Capitolo 10 :: Merveilleux paradis

Pubblicato: 13-04-14 - Ultimo aggiornamento: 13-04-14

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Ils se faisaient maintenant face. L'un contre l'autre. Emprisonné dans leurs bras. Leurs visages rapprochés, presque collés. Leurs souffle se mêlant. Leurs corps cherchant à s'épouser. Le regard profond, accroché à l'autre. Impossible de s'en défaire. Comme hypnotisé, tenté. Créant cette intimité si intense et inespérée. Ryô observait silencieusement Kaori. Rien de plus ne devait être ajouté.  

Tout était suffisant. Largement suffisant. Il la tenait fort contre lui. Craignant sans doute inconsciemment qu'elle ne s'évanouisse, telle un oasis dans un désert. Le désert de sa vie. Qu'il avait traversé avec pour seule arme sa bravour. Où il n'avait eu d'autre choix que de s'accoutumer à la désolation et à l'hostilité.  

Il voulait lui cacher son émerveillement face à elle. Si il pouvait, il aurait voulu la garder toute entière. Égoïstement. Pour lui seul exclusivement ! La kidnapper pour une journée. Oui ! Juste une journée. Car Ryô est habitué à ce que le bonheur ne l'atteigne qu'avec parcimonie. Alors il n'en demande jamais trop. Il ne tient jamais rien pour dû ou pour acquis.  

Il rêvait secrètement de l'enfermer dans son donjon et de se délecter chastement d'elle. Lui faire la cour. Comme un chevalier à sa dame. Lui prouver sa fatale allégeance à son cœur fragile. Lui tourner autour sans réussir à l'atteindre tant son essence est sacré. Insaisissable.  

- Est-ce que tu m'autorise à te regarder dormir ?  

Un sourire simple et presque émouvant s'afficha sur le visage d'ange de Kaori en signe acquiescement. Oui ! Il pouvait la regarder autant qu'il le voudrait. Il en avait le droit. Ce n'était plus défendu. Il n'y aurait désormais, plus d'interdit.  

La regarder. Combler son âme de pêcheur de sa grâce. De sa pureté. Imprimer toutes ces images d'elle totalement offerte. Les rendre indélébiles.  

C'est ce qu'il fit toutes les nuits après celle ci. S'endormant systématiquement après elle. De peur de rater quelque chose d'inédit qu'elle dégagerait. Mais chaque soir son enchantement ne faiblissait pas. Il gagnait même en intensité.  

Le sommeil commença doucement à les emporter, ensemble. Loin. Au delà de ce lit, sacré, qui les réunissaient. Au delà de cette chambre, de cette ville, et de cette nuit. Cette première nuit, ensemble. Mais ils luttaient. Ne voulant perdre aucune goutte de la nuit filant plus vite qu'une étoile. Cherchant vainement à repousser le jour pour qu'il ne se lève pas.  

Mais ils ne pouvaient lutter plus longuement, ils avaient rendez vous, ailleurs. Il fallait qu'ils se dépêchent car ils se devaient de ne pas être en retard.  

Ils avaient rendez vous l'un avec l'autre. Dans le seul endroit où ils pouvaient espérer une accalmie. Le pays des rêves où tout peux se produire. Où tout est réalisable et envisageable.  

Cette bulle impalpable et indéfinissable où souvent chacun donnait rendez vous à l'autre. Rendez vous fatalement manqué. Chacun jouant sa pièce de théâtre seul. Sans public. Sans ... l'autre. Imaginant des choses interdites. Ravissant leurs cœurs de scénario irréaliste. Ils lâchaient enfin prise.  

Se blottissant mutuellement dans les bras l'un de l'autre. Kaori céda la première. Son corps se relâcha. Son souffle ralenti. Comme pour inviter Ryô à la rejoindre dans ce merveilleux paradis où ils seraient ensemble à jamais au delà et au dessus de toute réalité terrestre. Alors il se résolu à ne pas lutter plus longuement. Et la rejoignit enfin.  

