Capitolo 2 :: Showtime

Pubblicato: 20-04-15 - Ultimo aggiornamento: 20-04-15

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Coincée à l’arrière du véhicule entre deux hommes armés, Kaori tentait désespérément de calmer la petite fille assise sur ses genoux. Ses hurlements ajoutaient à la tension, augmentant la probabilité que les trois ravisseurs, manifestement dépassés par la situation, ne risquent d’avoir la gâchette facile. Surtout son compagnon de droite, qui se massait l’entrejambe en la fixant d’un œil mauvais.  

L’homme à sa gauche en revanche semblait plus calme, du moins si elle en jugeait par sa posture puisqu’il était également masqué. Un geste de sa part pour prendre un téléphone attira son attention sur ses mains, assez fines et bien manucurées. Il composa un numéro qui décrocha immédiatement, et expliqua qu’ils avaient réussi l’opération et allaient à l’endroit convenu, avec un bonus.  

« Un bonus… Vous allez voir si vous pouvez me traiter de bonus, bande de guignols… »  

Tout en berçant l’enfant blottie contre elle, elle respira profondément pour retrouver elle aussi un semblant de calme. Son sac était coincé derrière son dos, inaccessible. De toutes façons, à l’allure où ils roulaient, utiliser la bombe lacrymogène et prendre le risque d’aveugler le conducteur était trop risqué. Jetant un coup d’œil par le pare-brise pour essayer de savoir où ils se trouvaient, son regard fut attiré par le rétroviseur intérieur et elle serra les dents. Elle venait de croiser le regard du troisième homme… et il n’était pas masqué, contrairement à ses petits camarades.  

« Mauvais signe… Il va penser que je pourrai le reconnaître… »  

Elle s’efforça de regarder ostensiblement ailleurs et se concentra sur la petite fille, qui se calmait progressivement, et hoquetait à présent entre deux sanglots. Elle devait avoir 3 ans environ, et était jolie avec ses cheveux coupés au carré et ses grands yeux. Vêtements de marque, chaussures impeccablement vernies, enlèvement : la jeune femme était prête à parier que ses parents étaient riches et qu’il s’agissait d’un banal kidnapping contre rançon.  

« C’est bien ma veine, ça. Je pars acheter du poisson, et je me retrouve coincée entre trois flétans semi-amateurs… J’en connais un qui va encore me dire que je les attire… »  

Kaori leva les yeux en l’air et eut un soupir désespéré, ce qui eut le mérite de faire rire la petite fille.  

- Ah, voilà un sourire comme je les aime ! Je m’appelle Kaori, et toi ?  

- Yoko…  

- J’aime beaucoup ce prénom. J’avais une poupée qui s’appelait comme ça. Quel âge as…  

- SILENCE !  

L’homme de droite avait saisi la nuque de Kaori et serrait les doigts à l’arrière de son cou, avec l’intention manifeste de lui faire le plus mal possible. Message reçu : entre eux il y avait un conflit personnel depuis qu’elle l’avait atteint dans sa virilité. Kaori baissa les yeux en signe de soumission, tout en faisant un discret clin d’œil à Yoko et en la serrant un peu plus fort. Les yeux de la petite fille se mouillèrent de larmes, mais elle tint bon et ne remit pas à pleurer.  

La tête toujours baissée, Kaori regarda discrètement par la vitre. Les rues défilaient, et peu à peu laissèrent place à des bâtiments qu’elle reconnut facilement. Ils allaient vers le sud-est, vers le port.  

« Décidément… Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir m’enlever, et à aller vers le port ? Il y a un des entrepôts à louer avec un tarif spécial truand ou quoi ? »  

Lorsque la voiture s’arrêta et que son gardien de gauche descendit pour ouvrir la porte d’un hangar, la jeune femme jeta un coup d’œil discret à sa montre. Le trajet avait duré 25 minutes. Si son message avait été reçu par Saeko et que Ryô était à l’appartement, il n’était pas loin derrière…  

La voiture redémarra, entra dans le hangar, et Kaori entendit une lourde porte en fer se refermer derrière eux. Elle inspira lentement : elle était habituée à être en danger, mais elle avait cette fois-ci une petite fille à protéger et il était hors de question de faire la moindre erreur.  

