Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Sand

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 10 chapitres

Publiée: 08-02-07

Mise à jour: 24-04-07

 

Commentaires: 181 reviews

» Ecrire une review

 

ActionDrame

 

Résumé: Un gros bonnet du Milieu est arrêté... L'unique témoin s'enfuit... City Hunter va plonger au coeur de cette affaire...

 

Disclaimer: Les personnages de "Saouviens toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Mon lien d'activation ne fonctionne pas.

 

Forwardez-moi l'email d'activation que vous avez reçu. Puis, écrivez-moi avec l'adresse email que vous avez mis dans votre profil, ou celle que vous voulez utiliser à la place, et donnez moi votre pseudo et mot de passe.

 

 

   Fanfiction :: Souviens toi

 

Chapitre 9 :: Face à face

Publiée: 13-04-07 - Mise à jour: 17-04-07

Commentaires: Salut tout le monde ! Tout d'abord merci pour votre soutien face au décès de mon oncle et merci beaucoup pour vos reviews qui m'ont values quelques massues, lol. J'espère que ce nouveau chapitre vous plaira. La fin n'est plus très loin. Gros bisous à toutes et bonne lecture.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10


 

Après avoir repris communément leur esprit, les deux jeunes femmes étaient entrées dans l’hôpital pour quémander des nouvelles du Nettoyeur mais l’infirmière dût leur avouer qu’il était bien trop tôt pour se prononcer sachant qu’il venait tout juste de rentrer en salle d’opération.  

 

Silencieusement, elles guettaient le moindre Praticiens qui seraient en mesure de leur donner des nouvelles de Ryo.  

Depuis combien de temps, patientaient-elle ainsi maintenant, ni l’une ni l’autre n’étaient capable de le dire.  

 

Tandis que la vie avait repris son cours malgré l’agitation qu’il y avait eu dans le petit jardin de l’hôpital ; les passants et visiteurs flânaient paisiblement dans le décor verdoyant.  

Les démineurs avaient passé au peigne fin les divers recoins et étages de l’établissement hospitalier ; l’un d’eux s’avança vers le Lieutenant Nogami et tout en faisant le signe de salutation hiérarchique, il ajouta,  

 

- Lieutenant, il n’y a pas la moindre trace d’explosifs.  

 

- Vous en êtes sûrs ?  

 

- Affirmatif !  

 

- Bien, vous rentrez faire votre rapport.  

 

- A vos ordres, Lieutenant.  

 

Le maître chien et son équipe prirent donc congés en laissant derrière eux la femme Lieutenant plongée dans sa réflexion,  

 

- Ainsi, Heibi n’avait que le but d’éliminer Kaori ! C’était un simple contrat !  

 

Assise sur une des chaises dans la salle d’attente, Kaori, la tête entre ses mains, revoyait en boucle le corps de Ryo la protéger de la balle et s’affaler sur elle ensuite.  

A cet instant, plus qu’à un autre, elle détestait les sentiments qu’elle éprouvait et qui broyaient son cœur mais cela ne lui laissait aucun doute possible mais Ryo n’avait encore aucune idée réelle de ce qu’elle éprouvait pour lui ; peut-être l’avait-il compris au travers de ses attitudes intimidées ?  

 

Quant à Saeko, adossée contre l’un des murs, pianotait nerveusement du bout des doigts, sur ses avant-bras croisés sur sa poitrine ; ce geste répétitif trahissait sa nervosité sous ses airs de femme détachée. Elle encaissait tous les coups durs de la vie pour éviter de souffrir à nouveau mais elle devait bien reconnaître, qu’elle avait du mal à se contenir, cette fois-ci.  

 

Se détachant de son appui, Saeko commença à esquisser quelques pas, un de gauche puis deux dans l’autre sens pour revenir à sa place initiale,  

 

- Je vais devenir folle si cela continue ainsi ! ragea-t-elle en serrant les poings. Pourquoi ne sont-il pas en mesure de nous donner le moindre renseignement ? s’exaspéra-t-elle.  

 

- Il faut tout simplement attendre ! murmura Kaori, en se serrant anxieusement les poings.  

 

- Il me faut un café ! conclut-elle. Tu veux que je t’en apporte un ?  

 

- Non merci, ça ira. clama-t-elle, d’un sourire mitigé.  

