Chapter 4 :: chapitre 4

Published: 09-02-19 - Last update: 09-02-19

Comments: Bonsoir, la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

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Chapitre 4  

- Tu as mis le paquet, vieux frère !  

Ryo observait les lieux et était soufflé. Mick avait vu les choses en grand même pour un mariage dans l’intimité. Qui cherchait-il à impressionner ? Ryo avait du mal à croire que c’était le type de mariage auquel aspirait son ex-partenaire. Parce qu’en quatre mois, non seulement elle avait déménagé, mais Mick l’avait convaincue d’arrêter ses activités et de l’épouser et, dans un futur proche, de fonder une famille. Elle lui avait avoué que toute cette précipitation lui donnait le tournis mais elle avait cédé. Ryo soupçonnait qu’elle éprouvait de la culpabilité car elle n’arrivait pas à l’aimer comme elle pensait le devoir.  

Plusieurs fois il avait eu l’impression qu’elle attendait qu’il lui dise d’arrêter tout cela mais il ne l’avait pas fait. C’était bien pour elle et il était sûr qu’une fois l’agitation passée elle serait heureuse. C’était ce qu’il avait voulu pour elle après tout, une vie normale, certainement ce qu’aurait voulu son frère aussi.  

- Tu sais, Ryo. Je sais que je ne suis que son deuxième choix. Je sais aussi qu’elle t’aime toujours.  

- Arrête tes conneries Mick. Elle t’a choisi.  

Ryo regardait son ami : il sentait sa tension malgré son air nonchalant. Il se sentait gêné d’être à l’origine de cette ombre… Finalement avait-il fait le bon choix ? Aucun d’eux trois ne semblait parfaitement heureux. Devait-il agir sur ses sentiments ? Mais, même si c’était sa dernière chance de récupérer Kaori, il n’était toujours pas prêt à lui offrir ce qu’elle était en droit d’attendre.  

- Ecoute, si tu préfères, si ça peut te rassurer, je peux m’en aller. Je ne t’en voudrais pas de me le demander.  

- Non, Ryo. Reste… sauf si tu préfères ne pas assister à cela, bien entendu., lui dit son américain d’ami.  

- Vous êtes mes amis. J’ai envie d’être là à vos côtés., lui répondit Ryo.  

Il se disait aussi que ça lui permettrait de tourner la page. Kaori mariée devenait définitivement hors d’atteinte. Il pensait également que, si elle accomplissait cette mission-là devant lui, elle se rassurerait dans sa décision, dans son choix.  

- Je suis content que tu sois là.  

- Moi aussi. Si tu veux, je peux aller voir si tout le monde est là et si on peut commencer ?  

Mick acquiesça et Ryo sortit. Il s’appuya deux minutes sur le mur dans le couloir pour mettre de l’ordre dans ses idées. Cette journée serait éprouvante. Etait-ce cela qu’on appelait un mal nécessaire ?  

Tous s’installèrent pour la cérémonie. Ryo se retrouva à côté de Umibozu. Lorsque Kaori entra dans l’église dans sa robe blanche précédée par Miki, Ryo retint son souffle. Elle était tellement belle. Quand il croisa son regard, il eut un choc. Il s’attendait à la voir comblée et c’était certainement ainsi que tous leurs amis la voyaient. Mais il la connaissait : le doute hantait son esprit, elle avait le coeur lourd, elle devait se demander si elle prenait la bonne décision... Il sentait son aura vaciller. Elle allait craquer. Il aurait voulu la prendre dans ses bras et la rassurer. Il eut un mouvement vers elle mais sentit la main de Umibozu se poser sur son bras et l’entendit lui dire dans un murmure :  

- Si tu dois faire quelque chose maintenant, sois sûr de toi : il ne sera plus question de reculer une nouvelle fois.  

Ryo réfléchit en un quart de seconde et se détendit. Non, il ne ferait rien. Il aimait cette femme à en crever mais il ne lui gâcherait pas sa vie. Elle était dans un tourbillon mais elle s’en sortirait. Elle avait fait le bon choix.  

- T’inquiète l’Eleph’, je ne vais pas faire de scandale.  

- C’est ta dernière chance.  

- Je sais., dit Ryo, un sourire triste en coin.  

Umibozu parut satisfait de sa réponse. Ryo regarda les deux fiancés se faire face pendant la cérémonie, prêter serment et être déclarés mari et femme. Il avait senti tous les regards se tourner vers lui lorsque le prêtre demanda si quelqu’un souhaitait s’opposer à l’union, surtout deux regards se poser sur lui, l’un méfiant, l’autre… il n’aurait su dire si c’était de l’espoir, du regret, du remords… Il releva la tête avec tout le courage qu’il put rassembler et leur sourit en faisant signe que non. Il ne briserait pas leur couple.  