A l’instant où le conducteur et l’autre homme descendirent, elle se contorsionna pour atteindre son sac tout en cachant son geste en plaçant Yoko à côté d’elle. Du bout des doigts, elle agrippa son spray et le dissimula à l’arrière de son jean.  

- Descendez, grouillez-vous.  

Yoko s’accrochait à elle, rendant la descente du véhicule un peu difficile. Elle la prit dans ses bras et se glissa jusqu’au bord du siège, pas assez vite pour son nouvel ennemi qui la prit une nouvelle fois par le cou en la tirant dehors.  

- Hé ! Bas les pattes, on ne vous a jamais dit qu’il fallait être galant avec les dames ?  

- Où ça une dame ? Je ne vois qu’une emmerdeuse et une morveuse.  

- QUOI ? Non mais dites donc, à défaut d’être correct vous pourriez surveiller votre langage devant un enfant, non ? Attendez un peu et vous allez voir ce que vous allez voir !  

- Ça, ça m’étonnerait ma jolie…  

Le calme froid avec lequel le conducteur avait parlé stoppa net Kaori. Elle s’était laissée enflammer malgré elle, seule la présence de Yoko dans ses bras l’empêchant d’en venir aux mains. Encore une fois elle avait oublié ses bonnes résolutions et avait démarré au quart de tour, manquant à la plus simple prudence.  

Ils étaient tous les trois autour d’elle, et le fait d’avoir regagné leur repère sans avoir été suivis par la police leur avait fait manifestement reprendre confiance en eux. Ils la regardaient avec suffisance, comme s’ils avaient suivi un plan qui s’était, malgré son intervention, parfaitement déroulé. Lorsque les deux hommes masqués retirèrent leurs cagoules, elle paniqua. Ils n’avaient aucune intention de les laisser sortir vivantes. Le tout était de tenir jusqu’à l’arrivée des renforts.  

Un bref regard autour d’elle lui permis de comprendre qu’il serait difficile de leur fausser compagnie s’ils restaient dans cette configuration. Le hangar était relativement petit et rempli de grosses caisses en bois qui couvraient les murs. La seule issue qu’elle pouvait voir était la porte par laquelle ils étaient entrés, surmontée d’une fenêtre plastifiée hors d’atteinte, par laquelle filtrait la lumière.  

Ajustant le poids de Yoko sur sa hanche, elle la protégea du mieux qu’elle put en la plaçant entre elle et un mur de caisses. Les dents serrées, elle dut se résoudre à baisser les yeux une nouvelle fois, espérant les calmer par sa soumission.  

- C’est mieux. Kino, au travail. Et vous deux, par là.  

Le conducteur désigna un coin de la pièce d’un coup de menton, pendant que « Kino », celui qu’elle avait frappé, se dirigeait vers le coffre de la voiture.  

Le troisième homme les précéda, ouvrit une des caisses, puis leur fit signe d’y entrer. Dès que Yoko vit leur geste, tout son corps commença à trembler. De ses lèvres s’échappait un murmure terrorisé : « Pas le noir, pas le noir… je veux pas… ».  

- Vous voulez qu’on entre là dedans ? Mais on va étouffer ! Je vous promets qu’on fera tout ce que vous direz.  

- Allez ! Vous serez un peu à l’étroit, nous n’avions prévu qu’une invitée. Mais en serrant un peu…  

Prise de panique, Yoko commença à se débattre, tentant de s’arracher aux bras de Kaori.  

« Elle n’y arrivera jamais. Il faut que je trouve un moyen de nous sortir de là, et vite… ».  

Kaori pensa à Ryô, à Falcon, à Miki, Saeko… Elle les avait vu se sortir de situations bien pire. Que feraient-ils à sa place ?  

« Oui… ça pourrait marcher… Showtime ! »  

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