

 

Machinalement, Kaori se dirigea vers la cuisine en lui ordonnant gentiment de s’attabler car elle se chargerait de leur concocter quelque chose pour le souper.  

Farfouillant dans les placards, elle s’empara des maigres réserves pour tenter de leur préparer un menu convenable. Un bol de riz, accompagné de petits légumes cuits à la vapeur et d’un morceau de viande ; voilà le dîner.  

 

Malgré la simplicité des aliments, Ryo savoura chaque bouchée, comme le plus délicat des mets ; tout sourire, Kaori le dévisageait tendrement. S’étant servi une généreuse portion, il se mit à engloutir plus rapidement son souper qui, d’un coup de langue sur les babines, finit en intégralité dans l’estomac du gourmand.  

Sentant l’attention accrue de la jeune femme sur lui, Ryo se mit à la sonder visuellement tout en constatant qu’elle n’avait pratiquement rien mangé,  

 

- Tu n’as pas faim ? s’étonna-t-il.  

 

- Si, si ! clama-t-elle en piquant un fard sous l’intensité de sa prunelle sombre.  

 

Délicatement, une bouchée après l’autre, Kaori mangea les boulettes de riz et les petits légumes accompagnant tandis que le Nettoyeur la détaillait minutieusement. Se penchant soudainement vers elle, Ryo vint enlever les grains de riz qui s’étaient collés au coin de sa bouche ; d’un geste lent, il en profita pour caresser la commissure et la forme pulpeuse de ses lèvres pour se délecter avec gourmandise des petits grains blancs qu’il avait recueillit sur son doigt.  

La douceur de cette caresse mit le trouble en Kaori ; elle sentait des pulsions charnelles naîtrent en elle, elle se sentait chavirer dans une douce sensation. Le bruit des assiettes s’entrechoquant la fit revenir sur Terre,  

 

- Un café ? proposa-t-il.  

 

- Non merci, ça ira... Je vais aller me coucher, je me sens lasse. dit-elle en se levant précipitamment. Je ne t’ai pas encore remercié pour ton intervention de ce soir alors...  

 

- Tu n’as pas besoin de dire quoique ce soit ! coupa-t-il en posant son index pour sceller ses lèvres. Repose-toi ! sourit-il en l’embrassant sur le front pour se diriger vers le lavabo et faire la petite vaisselle.  

 

Bredouillant un « bonne nuit », Kaori gagna sa chambre et se jeta sur son lit en serrant contre elle son coussin,  

 

- Mais qu’est-ce qui m’arrive ? murmura-t-elle en rougissant de plus belle.  

 

Pendant ce temps, dans la cuisine, Ryo frottait énergiquement les assiettes et autres plats, même si ceux-ci, luisaient déjà de propreté,  

 

- Heureusement que tu es partie te coucher, sinon, je n’aurais pas été sûr de pouvoir me contenir encore bien longtemps. C’est tellement dur de vivre auprès de toi sans pouvoir t’aimer comme avant. soupira-t-il.  

 

***  

 

Dans une pièce glauque, pauvrement éclairée, un homme était installé à une petite table de bois. Un chiffon établé dessus et des pièces de son arme éparpillées sur le carré, il astiquait consciencieusement son pistolet. Tout en ruminant, Heibi s’acharnait avec le petit « écouvillon » sur le baillet pour le rendre impeccable,  

 

- Je t’ai loupé une première fois mais je ne vais pas en rester là. Saeba ne sera pas tout le temps auprès de toi. mugit-il. Je t’atteindrais d’une balle en plein cœur, je n’ai plus le droit à l’erreur et surtout ce second coup sera le dernier car lui, ne me loupera certainement pas.  

 

Pointant son arme, sur une silhouette féminine imaginaire, il pressa la détente qui claqua, sans bruit de détonation,  

 

- Demain, je t’aurais. sourit-il mesquinement.  

 

***  

 

Dans l’appartement en face de celui de City Hunter, un homme blond, torse nu, un verre d’alcool à la main, scrutait les fenêtres voisines.  

Mick n’arrivait pas encore à croire que la jeune femme était en vie,  

 

- Une telle chance ne devait pas se présenter très souvent. pensa-t-il.  

 

Il tenait incontestablement à Kaori mais ses sentiments, maintenant, étaient purement affectifs ; une petite sœur qu’il protégeait tendrement. Il se mit à sourire instinctivement,  

 

- Une furie, telle que toi, sait se défendre toute seule. murmura-t-il en buvant une nouvelle gorgée de whisky.  

 

Le jour de l’annonce de ce drame, l’Américain avait senti son cœur s’éparpiller dans sa poitrine ; cette même nuit, il avait comblé sa femme comme s’il n’aurait plus de lendemain, pour lui prouver son attachement.  