 

D’une démarche précipitée, Saeko se rua sur l’ascenseur pour se figer devant les portes closes et appuyer à maintes reprises sur le bouton. Agacée, la femme Lieutenant descendit par l’issue de secours pour atteindre le rez-de-chaussée et poursuivre son chemin jusqu’à la cafétéria. Mais elle fit une courte halte à l’une des cabines téléphoniques pour prévenir, Mick, Kazue, Falcon et Miki ; ils seraient consoler et soulager Kaori du poids de cette angoisse.  

 

***  

 

En salle d’opération, le chirurgien incisait minutieusement la peau abîmée par l’impact de balle, pour extraire le métal de la poitrine de son patient. L’ « intruse » n’avait pas touché le cœur mais elle s’était faufilée dans un endroit difficile d’accès et cela avait provoqué une importante hémorragie ; les compresses ensanglantées se succédèrent alors que le Spécialiste exécutaient sa tâche avec minutie. L’infirmière pressait la plaie béante pour faciliter le travail du Médecin mais le flux rougeâtre ne semblait pas vouloir stopper. Le battement cardiaque et la tension artérielle s’affaiblissaient petit à petit alors que l’opération se poursuivait,  

Soudain, le bip strident retentit dans la petite salle,  

 

- On le perd ! clama l’infirmière en fixant le monitoring.  

 

Penché au dessus du Nettoyeur, le chirurgien commença le massage cardiaque avec vivacité,  

 

- Allez mon vieux ! Battez vous, bon sang ! fulmina le Professeur, tout en poursuivant la précision de ses gestes. Votre femme doit vous attend, bon Dieu !  

 

***  

 

La tête renversée en arrière, les yeux fermés, Kaori tentait de regagner l’espoir qui lui manquait tant, à cet instant ; elle voulait croire de tout son cœur en sa rémission, en un futur qu’ils leur appartiendraient.  

Elle voulait croire en la force d’un amour qui avait été mis à rude épreuve ces derniers jours, pour les lier davantage ; même si Ryo ne connaissait pas verbalement ses émotions, elle était persuadée qu’il pouvait ressentir ses sentiments troublées lorsqu’il se trouvait auprès d’elle,  

 

- Reviens moi ! murmura-t-elle alors qu’une larme franchissait ses cils.  

 

***  

 

Un petit bip suivit de pulsations plus régulières envahirent la pièce,  

 

- Il revient ! avoua l’infirmière soulagée.  

 

- Vous ne vouliez faire une veuve ! soupira le Spécialiste à son patient.  

 

Puis il reprit son intervention jusqu’à la suture parfaite de la blessure. Satisfait de son travail, tout en épongeant son front en sueur, le Spécialiste sourit,  

 

- Il lui faut du repos maintenant. ordonna le Médecin, fatigué par la longue opération.  

 

- Bien Docteur.  

 

Les infirmières finirent de nettoyer le corps du patient toujours inconscient pour ensuite laisser le brancard quitter la salle pour le conduire dans une chambre où un repos absolu lui était nécessaire.  

 

***  

 

Alors que Kaori se massait les tempes malmenées sous le coup de l’impatience et de l’anxiété, son attention se reporta sur la démarche clopinante qui retentissait dans le couloir. Relevant lentement la tête, elle ne vit que la silhouette féminine encombrée de béquilles qui tentait, tant bien que mal, de se déplacer sur ses engins gauchement dirigés,  

 

- Kiraya ! murmura-t-elle.  

 

- Y’a pas idée de me donner des trucs pareils pour me déplacer. maugréa-t-elle en avançant bravement.  

 

Se relevant hâtivement, Kaori se jeta au cou de son amie qui chancela sous l’assaut,  

 

- Hé doucement, je te rappelle que je suis encore convalescente. la taquina-t-elle.  

 

- Je suis tellement heureuse que tu sois là. marmonna-t-elle, en resserrant son étreinte autour des épaules de son amie.  

 

Alors que les deux jeunes femmes prirent place dans les sièges de la salle d’attente et que Kaori reprit machinalement cette position affaissée, Kiraya comprit que quelque chose clochait, bien que ne la connaissant depuis quelques jours maintenant,  

 

- Kaori, qu’est-ce qui ne va pas ? Et où est passé ce bel Apollon à qui je t’ai confié ? la taquina-t-elle en jetant un rapide coup d’œil sur les alentours.  

 

- Il a été blessé par ma faute. avoua-t-elle tristement.  

 

- Qu’est-ce qui s’est passé ? s’inquiéta la jeune femme en calant ses béquilles contre le mur pour serrer son amie dans ses bras pour tenter de la réconforter.  

