Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: nodino

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 7 capitoli

Pubblicato: 05-06-11

Ultimo aggiornamento: 07-04-12

 

Commenti: 62 reviews

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HumourRomance

 

Riassunto: Anciennement "Île était une fois"... Quand Kaori et Ryo se retrouvent coincés sur une île déserte...

 

Disclaimer: Les personnages de "Île était une fois..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Mokkori Island.

 

Capitolo 4 :: Délivrance

Pubblicato: 14-09-11 - Ultimo aggiornamento: 02-10-14

Commenti: Hello ! Un petit chapitre au goût de vacances et de soleil pour fêter la rentrée. J'avais dit que ce serait le dernier, ça ne l'est pas, mais normalement, c'est l'avant dernier. comme quoi, même moi qui rame dans l'humour (pas mal pour une histoire de naufrage ^^) j'arrive à ne pas m'arrêter. J'espère qu'il vous plaira car, en discutant avec ma beta, je m'aperçois chaque jour un peu plus à quel point l'humour est quelque chose de subjectif, donc difficile. Alors merci à vous tous qui me laissez une petite ou longue review pour me dire que je peux continuer, ça m'aide énormément à garder confiance, un énorrrrrmissime merci à ma beta Cris avec qui je sais que je peux échanger sans complexe, que l'on soit d'accord ou non. Merci pour tes avis, tes idées, tes bêtises miss ! A très bientôt pour la suite (enfin, très bientôt... Vous me connaissez maintenant hein ^^) Biz PS : Heu, j'ai un peu triché en modifiant un poil mon chap 3... J'ai rajouté une serviette dans le sac contenant la veste de Ryo (je précise car je sais que certains ont l'oeil ^^).

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7


 

« Ne bouge pas Kaori... »  

 

Ces quelques mots, murmurés par Ryo, peinèrent à se frayer un chemin jusqu'au cerveau de Kaori, tétanisé par la surprise et la violence du choc. Que Ryo venait-il de dire ? Aucune idée... La jeune femme avait vu ses lèvres bouger, son regard se voiler... Une demande, une supplique peut-être... Mais qu'avait-il dit, ça elle ne saurait le dire. Par contre, elle pouvait dire où il se trouvait. Ça, elle en était sure, aucun doute possible. Si son esprit était embrumé par la stupéfaction, son corps, lui, ressentait bien la puissance de son partenaire peser sur elle.  

 

Mais que s'était-il donc passé ? Rassemblant ses souvenirs, elle essaya de se remémorer ces quelques secondes qui les avaient fait basculer dans cette dimension complètement surréaliste. Elle se rappelait qu'elle lui tournait le dos quand soudain elle s'était retrouvée submergée d'informations sensorielles : son partenaire avait soudain crié - une sorte d'étrangeté gutturale ressemblant à « Miiiick, noooonnnnnnnn ! » . Elle s'était alors retournée vers lui pour le découvrir courant vers elle, les mains en avant, tandis qu'en même temps elle avait commencé à sentir glisser sur sa poitrine son haut de maillot de bain ; « oh mon dieu, Mick avait défait le lien qui le retenait ! »  avait-elle alors compris, tandis que le petit macaque sautait de son épaule pour fuir... Incapable de choisir entre protéger sa pudeur en retenant le soutien-gorge et parer l'impact imminent, son cerveau avait comme bugué, créant une distorsion de l'espace spatio-temporel. Cela avait eu comme effet de lui donner l'impression que Ryo courait au ralenti, le visage déformé par une grimace paniquée... c'était étrange, vraiment... Mais même si cela lui avait permis de gagner du temps, cela n'avait pas suffi pour définir quel choix prévalait sur l'autre et elle était juste restée comme une idiote, les bras ballants, les yeux et la bouche grands ouverts, incapable de réagir. Le petit cri qui était resté coincé dans sa gorge avait cependant jailli sous le choc, lorsque le corps de Ryo était violemment entré en contact avec le sien et qu'ils avaient ensemble basculé vers l'arrière.  