Il avait voulu lui faire ressentir tout l’amour qu’il éprouvait pour elle, de peur qu’elle ne le sache pas ; de peur qu’un jour un malheur arrive et qu’elle doute de cet amour qu’il lui porte alors qu’il sautait sur toutes les belles jambes défilant sous son nez.  

Malgré le plaisir qu’elle avait éprouvé durant leurs ébats ; les soupirs, les gémissements de jouissances, Kazue avait ressenti la détresse qui tiraillait son amant et s’était donné entièrement à lui pour tenter de soulager cette souffrance.  

Il aimait sans conteste sa belle compagne qui avait pansé son cœur et son âme, durant toutes ses années à ses côtés ; tout comme l’avait fait Kaori pour Ryo.  

Même si la jeune femme était amnésique, il ressentait toujours ce lien qui unissait toujours les deux partenaires.  

 

D’une démarche silencieuse, Kazue, simplement vêtue d’une ample chemise, vint enlacer la taille de son homme,  

 

- Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle, en embrassant son épaule.  

 

- Rien de bien important ! sourit-il en déposant son verre sur un meuble, à ses côtés, tout en lui faisant face sans rompre ce contact.  

 

Prenant le visage de sa belle infirmière entre ses mains, Mick vint l’embrasser langoureusement,  

 

- Je t’aime ! avoua-t-il, d’une voix empreinte d’émotions.  

 

Contrairement à Ryo, Mick assumait pleinement les sentiments qu’il éprouvait pour sa « femme », même si le Japonais avait fini par succomber au charme angélique de sa partenaire.  

Posant ses mains frêles sur celle de son homme, Kazue plongea dans son regard azur et elle perçut le trouble envahissant son amant,  

 

- Montre le moi ! murmura-t-elle, en souriant et en prenant l’une de ses mains pour l’entraîner à sa suite.  

 

Ni une ni deux, le Blondinet l’attira à lui et la souleva dans ses bras tout en capturant ses lèvres audacieuses ; d’un pas précipité, ils s’enfermèrent dans la chambre d’où s’élevèrent quelques instants plus tard, des râles de plaisir et de suppliques sensuelles.  

 

***  

 

Assis dans le canapé, les bras pendant le long de son corps, Ryo fixait l’écran du téléviseur sans réellement prêter attention à l’émission qui se déroulait.  

Ce soir, cette agression remettait, de nouveau en cause, son futur auprès de Kaori. Il était tiraillé entre son cœur et sa raison ; il avait l’impression de revenir quelques années auparavant, au moment où il se demandait s’il devait avouer son amour pour elle ou bien la dégoûter de lui, en se montrant odieux envers elle.  

Mais il était hors de question de lui faire subir cette douleur ; son cœur ne le supporterait pas et ses gestes trahissaient son attachement pour la jeune femme.  

 

Son cœur lui disait :  

 

- Garde la près de toi, tu l’aimes et elle t’aime sans conteste. Le temps vous rendra votre passé.  

 

Mais sa raison, elle disait :  

 

- Elle ne se souvient pas de vous ; ce serait plus facile pour elle d’entamer une nouvelle vie dans un monde normale. Même si son affection est la seule chose qui semble la lier à toi ; elle finira par t’oublier.  

 

A cette déduction, il sourit,  

 

- J’ai tenté en vain de l’éloigner de moi pendant dix ans et je n’ai pas réussi alors je ne sais pas si j’y arriverais cette fois-ci.  

 

Les paroles de la journaliste le sortirent de sa torture mentale,  

 

« Le procès de Matamo Sagi, homme d’affaire influant, connaît à ce jour un rebondissement. La date du procès est repoussée de quarante-huit heures. Les raisons de cette modification restent encore inconnues mais cela soulève des protestions auprès des familles concernées. »  

 

Alors qu’une femme exprimait sa colère ; Ryo, lui, fulminait de nouveau,  

 

- Bande d’idiots, vous ne comprenez pas qu’il y a de nouvelles personnes impliquées dans votre histoire ! maugréa-t-il.  

 

D’un geste nerveux, il éteignit la télé et d’une démarche pesante, le nettoyeur gagna l’étage supérieur. A pas feutrés, il entra dans la chambre de la jeune femme qui s’était endormie toute habillée sur son lit.  

Il s’amusa de cette négligence qui le caractérisait par le passé lors de son retour de nuit enivrée d’alcool.  

D’un effleurement, il redessina le contour de son visage pour couler le long de sa gorge et stopper sa progression au sommet de son décolleté,  

 

- Ryo ! soupira-t-elle sensuellement, dans son sommeil.  

 

Décidément, il accaparait ses pensées même inconscientes ; se redressant en soufflant sa frustration, il quitta la chambrée pour se rendre dans la salle de bain où l’attendait une bonne douche glacée.  

