Chapitre 19 :: Chapitre 19

Publiée: 18-05-16 - Mise à jour: 09-06-16

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Le rendez-vous avec les malfrats avait été fixé le soir même à une cinquantaine de kilomètres de Los Angeles dans un petit refuge de montagne.  

Après en avoir longuement discuté, Cassia avait accepté que Kaori joue son rôle et Ryo celui de Nick son agent pour conduire les négociations. Alors que l’actrice accompagnée de Clare s’était rendue à un rendez-vous organisé en urgence avec l’un de ses banquiers afin de réunir la somme demandée, le couple City Hunter avait pris la direction de l’appartement de Ryo. Ces derniers avaient pris place dans la petite voiture de Sayuri. A la dernière minute ils avaient été rejoints par Makoto qui avait insisté pour monter avec eux. Ce dernier comptait bien empêcher Kaori de commettre toute imprudence.  

Même s’il avait toujours connu son passé, la voir revêtir ses habits de nettoyeuse, au propre comme au figuré, le troublait considérablement. Où était passé sa douce et fragile Kaori ? Elle était vêtue d’un jean élimé et d’un tee-shirt. Sur ses épaules, elle portait un vieux blouson avec le sigle CH au dos. Drôle d’accoutrement. Makoto était assis à côté de Sayuri sur le siège passager et se demanda si l’expression « La place du Mort » n’avait jamais été mieux portée qu’aujourd’hui, tant les regards énervés que lui envoyait la passagère arrière lui semblaient meurtriers.  

De son côté, les pensées de Ryo était radicalement différentes. Kaori était serrée contre lui, et le jeune homme se demandait comment faire cesser ce trop doux supplice. Pourtant il avait réfréné ses ardeurs amoureuses à l’égard de sa partenaire durant six années, cela s’était révélé souvent frustrant mais ce n’était rien comparé à ce qu’il ressentait depuis la veille. Maintenant que la boîte de Pandore était ouverte … cela devenait beaucoup plus compliqué de contenir les élans de son mok … de son cœur.  

Il se secoua la tête et se contenta de grommeler :  

- C’est pas vrai, mais t’as grossi ou quoi ? J’ai à peine la place de bouger un orteil !!!  

- J’ai plutôt l’impression que c’est toi qui a forci, gronda sa partenaire, tu ne te serais pas un peu ramolli ?  

Ryo glissa sourdement :  

- Tu veux vraiment voir si je me suis ramolli ?  

Kaori devint pivoine et lança à la cantonade :  

- Il fait chaud dans ta voiture, non ? Je peux ouvrir une fenêtre, Sayuri ?  

- Commence par enlever ta veste … banane, soupira Ryo.  

Il avait fait mine de ne pas la remarquer, mais le fait que sa coéquipière ait revêtu cette vieille veste l’avait beaucoup touché.  

- Je n’en reviens pas que tu aies pris ce vieux blouson dans tes valises pour aller à un week-end organisé par Cassia …  

- Je … C’est mon porte bonheur, je ne m’en sépare jamais, rougit Kaori.  

Ryo sourit intérieurement mais n’ajouta plus rien, il se contenta d’arrêter de respirer quand sa voisine enleva gracieusement ladite veste, et essaya d’éviter de regarder son buste que moulait généreusement son petit tee-shirt.  

Sayuri intervint :  

- De toute façon pour jouer le rôle de Cassia, tu devras lui emprunter des fringues de sa garde-robe.  

- Elle m’a promis de faire un détour chez elle afin de m’apporter de quoi m’habiller, ainsi qu’une perruque qu’elle utilise régulièrement.  

- C’est fou qu’une actrice hollywoodienne aussi sublime ait besoin de ce genre d’artifice, tu ne trouves pas Kaori ? s’enquit sa sœur.  

Cette dernière haussa les épaules, et Makoto rajouta :  

- Kaori-Chan est bien plus belle que cette poseuse de toute façon. Et beaucoup plus sensée. Qu’en pensez-vous Ryo ?  