 

Lorsqu'elle avait rouvert les yeux, une seconde plus tard, cela avait été pour plonger dans ceux de son partenaire. Pour être exacte, elle avait plutôt dû loucher tant ses pupilles sombres étaient proches, si proches que leurs nez pouvaient se toucher. Mais ce qui la perturbait le plus c'était qu'en plus de son nez,elle pouvait sentir la caresse de son torse, de ses jambes, de son bassin, de tout son corps en fait... car il était tout simplement couché sur elle... Il était couché sur elle... Couché sur elle... Oh mon Dieu, Ryo était couché sur elle !!!  

 

Tout lui revenait en mémoire ! Piquant un fard et mue par une espèce de réflexe venu du fin fond de sa timidité profonde, elle chercha à se sortir de cette situation plutôt embarrassante. Sans réfléchir, elle arqua son corps, tentant de soulever celui de son partenaire, mais en vain. Toujours perdue dans l'affolement de ses sens, elle continua en soulevant ses hanches, l'une après l'autre, accompagnant ce mouvement d'une poussée de ses mains sur le torse dur du nettoyeur. Cela ne dura que quelques secondes, car elle prit soudain la pleine conscience de leur position. Ryo n'était pas seulement tombé sur elle, il se trouvait carrément entre ses jambes écartées et légèrement repliées, son bassin collé contre le sien... et cette pression qu'elle venait de ressentir sur ses seins tandis qu'elle le repoussait... c'était... comme si on les avait enserrés... ça ne pouvait signifier qu'une seule chose : les doigts de Ryo se trouvaient dessus ! Un sentiment de panique mêlé d'une étrange chaleur l'envahit soudain et elle se mit à gigoter de plus belle, jusqu'à ce que les mots de son partenaire parviennent enfin à passer les barrières de son esprit :  

 

 

-KAORI BON SANG, ARRETE DE BOUGER !  

 

Le ton de Ryo trahissait la situation catastrophique dans laquelle il se trouvait. Il n'aurait pu imaginer pire situation. Lui, qui avait fait jusqu'ici de multiples efforts pour éviter tout contact rapproché avec sa partenaire, se retrouvait carrément vautré sur elle comme s'ils n'étaient rien de moins que deux amants. Et de plus elle s'agitait dans tous les sens !! Elle ne se rendait absolument pas compte du danger ! A remuer comme ça elle allait faire remonter à la surface tous les démons qu'il tentait de tenir à distance depuis si longtemps... Son bassin qui se frottait au sien tandis qu'elle essayait de sortir du carcan de son corps, sa poitrine qui glissait sous ses doigts et dont il pouvait sentir les mamelons sous sa paume, sa peau contre la sienne... C'était un pur cauchemar... Enfin non, c'était un pur délice, mais ce serait se damner pour l'éternité que d'aller plus loin. Il ne pouvait pas... Pas encore... Mais pourquoi persistait-elle à gigoter ainsi ? Il sentait déjà affluer sous son pantacourt les premiers picotements significatifs de l'imminence de la catastrophe. Mais comment ne pas se laisser submerger par le désir ? Les rondeurs qu'il sentait sous ses doigts étaient si douces et fermes qu'il mourait d'envie d'en approfondir le contact et de les caresser jusqu'à en faire dresser les pointes... la peau nue de son ventre contre le sien était si douce qu'il se demandait si la saveur n'en serait pas sucrée... Et par-dessus tout, ces mouvements de son bas-ventre contre le sien pendant qu'elle se tortillait de plus belle était une pure torture ! Il allait craquer... C'était foutu !!  