 

Dans ses songes les plus intimes, Kaori s’imaginait dans les bras aimants du charismatique Nettoyeur ; elle s’abandonnait totalement à ses caresses sensuelles alors que ses lèvres douces et charnues prenaient le relais. Se trémoussant sous cet ardent contact, Ryo venait de nouveau capturer ses lèvres et ses mains exploratrices palpaient ses généreuses formes. Gémissante, elle laissait le feu de la passion embraser tout son être tandis que dans un déhanché, il la faisait sienne.  

Dans un cri jouissant et presque osmotique, ils s’étendirent ensuite, l’un à côté de l’autre alors qu’il l’attirait à lui, en lui murmurant,  

 

- Je t’aime Kaori !  

 

Sursautant dans son lit, Kaori se redressa en position semi assise ; suffocante, elle scruta le décor environnant,  

 

- Etait-ce un rêve ou un moment intime surgissant de mon passé ? se demanda-t-elle, en essuyant les perles de sueur suintant sur son front.  

 

Elle n’avait qu’un moyen de connaître la réponse et tout en rougissant violemment, elle se cacha sous ses couvertures,  

 

- Je ne vais pas lui demander un truc pareil ! bredouilla-t-elle, en se teintant davantage de la couleur de la gêne.  

 

Malgré ce malaise éphémère ne découlant pas d’avoir eu de telles pensées mais de s’imaginer son hypothétique conversation avec le beau brun, une nouvelle sensation naissait en elle après ce troublant rêve ; c’est le sourire aux lèvres que, quelques instant plus tard, ses paupières se clorent.  

 

***  

 

Malgré l’heure tardive, Maître Hagetaka eut l’autorisation de se rendre au parloir pour informer son client du report de son procès. Le seul point positif se trouvait être qu’ils bénéficiaient de quarante huit heures de plus pour retrouver cette jeune femme et ainsi écarter toute menace.  

Mais ce n’est pas sans une pointe d’anxiété qu’il entra dans la petite pièce où se balançait une faible ampoule ; son mouvement de droite et de gauche dévoilait les traits contrariés de l’homme bien trop silencieux à son goût.  

Ses petits yeux vils, dissimulés derrière la petite paire de lunettes, tentaient de sonder le regard sombre de son interlocuteur qui, accoudé sur la table, tenait les mains jointes devant lui, comme s’il était plongé dans une intense réflexion.  

Sans trop de gestes brusques, l’avocat prit place en face du Parrain qui ne semblait pas se rendre compte de sa présence,  

 

- Pourquoi mon procès est-il repoussé ? se contenta-t-il de demander sans bouger d’un cil.  

 

- Hé bien... La partie civile aurait une nouvelle pièce pour appuyer son dossier.  

 

- Si cela n’était pas important, le Juge Seigi n’aurait pas accordé ce délai alors qu’elle est leur atout, vous devez être au courant ? questionna-t-il en lui faisant face maintenant.  

 

La prunelle noisette du Parrain étincelait d’une drôle de lueur et l’homme de loi repoussa doucement son siège pour parer à une éventuelle fuite,  

 

- Le Procureur aurait trouvé une personne qui serait susceptible de vous nuire. avoua-t-il d’une voix peu audible.  

 

A cette parole, Maître Hagetaka vit tout de suite les doigts de Sagi passer du rouge au bleu puis au blanc sous la crispation nerveuse de ses mains,  

 

- Qui est cette personne ? demanda-t-il d’un ton monocorde. Tu n’as qu’à donner son identité à Heibi et le tour sera joué. sourit-il soudainement.  

 

- Cela va être dur... tenta de se justifier l’avocat.  

 

La soupape de sa patience explosant subitement il bondit sur l’homme de loi et l’écrasa sur le sol en le chevauchant tout en le secouant comme un prunier, alors qu’il le cramponnait par le col de sa veste,  

 

- Qu’est-ce que tu me caches ! fulmina-t-il.  

 

- C’est lui-même le témoin de la défense ! cracha-t-il.  

 

Abasourdi, Sagi lâcha le veston de son avocat qui se cogna la tête sur le sol bétonné de la cellule ; les yeux grands écarquillés, fixant un point imaginaire dans le lointain, il articula difficilement,  

 

- Heibi ne me trahira jamais ! clama-t-il en se redressant.  

 

- Le Procureur Hôritsu compte faire pression sur lui par le témoignage de la femme de City Hunter ; j’ai tout de suite compris son manège.  

 

Tout en époussetant son costume, l’avocat ajouta,  

 

- Il va certainement négocier sa peine contre des révélations sur vos affaires. Quel homme ne sauterait pas sur l’occasion pour sauver sa peau.  

 

Lui sautant à la gorge, Sagi l’étrangla à l’aide de son avant-bras,  

 

- S’il parle, c’en est fini de moi, de lui et de vous.  