Kaori daigna esquisser un sourire à l’intention Makoto, qui glissa un regard triomphant à Ryo. Ce dernier se retint de l’éjecter de la voiture séance tenante, mais il finit par dire :  

- Kaori est belle et intelligente certes … si on aime le genre musclé (il esquiva une massue) mais espérons surtout que ses piètres talents d’actrice ne nous vaudront pas d’être démasqués sur le champ …  

Il ne put éviter la seconde massue « SOMBRE IDIOT » qui lui enfonça l’arrière du crâne dans l’appuie-tête. Sayuri fit une embardée :  

- EHHHHH, je tiens à ma voiture, pas de chamailleries ici !!!  

- T’appelles fa des famailleries, toi ? s’enquit le nettoyeur en se tenant le visage à deux mains. Elle m’a pulvérisé le nez !  

- Mon Dieu ! Vas-tu pouvoir mener à bien ta mission ?  

Ryo secoua la tête et redevint immédiatement sérieux :  

- Ne t’inquiète pas : je guéris toujours tout de suite.  

- Je ne sais pas si c’est fascinant ou inquiétant …  

- Juste énervant … compléta Kaori.  

Enfin Sayuri se gara devant l’appartement de Ryo. Ce dernier les conduisit immédiatement dans une pièce en sous-sol. Kaori poussa un cri extasié en découvrant tous les joujous exposés :  

- Tu t’es reconstitué une très belle armurerie.  

Elle prit amoureusement contre elle une grenade. Ryo lui reprit des mains :  

- Pas si vite, la folle du tir. On va réfléchir à ce dont nous avons véritablement besoin.  

- Très simple : moi je prends 2 bazukas, 10 grenades que j’attacherai à l’intérieur d’un manteau, et …  

- Ohohoh doucement mademoiselle, je te rappelle que tu es censée être une actrice pacifique. TU VOIS QUE CELA ETRE DIFFICILE DE TENIR TON ROLE !!!  

- N’IMPORTE QUOI, JE SAIS TRES BIEN CE QUE JE DOIS FAIRE : Y’A PAS PLUS CRETINE QUE CASSIA !!!  

- Okay, on se calme le couple terrible … intervint Sayuri. Que conseilles-tu Ryo ?  

- Je pense que Kaori devra porter un flingue, juste un. Point.  

- Je n’ai pas sur moi le revolver de Hyd … regretta Kaori.  

- Ah bon ? s’enquit narquoisement Ryo. Tu n‘as pas réussi à le passer à l’aéroport ?  

- T’as vraiment décidé d’être énervant, ou juste débile? Tu te conduis en crétin pour me rappeler à quel point c’est agréable de travailler avec toi ?  

- Pffff. Est-ce que tu t’es seulement entrainée au tir durant ces deux dernières années?  

Alors que Kaori tenait en main un colt, elle l’appliqua immédiatement sur la tempe de son partenaire :  

- J’ai même beaucoup progressé grâce à Mick, figure toi ! C’est un excellent professeur : je comptais bien te remettre la main dessus un jour …  

Ryo regarda prudemment le revolver détenu par Kaori :  

- As-tu au moins remarqué qu’il était chargé ?  

Kaori retira vivement sa main en rougissant.  

- Ah non …  

- MAIS JE TE JURE !!! QUEL BOULET TU FAIS.  

- OH CA VA, TU L’AS VU MON BOULET ?  

Alors que nos deux héros se poursuivaient en hurlant, des libellules tombaient autour de Makoto qui s’enquit auprès de la sœur de Kaori :  

- Sérieusement Sayuri, c’est comme cela que leur duo fonctionne ?  

- Oui, soupira cette dernière en haussant les épaules. Et même si tu n’en as pas l’impression, je crois qu’il n’y a pas plus heureux que ces deux-là en ce moment.  

- Humm difficile à croire, grommela Makoto en observant Ryo esquiver effectivement un énorme boulet mais couvert de piquants.  