 

Heureusement pour lui, elle cessa tout mouvement en l'entendant crier. En une seconde les stimuli envoyés par son corps de déesse se calmèrent, et il sentit refluer avec soulagement sa bouffée de désir. Il osa un instant penser qu'il était hors de danger et qu'il allait pouvoir se relever pour mettre fin à ce supplice... et ce fut ce qui le perdit. Alors qu'il avait jusqu'ici concentré son attention sur la maîtrise de son corps, il se laissa piéger par un autre de ses sens. Plongeant son regard dans celui de Kaori, à quelques centimètres du sien, il fut terrassé lorsqu'il lut, dans les grands yeux brillants ourlés de cils qui surplombaient ses joues roses, la multitude d'émotions qui habitait sa compagne. Il la connaissait si bien qu'il devinait sans peine ce qu'elle ressentait ... Elle était embarrassée, mais troublée aussi, troublée par cette situation incongrue mais aussi sûrement par son corps, qui devait connaître les prémices d'un plaisir délicieux. Ce voile sur ses pupilles la trahissait : ses mouvements pour se libérer avaient eu sur elle les mêmes effets que sur lui. Elle le fixait de ses grands yeux noisette auxquels ce qu'il devinait être du désir donnait un éclat intense, et il sut qu'il n'avait qu'un geste à faire, un seul... Ce serait si simple de se laisser aller... ses lèvres étaient si proches qu'il pouvait en sentir le frémissement. Il le sentait, il n'avait qu'à se baisser un peu et il pourrait en savourer le souffle et enfin assouvir ce besoin d'elle qui le dévorait depuis si longtemps.  

 

Ce qui s'ensuivit fut la conséquence de la fulgurance d'un désir qui revint, impérieux comme jamais, tandis que le cerveau de Ryo mettait en jeu ses dernières forces pour maintenir intact le conditionnement établi par le nettoyeur. Il ne pouvait pas, c'était interdit ! Il allait la souiller s'il se comportait avec elle comme avec ces femmes d'un soir qui peuplaient ses nuits d'avant ! Il devait d'abord... Il fallait... Mais elle était si belle... Il devait en profiter... Non, jamais ! Pas comme ça ! Mais ce corps qui réagissait sous ses doigts... la situation était idéale, c'était maintenant ou jamais ! Le mini Maki et le petit démon apparurent alors devant ses yeux devenus fous et les messages qu'ils lui envoyèrent s'entrechoquèrent violemment dans son cortex, créant une tempête cérébrale sans précédent. Il devait la faire sienne maintenant ! lui intimait l'un. Non, ce serait lui manquer de respect ! rétorquait l'autre... Bordel, conduis-toi en homme ! hurlait le premier, c'est toi l'étalon de Shinjuku, montre-lui ce dont tu es capable ! Oui, conduis-toi en homme, scandait le second, contrôle-toi, montre-lui que tu vaux mieux que ça ! La ferme mauviette ! s'énerva le petit démon en se jetant sur l'ange gardien, qui répliqua aussitôt d'un uppercut violent avant de plonger à corps perdu dans un pugilat brutal.  

 

Il devenait dingue ! Son corps et sa tête... Le mini Maki et le petit démon... ce besoin qui naissait de ses pulsions et son cerveau qui verrouillait tout en un ultime bras de fer... Les forces qui se livraient bataille étaient de puissance égale et il ne pouvait y avoir de vainqueur. De tempête, la bataille vira au typhon et Ryo sut ce qui allait se passer au moment même où il baissa les bras, abandonnant toute lutte de quelque coté que ce fut. La violence de son envie d'elle prit une ampleur hors norme et le sang afflua violemment vers son bas-ventre. Mais l’afflux ne se fit pas que vers le bas, et la puissance du débit eut sur Ryo un effet qu'il ne connaissait que trop bien. Au moment où il renonçait à contrôler son mokkori, qui se dressa alors victorieusement contre le bassin de sa partenaire, il sentit en même temps exploser un des vaisseaux sanguins de son nez.  

 

« RRHHHAAAAAA !! »  

 

Se redressant brusquement tel un diable jaillissant de sa boite, il tournoya sur lui-même, tentant de juguler la fontaine qui lui servait de nez en appuyant dessus à l'aide de ses deux mains. Mais peine perdue... Le sang giclait tout autour de lui tel un arroseur automatique, et il avait toutes les peines du monde à ne pas en mettre sur Kaori. Il ne restait plus qu'un seul échappatoire : la fuite. Et c'est exactement ce qu'il fit, fonçant droit devant lui en direction de la forêt, pour mettre le plus de distance possible entre lui et l'objet de toutes les tentations et de toutes ses souffrances.  