La cérémonie finie, ils se dirigèrent vers la salle de réception. Le repas, la décoration, la musique, Mick avait tout préparé. C’était son cadeau à Kaori. Tout cela était resté un mystère pour elle jusqu’au bout. Il n’y avait que sa robe qu’elle avait pu choisir. Ryo tiqua : plus la journée avançait, plus il la sentait oppressée. Elle souriait, riait mais elle étouffait. Il trouva une brèche pendant la fête et l’emmena dehors. Ils marchèrent pendant quelques minutes en silence, puis s’assirent sur un banc dans le parc.  

- Viens là., dit-il en la prenant par l’épaule et l’enlaçant.  

Elle se laissa aller contre lui et il sentit sa chaleur contre lui. Il passa la main dans ses cheveux, jouant avec une mèche. Elle s’apaisait. Sa respiration se régularisait. Elle se rapprocha de lui un peu plus et posa la tête contre son épaule. Son aura était beaucoup plus paisible.  

- Ca va mieux ?, murmura Ryo.  

Il la sentit frissonner. Il retira sa veste et la passa autour de ses épaules. Elle le remercia et reprit sa position, tête sur son épaule. C’était agréable de la sentir contre lui.  

- Tes cheveux ont poussé. Je les préférai plus courts., dit-il sans réfléchir.  

- C’est plus féminin. Mais j’avoue que c’est pénible à coiffer avec toutes mes mèches rebelles…, répondit-elle avec un léger sourire.  

- C’est un beau mariage…  

- Oui… Mick s’est surpassé…, répondit Kaori d’une voix troublée.  

- C’est trop, non ?, suggéra-t-il.  

Elle leva la tête vers lui et lui sourit, un de ses sourires authentiques, chaleureux, troublants, celui qui lui remuait les tripes à chaque fois.  

- Tu me connais si bien…, murmura-t-elle.  

- Huit ans de vie commune, ça forge des liens.  

Il la sentit se raidir contre lui. Elle se releva et lui rendit sa veste. Son visage était devenu un masque neutre.  

- Pas assez a priori. Je ferai mieux de retrouver mon mari., dit-elle en s’éloignant.  

- Kaori, attends !, dit-il en la rejoignant précipitamment.  

- Je suis désolé.  

- De quoi ? Passer à côté de ta vie ? A côté de notre vie ?  

- Kaori, quand tout ça se calmera, tu auras le temps de réfléchir et tu verras que c’est le mieux pour toi.  

- Tu crois vraiment ce que tu dis, Ryo ?, lui demanda-t-elle en le fixant du regard.  

- Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne m’aimes pas.  

- Kao…  

- Dis-le moi. Dis-le moi et je pourrai peut-être croire que j’ai pris la bonne décision.  

Il la regarda, le coeur lourd. Il sentait à nouveau l’aura de doute autour d’elle. Elle attendait sa réponse.  

- Je… je ne peux pas te mentir. Je t’aime et ça me fait mal de te voir dans ses bras. Mais je ne pourrai pas te donner tout ce que lui peut.  

- Tu ne t’es jamais dit que je n’avais pas des attentes si faramineuses.  

- Kao, tu es mariée, tu pourras avoir des enfants. Tu adores les enfants. C’est le mieux pour toi.  

- Je voulais juste passer ma vie à tes côtés, travailler avec toi, fêter nos anniversaires avec toi, dormir entre tes bras, faire l’amour avec toi... Le mariage, les enfants, j’aurais pu m’en passer.  

- Tu vas avoir une vie normale.  

Elle le regarda narquoise et se mit à rire. Il la dévisagea interloqué.  

- Depuis quand j’ai une vie normale ? Je suis la fille d’un père hors-la-loi qui m’a enlevé à ma mère, adoptée par le policier qui l’a tué, mort trop vite. J’ai été élevée par un frère flic qui finalement a quitté la police pour mieux s’acquitter de sa quête de justice. Il est mort le jour de mon anniversaire me laissant à son partenaire qui évolue dans l’entre-deux-monde, un ancien guerillero, tueur au coeur d’or… Elle est où ma vie normale ?  

- Vu sous cet angle…  

- Vu sous cet angle, tu t’es planté, Ryo. Sur ce, je vais rejoindre ma vie normale avant qu’elle ne s’inquiète de mon absence.  

Elle lui tourna le dos et s’éloigna. Il resta seul avec ses interrogations. S’était-il trompé à ce point ? Il avait laissé partir la femme qu’il aimait pour son bien. Il s’était imaginé qu’elle lui demanderait le monde, qu’elle serait malheureuse parce qu’il ne pourrait pas le lui offrir et finalement elle ne voulait que lui. Juste lui… Et maintenant, elle était mariée et il ne pouvait pas décemment lui demander de revenir…  

Il la vit s’approcher de Mick. Il la prit dans ses bras, l’embrassa et l’emmena danser. A un moment, elle plongea son regard dans le sien. Il tressaillit et laissa s’échapper :  

- Ca aurait dû être moi… 

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