 

- Mon agresseur... Heibi... Il m’a tiré dessus devant l’hôpital... Ryo a pris la balle qui m’était destinée... sanglota-t-elle alors que ces derniers mots s’étouffaient dans sa gorge. Tout mon entourage se trouve exposé par ma faute... Toi puis maintenant Ryo. Je suis nuisible pour mes proches.  

 

- Arrêtes de dire n’importe quoi ! mugit Kiraya. Tu es la bonté incarnée et cet homme semble tenir énormément à toi d’après le peu que j’ai pu en voir le soir où vous vous êtes retrouvés ; si tu étais ce monstre, pourquoi crois-tu que les personnes qui te croisent, sont attirées par cette aura bienfaisante qui émane de toi ? Pourquoi crois-tu que je t’ai recueilli chez moi, si je te croyais si nocive pour moi ?  

 

- Tu as peut-être raison. tenta-t-elle de se convaincre, en écrasant ses larmes du revers de sa main.  

 

- Raconte moi tout ce qui t’est arrivé ces derniers jours. As-tu retrouvé la mémoire ? Je veux savoir pourquoi je ne t’ai pas vu depuis plusieurs jours. clama-t-elle d’un air faussement indigné.  

 

Tout en se redressant, Kaori se mit à rougir légèrement,  

 

- Pardonne moi ma négligence. C’est que...  

 

Le rire de la jeune femme retentit soudainement,  

 

- Ma pauvre Kaori, tu es décidément trop facile à rouler. Comment pourrais-je t’en voir ? ricana-t-elle.  

 

- Tu devrais avoir honte de te moquer de moi. bouda-t-elle.  

 

- Non sérieusement, dis-moi ce qui s’est passé dernièrement. demanda-t-elle en prenant la main de son amie.  

 

Un faible sourire apparut sur les lèvres de Kaori au souvenir de la veille, sa rencontre à « ses » amis ; toussotant pour se donner contenance, Kaori commença le récit de ces derniers jours passés auprès de Ryo,  

 

- J’ai rencontré vraisemblablement mes amis, hier.  

 

- C’est super, ça ! ajouta Kiraya, enthousiaste.  

 

- Si on veut... Ils ont tenté de me rafraîchir la mémoire mais tout ce dont ils me parlaient, était totalement étranger pour moi. Tu aurais dû voir la déception que je pouvais lire sur leurs visages malgré la patience et la gentillesse qu’ils me témoignaient. Mais ce qui me fait le plus de peine, c’est la tristesse que je provoque à Ryo, il est doux et prévenant envers moi mais je ne me rappelle pas la moindre chose nous unissant. avoua-t-elle lascivement. Je sens mon cœur s’emballer quand je suis auprès de lui mais je n’ai aucun souvenir visuel avec lui ni même avec mes amis. La seule chose qui m’apparaît clairement c’est la mort de mon frère. marmonna-t-elle en crispant ses doigts sur son jean.  

 

- Ta mémoire revient doucement. clama Kiraya d’une voix douce. Maintenant que ton agresseur est sous les verrous, peut-être que tout se débloquera.  

 

Alors que les mots de la jeune femme semblaient apaisés le cœur lourd de Kaori, la voix rageuse de Saeko retentit,  

 

- Laissez lui le temps de se remettre de son agression, son ami vient d’être sérieusement blessé.  

 

- Je ne dispose plus que de quarante huit heures et je ne compte pas perdre davantage de temps. clama l’homme l’accompagnant.  

 

Se détachant de l’épaule réconfortante de la jeune femme, Kaori détailla l’homme aux côtés de la femme Lieutenant ; une assurance sans bornes se dégageait de cet étranger vêtu d’un costume sombre, aux cheveux courts coupés à la brosse et au visage aux traits fermes, se finissant par une fine barbe soigneusement taillée. Stoppant subitement sa progression vers les deux jeunes femmes, il se mit à les fixer ardemment de ses yeux marron,  

 

- Kaori Makimura ?  

 

- Oui, c’est moi. avoua Kaori en fronçant les sourcils.  

 

- Je me présente, je suis le Procureur Hôritsu, je dois vous demander de me suivre pour prendre votre déposition concernant l’affaire Asumi Tadji alias Heibi. Je suis désolé de vous assaillir ainsi mais les heures nous sont comptées si nous voulons mettre un terme aux agissements de Matamo Sagi.  