 

Restée seule, la nettoyeuse cligna des yeux en regardant s'éloigner la silhouette de son compagnon, tandis que, derrière elle, une myriade de libellules dansait la gigue sur des noix de coco. Retenant son maillot à l'aide d'une main, elle le renoua rapidement et jeta autour d'elle un regard effaré. Comment cet endroit où, à peine trois minutes auparavant, elle s'étirait sous les rayons du soleil pouvait-il ressembler maintenant à un champ de bataille ?! Elle se demandait par quel miracle elle avait d'ailleurs réchappé à la pluie de sang qui avait maculé le sable doré... Beurk se dit-elle en faisant un semblant de ménage en recouvrant la scène d'une couche de sable clair. Elle s'en souviendrait d'un réveil comme celui-là ! Mais qu'est-ce qui lui avait pris ? Une fois passé l'effet de surprise de la chute, elle avait cru un instant que la réalité allait rejoindre ses rêves les plus audacieux. Elle n'avait pas rêvé, elle avait bien vu passer dans son regard soudain si sérieux une étincelle, et elle avait bien senti se dresser quelque chose contre son ventre, juste avant qu'il ne bondisse comme un ressort... Il avait fait Mokk... Rougissant malgré elle à la pensée du désir de son partenaire, l'humeur de la jeune femme changea pourtant en une fraction de seconde en repensant à ce qui avait suivi. Alors c'était ce désir qui était la cause de la catastrophe. Levant un regard consterné vers la forêt où son fuyant partenaire avait disparu, elle maugréa :  

 

-Oui, c'est bien ce que je pensais... Et il faisait pareil à appartement... Mais quel crétin !  

 

Elle qui pensait que le destin et cette île déserte leur offraient un coup de pouce pour qu'ils se rapprochent enfin... Eh bien non ! Rien n'avançait, rien n'avancerait jamais, tout ça par la faute de cet imbécile qui n'était pas fichu d'assumer l'idée d'une vie de couple avec elle ! Ce matin aurait pu tout changer, mais elle se retrouvait juste seule, frustrée et humiliée... Qu'elle le détestait ! Elle fulminait, transformant cette espèce de déception qui avait envahi son corps en rage contenue. Elle ramassa une noix de coco qui traînait par terre et prit la direction empruntée par Ryo, bien décidée à lui faire payer ce sentiment d'amertume et de raté qui lui restait en bouche.  

 

S'enfonçant dans le petit bois clairsemé, elle partit donc à la recherche de son partenaire, son arme de destruction préférée du moment fermement calée sous le bras. Mais était-ce le sol sablonneux qui s'enfonçait doucement sous ses pieds nus, était-ce le doux air chanté par les alizés venant mourir sur sa peau, était-ce la claire lumière renvoyée par la chatoyance du feuillage autour d'elle ou est-ce la prise de conscience de l'incongruité de ses réclamations... toujours est-il qu'au fur et à mesure qu'elle avançait sa colère s'estompait, la laissant juste emplie d'un désir encore plus insistant de faire enfin bouger les choses entre eux, quel que soit le temps que ça lui prendrait. Finalement, ce qui s'était passé ce matin était la preuve qu'il désirait la même chose qu'elle, et elle se savait suffisamment endurante et patiente pour atteindre son but. Aussi, lorsqu'elle entendit la voix de son partenaire, ne se rua-t-elle pas vers lui pour lui faire avaler sa noix de coco par les narines, comme elle y avait d'abord songé, mais la posa-t-elle plutôt au sol. Puis, elle se dirigea en silence vers l'endroit d'où venait la voix, mettant en œuvre la méthode qu'elle avait apprise en observant son partenaire pour masquer sa présence. Avec qui parlait-il ?  

