Chapitre 5 :: La massue de la discorde

Publiée: 01-04-16 - Mise à jour: 01-04-16

Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

Quelques heures plus tard, dans l’appartement de Ryo, se déroulait une discussion animée.  

Depuis maintenant près d’un quart d’heure, Clare essayait de convaincre Ryo de rencontrer la jeune femme, qui l’avait si brillamment aidée dans le parc.  

- Je ne comprends pas tes objections, tu as pu constater comme moi, qu’il s’agissait d’une très jolie femme, pleine de ressources, et c’est une de tes compatriotes !  

- Permets-moi de douter du fait qu’elle soit très jolie ! Une nana qui est capable de matraquer un homme avec une massue de 10T doit faire du culturisme. J’imagine sans peine un corps trop musclée sans aucune forme et …  

Clare abattit sa tête contre la table face à elle.  

- Mais c’est complètement débile …  

Ryo continua son monologue en agitant son petit doigt au-dessus de la tête de Clare :  

- Et puis pourquoi elle veut me voir, hein ? Il s’agit peut-être d’une journaliste, et ... je n’ai pas besoin de publicité.  

- Comme si quelqu’un voudrait faire un article sur toi, soupira-t-elle, en levant les yeux au ciel. De toute façon, elle m’a confiée être en vacances chez sa sœur qui travaille à LA.  

Ainsi, songea Ryo, Sayuri ne travaille plus à New York, j’aurais dû prendre des renseignements sur elle également.  

Il se leva vivement :  

- Ecoute, n’en parlons plus, tu diras demain à cette jeune femme que je ne désire pas la rencontrer, ni maintenant, ni jamais. Et je te défends de lui confier mon adresse.  

Puis retrouvant son visage lubrique :  

- Bon, ce n’est pas tout çà, mais j’ai trois rendez-vous à honorer ce soir : j’ai encore du travail, si je veux devenir le nouvel étalon d’Hollywood Boulevard.  

Se frappant la tête du plat de la main, Clare se résigna, les rapides sautes d’humeur de son ami lui devenaient familières. Cependant, quelque chose clochait dans son histoire et elle était bien décidée à découvrir la véritable raison qui poussait Ryo, à se montrer si peu enclin à l’idée de rencontrer une jolie femme.  

Ce même soir, dans l’appartement de Sayuri, Makoto tentait d’expliquer aux deux sœurs certaines ficelles cachées de son métier. Baillant discrètement, Sayuri proposa à ses deux invités d’aller leur préparer une tasse de thé.  

Une fois qu’elle se fut éclipsée, Makoto se plaignit auprès de sa fiancée du manque d’enthousiasme de sa sœur.  

- C’est vexant, chaque fois que j’ouvre la bouche, j’ai l’impression de l’ennuyer profondément.  

- Tu sais, elle mène une vie trépidante ici, et ce qui te passionne ne l’intéresse pas vraiment.  

Agacé, Makoto haussa les épaules. Le jeune homme se faisait une haute opinion de son métier (et de sa conversation) et il ne pouvait s’empêcher de prendre la réserve de sa future belle-sœur pour un manque de savoir vivre.  

Il poursuivit :  

- Et puis je te trouve différente depuis que nous sommes arrivés. Tu sors beaucoup seule et tes tenues sont plutôt provocantes.  

Kaori s’était d’ailleurs permis plusieurs achats depuis son arrivée.  

- A qui la faute, soupira-t-elle, même en vacances, tu passes la moitié de la journée les yeux rivés sur ton ordinateur afin de suivre les fluctuations boursières de l’indice NIKEI, ou je ne sais quoi …  

- Je te signale, poursuivit Makoto, de plus en plus énervé, que tu seras la première ravie, d’avoir un mari dont la situation te permettra de t’élever socialement. Ce n’est pas ton amie Miki qui pourrait se vanter d’avoir réalisé un aussi beau mariage et ..  

- Comment oses-tu, souffla Kaori outrée, je ne te permets pas de …. De….  

La jeune femme sentit la rage bouillonner en elle. Déjà fragilisée par les événements de la journée, les propos de son fiancé la blessaient profondément.  

Sayuri, qui revenait avec un plateau de thé, sentit ce qui était en train de se produire chez sa petite sœur. Elle posa rapidement son fardeau et s’approcha prudemment de cette dernière en tendant les bras vers elle :  

- Kaori, non, ce n’est pas une bonne idée…  

- Désolée, fulmina- cette dernière, je n’arrive pas à CONTENIR MA RAGE !!!  

- Bon, évite juste ma table basse alors …  

Interloqué par la scène qui se déroulait sous ses yeux, Makoto fut excessivement surpris et surtout meurtri, par la massue qui s’abattit sur lui dans la seconde suivante.  

Finalement calmée, Kaori se mit les deux mains devant sa bouche, et tenta d’extraire son fiancé de l’obus « sombre crétin » qu’il venait de recevoir en pleine tête :  

- Mais tu es devenue complètement folle, f’est certain ! s’écria-t-il. Je fors et n’effaies pas de me retenir.  

C’est ça, songea Sayuri, bon débarras, en voyant disparaître son (peut-être) futur beau-frère.  

Kaori s’abattit en soupirant sur le sofa, et songea que la proximité de Ryo la rendait de nouveau agressive.  

- Bon, je t’accorde qu’il ne l’avait pas volé, mais que t’arrive-t-il ? Tu commences à avoir des doutes sur ta relation avec Makoto ?  

Laissant les larmes coulées le long de ses joues, Kaori se blottit contre Sayuri et lui raconta les événements de la journée, en n’omettant aucun détail.  

Sur le toit d’un immeuble voisin, armé de puissantes jumelles, Ryo n’avait rien perdu de la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux.  

Il n’avait eu aucun mal à trouver l’adresse de Sayuri Tachiki, et n’avait pu réfréner l’élan qui l’avait entraîné ici.  

Evidemment, il avait dû mal à détacher son regard d’elle, il était fasciné, désemparé et … curieux.  

Curieux, car très désireux de découvrir celui qui l’avait supplanté dans le cœur de son Sugar Boy. Son apparence physique ne l’avait pas étonné : une silhouette un peu fluette, un visage aux traits réguliers, des mains qui n’avaient sans doute jamais connu la violence, il était très différent de lui. Mais Kaori avait toujours été attirée par ce genre de joli garçon assez fade. Et non, ce n’était pas de la jalousie de penser ainsi. Il avait juste de la peine à imaginer Kaori dans ses bras tout maigres. C’était juste …. Brrrr.  

Mais la scène qui venait de se dérouler le laissait perplexe. Bizarrement, il avait été très jaloux de voir Kaori jouer de sa massue avec son fiancé. Il esquissa un sourire amer en songeant que pour Kaori, se servir de sa massue était une marque d’attachement profond … et de rage intense certes.  

La fuite du fiancé l’avait plutôt surpris, car si ce dernier était un habitué de ces « marques d’affection », il n’aurait pas eu l’air aussi offensé ! Et voilà que maintenant, elle pleurait dans les bras de sa sœur. Pleurait-elle à cause de Makoto ou … de lui ?  

Il avait tellement envie d’aller la prendre dans ses bras, de l’embrasser et … son mokkori ne lui laissa aucun doute sur comment il désirait la consoler.  

Il s’ébroua en se cognant la tête avec ses poings :  

« Ryo, sombre imbécile, tu as annulé trois rendez-vous avec des jeunes femmes sexy pour observer une demoiselle culturiste et agressive frapper son petit ami. Tu dois être vraiment malade !!! ».  

Il s’éloigna non sans un dernier regard vers les deux sœurs enlacées.  

Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30