 

- Matamo Sagi ! Il... Il a fait assassiné Sony Takuna. avoua Kaori.  

 

Les mots étaient sortis spontanément de sa bouche ; des brides de son entretien dans la ruelle avec le témoin à charge avant leur « retrouvaille » au Tribu Club, firent irruption dans sa mémoire. Prise d’un vertige, elle dut se rasseoir immédiatement,  

 

- Tout va bien Mademoiselle. s’inquiéta l’homme de loi.  

 

- Vous voyez bien, elle est encore choquée de ce qui s’est produit ; laissez lui un peu de temps. ronchonna Saeko.  

 

- Non, tout va bien. Mieux vaut en finir au plus vite. affirma Kaori.  

 

Sans attendre, Kaori prit soudainement un air sévère et emboîta le pas du Procureur ; Saeko suivit le cortège des deux protagonistes.  

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur un groupe de quatre personnes dont l’un d’eux les surplombait largement de son imposante stature,  

 

- Miki !  

 

Sans même s’en rendre compte, Kaori se réfugia dans les bras de la barmaid qui parut surprise sur le coup puis enlaça son amie tendrement,  

 

- Ne t’en fais plus, nous sommes là pour toi et Ryo.  

 

Tout en soupirant, Kaori se détacha de l’étreinte réconfortante et laissa son regard noisette flotté sur les quatre personnages qui la détaillaient avec tendresse. Que cela lui faisait mal de ne pas se souvenir des gens qui semblaient si atypiques mais irremplaçables,  

 

- Mademoiselle Makimura. interpella le Procureur Hôritsu, en maintenant les portes de l’ascenseur ouvertes.  

 

- J’arrive ! clama-t-elle à l’intention de l’homme de loi. Pardonnez moi mais je ne peux rester au chevet de Ryo... avoua-t-elle en baissant la tête, comme si la honte l’envahissait. Il faut que je suive le Procureur pour engager les poursuites contre Heibi et Sagi...  

 

- Ne te justifie pas, Kaori. coupa Mick en posant une main « câline » sur l’épaule de la jeune femme. Tu n’as pas éprouvé de culpabilités, tu as toujours agi au mieux et Ryo ne t’aime que davantage pour ça et nous aussi ; dès que tu auras fini ta déposition, nous viendrons te récupérer au commissariat. clama-t-il en prenant sa compagne par les épaules.  

 

La belle infirmière lui sourit chaleureusement et acquiesça d’un hochement de tête,  

 

- Même si tu sembles hors de danger du fait qu’Heibi soit derrière les verrous... avoua Miki en jetant une œillade à Saeko. Nous avons pensé qu’il serait plus sage que quelqu’un veille sur toi malgré tout et donc tu seras sous la protection de Mick et de Kazue.  

 

Prenant la main du couple protecteur, Kaori se sentit grelotter sous le coup d’émotions qui fusaient dans tout son être ; elle commençait à ressentir des sentiments affectueux pour les divers personnages lui faisant face,  

 

- Tenez moi au courant de la santé de Ryo, s’il vous plait... Je pars en ne sachant même pas s’il va bien. marmonna-t-elle.  

 

- Ne t’en fais pas, Ryo en a vu d’autre. tenta de la rassurer Kazue. Et il ne peut pas te laisser trop longtemps entre les griffes d’un homme aussi « dangereux » que Mick. clama-t-elle en lui faisant un clin d’œil.  

 

- Qu’est-ce que j’ai encore fait ? râla l’Américain, l’air faussement boudeur.  

 

Kaori sourit joyeusement à cette scène qui lui sembla si familière tandis que la belle infirmière embrassait tendrement le Blondinet et esquissant un pas dans la direction de l’ascenseur, Kaori délaissa à contre cœur cette bonne humeur pour retrouver cet homme qui était la cause de tous ses malheurs.  

 

***  

 

Pendant ce temps, à la prison de haute sécurité, Sagi, assis dans sa cellule, sentait la moiteur de ses mains s’accentuer. L’un des gardes l’avaient averti d’un ton moqueur que son « abonnement en prison » allait se prolonger et cela ne pouvait signifier qu’une seule chose... Heibi s’était fait pincer.  

Il avait alors tenter de joindre Maître Hagetaka mais la tonalité du téléphone portable de ce dernier retentissait à plusieurs reprises pour finir par aboutir sur la boîte vocale ; laissant des messages cinglants, le Parrain finit par raccrocher pour ensuite être raccompagné dans sa piaule.  