 

Écartant précautionneusement les branches devant elle pour ne pas se dévoiler, elle osa un coup d’œil et découvrit Ryo, adossé à un cocotier. L'arbre ayant opté pour une croissance légèrement oblique, le nettoyeur profitait de cette particularité pour s'appuyer complètement sur lui. Un pied nu au sol, l'autre jambe repliée et posée sur le tronc, il mâchonnait une herbe sauvage comme s'il se fut agi d'une cigarette. Observant ce tableau un peu en contre-jour, l'arrière plan s'ouvrant sur la clarté de la mer, Kaori dut retenir son souffle et faire un effort pour rester invisible. Il avait sûrement sauté tout habillé dans la mer, car le jean de son bermuda était trempé et de multiples gouttes finissaient de parcourir les muscles de son corps. L'ombre, la lumière dorée et l'eau se disputaient le droit de sublimer son torse nu et d'en souligner la puissance, tandis que le vent qui soufflait dans ses cheveux humides rajoutait encore un coté sauvage à celui que la nature s'amusait à mettre ainsi en valeur. Lorsqu'en suivant la ligne de cette silhouette Kaori arriva à son visage tourné vers le ciel, auquel il semblait livrer ses pensées, elle fut frappée par l'expression qui s'en échappait. Tendu, soucieux, il arborait un air grave que Kaori ne lui voyait que lorsqu'il se trouvait face à une situation qui le perturbait au plus haut point.  

 

Il monologue pour mieux réfléchir, se dit-elle quand, soudain, elle perçut un mouvement dans un arbre en face de lui. Levant le regard vers son origine, elle fouilla parmi les branchages et c'est alors qu'apparut Mick. Le petit macaque se tenait assis sur une branche et il regardait vers Ryo, tenant lui aussi une petite tige entre ses dents. Il la faisait tourner entre ses doigts en la mordillant, singeant par là l'attitude du nettoyeur. Mais il n'avait pas l'air de jouer ou de se moquer, et aucune grimace ne déformait son petit visage. Immobile, il le regardait fixement et semblait... concerné. Ça alors ! se dit Kaori, voilà que Mick joue le rôle imputé normalement à Mick... enfin, l'autre Mick !   

 

-Demande-moi un one hole shot et je te le fais les yeux fermés, disait Ryo... De dos même s'il le faut. Et avec les femmes c'est pareil, je fais mouche à tous les coups... Tu leur demanderais, elles te diraient à quel point pour ça aussi je suis le numéro un ! Même ton homonyme ne m'arrive pas à la cheville, même s'il pense le contraire l'abruti...  

 

Quel vantard, se dit Kaori, affligée, en observant le sourire gonflé d'assurance qui venait d’apparaître sur le visage de son partenaire. Mais elle n'alla pas plus loin dans ses commentaires car Ryo poursuivit et il eut l'air encore plus tourmenté que jamais.  

 

-Mais avec elle, quoi que je fasse, je me retrouve dans un cul de sac. J'ai l'impression que c'est sans issue. Si ça continue, j'ai peur qu'elle ne parte, fit-il en fermant les yeux, tandis qu'un soupir faisait glisser une ombre douloureuse sur son visage... Il laissa s'écouler quelque secondes de silence, les mains derrière la nuque, prenant en considération toute l'ampleur de cette possibilité. Seule la tige verte qui bougeait entre ses dents prouvait qu'il était toujours éveillé. Kaori bouillonnait. Cet idiot ne comprenait vraiment rien à rien décidément !  

 

-Peut-être que je devrais lui rendre sa liberté, reprit soudain Ryo... Oui, il vaut peut-être mieux ne pas attendre qu'elle ait suffisamment souffert pour prendre cette décision d'elle-même. J'ai besoin d'elle, mais qu'est-ce que j'ai à lui offrir ? Rien... soupira-t-il, ou rien de plus que la vie d'avant. Tout ce que je sais faire c'est fuir, ragea-t-il en crachant le graminé... Et pourquoi j'ai plus de cigarettes d'abord !?  

 

Quittant l'arbre, il parcourut furieusement l'espace tout autour du tronc jusqu'à ce qu'il trouve une herbe possédant la taille adéquate. Il l'arracha pour la malmener entre ses doigts, compensant comme il pouvait son besoin de nicotine. Kaori savait que plus qu'une addiction, la cigarette était surtout pour lui un moyen de retrouver son calme quand le besoin s'en faisait cruellement sentir. Il semblait à bout. Ryo confirma cette impression en frappant brusquement du poing contre le tronc qui l'avait accueilli un peu plus tôt. Puis, sans prêter attention à ses phalanges meurtries, il y appuya ses deux mains et courba le dos dans un geste de lassitude.  