 

Hagetaka savait très bien que toute son existence reposait entre les mains du gros Bonnet mais il ne comptait pas laisser de plumes dans cette affaire ; se massant douloureusement la gorge, l’avocat quitta le parloir sans le moindre mot. Comme joindre Heibi sachant qu’il avait fuit sa planque habituelle et prendre le risque de faire parvenir un message par un intermédiaire, cela impliquerait de mettre une nouvelle personne dans la confidence et il y avait déjà bien assez de remouds comme ça.  

Tout en soupirant, l’homme de loi s’installa dans sa voiture en concluant que l’homme de main serait bien entrer de lui-même en contact avec lui.  

 

***  

 

La nuit avait été étrange pour le Nettoyeur ; durant sa somnolence, Ryo avait vu tout son passé aux côtés de sa tendre partenaire défiler jusqu’au jour où sa vie avait basculé en apprenant la « mort » de cette dernière.  

Tout en jouant avec l’anneau pendant à son cou, inconsciemment, il fit glisser le « cœur de Saintoise » dans un mouvement de droite et de gauche en se remémorant ses brumeux souvenirs. Son cœur était mis une nouvelle fois à rude épreuve ; il n’imaginait pas une seconde son futur sans elle mais le risque de la voir mourir pour de bon, lui pendait au nez continuellement si elle vivait avec lui.  

Tout en s’asseyant au bord de son lit, il lâcha un lourd soupir puis un large sourire fendit son visage beaucoup trop sérieux pour un début de journée alors que quelques notes de musique chantonnées vinrent à ses oreilles. Entre les bruits d’une poêle s’agitant sur la cuisinière et l’arôme d’un café coulant, la voix cristalline de sa Belle parvint jusqu’à lui,  

 

- Tu es toute ma vie ! marmonna-t-il, les épaules soudainement voûtées.  

 

Saisissant le fermoir de la chaîne, il la détacha précautionneusement et prit délicatement la bague entre ses doigts pour l’embrasser amoureusement puis il sourit tristement,  

 

- Je t’aimerai toute ma vie.  

 

Silencieusement, Ryo ouvrit le tiroir de sa table de nuit et presque religieusement, il y déposa le collier au précieux pendentif.  

Voilà maintenant plusieurs jours qu’il portait cette chaîne autour de son cou, contre son cœur et de s’en être « débarrassé », il sentit un grand froid l’envahir,  

 

- C’est mieux ainsi. murmura-t-il.  

 

Se dirigeant vers la salle de balle, tout traînant des pieds, sa carrure imposante et sa stature si impressionnante n’avaient rien de tout ça à cet instant. Sa vie allait prendre un autre tournant dès que cette affaire serait classée. Peut-être partirait-il ? Peut-être se ferait-il oublier pendant quelques temps ou ne reviendrait-il plus jamais ?  

Tout en se frictionnant les cheveux énergiquement, toutes ses idées se mirent à se bousculer dans sa tête ; il ne devait pas y penser davantage maintenant, il devait se concentrer sur cette affaire.  

Quelques minutes plus tard, fin près, Ryo, les mains fermement encrées dans les poches, descendit nonchalamment les escaliers menant au petit salon pour se diriger ensuite dans la cuisine. A pas de velours, il pénétra dans la petite pièce et détailla la cuisinière qui faisait sauter dans sa poêle des crêpes délicieusement odorantes ; l’ambiance mélodieuse qu’elle créait en entonnant cette rythmique mélodie parfaisait la scène. Tout en fermant les yeux, il s’imaginait se glisser derrière elle et l’embrasser dans le cou ; elle sourirait joyeusement et l’embrasserait passionnément à son tour,  

 

- Tout ceci n’est qu’un doux rêve que je dois abandonner. murmura-t-il.  

 

Se retournant soudainement, Kaori lui sourit- tendrement tout en rougissant légèrement ; les songes de la nuit précédente trottaient toujours dans son esprit,  

 

- Bien dormi ! demanda-t-elle, en déposant une assiettes pleine de crêpes.  

 

- Très bien et toi.  

 

- Oui, oui... bredouilla-t-elle en rougissant violemment, tout en reprenant sa poêle, prête à refaire de savoureuses crêpe.  

 

Se levant silencieusement, Ryo se plaça derrière elle et prit délicatement son poignet pour la lui faire lâcher,  

 

- Tu ne crois pas en avoir fait assez pour nous deux. susurra-t-il à son oreille.  

 

Au son de cette voix chaude, Kaori se sentit frissonner et relâcha la poêle instantanément,  

 

- Tu as raison. marmonna-t-elle.  

 

Prenant place en face de lui, elle prit enfin son courage à deux mains pour lui faire face ; sa prunelle sombre la fixait sans aucune gêne alors qu’un sourire ravageur se dessinait sur ses lèvres. Son embarras disparut peu à peu pour faire place à un sentiment d’une intensité monumentale ; cette chaleur qui envahissait tout son être, la transportait dans un tourbillon de sentiments décuplés mais un immense manque prit le pas sur cette vague ascensionnelle.  