 

Dans sa luxueuse voiture, le dit avocat arpentait les rues de la petite ville pour se rendre au plus vite sur le lieu de détention d’Heibi pour tenter de contrer les dires de son confrère ou du moins, limiter les dégâts.  

Mais malheureusement pour lui, la dense circulation de la fin de journée empêchait son rapide évolution.  

 

***  

 

Tandis que Saeko et le Procureur discutaient vivement de l’entrevue qui allait se passer, Kaori silencieuse attendait patiemment cette rencontre tant redoutée. Les pupilles dilatées, le regard dans le vague, des multitudes de paroles lointaines semblaient faire irruption de son subconscient. Le cœur battant, les mains crispés sur son jean, elle encaissait les sons et rapides flashs qui percutaient son âme et sa mémoire ; pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant ? Etait-ce la poussée d’adrénaline qui débloquait ce débit visuel et sonore ?  

 

- Mademoiselle Makimura, nous devons y aller. J’aimerais que vous m’accordiez une petite faveur avant de poursuivre.  

 

- Laquelle ?  

 

- Celle de faire face dès à présent à Heibi...  

 

- J’accepte ! l’interrompit-elle.  

 

- Je voudrais que vous fassiez poids sur lui par votre présence...  

 

Soudain le Procureur stoppa dans sa tentative de justification, réalisant aussitôt les paroles de la jeune femme,  

 

- Vous acceptez ?  

 

- Oui et je ne reprendrais pas ma parole. clama-t-elle en le fixant de sa prunelle noisette où brillait une détermination accrue.  

 

Reprenant leur route, le Procureur et Saeko ouvrirent la marche et pénétrèrent dans une pièce sombre dont l’un des murs, orné d’un miroir sans teint, donnait vu sur la salle d’interrogatoire.  

La triste pièce était « décorée » d’une petite table de bois faiblement éclairé par une ampoule pendant au plafond et de trois chaises dont l’une d’elles était occupée par un homme à la coupe très courte à la teinte oxygénée.  

Un sourire énigmatique fendait son visage tandis qu’il fixait le miroir comme s’il apercevait la jeune femme au travers. A cette impressionnante sensation, Kaori sentit un frisson parcourir son échine et elle se raidit machinalement. Mais un souffle bienveillant l’emplit soudainement ; tout en fermant les yeux, Kaori sentit cette puissante aura l’enveloppée.  

Tandis que les autres protagonistes interprétaient cela comme un besoin de surmonter ses angoisses, Kaori, elle puisait dans cette force mystérieuse,  

 

- On y va ? intervint le Procureur en posant la main sur la poignet de la porte de séparation.  

 

- Attendez ! demanda Kaori.  

 

- Que se passe-t-il ? s’inquiéta le Procureur de peur de voir son témoin se dérober.  

 

- Je voudrais entrer seule si vous le voulez bien.  

 

- Mais...  

 

- Vous ne pouvez le questionner tant que son avocat n’est pas présent alors laissez moi le loisir de m’entretenir avec lui, s’il vous plait. demanda-t-elle d’un doux ton.  

 

- Comme vous le voulez mais nous vous surveillons d’ici et à la moindre embrouille de sa part, j’interviendrais.  

 

Tout en hochant la tête positivement, Kaori dépassa l’homme de loi et pénétra dans la pièce alors qu’elle sentait le regard noir de fureur de l’interpeller.  

Sans même poser la moindre attention sur le « détenu », Kaori s’assit en face de lui et baissa la tête, en un murmure suppliant,  

 

- Aide moi, encore une fois, Ryo.  

 

Malgré le faible son de sa voix, Heibi perçut son étrange requête et ricana,  

 

- Comme c’est étrange ? Mais où est passé ce cher Saeba ? demanda-t-il d’un air interrogatif. Que je suis bête... clama-t-il en se frappant le front. J’avais oublié que ce brave garde du corps avait pris une vilaine balle. Comme c’est triste ! soupira-t-il, en s’avachissant sur sa chaise.  

 

Encaissant silencieusement les remarques mesquines de son interlocuteur, Kaori sentit une rage s’insinuer dans ses veines à mesure que les paroles d’Heibi heurtaient ses tympans. Chaque mot prononcé égratignait davantage le cœur de Kaori qui était toujours dans l’ignorance de l’état de santé de Ryo mais elle ne pouvait, ni ne voulait le laisser continuer à salir la réputation de l’homme qu’elle aimait et elle trouverait tout ce qui serait en son pouvoir pour le faire taire, le clouer sur place.  