 

Un cri semblable à un éclat de rire retentit alors dans le silence de la forêt. Ryo leva un regard meurtrier vers les branches sur lesquelles déambulait celui qui lui avait servi de confident.  

 

-Oh ça va hein, je voudrais bien t'y voir ! Qu'est-ce que tu ferais toi, à ma place, pour pouvoir la garder à jamais ? Vas-y, je t'écoute, lança-t-il vers Mick en le défiant du poing. Allez ! s'énerva-t-il tandis que le macaque criait en sautant sur place, ce qui ameuta une femelle qui le rejoignit pour hurler de concert.  

 

Kaori, toujours cachée derrière son feuillage, mourait d'envie de quitter sa cachette pour venir baffer son partenaire et lui expliquer à quel point il se trompait, mais elle sentait qu'il devait trouver seul le moyen de se libérer de sa prison.  

Pendant ce temps, celui-ci calmait ses nerfs en se disputant avec le peuple simiesque, défiant son petit rival de lui livrer la clé du problème. Celui-ci, brusquement, cessa toute provocation vocale et attrapa une noix de coco qui se trouvait à proximité pour l'envoyer sur Ryo, l'impactant si violemment qu'il en tomba à la renverse. Lorsque le nettoyeur se redressa, une péninsule commençait déjà à se former sur son crâne. Il invectiva le petit singe, ce à quoi celui-ci répondit par une grimace si humaine que, pour un peu, on aurait pu croire qu'il venait de lui tirer la langue en lui montrant son blanc d'œil. Ce qui est sûr c'est que, dans la seconde suivante, il se retournait et se penchait pour lui montrer son arrière-train. Puis, sans crier gare, il se dirigea vers celle qui était venue le rejoindre et, sans plus de préambule, la prit dans ses bras. Il frotta son visage contre le sien, ce qui eut l'air de plaire à sa compagne, qui lui rendit les mêmes amabilités. Mick attrapa alors sa congénère sous son bras et, après avoir lancé un clin d’œil narquois vers Ryo, sauta de branche en branche avant de disparaître sous les feuillages pour y cacher ses ébats amoureux.  

 

Toujours assis par terre, les mains en appui dans le sol derrière lui, Ryo était resté bouche-bée pendant cette scène. Alors même que Mick avait déjà disparu depuis quelques minutes, il restait immobile, fixant l'endroit où le singe venait de s'unir avec sa compagne. Kaori commençait à s'inquiéter de cette absence de réaction. Elle se demandait si la noix de coco qu'il avait reçue sur la tête n'avait pas créé un grave traumatisme crânien. Il avait l'habitude des chocs apocalyptiques, mais peut-être était-ce la fois de trop ? Elle venait de décider de le rejoindre pour vérifier ses réflexes quand, soudain, elle sursauta en l'entendant brusquement éclater de rire. Le corps secoué de soubresauts, Ryo riait comme Kaori ne l'avait jamais entendu rire. C'était un rire franc, libérateur, qui emplissait tout l'espace et montait vers le ciel, et elle pouvait sentir une espèce de joie émaner du nettoyeur hilare. Hein ? Que venait-il de se passer ? Elle n'avait rien compris... Jetant un regard vers son partenaire qui, les pieds et les mains enfoncés dans le sable, semblait enfin détendu, elle se dit que cela n'avait finalement pas d'importance de ne pas savoir. Il semblait serein, affranchi de ce qui avait dessiné toutes ces ombres sur son visage. Même si ce qui dictait les réactions de Ryo demeurait pour elle un mystère, l'espoir gonflait de nouveau sa poitrine. Finalement, tout espoir n'était pas perdu... Elle pouvait partir, elle n'avait plus rien à faire ici. Maintenant constante sa concentration pour quitter les lieux sans se faire surprendre, elle recula prudemment et retourna vers la grotte, un petit sourire satisfait aux lèvres.  