Lâchant un soupir de frustration, elle se mit à mordre dans une des crêpes alors que pour une fois, le Nettoyeur picorait son petit déjeuner.  

Se rendant compte du manque d’appétit de son garde du corps, Kaori s’inquiéta et tout de suite, elle fit le tour de la table pour poser sa main sur son front,  

 

- Tu n’as pas de fièvre !  

 

- Laisse moi tranquille ! clama-t-il, d’un ton sec, en enlevant la main câline de sur son front.  

 

Ce contact même fortuit était une véritable torture pour lui mais il perçut instantanément la tristesse qu’il lui avait provoquée par sa froideur et il en souffrait d’autant plus,  

 

- Pardonne moi, je suis un peu fatigué. prétexta-t-il, en voulant caresser son visage mais il se ravisa à contre coeur.  

 

- Je comprends, ne t’en fais pas.  

 

Pour mettre fin à ce malaise, il dit tout simplement,  

 

- Si nous allions au « Rétro », je vais t’accompagner et je veillerai sur toi.  

 

Kaori se sentit soudainement soulager et son visage s’illumina,  

 

- Nous allons passer toute la journée ensemble et je m’occuperai de toi. pensa-t-elle.  

 

Mais ce que Kaori ne comprenait pas, c’est que c’était de la savoir près de lui qui le rendait irritable.  

Sans même finir leur petit déjeuner, Kaori prit son sac à main et emboîta le pas du ténébreux Nettoyeur ; un silence pesant entourait le couple qui poursuivit son chemin jusqu’au souterrain.  

 

Avant de la faire monter, Ryo vérifia, toute de même, la petit voiture puis lui donna l’autorisation de s’y installer. Kaori ressentit que les choses avaient changé depuis hier, le Japonais se montrait beaucoup plus froid et distant avec elle mais en n’en fit pas plus cas et prit place à ses côtés dans l’Austin.  

Le trajet fut silencieux ; la jeune femme tentant d’égailler cet instant, engagea la conversation dont le Nettoyeur se contenta d’intervenir par monosyllabes.  

Curieusement, Kaori n’avait qu’une hâte, celle d’arriver au « Rétro » et de se plonger dans son travail pour découvrir en fin de journée, que la mauvaise humeur du Nettoyeur s’était envolée et qu’il se montrerait de nouveau prévenant envers elle.  

 

Hâtivement, Kaori entra dans le petit café et prit la direction du vestiaire ; Ryo, adossé au mur dans le couloir, les bras croisés, attendit sa sortie pour gagner, avec elle, la salle et la surveiller en prenant place à une table en retrait.  

Il s’en voulait de son rude comportement mais il devait agir ainsi s’il voulait qu’elle se détache peu à peu de lui.  

S’asseyant pesamment sur l’une des chaises, seuls ses yeux bougèrent maintenant ; son sombre regard scrutait les clients et les environs pour se poser irrémédiablement sur la belle serveuse aux cheveux courts qui souriait gracieusement aux quelques clients présents.  

Il sentit son cœur prit en étau devant la courtoisie, les sourires et l’amabilité qu’elle leur témoignait ; il voulait être le seul à profiter de ce traitement de faveur. S’enfonçant davantage sur son siège, il rumina quelque peu mais il pensa,  

 

- Tu es vraiment contradictoire mon pauvre ! soupira-t-il.  

 

Tandis qu’il était plongé dans ses tourments, Kaori s’avança vers lui et déposa une tasse de café devant lui,  

 

- Il n’est certainement pas aussi bon que celui de Falcon mais cela te fera du bien. sourit-elle.  

 

Ryo ne peut rester impassible face à cette attention et la remercia d’un chaleureux sourire ; serrant le plateau contre sa poitrine, Kaori rayonnait face à ce petit signe affectif et repartit, le baume au cœur, vaquer à ses occupations.  

 

***  

 

Un autre petit café ouvrait à cette heure matinale, une jeune femme aux cheveux longs passait un chiffon humide sur les diverses tables encore désertées par les clients. Stoppant son geste, Miki fixa la porte d’entrée où la petite clochette restait inlassablement stoïque ; son regard coula sur la baie vitrée pour scruter le lointain pour tenter de voir apparaître la silhouette féminine qui se découperait sur l’horizon.  

Plantée là, sans esquisser le moindre geste, Miki, telle une statue de cire, ne voulait se résoudre à détacher son regard de son point de vision ; son amie était « ressuscitée » et leur vie allait reprendre le tournant qu’il avait abandonné.  