Relevant la tête, Kaori vint plonger sa prunelle noisette dans la noirceur et la froideur de son interlocuteur,  

 

- Je... commença-t-elle en grinçant des dents.  

 

- Je, quoi ? Pardonnez moi, je n’ai pas très bien entendu ! demanda-t-il en plaçant sa main autour de son oreille comme pour intensifier la réception des mots de la jeune femme, en se penchant exagérément.  

 

- Je vais vous faire payer tout ce que vous m’avez fait.  

 

- Ouh, j’ai peur. se moqua-t-il.  

 

- Vous avez raison d’avoir peur car vous m’avez volé mon passé, ma vie et vous allez le regretter. Je vais vous faire souffrir comme vous m’avez fait souffert ; certes, je n’ai pas la prétention de le faire physiquement car vous êtes beaucoup plus fort et compétant que moi...  

 

- Vous êtes trop aimable.  

 

- Mais cela n’était nullement un compliment et je compte me servir de la seule chose qui me reste...  

 

- Et quoi donc. questionna-t-il en s’adossant à sa chaise en croisant les bras sur ses pectoraux.  

 

- Moi...  

 

- Vous ? Comme si une femme de votre envergure pouvait me faire peur. Pff !  

 

- Je sais pertinemment que je ne vous effraye pas mais si mon témoignage, seul, suffit à vous faire plonger, je ne vous lâcherais pas et ça, soyez en certain ; j’en fais la promesse solennelle. termina-t-elle d’un ton sévère.  

 

L’expression de l’homme fut soudain moins confiante et hautaine ; dans la pièce voisine, le Procureur se détourna de la vive conversation pour se reporter sur la femme Lieutenant qui souriait,  

 

- Pourquoi souriez-vous ?  

 

- Kaori refait surface peu à peu.  

 

- Qu’entendez-vous par là ?  

 

- Rien ; vous ne comprendriez pas.  

 

- En tout cas, ce que je sais c’est que cette jeune femme a du cran et vu la tête d’Heibi, je ferais bien de faire mon entrée en scène car je ne sais pas ce qu’il serait tenté faire.  

 

***  

 

Pendant ce temps à l’hôpital, Ryo venait de gagner sa chambre ; sous la recommandation du corps soignant, une seule personne pouvait entrer dans la chambre pour ce soir. Mick demanda à ses amis de lui accorder cette aubaine ; d’un commun accord, ils laissèrent donc seul à seul avec son comparse.  

Le Japonais, étendu sur le lit, semblait soucieux malgré l’apparence endormie qu’il avait ; à pas feutré, l’Américain se rendit donc au chevet de son ami. Tout en chevauchant une chaise, il fixa intensément pour détecter le moindre mouvement de son ami qui trahirait son réveil.  

Lorsque ce dernier lâcha un long soupir plaintif, Mick réalisa son éveil. Tout en se redressant, il surplomba le ténébreux Nettoyeur,  

 

- Oh mon Dieu, je dois être mort ! pleurnicha Ryo.  

 

- Sombre idiot ! Tu as de la « chance » d’avoir été blessé grièvement sinon je t’aurai filé une bonne trempe. rugit le Blondinet.  

 

Ryo se mit à sourire mais une grimace se mêla à a taquinerie alors qu’il posait une main molle sur sa poitrine meurtrie,  

 

- Ca va, tu veux que je demande des calmants.  

 

- Ne t’en fais pas pour ça ! Une nuit de repos et tout rentrera dans l’ordre. souffla-t-il.  

 

Scrutant la chambrée de sa sombre prunelle, il recherchait machinalement la silhouette féminine aux cheveux courts qu’il aurait aimé retrouver à son réveil,  

 

- Où est Kaori ?  

 

- Elle est avec Saeko et un Procureur qui avait impérativement besoin de sa déposition.  

 

- Et Heibi ?  

 

- Il est sous les verrous ; tu as bien joué sur ce coup-là.  

 

- Comment ça ? l’interrogea-t-il en tiquant.  

 

- Tu as sauvé la belle et tu as arrêté le méchant. Tu as pris la balle lui étant destinée et tu as subit une opération qui nous laissait indécis sur ton avenir. Tu es son héros incontesté.  

 

- Quel crétin, tu fais ! hurla le Nettoyeur en lui balançant la petite carafe métallique au visage tandis que l’Américain esquivait sans peine.  