Ils sourirent pendant leur sommeil. Partageant un sourire complice et simultané. Car le rendez vous ne serait plus jamais manqué. L'invitation de Kaori avait reçu une réponse. Ils s'appliqueraient à ne jamais y faillir.  

***  

Le matin arriva enfin. Décidé. Ce lendemain arriva. Le fameux lendemain. La vie continuait au dehors. Et eux semblaient hors de tout cet ensemble, hors du temps. Rien ne semblait avoir de prise sur eux tant le pas franchi fut important à leur yeux.  

Le soleil s’immisçait timidement au travers des rideaux. Ryô s'éveilla le premier. Prenant quelques instants avant de réaliser où il était. S'étourdissant en retraçant le scénario de la veille. Et qui est cette déesse étendu prés de lui ? C'était bien elle ! Il avait rêvé d'elle si fort, que ses entrailles en tressaillaient encore.  

Il secoua la tête. Comme si tout cela lui paraissait encore incroyable. La réalité le cogna sans ménagement. C'est le lendemain. Le lendemain du jour où ils ont faillit être emporté à tout jamais. Mais ils ont survécu. Ils sont là. Bien vivant. Lancé sur cette nouvelle voix qui s'offre à eux.  

Alors il va falloir s'accrocher. Pour que les choses continuent. Pour remercier la vie de cette chance. De cette opportunité improbable. S'accrocher pour que le quotidien soit juste un peu plus beau. Même si il était déjà si beau puisqu'il avait l'immense joie de le partager avec elle.  

Il ne fallait pas qu'il la réveille. Il osa déposer un léger baiser sur son front. Aérien et furtif. Mais tellement divin et jouissif. Puis il décida de se lever doucement. Il se dégagea de son étreinte. La recouvrant délicatement pour qu'elle ne soit pas réveillé par la froideur du lit trop tôt quitté. Heureux de son coup de maitre. Il se dirigea vers la porte avec hâte le coeur hardi. Ouvrant la porte avec précipitation quand ....  

Il tomba nez à nez avec un homme !  

Il manqua de lui mettre un direct du droit par réflexe.  

Mais Ryô stoppa net son geste.  

Les 2 hommes se reconnurent mutuellement et l'intrus se mit à rougir de honte. Et ils demeurèrent tous les 2 tout aussi estomaqué l'un que l'autre. Ne sachant quoi dire.  

La situation était bien trop cocasse et irréaliste.  

Ryô sorti de sa stupeur. A l'instant, où l'homme sembla percuté sur ce qui c'était produit et commença à pointer vers lui un doigt accusateur. Il voulu hurler après Ryô. Mais aucun son ne parvint à sortir de sa bouche. Ryô se jeta sur lui pour le pousser hors de la chambre.  

Une fois dans le couloir il se précipita pour fermer vivement la porte de la chambre de Kaori. Et attrapa par le cou cet intrus malvenu. L'étranglant de son bras vigoureux. L'asphyxiant presque en l'entrainant coûte que coûte au plus loin de cette chambre.  

Ils dévalèrent ensemble les escaliers.  

Arrivée dans le salon, il libéra enfin sa victime. Toujours un peu amorphe et visiblement traumatisé par la vision précédente. L'homme reprit des couleurs et se remit presque à respirer de nouveau normalement.  

- Mais bordel Qu'est ce que tu fou chez moi à cette heure ci toi ?  

L'homme frotta son cou et le regarda avec des yeux rond. Effrayé. Il s'adressa à Ryô et repointa avec vigueur son index vers lui.  

- T..t ... toi ? Dans la chambre de ... ? Non ! Je n'ai pas ... rêvé ? Tu ..tu ... TU COUCHES AVEC KAO.... !!!!!!!! hurla-t-il sans ménagement  

Ryô prit son élan et lui asséna un énorme coup de poing sur la tête.  

- MAIS TU VAS LA FERMER OUI ! NON ! JE NE COUCHE PAS AVEC KAORI ! ET ARRÊTE DE CRIER CAR ON VA FINIR PAR LA RÉVEILLER !!!  

L'homme lui répondit ironiquement en se frottant la tête :  

- On se demande bien qui crie ici ?  

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