L’imposante carrure du Cafetier apparut et se reporta sur la présence féminine impassible à ce qui pouvait se passer autour d’elle. Lentement, comme pour ne pas l’effrayer, il s’avança vers elle et posa une main sur son épaule,  

 

- Laisse lui le temps ! murmura-t-il, en comprenant parfaitement ce que sa femme attendait.  

 

Se blottissant contre la carrure réconfortante du Géant, elle murmura,  

 

- J’aimerai tellement que tout cela ne soit qu’un horrible cauchemar et que l’on tire un trait définitif là-dessus.  

 

- Soit patiente ! dit-il en étreignant sa frêle silhouette contre lui.  

 

***  

 

Dans le commissariat central, les officiers tentaient, par leurs divers indics, de débusquer Heibi mais il semblait ne plus y avoir plus aucune trace d’Heibi.  

Depuis l’agression qu’il avait perpétrée, hier soir, personne ne semblait savoir où il avait disparu ou du moins, personne ne voulait le dénoncer de peur de représailles par la suite.  

Saeko, dans son bureau, passait des coups de fil de droite et de gauche, aux divers petits cafés des quartiers louches dont elle savait que les patrons, lui devant une faveur, accepteraient de l’aider mais elle aussi fit chou blanc, elle aussi. D’un geste rageur, elle rabattit, pour la Xième fois, le combiné,  

 

- C’est pas vrai, ça ! Il ne s’est pas volatilisé ! soupira-t-elle en se laissant tomber dans son fauteuil de cuir qui grinça sous  

 

***  

 

Pendant ce temps, le « Rétro » accueillait de plus en plus de clients ; l’attention de Ryo était des plus aiguisées. Il ne devait laisser la moindre chance au Professionnel de s’en prendre à la jeune femme. En parlant d’elle justement, il la voyait « valser » entre les tables, à la récolte des commandes qui pleuvaient de tous les côtés. Malgré l’affluence des demandes, Kaori faisait bravement face et tout cela avec le sourire aux lèvres,  

 

- Tu es faite pour une vie sans encombres. soupira-t-il.  

 

Buvant une nouvelle gorgée de café, le quatrième au moins depuis le début de journée, il ne détacha son regard sombre de la jeune femme qui rayonnait littéralement.  

La sonnerie du téléphone retentit soudainement,  

 

- Kaori, c’est pour toi ! clama Miwa en lui tendant le combiné.  

 

- Allo ?  

 

- Tu es une bien vilaine fille...  

 

- Qui êtes-vous ? questionna-t-elle avec une pointe d’anxiété.  

 

- Voilà plusieurs jours que tu ne prends guère soin de ton amie se trouvant à l’hôpital ; elle doit s’ennuyer la pauvre...  

 

- Kiraya ? Ne lui faites pas de mal, je vous en supplie. implora t’elle, en réalisant qui était son interlocuteur.  

 

- Tout dépend de toi, Kaori ! Je sais que dans deux heures environ, tu vas avoir ta pause. Je veux que tu me rejoignes à l’hôpital où se trouve ton amie et viens seule. Si tu en parles à qui que ce soit, je n’hésiterais pas à le faire exploser. BOUM !  

 

Au son de la détonation fictive, Kaori se mit à sursauter,  

 

- Tu auras la mort d’un nombre incalculable d’innocents sur la consciences, de patients, de soignants, de visiteurs et peut-être même d’enfants...  

 

- Arrêtez, j’ai compris ! Je ferais tout ce que vous voulez ! clama-t-elle tenant de camoufler sa conversation. Je vous rejoindrais dans une heure à l’hôpital.  

 

***  

 

A l’autre bout du fil, Heibi savait pertinemment que la jeune femme était épiée dans ses moindres mouvements par Saeba mais cela ne lui faisait pas peur. Il se doutait qu’il finirait pas prendre connaissance de cet appel,  

 

- Je ferais une pierre, deux coups. Je n’ai pas du tout peur de t’affronter ; cela me donnera l’occasion de me débarrasser de toi par la même occasion.  

 

***  

 

Tremblotante, Kaori raccrocha le combiné ; bien trop chamboulée pour faire attention à ce qui l’entourait, elle ne sentit pas l’imposant silhouette du Nettoyeur se matérialiser derrière elle,  

 

- Qui est-ce ?  

 

- Rien, un faux numéro... tenta-t-elle de bluffer.  

 

- Tu parles bien longtemps à une personne qui s’est trompée de numéro et surtout qui connaît ton prénom.  

 

Ne sachant plus quoi dire, elle tenta de prendre la fuite en se dirigeant vers un client qui la héla mais Ryo fut plus rapide et l’empoigna pour l’attirer dans le couloir, un peu en retrait,  

 

- Qu’est-ce qui se passe Kaori ? demanda-t-il fermement.  

 

- Je ne comprends pas de quoi, tu parles. clama-t-elle d’un ton qu’elle voulait sûre, en tentant de regagner la salle.  