Sayuri hurla qu’ils n’avaient vraiment pas le temps pour ces imbécilités, et les City Hunter finirent par se calmer. Après avoir déterminé de quelle arme se munirait Kaori, Ryo l’entraina dans la salle de tir pour la lui faire essayer.  

Makoto et Sayuri remontèrent à l’appartement de Ryo afin d’attendre Cassia et Clare.  

Sayuri fut très surprise de découvrir devant la porte Will son chef de rédaction.  

« Je m’inquiétais pour toi » souffla celui-ci.  

Sayuri sentit son cœur se gonfler de joie, et comprit qu’elle n’aurait jamais dû se laisser abuser par les jolies paroles de Nick. Jolies mais creuses, comme lui …  

Will prit les mains de Sayuri dans les siennes et lui demanda ce qu’il se passait exactement, il avait réussi à soutirer l’adresse de Ryo à Clare avant qu’elle ne s’esquive avec Cassia, mais il n’avait pas pu en savoir plus. Sayuri lui raconta les derniers événements de l’affaire et lui confia que sa jeune sœur allait participer à l’opération. Will fut très impressionné.  

- Je vois que ta famille regorge de jeunes femmes courageuses. N’es-tu pas inquiète pour elle ? Les gars qu’ils vont affronter ne semblent pas être des enfants de cœur.  

- J’ai une confiance absolue en leur duo. Mais c’est vrai : je ne cache pas être inquiète. Ils ne le savent pas encore mais je les suivrai de loin.  

Makoto, qui trouvait décidemment son rôle dans l’histoire bien trop pâle, se leva en criant :  

- Moi aussi ! Je viendrai avec toi.  

Sayuri soupira en se prenant la tête dans les mains. Will glissa une main dans son dos et lui murmura « Tu le veux tant que cela ton scoop ? » Et devant le regard noir de la jeune femme il leva ses deux mains « Je plaisantais ! Moi aussi je t’accompagne, c’est moi qui t’ai entraîné dans cette galère, dorénavant je ne te quitte plus des yeux »  

Sayuri lui sourit fragilement, mais ce qu’elle vit dans le regard de Will valait toutes les promesses. Elle abattit sa tête contre son torse en soupirant de joie.  

Au sous-sol, Ryo prenait la vraie mesure des progrès de sa partenaire au tir. Quand cette dernière mit sa dernière balle en plein cœur de la cible, elle se retourna très fière :  

- Alors ? T’en dis quoi ?  

- Moi qui pensais que tu t’éloignerais de ce milieu si je n’étais plus là …  

- J’ai toujours pensé que je te retrouverais …  

Ryo secoua la tête et fronça les sourcils tout en rechargeant son magnum :  

- J’espère que tu as bien compris que toi et moi c’est notre dernière mission. Après ce soir, je compte bien te dire « Sayonara », Kaori.  

Elle s’approcha de lui et glissa :  

- Je ne comprends toujours pas tes motivations et ton entêtement, j’aimerais que tu sois plus clair …  

- J’ai fait une promesse, et je …  

- MAIS A QUI AS-TU FAIT CETTE PROMESSE A LA FIN ?  

- A ton frère … Sur sa tombe, le jour où tu t’es réveillée. Je lui ai demandé de t’épargner en échange de quoi, je devais disparaitre de ta vie. Il a respecté sa part du contrat : tu étais sortie du coma quand je suis retourné auprès de toi ce soir-là. A moi, de respecter le mien.  

Kaori secoua la tête incrédule et s’approcha de Ryo. Elle mit sa main droite derrière sa tête et lui effleura les lèvres des siennes :  

- Je n’ai pas dit mon dernier mot, Ryo. Sais-tu comment je t’ai retrouvé ?  

- Quel rapport ?  

- Eh bien …  

La porte de la salle de tir s’ouvrit brutalement, les interrompant brusquement :  

- Cassia et Clare sont revenues ! Vous devez vous préparer !  

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