 

- Calme toi. ronfla le Blondinet. Décidément, tu n’as aucun sens de l’humour.  

 

- Tu crois que c’est le moment.  

 

- En tout cas, ce qui est sûr, c’est que je dois appeler notre Lieutenant de charme pour les informer de ton état.  

 

- Attends, dis leur simplement que mon opération s’est bien passé et que je dois me reposer.  

 

- Qu’est-ce que c’est que cette embrouille encore ? questionna Mick, en comprenant pertinemment le sens de sa requête.  

 

- Sachant qu’elle est amnésique et d’autant plus exposée, je veux qu’elle continue à vivre sans moi. Vu dans quel état que je suis à la minute, je ne peux même plus la protéger.  

 

- Ne t’inquiète pas pour cela, elle va dormir chez nous cette nuit et durant ta convalescence.  

 

- Et c’est sensé me rassurer !  

 

Mais son interrogation resta sans réponse alors que le faciès de Mick se transforma en une grimace libidineuse,  

 

- Deux magnifiques femmes pour moi tout seul. ricana-t-il, alors que ses doigts s’agitaient sous le coup d’une palpation imaginaire.  

 

- Je t’interdis de la toucher. rugit le Japonais.  

 

- Il ne tient qu’à toi de m’en empêcher. clama l’Américain en prenant un air des plus sérieux.  

 

- Laisse moi, je dois me reposer.  

 

Se positionnant difficilement sur le côté, Ryo finit par lui tourner le dos alors que l’Américain quittait la chambre en soupirant.  

 

***  

 

A bout de souffle, Maître Hagetaka poussa énergiquement la porte de la salle d’interrogatoire ; un lourd silence pesait dans la pièce alors que les divers protagonistes le dévisageaient.  

Rajustant sa veste et passant une main fébrile dans sa chevelure désordonnée, il entra dans la salle en posant sa mallette sur la table,  

 

- J’espère que vous n’avez pas profité de mon absence pour interroger mon client. demanda-t-il en prenant place.  

 

- Je ne me serais pas permis une telle chose, voyons cher confrère. avoua le Procureur d’un ton cassant.  

 

Posant son regard clair sur la jeune femme présente et reconnaissant aisément la jeune femme qu’Heibi aurait dû éliminer, l’avocat sentit des sueurs froides perler dans son dos,  

 

- Bon, si nous commencions les négociations !  

 

- Il n’y a rien à négocier ! coupa vivement Maître Hagetaka. Mon client ne vous avouera rien.  

 

- Hé attends Coco ! Je voudrais bien entendre ce que ton pote a, à nous proposer.  

 

- Je ne suis nullement son pote, comme vous le dites si bien mais je vous propose une peine d’emprisonnement de trente ans fermes au lieu de la peine capitale.  

 

- Tu plaisantes mon gars !  

 

- Pas du tout ! clama le Procureur en secouant la tête en signe de négation. Cette jeune personne ici présente peu nous fournir les preuves nécessaires contre vous alors c’est à vous de voir.  

 

- Sale garce, tout ça, c’est de ta faute ! Tu n’aurais pas pu crever comme tous les autres ! hurla Heibi en tentant de se ruer sur Kaori mais le Procureur l’intercepta.  

 

- Je vous conseille de vous calmer.  

 

- Nous n’avons d’autre choix d’accepter. murmura Hagetaka.  

 

- Tu plaisantes j’espère ; je vais moisir en taule et tu ne peux faire que ça avec le salaire que tu te paies ! mugit Heibi en s’affaissant dans sa chaise.  

 

- Je vous propose un marché contre une remise de peine de cinq...  

 

- Dix ! tenta de négocier Heibi.  

 

- Attendez, je suis votre avocat ! C’est moi qui dois négocier. intervint Hagetaka.  

 

- Oh toi, ta gueule ! Pour le travail que tu fais, contente toi d’écouter et de voir si cela est légal. Alors qu’elle est ce marché ?  

 

- Votre témoignage contre Sagi ! sourit le Procureur.  

 

- Vous plaisantez, j’espère ! vociféra Maître Hagetaka.  

 

- Pas du tout ! Monsieur Tadji, je tiens simplement à vous faire remarquer que sous quarante huit heures, votre chef sera libre car plus aucun témoin n’est en mesure de l’inquiéter alors que vous, vous allez prendre la peine capitale.  

 

- Quel enfoiré ! ragea Heibi en tapant du poing la table de bois. J’accepte cet arrangement contre sept ans d’emprisonnement en moins.  