 

- Tu n’as jamais su mentir. ragea-t-il en la plaquant contre le mur, tout en la bloquant avec ses bras, disposés de par et d’autre de son visage.  

 

- Je ne peux rien te dire. souffla-t-elle, en détourant le regard.  

 

- Kaori, dis moi qui étais au téléphone et surtout ce qu’il te voulait ?! fulmina-t-il en emprisonnant son visage dans ses larges paumes.  

 

- Si je parle, ils vont tous mourir ! hurla-t-elle en laissant sa tristesse se rependre sur ses joues, en lourdes larmes.  

 

- Dis moi ce qui se passe, je veux t’aider. demanda-t-il d’une douce voix.  

 

Du revers de sa main, elle tenta de chasser sa peine et d’une voix enrouée, elle avoua,  

 

- Heibi va faire sauter le grand hôpital de Shinjuku si je ne le rejoins pas dans deux heures.  

 

Sans plus attendre, Ryo se rua sur l’une des cabines téléphoniques se trouvant non loin d’eux en entraînant Kaori à sa suite ; tout de suite, il composa le numéro de téléphone de Saeko.  

Après quelques minutes qui lui parurent des heures, il entendit enfin l’intonation sulfureuse de la femme Lieutenant,  

 

- Si tu veux avoir la chance d’arrêter Heibi avant que je ne le butte ; rejoins nous au grand hôpital de Shinjuku. Si tu veux faire appel à des renforts, cela te regarde mais tâchez d’être discret.  

 

- Qu’est-ce que tu me chantes là ?!  

 

- Heibi vient de contacter Kaori... avoua-t-il en posant un regard protecteur sur la jeune femme. Si elle ne se pointe pas seule au rendez-vous, il fait sauter la bâtiment.  

 

Sans plus de commentaires, le Lieutenant Nogami raccrocha et convoqua une équipe d’élite qui serait prêt à intervenir dans deux heures.  

 

Les mains jointes comme pour prononcer une prière, Kaori fixa le Nettoyeur qui venait de raccrocher à son tour. Son sombre regard se posa sur elle et d’une voix amère, il dit,  

 

- Je vais enfin pouvoir régler mes comptes avec ce salaud !  

 

Reprenant place à sa table, il n’eut même plus un regard pour la jeune femme, de peur d’y lire une angoisse qui ne souhaitait plus voir ; de peur que maintenant qu’elle le juge comme un vulgaire nettoyeur.  

Il est vrai que Kaori ressentait de la crainte mais pas pour cette raison, elle avait tout simplement peur que Ryo se laisse emmener par sa rage de vengeance.  

 

Les dernières heures passèrent à une allure des plus lentes ; Kaori avait les gestes beaucoup moins assurés et elle affichait maintenant un pâle sourire.  

Relevant la tête pour croiser le visage familier du Nettoyeur, elle surprit un étrange calme se peindre sur les traits masculins.  

Se dirigeant vers le vestiaire pour déposer son tablier, Kaori sentit la réconfortante présence de Ryo, la suivre comme sa propre ombre.  

Inspirant profondément, tout en fermant la porte de son casier, Kaori tenta de reprendre le contrôle de ses émotions ; son mal être ne provenait pas du fait qu’elle se sente en danger car elle avait une confiance aveugle dans le Nettoyeur mais de la peur d’une folle réaction du meurtrier, s’il apercevait Ryo ou qu’il sente quelque chose ne cloche.  

 

Posant une main réconfortante sur l’épaule de la jeune femme, Ryo lui offrit un large sourire,  

 

- Ne t’inquiète pas, tout se passera bien.  

 

Elle se surprit à penser qu’il était devenu doux comme elle l’aimait.... L’aimait ? Oui, c’est ce qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même ; ce sentiment chaleureux et puissant qui permet à un couple d’évoluer dans la vie.  

Mais ce n’était pas le moment de lui dire, de le déconcentrer ; il devait être en possession de tous ses moyens pour faire face à cette épreuve.  

 

Montant dans la Mini, le court trajet fut silencieux ; Ryo stoppa la voiturette dans une rue transversale. Alors que Kaori ouvrait la portière pour s’extirper du véhicule, Ryo la rattrapa par le poignet,  

 

- Je serais, quoiqu’il arrive pour te protéger. ajouta-t-il en la libérant ensuite.  

 

Kaori lui offrit un magnifique sourire mais en resta muette ; d’une allure modérée, Kaori se dirigea vers l’imposant édifice blanc où ce monstre l’attendait. Elle l’imaginait, la commande dans la main, la faisant taper dans sa paume alors qu’un sourire malsain illuminerait son visage ; à cette vision, elle sentit un frisson lui parcourir l’échine. Elle ne désirait qu’une chose, voir à nouveau le visage du Nettoyeur pour qu’il la réconforte d’un regard mais si elle se laissait aller à cette lubie, elle dévoilerait sans conteste une autre présence que la sienne sur le lieu du rendez-vous.  