 

De son côté, Ryo se releva prestement en sautant sur ses jambes. Il leva son regard perçant vers les cimes lorsqu'une petite tête à l'envers, surmontée d'une petite queue, surgit de dernière une grande feuille de bananier pour lui offrir une grimace satisfaite.  

 

-Certains sont morts pour moins que ça tu sais... lui lança sévèrement Ryo, le regard sombre, en frottant l'énorme bosse qui lui servait de front. Dis-toi que si on était à Shinjuku... Eh bien... on aurait sûrement fait la tournée des bars ensemble mon pote ! s'écria-t-il, hilare... Et vive le mokkori !! rajouta-t-il en se lançant dans une danse de la victoire au sol, tandis que Mick l'accompagnait dans les hauteurs.  

 

Au bout de quelques minutes de connivence purement masculine, les deux nouveaux comparses se séparèrent et Mick rejoignit sa compagne, tandis que Ryo prenait la direction de la grotte.  

 

-Et maintenant, Kaori, à nous deux ! Si un singe arrive à le faire, le plus grand étalon du Japon doit pouvoir réussir à en faire autant. Ça passe ou ça casse !  

 

C'est à grands pas décidés qu'il arriva devant leur habitation, mais la chance n'était pas de son côté. Il était seul. Où pouvait-elle bien être ? Ce n'était pas le moment de trop faire durer l'attente ou ses résolutions risquaient de retomber comme un mauvais soufflé. L'île étant petite, elle ne pouvait pas se trouver à mille endroits... La plage ! Il prit le parti de s'y rendre immédiatement mais, alors qu'il s'éloignait de la grotte, il marcha sur quelque chose de visqueux qui lui fit aussitôt lever le pied. Le petit amas de détritus qui était en partie resté collé sous sa plante de pied lui fit pousser un juron... Les restes du dîner d'hier soir ! Kaori ! Il lui avait pourtant bien dit qu'il fallait enterrer tout ça correctement ! Heureusement qu'il se sentait plein d'entrain, sinon il lui aurait passé un sacré savon pour son incompétence face à une tâche aussi simple. Voilà donc ce qui expliquait les bruits de la veille. Les singes et les crabes étaient venus se régaler des restes... Ce n'était rien de grave, car il n'y avait aucun animal dangereux ici, mais tout de même, s'il donnait un ordre à sa partenaire, il devait être sûr qu'elle l'exécuterait sans faillir ! Quoiqu'en y réfléchissant bien, cela avait eu un avantage, il avait pu savourer la chaleur du corps de sa partenaire contre lui...  

 

Repensant à ce moment agréable qui lui fit oublier toute idée de reproche, Ryo s'essuya le pied et enterra les restes correctement, puis il se rendit sur la plage. Arrivé là, il allait penser qu'il n'y avait personne ici non plus lorsqu'il aperçut un rectangle rouge sur le sable. C'était la serviette de Kaori. Se tournant vers la mer, il y découvrit la sirène en vichy rouge qui lui avait fait tant d'effet la veille. Baissant les yeux, il sourit en découvrant les trous qu'il avait lui-même créés en observant ce même spectacle. Et lorsque le petit démon apparut, suivi de son compère auréolé, il les congédia d'une pichenette. Rien de tout ça aujourd'hui. Il se sentait capable d'assumer son désir... et le reste !  

 

Mais Kaori n'avait pas l'air de vouloir sortir de l'eau ; elle semblait s'être découvert une passion pour cet élément depuis qu'ils étaient ici. Très bien, il avait attendu huit ans, il pouvait encore patienter cinq minutes. Tournant la tête sur le coté, il avisa le bateau pneumatique et se dirigea vers lui, se rappelant qu'il avait décidé d'aller vérifier pourquoi la balise de détresse n'avait pas encore conduit les secours jusqu'à eux. Non pas qu'il soit pressé de partir d'ici maintenant mais, par précaution, il valait mieux prévoir pour les jours à venir. Arrivé à l'embarcation, il la retourna et, en découvrant la balise, fronça les sourcils. Que...  