 

- D’accord ! conclut Hôritsu. Maintenant, nous allons prendre votre déposition et laisser cette jeune femme rentrer chez elle.  

 

Prenant Kaori sous le bras, le Procureur ravit la reconduisit auprès du Lieutenant Nogami,  

 

- Merci Kaori, votre aide m’a vraiment été très précieuse.  

 

- Si j’ai pu vous être utile, j’en suis ravie. Je me sens soudainement plus légère. soupira-t-elle de contentement.  

 

- Je vous laisse aux bons soins du Lieutenant pendant quelque instant car une longue nuit nous attend. soupira-t-il joyeusement. Mais je vous attends dès la première heure demain pour prendre votre témoignage, je dois rédiger celui de Monsieur Tadji en premier car le procès est imminent.  

 

- Kaori, je vais te faire raccompagner jusqu’aux portes du commissariat car Mick et Kazue t’attendent déjà.  

 

- D’accord.  

 

Sans plus de mots, le Procureur regagna la salle d’interrogatoire suivi du Lieutenant Nogami ; pendant quelques secondes, Kaori fixa la scène qui était en train de se jouer dans l’autre pièce.  

Dans un long soupir et d’une mine plus détendue, Kaori quitta la pièce pour arpenter à nouveau les couloirs menant à la sortie.  

 

A la sortie le l’établissement pénitentiaire, Mick, adossé à l’habitacle de sa voiture, les bras croisés sur les pectoraux, lui souriait alors que Kazue, à ses côtés, esquissait quelques pas dans sa direction.  

Plus précipitamment, Kaori les rejoignit,  

 

- Comment va Ryo ? s’enquit-elle.  

 

- Il est sauf, Kaori, tu n’as plus de soucis à te faire.  

 

Une bouffée d’émotions vint lui serrer la poitrine alors qu’un large sourire illuminait son visage,  

 

- Je veux le voir ! s’impatienta-t-elle.  

 

- Il doit se reposer et il se fait tard. intervint Mick.  

 

Etonnée par les paroles de son compagnon, Kazue se contenta d’appuyer ses dires,  

 

- Tu auras tout le loisir de le voir car tout est fini Kaori, vous pourrez reprendre une vie paisible. l’encouragea la belle infirmière.  

 

Une sourde mélancolie s’empara de l’Américain alors qu’il ouvrait galamment les portières aux deux jeunes femmes pour les laisser s’installer confortablement pour rentrer enfin chez eux.  

 

Une étrange sensation envahit le cœur de Kaori malgré que tout cela semble sur le chemin de la finalité.  

Le trajet jusqu’à l’immeuble du couple se fit silencieux, tant par la fatigue que par un mystérieux mutisme prenant les divers protagonistes.  

 

L’invitant gracieusement à entrer chez eux, Kazue désigna la chambre d’amie à la jeune femme qui s’éclipsa dans la pièce feignant une pesante lassitude.  

Profitant de l’absence de Kaori, Kazue retrouva l’Américain, un verre à la main, entrain de contempler l’immeuble de briques rouges,  

 

- Qu’est-ce qui se passe, Mick ?  

 

- Rien.  

 

- Ne me mens pas, je te connais.  

 

Tout en soupirant, Mick s’assit sur le rebord de la fenêtre et se massa le front nerveusement,  

 

- C’est Ryo ?  

 

- Quoi, tu ne nous as pas tout dit sur son état de santé ?  

 

- Non, c’n’est pas ça ? Il veut rendre « profiter » de l’amnésie de Kaori pour lui rendre sa liberté.  

 

- Mais pourquoi ? s’indigna l’infirmière.  

 

- Il a cru la perdre une fois et il préfère vivre loin d’elle et la savoir en vie plus tôt que de subir une nouvelle fois, la déchéance de sa mort.  

 

Instinctivement, Kazue vint se blottir contre son amant en lui caressant lentement sa chevelure claire.  

 

Dans sa chambre, Kaori, chamboulée pour une raison inconnue, laissait son regard vagabondé sur la voûte céleste ; bien que trouvant par le passé, du réconfort en cet instant anodin, elle ne se sentait nullement apaisée.  

 

Dans sa chambre d’hôpital, les coussins calés derrière son dos, Ryo fixait une étoile brillant intensément dans le ciel. Tout en soupirant, il murmura,  

 

- Pardonne moi Kaori.  

 

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de