 

Foulant les derniers mètres, Kaori stoppa sa progression et scruta les alentours pour apercevoir l’homme en question mais personne n’attira son attention. Regardant son bracelet-montre, elle ne put que constater que l’heure imposée était atteinte alors elle ne comprenait pas pourquoi il n’apparaissait devant elle pour exécuter le moindre geste fourbe envers elle.  

 

Camouflé derrière un des arbres entourant l’hôpital, Ryo sillonnait, du regard, les alentours ; son œil expert détecta tout de suite, les agents de police en civil arpentant le secteur, certains d’entre eux se faisant passer pour un couple ou bien cet homme paisible lisant son journal.  

Mais son attention se posa sur une toute autre silhouette qui contournait exagérément la jeune femme. Sa chevelure dissimulée sous une casquette sombre et son gros blouson cendré mirent la puce à l’oreille du Nettoyeur.  

Lorsque celui-ci fit subitement demi-tour et prit la direction de Kaori tout en glissant une main vive à l’intérieur de son veston, Ryo s’extirpa de sa cachette pour rejoindre à grandes foulées la jeune femme.  

 

Attendant anxieusement l’homme menaçant, Kaori n’entendit que le pas de course du Nettoyeur se dirigeant dans sa direction ; se retournant vers lui, elle ne vit que sa stature imposante bondir sur elle alors qu’un coup de feu craquait.  

Pesamment, ils atterrirent sur le goudron et Kaori fermait les yeux, comme si cette balle allait les éviter ainsi.  

Totalement chamboulée, elle rouvrit les yeux et détourna sa prunelle noisette pour voire son agresseur maîtrisé au sol par les agents en civil. Tout en lui lisant ses droits, ils le menottèrent sans ménagement alors qu’un large sourire se dessinait sur son visage.  

 

Sentant le poids du corps du Nettoyeur n’esquisser aucun geste, elle l’appela doucement alors que la crainte faisait vibrer sa voix. Tremblotante, Kaori fit rouler le protecteur sur le côté alors que son regard ne vit que l’auréole rougeâtre tacher le tee-shirt de ténébreux Nettoyeur,  

 

- Ryo ! l’appela-t-elle doucement en s’agenouillant près de lui.  

 

Soulevant lentement cette carrure impressionnante dans ses bras, Kaori lui sourit alors que les larmes coulaient sur ses joues,  

 

- Je suis là ! murmura-t-elle en lui caressant le visage, tout en le berçant contre sa poitrine.  

 

Détourant son attention sur les policiers qui commençaient à les entourer, elle leur hurla,  

 

- Aidez moi ! supplia-t-elle.  

 

Son chagrin se décupla alors que le Nettoyeur n’avait toujours pas esquissé le moindre geste,  

 

- RYOOOO ! Ryo, je t’en supplie de me laisse pas ! sanglota-t-elle en le serrant davantage dans ses bras.. Tu m’as dit toujours dit que tu resterais avec moi ! Je me fiche d’avoir tout oublié, tout ce que je veux, c’est être auprès toi.  

 

Malgré ses paroles, elle sentit le corps du Nettoyeur s’appesantir peu à peu,  

 

- Je t’aime ! murmura-t-elle, tout en souriant. Ne m’laisse pas... ne m’laisse pas ! rugit-elle, en secouant la tête en signe de négation alors que les perles salées arpentaient de plus belle son visage.  

 

Une équipe soignante dispersa la foule agglutinée et la soulagea du blessé ; donnant des recommandations d’urgence à son équipe, le médecin précéda les infirmiers qui regagnaient l’hôpital au pas de course.  

 

Un officier l’aida à se redresser tandis que la foule s’éloignait ; la femme Lieutenant fit son apparition,  

 

- Tout va bien Kaori, Heibi ne pourra plus te faire de mal. clama-t-elle d’une voix douce.  

 

Le regard dans le vague, fixé sur les portes de l’hôpital se refermant derrière le brancard, Kaori dévisagea soudainement Saeko ; sa main s’abattit avec rage sur sa joue,  

 

- Tout est toujours de ta faute ! Il risque de mourir, tu comprends.  

 

Ses mots s’étouffaient ensuite dans sa gorge alors que ses larmes coulaient en cascade sur ses joues ; Saeko tenta de poser une main sur l’épaule de la jeune femme qui se blottit machinalement contre elle en laissant exploser sa peine,  

 

- Je suis tellement désolée, Kaori.  

 

Ne sachant que dire à Kaori, Saeko caressa la chevelure de la jeune femme démunie, pour tenter de la consoler mais elle devait bien reconnaître que le cas de Ryo l’inquiétait au plus haut point...  

 

 


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