 

Il n'eut cependant pas le temps d'approfondir sa découverte car un cri se fit brusquement entendre derrière lui. Tournant vivement la tête, il chercha des yeux sa partenaire, puis bondit en la découvrant en train de lutter pour garder la tête hors de l'eau. Le cœur battant à tout rompre, Ryo traversa la plage à toute allure, sans quitter du regard les mèches rousses qui jaillissaient de l'onde pour être submergées deux secondes plus tard. Même s'il courait comme il n'avait jamais couru auparavant, quelque chose le perturbait. Il ne ressentait absolument aucune aura de panique autour de Kaori. Mais peu importait, il devait la rejoindre au plus vite. Plongeant dans l'eau, il arriva rapidement auprès de sa compagne et l'attrapa par le bras pour la ramener vers lui. Posant les pieds sur le sable qui recouvrait le fond de mer, il s'aperçut qu'il avait pied et qu'apparemment Kaori aussi. Mais que s'était-il donc passé ? Dans ses bras, sa compagne tentait de reprendre son souffle en gémissant de douleur.  

 

-Bon dieu Kaori, qu'est-ce qu'il y a ?  

 

-Un oursin... parvint à expliquer la jeune femme en se cramponnant au cou de son partenaire... Mon pied... Mal...  

 

-Un oursin, bordel, manquait plus que ça ! Il faut que je vérifie ça tout de suite ! Viens, je te ramène au bord.  

 

Glissant un bras sous les genoux de sa partenaire, Ryo raffermit sa prise dans son dos et la souleva pour la porter en direction de rochers, plus proches que la plage de sable. De légers chatouillis procurés par les cheveux de Kaori lui indiquaient qu'elle avait posé sa tête dans le creux de son cou. Elle avait cessé de gémir et restait étrangement silencieuse, se contentant de se serrer au plus près de lui. Il tenait l'objet de tous ses fantasmes dans ses bras et les courbes affolantes qui se pressaient contre lui l'auraient fait paniquer la veille. Mais là, il fallait parer au plus pressé. Il savait qu'en dehors de la forte douleur qu'elle occasionnait, une blessure d'oursin pouvait très facilement s'infecter, surtout si l'extrémité du piquant restait dans la chair.  

 

-Je ne t'avais pas dit de faire attention aux oursins ? ne put-il pourtant s’empêcher de bougonner à l'intention de la jeune femme qui, relâchant un bras, venait de lui procurer un délicieux frisson en laissant glisser sa main sur son torse. Ce n'était pas le moment de se laisser aller au désir... Ce n'était vraiment pas le moment !  

 

-Je sais, répondit la jeune femme dans un souffle qui vint mourir dans son cou.  

 

Mais Ryo était redevenu un professionnel, et même si chaque parcelle de sa peau réagissait au contact sensuel de la jeune femme, il parvint aux rochers sans encombre. De l'eau jusqu'au bassin, il tourna le dos aux vagues pour contrer leur légère poussée et s'adressa à Kaori :  

 

-Assieds-toi sur le rocher que je puisse regarder ton pied.  

 

-D'accord, répondit-elle, la tête toujours obstinément baissée.  

 

Ryo la déposa sur une roche qui affleurait la surface de l'eau et, prenant délicatement son pied pour éviter de la faire souffrir, le leva doucement pour en apercevoir la plante. Ce qu'il vit lui fit alors comme un électrochoc. Leur séjour sur l'île défila à toute allure dans sa tête et plusieurs petits détails trouvèrent alors leur place, comme autant de pièces d'un puzzle.  

 

Interrogateur, il releva la tête et croisa le regard et le petit sourire mutins de Kaori... et éclata de rire. Ses prunelles sombres brillant d'une lueur amusée, il avança jusqu'à la jeune femme et, posant les deux mains à plat sur la roche de chaque coté, se pencha doucement vers elle, jusqu'à pratiquement toucher son visage. Il lui retourna alors un de ces petits sourires que Kaori trouvait irrésistibles et lui murmura, les yeux dans les yeux :  

 

-Espèce de petit démon...  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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